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Simulation d’une politique économique

1. Situation de l’économie à l’aube de l’an 2023


Nous estimons qu’il est important, avant de rentrer dans l’analyse de la situation de base et
l’explication du projet tel que nous l’avons modifié afin d’atteindre les objectifs, de décrire la
situation de l’économie en 2022 et les conséquences que cela va avoir pour les années à
venir. En effet, il va sans dire que la guerre engagée par la Russie contre l’Ukraine a impacté
l’économie européenne de manière non négligeable. Cela se traduit notamment par une
hausse des prix de l’énergie (gaz, pétrole, électricité…) au sein de la zone euro. Ces effets se
sont particulièrement fait ressentir au sein de la zone euro notamment en raison de sa
proximité géographique avec la zone conflit. De cela, il résulte que les attentes en matière de
croissance sont plus faibles pour l’année 2023. En effet, la Commission européenne a, dans
un tweet publié en date du 11 novembre 2022, annoncé que la croissance estimée en 2023
serait de 0,3% en ce qui concerne l’ensemble des pays partageant la monnaie unique (contre
3,3% pour la fin 2022)1. Cela s’explique notamment par la perte de confiance des ménages
qui voient le pouvoir d’achat s’éroder et la production diminuer2.
Ce que nous venons de décrire explique permet donc de comprendre la raison des variations
importantes observées au niveau de certaines données qui sont renvoyées par le planning
corner.

2. Description succincte du scénario de base


a. PIB et ses composantes
La consommation privée, telle qu’elle est exprimée en volumes, croît entre 2022 et 2026. En
effet son taux de croissance est en permanence positif. Néanmoins, s’il reste supérieur à
zéro sur l’ensemble de la période, le taux de croissance de la consommation privée passe de
3,64% en 2022 à 1,80 en 2026. Après avoir connu une grosse baisse en 2023 par rapport à
l’année précédente, le taux se redresse en 2024 avant de rediminuer légèrement les deux
années suivantes. En ce qu’elle est exprimée en millions d’euros, la consommation des
ménages augmente également en passant de 275 à 316 milliards de 2022 à 2026. Cela
résulte du fait que, non seulement la quantité consommée par le secteur privé a cru durant
cette période, mais qu’en plus, le déflateur de la consommation privée augmente sans cesse
sur ce laps de temps. Notons néanmoins que le taux de croissance du déflateur de la
consommation privée, s’il croît sur ces années, connaît une baisse importante entre 2022 et
2023 (chute de 7,62 à 1,51) et augmente de manière plus stable par la suite (hausse de
0,49% répartie sur trois ans).

La consommation publique, également exprimée en volumes, ne cesse de croître entre 2022


et 2026. Le taux de croissance de celle-ci, après avoir presque quintuplé entre 2022 et 2023
va se stabiliser à 1,12%. Les différentes composantes de la consommation publique sont :
l’achat de biens et services par le pouvoir public, la rémunération des fonctionnaires et
contractuels de la fonction publique, les transferts aux ménages et la rémunération du
capital.
In casu, nous observons une augmentation des salaires versés aux fonctionnaires et
contractuels de la fonction publique (hausse de 4 milliards entre 2022 et 2026). Cette hausse
s’explique notamment par le fait que le déflateur de la consommation privée ne cesse
1
Article publié en date du 11 novembre 2022 par le journal « L’express »
2
Article publié en date du 11 novembre 2022 par le journal « BFMBUISINESS »
d’augmenter durant cette période et par l’indexation des salaires qui s’ensuit. De plus,
l’achat de biens et services par le pouvoir public a également augmenté (hause de 7 milliards
entre 2022 et 2026). Enfin, les transferts effectués aux ménages ont cru de 20 milliards
d’euros.

Les investissements, dans leur globalité, ont, eux aussi, augmenté durant la période
considérée mais leur taux de croissance a diminué durant ce laps de temps en passant de
5,17% en 2022 à 1,82% en 2026. Il s’agit tout de même d’être vigilent à la manière dont
évoluent les différentes composantes de l’investissement global. En effet, parmi les trois
secteurs institutionnels, le pouvoir public est le seul à voir le taux de croissance de son
investissement ne jamais baisser, celui-ci passant de 1,39% à 1,62% en l’espace d’une année
avant de se stabiliser. De leur côté, les secteurs des entreprises et des ménages voient
respectivement le taux de croissance de leur investissement passer de 5,67% à 1,8% et de
3,82% à 2,62%, les entreprises voyant même leur investissement diminuer en 2023.

A propos des exportations, en ce qu’elles sont exprimées en volume, on remarque une


diminution de celles-ci en 2023 dans la mesure où, durant cette année, leur taux de
croissance est négatif (-2,11%). Néanmoins, elles vont, dès l’année suivante, augmenter à
nouveau (6,2%). Par la suite, les exportations seront toujours à la hausse mais de manière
plus modérée. De l’analyse qui précède, il ressort que le nombre de biens produits en
Belgique et vendus au reste du monde augmente entre 2022 et 2026. En outre, lorsqu’elles
sont mesurées en millions d’euros, les exportations croissent également sur la période
considérée (augmentation de 140 milliards d’euros). Cela s’explique par la quantité plus
importante de biens vendus ainsi que par l’évolution positive du niveau des prix.

Les importations suivent une tendance assez similaire à celle des exportations. En effet,
après qu’elles aient augmenté en 2022, leur taux de croissance a chuté en dessous de zéro
l’année suivante (-1,29%) avant d’augmenter fortement en 2024. Elles continueront
d’augmenter ensuite mais à un taux plus faible. Telles qu’elles sont exprimées en millions
d’euros, les importations sont également à la hausse, de près de 140 milliards, durant la
période considérée, cela s’expliquant par une quantité de biens importés et un niveau des
prix à l’importation croissant.

Les exportations nettes, si elles demeurent négatives sur ce laps de temps, sont néanmoins
en hausse entre 2022 et 2024. En effet, elles augmentent de près de 2,5 milliards entre 2022
et 2026, cela contribuant donc à améliorer (diminuer) le besoin de financement de notre
pays vis-à-vis du reste du monde.

Le PIB tel qu’il est exprimé en volumes est lui aussi soumis à une augmentation entre 2022 et
2026. Ceci est assez logique, compte tenu du fait que les différents éléments qui le
composent croissent durant cette période. On note tout de même que son taux de
croissance, après avoir fortement diminué en 2023 (comme attendu), va augmenter l’année
suivante et diminuer faiblement par la suite. Le PIB à prix courants suit une tendance
similaire.

b. Marché du travail
Relativement au chômage, alors qu’il s’élève à 8,34% en 2022, il va augmenter de 1% l’année
suivante pour ensuite repasser sous la barre des 9% et atteindre le seuil de 8,37% en 2026.
Ces fluctuations du taux de chômage résultent principalement des variations impactant
l’emploi dans le secteur privé durant la période considérée.
c. Prix, salaire et revenus
On observe une constante augmentation du salaire coût horaire entre 2022 et 2026. Cela
signifie que, les années passant, il est de plus en plus couteux pour les patrons d’embaucher
chaque travailleur. Ceci résulte de de l’indexation automatique des salaires et donc du fait
que le coût de la vie augmente avec les années. En outre, si le taux de croissance du coût
salaire horaire diminue fortement en 2023 en passant de 8,49% à 2,5%, il augmente ensuite
de manière stable. Le taux de salaire nominal brut suit logiquement la même tendance que
le salaire coût horaire avec une forte diminution de son taux en 2023 avant que celui-ci
n’augmente à nouveau dans les années suivantes 3. Le salaire coût horaire ainsi que le salaire
nominal brut suivent une tendance qui se calque sur la manière dont se comporte l’indice
des prix à la consommation. Cela découle de l’adaptation automatique des salaires au coût
de la vie, mécanisme propre au système économique et politique belge 4.

Dans le même ordre d’idée, on constate que le coût unitaire du travail suit le même
comportement.

Le déflateur du PIB, qui dépend, entre autres, de la valeur de l’indice des prix à la
consommation, suit la même tendance que les éléments que nous venons d’aborder, à
savoir que son taux de croissance chute la première année (tout en restant positif) avant de
rehausser entre 2024 et 2016.

On constate une augmentation du taux de croissance du revenu disponible réel qui passe
1,47% à 2%. Cela signifie que le pouvoir d’achat des individus du secteur privé, non
seulement augmente, mais cette augmentation est de plus en plus forte. Cela résulte
notamment du fait que le niveau des prix a diminué de manière non négligeable,
comparément à la baisse du taux de salaire.

d. Compte du secteur public


Sur la période considérée, chacune des composantes des recettes publiques augmentant de
plusieurs milliards avec le temps, on constate un accroissement de près de 36 milliards de
ces recettes.
Entre 2022 et 2026, les dépenses du pouvoir public ont, elle aussi, cru et ce à concurrence de
44 milliards.
Ses recettes augmentant dans une moindre mesure que ses dépenses, le pouvoir public a vu
sa situation comptable se détériorer au fil du temps, en témoigne une balance primaire qui
s’est accrue, passant de 16 à 20 milliards en négatif.
En outre, l’augmentation de 4 milliards des paiements d’intérêts a contribué à aggraver le
besoin de financement de l’Etat, ce dernier passant de -24,6 milliards à -32,8 milliards
d’euros sur le laps de temps considéré.

3
A taux de cotisations sociales et patronales inchangés, il est logique que le salaire coût horaire et le taux de
salaire nominal brut suivent des tendances similaires.
4
Pour rappel, la politique belge en matière salarial est telle que les salaires sont automatiquement indexés.
La dette publique, qu’elle soit exprimée en millions d’euros ou en pourcents du PIB, ne fait
qu’augmenter entre 2022 et 2026. La hausse est non négligeable dans la mesure où elle
dépasse les 130 milliards dans cette période. En pourcents du PIB, la dette atteint le seuil
non négligeable de 112 en 2026.

3. Objectifs à poursuivre :
Nous nous sommes fixé trois objectifs à atteindre à l’horizon 2026.
Premièrement, il s’agira de diminuer le taux de chômage afin que celui-ci atteigne le seuil
des 8% en 2026 et qu’il continue de diminuer pour passer sous la barre des 7,5% en 2028.
Ensuite, nous avons choisi de nous pencher sur l’évolution de la croissance en évitant que
celle-ci diminue entre 2022 et 2026 et faisant en sorte de maintenir un taux de croissance du
PIB similaire à celui de la projection de base.
Enfin, nous souhaitions également faire en sorte que la dette publique ne s’accroit pas sur le
laps de temps considéré comparément à la situation de base.

4. Instruments mis en place


Afin d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons décidé d’intervenir à
plusieurs niveaux. En effet, il s’agira de diminuer le taux de cotisations patronales pratiqué
de 3% par rapport aux 25% initiaux, de hausser d’un pourcent le taux de TVA et d’accroitre
l’investissement public à concurrence de 2 milliards d’euros en 2023, année de récession.
Dans cette quatrième partie de la contribution, nous aborderons, un par un, les trois
instruments susmentionnés et décrirons les effets de leur mise en œuvre sur le modèle
utilisé.

a. Augmentation de l’investissement public de 2 milliards d’euros en 2023


En vue d’atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous avons pris la décision de
procéder à une augmentation de l’investissement public de deux milliards d’euros. Nous
avons limité cette hausse à l’année 2023. Pourquoi avoir limité l’intervention à une année et
pourquoi 2023 en particulier ? Premièrement, nous n’avons pas jugé utile de maintenir ce
choc sur l’entièreté de la période dans la mesure où cela allait générer des effets
dommageables sur la dette publique que les conséquences positives du maintien de ce choc
entre 2022 et 2026 n’allait pas pouvoir contrer. En outre, nous avons choisi l’an 2023 dans la
mesure où cette année est marquée par une forte récession et sera suivie d’une hausse de la
croissance en 2024. Augmenter l’investissement public de deux milliards en 2023 permet de
réduire les effets néfastes de la récession vis-à-vis de la croissance et d’en tempérer la
hausse du PIB s’ensuivant.
Il s’agit donc, dans cette section, d’analyser les effets que génère, seule, une hausse de
l’investissement lors de la deuxième année.

Dès lors que le choc ne survient qu’en 2023 et qu’aucune variation quelconque n’est à
relever l’année précédente, il ressort des données renvoyées par le planning corner
qu’aucune fluctuation n’est à observer en 2022. La comparaison entre la projection de
référence et celle qui résulte de la variation de l’investissement public ne débute dès lors
qu’en 2023.

Comparément à la situation de référence, nous observons une légère hausse de la


consommation privée, telle qu’elle est exprimée en volumes. Cette hausse de la
consommation privée est due au fait que l’augmentation de l’investissement public implique
un accroissement de la demande finale lequel assure une valeur ajoutée plus élevée dans le
secteur privé. De cela, il résulte que l’emploi augmente. Le revenu des ménages étant alors
plus élevé, ce secteur consomme davantage. Mesurée en millions, la consommation privée
est, elle aussi, en croissance par rapport à la situation de référence sur l’ensemble de la
période considérée. Cela s’explique par le fait que tant la consommation privée mesurée en
volumes que le déflateur de la consommation privée ont augmenté. On observe néanmoins,
en 2023, une diminution de la consommation privée exprimée en pourcents du PIB. Cela est
dû au fait que la croissance de la consommation privée est inférieure à celle du PIB
relativement à la situation de référence. Dès l’année 2024, celle-ci est cependant à nouveau
à la hausse avant de retrouver une valeur égale à celle de la projection de base en 2025 et
2026.

La consommation publique, exprimée en volumes, suit également une tendance croissante


par rapport au modèle de base. Cela résulte du fait que les salaires versés par l’Etat aux
fonctionnaires, l’achat de biens et services ainsi que les transferts effectués au profit des
ménages augmentent tous trois.

L’investissement des entreprises est plus élevé que dans la situation de préférence en 2023
et 2024 mais chute ensuite en dessous de ce niveau. Du côté de l’investissement des
ménages, on constate une faible croissance par rapport au modèle de base dès l’année qui
suit la mise en œuvre de la politique.

Les importations, exprimées en volumes, vont augmenter dès 2023 avant de retrouver, dès
2026, un niveau semblable à celui qu’elles atteignaient initialement. De leur côtés les
exportations vont, dès l’année suivant l’application de la mesure, devenir plus faibles que
dans le modèle de base.

Le PIB, tant nominal que réel, est plus important dans cette projection modifiée quand dans
le modèle de référence. A ce titre, nous constatons une hausse assez importante du PIB à
prix courants dès 2023 (0,23%). Cette forte hausse est indubitablement due à l’injection par
le pouvoir public de 2 milliards d’euros sous forme d’investissements cette année-là. Dans
les années qui suivent la croissance va tout de même demeurer bien supérieure au niveau
qu’elle avait atteint dans la projection initiale mais la différence entre les deux va diminuer
(de 0,23% en 2023 à 0,06% entre 2024 et finalement 0,03% en 2026).
L’importance de l’écart entre les deux projections que nous observons au niveau du PIB (réel
ou nominal) en 2023 résulte majoritairement du fait que l’investissement public a fortement
cru.

Relativement au niveau d’emploi, si celui-ci augmente considérablement par rapport à la


situation de référence en 2023 mais l’écart va ensuite rapetissir pour devenir nul en. Les
seules variations à dénoter à ce niveau touchent à l’emploi dans le secteur privé. Assez
logiquement, le nombre de personnes disposant d’un emploi suit une tendance similaire
(forte augmentation avant une légère diminution) alors que le taux de chômage adopte un
comportement inverse (forte augmentation avant une légère baisse).
Le salaire coût horaire est plus élevé quand dans le modèle de base. Il en va logiquement de
même en ce qui concerne le salaire horaire nominal brut. Ces hausses sont dues à
l’augmentation du coût de la vie, perceptible par la croissance du déflateur de la
consommation privée. Assez logiquement, il en résulte que les coût unitaire du travail et de
production sont moins élevés.

Relativement à l’impact de la hausse de l’investissement public sur les comptes de l’Etat,


force est de constater que la mise en œuvre de cette politique a entraîné une hausse non
négligeable des dépenses du pouvoir public. Cette augmentation par rapport à la situation
de base est estimée à 2 milliards en 2023, assez logiquement. L’écart diminue tout de même
assez bien l’année suivante et continuera de se réduire d’ici 2026, année lors de laquelle la
différence entre les dépenses primaires des deux situations n’est que de 104 millions
d’euros.
En ce qui concerne les recettes de l’Etat, celles-ci ont également cru par rapport à la
projection de base. Les variations d’année en année sont assez similaires à celles des
dépenses dans la mesure où l’écart est assez important en 2023 (500 millions d’euros) et va
ensuite se réduire petit à petit à l’horizon 2026 (46 millions).

Pour clôturer cette section, il s’agit de regarder dans quelle mesure la politique mise en
place permet d’atteindre nos objectifs. Relativement l’objectif de diminution du taux de
chômage que nous nous sommes fixés à l’horizon 2026, la hausse de l’investissement public,
appliquée seule, ne permet pas d’arriver au seuil de 8%. Ensuite, il s’avère que la hausse de
l’investissement public est un instrument utile à la réalisation de l’objectif de croissance que
nous nous sommes fixés. En effet, lorsqu’on l’applique seule, cette politique permet
d’atteindre un niveau de PIB, réel comme nominal, qui soit supérieur à celui de la situation
de base tout en maintenant un taux de croissance similaire (1,77% et 3,71% respectivement
pour les PIB réel et nominal dans chacune des situations). Enfin, nous nous intéressons aux
conséquences de la hausse de l’investissement public de 2 milliards d’euros en 2023 sur la
dette publique. Certes, les recettes du pouvoir public ont augmenté sur la période
considérée à la suite de la hausse de l’investissement public en 2023 mais cet accroissement
est bien plus faible que celui des dépenses. Dès lors, il n’est pas étonnant de constater que la
dette publique, qu’elle soit exprimée en millions d’euros ou en pourcentages du PIB s’est
accrue en 2026.

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