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CHAPITRE 1

GESTION INDIVIDUELLE ET SEMI – COLLECTIVES DES


EAUX USEES

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent avoir acquis les connaissances nécessaires sur le
traitement individuel ou semi - collectif des eaux usées.

1.1. Généralités

On dit qu’il y a assainissement autonome lorsque les rejets d’eaux usées, d’une
ou plusieurs habitations ne sont pas raccordés au réseau public d’assainissement et font
l’objet d’un traitement spécifique, sous la responsabilité d’un ou de plusieurs
propriétaires, avant de retourner dans le milieu naturel.
L’assainissement autonome peut être individuel (seul propriétaire) ou pseudo-
individuel (plusieurs personnes). Il représente le système le plus répandu en Afrique.
Ce procédé a été développé pour utiliser d’une part, les capacités auto-
épuratrices (en anaérobie ou en aérobie) des sols et d’autre part, l’aptitude de ces sols à
pouvoir isoler les eaux usées de tout contact direct par l’homme. Les principaux
ouvrages appartenant au procédé d’assainissement autonome sont les latrines et les
fosses septiques.

1.2. Cabinets améliorés à fosse ventilée

Les cabinets améliorés à fosse ventilée constituent un type d’assainissement


individuel qui ne traite que les excréments humains. Ils sont proches des latrines à
fosse traditionnelle, construites pour recevoir directement les excréments humains. Les
latrines traditionnelles à fosse ont deux inconvénients majeurs. Elles sont
malodorantes et pleines de mouches et insectes vecteurs de maladies. En plus, elles
sont mal construites et leur utilisation est dangereuse. Elles peuvent être remplacées
par des cabinets améliorés à fosse ventilée (ou cabinet VIP, de l’anglais « Ventilated
Improved Pit Latrine » qui n’occasionne aucun de ces problèmes.

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1.2.1. Conception des cabinets VIP

Les cabinets VIP comprennent une superstructure qui est légèrement décalée
par rapport à la fosse et un grand tuyau de ventilation vertical fixé à l’extérieur de la
superstructure du cabinet, et dont l’extrémité est munie d’un grillage anti – mouches.
Il y a trois types principaux de cabinets VIP :

− Les cabinets VIP à fosse unique, conçus pour durer au moins 2 ans (Figure 1.1).
Généralement, ils conviennent aux zones rurales où la nappe est profonde et où
aucune contrainte ne limite les dimensions de la fosse.
− Les cabinets VIP à double fosse alternante, appropriés aux zones urbaines où les
gens peuvent se permettre des cabinets permanents qui n’ont pas besoin d’être
reconstruits périodiquement ailleurs.
− Les cabinets VIP à fosses multiples et à plusieurs cellules (Figure 1.2), qui
conviennent aux établissements communautaires tels que les écoles.

Air fétide

Tuyau de
ventilation

Air frais

Gaz

Liquide

Figure 1.1 : Cabinet VIP à fosse unique

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Figure 1.2 : Vue en plan d’un cabinet VIP à fosses multiples alternantes

Une partie de la fosse doit être revêtue ou muraillée afin d’éviter l’effondrement
des parois. Si le sol est meuble, il faut revêtir toute la fosse.
Il faut prévoir une fondation pour supporter la dalle de couverture. Cette
fondation pourra permettre la rehausse du niveau de la dalle par rapport au terrain
naturel afin d’éviter l’écoulement de l’eau pluviale dans la fosse. Elle empêchera
également le passage d’odeur et d’insectes car elle sera liée à la dalle de couverture.
La dalle de couverture en béton armé (de préférence) devra dépasser de 40 cm
le diamètre de la fosse et avoir une épaisseur minimale de 7,5 cm.
Si la largeur de la fosse est inférieure à 1,50 m, le coût de la dalle de couverture
est faible.
Pour les toilettes à la turque, la surface finie de la dalle de couverture devrait
avoir une pente de 1/20 en direction de l’orifice. Il est recommandé d’aménager des
appuis en mortier pour les pieds pour aider les usagers à mieux se placer au-dessus de
l’orifice.
Pour les toilettes à la position assise, il faut prévoir des sièges. Un siège
supplémentaire, plus petit, peut être prévu pour les enfants.
Il y a un certain risque de contamination de l’eau souterraine par les VIP. Le
fond de la fosse doit être au moins à 8 m de la nappe phréatique et à 10 m des puits. Si
ces conditions ne peuvent pas être réunies alors il faut que la fosse soit étanche.

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1.2.2. Fonctionnement des cabinets VIP

Deux processus importants ont lieu à l’intérieur de la fosse et ralentissent la


vitesse de remplissage :

− infiltration dans le sol de la partie liquide des excréments ;


− décomposition par digestion biologique de la partie solide des excréments.

Le dispositif de ventilation avec le grillage anti-mouche permet d’éliminer les


mauvaises odeurs, d’écarter les mouches de l’intérieur de la superstructure et
d’attraper les mouches qui arrivent à passer par l’orifice de la dalle. Pour avoir ces
trois fonctions, il faut que :

− l’intérieur de la superstructure demeure toujours ombragé (porte toujours


fermées ;
− la porte de la superstructure et l’ouverture du tuyau d’aération soient face au vent
dominant ;
− une ouverture permanente soit laissée au dessus de la porte pour permettre la
circulation d’air ;
− le diamètre du tuyau d’aération doit être au minimum égal à 100 mm pour le PVC,
200 mm pour les conduites réalisées surplace. Un simple grillage sera utilisé pour
fermer le tuyau afin que l’extrémité de ce dernier constitue une source lumineuse
pouvant attirer les mouches qui ont pu pénétrer dans la fosse.

1.2.3. Technique de dimensionnement des VIP

Le volume utile requis pour la fosse est :


V = TAB . N . D
Avec V : volume utile ;
TAB : taux d’accumulation (m3/pers/année) ;
N : nombre de personne ;
D : durée de remplissage (années).
Ce volume devrait être augmenté en ajoutant au moins 0,5 m à la profondeur
calculée, parce que le cabinet ne peut plus être utilisé lorsque la surface des boues
s’approche de la dalle de couverture.
Le taux d’accumulation est égal à :

− 0,05 m3/pers/an si le contenu de la fosse est toujours sec,

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− 0,02 m3/pers/an si la fosse est saisonnièrement inondée ou si l’on y déverse les
eaux de lavage.
Le taux d’accumulation est augmenté de 50 % environ si des matériaux
difficilement décomposables, utilisés pour le nettoyage anal, sont jetés dans la fosse.

1.2.4. Evacuation des boues

Les boues peuvent être évacuées des fosses après une période de repos d’au
moins deux ans. Les matières de vidange déjà stabilisées peuvent être utilisés pour
amender les sols des champs et des jardins. Si la période de vidange ne peut pas être
d’au moins deux ans après le remplissage, il faut prendre des précautions lors des
vidanges pour minimiser les risques sanitaires pour les travailleurs et l’environnement.
Les boues doivent subir alors un traitement additionnel par compostage ou dans les
étangs de stabilisation.

1.3. Latrines ECOSAN

Elles diffèrent des VIP par le fait qu’elles sont hors sol et que les urines soient
séparées des fèces. Elles sont adaptées au milieu rural pour la production des engrais
naturels (urine et compost). Les latrines ECOSAN sont souvent à double fosses
alternantes ou à plusieurs fosses.

1.3.1. Conception des latrines ECOSON

La superstructure a la même conception que celle du VIP. A l’arrière de la


cabine la fosse présente des ouvertures verticales ou obliques, fermées par fenêtres en
tôle (peinturée au goudron). La dalle est munie de trous de défécation et des urinoirs.
La fosse est entièrement revêtue (les parois et le fond). L’intérieur est étanche s’il y a
risque d’infiltration des eaux pluviales dans la fosse.

1.3.2. Fonctionnement des latrines ECOSSAN

Les urines sont séparées des fèces, ce qui accélère la décomposition biologique
de ce dernier. Les autres dispositions sont les mêmes que les VIP.

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1.3.3. Dimensionnement et vidange des fosses ECOSSAN

Le dimensionnement est le même que pour les VIP sauf que la durée de vidange est
d’au moins 8 mois.

1.4. Toilettes à chasse manuelle (TCM)

Elles diffèrent des toilettes conventionnelles (fosses septiques) par le fait


qu’elles sont moins chères et qu’elles utilisent peu d’eau. Elles sont adaptées aux
habitations ne disposant pas d’eau courante. Elles peuvent être réalisées en milieu
urbain et rural. Ces toilettes à chasse manuelle (TCM) sont souvent à doubles fosses
alternantes ; elles sont alors permanentes. Si elles sont à fosses uniques, elles sont alors
provisoires.

1.4.1. Conception d’un TCM

Un TCM est composé d’une fosse et d’une superstructure (Figure 1.3).


Une partie de la fosse doit être revêtue ou muraillée afin d’éviter
d’effondrement des parois. Si le sol est meuble, il faut revêtir toute la fosse.
Il faut prévoir une fondation pour supporter la dalle de couverture. Cette
fondation pourra permettre la rehausse du niveau de la dalle par rapport au terrain
naturel afin d’éviter l’écoulement de l’eau pluviale dans la fosse. Elle empêchera
également le passage d’odeur et d’insectes car elle sera liée à la dalle de couverture.
La dalle de couverture en béton armé (de préférence) devra dépasser de 40 cm
le diamètre de la fosse et avoir une épaisseur minimale de 7,5 cm.

Puisard
Maçonnerie de
briques à joints
étanches

Remblai de Maçonnerie de
cailloux et Remblai de briques à joints
de sable cailloux ouverts

Figure 1.3 : Les composantes d’une toilette à chasse manuelle

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Si la largeur de la fosse est inférieure 1,50 m, le coût de la dalle de couverture
est faible.
Il y a un certain risque de contamination de l’eau souterraine par les TCM. Le
fond de la fosse doit être au moins à 8 m de la nappe phréatique et à 10 m des puits. Si
ces conditions ne peuvent pas être réunies alors il faut que la fosse soit étanche et au
niveau constant.
La superstructure du TCM peut être dans le bâtiment principale. L’évacuation
des eaux vannes se fera par l’intermédiaire d’un tuyau PVC 100 mm. La cuvette du
TCM peut être celle utilisée pour la fosse septique ou celle préfabriquée
traditionnellement.

1.4.2. Fonctionnement des TCM

Les TCM se distinguent de toutes les autres latrines par deux caractéristiques :

− la superstructure peut être isolée de la fosse,


− la fosse n’est pas munie d’un tuyau de ventilation.

Deux processus importants ont lieu à l’intérieur de la fosse et ralentissent la


vitesse de remplissage :

− infiltration dans le sol de la partie liquide des excréments ;


− décomposition par digestion biologique de la partie solide des excréments.

Les TCM sont proches des VIP car le traitement des boues s’effectue de la
même manière.
Contrairement au VIP, les gaz produits par décomposition dans la fosse du
TCM se diffusent dans le sol et la fermeture hydraulique à siphon empêche les
remontées d’odeurs et le passage d’insectes.
Les TCM sont des systèmes intermédiaires appropriés et améliorables et tout
moment.

1.4.3. Technique de dimensionnement des TCM

La durée d’exploitation des TCM est de deux ans au minimum. Cette durée est
préférentiellement égale à 10 ans.
Le volume utile requis pour la fosse est :

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V = TAB . N . D
Avec V : volume utile ;
TAB : taux d’accumulation (m3/pers/année) ;
N : nombre de personne ;
D : durée de remplissage (années).

Le volume total est obtenu après majoration de la hauteur utile car la fosse ne
peut plus être utilisée lorsque la surface des boues dépasse le niveau du tuyau
d’évacuation.
Le taux d’accumulation se situe généralement aux alentours de 0,04 m3/pers/an.

1.4.4. Evacuation des boues

Après une période de repos de deux ans, les boues peuvent être évacuées des
fosses. Les matières de vidange déjà stabilisées peuvent être utilisées pour amender les
sols des champs et des jardins. Si cette durée n’est pas atteinte, il faut prendre des
précautions lors des vidanges et compléter le traitement des boues par compostage ou
dans des étangs de stabilisation.

1.5. Fosses à niveau constant

Les fosses à niveau constant sont constituées pour l’essentiel de petites fosses
septiques placées directement sous une dalle à la turque munie d’un tuyau de descente
qui plonge dans l’eau de la fosse pour former une fermeture hydraulique simple. La
figure 1.4 montre une fosse à niveau constant classique. Pour préserver le cabinet des
odeurs, des mouches et des moustiques, il faut maintenir cette fermeture hydraulique
en versant dans la toilette, après chaque utilisation suffisamment d’eau pour remplacer
toute perte éventuelle. La fosse peut être décalée par rapport à la cabine. Les
excréments sont rejetés directement dans la fosse où ils subissent une décomposition
anaérobie.
Le volume de la fosse est généralement calculé sur la base de 1,5 litres
d’excréta par jour plus un apport additionnel de 4,5 litres par personne et par jour pour
le maintien du joint hydraulique.

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Grillage
anti-mouches

Dalle à la turque

Tuyau de
sortie

Tuyau de
ventilation Descente

Figure 1.4 : Fosse à niveau constant

1.6. Fosses d’accumulation ou fosses étanches

Les toilettes à fosse d’accumulation utilisent une fosse étanche, placée


directement sous la cabine mais légèrement décalée par rapport à celle – ci. Elles
s’apparentent aux VIP sauf que leurs fosses sont étanches. Ces fosses servent à stocker
les matières fécales pendant une période allant de 2 ans à 6 ans.
Les systèmes à fosse d’accumulation conviennent aux zones urbaines à forte
densité démographique, où l’on ne peut utiliser les systèmes d’assainissement
individuels type VIP à cause du risque élevé de contamination de la nappe, et où les
égouts à courant d’eau seraient trop difficiles et trop chers à installer et où existent des
structures institutionnelles capables d’organiser et de maintenir un système de
collecter.

1.7. Les fosses septiques

Une fosse septique construite sous terre pour stocker et traiter l’eau usée reçoit
les excréments et l’eau de la chasse des toilettes ainsi que d’autres eaux usées. Les
fosses septiques sont adaptées aux habitations disposant d’eau courante. Elles sont
surtout réalisées en milieu urbain. Elles sont souvent à doubles compartiments.

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Très coûteuses, les fosses septiques ont toutefois l’avantage d’être très flexibles
et s’adaptent à une grande variété de besoins concernant l’évacuation des déchets
ménagers. Un autre avantage réside dans le fait qu’une fosse septique ne comporte pas
de parties mobiles et qu’à ce titre, elle ne nécessite guère d’entretien mécanique.

1.7.1. Conception d’une fosse septique

Une fosse septique se compose :

− d’une fosse à un ou plusieurs compartiments ;


− d’un préfiltre ;
− d’un épurateur ;
− d’un puits filtrant ou d’un dispositif d’évacuation d’eau ;
− d’un système d’aération.

1.7.1.1. La fosse

Toute la maçonnerie de la fosse doit être bien raidie afin d’éviter l’effondrement
des parois. Le fond de la fosse est toujours bétonné (épaisseur minimale 10 cm). La
fosse doit avoir un revêtement étanche (enduits comportant un adjuvant type
sikalatex).
Il faut prévoir des raidisseurs verticaux dans les angles de la fosse et un
chaînage horizontal pour supporter la dalle de couverture. Si la fosse a une profondeur
égale à 2 m, il faut prévoir un chaînage horizontal intermédiaire. La rehausse du
niveau des trous d’homme de la dalle par rapport au terrain naturel permet des
entretiens faciles. Les couvercles de ces trous d’homme doivent être étanche pour
éviter l’écoulement de l’eau pluviale dans la fosse.
La dalle de couverture en béton armé doit avoir une épaisseur minimale de 10
cm.
Si la largeur de la fosse est inférieure à 1,5 m, le coût de la dalle est faible.
La conduite d’amenée des eaux usées aura une pente comprise entre 2% et 4 %.
Il est recommandé qu’il soit muni d’un Té ou coude à son extrémité. Le Té ou coude
doit être plongé dans le liquide à proportion de 20 %.
La conduite de sortie doit également être munie de Té ou coude qui peut être
plongé dans le liquide à proportion de 40 %. Les anomalies suivantes peuvent subvenir
par défaut de conception adéquate :

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La fosse devra être située à l’écart du passage de toute charge roulante ou
statique sauf précautions particulières de pose et devra rester accessible pour
l’entretien. Il faut assurer l’étanchéité des raccordements.
Une fosse à double compartiment améliore l’abattement des boues et des
croûtes, comparée à une fosse à simple compartiment de volume égale car le premier
évite les court-circuits et les turbulences.
Une fosse à trois compartiments permet d’envoyer aussi des eaux usées autre
que les eaux vannes et ceci dans le deuxième ou troisième compartiment.
Les matériaux utilisés pour la fabrication des fosses septiques sont :

− béton armé ;
− ferro-ciment ;
− polyéthylène.

1.7.1.2. Le préfiltre

Placé en amont du dispositif d’épuration, le préfiltre le protège contre les


risques de colmatage en retenant les matières en suspension provenant
accidentellement de la fosse (figure 1.5).
Le préfiltre est composé d’une enveloppe extérieure équipée d’un cylindre
central perforé en partie basse. L’espace compris entre l’enveloppe et le cylindre sera
rempli de pouzzolane. Les effluents se déversent dans le haut du cylindre et remontent
ensuite à travers la pouzzolane qui piège les matières en suspension. Ce traitement
effectué, les effluents s’évacuent par trop-plein vers le système d’épuration. Le
préfiltre se pose enterré, en veillant impérativement à laisser accessible le tampon de
visite.

Entrée zone des Sortie


flottants

30 cm Cailloux 50-80

Figure 1.5 : Croquis d’un préfiltre

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1.7.1.3. L’épurateur

L’épurateur peut être :

− Un plateau d’épandage souterrain gravitaire par tranchées d’infiltration


Les tranchées d’infiltration à faible profondeur reçoivent les effluents septiques.
Le sol en place est utilisé comme système épurateur et comme moyen dispersant à la
fois en fond de tranchée et latéralement.

− Un filtre à sable vertical non drainé


Un matériau d’apport granulaire se substituant au sol naturel est utilisé comme
système épurateur et le sol comme moyen d’évacuation.
On remarquera que dans le cas de mise en place de cette filière dans un milieu
souterrain vulnérable (sol calcaire très fissuré par exemple), l’installation d’une feuille
anti-contaminante imputrescible en fond de fouille est indispensable.

1.7.2. Fonctionnement d’une fosse septique

Une fosse septique a obligatoirement les trois dispositifs de traitement suivants :

− un dispositif de prétraitement des eaux usées ;


− un dispositif d’épuration des effluents prétraités ;
− un dispositif d’évacuation des effluents épurés.

1.7.2.1. L’étape du prétraitement

Elle se compose d’un système de prétraitement anaérobie (se dit d’un milieu
sans oxygène). Le dispositif le plus connu et le plus utilisé est la fosse toutes eaux.
Dans la fosse :

− Les matières solides se déposent au fond de la fosse. Les matières légères


(notamment les graisses remontent en surface). L’eau clarifiée s’écoule vers le
préfiltre.
− La boue subit un traitement anaérobie : liquéfaction par fermentation d’une partie
des matières organiques biodégradables des boues et du chapeau ; il faut au
minimum 40 litres d’eau propre par jour pour favoriser la liquéfaction ;
− Les gaz sont éliminés par une ventilation haute. Les matières non biodégradables
sont stockées en vue d’une évacuation ultérieure.

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Trape de visite Trape d'accès Trape de visite

Niveau du liquide
75 mm

Croute
Boue

1er compartiment 2ème compartiment


2/3 de la longueur 1/3 de la longueur

Longueur totale égale à 2 ou 3 fois la largeur

Figure 1.6 : Fosse septique conventionnelle à deux compartiments

La figure 1.7 montre la disposition générale du bac à graisses, du préfiltre et de


la fosse septique pour le traitement des eaux usées domestiques. Mais il est préférable
de séparer le circuit des eaux ménagères des eaux vannes.
Le bac à graisse retient les matières grasses en provenance des cuisines ou
salles de bains qui risquent, en se solidifiant, de colmater les canalisations et le
dispositif d’épuration.
De par sa conception, il assure la séparation des graisses qui remontent pour
former une croûte et la rétention des matières lourdes qui se déposent pour composer
les boues.
Eaux
ménagères

Bac Préfiltre
séparateur Epuration
à graisse R +
Eaux Evacuation
vannes

Fosse
septique

Figure 1.7 : Schéma de prétraitement des eaux usées domestiques par bac à graisses,
préfiltre et fosse septique

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1.7.2.2. Etape d’épuration des effluents

Le filtre se compose d’une cuve remplie de gravier et de sable ou de


pouzzolane. Les effluents si possible doivent être diffusés uniforme par surverse sur
toute la surface des éléments filtrants, en évitant des écoulements préférentiels. Par
l’intermédiaire des tuyaux d’aération, une circulation d’air s’effectue à travers le filtre.
Les bactéries (flore bactérienne de type aérobie) minéralisent les matières polluantes
organiques ; les germes pathogènes meurent, faute de conditions propices à leur survie.

1.7.2.3. Etape d’évacuation des effluents

L’effluent épuré s’écoule directement dans le sol ou à travers un tuyau vers un


puits d’infiltration ou exceptionnellement vers le milieu hydraulique superficiel (fossé,
cours d’eau, retenues d’eaux, mer...)

1.7.3. Dimensionnement d’une fosse septique

1.7.3.1. La fosse

Une fosse septique nécessite un branchement d’eau potable et un terrain


adéquat (sol suffisamment perméable).
Les effluents de fosse septique forment un liquide toxique et ne doivent pas être
évacués vers les rigoles, ruisseaux ou lacs, sans épuration préalable.
Il faut au minimum 24 heures de temps de rétention des liquides et 3 jours en
moyenne. Des formules sont utilisées pour déterminer la capacité de la fosse. Les
valeurs généralement utilisées pour les immeubles en construction sont inscrites dans
le tableau 1.1.

Tableau 1.1 : Volume utile donné en fonction du nombre de pièces de l’immeuble


Nombre de pièces
Nombre de chambres Valeur minimale (m3)
principales
Inférieur à 5 Inférieur à 3 3
6 4 4
7 5 5
N.B. : Plus 0,5 m3/pièce principale complémentaire

Pour les latrines publiques le volume utile de la fosse est trois fois le débit
journalier, soit :
C=3.P.Q.r
Avec C : contenance ou volume de la fosse (litre)
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P : nombre d’habitants ou d’usagers
Q : Débit journalier par habitant (l/hbt/j)
r : Temps de rétention (jour)

Trape de visite Trape d'accès Trape de visite

Niveau du liquide
75 mm

Boue

1/2 de la longueur 1/4 de la longueur 1/4 de la longueur

Figure 1.8 : Fosse septique conventionnelle à trois compartiments

1.7.3.2. Bac séparateur ou bac à graisses

C’est un ouvrage qui se situe en amont de la fosse septique ou d’épurateur.


Son utilisation devient primordiale lorsque la fosse se trouve à plus de 10 m de
la maison et est obligatoire en cas de traitement séparé. Les valeurs de
dimensionnement sont inscrites dans le tableau 1.2.
Ce traitement effectué, les eaux ménagères dégraissées s’évacuent par trop-
plein vers la fosse toutes eaux ou le préfiltre en cas de traitement séparé.

Tableau 1.2 : Dimensionnement du bac à graisses


Utilisation Volume utile (litre)
Eaux de cuisine seules 300
Toutes les eaux ménagères 500

15
Entrée Sortie

Figure 1.9 : Bac séparateur ou « bac à graisses »

1.7.3.3. L’épandage souterrain gravitaire par tranchées


d’infiltration

C’est la filière prioritaire de l’assainissement individuel qui permet d’absorber


la totalité de l’effluent.
Le dimensionnement d’un épandage souterrain gravitaire par tranchées
d’infiltration est donné par le tableau 1.3.

Tableau 1.3 : Dimensionnement de l’épandage souterrain


Coefficient de
Nature du sol Dimensionnement [mètre linéaire]
perméabilité K [min/j]
Sol argileux K < 15 Epandage souterrain impossible
Sol limoneux 15 < K < 30 20 à 30 m de tranchées /chambre
Sol sableux 30 < K < 500 15 m de tranchée/chambre
Sol fissuré K > 500 Epandage souterrain impossible

1.7.3.4. Filtre à sable vertical non drainé

Le filtre à sable vertical non drainé reçoit les effluents septiques.


Le tableau 1.4 fournit les éléments nécessaires pour dimensionner l’ouvrage.

Tableau 1.4 : Dimensionnement du filtre vertical non drainé


Nombre de pièces
Nombre de chambres Surface (m2)
principales
4 2 20
5 3 25
N.B. : 1. 5 m2/chambre supplémentaire
2. Largeur de filtre à sable vertical : 5 mètres
3. Longueur minimale : 4 mètres

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1.7.3.5. Filtre à sable vertical drainé

Le filtre à sable vertical drainé reçoit les effluents septiques. Un matériau


d’apport granulaire est utilisé comme système épurateur et le milieu superficiel ou
souterrain (par puits d’infiltration) comme moyen d’évacuation.

1.7.3.6. Filtre à sable horizontal

Cette solution est bien adaptée au cas de faible dénivelée entre la sortie d’eau et
l’exutoire. Son dimensionnement est donné par le tableau 1.5.
Tableau 1.5 : Eléments du calcul du filtre
Nombre de pièces
Nombre de chambres Surface (m2)
principales
4 2 6
5 3 8
6 4 9
- La longueur du cheminement est constante (égale à 5,5 mètres) ;
- La largeur du fronton de répartition est de 1 mètre supplémentaire par chambre supplémentaire (avec
une limite de 13 mètres maximum équivalente à 8 chambres).

1.7.3.7. Le filtre bactérien percolateur

Le filtre bactérien percolateur épure l’effluent provenant de la fosse toutes eaux


avant de le jeter dans le milieu hydraulique superficiel.
Il se compose d’une cuve remplie de pouzzolane sur une hauteur minimum d’un
mètre. Les effluents se trouvent sur un répartiteur spécialement étudié pour assurer une
diffusion uniforme par surverse sur toute la surface de pouzzolane, en évitant les
écoulements préférentiels. Par l’intermédiaire d’un regard, situé en aval, une
circulation d’air s’effectue de bas en haut à travers la pouzzolane.
Les eaux usées prétraitées chargées de parasites traversent très lentement la
couche des matériaux filtrants sur lesquels s’est développée une flore bactérienne de
type aérobie.
Les bactéries minéralisent les matières polluantes organiques ; les germes
pathogènes meurent, faute de conditions propices à leur survie.
La capacité maximale du filtre bactérien percolateur est de 500 litres

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1.7.3.8. Puits filtrants

Les puits d’infiltration ont un diamètre de 1,5 à 3,5 m et une profondeur de 3 à


6. En connaissant le débit total des eaux usées et le taux d’infiltration du sol, la
superficie totale d’infiltration peut être déterminée.

1.7.4. Entretien et contrôle des fosses

Un contrat passé avec un spécialiste pour la surveillance des fosses et des


ouvrages d’épandage est souhaitable.
L’entretien comprend :

− La surveillance du niveau des boues dans la fosse et la vérification de la bonne


marche du système de dispersion. Il est important de déterminer le taux
d’accumulation (rapport volume/nombre d’ouvrages/temps). La valeur inférieure à
0,20l/usager/jour est de bon augure ;
− La vérification de la bonne marche des tuyaux d’arrivée et de sortie : la boue est
chassée si le Té ou le coude d’entrée est placé proche du fond de la fosse ou si la
vitesse d’entrée des effluents n’est pas limitée, il y a court-circuit (c’est – à – dire
l’effluent sort de la fosse sans se décanter) si la distance entre le Té d’entrée et le
Té de sortie n’est pas suffisante pour permettre la décantation ;
− La vidange périodique de bac à graisses (une à deux fois par an et de la fosse (une
tous les deux ou cinq ans) ;
− Le curage des conduites.

1.8. Assainissement par canalisation de petit diamètre

Dans les zones urbaines fortement peuplées, il est difficile voire impossible de
faire l’assainissement individuel. Les réseaux d’assainissement conviennent mieux
pour débarrasser la population de façon efficace, de toutes les eaux usées domestiques
et les excréments.
Le système d’assainissement classique est très cher pour les pays en voie de
développement. Le système alternatif constitué de réseaux d’assainissement de petit
diamètre présente tous les avantages de l’assainissement classique et en plus coûte
moins cher à la construction.

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1.8.1. Technique de conception

Un réseau d’assainissement de petit diamètre est constitué de trois éléments de


base :

− Les branchements domestiques ;


− Les intermédiaires ;
− Le réseau de canalisations de petit diamètre.

1.8.1.1. Fosses intermédiaires

Les fosses intermédiaires doivent pouvoir assurer les fonctions des fosses
septiques. Il faut éviter que les matières solides arrivent accidentellement dans les
égouts.
Le volume nécessaire pour que les solides se séparent des liquides dans la fosse
est :
V = Tr . Q . N
Avec V : volume recherché (litre)
Tr : temps de rétention (jour)
Q : débit des eaux usées (l/pers/jour)
N : nombre d’utilisateurs.

Le volume nécessaire pour la digestion est :


Vd = 0,5 . Td . n . Vbf

Avec Vd : volume recherché (litre)


Vbf : volume de boues fraîches (l/pers/j)
Td : temps de digestion (jour)

Le volume nécessaire pour stocker les boues digérées est l :


Vbd = 0,25 . PA . n . Vbf

Avec Vbd : volume recherché (litre)


PA : période d’accumulation (jour). C’est la période d’évaluation des
boues moins le temps de digestion des boues.

Le volume effectif d’un compartiment d’une fosse est :

19
V – Ve + Vd + Vbd
N.B. :
− Le volume effectif ne tient pas compte du volume des écumes (chapeau de
graisse).
− Le volume de boues fraîches est en moyenne 1 litre/pers/j.
− Le niveau de la sortie des effluents doit être d’au moins 75 mm à celui de l’entrée.

1.8.1.2. Réseau d’égouts de petit diamètre

Les tuyaux peuvent être posés en suivant le dénivelé du terrain. Certains


tronçons peuvent se retrouver avec un gradient négatif mais il n’ y a aucun problème si
la pente globale est suffisante pour entraîner un débit maximum.
Les égouts de petit diamètre peuvent fonctionner sous pression à condition que
la charge d’eau sous pression ne dépasse la fosse intermédiaire.
Les données de base de dimensionnement des tuyaux et des fosses
intermédiaires doivent tenir compte des changements éventuels qui pourraient se
produire dans le secteur considéré. La durée de vie d’un réseau d’égout de petit
diamètre est de 30 à 50 ans. Le facteur de pointe de débit est de 1,5 à 2. La formule de
Manning – Strickler permet d’évaluer aussi bien le débit que le diamètre des tuyaux.

1.8.2. Le traitement des effluents

Le traitement approprié aux pays en voie de développement est le lagunage.


Dans les pays chauds, les fosses intermédiaires font un traitement important des
effluents. On peut estimer des diminutions de DBO5 et de coliformes à 60 % et 90
%. Pour cette raison, la lagune anaérobie dans le processus de traitement par lagunage
n’est plus nécessaire. Les eaux usées se déversent directement dans une lagune
facultative et puis dans des lagunes de polissage.

1.9. Traitement des eaux usées par lagunage

C’est le traitement le plus adapté dans les pays en voie de développement. Il est
efficace, peu coûteux et simple à installer et à exploiter. Il ne nécessite pas un nombre
élevé d’équipements importés. Le climat chaud de nombreux pays en développement
offre des conditions idéales pour le traitement des eaux usées par lagunage. Le seul
inconvénient est qu’il faut disposer de vastes superficies.
Différents types de bassins de stabilisation

20
On distingue trois types qui sont placés en série :

− Bassins anaérobies ;
− Bassins facultatifs ;
− Bassins de maturation.

Les bassins anaérobies permettent :

− La décantation des matières solides des eaux usées ;


− La dégradation des matières organiques contenues dans la boue (matières
décantées) par des bactéries anaérobies.

Les bassins facultatifs permettent :

− La digestion anaérobie de certaines matières solides en suspension, qui se sont


décantées sur le fond (35 % d’élimination de la DBO)
− La digestion aérobie par symbiose entre les algues et les bactéries aérobies. Du
fait qu’au-dessus de la couche anaérobie se trouve une couche contenant de
l’oxygène produit par photosynthèse à partir des algues, des bactéries aérobies
vivent et dégradent les matières en suspension dans les eaux. Les sous-produits
obtenus servent d’alimentation aux algues.
− Les bassins de maturation servent à améliorer le traitement des eaux provenant
d’un bassin facultatif ou d’un autre bassin de maturation.

21
CHAPITRE 2

GENERALITES SUR LES DECHETS SOLIDES URBAINS

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent maîtriser la notion
des déchets solides urbains ;
sur la nature des déchets solides urbains ;
sur les sources de production des déchets solides urbains ;
sur les paramètres de dangerosité des déchets solides urbains.

2.1. Définitions

D’une manière générale, les déchets sont des sous-produits de la transformation,


les résidus de la consommation ou de l’activité humaine qui, à un moment donné, ne
sont plus utiles pour l’homme.
Les déchets peuvent être putrescibles ou non. Toute matière putrescible
d’origine végétale ou animale résultant de la manutention, de la préparation ou de la
consommation des aliments est appelée ordure. On appelle débris, les déchets non
putrescibles.
Selon le code de l’environnement, est déchet tout résidu du fonctionnement
d’une collectivité humaine, d’un processus de fabrication, de transformation ou
d’utilisation, toutes substances, matériaux produits ou également tout bien meuble
abandonné ou que son détenteur destine à abandonner.
On distingue quatre catégories de déchets :

− Les déchets agricoles : résidus de l’agriculture, déjections animales, déchets de la


culture et des forêts, déchets des industries agroalimentaires ;
− Les déchets urbains provenant des ménages, des commerces et des collectivités
− Les déchets industriels issus des activités industrielles.
− Les déchets biomédicaux venant des hôpitaux.

22
Les déchets solides urbains, encore appelés résidus urbains, sont en général des
éléments de faibles dimensions que l’on peut rassembler dans des récipients faciles à
manipuler en vue de leur enlèvement régulier à l’aide de véhicules ordinaires.

2.2. Origine, composition et classification des DSU

Les déchets solides urbains couvrent :

− Les déchets ménagers comprenant : les ordures ménagères (ce sont les déchets
organiques provenant des cuisines, papiers, verre, métaux, textiles, déchets de
jardin, etc.) ; les déchets encombrants (encore appelés « monstres ») de part leur
volume (meubles, matelas, divers appareils) qui sont difficiles à manipuler par les
services de ramassages ; les déchets toxiques en quantité dispersée : piles et
batteries, fond de peinture, vernis et laques, encre, médicaments, aérosols, colles,
insecticides,etc.
− Les déchets commerciaux : emballages, cartons, plastiques.
− Les déchets provenant des hôpitaux, de l’artisanat et de l’industrie, assimilables
aux ordures ménagères ; ils ne peuvent plus être réutilisés sur le lieu même de leur
production ou ne sont pas recyclés pour des raisons de rentabilité : pansements
souillés, médicaments périmés, seringues usagées, produits réactifs, etc.
− Les déchets « inertes » provenant de la démolition ou de la rénovation (gravats,
bois, briques, tuiles) et les déchets provenant du nettoyage de la chaussée ou
encore balayures (objets jetés sur la chaussée, feuilles souillées, etc.)
− Les déchets de dépollution et d’élimination : boues des stations d’épuration,
cendre d’incinération, déchets de traitement et de nettoyage des espaces publiques,
vidange.
− Les déchets de voirie et d’espaces verts : coupes d’arbres, tonde de gazon, résidus
de nettoyage.

Les déchets peuvent être :

− inertes : débris de chantier, carcasses d’automobile, etc.


− fermentescibles (biodégradables) : matières organiques ou végétales ;
− ou toxiques : poisons chimiques ou déchets radioactifs (déchets des industries, des
laboratoires et des hôpitaux).

Le schéma 2.1 présente la typologie des déchets solides urbains.

23
DECHETS SOLIDES URBAINS

Déchets solides ménagers Déchets solides industriels et dangereux

Déchets Déchets Déchets non Déchets


biodégradables inertes biodégradables altérables
ou recyclables Déchets non
solubles

Non Non Admissibles Toxiques, nuisibles


dangereux dangereux en certaines même en petite
quantités quantité

Matière Pierre, béton, CO2 ;, Cu ;, Métaux lourds


organique marbre, chaux Zn ; NH3 ; abiotiques : Hg ;
Cr ; etc. Pb ; Cd ; etc.

Figure 2.1 : Typologie des déchets solides urbains

La composition des déchets est une des caractéristiques importantes à


rechercher lorsqu’on envisage de choisir une filière de traitement de ces déchets.
La composition des déchets solides urbains, exprimée généralement en % de
poids, évolue d’un contexte à un autre et les différentes classes identifiées pour
caractériser ces déchets, dépendent essentiellement des objectifs recherchés.
Dans la littérature, il y a plusieurs formes de classification des déchets solides
urbains en fonction de leurs natures, de leurs grosseurs, etc. Nous présenterons ci-
dessous deux modes de classification qui peuvent correspondre au contexte africain.

Le premier mode propose les grandes classes d’ordures qui sont :

− Les fines (dont le diamètre inférieur à 20mm)


− Le papier ou le carton
− Les chiffons

24
− Les matières plastiques, y compris le caoutchouc
− Les verres, les porcelaines ou les faïences
− Les métaux et alliages (aluminium, fer, etc.)
− Les matières organiques
− Les débris combustibles non classés (bois...)
− Les débris non combustibles (gravats).

Le second mode de classification est basé sur le comportement des déchets et


leurs effets sur l’environnement lorsqu’ils sont abandonnés à eux-mêmes. Il permet de
distinguer :

− Les déchets inerte (fins ou encombrants) : ce sont les gravats, les carcasses de
véhicules, en passant aux verres et aux plastiques.
− Les combustibles : ce sont les papiers, les textiles, le bois, et également les
plastiques, etc.
− Les déchets fermentescibles ou biodégradables : ils sont constitués de matières
organiques d’origine animale ou végétale, présentant une diversité de fermentation
aussi bien aérobie qu’anaérobie. Ils sont le siège des mouches, des moustiques,
des cafards, des rats, des porcs, des chiens et d’autres insectes et rongeurs,
vecteurs de plusieurs maladies.
− Les déchets toxiques, qui constituent des poisons chimiques ou radioactifs issus
des industries, des hôpitaux, etc.

Les déchets varient en quantité et en qualité selon la localisation géographique,


les aspects socio-économiques de la source de production (voir tableaux 2.1 à 2.3).

Tableau 2.1 : Composition des déchets selon les pays


Pays à faibles Pays à revenus
Désignations Pays industrialisés
revenus moyens
Papier 1 – 10 15 – 40 15 – 40
Verre, céramique 1 – 10 1 – 10 4 – 10
Métaux 1–5 1–5 3 – 13
Plastiques 1–5 2–6 2 – 10
Cuirs, caoutchouc 1–5 - -
Bois, os, paille 1–5 - -
Textiles 1–5 2 – 10 2 – 10
Végétaux, putrescibles 40 – 85 20 – 65 20 – 50
Inertes diverses 1–4 1 – 30 1 – 20

25
Tableau 2.2 : Exemple de composition des ordures ménagères dans certaines villes

Fraction Fraction Fraction


Villes Autres Total
fermentescible inerte combustible

Moyenne de 14
77,3 5,4 15,7 1,6 100
villes algériennes

Antananarivo
15 5,9 11,4 67,7 100
(Madagascar)

Douala (Cameroun) 78,7 9 11 1,3 100

Dakar (Sénégal) 41 5 19 26 100

France 25 18 42 15 100

Bamako (Mali) 35 4,5 19,5 41 100

Tableau 2.3 : Un exemple de variation de la composition des déchets solides urbains en


fonction du type d’habitat à Conakry
Habitat Habitat évolutif
Désignation Habitat spontané
résidentiel ancien
COMPOSANTES (%)
Reste de cuisine 40 50 20
Feuille, paille, bois 28 10 11
Textile 4 3 3
Papier carton 10 5 2
Plastique 8 4 3
Métaux ferreux 0 3 3
Métaux non ferreux 6 0 0
Verre et céramique 0 2 0
Cuir 4 0 0
Charbon 0 3 2
Sable, cendre, poussière 0 8 40
Cailloux 0 5 14
Débris divers 0 7 3
Total 100 100 100
AUTRES PARAMETRES PHYSIQUES
Taux de régénération de
0,84 0,52 0,48
déchet (kg/hab/j)
Densité en poubelle (t/m3) 0,41 0,48 0,64

26
2.3. Bref aperçu sur les déchets dangereux

Selon le groupe de travail des experts sur la gestion environnementale des


déchets dangereux du PNUE en 1995, les déchets dangereux sont les « déchets autres
que radioactifs, qui, en raison de leur réactivité chimique, de leur caractéristique
toxique, explosive, corrosive ou autre de nature à constituer un danger ou à présenter
un risque pour la santé ou l’environnement ; soit de façon isolée ou lors de contact
avec d’autres déchets, sont définis dangereux dans l’état où ils sont produits ou dans
lequel ils sont éliminés ou à travers lequel, ils transitent » .
Les déchets spéciaux sont des matières qui, ne pouvant pas être éliminées dans
des conditions de respect de l’environnement selon les méthodes traditionnelles,
requièrent un traitement spécifique.
Ces déchets proviennent des usines de fabrication, des garages et ateliers de
réparation des véhicules, des industries mécaniques, et d’usinage des métaux, des
ateliers de peintures, des industries de production de vernis et peintures, des industries
chimiques, électrotechniques et électronique, des industries agro-alimentaires, des
hôpitaux.
Les déchets spéciaux destinés à être recyclés doivent être bien traités. Ceux
destinés à la décharge contrôlée doivent être rendus « aptes à être stockés
définitivement ».
Les déchets radioactifs proviennent des centrales nucléaires, de l’industrie, des
hôpitaux. Ils produisent des effets irréversibles sur les organismes vivants en fonction
de la dose, de la quantité et de la durée de rayonnement.

2.4. Paramètres physico-chimiques des DSU

Ces paramètres sont des données caractéristiques des déchets solides urbains.
Leur connaissance peut influencer le choix du système de gestion des déchets qui soit
adapté au contexte étudié. Les principaux paramètres physico-chimiques sont :

2.4.1. La production spécifique

C’est la quantité de déchets produits. Elle est fonction de l’habitat, du niveau de


vie, des habitudes, des mœurs, des conditions climatiques, du mouvement des
populations, du mode de conditionnement des biens. Elle varie dans le temps et dans
l’espace.

27
Elle peut se mesurer au poids, au volume et exprimer en kilogramme par
habitant par jour (kg/ht/jr) ou en kilogramme par habitant par an (kg/ht/an).
Dans les pays en développement, les quantités collectées sont différentes des
quantités produites à cause : de l’existence de zones inaccessibles et de la réaction de
l’individu face aux déchets et en raison des méthodes traditionnelles dont l’individu a
du mal à se départir. Exemple : enfouir les déchets dans sa cour ou brûler les déchets le
soir ou très tôt le matin.
La production spécifique par habitant par jour à Lomé (Togo) est de
0,48kg/hbt/jr. Au niveau des marchés, on a : 0,65 kg/revendeuse/jour. Mais la
composition des déchets est différente par rapport aux ménages.
(Source : « Etude sur la production et la composition des déchets ménagers à Lomé » Etude
financée par l’AFD ; version Juillet 2008)

2.4.2. La densité

Elle représente la masse des déchets solides rapportée au volume qu’ils


occupent.
p
d=
v
d = densité
p = poids
v = volume

Trois types de densité sont souvent mesurés.

− densité en poubelle
− densité en benne (comprimé ou non)
− densité en fonction du niveau de vie
La connaissance de la densité en poubelle est essentielle pour le choix d’une
part, du type de matériel de pré collecte et de collecte et d’autre part, du type de
traitement à préconiser.
La densité en poubelle varie en fonction du matériel de pré collecte et de
collecte, et en fonction du type de tissus : elle décroît des quartiers pauvres
(bidonvilles) aux quartiers de haut standing dans une même ville, en d’autre terme, la
densité des déchets en poubelle est plus élevée dans les zones à faibles revenus pour la
simple raison que les matières organiques biodégradables y sont plus importantes.

28
La densité en poubelle varie aussi en fonction des saisons climatiques ou
agricoles : elle est plus importante en saison pluvieuse ou lors des récoltes des légumes
et tubercules et est relativement faible en saison sèche.

2.4.3. Le taux d’humidité

Il représente le pourcentage en poids de l’eau contenue dans une masse de


déchets solides « frais », stockés à l’abri des intempéries et collectés dans un délai
raisonnable.
Le taux d’humidité est variable suivant la nature du déchet (importance relative
des matières organiques), le lieu de production (type de tissus urbains) ; les saisons et
les conditions sociales du producteur.
Pour déterminer le taux d’humidité, on prend un échantillon de 1 à 2 kg de
déchets ou on coupe en morceau avec des diamètres maximaux d’environ 10 mm. On
procède ensuite à la dessiccation à 105°C jusqu’à perte totale d’eau puis on fait la
différence entre le poids initial (avant dessiccation) et le poids final (après
dessiccation). On a :

∆P = Pi − Pf
Pi = poids initial
Pf = poids après dessiccation
∆P = taux d’humidité

2.4.4. Le rapport Carbone / Azote (C/N)

Ce paramètre permet d’apprécier l’aptitude des déchets solides à la


biodégradation, donc au compostage (fermentation aérobie de la matière organique). Il
garanti en quelque sorte la qualité des composts obtenus. C’est ainsi qu’un compost est
dit « valable » si les ordures ménagères de départ ont un rapport C/N < 35 ; dans ce
cas ; le rapport C/N du compost obtenu serait sensiblement compris entre 18 et 20. On
parle aussi de fermentescibilité du produit pour définir le rapport de la masse
organique (MO) sur Azote organique (N). Dans ce cas un compost sera mûr si MO/N
est suffisamment faible pour que les cultures ne subissent pas un effet dépressif appelé
« fin d’azote ».

− Si MO/N> 60, alors le produit est encore frais.


− Si 50 <MO/N< 60 ; le produit est mi-mûr
− Si MO/N< 50 le produit est mûr.

29
2.4.5. Le pouvoir calorifique inférieur (PCI) ou supérieur (PCS)
d’un combustible

Il mesure la quantité de chaleur dégagée par la combustion complète de l’unité


de masse de ce combustible à une température et une pression de référence donnée. Le
PCS prend en compte la chaleur de vaporisation de l’eau contenue dans les ordures
lors de la combustion. Le PCI est défini en supposant que toute l’eau du combustible
est sous forme vapeur au stade final.
Dans la pratique, on considère en général le PCI dans le cadre des études sur les
ordures ménagères. Sa détermination permet d’envisager la possibilité d’une
éventuelle incinération des déchets solides étudiés. Ainsi, si le PCI des ordures
ménagères est inférieur 1500th (th = taux d’humidité), alors l’incinération n’est pas
recommandée. Plus les déchets ont un taux d’humidité élevé (> 50%), plus ces déchets
sont impropres à l’incinération.

100 − ω
PCIh = PCIs ( ) − 5, 835ω
ω

PCIh =PCI des ordures humides (en kcal)


PCIs = PCS des ordures sèches (0 degré d’humidité) (en kcal)
ω = taux d’humidité des déchets solides considéré
La valeur du PCIs s’obtient par calcul en prenant comme référence le PCS des
différentes substances contenues dans les ordures ménagères.

Tableau 2.4 : PCI de quelques éléments contenus dans les déchets solides urbains

Substances Plastique Tissu Papier/carton Matière organique


sèche

PCI (en kcal/kg) 7500 -11 000 th 4200 4200 -5200 th 4000

2.4.6. Matières volatiles et non-volatiles

On procède à la calcination des déchets à 550°C pendant deux (2) heures. A


cette température, les matières volatiles s’échappent des déchets et les non-volatiles
restent. C’est un paramètre important dans le cas du traitement par incinération des
déchets.

30
2.4.7. Potentiel d’Hydrogène (pH)

On procède à la solubilisation des déchets et on mesure à l’aide d’un pH-mètre.

D’autres paramètres peuvent être mesurés et dont le choix dépend


principalement du projet (objectif, moyens financiers, délai, etc.). Le tableau 2.5 donne
les valeurs de certaines caractéristiques physico-chimiques des déchets selon les pays.
Tableau 2.5 : Caractéristiques des déchets selon les pays
Pays à faibles Pays à revenus
Désignations Pays industrialisés
revenus moyens
Production de déchets
0,4 – 0,6 0,5 – 0,9 0,7 – 1,8
(kg/ht/jr)
Poids humide (kg/m3) 450 – 500 170 – 330 100 – 170
Taux d’humidité
(%poids humide à la 40 – 80 40 – 60 20 – 30
source)

31
CHAPITRE 3

DEMARCHE METHODOLOGIQUE POUR LA


CARACTERISATION ET L’EVALUATION DE LA
PRODUCTION DES DECHETS SOLIDES URBAINS

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent développer une démarche méthodologique de
caractérisation et d’évaluation des déchets solides produits dans un environnement

3.1. Caractérisation et classification des déchets urbains

Les déchets solides municipaux sont extrêmement hétérogènes. Ainsi, pour


mener à bien une campagne de caractérisation de ceux-ci, il est fortement recommandé
de disposer d’un échantillon, aussi représentatif que possible, de l’ensemble des
ordures ménagères de la zone à étudier. La représentativité d’un échantillon d’ordures
ménagères se mesure sous trois dimensions, à savoir :

− la dimension spatiale, qui est fonction de typologie urbaine existante dans


l’agglomération étudiée ; à ce niveau il est important d’opérer une stratification de
cette agglomération en zones homogènes généralement appelées « tissus
urbains » ;
− la dimension temporelle, qui fait intervenir l’importance et l’influence des saisons
climatiques (sèches ou pluvieuses), des saisons agricoles (périodes et types de
récoltes etc.) ;
− la dimension spécifique, prenant en compte le paramètre que l’on veut estimer
dans le tas d’ordures ménagères.

Il est donc important de prendre en compte, simultanément, ces trois aspects


dans la détermination des caractéristiques propres des ordures ménagères à étudier.
Il existe plusieurs techniques d’échantillonnage des déchets solides urbains
parmi les quelles la Méthode de Caractérisation des Ordures Ménagères (MODECOM)
développé par l’Agence Française pour le Développement et la Maîtrise de l’Energie
(ADEME). Ces techniques sont cependant difficilement applicables dans le contexte

32
africain en raison de la multiplicité des tissus urbains dans les villes, l’irrégularité
voire l’inexistence de la collecte et le faible taux de couverture du service de
ramassage des ordures ménagères qui font que l’échantillon qui sera prélevé risque de
ne pas être assez représentatif de l’ensemble des déchets produits. Une des démarches
adaptées est la suivante :

− la stratification de la localité considérée en zones homogènes d’occupation du sol


et de l’habitat ; pour cela, l’aire de prélèvement des échantillons devra être
découpée et aménagée en tenant compte de tous les types de tissus urbains
rencontrés ;
− la constitution de l’échantillon représentatif : le quartage, le prélèvement des
échantillons primaires et secondaires à étudier, la pesée des échantillons dans un
volume de récipient donné et la mesure directe de la densité en poubelle ;
− le tri manuel des déchets des échantillons selon les catégories adoptées, sur tamis
de maille égale à 20 mm, la pesée de chaque composante principale et le calcul
des pourcentages en poids de chacune d’elles ;
− le prélèvement d’échantillons pour les analyses ultérieures en laboratoire de
certains paramètre (taux d’humidité, PCI, C/N, etc.).

3.1.1. La Stratification

La Stratification a pour but d’identifier et de définir d’une part, les activités


socio-économiques structurantes de la localité considérée et d’autre part l’ensemble
des tissus urbains existant dans cette localité.
Elle se fait à partir de la photographie aérienne actualisée de cette localité,
complétée le cas échéant par des descentes de vérifications sur le terrain. C’est en
fonction du poids de chaque type de tissus identifiés que l’on déterminera la base de
sondage et le pourcentage de prélèvements d’échantillons par type.

3.1.2. Bref aperçu sur les tissus urbains en Afrique

La typologie urbaine des villes est composée de deux grands ensembles :

− Le premier encore appelé ville spontanée, est le plus important en terme d’espace
occupé et de populations concernées. Il représente les formes d’installations
spontanées de l’espace, des difficultés d’obtention des titres fonciers et d’accès
aux parcelles viabilisées coûteuses pour les ménages pauvres.

33
− Le second, encore appelé ville planifiée et ou administrée, regroupe les anciens
fiefs de la colonisation, les quartiers résidentielles de haut et moyen standing, les
nouveaux centres administratifs et commerciaux avec immeubles à grande hauteur
et une trame de voirie urbaine bien fournie.
La connaissance des caractéristiques des tissus urbains dans une ville donnée
est importante lorsqu’on envisage de mener les études sur les déchets solides en
particulier.
La ville spontanée est généralement caractérisée par la promiscuité, la
dénutrition, la vulnérabilité aux maladies diverses, l’absence de réseaux techniques
urbains de bases, l’insuffisance des systèmes d’assainissement et de ramassage des
déchets solides. Cette situation favorise la prolifération des parasites et de vecteurs de
maladies.

3.1.3. La constitution de l’échantillon représentatif

Il s’agit d’une étape importante de la classification des déchets solides. Compte


tenu de l’extrême variabilité des déchets solides municipaux et de la complexité des
types de tissus rencontrés, il est important de connaître la quantité optimale d’ordures
ménagères qui doit être prélevée dans une zone homogène donnée. Pour connaître ce
poids optimum, il faut déterminer :

− le poids des prélèvements élémentaires (Pe) a effectué ; en général, ce poids varie


entre 100 et 150kg par zone homogène ;
− le nombre (N) de prélèvements élémentaires à faire, pour cela, il faut tenir compte
du coût ou du budget alloué à la campagne d’échantillonnage. ;
− la base de sondage, qui est fonction du poids de chaque strate identifiée, du poids
et du nombre de prélèvements estimés.

Dans une strate donnée, la prise de l’échantillon primaire ou de l’échantillon


secondaire peut se faire par prélèvement directe dans les conteneurs d’ordures
ménagères fraîches ou par des sacs poubelles remises aux producteurs la veille de
l’opération. La collecte des échantillons ou des sacs poubelles s’effectue par strate
selon un itinéraire bien défini à l’avance. Pour chaque strate, il est important de
collecter une quantité suffisante de déchets : une moyenne de deux tonnes par strate
est conseillée pour constituer l’échantillon primaire. Le contenu du camion est
déversé dans l’aire des opérations et la prise des échantillons secondaires peut se faire

34
soit par la méthode d’échantillonnage par partage, soit par la méthode des
« quarts ».

La méthode d’échantillonnage par partage


Elle consiste à subdiviser l’échantillon primaire en un certain nombre de
fractions de masses voisines et de propriétés similaires (échantillons jumeaux) et à
sélectionner par la suite un ou plusieurs échantillons réels par tirage au sort après
partage.

La méthode des « quarts »


La méthode par quartage consiste à subdiviser l’échantillon primaire,
préalablement homogénéisé, en quatre parties sensiblement égales et à retenir un quart
après tirage au sort. Cette opération doit être répétée une fois de plus pour obtenir
l’échantillon secondaire final devant faire l’objet de tri manuel. La figure 3.1
schématise la méthode des quarts.

EXEMPLE

Etape 1 : Etaler les déchets sur une


Masse de l’échantillon surface dégagée et diviser le tas en
primaire = 20kg quatre portions égales

Masse obtenue à Etape 2 : Retenir un quart après


l’issue du 1er tirage au sort et recommencer le
prélèvement = 5kg travail que précédemment

Masse de l’échantillon
secondaire obtenue à Etape 3 : idem que l’étape 2
l’issue du 2ème
prélèvement = 1,25kg

Etape 4 : Choisir deux échantillons


réduits (environ 250g) pour les
analyses en laboratoire

Figure 3.1 : Processus de prélèvement d’échantillonnage par la méthode de quartage

35
3.2. Evaluation de la production des déchets solides urbains

Dans une agglomération donnée, la production d’ordures ménagères peut être


définie en poids (kg/hab/jour ou par tonnes/an) ou en volume (m3 /jour). Elle dépend
des paramètres climatiques (saison pluvieuse ou sèche), démographiques (croissance
de la population) socioculturels (habitudes alimentaires, us et coutumes, etc.),
urbanistiques (taux de desserte en voirie, typologie de l’habitat, niveau de vie des
ménages, etc.) et temporels (en semaine ou en week-end).
Les données nécessaires pour l’évaluation de la production des déchets solides
produits dans une localité sont les suivantes :

3.2.1. Les paramètres permettant de connaître le milieu naturel


et culturel

Il s’agit du climat, la température, la pluviométrie locale, les us et coutumes,


l’hydrographie (caractéristiques des principaux cours d’eau), l’hydrogéologie (position
de la nappe d’eau souterraine), la nature des sols (type de sols, perméabilité) ; le relief,
la typologie de la végétation, la superficie de la zone géographique, etc.
Les outils nécessaires pour acquérir ces données sont les statistiques sur la
climatologie de la localité, la carte hydrographique et de la ressource en eau
souterraine, les données pédologiques, la carte topographique, les documents
spécialisés, etc.

3.2.2. Les données liées à la connaissance de l’établissement


humain considéré

Elles concernent la démographie (effectif de la population, taille des ménages,


densité, taux de croissance annuel, projection à l’horizon de l’étude), la délimitation
administrative de la localité (arrondissements, districts, quartiers, îlots), la typologie de
l’occupation des sols et de l’habitat (type de tissus urbains, équipements collectifs tels
que les marchés, les écoles, les hôpitaux, type d’activités industrielles), la répartition
spatiale des activités socio-économiques, les infrastructures existantes (types et état de
la voirie, densité de desserte des parcelles, localisation des sources de production).
Cette étape se fait par dépouillement des données statistiques sur la population,
l’analyse des cartes, des plans et de la photographie aérienne (complétée par une
descente de validation et de mise en conformité sur le terrain), des entretiens avec les

36
organismes chargés de la question urbaine et enfin des enquêtes stratifiées ou orientées
auprès des usagers identifiés, etc.

3.2.3. Les paramètres de quantification et de qualification des


déchets en fonction des saisons

Leur connaissance permet une bonne maîtrise des déchets produits dans la
localité considérée. Ces paramètres intéressent l’évaluation de la production selon les
saisons, les types de tissus, les types d’activités rencontrées. Ils concernent aussi la
classification des déchets, la détermination de la densité et des pouvoirs calorifiques
des déchets.
Les moyens utilisés pour déterminer ces paramètres sont entre autres : les
enquêtes stratifiées ou orientées auprès des producteurs identifiés, les campagnes de
caractérisation (qualitative et quantitative) selon les sources existantes dans cette
localité.

3.2.4. Les paramètres saisissant la forme d’organisation et les


pratiques actuelles de gestion des déchets municipaux dans la
localité

Il s’agit d’une part, d’identifier la filière utilisée à la date de l’étude et d’autre


part, d’inventorier les moyens financiers, matériels et humains utilisés pour la pré
collecte, la collecte, le traitement, la récupération et le recyclage. Il s’agit enfin
d’évaluer le taux de collecte, les principaux acteurs et leurs rôles respectifs, etc.
Ceci peut se faire par des observations directes sur le terrain et par des
entretiens avec les opérateurs impliqués.

37
CHAPITRE 4

SYSTEMES DE GESTION DES DECHETS SOLIDES


URBAINS

Rappel des objectifs du chapitre :


A la fin de ce chapitre, les élèves doivent assimiler les techniques élémentaires de :
Collecte des déchets urbains
Transports de DSU
Traitement des DSU
Valorisation des sous produits

4.1. Introduction

Le choix d’un système de gestion des déchets adapté à une zone donnée dépend
essentiellement des facteurs tels que :

− La population totale de la zone et sa répartition spatiale


− La quantité journalière produite par tête d’habitant et leur variabilité en fonction
des saisons et de type de tissus d’habitat existant
− L’étendue spatiale de la localité et l’importance des infrastructures routières
− La composition des déchets produits, le taux d’humidité (déterminant dans la
vocation finale des déchets), le pouvoir calorifique (intéressant pour le choix ou
non de l’incinération des déchets), le rapport C/N (pour apprécier l’intérêt des
déchets au compostage)
− La localisation de la décharge contrôlée par rapport au centre de la ville,
l’existence d’espaces nécessaires pour l’implantation des sites de transit
− Les moyens financiers, matériels et humains existants ou facilement mobilisables
localement.
− Les paramètres hydrogéologiques et géologiques de la localité : profondeur de la
nappe phréatique, vitesse et sens d’écoulement, lignes de fracturation, la
perméabilité du site (coefficient de Darcy)

38
4.2. CHEMINEMENT GLOBAL DES ORDURES MENAGERES

Les principales étapes de la gestion des déchets solides municipaux sont celle
présentées par l’organigramme ci-dessous :

Collecte et Traitement
Précollecte transport

Valorisation
(recyclage et
récupération)

Figure 4.1 : Cheminement classique des déchets solides urbains dans une localité donnée

Dans les villes africaines, le système gestion traditionnel des déchets solides
adopté par les communes, concerne essentiellement la salubrité du domaine public.
Les autres opérations prises en charge par les usagers (ménages, commerçants,
industriels, artisans) par apport volontaire ou par des intermédiaires rémunérés.

4.3. LA PRECOLLECTE

La précollecte des ordures ménagères est l’opération qui consiste à ramener les
déchets de la source de production au point de regroupement ou de collecte (bac à
ordures ou espaces aménagés à cet effet). Ces éléments doivent être judicieusement
dimensionnés en fonction de la production journalière et de la fréquence de collecte
pour éviter tout débordement. L’espace qui leur est réservé, choisi en fonction des
pratiques des usagers, doit être aménagé pour faciliter l’écoulement normal des
lixiviats, des eaux usées et des eaux de ruissellement.
La précollecte est adaptée dans les zones densément peuplées et inaccessibles
aux véhicules de collecte ou dans les zones de faible densité de population et où
l’habitat est dispersé. Elle peut se faire soit par apport volontaire de l’usager, soit en
porte en porte par un intermédiaire moyennant une rémunération par l’usager.

39
Retour aux
Production des déchets solides

usagers
Sources : ménages, PME, industrie,
artisans, commerce, bureaux,
Action des
usagers

équipements

Stockage banalisé au niveau du


producteur (sac poubelles, sachets,
usagers ou PME

récipients, etc.)
rémunérés
Action des

Tri des fractions


valorisables

Stockage banalisé au niveau du point


de collecte ou de regroupement (dépôts
au sol, murets maçonnés, bacs à ordures)
ou PME, Entreprise
Action des usagers

ou des Communes

Valorisation par les


ménages, les artisans, les
PME et industries
locales
Collecte et transport des déchets en
vrac
des Communes
Entreprise ou

Commercialisation
Mise en décharge en vrac (décharges
sauvages, décharges contrôlées)

Figure 4.2 : Cycle des déchets solides municipaux dans les villes africaines

4.3.1. La précollecte par apport volontaire

Dans la précollecte par apport volontaire, les usagers transportent leurs déchets
produits vers les bacs à ordures ou lieux de regroupement à l’aide de poubelles
(poubelles classiques, sachets en plastiques, vieux sceaux, vieux récipient, brouette,
porte – tout, etc.).
Ce système est à prévoir lorsque les espaces nécessaires à l’installation des bacs
à ordures ou des lieux de regroupement sont disponibles à moins de 500m des usagers
et accessible aux véhicules de collecte. Il est également envisageable lorsque la

40
production journalière des déchets correspond au volume du bac ou de l’étendue de
l’espace en fonction de la fréquence de collecte adoptée (qui est de 7 jours en zone
sahélienne et de 3 jours en zone tropicale humide).

4.3.2. La précollecte en porte en porte

La précollecte en porte en porte, qui exige que les usagers soient motivés pour
payer le service rendu, est envisageable lorsque d’une part, la zone n’offre pas
d’espaces suffisants pour installer les bacs à ordures ou les lieux de regroupement et
d’autre part, dans les zones faiblement densifiées avec des maisons éloignées les unes
des autres.
Pour être économique, la précollecte doit se faire à l’aide de matériels et
d’équipements produits localement par les artisans locaux ou par les petites et
moyennes entreprises locales. Parmi ces équipements, on peut citer : les charrettes à
traction animale, les pousse-pousse ou porte touts à traction humaine, les brouettes,
pelles, râteaux, manchettes, gants, bottes et cache-nez, etc.
Les intermédiaires impliquées dans ce système peuvent être les jeunes,
désoeuvrés du secteur, les associations de femmes, les comités de développement du
quartier, les PME locales, etc. ils sont le plus souvent directement liés aux usagers par
un contrat plus ou moins formel qui définit les fréquences de collecte, le taux de
contribution des ménages et les fréquences de paiement de ces contributions.

Tableau 4.1 :

Charrette à traction animale Porte –tout à traction humaine


Caractéristiques
2 roues 4 roues 2 roues 4 roues

Capacité (m3) 0,6 1,2 0,2 – 0,6 0,8 – 1,2

Effectif du personnel
1–2 1–2
requis

Rendement de précollecte
20 – 30 20 – 30
(kg/mn)

Vitesse de précollecte
1,5 – 2 1,5 – 2
(km/h)

Distance seuil à parcourir


<2 <2 < 0,7 < 1,5
(km)

41
Les risques de dysfonctionnement de la précollecte peuvent être consécutifs à
l’inadaptation du matériel utilisé, à l’absence de sensibilisation des usagers sur les
risques de jeter leurs déchets dans les décharges sauvages et les cours d’eau,
l’éloignement des bacs à ordures, au non-respect des fréquences de collecte par le
service concerné et à la non prise en compte de l’action des acteurs de précollecte par
le service général de ramassage.
L’utilisation des moyens de transport « artisanaux » tels que les brouettes, les
charrettes à traction animale ou les tricycles pour la précollecte se développe dans
certains secteurs des villes africaines. Cette forme de technologie reste cependant à
rationaliser afin d’améliorer la qualité du service de ramassage des déchets solides
surtout dans les quartiers à habitat spontané et dans les zones périurbaines (tableau
4.2).
La précollecte a été développée dans les villes africaines à cause surtout de la
prolifération des quartiers à habitat spontané, de l’insuffisance et du mauvais état des
voies de circulation, qui rendent pratiquement difficile l’accès directe aux parcelles des
véhicules spécialisés dans la collecte.
La précollecte est la plus facile à mettre en œuvre et n’engendre pas de coût
supplémentaire pour la collectivité en charge du service de ramassage des ordures
ménagères et pour les usagers, notamment les ménages. Le choix de l’une ou l’autre
des options ci-dessous dépendra du contexte d’étude.

4.4. COLLECTE ET LE TRANSPORT

La collecte des ordures est l’opération qui consiste à ramasser les ordures
ménagères des bacs à ordures ou des lieux de regroupement vers la décharge contrôlée
ou le lieu de valorisation. Elle se fait porte à porte dans les zones dotées d’un réseau
de voirie en bon état et accessible aux véhicules de collecte. Elle peut également se
faire à partir des bacs à ordures ou à partir des lieux de regroupement aménagés,
localisés et accessibles.
Le matériel de collecte est composé généralement de bacs à ordures (de volume
variable selon les localités), de plate forme d’accueil aménagée (casier en ciment muni
d’escaliers et d’une rampe pour permettre l’accès des brouettes, des charrettes et de
porte tout). Leurs caractéristiques respectives sont consignées dans le tableau 20.3.

42
Tableau 4.2 : Comparaison des différents schémas de précollecte envisageables en
Afrique
Types de
Fonctionnement Avantages Inconvénients
précollecte
Les usagers transportent o Implication réelle o Nécessité d’effort
eux-mêmes les déchets des usagers d’éducation et de
qu’ils déversent dans les o Conception facile sensibilisation des usagers,
Apport bacs à ordures ou dans les o Coût direct nul o Nécessité d’installer
volontaire points de regroupement pour la collectivité plusieurs points de collecte
des aménagés à cet effet proches des sources de
usagers production
o Inadapté dans les quartiers
structurés.

Des intermédiaires o Travail plus soigné o Coût élevé (car il faut


(individus, PME ou et meilleurs rémunérer l’intermédiaire),
associations) collecte les rendements surtout o Moins de dynamisme et
déchets au porte à porte dans les quartiers d’implication des usagers,
manuellement ou à l’aide pauvres, principaux producteurs
de petit matériel vers les o Réduction du
Apport par points centraux nombre de points
des tiers de regroupement
rémunérés grâce à des
parcours plus
importants
o Envisageables dans
tout type de tissu
urbains

C’est un système Conciliation des o Conciliation des


combiné aux deux avantages des modes inconvénients ci-dessus,
précédents : les usagers précédents, o Exigence de
apportent volontairement Réduction des coûts de l’aménagement des lieux de
les déchets jusqu’à un précollecte et stockage intermédiaire
lieu de transit à partir amélioration du service,
Apport duquel des intermédiaires Intéressant pour les
mixte les transportent vers un zones sous structurées
lieu de collecte et pauvres en voirie ou
accessibles aux véhicules pour des zones ne
de collecte. disposant pas
suffisamment d’espaces
pour l’installation des
points de collecte.

43
Tableau 4.3 : Caractérisation de quelques éléments du point de collecte

Caractéristiques Conteneurs ou Plate-forme Espace de


bacs à ordures d’accueil regroupement aménagé

Volume (m3) 0,1 – 20 10 100 – 150

Hauteur (m) 0,5 – 1 1,2 1,5 – 2

Longueur (m) 1–6 4 1000 – 2000

Largeur (m) 0,9 – 2,3 2 2

Fréquence de vidange 2–3 3–4 3–4


(jour)

Population desservie 100 – 2000 2000 20000

Zone desservie (ha) 100 – 200

Du fait des difficultés financières, plusieurs types de matériels (à degré de


sophistication différent) sont utilisés pour regrouper les ordures au point de collecte et
dépendent parfois du type de précollecte.
La démarche pour la détermination du nombre de conteneurs ou bacs à ordures
est la suivante :

− On détermine la production totale des ordures de la localité (Q en m3)


− On détermine la quantité d’ordures ménagères (Q1) par jour de service (N qui est
généralement pris égal à 6 jours de collecte par semaine)
Q
Q1 = (en m3/j)
N

− Connaissant le taux de remplissage (tr %), on détermine le volume total des


Q1
conteneurs Vc (en m3) qui est égal à (en m3) ;
tr
− Connaissant le volume d’un conteneur (V1), on calcule le nombre total de
Vc
conteneurs (Nc) qui est égal à , auquel il faudra ajouter le nombre de
V1
conteneurs supplémentaires de chaque véhicule de collecte à déposer sur le point
de collecte lors de la première rotation.

44
Tableau 4.4 : Comparaison des conteneurs utilisés en fonction du mode de précollecte
Mode de Type de
Avantages Inconvénients
précollecte conteneurs
• technologie simple, car • Très faible durée de vie
matériel de récupération (moins de 3 à 6 mois)
• manutention facile • Faible volume, donc
Demi - fût de • accessibilité aux enfants
nécessité d’en disposer
0,1 – 0,2 m3 • faible coût d’acquisition
beaucoup
• Lenteur lors du vidange et
fréquence de vidange
Apport élevée
volontaire
• relativement peu • Nécessité d’une
encombrant manutention mécanique
Bacs à • durée de vie relativement • Peu accessible aux
ordures élevée que les précédents enfants
de 1 m3 (2 à 3 ans) • Coût d’acquisition
relativement élevé

• volume plus important, donc • Coût d’acquisition élevé


nombre réduit, • Nécessité d’espaces
• durée de vie plus importante disponibles car matériels
(en moyenne 3 à 5 ans), encombrant (minimum 50
Conteneurs
Par des tiers
de • rythme de remplissage faible m2/conteneur)
rémunérés
6 – 20 m3 • important à l’entrée des • Exigence d’un socle de
quartiers à habitat spontané bétonné pour éviter
et des marchés l’infiltration de lixiviats
• Nécessité d’une
manutention mécanisée

Les véhicules de collecte sont divers et variés. Leur choix dépend


essentiellement des moyens financiers disponibles, du personnel affecté à la collecte,
de la distance à parcourir entre les points de collecte et la décharge contrôlée, des
caractéristiques et de la quantité des ordures à collecter et du type de matériel existant
au point de collecte. Parmi les véhicules de collecte les plus utilisés dans les villes
africaines on distingue :

• Le matériel à traction animale ou humaine


Il peut être fabriqué localement et est adapté pour les quartiers enclavés ou
disposant des voies d’accès accidentées. Sa durée de vie est courte (entre 6 mois et 3
ans), son coût d’acquisition et sa capacité sont faibles. Les distances de transport à
parcourir ne dépassent pas 1,5 km pour les tractions humaines et 3km pour les
véhicules à tractions animale. Le rendement de collecte est relativement faible (entre 5
et 20 m3 d’ordures collectées par jour). Ils ne consomment pas de carburant et ne
45
peuvent être envisagés qu’en complémentarité avec les véhicules motorisés, plus
rapides.

• Les tricycles et les tracteurs


Comme les précédents, ils font partie des véhicules dits « non spécialisés » pour
la collecte et sont relativement plus chers et adaptés pour les petites distances. Ils ont
une faible capacité et exigent moins d’éboueurs pour le chargement manuel des
ordures. Ils sont envisageables pour les villes moyennes et les petits centres.

4.5. Traitement et valorisation des DSU

En fonction des objectifs que l’on se fixe, il existe plusieurs types de traitement
des déchets solides municipaux. Certaines sont encore au stade de la recherche
expérimentale et n’ont pas encore été éprouvée sur le terrain. Toutefois, la mise en
décharge, le compostage et la méthanisation sont les filières les plus utilisées en
Afrique sub-saharienne.

4.5.1. La mise en décharge contrôlée des déchets solides

4.5.1.1. Définition préliminaire

Une décharge contrôlée est un lieu d’élimination « définitive » des déchets


solides urbains basée sur le stockage rationnel des déchets solides dans le but d’éviter
tout risque de nuisances sur la santé humaine et l’environnement. Cette technique est
le type de traitement le plus répandu en Afrique.
Cependant, l’insuffisance des moyens financiers disponibles oblige les
municipalités à utiliser des méthodes peu recommandables, notamment la mise en
place des décharges « sauvages » où sont regroupés de manière spontanée les déchets
produits dans la ville.

4.5.1.2. Classification des décharges contrôlées

En respect du souci de protection de l’environnement au sens strict du terme, les


décharges contrôlées devraient en principe recevoir des flux de matières qui ne
nécessitent plus d’autres formes de traitement ultérieures. Selon l’ordonnance Suisse
du 01/02/1991 sur le traitement des déchets, il existe, trois grands groupes de
décharges contrôlées :

46
− les décharges de matières inertes (ou décharge de Type A) sont réservées aux
déchets polluants ne nécessitant aucun traitement particulier avant leur « stockage
définitif » (bris de verre, gravât, excavation des routes, bris de béton, de tuiles et
de parpaings de ciment, etc.);
− les décharges de résidus (ou décharge de Type B) intéressent les déchets issus de
l’incinération de substances organo-chimiques et des déchets spéciaux respectant
les critères stricts de la qualité des « déchets aptes au stockage définitif » ; c’est à
dire qu’au moment où ils sont stockés, ils ne doivent pas rejeter des substances
polluantes pour l’environnement ;
− les décharges bio-actives (ou décharge de Type C) sont polyvalentes et réservées
au stockage des déchets provenant des usines d’incinération (scories), de gravât
exempts de déchets spéciaux, des boues des stations d’épuration, des produits de
vidange des fosses septiques dont la teneur en eau ne dépasse pas 65%, des
déchets urbains qu’il est impossible de brûler, des déchets inertes de l’industrie et
de l’artisanat. Cette catégorie est la plus utilisée en Afrique.

4.5.1.3. Critères de choix d’une décharge contrôlée

Les critères de choix d’un site devant abriter une décharge contrôlée sont entre
autres :

− la perméabilité du site : elle est liée à la nature des sols ainsi que leurs propriétés
physiques, chimiques ou biologiques. Selon le coefficient de Darcy, on distingue :
les sols imperméables favorables à l’installation d’une décharge sauvage
moyennant un dispositif de drainage efficace (exemple : les schistes argileux, les
marnes, etc. dont le coefficient de Darcy<10-9m/s ou 0,1mm/j) ; les sols semi-
perméables envisageables pour l’installation d’une décharge contrôlée si le
pouvoir auto-épurateur est suffisant (exemple : sols sablo-argileux, grès, etc. dont
le coefficient de Darcy est compris entre 10-9 et 10-6m/s ou 0,1 et 10cm/j) ; enfin
les sols perméables qui ne sont pas conseillés pour une décharge contrôlée
d’ordures ménagères (cas du gravier ou des alluvions, dont le coefficient de
Darcy>10-6m/s ou > 10cm/j).
− la localisation du site par rapport aux sources d’alimentation en eau et aux
points de captage d’eau : sauf cas exceptionnels nécessitant obligatoirement des
aménagements stricts et onéreux, toute décharge contrôlée doit être
impérativement située en aval de points de captage ou des sources d’alimentation
pour éviter toute contamination de cette ressource naturelle.

47
− la capacité de stockage : elle caractérise la durée de vie de la décharge dont la
moyenne varie généralement entre 15 et 30 ans. La capacité d’une décharge
dépend essentiellement de sa superficie, de la hauteur d’entreposage (5 à 10m), de
la densité des ordures, du volume des ordures comparé au volume des matériaux
inertes utilisés pour la couverture et enfin, de l’épaisseur de la couverture finale.
Par rapport au volume total de la décharge, un ratio moyen de (70 à 100%)
d’ordures ménagères contre (0 à 30%) de matériaux inertes de couverture est
recommandé pour exploiter de manière rationnelle la décharge contrôlée.
− les conditions climatiques : une décharge contrôlée ne doit jamais être orientée
dans le sens des vents dominants afin d’éviter l’envol des déchets légers et la
propagation d’odeur vers les zones d’habitation. Il est également recommandé
d’éloigner la décharge des cours d’eau et des zones inondables afin d’éviter le
lessivage du dépôt lors des ruissellements. On conseille aussi de limiter ou
d’éviter le ruissellement des eaux dans le site de la décharge en construisant les
drains appropriés.
− les contraintes socio-économiques et urbanistiques : la décharge contrôlée ne
doit pas être trop éloignée du centre de production (maximum 15 à 20 km) afin de
minimiser les coûts de transport ; au-delà de 25km commencer à envisager
l’installation des sites de transit.
− l’intégration paysagère : une décharge contrôlée ne doit pas constituer une
rupture de paysage dans lequel elle est implantée. Des dispositions doivent être
prises le cas échéant pour intégrer le site dans son paysage initial pendant et après
son exploitation définitive.

Une des conditions sine qua non de l’installation d’une décharge contrôlée est la
réalisation sans complaisance d’une étude d’impact environnementale selon les règles
de l’art

4.5.1.4. Fonctionnement et structure d’une décharge


contrôlée.

Une décharge parfaitement bien structurée et organisée est la garantie d’une


exploitation efficace.
Elle doit à cet effet être équipée d’une balance à l’entrée, des dispositifs des
espaces de tris des matériaux recyclables, des dispositifs de collecte des déchets
spéciaux, des salles et des bureaux pour le personnel.

48
La mise en décharge des déchets consiste à les étaler en couches successives
d’environ 1 à 2m dans le site à l’aide d’un engin de génie civil, puis, à les compacter
éventuellement après les avoir recouverts d’une couche de matériaux inertes
d’épaisseur de 20 à 30cm. La Ligue Pour la Propreté en Suisse, pense que la densité
des déchets mis en décharge avoisine 0,5 et qu’il faut attendre environ 4 à 5 années
pour observer un tassement différentiel et une diminution du volume des déchets
compactés de près de la moitié.
Il existe selon la morphologie du site choisi, deux formes d’exploitation des
décharges contrôlées :

− lorsque le site est plat, on recommande de subdiviser l’espace disponible en


casiers homogènes et indépendants, encore appelés alvéoles ou parcelles séparées
de digues, de superficies variant entre 0,3 à 1 ha ; ces casiers peuvent être réalisés
par la méthode des tranchées (qui consiste à creuser des tranchées dans le sol) ou
par la méthode des monticules (qui consiste à réaliser des digues sur le sol) ;
− terrain accidenté, présentant soit des cuvettes soit des dépressions, il est
recommandé d’enfouir les déchets par couches successives légèrement inclinées et
régulièrement recouvertes jusqu’au remplissage de matériaux inertes prélevés
immédiatement à proximité du site.

Le matériel roulant indispensable dans une décharge contrôlée d’ordures


ménagères est composé d’un chargeur à chaîne (qui ont une meilleure adhérence que
les chargeurs sur pneus), et/ou bouteur résistant pour l’épandage ou le poussage des
déchets, soit alors d’un compacteur – épandeur équipé de godet – chargeur ou de lame
de remblayage qui assure le compactage des couches de déchets d’épaisseur variant
entre 1 et 2m jusqu’à une densité de l’ordre de 0,8 à 1.

4.5.1.5. Deux principales nuisances dans une décharge


contrôlée : le biogaz et le lixiviat

4.5.1.5.1. Le biogaz

Le biogaz est un mélange de gaz carbonique inerte et de méthane combustible


en des proportions diverses qui varient selon la nature des déchets en présence et du
taux de dégradation de la matière fermentescible. Après un temps de stockage, les
substances organiques présentes dans les déchets se décomposent au contact de l’air
(décomposition aérobie) et dégagent essentiellement du gaz carbonique : c’est le cas
des décharges non compactées. Dans une décharge d’ordures ménagères où les déchets

49
sont entassés par des compacteurs, en l’absence d’oxygène dans les couches
compactées, il se produit un processus de décomposition anaérobie dû à l’action de
micro-organismes ; ce processus s’accompagne de dégagement de méthane (CH4), de
gaz carbonique (CO2), des gaz à l’état de trace tels que l’hydrogène sulfuré (H2S, les
gaz hydrochloriques et le fluorure d’hydrogène).
La gestion du biogaz des décharges représente une source d’énergie valorisable
dans des conditions techniques et économiques acceptables si le diagnostic préalable
du gisement est effectué et si la conception du réseau de collecte le rend pérenne. Les
gaz des décharges peuvent être brûlés, utilisés pour la décharge pour produire de
l’électricité. Des précautions doivent être prises pour maximiser le taux de
récupération du biogaz dans la décharge1. Ces précautions sont absolument
nécessaires car le méthane non récupéré autant que le CO2, est un gaz à effet de serre
dont le potentiel de réchauffement est 24 fois supérieur à celui du gaz carbonique. En
outre, le méthane est inflammable et parfois explosif. En Afrique au sud du Sahara, il
n’existe pas de décharge avec récupération de méthane.

4.5.1.5.2. Les lixiviats

Les lixiviats sont la conjonction de plusieurs phénomènes suivants qui se


produisent dans la décharge : mode d’écoulement de l’eau (percolation, infiltration ou
diffusion), évolution du pH, du pouvoir tampon, de la salinité, du potentiel
d’oxydoréduction de la solution percollante à travers les déchets, processus
biologiques aérobies ou anaérobies. La composition des lixiviats dépend non
seulement des déchets en présence, mais surtout du temps et de l’âge de la décharge,
en fonction duquel, on relève une évolution de la composition du lixiviat.

Tableau 4.5 : Composition des lixiviats en fonction de l’âge de la décharge


Type de lixiviats Jeunes Intermédiaires Stabilisés
Age de la décharge < 5 ans 5 – 10 ans > 10 ans
pH < 6,5 6,5 – 7,5 > 7,5
DCO 10 – 20 < 10 <5
DCO/COT > 2.7 2 – 2.7 <2
DBO5/DCO > 0.5 0.1 – 0.5 < 0.1
AGV (%COT) > 70 5 – 30 <5

Actuellement, le taux de récupération du biogaz ne dépasse que rarement les 50


à 70% dans les pays développés

50
Les lixiviats des décharges d’ordures ménagères sont des sources dangereuses
de pollution par les métaux lourds. Il est donc fortement recommandé de bien s’assurer
du drainage du socle de la décharge de manière à renvoyer les lixiviats vers une zone
centrale de traitement.

4.5.1.6. Précautions à prendre lors de la mise en place d’une


décharge contrôlée

Elles sont les suivantes :

− bien délimiter l’emprise de la décharge et l’entourer d’une clôture pour éviter


d’éventuels accidents et empêcher l’accès dans le site des animaux et des
personnes non autorisées ;
− s’assurer de l’imperméabilité du site ; à défaut, prévoir un revêtement du sol (film
plastique, matières synthétiques, couche de revêtement en asphalte de 5 à 10cm
d’épaisseur) ; une station d’épuration des lixiviats doit être prévue dans le site de
la décharge ;
− drainer les eaux d’infiltration hors de la décharge en prévoyant des fosses de
ceinture et renforcer le socle sur lequel la décharge va se reposer pour éviter les
glissements de terrain ;
− prévoir, dans chaque carré de 50m de côté un système de captage, de traitement ou
de valorisation des gaz qui se forment dans les couches profondes de la décharge
(exemple : buses verticales à parois perforées empilées et lestées de pierres pour
une bonne stabilité) ;
− prévoir des systèmes de coupe-feu (digues ou tranchées) pour prévenir la
propagation des incendies ; il est conseillé d’avoir à proximité du site une réserve
de terre suffisante pour lutter efficacement contre les incendies éventuelles ;
− prévoir des routes d’accès, les dispositifs de pesage des camions, des bureaux et
salle pour le personnel, des ateliers de réparation des machines et des panneaux de
signalisation.
− en fonction des moyens financiers mis en jeu, s’équiper d’engins de tassement
(compacteurs) afin d’augmenter la capacité de la décharge ;
− assurer un entretien et une maintenance régulière des infrastructures et
équipements existants et prévoir les travaux de restitution du site une fois la
décharge exploitée (reboisement, réaffectation du site pour d’autres usages tels
que le loisir, etc.).

51
4.5.2. Le compostage des ordures ménagères biodégradables

4.5.2.1. Définitions

Parmi les définitions existant dans la littérature, on peut en retenir deux :

− Le compostage peut être défini comme étant « l’ensemble des opérations par
lesquelles on prépare, à partir des ordures ménagères brutes, un composé appelé
compost, ayant les caractères généraux de l’humus (composé amorphe,
hydrophile, de couleur noirâtre ayant l’odeur caractéristique des terreaux) ».
[GILLET, 1985].
− Le compostage est également défini comme étant « un procédé biologique,
contrôlé, de conversion et de valorisation des substrats organiques (sous-produits
de la biomasse, déchets organiques d’origine biologique) en produits stabilisés,
hygiénisés et semblables à un terreau et riche en composé humique, encore appelé
le compost ».

Tous les déchets contenant du carbone « éliminable » par voie biologique


peuvent être compostés.
Il s’agit : des épluchures de fruits et légumes, les restes de repas, les déchets de
cuisine en général, plantes vertes, litières des animaux domestiques, pailles, poils,
plumes, feuilles mortes, branches d’arbres et de haies, etc. Ne peuvent être compostés
les produits suivants : les papiers journaux avec encre, les papiers peints, les déchets
inertes (plastiques, métaux, verres, céramique, cailloux et gravât).
La durée du compostage dépend de plusieurs facteurs tels que la grosseur des
éléments à composter, l’importance du tas à composter, la proportion des matières
organiques difficilement dégradables (matières ligneuses végétales), la fréquence des
retournements (plus le retournement est rare plus long est le processus de
fermentation), la teneur en eau dans le tas. Cependant, en région tropicale, si toutes les
étapes sont bien respectées, la durée du compostage est d’environ 3 mois.
Le ver de terre, les micro-organismes et les bactéries envahissent le tas en
décomposition et contribuent ainsi à l’accroissement rapide de la température de ce tas
(jusqu’à 75°C). Ils dégradent les glucides et les protides indispensables à leur
croissance. Il se produit l’oxydation des composés carboniques et l’émission d’eau et
de dioxyde de carbone. Lorsque les substances facilement accessibles sont
consommées au maximum par les micro-organismes, la température du tas de compost
commence à baisser. Les substances difficilement dégradables sont ensuite éliminées

52
par d’autres formes de micro-organismes, moins nombreux et dont les besoins en
oxygène sont inférieurs. A ce stage, la chaleur se dissipe plus rapidement qu’elle ne se
forme et entraîne une baisse de température. Cependant à chaque retournement du tas
la température peut augmenter légèrement. La phase de mûrissement qui s’ensuit est
caractérisée par la baisse sensible de la température du tas de compost jusqu’à la
valeur de la température ambiante. C’est à partir de ce moment que l’on peut utiliser le
compost. En fonction de l’évolution de la température dans le tas en décomposition, on
distingue trois principales phases de la dégradation de la matière organique qui sont :

− la phase mésophile, pour les températures variant entre 40 et 50°C, durant laquelle
les protéines sont attaquées en premier lieu ;
− la phase thermophile, caractérisée par un dégagement intense de la chaleur,
libérant ainsi de la vapeur d’eau et du CO2 ;
− la phase de mûrissement ou de maturation avec la disparition progressive des
espèces thermophiles et la baisse de la température jusqu’à la température
ambiante ; cette phase est caractérisée par la stabilité du compost produit qui
prend ainsi l’aspect des terreaux.

Certains paramètres peuvent influencer le processus de compostage. On peut


citer entre autres, la taille des particules en décomposition, le taux d’oxygène
lacunaire, la température, le pH, la teneur en eau, la concentration du substrat, la
présence ou non d’accélérateur ou d’inhibiteur des réactions enzymatiques.

4.5.2.2. Les précautions à prendre pour l’installation d’un site


et les techniques de compostage

Les principales précautions liées au choix et à l’implantation d’une compostière


sont entre autres:

− l’accessibilité du site aux véhicules de collecte des ordures ménagères ; ce site doit
en outre être clôturé ;
− le drainage parfait du site au moyen des caniveaux bien dimensionnés ; le site doit
avoir en outre une déclinaison suffisante (>0,2%) pour permettre l’écoulement des
eaux de surface ;
− le bon dimensionnement du site de manière à ce qu’il permette les opérations de
compostage y compris toutes les autres équipements utiles (hangar de broyage,
magasin) ;

53
− l’éloignement du site (> 200m) des habitations (pour éviter les bruits pendant le
broyage motorisé) ;
− la possibilité d’avoir des espaces agricoles pour l’expérimentation du compost en
vue de sa promotion auprès des agriculteurs et jardiniers.

4.5.2.3. Les différentes techniques de compostage

Il est nécessaire de distinguer le compostage à petite échelle, encore appelé


compostage artisanal, et le compostage industriel.
1. Le compostage artisanal (ou décentralisé), plus courant dans les pays africains,
utilise du matériel léger avec une forte intensité de main d’oeuvre. Cette
pratique est limitée au traitement d’une quantité peu importante de déchets
(maximum 20 tonnes/jour) et nécessite peu d’investissement mais plus de
besoins en terrain suffisant. Dans les pays en développement on a pu identifier
cinq pratiques de compostage décentralisé dont les caractéristiques spécifiques
sont consignées dans le tableau 4.6. [NGNIKAM, 00], pp47.

Différentes activités du compostage décentralisé

Dans un système de compostage décentralisé, les principales opérations


suivantes permettent d’obtenir du compost à partir des ordures ménagères
biodégradables :

− la collecte et le transport des ordures ménagères vers les sites de compostage ;


− le tri de séparation des composantes biodégradables de celles qui sont dites
inertes ;
− le broyage ou le déchiquetage éventuel des déchets volumineux afin d’augmenter
la surface spécifique et la surface d’attaque des micro-organismes et faciliter la
pénétration de l’eau et de l’air à l’intérieur du tas constitué ;
− les différentes techniques permettant la bonne fermentation aérobie de la matière
organique : la mise en tas suivant des dimensions facilement « manipulables » par
les éboueurs (exemple H=1,5m et F = 1,5 à 2m) ; l’arrosage ou l’étalement du tas
éventuel selon la teneur en eau dans les tas et l’aération du tas pour augmenter la
quantité d’oxygène ; les cycles de retournement et brassage du tas (3 à 4 fois dans
la période) afin d’accélérer et d’uniformiser la décomposition de la matière
organique ; le contrôle régulier de la température du tas et enfin, le stockage en
vue du mûrissement du compost, la baisse de la température et du taux d’humidité
du compost, etc. ;

54
− les diverses opérations d’affinage du compost produit en vue d’obtenir ou de
faciliter son transport, sa manipulation et son utilisation en agriculture ou en
élevage selon le cas (le broyage final et le tamisage pour faciliter l’épandage dans
les champs, le conditionnement du compost, etc.).

Tableau 4.6 : Comparaison des différentes méthodes de compostage décentralisé des


ordures ménagères

Méthode Caractéristiques Points faibles Lieux d’application

Récupération de · Tri par tamisage · Pas de tri préalable · Bamako (Mali)


terreau des décharges manuel de la matière des déchets ;
· Niamey (Niger)
organique en
· Risques de
décomposition · Cotonou (Bénin)
contamination par les
métaux lourds · Kinshasa (Congo D.)
· Yaoundé (Cameroun)

Compostage en tas · Tri manuel des · N’est pas adapté · Jakarta (Indonésie)
fractions non pour la production à
· Lima (Pérou)
fermentescibles grande échelle
· Olinda et Peixinhos
· Formation de tas · Nécessite plus
successifs de 1 à 5 m3 d’espace (Brésil)
avec retournements
périodiques.

Compostages en · Tri manuel des · Nécessite un · Porto Novo et Tohué


andins ouverts fractions non
retournement plus (Bénin)
fermentescibles
fréquent et une main · Accra (Ghana)
· Formation des
andins (de 2 à 3,5m d’oeuvre plus · Yaoundé (Cameroun)
de large et 1 à 1,8m importante
· Ouagadougou
de hauteur) avec (Burkina - Faso)
retournements
périodiques.

Compostage en lits · Ouverture d’une · Requiert plus · Louga (Sénégal)


fosse ou construction d’investissement que
· Kano (Nigeria)
d’une structure la méthode des andins
murale sur le sol · Ficksburg (Afrique
du
· Tri manuel des
fractions non Sud)
fermentescibles · Guatemala City
(Pérou)

Pour créer les conditions favorables à la dégradation biochimique, il est


recommandé de veiller à ce que la ventilation du tas soit appropriée de manière à

55
faciliter le remplacement de l’air chargé de CO2 dans le tas par de l’air frais. En outre,
il faut que les ordures ménagères en dégradation soient homogénéisées et réduites en
petits morceaux (broyage ou déchiquetage d’éléments grossiers à l’aide des
machettes, des ciseaux de jardin ou de broyeurs) en vue d’augmenter les surfaces de
contact entre les déchets et la microflore.
Pendant le compostage des ordures ménagères, il est important de suivre les
règles suivantes :

− bien mélanger le tas de matières organiques, car les résultats du compost sont
fonction des « input » : les déchets et les restes de cuisine apportent beaucoup
d’éléments nutritifs et favorisent la décomposition microbienne ; les branches
d’arbres fraîches ou les haies, plus difficilement dégradables et résistantes à la
décomposition microbienne, conservent au compost une structure plus légère et
sont excellentes pour la formation de l’humus. Aussi, en fonction des résultats que
l’on souhaite obtenir, un dosage rationnel de ces composantes organiques dans un
tas de compost est intéressant.
− éventuellement y ajouter des adjuvants ou des accélérateurs de fermentation
(bouses de vache, fiente de poules, drêche de brasserie, etc.),
− retourner régulièrement les tas pour assurer une bonne oxygénation et veiller au
taux d’humidité dans les tas pour éviter toutes formes de pourritures
(recouvrement des tas par temps de pluies, arrosage des tas par temps
d’ensoleillement).

Lorsqu’on respecte les règles minimales du compostage, on est à l’abri des


odeurs. De nombreuses expériences dans le monde et en Afrique ont montré que les
rendements agricoles sont nettement améliorés avec l’apport d’un compost de bonne
qualité, et ces plantes résistent mieux aux maladies.
2. Le compostage semi industriel ou industriel (ou centralisé) requiert par contre
du matériel semi mécanisé ou totalement mécanisé, plus ou moins sophistiqué,
et une main d’oeuvre qualifiée. Ce procédé, très peu répandu en Afrique, est
généralement utilisé dans les grandes villes pour traiter des quantités
importantes de déchets municipaux. Les principales étapes de ce type de
procédé sont présentés à la figure 2.13 :

56
Stockage des déchets

Broyage et Tri du « broyat »

Fermentation aérobie (lente ou accélérée)

Maturation

Affinage (Compost et Refus)

Figure 4.3 : Etapes du compostage industriel des ordures ménagères [NGNIKAM, 00],
pp.49

Le compostage semi industriel, dont la capacité peut atteindre 50t/j, est


caractérisé par la mécanisation des postes de réception et de transport interne des
déchets ; par exemple, la manutention et le retournement par des chargeurs sur pneus,
les opérations de tri et quelquefois le retournement peuvent être manuels. Le
compostage industriel par contre peut être à fermentation lente, avec apport d’air par
retournement successif de la masse ou par aération forcée ; il peut également être à
fermentation accélérée dans une enceinte fermée munie d’un brasseur permanent ou
intermittent. La spécificité du compostage industriel est que le broyage se fait avant la
fermentation ; ce qui constitue un de ses inconvénients majeurs, car un élément
indésirable peut être broyé et dispersé dans la masse de déchets, rendant ainsi difficile
les opérations de tri. L’absence de tri avant broyage peut également entraîner la
dispersion des métaux lourds dans le tas. Ce procédé n’est pas adapté au contexte
africain parce que d’une part, les déchets qui y sont produits sont très humides et
riches en sable, et d’autre part, les débouchés du compost sont quasi incertains. En
Afrique, les usines de compostage d’ordures ménagères souffrent des problèmes
d’exploitation et des problèmes techniques (inadéquation entre nature, composition
des déchets et, technique utilisée, politique de maintenance et d’entretien, etc.) et le
problème de mévente du compost.
Le choix entre le compostage décentralisé et le compostage centralisé dépend
essentiellement des moyens financiers disponibles, de l’importance des infrastructures

57
routières, de la disponibilité des sites de compostages, des utilisations réelles du
compost produit, du personnel technique disponible sur place et des équipements.
Chacune de ces variantes présente les avantages et des inconvénients suivants :

4.5.2.4. Les enjeux sanitaires du compost

L'accumulation des ordures ménagères dans les dépôts sauvages, comme c'est le
cas actuellement dans la plupart des villes de l'Afrique Centrale et de l'Ouest, constitue
un danger pour la santé des populations avoisinantes à cause des vecteurs d'infections
que les déchets peuvent développer. Par contre, le compostage lorsqu'il est bien
conduit, permet d’une part, la destruction des germes pathogènes (grâce à la chaleur et
les réactions antibiotiques) et d’autre part, la réduction du nombre de dépôts sauvages
des déchets, sites propices à la multiplication de mouches et de moustiques, vecteurs
du paludisme et d'autres maladies infectieuses.
La pratique du compostage a été inspirée par le souci d’améliorer les
rendements agricoles.
L’utilisation des ordures ménagères brutes en agriculture présente des
inconvénients du fait de la présence d’éléments inertes. Les plantes et les légumes
cultivés sur du compost « hygiénisé » ne posent pas de problèmes épidémiologiques et
peuvent en générale être consommés sans restriction.
Il en est de même des ouvriers agricoles qui utilisent le compost en agriculture
[CROOS & STRAUSS, 85]. Un problème hygiénique apparaît lorsque le compost
utilisé est produit de manière non professionnelle (matière organique triée directement
sur une décharge). Des expériences ont révélé que la destruction des germes
pathogènes est efficace si le compostage aérobie est bien organisé, c'est à dire si une
température de 70°C est maintenue pendant 30 mm dans l'ensemble du tas, ou 65°C
pendant plusieurs heures. Une phase thermophile (température élevée), à 65°C
pendant 7 jours, est recommandée pour le compostage en tas ouvert [BERTOLDI et al,
87].

4.5.2.5. Les enjeux agricoles du compost

Les sols africains, surtout en zone de savane et sahélienne, deviennent de plus


en pauvre par suite de leur surexploitation et par manque d'apport de matière
organique. L’apport de la matière organique sous forme d'humus améliore les
conditions physiques, chimiques et biologiques des sols [SEGURA, 84]. Il stabilise et
structure le sol tout en augmentant sa perméabilité. Il a un pouvoir tampon tout en
régulant et en stimulant la nutrition minérale des plantes ; ce qui conduit à
58
l’augmentation de l’activité biologique de celles-ci. Incorporé au sol, il réduit et annule
les effets désastreux de l’érosion hydrique et éolienne. Il exerce sur les sols une action
chimique permettant une meilleure utilisation des engrais chimiques. Le compost ne
sera toutefois rentable que si son coût de revient au niveau de l’utilisateur est
supportable. Pour cela, il faudra réduire le coût de transport, en produisant le compost
là où la demande est réelle (proche des maraîchages), où la main d’oeuvre est
disponible et bon marché, et enfin, là où il y aura possibilité d’acquérir à moindre coût
des additifs (tels la drêche des brasseries, la fiente de poule) qui permettent d’enrichir
le compost.
L'azote présent dans le compost sous forme organique et en faible quantité est
non lessivable. Il est lentement et progressivement minéralisé, ce qui lui vaut le
pouvoir d’être facilement assimilé par les plantes en croissance. L'incorporation du
compost urbain dans les champs a globalement des effets favorables sur les cultures.
L'application du compost à 30 ou 50 t/ha sur certaines cultures (maïs, Laitue, Folon,
Zoom3) généralement pratiquées en zone périurbaine au Cameroun a montré une
multiplication des rendements de récolte par 1,5, 2 ou 3 [NGNIKAM et al, 95]. Ainsi,
le compostage, en plus des effets sanitaires, peut permettre d’améliorer les rendements
agricoles en zone périurbaine, créant ainsi une plus value chez les maraîchers.
Cependant, le compost ne trouverait pas encore de débouché important et durable en
Afrique. [LPPS, 91].

4.5.2.6. Les enjeux environnementaux du compost

Les principales nuisances liées au compostage sont dues au non respect des
règles minimales en matière de compostage, à la pollution des eaux de surface ou
souterraines suite à l’infiltration des lixiviats provenant des tas de compost non
protégés et mal drainés. Mais une bonne maîtrise du processus de compostage (bonne
aération, protection contre les infiltrations des eaux de pluie, imperméabilisation du
fond de tas, etc.), peut permettre de limiter cette pollution.
En plus de la limitation de la pollution physique du milieu récepteur, un autre
bénéfice essentiel du compostage est la limitation des émissions des gaz à effet de
serre. Une étude menée récemment montre que le compostage et l'utilisation
rationnelle du compost en agriculture permettent d'éviter les émissions de gaz à effet
de serre de 7,8 tEC à l'horizon de 20 ans en zone forestière, 5,2 tEC en zone de savane
: ceci nécessite un investissement de 1 200 FCFA par tonne de carbone évité dans les
conditions de Yaoundé. Cet investissement semble être dérisoire comparativement aux
autres procédés utilisés pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre, comme

59
le boisement qui coûterait 35 000 FCFA par tonne de carbone évité, le développement
de l'hydroélectricité qui coûterait entre 50 000 et 100 000 FCFA par tonne de carbone
évité, etc. [CHARTIER, 85]. Ainsi, le compostage artisanal apparaît comme une
technologie adaptée pour limiter les émissions des gaz à effet de serre et à moindre
coût.

4.5.3. La récupération et le recyclage des déchets solides


municipaux

4.5.3.1. Définition

Une certaine confusion règne sur la définition des ces deux termes :

− le recyclage peut être défini comme étant l’utilisation des résidus et des déchets,
ainsi que l’introduction de matières déjà utilisées dans le cycle de consommation
et de production économique. Il s’agit également de la séparation d’un résidus ou
d’un groupe de résidus spécifiques de la masse totale des déchets solides
municipaux, et la transformation de ces déchets en produits utiles à la fabrication
d’autres produits, lesquels peuvent ou non ressembler au produits d’origine.
− la récupération des déchets est l’extraction de ces déchets de la matière ou de
l’énergie, en vue d’utilisation économiquement rentable.

Il en découle que le recyclage des déchets peut permettre d’économiser les


matières premières.
Cependant, le recyclage de certains déchets est très coûteux en ce qu’il
nécessite une quantité d’énergie considérablement élevée et des procédés de raffinage
sophistiqués. En outre, les produits dérivés des déchets n’offrent pas toujours une
qualité de finition satisfaisante.
La récupération des déchets est assez pratiquée en Afrique mais beaucoup plus
à petite échelle (secteur informel) à cause de la main d’oeuvre bon marché et de la
rareté des ressources financières.
C’est en cela qu’elle ne réduit que de très peu la quantité des déchets produits
sur l’ensemble de la localité. Elle se déroule au niveau du producteur lui-même, dans
les points de collecte, les lieux de regroupement ou dans les décharges. Les
récupérateurs (directs, intermédiaires) de déchets, utilisent du matériel artisanal pour
la collecte de leurs « produits » qu’ils revendent aux ménages, à des transformateurs,
des réutilisateurs ou des commerçants. Ces derniers peuvent soit directement les

60
réintroduire dans le circuit de consommation sans aucune forme de transformation, soit
par des techniques simples, fabriquer des objets utilitaires revendus sur le marché
local. La récupération et le recyclage intéressent les sous-produits suivants :

1. Le cas des vieux papiers/cartons : (journaux, déchets à base de papiers et de


cartons usagés ou non, imprimés ou non, provenant des industries, du commerce, de
l’administration, des bureaux, de l’artisanat et des ménages). La récupération des
vieux papiers est de plus en plus vulgarisée et permet d’économiser la cellulose. Cette
récupération permet d’en fabriquer d’autres papiers ou alors des objets utilitaires à
base de papier ; elle nécessite beaucoup d’eau pour le lavage, l’apport en produits
chimiques (soude caustique, peroxyde d’hydrogène, du savon ou de l’acide oléique) et
de l’air insufflé pour la séparation des impuretés (encre, colles, etc.). Ces impuretés
sont transférées dans une station d‘épuration prévue à cet effet. La pâte purifiée peut
également être séchée et stockée sous forme de ballots ou de feuilles. En Afrique, des
expériences de recyclage « artisanal » des vieux papiers et cartons existent. Les
principaux produits issus de ce recyclage sont les papiers recycler, les mannequins, les
alvéoles d’oeufs, etc.

2. Le recyclage des verres usagers : il nécessite des investissements importants, une


technicité élevée, une quantité importante d’énergie fossile (fuel lourd, gaz, électricité)
pour la cuisson et la fusion dans les fours. Le recyclage du verre est une activité
rentable pour les industries concernées et les pertes lors du recyclage sont faibles. La
qualité du nouveau produit issu du recyclage de verre est toujours conservée. En
Afrique seul la récupération des verres usagers est développée : les bouteilles de
boisson, les dames-jeannes, etc. sont réutilisés à d’autres fins (vente détaillée d’huile,
de pétrole, de sels, etc.).

3. Le cas des vieux métaux ferreux ou non ferreux : le recyclage des métaux est trop
coûteux et s’effectue de manière industrielle dans les pays du Nord. Il nécessite que les
déchets soient préalablement bien triés et propres. L’incinération des métaux entraîne
le plus souvent des émanations de gaz toxiques. En Afrique, le recyclage de
l’aluminium est très développé dans les grandes villes. Il permet de fabriquer des
ustensiles de cuisine (casseroles, marmites, plats, cuillères, etc.).

4. Le cas des plastiques : Les matières plastiques, parce que très diversifiées, ont des
applications multiples. Elles interviennent de plus en plus dans notre mode de vie et de
consommation. Leur récupération permet d’économiser la matière première. Les
matières les plus utilisées sont le polyéthylène, le polyvinyle de chlorure (PVC), le
polyamide et le polystyrène. Ceux-ci appartiennent à la catégorie des thermoplastiques

61
(films d’emballage, sacs en plastiques, pots de yaourt, bouteilles d’eau minérale ou
d’huiles, etc.). Le second groupe des matières plastiques est les thermodurcissables,
(résines phénoliques ou mélanines et polyesters non saturé dans les produits tels que
les interrupteurs, les couverts de table, les boîtiers de perceuses, les manches de
poêles, etc.). Le troisième groupe est constitué des élastomères qui se situent entre les
thermoplastiques et les thermodurcissables ayant une plasticité élevée : chargés, ils
s’étendent et déchargés, ils reprennent leurs formes initiales. On regroupe dans cette
classe, le caoutchouc naturel ou de synthèse, les polyuréthannes tels que la gomme, les
éponges, etc.

La fonte des thermoplastiques permet leur réutilisation plusieurs fois dans le


secteur des emballages et la fabrication d’autres produits tels que les cintres, les pots
de fleurs, les ustensiles de cuisine, les seaux, les gaines de protection des câbles, les
tubes et boîtiers électriques, les tuyaux d’irrigation, les sachets et films d’emballage,
les sacs poubelles, les mannequins et poupées, les jouets pour enfants, etc. La
principale difficulté rencontrée reste cependant la présence d’impuretés et de saletés
dans les déchets plastiques, du fait de l’absence de collecte sélective des déchets à
partir des ménages : on note ainsi un encrassement des déchets de plastiques par les
huiles, les graisses, les peintures, les produits détergents, les produits chimiques, la
matière organique, etc. Cette situation nécessite un nettoyage supplémentaire et donc
des coûts additifs non négligeables. Les coûts de collecte des matières plastiques sont
en outre trop élevés pour un volume de collecte important malheureusement avec un
poids relativement faible. Enfin, la diversité des matières plastiques rend également
difficile leur récupération directe et leur recyclage.

Outre la transformation des déchets de matières plastiques en granulés (encore


appelée refonte, bien adaptée aux polyéthylènes, polypropylènes et polystyrènes), il
existe deux procédés (chimiques) de recyclage des matières plastiques permettant de
les réintroduire dans le cycle des matières premières. Ce sont, la pyrolyse et
l’hydrolyse :

− La pyrolyse est adaptée au recyclage des matières plastiques fortement imprégnées


d’autres substances et parfois sales. Elle se fait dans un réacteur à combustible
fluidisé. Le procédé est simple et consiste dans un premier temps à séparer, en
l’absence de l’air dans le réacteur fermé et chauffé entre 400 et 800°C, les
plastiques en fonction de leur composition chimique initiale. Ce procédé s’achève
ensuite par le stockage de la nouvelle matière première (méthane, éthylène,

62
benzène et substances aromatiques liquides réutilisables dans les industries
chimiques) et l’énergie (sous forme de gaz, huile, houille).
− L’hydrolyse est adaptée pour le recyclage des polyuréthannes (mousse de
polyesters, matelas, revêtements, pièces de véhicules, etc.), des polyamides et des
polyesters (textiles, revêtement de sol, pièces techniques). Grâce à la vapeur d’eau,
une forte pression et une température élevée, les matières plastiques se
décomposent et produisent des matériaux de base de bonne qualité.

5. Le cas des batteries et piles usagées : Les solutions de recyclage des piles et des
batteries usagées sont très onéreuses. Les deux principales méthodes de recyclage
utilisé en Suisse son les procédés Récytec et Sumimoto [LPPS, 91] :
− le procédé « Récytec », est conçu pour tous les types de piles sèches. Il consiste à
briser les piles par pyrolyse (à 650°C), à récupérer et à retraiter toutes les matières
par lavage des restes de piles dans de l’eau bouillante, par sédimentation du
bioxyde de manganèse et par séparation par voie magnétique des restes
métalliques (extraction des éléments ferreux des non-ferreux). A la suite de ces
opérations, il est procédé à la dissolution de l’ensemble dans un bain de tétrafluore
et au tri sélectif de zinc, de cadmium, de cuivre et de nickel. Les déchets « ultimes
» sont mis en décharge ;
− le procédé « Sumimoto », avait été élaboré au Japon ; il accepte tous types de
piles mais n’offre pas un rendement acceptable si la pile ou la batterie a une teneur
accumulateur NiCd inférieure à 5%. Les déchets de piles passent dans un four
vertical à pyrolyse où est extraite une bonne quantité de mercure transformée en
mercure liquide ou métallique. Pendant cette phase, les éléments organiques sont
décomposés en combustibles liquides ou en résidus solides carbonifères et en
composés halogènes organiques. Le chauffage de ce mélange, à base de métal et
d’oxyde à une température élevée dans un four de fusion par induction, transforme
respectivement le bioxyde de manganèse et l’oxyde de fer en manganèse et en fer
réutilisables dans la production d’acier. Le zinc quitte le four de fusion sous forme
de gaz pour être par la suite condensé et transformé en barres. Les scories
(matériaux réfractaires) sont enfin mises en décharge ou peuvent être réutilisées
dans le secteur du génie civil.

6. Le cas des huiles usagées : Les huiles usagées (huiles de graissage usagées, des
émulsions d’huiles, des huiles de moteur et d’engrenage, des résidus venant des
conteneurs d’huiles et de carburants, etc.), sont des déchets spéciaux boueux
contenant des substances huileuses et graisseuses qui proviennent des secteurs de la

63
mécanique automobile, des industries électrotechniques et électromécaniques, etc. Les
huiles usagées sont rejetées dans le milieu naturel, principalement dans les caniveaux
de drainage sans traitement et posent ainsi d’énormes problèmes sur l’environnement
en polluant durablement la ressource en eau par infiltration dans le sol. Le recyclage
des huiles usagées peut être possible, à condition qu’elles ne soient pas mélangées à
d’autres impuretés : il est nécessaire que les huiles minérales (lubrifiants) et les huiles
organiques soient séparées au départ. L’incinération des huiles contenant des
impuretés telles que les polychlorures de biphényle (PCB) utilisés dans l’industrie des
machines-outils pour éliminer les copeaux des pièces d’usinage, libèrent de la dioxine
et requiert des procédés trop coûteux. Il existe deux procédés de récupération des
huiles usagées minérales, à savoir :
− le raffinage : il est envisageable pour des résidus « propres », exempts de PCB ;
le raffinage conduit à la fabrication de nouvelles huiles de base qui, après
traitement, permettent d’obtenir de nouveaux combustibles utilisables en
entreprise ;
− l’incinération : elle produit de la chaleur que l’on peut récupérer et réutiliser
comme combustible sur le lieu d’émission ou dans d’autres industries situées à
proximité. Cependant l’incinération des huiles minérales libère des gaz et des
substances très toxiques contenant du zinc, du plomb et autres composés
métalliques. Les huiles organiques, telles que les huiles de fritures ne peuvent être
récupérées que pour la fabrication de nourritures pour les animaux, des graisses et
des savons à usages techniques et domestiques.

7. Le cas des pneus usagés : L’accroissement rapide du parc automobile dans les
villes génère des vieux pneus encombrants. Ces derniers peuvent être recyclés par
plusieurs approches :
− par rechapage ou regommage ou encore recaoutchoutage, : à chaud, le rechapage
des pneus usagés consiste à revêtir d’une bande de roulement neuve après avoir
enlevé la bande de roulement usagée et apposé du caoutchouc brut que l’on
reprofile et chauffe à 150°C pendant 40mn. Le rechapage à froid consiste à
apposer sur la carcasse une bande de roulement reprofilée au départ puis à
introduire l’ensemble dans un four chauffé à 90°C. Les pneus rechapés coûtent
moins cher (25% du prix de revient) et permettent de réaliser des économies
d’énergie considérable (moins de 50% de carburant utilisé lors du rechapage qu’à
la fabrication de pneus neufs) ;[LPPS, 91].
− par incinération et récupération d’énergie : ce procédé est très utilisé dans les
cimenteries ou pour la production d’eau chaude ou de vapeur d’eau ; le PC d’une

64
tonne de pneus usagés équivaut à 850kg de fuel de chauffage. Cependant,
l’incinération des pneus usagés pose le problème de rejet d’importante quantité de
soufre, de zinc et de suies dont l’élimination est onéreuse.
− comme matériaux de construction : les vieux pneus sont utilisés dans les travaux
de génie civil pour le remblaiement des zones marécageuses, comme supports
d’ancrage (étayage) en assainissement des talus, pour le soutènement des pentes,
comme granulats en caoutchouc, et comme éléments de répartition des charges
dans la voirie en cas de sol de fondation peu résistant.

D’une manière générale, la récupération ne sera envisageable en Afrique que si


les déchets solides produits sont suffisamment « riches » en résidus à récupérer ; ce qui
n’est pas le plus souvent le cas. [ENDA, 90]. La participation du secteur informel dans
le circuit de récupération est remarquable en Afrique. Cependant cette participation
n’est pas encore suffisamment pris en compte dans les différents plans d’action des
municipalités, alors qu’elle pourrait avoir une influence notable sur l’économie des
investissements à effectuer dans la gestion globale des déchets solides municipaux.
Le recours à la récupération et au recyclage des ressources comme méthode de
traitement des déchets devra se justifier dans les cas de figure où l’analyse économique
de cette filière n’est économiquement rentable pour la municipalité, comparée à la
méthode conventionnelle (en l’occurrence la mise en décharge) de traitement que l’on
voulait substituer ou combinée.
L’évaluation des flux des matières recyclées demeure très complexe en Afrique
Subsaharienne. Elle nécessite en effet des enquêtes de longue durée, et plusieurs
études effectuées dans ce sens ne se sont intéressées jusqu’ici, qu’aux volets
domestiques de la récupération, au niveau des décharges municipales ou dans les
décharges sauvages. Les déchets provenant des secteurs industriels et administratifs
sont souvent oubliés.

4.5.4. L’incinération des déchets

L’incinération des déchets solides municipaux est une autre forme de


valorisation de ces derniers.
Cette méthode est trop coûteuse et contraignante.

65
4.5.4.1. Les conditions requises

L’incinération des déchets municipaux exige avant son adoption que certaines
conditions soient respectées. Parmi ces conditions, on peut citer entre autres :

− le PCI des déchets doit être approprié ;


− la possibilité de récupérer, de valoriser ou de réutiliser la chaleur issue des
incinérateurs ;
− l’existence de mesures d’intervention ou d’atténuation en cas de pannes dans les
installations ;
− la possibilité d’éliminer les résidus d’incinération (encore appelés scories) et de
traitement des eaux usées ;
− la nécessité de disposer d’équipements de dépoussiérage et d’épuration des
fumées ;
− l’exigence que les résidus d’incinération comportent au maximum 3% de
substances imbrûlées;
− l’exigence de collecter et de transformer les scories en produits réutilisables ou
traités en vue de leur stockage définitif dans une décharge contrôlée.

Le respect de ces conditions est nécessaire bien que les coûts y afférents soient
élevés.

4.5.4.2. Fonctionnement d’une usine d’incinération et bilan


des flux dans un incinérateur

Les principales étapes suivies par les déchets solides urbains dans une usine
d’incinération sont les suivantes :

− les déchets collectés sont acheminés dans l’usine par des camions qui sont pesés à
l’entrée sur un pont à bascule prévu à cet effet ;
− le contenu de chaque camion est vidangé dans des silos à déchets sous pression
pour empêcher les échappés de poussières ;
− les déchets sont ensuite mélangés et broyés ou déchiquetés puis, introduits
régulièrement dans une trémie du four pour brûlage entre 800 et 1000°C ;
− les scories sont enfin extraites dans des bassins remplis d’eau froide avant d’être
transportées dans des silos de stockage puis vers la décharge.

66
4.5.4.3. La récupération de chaleur produite dans un
incinérateur

La première fonction d’une usine d’incinération est de brûler les déchets et la


seconde est la récupération optimale de la chaleur qui y est produite. Dans une usine
d’incinération, on peut convertir la chaleur produite pour des besoins en électricité ou
de chauffage thermique. La conversion en énergie électrique se fait grâce à la vapeur
d’eau qui actionne une génératrice par le biais d’une turbine ; cependant le rendement
reste encore faible à nos jours. La conversion en vue du chauffage thermique se fait
par la transmission directe de chaleur sous forme de vapeur d’eau chaude ; les
rendements sont relativement élevés et varient entre 70 et 75%.
Le pouvoir calorifique (PC) varie essentiellement en fonction de la composition
et du taux d’humidité dans les déchets.

Tableau 4.7 : Ordres de grandeur de PCI de certaines matières en Suisse.

Matières Valeur du PCI (en kJ/kg) Matières Valeur du PCI (en kJ/kg)

déchets urbains 13.000 bois de chauffage 16.000

fuel de chauffage 38.000 fuel de chauffage 41.000


lourd léger

gaz naturel 65.000

4.5.4.4. Les contraintes majeures dans une usine


d’incinération

Dans une usine d’incinération, on est toujours confronté à plusieurs types de


contraintes dont les plus marquantes sont entre autres :

− les émissions dans l’atmosphère de substances polluantes très dangereuses


(anhydride sulfureux, acide chlorhydrique, fluorure d’hydrogène, plomb, zinc,
cadmium, mercure, etc.)
− les difficultés éprouvées pour épurer les fumées avant leur rejet dans le milieu
récepteur.

67
Tableau 4.8 : Teneur et charge annuelle en substances polluantes relevées dans les
différents résidus par les usines d’incinération en Suisse. [LPPS]. pp 229

Déchets Scories Cendres Boues


(électrofiltres) (épuration des
fumées)
Eléments
Teneur Charge Teneur Charge Teneur Charge Teneur Charge
par an par an par an par an
(en (en (en ppm) (en ppm)
ppm) (en ppm) (en (en (en
tonnes) tonnes) tonnes) tonnes)

Chlorure 8.000 20.000 2,80 1.680 55 2.200 5 30

Plomb 500 1.250 1,30 780 7,7 308 3 18

Cadmium 10 25 0,01 6 0,5 20 0,1 0,6

Mercure 4 10 0,0002 0,12 0,02 0,8 1 6

Zinc 1.500 3.750 2,8 1.680 26 1.040 8 48

Cuivre 400 1.000 1,6 960 1,5 60 0,3 1,8

Comme l’indiquent les données du tableau ci-dessus, plusieurs types de


substances très toxiques et dangereuses sont rejetées dans l’atmosphère en des teneurs
élevées. Les fumées des incinérateurs sont ainsi composées de plusieurs substances
toxiques ; on distingue entre autres :

− les poussières constituées de la suie et des composés métalliques dont


l’augmentation de la concentration peut entraîner la formation de nuages
toxiques ;
− les métaux lourds : ce sont le mercure, le cadmium, l’étain, le zinc, le plomb, le
cuivre, le chrome, etc. ; bien que certains de ces métaux lourds soient
indispensables à l’homme (cuivre, zinc, manganèse) lorsqu’ils se présentent en
quantités infimes, la plupart d’entre eux sont selon la forme et la quantité, toxiques
et présentent des conséquences néfastes sur le système nerveux, le foie et les reins.
Ils s’accumulent dans la chaîne trophique.
− le chlorure d’hydrogène (ou acide chlorhydrique) et autres composés chlorés
provenant de l’incinération des matières plastiques, des matériaux composite, sont
néfastes à l’homme et irritent les yeux ;
− le fluorure d’hydrogène, est un gaz incolore et toxique s’il est fortement
concentré ;

68
− l’anhydride sulfureux et l’oxyde d’azote (NOx) sont en quantité relativement peu
élevée.

En Afrique, l’incinération est généralement pratiquée à petite échelle au niveau


de la source de production des déchets où chez les « artisans récupérateurs ». Cette
forme d’incinération est cependant pratiquée de manière anarchiques surtout dans les
quartiers pauvres non desservis par le service de ramassage des déchets solides qui
sont malheureusement « impropres » à l’incinération à cause du taux d’humidité élevé
et de la prépondérance de la matière organique biodégradable ayant un très faible
pouvoir calorifique. Etant un procédé onéreux pour des municipalités pauvres,
l’incinération ne peux être prescrite dans les grandes villes africaines que si l’option de
la mise en décharge contrôlée est contraignante, sur le double plan économique et
environnement ; en particulier s’il est constaté le manque de terrain suffisant pour
accueillir les déchets produits sur une durée acceptable ou bien si le prix d’acquisition
de se terrain n’est pas économiquement rentable.

4.5.5. La biométhanisation

4.5.5.1. Généralités sur la biométhanisation

La biométhanisation est une autre méthode de traitement biologique des ordures


ménagères par dégradation de celles-ci en l’absence d’oxygène. Ce processus conduit
à la production de biogaz et d’amendement organique Comme le présente la figure ci-
dessous, la digestion méthanique s’effectue en quatre phases :
Remarque :
Les vitesses de réaction de chaque phase sont telles que
Vh<Vm1<Va<VA<Vm2

− la phase d’hydrolyse par laquelle les macromolécules organiques se trouvent


décomposées en produits simples ;
− la phase d’acidogénèse qui conduit à la formation d’acides gras volatiles (AGV) ;
dans ces deux premières phases, les molécules sont hydrolysées en monomères
aux côtés des autres molécules simples, et transformées principalement en acides
gras volatiles, en H2 et CO2.
− la phase d’acétogénèse qui transforme les AGV en acide acétique et les
intermédiaires métaboliques en acétate, en hydrogène et en gaz carbonique grâce à
l’action des bactéries méthanogènes qui métabolisent les acétates et l’hydrogène
avec le gaz carbonique. ;

69
− la phase méthanogénèse qui représente la phase ultime de production de méthane
à partir d’acide acétique, du gaz carbonique et de l’hydrogène produits aux étapes
précédentes. Elle est plus lente et peut conduire à l’accumulation d’acide acétique.

Matières organiques
particulaires (sous forme
de molécules complexes)

(vitesse Vh)
Matières Hydrolyse
organiques solubles
(molécules simples : peptides, acides
aminés, sucres, etc.)

(vitesse VA)
Acidogénèse
Acides gras volatiles (AGV)
Acétogénèse
(vitesse Va)

et alcool

Acétates CO2, H2
Homoacétogénèse
Vm1

Vm2

CH4 + CO2 CH4 + H2O


(70%) Méthanogénèse (30%)

Figure 4.4 : Etapes biochimiques de la digestion anaérobie. [HEDUIT, 93], [DE LA


FARGE, 95], (in [NGNIKAM, 00], pp. 52].

4.5.5.2. Principaux paramètres influençant le processus

Les paramètres suivants influencent le processus de méthanisation :

70
− la température : selon les préférences de la flore et de la faune anaérobies, on
distingue les bactéries psychrophiles dont la température optimale de croissance
varie entre 15 et 25°C, les mésophiles (entre 30 et 45°C) et les thermophiles (entre
55 et 65°C). La température optimale pour une bonne méthanisation est d’environ
35°C ;
− le pH optimale : pour la méthanisation, le pH se situe autour de 6,5 et 8 ; la chute
du pH est signe du dysfonctionnement caractérisé par la production d’AGV
supérieure à la consommation ; ce qui peut bloquer la production du gaz en
l’absence d’intervention rapide ;
− la charge organique : elle caractérise la composition de substrat : plus les
substrats sont très fermentescibles, plus il faut éviter les surcharges qui risquent de
déséquilibrer le processus et acidifier le milieu par suite de la production accrue
d’AGV ;
− le taux d’humidité : un taux d’humidité élevé dans les déchets entraînerait une
augmentation du taux de production de gaz. La production serait maximale pour
un taux d’humidité proche de la saturation, et elle serait inhibée pour des valeurs
inférieures à 10%. Le taux optimal est compris entre 60 et 70%. [HEDUIT, 93] ;
− les besoins nutritionnels : un rapport C/N voisin de 20 – 30 ou un rapport C/P
entre 100 et 150 serait optimum pour une bonne méthanisation. Trop de sulfate
réduirait les populations méthanogènes. [DE LA FARGE, 95].

4.5.5.3. Différents type de digesteurs

La méthanisation se déroule dans des réacteurs digesteurs qui peuvent être de


types continus, semi continus ou discontinus.

− 1- Le digesteur discontinu : il fonctionne selon le cycle suivant : charge _


fermentation jusqu’à épuisement du substrat _ opérations de déchargement. Il est
adapté aux produits tels que les fumiers et les ordures ménagères. Le processus est
lent, irrégulier et nécessite l’utilisation de trois réacteurs au minimum et des
batteries de cuve pour maintenir une production constante de gaz. En 40 jours, on
peut obtenir un rendement volumique moyen journalier de 1m3 de biogaz par m3
de réacteur. Un de ce prototype a été réalisé au Burkina Faso par la CIEH.
[HEDUIT, 93].
− 2- Le digesteur semi-continu : le modèle indien ou chinois est caractérisé par un
chargement de substrat en quantité et en qualité variables, une évacuation
fractionnée des digestats et la nécessité de les arrêter pour les nettoyer. Il est

71
adapté aux effluents liquides ou solides à faible teneur en composés
lignocellulosiques. Il peut, comme les précédents, être enterré. Le temps de séjour
est d’environ 100 jours. Il est simple de conception et de construction et peut être
réalisé avec des matériaux locaux (briques de terre, etc.). L’inconvénient réside
sur le stockage des boues qui réduit le volume du réacteur et le temps de séjour. Il
demande donc un curage régulier. Le rendement moyen journalier est d’environ
0,5m3 de biogaz par m3 de digesteur.
3- Le digesteur continu : il est le plus fréquent en Afrique de l’Ouest et utilise le
« procédé piston ». Il est simple et n’est pas muni de système d’agitation des substrats.
Il ne chauffe pas en général.

4.5.5.4. Quelques expériences de méthanisation en Afrique et


dans le monde

Les expériences de méthanisation en Afrique ont porté sur les résidus de récolte
et d’élevage en zone rurale, à l’échelle familiale ou communautaire, en appui pour la
lutte contre la désertification dans les pays du Sahel. Les principaux exemples en
Afrique sont localisés entre autres :

− au Bénin, l’expérience de production du biogaz a démarré en 1983 avec des


unités pilotes de type chinois dans le cadre du projet « Création et développement
d’unités de biogaz ». Celle du centre Songhaï à Porte Novo est un bel exemple à
suivre et à développer.
− au Burkina Faso où les premiers travaux de méthanisation datent de 1976, avec
le soutien du Comité Inter-Africain d’Etudes Hydrauliques (CIEH), de l’Institut de
recherche Agronomique Tropicale (IRAT) et le CIRAD sous financement du
Commissariat à l’Energie Solaire (COMES). Ce programme a rencontré les
difficultés d’ordre technique (surcharge de la cuve, fissuration et fuite de gaz au
niveau des digesteurs, insuffisance de la matière organique à proximité,
éloignement du point d’eau pour l’immersion de la matière organique, etc.) et
socioculturel (manque d’information et de motivation des usagers, insuffisance du
personnel d’animation et d’encadrement, etc.)
− au Cameroun, où le Centre National d’Etudes et d’Expérimentation du
Machinisme Agricole (CENEEMA) a installé depuis 1979 plus de 29 installations
de biogaz (de 1 à 10m3) en zone rurale pour mettre à disposition à partir des
ressources localement disponibles, de l’énergie issue du biogaz et de
l’amendement provenant du compostage des digestats. Malheureusement ce
programme sera arrêté en 1986, suite aux difficultés financières.

72
− au Mali où le programme biogaz avait été lancé en 1984 suite à l’Atelier
Technologique de SiraKéfé. Jusqu’en 1995, 70 digesteurs (de types chinois) ont
été réalisés avec la formation de 200 stagiaires ruraux dont 12 spécialistes
villageois. L’objectif était de satisfaire aux besoins d’éclairage et de cuisson à
travers de petites unités familiales ou communautaires au niveau des villages.
Malheureusement ces unités n’ont pas fonctionné longtemps du fait de l’absence
d’entretien du système, de l’insuffisance de la sensibilisation, de l’animation et de
l’information des usagers, et de l’insuffisance d’organisation communautaire dans
les villages et de motivation des spécialistes villageois chargés de la maintenance
des systèmes.
− au Niger, le programme biogaz a démarré en 1980 avec l’installation du centre
pilote de Lossa constitué de trois digesteurs de 5m3 et de deux gazomètres.
D’autres unités de 5 à 60m3 sont prévues dans certains villages.
− au Tchad, un centre pilote a été expérimenté avec succès par la Faculté des
Sciences de L’Université de N’Djamena, pour traiter les déchets d’abattoirs et des
marchés de la ville [BINTOU, 95]
− au Togo, trois unités ont vu le jour à Avelon (50m3) Mango (10m3) depuis 1979
lors du début des recherches sur le biogaz entreprises par l’Université du Togo
(Ecole d’Agronomie). Il est prévu de construire 25 unités de 10m3 dans le pays.

Les expériences de méthanisation sont réalisées en Afrique dans le cadre des


financements par des bailleurs de fonds internationaux, et ne survivent pas pour la
plupart après l’arrêt des subventions.
La non-implication des usagers dans le processus de choix technologique
n’encourage pas l’appropriation de la gestion de l’installation par les bénéficiaires.
Une des causes des échecs constatés est d’une part, l’insuffisance des études de
faisabilité socio-économique, culturelle et technique avant le choix et la mise en place
du système et d’autre part le mauvais dimensionnement des installations (choix
arbitraire des volumes des digesteurs sans connaissance de la quantité de substrats
disponibles et des besoins énergétiques réels de la communauté bénéficiaire).

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