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Note de conjoncture Août 2022

1. Conjoncture internationale
Le FMI a publié en Juillet ses prévisions économiques marquées par un ralentissement de la
croissance économique accompagné d’une accélération de l’inflation. Ainsi, le taux de
croissance du PIB mondial passerait de 6,1% réalisé en 2021 suite au rebond post-COVID à
3,2% en 2022. Au premier semestre, le monde occidental enregistre même un début de
récession avec des taux de croissance négatifs, même la Chine enregistre une décélération
notable vers une croissance de 0,4% au second trimestre. L’inflation atteindrait 8,3%
comme moyenne mondiale en 2022 suite à la flambée des prix de l’énergie et des produits
de base liée au conflit ukrainien.
Cette situation devrait continuer en 2023 selon le FMI qui prévoit un taux de croissance du
PIB plus faible en 2023 soit 2,9% au niveau mondial. Par contre, l’inflation baisserait à 5,7%
en 2023 suite à la baisse prévue des prix des produits de base et du pétrole et à la politique
monétaire restrictive adoptée dans plusieurs pays.

2. Conjoncture nationale :
L’inflation continue son accélération passant de 8,1% en Juin à 8,2% en Juillet par rapport au
même mois de l’année dernière. Habituellement, une accalmie est observée lors de la
saison estivale suite à l’offre élevée de produits agricoles de saison, mais ce n’est pas le cas
cette année à cause de l’effet des prix des importations alimentaires (céréales, huiles, sucre)
qui constituent des intrants pour plusieurs produits (poulet, œufs…). En effet, l’indice FAO
des prix alimentaires a augmenté de 23% en Juin par rapport au même mois de l’année
dernière.
FAO Food Price Index (2016 = 100)
160

140

120

100

80
2020-01 2020-04 2020-07 2020-10 2021-01 2021-04 2021-07 2021-10 2022-01 2022-04

De ce fait, les importations de produits alimentaires du premier semestre (2021 à 2022)


sont passées de 3,2 à 4,7 milliards D soit une augmentation de 1,5 milliard D en un
semestre. Une partie de l’inflation alimentaire importée est absorbée par le budget de l’Etat
qui gonfle les subventions à la caisse de compensation, une autre partie est financée par les
offices importateurs (ONH, OCT, OC) avec un surendettement élevé, mais une partie est
répercutée sur les industriels agroalimentaires. Certains industriels comme ceux du secteur
laitier obéissent au contrôle des prix et menacent une baisse de la production alourdissant
les importations.
Pour le second semestre de 2022, l’inflation devrait continuer malgré l’accalmie sur les prix
internationaux car les correctifs des prix locaux d’hydrocarbures n’ont pas été effectués ces
derniers mois. Il est prévu d’atteindre 9% d’inflation en décembre 2022 résultant en un taux
moyen de 8,1% en 2022 contre 5,7% en 2021.
Cela devrait conduire à une nouvelle augmentation du taux d’intérêt directeur de la BCT, qui
est de 7% actuellement, en conformité avec la politique monétaire passée.

La croissance économique (PIB) prévue pour 2022 est analogue à celle de 2021, estimée à
3% par an, ne permet pas de récupérer la baisse du PIB vécue en 2020 (-8,8%). Le niveau
d’activité économique n’a pas atteint celui de 2019, cela aggrave le chômage et décourage
l’insertion des jeunes dans la population active, composée des demandeurs d’emplois, qui
est entrain de baisser. Cela gonfle encore plus le secteur informel dont une partie échappe à
l’estimation du PIB.

Le déficit courant extérieur enregistré au cours des 5 premiers mois double par rapport à la
même période de l’année dernière, comme le montre le tableau suivant :

Données en millions TND 2021 5mois 2021 5mois 2022 Prévisions 2022
Solde commercial -13290 -4766 -8413 -22460
Solde Services 500 251 712 2623
Solde revenus transferts 4783 1173 1195 5090
Solde balance courante -8007 -3342 -6506 -14746

Malgré l’amélioration prévue de l’activité touristique, le déficit courant passerait de 8


milliards D en 2021 à 14,7 milliards D en 2022, soit plus de 10% du PIB, si le prix
international du pétrole se maintient autour de 100 $ le baril comme prévu devant la
persistance du conflit ukrainien.
Le financement de ce déficit courant exige un recours important à l’endettement extérieur
en plus du principal de la dette extérieure à rembourser (environ 8 milliards D) ; si non, une
baisse des réserves de change (l’équivalent de 24 milliards D actuellement) est inéluctable
avec, comme corollaire, la dépréciation du dinar devant les craintes des opérateurs sur la
fluidité des paiements extérieurs.

Enfin, le budget de l’Etat connaît actuellement des pressions élevées des dépenses devant
l’augmentation des subventions de prix des produits alimentaires, de l’énergie et du
transport. Les entreprises publiques et les offices connaissent aussi des problèmes de
liquidité liées à des recettes faibles et un recours bancaire limité suite au volume de leur
dette passée. Le financement du déficit public croissant pose actuellement des problèmes
pour le système bancaire. Reste à savoir comment la BCT va se comporter pour boucler les
besoins du budget de l’Etat.

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