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ELG4576 Systèmes de télécommunication

Semaine 8

8. Bilan de liaison

Le bilan de liaison (link budget) est un calcul qu’on doit faire afin de s’assurer que la puissance du signal
reçu est supérieure à une valeur critique pour que la qualité de service quant à la performance en termes
d’erreur quadratique ou en probabilité d’erreur rencontre les spécifications.

8.1. Antenne de transmission

Supposons que nous avons une antenne qui transmet avec une puissance de transmission de PT Watts. La
fonction qui décrit comment la puissance de transmission est concentrée en direction est le diagramme
de rayonnement de l’antenne (antenna radiation pattern). Une antenne où la densité de puissance
rayonnée est égale dans toutes les directions (en trois dimensions) est appelée une antenne isotrope
(isotropic antenna).

Pour une antenne isotrope, la puissance électromagnétique surfacique (power flux density) à une
distance r mètres de l’antenne est :
PT
(f )  W/m2 (8.1)
4r 2
Où 4r2 est l’aire de surface d’une sphère de diamètre r mètres.

Normalement une antenne est directionnelle. C’est-à-dire que l’antenne est construite pour qu’elle puisse
rayonner la puissance vers une direction spécifique. Des antennes paraboliques, qu’on utilise pour les
communications satellites, utilise des réflecteurs afin de rayonner le champ électromagnétique vers une
direction spécifique. Dans ce cas, la puissance est concentrée dans cette direction et donc la puissance
électromagnétique surfacique est aussi plus élevée dans cette direction mais moins élevée dans autres
directions. Les diagrammes de rayonnement d’une antenne isotrope ainsi qu’une antenne directionnel
orientée vers 90o sont démontrés à la Fig. 8.1. Ici, GT est le gain de l’antenne directionnelle et B est la
largeur angulaire du faisceau de l’antenne directionnelle. Le gain d’une antenne isotrope est GT = 1 ou
0dB. Pour une antenne directionnelle, si GT augmente, B diminue.

90o

180o 0o

270o

Figure 8.1 : Diagrammes de rayonnement d’une antenne isotrope et une antenne directionnelle.
Le gain d’une antenne directionnelle est une fonction du rapport de la puissance électromagnétique
surfacique dans la direction de transmission comparativement à celle d’une antenne isotrope pour la
même puissance de transmission PT. Donc pour une antenne directionnelle G() est :
 ( , r )
G   D (8.1)
 I (r )
Où D(,r) est la puissance électromagnétique surfacique dans la direction  et á une distance r de
l’antenne directionnelle et I(r) est la puissance électromagnétique surfacique à une distance r de
l’antenne isotrope (elle ne dépend pas de la direction). L’expression G() ne dépendra pas de r car la
perte du à la distance entre le transmetteur et récepteur dépend uniquement de la distance. GT est la valeur
maximum de (8.1) et l’angle de  qui produit GT est la direction de transmission de l’antenne.

Pour qu’une antenne isotrope achève la même puissance électromagnétique dans la direction de
transmission que l’antenne directionnelle, il faut que la puissance de transmission de l’antenne isotrope
soit PTGT. Donc, on dit que pour une antenne directionnelle, sa puissance isotrope rayonnée équivalente
(Effective Isotropically Radiated Power – EIRP) est :
EIRP  PT GT (8.2)

Pour une antenne parabolique, le gain dans la direction de transmission est donné par :
2
 D 
GT     (8.3)
  
où  est l’efficacité de l’antenne à convertir un courant électrique en champ électromagnétique (ou vis-
versa dans le cas d’une antenne de réception), D est sa diamètre et  est la longueur d’onde du signal
qu’on transmet. Typiquement on utilise la fréquence porteuse afin de calculer la longueur d’onde. La
longueur d’onde  = c/f où c = 3×108 m/s.

La puissance électromagnétique surfacique, dans la direction optimale et à une distance r metres de


l’antenne de transmission est donc
PT GT
 r  
EIRP
 W/m2 (8.4)
4r 2
4r 2

Exercice 8.1

Trouvez (r) pour


(a) PT = 2W, antenne isotrope et r = 2 km
(b) PT = 5W, fc = 20MHz, D = 3m,  = 30% et r = 400 km
(c) PT = 1kW, GT = 35dB et r = 5000 km.

8.2. Pertes de transmission

PT est la puissance du signal à l’entrée du canal. PR est la puissance reçue à l’entrée du récepteur et donc
la puissance du signal à la sortie du canal. Cette différence de puissance est due aux pertes de
transmission. Certains pertes sont fonction de distance, certaines constantes et d’autres sont variables.
Les pertes dues à la distance sont dues à la dispersion du signal (pertes en espace libre). Les pertes
constantes sont les pertes des guides d’ondes du récepteur et les pertes variables viennent de l’effet
d’ombrage et la pluie ainsi que le dépointage des antennes. Ces pertes doivent être estimées des données
historiques.

8.2.1. Pertes en espace libre

Si l’antenne de réception est 100% efficace, la puissance reçue sera la puissance électromagnétique fois
l’aire de surface ou l’ouverture de l’antenne en m2. Étant donné qu’une antenne n’est pas 100% efficace,
son ouverture effective est plus petite que son ouverture physique. L’ouverture physique d’une antenne
parabolique est :
D 2 2
A m (8.5)
4
et le gain de l’antenne de réception est GR qui est également donné par (8.3). Donc
 2  2
A  GR  
 4  m (8.6)
 

Et l’ouverture effective, Aeff, est l’ouverture d’une antenne qui est 100% efficace, donc
 2  2
Aeff  G R  
 4  m (8.7)
 
La puissance du signal reçu est donc PR = (r)Aeff qui est donnée par :
P G G  2 EIRP  G R
PR  T T 2 R  (8.8)
4r 4 4r /  2

où (4r/)2 est la perte en espace libre (free space path loss) qui est due à la dispersion du signal de
transmission.
2
 4rf 
2
 4r 
FSPL      (8.9)
    c 
Typiquement nous exprimons ces pertes en dB, les puissances en dBW ou dBm (pour mW), les distances
en dB-km et les fréquences en dB-MHz. Si nous exprimons c en km/sec (0.3km/sec), équation (8.9)
devient :
FPSL (en dB)  32.4  20 log10 (r en km)  20 log10 ( f en MHz) (8.10)

Dans l’absence des autres pertes, la puissance recue en dBW est donc :

PR (en dBW)  EIRP (en dBW)  GR (en dB)  FPSL (en dB) (8.11)

Exercice 8.2

Trouvez la puissance reçue si EIRP est 20dBW pour les cas suivants :

(a) Antenne de réception avec diamètre 10m, une efficacité de 40%. Signal de
transmission sur une porteuse de 4 GHz et une distance de l’antenne de
transmission de 25 km.
(b) GR = 25 dB, fc = 200 MHz et r = 600 m
(c) GR = 9 dB, fc = 2 GHz et r = 25,000 km.
8.2.2. Pertes de dépointage des antennes

Les antennes de transmission et de réception sont orientées pour essayer de maximiser la puissance reçue.
Cependant, dans le cas de la radiodiffusion, l’antenne de transmission ne peut pas être orientée dans la
direction optimale pour tous les récepteurs. Aussi, il se peut que l’antenne de réception ne soit pas
parfaitement orientée vers le transmetteur. Donc les gains effectifs des antennes de transmission et
réception seront inférieurs à GT et GR et la perte de dépointage des antennes est une fonction des largeurs
de rayonnement des antennes de transmission et de réception. La perte due au dépointage des antennes
est démontrée à la figure 8.2.

Fig. 8.2 : Dépointage des antennes.

Dans la Figure 8.2 on voit qu’il y a deux sources de perte due au dépointage, l’antenne de transmission et
l’antenne de réception. Dans les systèmes de radiodiffusion, c’est impossible d’orientée l’antenne du
transmetteur vers chaque récepteur, donc une erreur de dépointage existe mais normalement, si le
transmetteur est fixe, on peut orienter l’antenne de réception dans la bonne direction avec une perte
négligeable. Pour les systèmes de communication satellites géostationnaire, l’erreur de dépointage est
dans l’ordre d’une fraction d’un décibel.

8.2.3. Effet de précipitation

La précipitation cause une perte due à la diffusion et l’absorption. L’atténuation due à la pluie augmente
avec le taux de la précipitation (en mm/hr), et la fréquence du signal. Pour une fréquence d’intérêt, on
mesure la perte due à la précipitation et on détermine la pourcentage du temps où la perte est supérieure à
une certaine valeur. On inclut cette perte dans notre bilan de liaison comme une marge pour s’assurer que
la puissance du signal reçu est supérieure à une valeur critique pour un certain pourcentage du temps.

(table d’atténuation de pluie pour Ontario pour la bande Ku – 12-18 GHz).


8.2.4. Bilan de liaison incluant les autres pertes

Les pertes actuelles et les marges qu’on inclut dans le bilan de liaison pour les pertes variables sont
incluses dans les pertes totales. Les pertes totales en dB sont données par :
Pertes (en dB)  FPSL (en dB)  RFLen dB  APLen dB  PM en dB (8.12)

Et donc la puissance reçue est :


PR en dBW  EIRP en dBW  GR en dB  Pertes en dB (8.13)

Exercice 8.3

Nous voulons concevoir un système de communication où le transmetteur transmet


avec une puissance de 30W avec une antenne directionnelle avec gain 15dB. La
fréquence porteuse de la transmission est fc = 850MHz et la distance entre le
transmetteur et le récepteur est 2000 km. La perte de dépointage d’antenne est
1.25dB et on attend une perte due à la précipitation de 4dB. Il n’y a pas d’autres
pertes que la perte en espace libre. Trouvez le gain de l’antenne de réception qu’il
nous faut si on veut que la puissance au récepteur soit supérieure à 100 W.

8.3 Rapport signal à bruit du signal reçu

Le rapport signal à bruit (S/N) est le rapport entre le puissance reçue (équation 8.13) à la puissance du
bruit filtré. Donc (S/N) = (PR/PN) où
PN  kT S Bneq (8.14)
Donc en dB, (S/N) est donné par :
S
 en dB  EIRP en dBW  G R en dB  Pertes en dB  10 log10 k  10 log10 TS  10 log10 Bneq (8.15)
N
où Ts est la température effective du récepteur (typiquement après le guide d’ondes entre l’antenne et
l’amplificateur à faible bruit). Souvent, on exprime le rapport (GR/Ts) comme le facteur (G/T) du
récepteur. Normalement c’est exprimé en dBK-1 (donc (G/T) = 10log10(GR/Ts)). Équation (8.15) devient :
S G
 
 en dB  EIRP en dBW    en dBK  Pertes en dB  228  Bneq en dBHz
-1
(8.16)
N T 

Exercice 8.4
Trouvez (S/N) en dB si (G/T) = 22dBK-1, fc = 625MHz, r=32,000 km, Bneq = 300
kHz, APL = 0.6dB, RM = 3dB et RFL = 0.6dB. Trouvez Ts en Kelvin si GR = 6dB.
Trouvez (G/T) à nouveau si fc devient 1 GHz. Quels sont les autres paramètres
affectés par un changement de fréquence porteuse?

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