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02/2021
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Voici une précieuse synthèse de l’actualité internationale de février 2021 qui sera fort
utile à tous ceux qui veulent disposer d’un point de l’actualité géopolitique, suivent la
spécialité #HGGSP voire préparent un concours dans des conditions délicates. Pour
ne rien manquer, et recevoir nos alertes sur des documents importants, le plus simple
est de s’abonner gratuitement à notre Lettre d’information hebdomadaire ou au
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Au Kosovo, les élections législatives de février 2021 ont sanctionné le gouvernement sortant
pour sa mauvaise gestion de la pandémie. Elles ont été remportées largement par Albin Kurti
dont le discours assez anti-occidental prend à revers une Union européenne qui subventionne
pourtant partiellement ce pays.
Un déclassement relatif
Comment expliquer que la France, pays de Pasteur, n’ait pas de vaccin homologué en février
2021 comme peuvent l’être ceux d’Astra Zeneca, Pfizer, Moderna ? Elle est la seule puissance
membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU à être dans ce cas. Il faut peut-être y voir
une recherche qui pâtit de manière récurrente d’un sous-investissement (avec 2, 2% du PIB)
alors que les autres pays consentent un effort plus important (2, 8% aux États-Unis).
Si l‘année 2020 est une bonne année pour l’économie chinoise, il n’en est pas de même pour
les économies occidentales fortement pénalisées par le « grand confinement » comme le
montre le FMI. Ainsi, l’économie française accuse une récession de 8,3%, sa consommation
intérieure se rétracte de 7%, la production industrielle de 11%, ses exportations de 18%. Un
repli plus sévère que dans lors de la crise née des subprimes (2007-2008). La situation est pire
encore dans l’Europe méditerranéenne, mais moins préoccupante en Allemagne. L’Union
européenne affiche globalement une contraction de son PIB de 6,4% pour 2020, mais 6,8%
pour la zone euro. Les États-Unis, qui ne sont pas épargnés par la crise sanitaire sont affectés
par une récession de 3,5% pour 2020. L’Union européenne témoigne donc d’une moindre
résilience, y compris vis-à-vis du Japon dont la récession est évaluée à 5,1%. Le FMI prévoit,
par ailleurs, un rebond en 2021 moins robuste pour l’UE que pour les autres pôles. Le
déclassement européen est une menace devenue réalité. Elle le doit en partie au
vieillissement de sa population qui pèse en retour sur le dynamisme de son économie, sa
capacité à innover et à relever les défis technologiques – après les technologies de
l’information et de la communication (TIC), la 5G et l’intelligence artificielle (IA) – comme son
appréciation des enjeux géopolitiques mondiaux. Il ne suffit pas de découvrir – tardivement – le
discours de l’autonomie stratégique, pour que le Verbe transforme des fondamentaux de la
puissance faibles (démographie, économie, stratégie) en points d’appui. Trop peu, trop tard ? A
suivre.
Les États-Unis de Joe Biden dans les pas de celle de Donald Trump ?
Joe Biden affiche en février 2021 une préférence pour le multilatéralisme – alors que Donald
Trump préférait l’unilatéralisme – et insiste sur la nécessité d’une alliance des démocraties qui
doit amener à repenser les liens transatlantiques, et notamment l’OTAN dont Emmanuel
Macron avait diagnostiqué la « mort cérébrale ». Joe Biden annonce qu’il ne retirera pas les
soldats américains - environ 11 000 - du sol allemand.
L’attitude de Washington restera sur le fond la même vis-à-vis de Pékin. Ces deux géants
économiques sont dans ce que Joe Biden qualifie de « compétition extrême », car ce qui se joue
n’est rien moins que le leadership mondial. Le président américain a fait connaitre en février
2021 ses « profondes inquiétudes » au sujet des multiples atteintes aux droits de l’homme, en
particulier à Hong Kong.
Les États-Unis ré ouvrent en février 2021 la porte à de possibles négociations sur le dossier du
nucléaire iranien. En revanche, après plusieurs attaques contre des intérêts américains en Irak
(notamment sur la base d’Erbil où sont stationnés des soldats américains), les États-Unis
mènent des frappes aériennes en Syrie contre des infrastructures utilisées par des forces
soutenues par Téhéran. Washington laisse connaitre un rapport de la CIA impliquant le prince
héritier saoudien dans le meurtre de Jamal Khashoggi en Turquie en 2018. Si quelqu’un avait
encore un doute, le voici levé.
Le temps de la contestation populaire
Aung San Suu Kyi a été renversée en février 2021 par un coup d’État militaire qui est
condamné par la communauté internationale. Elle est en résidence surveillée. L’armée
birmane a pris un pouvoir qu’elle n’a jamais complètement quitté. Les élections législatives de
la fin 2020 ont été un désaveu pour l‘armée, qui a tenté des recours qui n’ont pas aboutis.
C’est dans ce contexte que les militaires ont repris le pouvoir et décrété l’état d’urgence. Tous
les pouvoirs sont désormais dans les mains de Min Aung Hlaing. Il est peu probable que des
sanctions économiques internationales soient efficaces car ce coup d’État n’empêche pas la
Chine, l’Inde, la Corée du Sud et d’autres pays asiatiques de continuer à faire des affaires avec
la Birmanie. Les nombreuses manifestations montrent que ce putsch n’est pas populaire en
Birmanie. La forte mobilisation de la société civile est une première dans ce pays. L’armée
peine à endiguer la contestation et utilise la force. Plusieurs morts sont déjà à déplorer.
L’Algérie renoue en février 2021 avec les manifestations. C’est le deuxième anniversaire de
l’Hirak, ce mouvement populaire à l’origine du départ du pouvoir de Bouteflika à la tête du
pays depuis 1999. Les manifestations s’étaient taries dans le contexte de la crise sanitaire.
Elles reprennent sous une haute surveillance policière.
En Russie, la contestation de Vladimir Poutine, au pouvoir depuis 1999, enfle courant février
2021. L’arrestation d’Alexei Navalny à son retour en Russie, puis sa condamnation à deux ans
et demi de prison servent de catalyseur. Ainsi, plus de dix mille personnes ont été arrêtées.
L’empoisonnement dont il a été victime en 2020 ne lui donne pourtant pas un brevet de
respectabilité. L’Union européenne condamne l’attitude du pouvoir russe vis-à-vis de
l’opposant, une des questions est de savoir si cela ira jusqu’à compromettre le gazoduc North
Stream II qui devrait alimenter l’Europe en gaz russe.
Alors que certains membres de la zone euro – et nombre d’Européens – espèrent que la Banque
centrale européenne (BCE) passera l’éponge sur toute une partie des dettes contractées,
Christine Lagarde s‘y est opposée fortement. La présidente de la BCE a déclaré « l’annulation
de la dette d’État détenue par la Banque centrale européenne est inenvisageable. Ce serait une
violation du traité européen qui interdit strictement le financement monétaire des États. Cette
règle constitue l’un des piliers fondamentaux de l’euro ». Cette fin de non-recevoir a douché
les espoirs de pays européens dont l’endettement a très fortement augmenté dans le contexte
de la crise sanitaire. Ainsi, la BCE détient environ 3 000 milliards d’euros d’obligations
souveraines. Cette nouvelle accompagne l’annonce que les fonds européens prévus pour faire
face à une crise économique que l’on pressent comme la plus grave depuis le début du XXIème
siècle ne seront pas débloqués aussi rapidement que prévu. Si 2021 devrait être une année de
reprise de la croissance économique, les pays de l’Union mettront des années à se relever du «
grand confinement » de 2020, et de la très forte décélération de l’activité.
Le revers essuyé par la diplomatie à Moscou est glaçant. A la tête de la diplomatie européenne,
Josep Borrel, s’est rendu en Russie courant février 2021 notamment dans le cadre de la
condamnation d’Alexeï Navalny. Bruxelles voulait rappeler à l’ordre Moscou en matière de
respect de l’État de droit et des droits de l’homme. Vladimir Poutine a répliqué, en pleine visite
diplomatique, en expulsant trois diplomates européens accusés d’être présents lors d’une
manifestations pro-Navalny. Josep Borrell a néanmoins poursuivi sa visite car « les canaux
diplomatiques doivent rester ouverts » a-t-il affirmé. Ce camouflet illustre la faible audience de
la diplomatie européenne, et démontre aussi l’impuissance européenne à faire triompher ses
valeurs, y compris dans son environnement proche. Les mesures de rétorsions envisagées ne
sont en rien des solutions. Stopper les travaux du gazoduc North Stream II n’empêchera en
rien Moscou de vendre son gaz à d’autres partenaires mais privera l’UE fortement dépendante
sur le plan énergétique d’un gaz qu’elle ne produit pas. L’Allemagne, la Pologne et la Suède,
dont des diplomates ont été expulsés de Russie, ont en retour expulsé des diplomates russes.
Alors que l’Union européenne déplore plus de 500 000 décès du coronavirus, Ursula von der
Leyen, présidente de la Commission exprime ses regrets à propos de l’incapacité européenne
de mettre rapidement à disposition suffisamment de vaccins pour en proposer à plus des deux
tiers de la population. Cela aurait pu être l’occasion pour l’Union de montrer sa capacité à
décider et agir dans cette situation critique et de renforcer ainsi sa légitimité aux yeux des
citoyens européens. Une occasion manquée. Thierry Breton, commissaire à l’industrie, promet
d’augmenter les capacités européennes en matière de production de vaccin.
Embourbements
Au Sahel, l’opération Barkhane a pris le relai en 2014 de l’opération Serval qui à la demande
de Bamako, a empêché les djihadistes de prendre la capitale. Huit années marquées par des
réussites à mettre au crédit de l’armée française. Paris a cherché à susciter un relai régional
dans la lutte contre le djihadisme avec la formation du G5 Sahel auquel participent la
Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad. Courant février 2021, force est de
constater que la guerre contre le djihadisme n’est pas en passe d’y être gagnée, que les forces
du G5 Sahel ne sont pas efficaces, qu’une certaine lassitude s’installe dans l’opinion publique
française et qu’un sentiment anti-français progresse au Mali. À l’évidence, la solution au
problème du djihadisme ne peut être que politique, l’opération Barkhane ne pouvant que
contribuer à créer des conditions favorables. A Paris, on réfléchit à une évolution du dispositif
tout en ayant conscience qu’un retrait est impossible. En effet, 57 militaires ont déjà perdu la
vie et cette opération a un coût que la France ne peut plus forcément se permettre d’assumer.
Après six années d’une terrible guerre, aucune issue n’est entrevue au Yémen. Le prince
héritier saoudien, Mohammed ben Salman (MBS) est à l’origine de ce conflit qu’il imaginait
comme une guerre éclair devant asseoir son autorité et sa légitimité en Arabie saoudite comme
sur la scène internationale. Il n’en est rien, cette aventure à laquelle participent aussi les
Émirats arabes unis est un fiasco militaire et un des pires désastres humanitaires de ce siècle
pour la population yéménite. Une épidémie de choléra a fait nombre de victimes et aujourd’hui
des centaines de milliers d’enfants sont menacés par la famine. Le pouvoir, soutenu par Riyad,
a perdu le contrôle de la province occidentale de Sanaa au profit des rebelles houthis soutenus
par Téhéran. Ces derniers viennent de prendre Marib, une ville un peu à l’Est de Sanaa.
L’administration américaine de Joe Biden fait savoir courant février 2021 que le prince héritier
MBS n’est plus l’interlocuteur privilégié de Washington.
Le Nord du Nigéria est de nouveau le théâtre en février 2021 d’un enlèvement de plusieurs
centaines de jeunes filles. Le pouvoir est impuissant à endiguer une criminalité structurelle
dans le pays, alimentée par les réseaux djihadistes.
L’Union européenne a donné l’autorisation de la vente des vaccins de Pfizer, Astra Zeneca et
Moderna. Le vaccin russe est déjà utilisé dans certains pays d’Amérique latine, d’Afrique et du
Moyen-Orient, en plus de la Russie. Les vaccins chinois connaissent une large diffusion, en
particulier en Asie. La Chine et la Russie resserrent les liens avec leurs alliés et partenaires
commerciaux, le Maroc achète d’abord des vaccins chinois, l’Algérie a d’abord acheté des
vaccins russes, puis chinois… En Europe, la Serbie a fait le choix des vaccins chinois, la
Hongrie du Spoutnik V. L’influence de ces pays se mesure au choix des vaccins… C’est aussi
une rivalité pour améliorer l’image de ces nations, les vaccins sont aujourd’hui au cœur d’un
nouveau « soft power » comme l’entend Joseph Nye.
Valneva, une biotech franco-autrichienne, a été repérée par Londres pour son vaccin contre le
coronavirus. Elle doit encore procéder à des tests, mais le contexte de la vaccination de masse
au Royaume-Uni ralentit la confirmation ou l’infirmation de l’efficacité de son vaccin.
La Chine fournit courant février 2021 ses vaccins contre le coronavirus à de nombreux pays
dans le monde. L’influence de la Chine au cœur de l’UE est sensible, et dénoncée il y a déjà
plusieurs années, par Angela Merkel. Pékin organise depuis 2012 des sommets annuels 16+1
devenu 17+1 depuis que la Grèce les a rejoints en 2019. Ils réunissent les pays d’Europe
centrale, orientale et balkanique, des pays pourtant atlantistes, mais dans lesquels les
investissements chinois sont nombreux.
Mission to Mars
La sonde chinoise envoyée vers Mars est arrivée dans le même temps que celle des Émirats
arabes unis et des Américains. En mettant sur orbite autour de Mars la sonde Hope, les EAU
sont la première puissance spatiale arabe à réussir une telle action.
Bonnes nouvelles
Le Traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) sous l’égide de l’ONU est ratifié par 51
pays à la fin du mois de janvier 2021. Le 3 février 2021, États-Unis et Russie (près de neuf
dixièmes des ogives nucléaires du monde) ont renouvelé leur accord pour réduire leurs
arsenaux nucléaires respectifs. Cette politique de désarmement n’est pourtant pas globale,
comme le prouvent les programmes nord-coréen et iranien.
Une accalmie sur le toit du monde ! Après une désescalade des tensions sino-indienne le
Pakistan et l’Inde annoncent courant février 2021 privilégier la voie diplomatique concernant
le Cachemire. Cette région disputée depuis l’indépendance (1947) est à l’origine de plusieurs
guerres entre ces deux pays. Après un regain de tension depuis dix-huit mois, un cessez-le-feu
vient d’être négocié. Une bonne nouvelle… à suivre.
Loujain al-Hathloul, militante saoudienne des droits de l’homme est libérée en février 2021,
après une détention de trois ans. Les pressions de Washington n’y sont peut-être pas
étrangères.
Le Canadien Telsat a choisi Thales Alenia Space pour constituer une constellation de près de
trois cents satellites en vue d’améliorer le trafic Internet.
Extraits du catalogue des livres géopolitiques publiés par Diploweb pour la réussite aux
concours.
. Axelle Degans, "La synthèse de l’actualité internationale 2020. Réussite aux concours 2021 !",
éd. Diploweb via Amazon
. Florent Parmentier, Pierre Verluise (sous la dir.), "Géopolitique de l’Europe trois décennies
après l’ouverture du Rideau de fer", éd. Diploweb via Amazon
. Axelle Degans, "La synthèse de l’actualité internationale 2019. Réussite aux concours 2020 !",
éd. Diploweb via Amazon
. Pierre Verluise (dir.), "Géopolitique du monde de Trump. La stratégie du chaos ?" éd.
Diploweb via Amazon
. P. Verluise (dir.), "Histoire, Géographie et Géopolitique de l’Asie. Les dessous des cartes,
enjeux et rapports de force".
. G-F Dumont, P. Verluise, "The Geopolitics of Europe : From the Atlantic to the Urals"
P.-S.