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EVOLUTION DU POUVOIR D’ACHAT DES MENAGES EN REPUBLIQUE

DEMOCRATIQUE DU CONGO : MESURE, PERCEPTION ET PERSPECTIVE1

Contexte

De façon générale, dans toute économie un taux d’inflation élevé modifie le


comportement d’achat de la population, la République Démocratique du Congo n’échappe en
rien de cette règle ; un taux d’inflation significatif impacte sur le coût de la vie de la population.

La faible pouvoir d’achat est un argument qui sert souvent à justifier le manque de vente
par les entrepreneurs ou parfois le manque d’attractivité du pays pour les investisseurs
étrangers ; ainsi donc la population n’aurait pas les moyens de se payés des produits et services
« des innovations », c’est peut-être d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les gros
investissements sont concentrés sur les mines dont la production est immédiatement exportée.

Les questions de pouvoir d’achat des ménages en République Démocratique du Congo


sont au cœur de la dynamique économique et du dialogue social. Ce papier a pour but d’éclairer
un aspect central mais aussi préalable du débat, celui de la mesure de ce pouvoir d’achat ainsi
que de sa perception en vue d’une perspective à un horizon futur. En effet, c’est l’évolution
comparée des revenus et des prix qui conditionnent la progression du pouvoir d’achat ; bien
que l’indice des prix à la consommation2 (IPC) ait intégré progressivement les nouvelles formes
de consommation, il existe toujours un écart significatif entre l’inflation ressentie et l’inflation
mesurée par l’indice des prix. Cela s’est encore accentué par l’instabilité du taux de change,
tout produit étant calculé en tenant compte du dollar américain.

La situation économique et financière de la République Démocratique du Congo reste


difficile, et s’illustre par : (i) une inflation en moyenne de 7,875% depuis l’investiture du
Président Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, contre une moyenne de 10,86 % entre 2011 et
2018 ; (ii) le taux de croissance du PIB réel est passé de 5,8% à 4,3% en 2019 soit une
diminution de 1,5% avec une moyenne de 6,35% entre 2019 à 2022. L’accélération de
l’inflation et la dépréciation du taux de change ont eu une incidence négative sur le pouvoir
d’achat des ménages. Le contexte sécuritaire et budgétaire difficile a également favorisé la
résurgence de certaines maladies.

Malgré l’amélioration escomptée de la situation économico-financière, la situation


sociale pourrait rester préoccupante compte tenu de ces importants défis humanitaires que se
fixaient le Chef de l’Etat. Le faible développement des infrastructures constitue un frein au
développement économique et social de la RDC et à l’intégration sous-régionale. Étant donné
l’ampleur des besoins et la faiblesse structurelle des recettes, notamment internes, le
financement des infrastructures représente un défi considérable.

1 Le mesure du pouvoir d’achat des ménages fait régulièrement l’objet de controverses. En effet, en fonction de la définition
retenue du pouvoir d’achat et de la méthode utilisée pour son calcul, les chiffres peuvent varier significativement. Le décalage
persistant entre l’indicateur de confiance des ménages et la mesure du pouvoir d’achat par nous illustre cette discordance.
2 L’IPC mesure les variations au cours du temps du coût d’un « panier » de biens et services représentatifs des dépenses de

consommation des ménages. Il est considéré comme la meilleure mesure disponible de l’inflation des prix des biens de
consommation et des services dans une économie.
2019 2020 2021 2022
Taux de croissance du PIB réel 4,39 1,75 6,20 8,92
Taux de croissance du PIB réel par habitant 1,12 -1,49 2,83 5,50
Taux d’inflation 4,71 11,36 8,99 6,44
Indice de prix à la consommation 124,74 126,98 129,16 133,09
(2010=100)
Source : Rapport de la BCC, 2022

MESURE DU POUVOIR D’ACHAT DES MENAGES

Le pouvoir d'achat correspond à la quantité de biens et de services qu’un revenu permet


d’acheter. Le pouvoir d’achat dépend alors du niveau du revenu et du niveau des prix.
L’évolution du pouvoir d’achat correspond donc à la différence entre l’évolution des revenus
des ménages et l’évolution des prix. Si la hausse des revenus est supérieure à celle des prix, le
pouvoir d’achat augmente.

La mesure de l’évolution du pouvoir d’achat des ménages vise à apprécier la variation


réelle du revenu dont dispose les ménages d’une période à l’autre afin de consommer ou
épargner. Cette évolution est dépendante des deux autres variables : le revenu disponible brut
et l’inflation.

1) Revenu disponible brut des ménages

 Notions générales

La comptabilité nationale définit le revenu disponible brut des ménages (RDB) revenu
disponible d’un ménage (famille ou foyer) correspond à la somme dont il dispose pour
consommer ou investir, après opération des redistributions sortantes (impôts) ou entrantes
(prestations sociales). En d’autres termes, il s’agit de ce qui reste avant le paiement des
dépenses. Le revenu disponible brut des ménages est la part des revenus dont ils disposent pour
consommer, épargner ou investir après avoir régler les cotisations sociales et les impôts directs.

Le revenu disponible brut englobe l’ensemble des revenus d’activités (salaires,


traitements, revenu-mixte des non-salariés, pensions de retraites, etc.), des revenus financiers
(intérêts, dividendes, produits d’assurance-vie, etc.) et des revenus fonciers auxquels se
cumulent les prestations sociales. De ce total, on défalque les cotisations sociales, les taxes et
les impôts versés et on obtient le revenu disponible brut.

Le revenu disponible est perçu comme l’indicateur des ressources dont les ménages
disposent afin de financer, à leur discrétion, leur consommation ou leur épargne. Le concept de
revenu disponible brut fait appel à trois notions principales : la disponibilité des ressources,
l’exhaustivité et la frontière entre opérations non financières et opérations financières.

Le revenu disponible brut ajusté des ménages prend en compte les transferts en nature
des administrations publiques reçus par les ménages (santé, éducation gratuite) et les
institutions sans but lucratif au service des ménages (ISBLM).
a) Disponibilité des ressources

Certaines ressources prises en compte, comme les loyers fictifs par exemple, sont
intégrées de façon comptable dans le revenu disponible brut alors qu’elles ne sont pas
réellement disponibles3 (Insee, 2010).

b) Exhaustivité des ressources

Le revenu disponible brut ne retrace pas l’ensemble des ressources des ménages : l’accès
« gratuit » aux services publics et les prestations sociales en nature ne sont pas comptés. Afin
de corriger cette lacune, un revenu disponible ajusté des ménages est calculé, mais rarement
commenté. Il comprend le revenu disponible augmenté des transferts sociaux en nature et des
services commenté. Il comprend le revenu disponible augmenté des transferts sociaux en nature
et des services collectifs individualisables.

c) Frontière

Entre les opérations non financières et opérations financières, seules les opérations non
financières sont retracées dans le revenu disponible brut, ce qui peut aboutir à des situations
contestables (Insee, 2010).

 Utilisation du revenu disponible brut

Il est utilisé pour déterminer le pouvoir d’achat des ménages sachant que ce dernier est
conditionné par deux facteurs principaux : le revenu disponible brut, d’une part et de l’évolution
des prix d’autre part. Lors d’une période inflationniste forte, le pouvoir d’achat d’un ménage
disposant du même revenu brut disponible diminuera à mesure que les prix grimpent ; le niveau
de vie est égal au revenu des ménages, divisé par le nombre d’unité des consommation (dont
les enfants) du ménage.

Le revenu disponible moyen est surtout constitué par les revenus d’activités, les pensions
et retraites, puis dans une moindre mesure, par les revenus du patrimoine et les prestations
sociales (prestations familiales, prestations logement et minima sociaux).

3
Les loyers fictifs sont comptés en ressources des propriétaires-occupants comme s’ils se louaient leur logement
à eux-mêmes.
Evolution en % du Revenu Disponible
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022

2) Indice des prix à la consommation

L’indice des prix à la consommation (IPC) permet d’estimer, entre deux périodes
données, la variation du niveau général des prix des biens et des services consommés par les
ménages sur le territoire national congolais. Il mesure l’évolution des prix d’un panier de biens
et services pondérés en fonction de leur poids respectifs dans la consommation des ménages.
L’IPC couvre la plupart des biens et services consommés.

Evolution de l'IPC de 2011 à 2022


6

0
2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
3) Pouvoir d’achat

Selon INSEE4 (Institut National des Statistiques et Etudes Economiques), le pouvoir


d’achat est la quantité de biens et de services que l’on peut acheter avec une unité de salaire.
L’évaluation du pouvoir d’achat dépend de celle de prix (inflation) et des salaires.

- Si les prix grimpent et que les revenus restent constants, le pouvoir d’achat diminue ;
- Si les prix baissent et que le revenu augmente, le pouvoir d’achat s’améliore.

L’indice des prix ne tient pas compte de remboursement des emprunts immobiliers ou de
crédits à la consommation qui sont assimilés à des opérations financières.

EVOLUTION DU POUVOIR D’ACHAT DES MENAGES EN RDC ENTRE 2011 ET


2023

En 2022, en volume les dépenses de consommations finales des ménages a augmenté


moins fortement (11,4%) au détriment de l’augmentation qu’a connu le pays lors de
l’investiture du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo en 2019 (31,05%). Cette
décadence est essentiellement due à plusieurs facteurs internes ainsi qu’externe notamment le
faible niveau des salaires (principalement des fonctionnaires publics) perçus par les congolais
mais aussi les différentes instabilités économiques et politiques que subit le pays. En outre,
nous devons souligner que l’avènement de la crise sanitaire de la pandémie COVID-19 ; cela a
contribué positivement à la réduction des dépenses des ménages.

En valeur le revenu disponible brut des ménages en République Démocratique du Congo


s’accroit à un rythme plus ou moins soutenue (croissance avec une moyenne de 20% entre 2011
à 2016) ; cette évolution intervient dans un contexte des politiques de stabilisation menée à
l’époque par le gouvernement Matata5.

Par ailleurs, après 2016 nous avons assisté à un rebond du revenu disponible brut (avec
un taux de croissance de 5% entre 2016 et 2018) et une forte augmentation du niveau général
des prix, ce qui a accélérée la diminution du pouvoir d’achat de la population congolaise.

Depuis l’investiture du Président Félix Antoine Tshisekedi, les efforts de stabilisation du


cadre macroéconomiques ont été mises en œuvres afin de soutenir la demande intérieure et
amélioration des conditions de vie des populations essentiellement en jouant sur la stabilisation
du niveau général des prix et du taux de change afin d’augmenter le pouvoir d’achat du
congolais.

1) Caractéristiques de la période de 2011 à 2016

4
INSEE est un institut chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielle en France, depuis
1946. Il utilise deux notions clés afin de calculer le pouvoir d’achat visant à apprécier la variation réelle du revenu dont ils
disposent les ménages d’une période à une autre pour consommer et épargner ; ce calcul dépend de l’évolution de deux
variables : le revenu disponible brut et le niveau général des prix (inflation)
5
Une politique consistant à stabiliser le niveau général des prix, c'est-à-dire en ayant un taux d’inflation faible ou quasi-nul
mais aussi stabiliser le taux de change par là une appréciation de la monnaie nationale qui le franc congolais face à la devise
principale (le dollar américain).
Cette période est caractérisée par des contributions moins contractées de l’évolution de revenu
disponible brut et de l’indice des prix à la consommation au pouvoir d’achat.

Les politiques de stabilisation du cadre macroéconomique mises en place à l’époque, a permis


une évolution croissante du pouvoir d’achat des ménages (croissance située à une moyenne de
17,66%) due à l’évolution croissante de ses variables déterminantes du pouvoir d’achat (revenu
disponible brut à une moyenne de +18% et un taux d’inflation quasi nulle situé à près de 1%).
Il faudrait noter aussi que vers la fin de l’année 2016, le niveau général des prix a dû grimper à
plus de +3%.

Evolution en % du revenu disponible, Indice des prix à la


consommation et Pouvoir d'achat
60

50

40

30

20

10

0
2011 2012 2013 2014 2015 2016

IPC (%) Revenu Disponible (%) Pouvoir d'achat (en %)

Par ailleurs, cette évolution croissante du pouvoir d’achat n’est pas toujours strictement
parallèle à celle de la croissance économique.

Entre 2011 et 2016, les courbes de la croissance économique et de l’évolution du pouvoir


d’achat des ménages sont presque parallèles (voir le graphique ci-dessous). La forte croissance
économique enregistrée en République Démocratique du Congo pendant cette période (+6,87%
en moyenne) ; alors qu’elle tablait en début d’année 2015 sur une croissance de 10,3%, les
autorités ont dû revoir leurs prévisions à la baisse en raison du ralentissement de l’activité
économique au premier semestre. Cette révision fut principalement dû au ralentissement à la
chute des cours mondiaux du cuivre, qui ont atteint leur plus bas niveau depuis 2009, soit
environ 5 100 USD la tonne.

Il faudrait noter aussi que les revenus d’activité ont moins augmenté partir de 2015, en
raison à la baisse de cours des matières premières (principalement le cuivre), le projet de budget
pour l’année 2016 a été revu à la baisse malgré les fondamentaux macroéconomiques
consolidés stables, une inflation maîtrisée (près de 1,05% que la prévision estimée à 3,5%) et
un taux de change demeurant stable avec un glissement de 0,2% contre 0.1% en 2014.
Evolution du pouvoir d'achat et du taux de croissance
25,00

20,00

15,00

10,00

5,00

0,00
2011 2012 2013 2014 2015 2016
-5,00

PIB par Habitant (%) PIB (%) Pouvoir d'achat (en %)

2) La période 2017 à 2022 : une évolution

Le net ralentissement de la croissance du pouvoir d’achat des ménages en 2017 et 2018,


s’explique à la fois par une moindre croissance nominale du revenu disponible brut et par une
accélération de l’inflation (niveau général des prix).

L’activité économique de la RDC a fortement rebondi en 2021 sous l’impulsion du


secteur minier, tandis que l’assouplissement des restrictions sanitaires a également soutenu la
croissance des secteurs non miniers (notamment les télécommunications). Après un
ralentissement de la croissance à 1,7 % en 2020 induit par la pandémie, l’économie de la RDC
a progressé de 5,7 % en 2021 grâce à la dynamique du secteur minier et à une reprise des
secteurs non miniers. L’économie de la RDC a fait preuve de plus de résilience que d’autres
pays d’Afrique subsaharienne en raison de la robustesse des secteurs miniers et des
télécommunications. L’assouplissement des restrictions sanitaires et la hausse des revenus du
secteur minier, qui a également bénéficié de la hausse des prix, ont soutenu la croissance des
secteurs non extractifs en 2021 (3,9 %) par rapport à la contraction de 2020 (-1,3 %). Les
perturbations du commerce et de la demande, les goulets d’étranglement logistiques et
l’indisponibilité des intrants ont provoqué des contractions dans les secteurs de l’industrie
manufacturière et des services, à l’exception des télécommunications qui ont progressé en
raison de la forte utilisation des technologies numériques dans un contexte de restrictions de la
mobilité.
Evolution en % du revenu disponible, Indice des prix à la
consommation et Pouvoir d'achat
50
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
2017 2018 2019 2020 2021 2022

IPC (%) Revenu Disponible (%) Pouvoir d'achat (en %)

La hausse des prix des produits de base a également permis de renflouer les recettes
intérieures qui, associées à l’augmentation des dons, ont fini par assainir les finances publiques
en 2021 malgré la hausse des dépenses. Les comptes budgétaires ont été équilibrés en 2021,
contre un déficit budgétaire de 1,2 % en 2020. Sous l’effet de la hausse des dépenses sociales
et d’infrastructure, les dépenses publiques ont atteint 13,1 % du PIB en 2021, contre 10,1 % en
2020. La hausse des recettes intérieures a plus que compensé cette augmentation des dépenses,
passant de 8,7 % du PIB en 2020 à 11,2 % en 2021. L’accroissement des recettes s’explique
par les bonnes performances du recouvrement de l’impôt sur le revenu et de la taxe sur la valeur
ajoutée, ainsi que par les recettes non fiscales (dont les recettes minières représentent 30 %),
estimées à 3,2 % du PIB en 2021, contre 2,5 % en 2020.

DECALAGE ENTRE EVOLUTION DU REVENU DES MENAGES ET LA


PERCEPTION DE LEUR SITUATION FINANCIERE

Le pouvoir d’achat des ménages a ralenti, progressant de moins de 10% contre une
évolution de près de 15% en 2014. Pour autant, il n’a pas reculé. Or, les enquêtes de conjoncture
réalisées par Target Sarl auprès d’un échantillon des ménages en 2022 montrent que ces derniers
ont eu le sentiment que leur situation financière avait tendance à se dégrader. La situation ne
s’est cependant pas renversée depuis quelques temps déjà et le sentiment que le niveau de vie
s’améliore ne domine plus.

D’autre part, il sied de signaler aussi que l’évolution démographiques expliquent, en


partie, le décalage entre l’évolution mesurée du revenu des ménages et celle perçue par chaque
ménage. En effet, une même croissance de la richesse produite ne renvoie pas à la même réalité
sociale selon que la population s’accroît ou diminue. En République Démocratique du Congo,
depuis quelques années déjà la population s’accroît (+3,3% par an) et le nombre de ménages
augmente du fait du vieillissement et de la décohabitation. En conséquence, le pouvoir d’achat
par le ménage augmente moins vite que le pouvoir d’achat individuel et a fortiori que le revenu
disponible brut des ménages.
Selon les statistiques issues de cette enquête, la majorité des Congolais (51%) sont
disposés à revoir leurs dépenses principalement dans les domaines de l’habillement (25%), de
la recharge téléphonique, Internet, abonnement câble /Netflix (18%) ainsi que de l’alimentation
(18%) afin de conserver une gestion équilibrée des revenus. Les Congolais placent
l’alimentation largement en tête des dépenses prioritaires en cette période de crise (54%) suivie
de de la recharge téléphonique, Internet, abonnement câble /Netflix (22%) et la santé (8%).
Des huit (8) régions sondées, sept (7) se déclarent favorables à la réduction des dépenses, sauf
dans le Kasaï où 48% préfèrent ne rien changer et 35% font le choix d’en diminuer certaines.

D’autres métriques sont présentées dans les résultats de l’enquête, comme la répartition
par genre, par tranches d’âge ou par type d’adaptation (report, diminution, renoncement etc.),
ainsi que les dépenses indiquées comme les plus susceptibles d’être revues.

De juillet 2021 à juillet 2022, le prix du panier alimentaire en RDC a augmenté de 26%,
selon le bulletin d’information du Programme alimentaire mondial (PAM) du mois de juillet
2022. Et d’après la Banque Mondiale, d’autres produits de base ont aussi connu une hausse de
prix durant la même période, de suite de plusieurs facteurs dont les conflits géopolitiques
(guerre en Ukraine), la résurgence de la pandémie Covid-19, et autres facteurs locaux comme
les mauvaises récoltes dans les provinces du Kivu et l’augmentation du prix du carburant.

Une autre enquête mené par la même institution en 2022 ; l’enquête a organisé
l’échantillon en diverses tranches d’âge dont la tranche de 18 à 24 ans (36%), la tranche de 25
à 34 ans (25%), la tranche de 35 à 49 ans (23%) et la tranche de 50 ans et plus (16%)6.

Les résultats de cette étude montrent que 35% des personnes interrogées ont témoigné
que leur pouvoir d’achat a connu une baisse durant ces derniers mois. Et dont la majorité est
représentée par les hommes de toutes les tranches d’âge.

Notons que l’inflation diffère d’une région à une autre. Dans des régions où le pouvoir
d’achat a augmenté, les populations ont exprimé leur vœu de voir l’Etat créer plus d’emplois
afin de conserver ce rythme. Aussi, ont-ils souligné, l’intensification de la lutte contre
l’inflation, la subvention de certains produits, la réduction des trains de vie des institutions et
lutter contre la corruption.

Quant à la perception du pouvoir d’achat en 2023. Dans les régions du Kasaï, Sud-Kivu
et Province orientale, Certains congolais restent optimistes par rapport à leur pouvoir d’achat
dans les jours à venir.

Tandis que la tranche d’âge de 18 à 24 ans semble être sceptique par rapport à l’idée de
l’amélioration de leur pouvoir d’achat.

6
Cette enquête a recouru à la méthode CATI (Computer Assisted Telephone Interview) pour collecter les données, dans une
période allant du 23 Novembre au 03 décembre de l’année 2022. Etendue sur 8 régions, entre autres Kinshasa, Grand Katanga,
Province Orientale, Grand Equateur, Nord Kivu, Sud Kivu, Kongo central et Grand Kasaï oriental
CONCLUSION

Le modèle économique congolais présente certaines fragilités. Les perspectives


d’amélioration de la situation socio-économique sont contraintes par un modèle de croissance
encore trop peu diversifié, dont les efforts pour réduire la dépendance aux industries extractives
sont pour l’heure limités dans leurs effets et ne suffisent pas à réduire l’exposition du pays aux
chocs externes. On note toutefois l’émergence de certains secteurs de l’économie. Dans le
même temps, tous les indicateurs de développement social et humain se sont très fortement
dégradés, conséquence directe de la longue succession de conflits depuis l’indépendance. La
situation s'est peu améliorée, conséquence d’un modèle de croissance peu inclusif tiré par le
secteur extractif, et marqué par de fortes inégalités et des dépenses publiques encore peu
redistributives. Il s’agira de poursuivre les réformes initiées par le FMI, dont une meilleure
exécution budgétaire semble nécessaire pour favoriser une croissance plus inclusive et
soutenable.

L’économie de la RDC continue de subir les effets négatifs de la guerre en Ukraine avec
un taux d’inflation dont le niveau devrait dépasser 12% en fin d’année contre un objectif initial
de 7%. Le coût de la vie reste élevé et alimenté par la hausse des prix des produits de première
nécessité importés mais aussi de la situation sécuritaire à l’Est du pays. A titre d’illustration,
certains produits de première nécessité et produits vivriers locaux (Ex. maïs), sont devenus de
plus en plus rares sur le marché de Goma depuis l’intensification des combats dans les territoires
de Rutshuru et de Nyiragongo entre les FARDC et les rebelles du M23.

La conséquence de cette situation est la flambée des prix sur le marché : Un sac de
semoule de maïs de 25 Kg qui coûtait 21 USD passe à maintenant à 30 USD. Un sac de braise
communément appelé « Ndobo » se vendait à 27 USD coûte aujourd’hui aux alentours de 60
USD. A cela s’ajoute le prix du transport, où le coût du billet de transport par voiture a connu
une hausse auprès des agences de transports empruntant la route Butembo-Goma et vice versa
: Il est passé de 30 à 50 dollars américains voire 60 dollars, depuis la dernière occupation de
Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru. Pour préserver le pouvoir d’achat des populations le
gouvernement a pris des mesures entre autres la suspension de la TVA à l’importation des biens
de première nécessité afin de favoriser la consommation des ménages7 (Target Sarl, 2022).

C’est dans ce contexte d’incertitude et de baisse du pouvoir d’achat que Target Sarl a
interrogé un échantillon représentatif de 1540 congolais sur la question du pouvoir d’achat :
niveau perçu du pouvoir d’achat, les actions prioritaires à prendre par les pouvoirs publics afin
d’améliorer le niveau de vie et les attentes pour l’année 2023.

7
L’étude s’est déroulée du 28 septembre au 8 octobre 2022, autour d’un échantillon de 1.540 personnes dans choisies 8
zones géographiques (Equateur, Kasaï, Katanga, Kinshasa, Kongo Central, Nord-Kivu, Sud-Kivu et Province Orientale).

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