Vous êtes sur la page 1sur 5

INTRODUCTION

La relation entre la « croissance économique » et le « développement » donne lieu à de multiples


interprétations. Lorsqu’elle est forte, on entretient l’illusion qu’elle peut résoudre les problèmes et
que plus forte elle est, mieux le corps social se portera. Lorsqu’elle est faible, le manque apparaît et
se révèle d’autant plus douloureux qu’aucune alternative n’a été prévue (M.HAMDANE, 2012).
L’amélioration du niveau de vie de la population et la garantie du bien-être social sont des objectifs
prioritaires des pouvoirs publics. Le bien-être des individus dépend de la satisfaction de leurs besoins
fondamentaux (alimentation, logement, santé, éducation, culture, participation à la vie de la
communauté), mais aussi l’égalité des chances, de travail ou activité enrichissante, de ressources
naturelles et d’un cadre de vie protégé. Quelles que soient les politiques suivies, ses objectifs ne
peuvent être atteints sans une croissance économique soutenue et durable (M. C. ROUFAÏ). La
croissance économique est un indicateur qui permet d’évaluer la capacité d’un pays à améliorer le
niveau de vie de sa population. Le niveau de vie dans un pays dépend de l’aptitude de produire des
biens et services. La croissance économique est, par conséquent, synonyme de production de biens
et services, de création d’emplois et de richesses, elle assure la prospérité économique, sociale et
humaine. Depuis longtemps, comme aujourd’hui, la croissance économique occupe une place
centrale dans les stratégies de développement de tous les pays. Elle est, en effet, l’élément
indispensable au développement d’où l’intérêt accordé par les économistes à ce sujet. La
problématique de la croissance économique est un sujet fondamental dès la naissance de la science
économique, avec le père fondateur (A. SMITH, 1776) dans son ouvrage intitulé « recherche sur la
nature et la cause de richesse des nations ». Ensuite, d’autres économistes comme (R. SOLOW,
1956), (P. ROMER, 1986), (R. LUCAS. 1988) ont approfondi l’étude de la croissance. Cependant,
«même si la croissance demeure le préalable à tout effort de développement dans la mesure où
toute amélioration du niveau de vie ou du bien-être social passe nécessairement par l’augmentation
des quantités produites et l'accroissement correspondant des revenus, il s'avère important de
préciser que le développement est bien plus que la croissance» (J. R. Legouté, 2001).
D’après les arguments favorables à cette affirmation, il apparaît que croissance et développement
sont étroitement liés .En général, les faits confirment que les résultats obtenus sur le front du
développement dépendent du scénario de la croissance économique et de son rythme (OCDE, 2007).
En revanche, les arguments qui s’y opposent se fondent sur le fait que la répartition des fruits de la
croissance est souvent inégale, destructrice autant que créatrice, se nourrissant des inégalités pour
susciter sans cesse des frustrations et des besoins nouveaux. En effet, depuis cinquante ans, malgré
l’accroissement considérable de la richesse produite dans le monde, les inégalités ont explosé :
l’écart entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches était de 1 à 30 en 1960, il est
aujourd’hui de 1 à 80 (J-M Harribey, 2004). La BM elle-même avoue en constatant qu’« au cours des
vingt dernières années, la richesse mondiale a fortement progressé, mais la richesse par habitant a
reculé ou stagné dans plus de 20 pays dans diverses tranches de revenus » (BM, 30 janvier 2018).
Ainsi, ces arguments soutiennent qu’il faut faire une distinction claire dans la façon d’appréhender le
lien entre les deux concepts : l’amélioration du bien-être et l’épanouissement des potentialités
humaines se réalisant hors du sentier de la croissance infinie des quantités produites et
consommées, hors du sentier de la marchandise, mais de la qualité du tissu social qui peut naître
autour d’elle (S. KOFFI et al, 2015). La distinction entre croissance et développement a été initiée par
François Perroux dans les années 1960 et reprise par Amartya Sen. Parce que la croissance peut être
indispensable au bien-être qu’elle a été assimilée au progrès social. Mais au-delà d’un certain niveau
de PIB par habitant, l’augmentation de revenus et de consommation n’augmente plus la satisfaction
et le bien-être. Les évolutions comparées du PIB et de l’IDH aux États-Unis confirment un écart
croissant entre ces valeurs entre 1975 à 2005 (S. KOFFI et al, 2015). Le PIB mesure essentiellement la
production marchande. Il est souvent traité, à tort, comme s’il s’agissait d’une mesure de bien-être
économique. Le rapport du PNUD de 1990 affirme « qu’un niveau de vie modeste peut
s’accompagner d’une bonne qualité de vie et qu’à l’inverse celle-ci peut être déplorable à de hauts
niveaux de revenus ». En dépit de cette contradiction apparente, les Organisations internationales
ont tenté, au cours de la période récente, de rallier les opinions divergentes au profit d’un consensus
selon lequel un développement rapide et durable passe par une croissance soutenable. Toutefois, ce
débat est loin d’être tranché et ramène encore aujourd’hui à une nécessaire critique du lien entre
croissance et développement (M.HAMDANE, 2012).
Or Dans une conjoncture aujourd’hui plus difficile et incertaine, l’économie congolaise fait preuve de
résilience, la croissance en 2023 devant cependant être légèrement inférieure aux prévisions
annoncées. La RDC, fortement dépendante du secteur minier, en l’absence de diversification
véritable, demeure exposée aux variations des cours internationaux des matières premières, la
baisse des cours ayant eu notamment un impact significatif sur les finances publiques. Celles-ci ont
été soumises tout au long de l’année 2023 à de fortes pressions et la situation budgétaire s'est
détériorée, l'inflation s’accélérant. Pour autant, le programme FMI approuvé en 2021 pour stabiliser
le cadre macro-économique et soutenir le programme de réformes des autorités, continue de se
dérouler de manière satisfaisante selon les services, la 5ème revue de la Facilité Elargie de Crédit
(FEC) du FMI ayant été conclue positivement en décembre 2023.
Une croissance en 2023 légèrement inférieure aux prévisions ; La croissance de la RDC, qui devrait
atteindre 6,2 % en 2023, repose majoritairement sur le développement du secteur minier. Si les
exportations de cuivre ont augmenté, la baisse des prix du cobalt a entrainé une réduction de leurs
exportations. Alors que la croissance pour 2023 était projetée à 6,8 %, elle serait selon le FMI de 0,6
point inférieure aux projections de la 4ème revue du programme pour 2023, et sous le niveau de
croissance de 8,8 % en 2022. A moyen-terme, la stabilisation de la production minière pourrait
entrainer un ralentissement de la croissance estimée à 4,8% en 2024. Elle devrait cependant ensuite
progresser avec la reprise de l’activité du secteur extractif, et grâce, également, à l'accélération
progressive de la croissance du secteur non extractif.
Ces perspectives de croissance, qui restent supérieures à d’autres pays de la sous-région, sont
cependant soumises à de forts aléas négatifs en raison d’une part de la situation sécuritaire dans l’est
du pays et d’une conjoncture internationale incertaine d’autre part. La poursuite des combats dans
l'Est du pays est un facteur de risque important alors que la RDC est le pays d'Afrique qui compterait
le plus grand nombre de personnes déplacées sur son sol. Sur le plan extérieur, un ralentissement de
la croissance mondiale pourrait entrainer une réduction des exportations du pays.
L’inflation atteindrait 19,4 % en 2023, contre 14,8 % prévu lors de l’examen de la 4ème revue du FMI
et 9,3 % en 2022. Le Franc congolais s’est déprécié de 28,4 % et 21,3 % par rapport au dollar
américain sur les taux de change officiel et parallèle à fin 2023, alimentant l’augmentation des prix,
et particulièrement des prix de l’énergie et de l’alimentation. La hausse des prix impacte fortement le
pouvoir d’achat des Congolais et la diminution progressive de l’inflation en 2024, prévue par le FMI,
pourrait être moins forte qu’initialement anticipée.
De fortes pressions sur les finances publiques ; Les pressions sur les dépenses publiques ont entrainé
une dégradation du déficit budgétaire. Les principaux postes d’augmentation des dépenses publiques
sont celles liées à l’organisation des élections de décembre 2023, l’augmentation des dépenses de
sécurité liées à la situation sécuritaire dans l’est et à l’augmentation des dépenses d'investissement.
Les dépenses publiques sont toutefois en baisse de 17,5 % du PIB en 2022 à 15,9 % en 2023. En
parallèle, la mobilisation des recettes publiques s'est dégradée, avec la réduction des prix des
matières extractives et la diminution des impôts exceptionnels. Les recettes publiques hors dons
représentent 12,6 % du PIB, contre 15,3 % en 2022. Le déficit budgétaire s’est dégradé à 2,1 % du PIB
en 2023.
Le déficit du compte courant resterait élevé, à 5,3 % du PIB en 2023. La diminution des prix à
l’exportation du cobalt et du cuivre et les importations plus élevées qu’initialement prévu ont creusé
le déficit courant au premier semestre 2023. Les réserves internationales ont atteint néanmoins 4,9
Md$ à la fin d'octobre 2023 (soit près de 2 mois 'importations) de 4,5 Md$ à la fin 2022. Le déficit du
compte courant devrait s'établir à 4,1 % du PIB en 2024 et se réduire progressivement selon le FMI.
La dette publique à 21 % du PIB à la fin 2022 reste peu élevée et est en diminution.
Problématique
La croissance économique de la République Démocratique du Congo a connu de nombreuses
vicissitudes dues à l'environnement externe (le choc pétrolier, la baisse du prix des matières
premières,...) et interne (les politiques économiques incohérentes, des décennies de corruption,
l'instabilité politique,...).
Entre la période de 1966 et 1975 d'après la Banque Centrale du Congo (2004), le pays a enregistré
une croissance rapide d'environ 5,1% l'an qui sera vite réduite entre la période 1975 et 1982 suite à
la crise du pétrole de 1973 et une baisse brusque des prix du cuivre (minerai de base). Ces dernières
entraînèrent une profonde récession, le PIB diminuant d'environ 12% au cours de cette période et
provoquant une crise de la dette. Entre 1983 et 1989, la croissance du PIB fut de retour, avec
notamment, un taux de 2,6% par an, en grande partie grâce à un accroissement des niveaux de
production dans les secteurs minier et agricole. La période qui débuta en 1990 fut catastrophique
pour l'économie; Le PIB réel baissa de 43 % durant la décennie 90 et le PIB par tête qui était de 630
$US en 1980, tomba de 224 SUS en 1990 jusqu'à 80 SUS en 2000. L'économie s'enferma dans un
cercle d'hyperinflation et de dépréciation de la monnaie, entraînant un manque de confiance du
secteur bancaire et une fuite des capitaux. L'inflation atteignit un taux annuel moyen de plus de 680
% avec un pic de 9434 % en 1994. Ce n'est qu'en 2002 suite à la restauration de la stabilité
macroéconomique, avec la mise en œuvre satisfaisante d'un certain nombre de réformes
structurelles et sectorielles que l'économie congolaise a de nouveau enregistré un taux de croissance
positif passant de -2,1% en 2001, 3,5% en 2002, 5,7% en 2003.
D'un extrême à l'autre, c'est-à-dire de 1966 à 2005, la situation au plan de l'accumulation de la
richesse intérieure, était globalement négative, pour ne pas dire un échec absolu expliquant le drame
social de la population. Selon un des rapports du PNUD (2004) près de 80% de la population
congolaise survivent à la limite de la dignité humaine, avec moins de 1$ par personne par jour. Les
conflits armés qui, selon l'International Rescue Committee (IRC) sont l'un des conflits les plus
meurtriers depuis la deuxième Guerre mondiale, ont aggravé la crise qui sévit dans le pays. Cette
situation a des répercussions sur les autres dimensions sociales de la vie socioéconomique
notamment l'éducation.
Structures d'accueil sont saturées, les infrastructures sont dans un état de délabrement total, on
enregistre un manque de matériel didactique et d'ouvrages pédagogiques, manque de tableaux,
manque de bancs. Les enseignants sont démotivés, le rendement est faible et l'important taux de
déperdition l'a attesté, le niveau d'acquis réalisé par les apprenants à tous les niveaux est bas,
l'inadéquation de la formation reçue par rapport aux besoins des apprenants dans la société,
l'absence des programmes de recherche,... Face à cette défaillance les privés (Eglises, entreprises, ...)
ont créé des écoles et universités pour venir à la rescousse de la population abandonnée à elle-
même. Que ce soit dans les écoles publiques ou privées, tout le poids de l'éducation (salaire,
fonctionnement et entretien) repose presque entièrement sur les parents.
De ce tableau si sombre, il découle que plus de deux générations de la jeunesse de la RDC sont
sacrifiées ; or nul n'ignore que l'avenir d'une nation repose dans sa jeunesse car cette dernière
constitue une main d'œuvre potentielle pour le pays. Le problème fondamental des pays africains ne
résulte pas du manque de ressources naturelles, mais du fait qu'ils ne soient pas à même de tirer
pleinement profit de leurs ressources en hommes. Cependant, le paradoxe qui caractérise
l'économie de la RDC confirme l'idée de l'économiste et penseur du 16è siècle J. Bodin qui a déclaré
en 1783 que « dans le monde et dans chaque pays quelque soient les potentialités matérielles
fondamentalement il n'y a pas des richesses que d'hommes » ; et le père P. MOUANDJO (1996) dit,
«qu' il n'est pas de développement économique possible sans présence et intervention active de
l'homme en tant qu'agent de l'activité économique et non plus seulement comme fin dernière de
cette activité ». D'où la première tâche pour maintenir une croissance accélérée en RDC doit
consister à mettre en valeur le capital humain ou, en termes moins financiers, à améliorer par
l'enseignement, les connaissances, les aptitudes et la foi en l'avenir et la par suite la santé mentale et
physique de tous, hommes et femmes.

Objectif
L'objectif de ce travail est de montrer l'impact de la croissance économique sur le développement
humain en RDC.

Hypothèses
Nous avons formulé les hypothèses suivantes :

 la croissance économique influence positivement le développement. Plus l'individu


s’accroit économiquement, plus il sera à mesure d'améliorer sa productivité ; cela puisque
les connaissances et les compétences que possèdent les individus accroissent directement la
productivité et augmentent l'aptitude d'une économie à développer et à adopter de
nouvelles technologies.

 Les dépenses publiques allouées aux infrastructures influencent positivement le


développement.

Justification du sujet
Le choix de ce sujet est dû à plusieurs raisons :

 La crise politico-économique qu'a traversée le pays pendant plusieurs décennies. Cette


dernière prouve bien que le développement de la RDC reste lié à la qualité de sa croissance
économique. Malgré de multiples efforts fournis, la RDC n'arrive pas à sortir du gouffre dans
lequel elle est plongée depuis des décennies. Le développement et/ou la création d'un
capital humain adéquat seront capables de contourner cette crise et de relancer l'économie.

 l'inspiration du modèle asiatique pourrait élucider les politiques éducatives congolaises


jusqu'à rendre ses ressources humaines plus productives et jusqu'à jouir de la potentialité
des richesses que renferment son sol et son sous-sol puis contribuer au développement de
notre pays.

 L'improductivité quasi-totale de presque tous les secteurs économiques du pays cause le


sous-développement dans de nombreux secteurs. En effet, pour élever le taux de croissance
potentielle en RDC, il convient de s'attaquer aux causes de l'insuffisance productive : la trop
faible capacité de travail et le retard de productivité. Jadis la RDC était comptée parmi les
premiers producteurs mondiaux de plusieurs produits ; ce fait prouve que ses produits
étaient compétitifs sur le marché mondial. Aujourd'hui le pays est presque effacé sur la scène
mondiale. Une réorganisation du travail et une réforme adéquate du système éducatif à
travers l'innovation ou l'imitation de la NTIC et l'inculcation du sens du travail aux élèves et
étudiants, permettraient de réduire la faussée qui sépare la RDC des pays développés.

En somme, l'extrême pauvreté dans laquelle vit la population congolaise qui influe sur le
développement de notre pays justifie le choix de ce sujet
Organisation de l’étude
Notre étude comprend

Vous aimerez peut-être aussi