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9782100564392
C'est le poète Hésiode (700 av. J.-C.) qui nous fait connaître la légende de Mnémosyne et des
muses (Hésiode et une Muse, Gustave Moreau, 1891)(source : Wikipédia, « Hésiode »).
Mnémosyne
(Gabriel Dante Rossetti 1875-1881, Delaware Art Museum)
(source : Wikipédia, « Mnémosyne »).
Cette méthode, appelée la méthode des lieux (ou des loci ), a donc été la première technique
pour aider la mémoire. Cette méthode consiste à coder en images les éléments que l'on doit
apprendre et à placer chacune d'elles dans un lieu selon un itinéraire bien connu et représenté
mentalement. Pour rappeler tous les éléments dans l'ordre, il suffit de refaire mentalement le
trajet et de découvrir l'image qui a été placée en chaque lieu. Imaginez par exemple que vous
ayez à mémoriser dans l'ordre la liste suivante « miel, café, tomate, lave-linge, pâtes, pain… ».
Il faut placer mentalement l'image de chaque objet dans le magasin en imaginant une phrase
ou une image qui les relie. Par exemple, si les magasins de la rue sont un magasin pour
animaux, un garage, une boulangerie, une épicerie, une librairie, une parfumerie… vous
imaginez un chien qui lèche du miel (1er magasin et 1er mot de la liste), une allée de café qui
mène au garage, un sandwich à la tomate dans la vitrine de la boulangerie, des fruits lavés
dans le lave-linge pour l'épicerie, la libraire qui mange des pâtes et un pain qui se parfume ou
se fait les cils ! Ensuite, pour se rappeler dans l'ordre les objets, je dois refaire mentalement
l'itinéraire. Par exemple, arrivé au garage, je me souviens d'une allée de café et non de bitume,
du pain qui se maquille, etc.
Illustration de la méthode des lieux pour mémoriser une liste dans une rue fictive.
Fig. 1.1
Telle est la méthode qui eut, comme nous le verrons, un énorme succès de
l'Antiquité jusqu'à la Renaissance, sauf chez quelques réfractaires comme le
général athénien Thémistocle (Simondon, 1982), vainqueur des Perses à
Salamine et qui, refusant à Simonide sa proposition de lui enseigner l'art de
la mémoire, lui aurait répondu qu'il préférait qu'on lui enseignât l'art de
l'oubli !
L'utilisation du zodiaque
Métrodore de Scepsis est un représentant fameux de cette tradition qui fait
des images et des lieux le support fondamental de la mémoire.
Contemporain de Jules César (Ier siècle avant notre ère), il faisait partie de
la cour de Mithridate, le célèbre roi de Perse qui s'accoutumait au poison
par crainte de son entourage (d'où le nom de mithridatisation pour désigner
cette accoutumance). Le juriste romain Quintilien signale que Métrodore
aurait trouvé pour son système de mémoire « trois cent soixante
emplacements dans les douze signes du zodiaque » et il ajoute « jactance
sans doute et forfanterie d'un homme qui, se glorifiant de sa mémoire,
voulait en faire l'honneur à sa méthode plus qu'à la nature ». Quintilien
énonce avec une sagacité extraordinaire pour l'époque (Ier siècle de notre
ère) une critique que l'on peut opposer de manière permanente à certains
promoteurs de méthodes. Si certaines méthodes sont efficaces, elles ne le
sont qu'imparfaitement chez des personnes aux aptitudes normales et leurs
défenseurs étaient bien souvent des mnémonistes « professionnels » ayant
des capacités extraordinaires au départ et qui, les améliorant par des
techniques, se produisaient en public. Cependant de même que les romains
utilisaient leurs palais ou leurs villas comme itinéraires dans la méthode des
lieux, il était théoriquement possible d'imaginer 360 emplacements ou lieux
dans le ciel d'après les connaissances astronomiques des Assyriens (Irak).
Les Assyriens avaient découvert 52 constellations dont douze dans
l'écliptique (c'est-à-dire le cercle apparent parcouru par le Soleil en un an),
ce sont les célèbres signes du zodiaque. Les Égyptiens, quant à eux, avaient
observé la levée héliaque (de hélios, qui signifie « soleil ») des étoiles qui
comme l'étoile Sirius disparaissent à l'horizon là où se lève le Soleil, et ceci
pendant une période de dix jours. Cette période de dix jours était appelée
« décan » (et est toujours vivace dans les croyances astrologiques qui datent
de cette époque). L'expression toujours populaire de « canicule » est
d'ailleurs attachée à ces découvertes astronomiques car Sirius fait partie de
la constellation du Grand Chien (canis en latin) et la levée héliaque de
Sirius (en Égypte et non en France) a lieu au milieu de l'été…
Ainsi, Métrodore aurait pu utiliser, pour sa méthode, les douze
constellations du zodiaque avec chacune trois étoiles, ce qui donne
36 étoiles. Chacune de ces étoiles pouvant être attachée à dix jours (décan),
cela fait 360 lieux dans le ciel. Nous verrons que cette idée est tout à fait
vraisemblable connaissant certains systèmes de la Renaissance, notamment
ceux de Giordano Bruno.
Cependant la méthode des lieux s'adressait aux gens ordinaires, témoins ces
conseils qui indiquent l'intuition, dès l'Antiquité, d'une capacité limitée de la
mémoire (cf. 2e partie) : « Et pour éviter toute erreur dans le nombre des
cases, il faut donner un indice à tous les multiples de 5 ; par exemple, si à la
5e nous plaçons comme indice une main d'or, à la 10e (docimo) une de nos
connaissances dont le prénom sera Décimus, il sera facile en continuant la
série d'en faire autant pour tous les multiples de 5. »
En pratique, les conseils de la mémoire artificielle étaient donnés pour la
plaidoirie. Ainsi, l'exemple suivant de l'auteur nous permettra de nous
représenter, vingt siècles plus tard, l'usage pratique de la méthode des lieux.
Par exemple, l'accusateur prétend que le prévenu a empoisonné un
homme, l'accuse d'avoir commis le crime pour s'assurer un héritage et
dit qu'il y a, pour le prouver, beaucoup de témoins, beaucoup de gens
ayant été dans la confidence. Si nous voulons nous rappeler ce premier
point, afin de pouvoir facilement présenter la défense, dans la première
case, nous nous tracerons une représentation de toute l'affaire. Nous
nous représenterons, étendu dans son lit, malade, l'homme même dont
il est question, si nous connaissons ses traits ; ou à son défaut, une
personne quelconque… Et, debout, près de lui, à côté de lui, nous
placerons l'accusé, tenant de la main droite le poison, de la main
gauche des tablettes et des testicules ordinaires de bélier, par ce moyen
nous pourrons nous souvenir des témoins, de l'héritage et de l'homme
empoisonné. De la même manière, nous rangerons successivement
dans des cases tous les autres chefs d'accusation, en suivant l'ordre où
ils se présentent et toutes les fois que nous voudrons nous souvenir
d'une chose, si nous avons bien disposé les [cases] pour distinguer les
images, notre mémoire retrouvera plus facilement ce que nous
voudrons.
Quelle est la raison du succès d'une telle méthode, quasiment inconnue de
nos jours ? C'est qu'il y a vingt siècles, les gens ne savaient pas lire, la
méthode des lieux compensait donc l'écriture.
De même que ceux qui savent leurs lettres peuvent grâce à elles écrire
ce qu'on leur dicte pour lire tout haut ce qu'ils peuvent placer dans leur
cadre ce qu'ils ont entendu et à l'aide de ces points de repère, se le
rappeler. Les points de repère représentent tout à fait les tablettes ou
les papyrus, les images, les lettres, la disposition pour l'arrangement
des images, l'écriture, le débit, la lecture.
Le grand avocat Cicéron pourrait apparaître dans un album d'Astérix
comme il apparaît dans la série télévisée Rome, car il était de l'époque
même de Jules César. Dans son son livre, il reprend une partie de ces
conseils de la Rhétorique à Hérennius et défend particulièrement la
méthode des lieux :
Et qu'on ne dise pas – ce sont des propos inexacts de paresseux – que
cette abondance d'images charge et accable la mémoire… J'ai vu, moi,
des hommes de grand mérite et d'une mémoire prodigieuse : à Athènes
Charmadas, en Asie Métrodore de Scepsis, qui est encore vivant
paraît-il. Tous deux m'ont assuré que, à la façon dont on trace des
caractères sur la cire, ils gravaient au moyen des images, dans des
emplacements choisis, ce qu'ils voulaient se rappeler.
Il nous est donc difficile de nous représenter cette mémoire car chez les
« illettrés » de l'Antiquité, des structures neurologiques utilisées
actuellement par le langage écrit fonctionnaient peut-être pour des lieux. De
nos jours, à l'inverse, l'utilisation généralisée des calculatrices et de
l'ordinateur fait que nous connaissons mal les tables de multiplication que
les personnes du siècle passé connaissaient par cœur ; de même l'usage des
SMS (short message system) pour le téléphone portable fera peut-être
perdre la mémoire de l'orthographe classique…
Magie et mémoire
3. La médecine de la mémoire
À en juger par le nombre, impressionnant pour l'époque, de copies et de
traductions, le traité de Guillaume Grataroli publié à Rome en 1554 fut un
« best-seller » de l'époque médiévale dans toute l'Europe. D'autres succès de
cette époque n'en sont que des traductions, comme le célèbre Château de la
mémoire par William Fulwood (1562 en anglais) et l'adaptation française
d'Estienne Copé Discours notables des moyens pour conserver et
augmenter la mémoire paru à Lyon en 1555. Grataroli était un célèbre
médecin exerçant à Bergame puis à Bâle, où il acquit une grande notoriété.
Sa formation explique donc que la première partie de son livre, et la plus
originale, concerne des préceptes médicaux. Six chapitres sont consacrés à
divers thèmes, notamment « Les causes principales par lesquelles la
mémoire est blessée et les curations » et un chapitre fort judicieux sur « les
choses qui peuvent nuire à la mémoire » car « avant de chercher à
augmenter la mémoire, il faut déjà ne pas la perdre ». Dans le chapitre des
remèdes, il cite la purgation et la décoction de camomille et, parmi les
substances bénéfiques à la mémoire (on dit actuellement
« promnésiantes »), on relève le gingembre, le clou de girofle, le sucre, les
racines de glaïeul, etc. La seconde partie du livre est plus classique
puisqu'elle est consacrée à la mémoire « locale » (mémoire des lieux). En
préambule, l'auteur affirme que la mémoire est le bien principal de
l'homme, ce qui établit un contraste avec le siècle suivant où Descartes
détrônera la mémoire au profit de l'intelligence (la raison). Grataroli
distingue ensuite deux types d'activité de mémoire, le mouvement et la
réminiscence, distinction qui est inspirée d'Aristote et qui préfigure les
distinctions récentes entre codage (au moment de la mémorisation) et
récupération (comment retrouver les souvenirs) : les principaux
mouvements (nous dirions codages) sont les images, les collections
d'images et la rationalisation tandis que les préceptes de la réminiscence
concernent l'ordre, les lieux et la répétition. Néanmoins, la seule méthode
pratique exposée est encore la méthode des lieux. L'auteur cite d'ailleurs
Cicéron, Métrodore et un auteur inconnu qui code un alphabet avec des
noms de bêtes (il s'agit sans doute de Romberch de Kyrspe). Il utilise
différentes variantes de la méthode des lieux, notamment une liste
d'animaux dont l'initiale commence par chacune des lettres de l'alphabet
(Afinus, Basilus, Canis, Draco, Rinocéro, Yena, Zacheus) ; chacune des
bêtes étant divisée en cinq « lieux » (parties du corps : tête, pattes,
queue, etc.), on peut atteindre ainsi, plus de cent lieux. Il ne s'agit donc que
d'un système « zoologique » de lieux. Plus classique, les lieux habituels
sont conseillés, comme les palais publics, les demeures, etc. ; plus curieuse
est la proposition d'un système de lieux constitué d'une liste de professions,
avocat, médecin, etc., qui ne présente d'autre intérêt que de montrer que
l'imagination peut produire toutes sortes de lieux.
Le théâtre est divisé (figure 2.1) en sept travées dénommées « les sept
piliers de la maison de la sagesse de Salomon » : au centre, Apollon, le
Soleil et, vers les côtés, les planètes (et la Lune), Mars, Jupiter, Saturne,
Vénus, Mercure, la Lune. Dans chaque travée se trouvent sept gradins, par
exemple, le banquet, la caverne, les gorgones… Dans chacun des
49 emplacements de base est réparti un nombre de lieux, toujours inférieur
à 7, et qui désignent une certaine partie du savoir. Ainsi, dans la caverne de
la Lune, le lieu Neptune désigne ce qui se rapporte à l'eau et aux éléments
composés ; dans le Prométhée de Jupiter, le jugement de Pâris désigne tout
ce qui se rapporte à la loi civile ; dans le Prométhée de la Lune, on trouve
l'Hymen pour ce qui se rapporte au mariage… Francès Yates nous rapporte
que Camillo intéressa vers 1530 le roi François Ier qui finança ses
recherches pendant quelques années.
Mais quel était son but ? L'époque moderne nous fait voir dans ce théâtre un
ancêtre de la classification universelle des connaissances. Mais dans le
contexte des conceptions platoniciennes de la réminiscence des idées
divines, Camillo pensait sans doute que l'utilisation du théâtre donnerait à
son possesseur toutes les connaissances. Mais nous verrons que le meilleur
plan de récupération possible est inutile s'il n'y a rien à récupérer : il faut
d'abord apprendre.
Différent de la méthode des lieux, le Grand Art est plutôt l'ancêtre des
codes (2e partie) avec l'idée qu'une combinaison magique permettait
d'accéder à la connaissance divine. En effet, ces systèmes de roues
concentriques (figure 2.2) sont explicitement publiés comme procédés de
cryptage de messages secrets par Trithème (1462-1516). Trithème lui aussi,
théologien et épris de culture, fut chassé du monastère dont il était abbé par
les moines dont il voulait réformer les mœurs et l'ignorance. Sa science,
prodigieuse pour son temps, le fit accuser de magie. Les roues permettant
de faire correspondre des lettres et des chiffres sont sans doute le système
précurseur du code chiffre-lettre qui a tant inspiré les mnémonistes du
XIXe siècle (cf. chapitres 5 et 6).
Le moine dominicain Giordano Bruno poursuivit cette même mission
mystique de découvrir les clés de la mémoire divine, depuis sa fuite du
couvent dominicain de Naples où il était entré en 1563 jusqu'à sa mort sur
le bûcher de l'Inquisition romaine. Sa vie fut une longue errance à travers
l'Europe, ponctuée d'ouvrages dont Les Ombres et Les Sceaux. Malgré toute
son érudition d'historienne de la Renaissance, Francès Yates éprouve des
difficultés à traduire en termes modernes le jargon hermético-cabalistique
du message mystique de Giordano Bruno. Pour elle, il « offre une religion,
une expérience hermétique, un culte initiatique intérieur, dont les autres
guides sont l'Amour, qui élève les âmes jusqu'au divin par suite d'un furor
(frénésie) divin, l'Art, qui permet de s'unir à l'âme du monde, la mathéisis,
qui est une utilisation magique des figures, la magie, entendue comme
magie religieuse » (Yates, p. 279). Mais les prétentions de Bruno sont
également scientifiques comme il l'explique lui-même : « j'acquis un tel
renom que le roi Henri III me fit appeler un jour, et me demanda si cette
mémoire que je possédais et que j'enseignais était une mémoire naturelle ou
si elle était obtenue par la magie ; je lui démontrai qu'elle n'était pas
obtenue par la magie, mais par la science » (Yates, p. 216). Néanmoins, ce
récit étant fait devant les inquisiteurs vénitiens, il est difficile de deviner les
véritables intentions de Giordano Bruno.
Le système mnémonique des ombres est extrêmement complexe. Il est
représenté spatialement comme un cercle formé de quatre rotules, système
inspiré de Lulle ou Trithème. Chaque rotule (ou roue) possède deux
entrées : la première est alphabétique et composée de trente cases
correspondant à trente lettres (alphabet latin + lettres grecques et
hébraïques), chacune de ces trente cases est subdivisée en cinq parties
correspondant à cinq voyelles.
Un système de rotules de Giordano Bruno, avec une combinaison de 30 lettres (2 roues
extérieures) et de 5 voyelles (roues intérieures), qui produit 150 « lieux » (source : Giordano
Bruno, Ars Memoriae , 1582, Bibliothèque Nationale).
Fig. 2.3
Dans une autre roue, le principe de construction est le même mais il s'agit
d'un système qui par rotation permet de générer 150 images. La première
roue est celle des images stellaires et l'on reconnaît un système proche de
Métrodore de Scepsis dont parle Quintilien. Au total, le système aboutit à
150 images dont voici quelques exemples :
Porta (1602) est le premier à utiliser une table d'images dont la forme rappelle des chiffres
(remarque : images reconstituées).
Fig. 3.1
Certaines images symbolisant les chiffres chez Schenckel sont plus abstraites (triangle pour 3,
main pour 5) (remarque : images reconstituées).
Fig. 3.2
Cette œuvre, qui devait comporter quatre tomes, fut interdite après la
parution du second par ordonnance royale, (mais rééditée sous Louis XV)
tout simplement parce que « l'examinateur a laissé par inadvertance insérer
des choses contraires à la vérité, préjudiciables à l'État, opposées aux
maximes du Royaume, aussi bien qu'à l'ancienne doctrine du clergé ». On ne
badinait pas avec la censure sous le règne du roi Soleil !
Le code chiffre-lettre apparaît dans le traité du mathématicien Pierre Hérigone, à l'époque des
Mousquetaires (Louis XIII).
Notons dans ce code que pour Hérigone, le R n'est pas codé car il sert à
ajouter cinq syllabes pour compléter le code ; en effet, il y a dix chiffres et
seulement cinq voyelles. Grâce à ce code, on peut transformer les nombres
complexes à mémoriser en mots ou pseudo-mots, comme par exemple la
date 1632 en mots tels que « parce » en choisissant à son gré une consonne,
une voyelle ou une syllabe de façon à trouver des mots plus faciles. Une des
applications qu'en donne Pierre Hérigone est une longue chronologie
universelle dont voici une illustration dans une photocopie que j'avais faite à
l'époque. La date du déluge était censée être 2293, ce qui donne pour
Hérigone le mot ebroc, ou plutôt pseudo-mot… mais comme c'est une
pseudo-date, on n'est pas à ça près ! La date des premières Olympiades, 776,
donne le mot regar et la fondation de Rome ; 752 donne rete, le concile de
Nicée (p. 139), ced c'est-à-dire l'an 324.
Le mathématicien hollandais Leibnitz s'intéressait à la mémoire et est l'auteur d'un code plus
cohérent du point de vue des groupes phonétiques (source : Wikipédia, « Leibnitz »).
Fig. 3.3
Dans le code de Leibnitz, les changements pourraient être considérés
comme mineurs si on ne savait que Leibnitz, esprit universel, s'intéressait
également à la linguistique (philologie) et l'on remarque que les
changements consistent généralement à ajouter des consonnes qui présentent
un son analogue pour le même chiffre (D et T ; Q, C et K ; F et V), procédé
qui sera perfectionné dans le système français. Ainsi les mathématiciens,
dans un but plus pratique que magique, utilisent les rotules dans leur
fonctionnement le plus abstrait, le code.
Enfin, Hérigone et Leibnitz étaient tous les deux mathématiciens et, on le
voit, ne mésestimaient pas la mémoire, contrairement à Descartes.
Le code de Richard Grey connaît le succès, mais régresse par rapport à celui de Leibnitz en
utilisant à nouveau les voyelles.
Et la mnémotechnie apparut
Gregor von Feinaigle était moine dans l'abbaye de Salem avant d'enseigner la mnémotechnie (
Le monastère de Salem , Andreas Brugger, 1765, source : Wikipédia).
Dans ce fascicule très court, sans doute une publicité, une table de rappel
imagée est représentée (figure 4.1). On reconnaît la faux désignant souvent
le 7, depuis Porta, une tour observatoire pour le 1, une échelle pour le 11,
deux pommiers pour le numéro 99 et une balance pour le 100…
Le code chiffre-image
C'est ensuite la technique de Schenckel (en fait inventée par Porta) qui est
présentée mais elle est généralisée aux cent premiers nombres, ce qui
indique la grande imagination de Feinaigle. Dans l'original, ce sont des
dessins qui sont représentés, mais la relation avec les chiffres n'est pas
toujours imagée, certaines relations sont phonétiques (3 et Troie) et d'autres
sémantiques (4 : miroir et ses quatre côtés) ; voici quelques exemples.
La table de rappel imagée de Feinaigle (remarque : images reconstituées).
Fig. 4.2
Le code chiffre-lettre
Le principe du code de Feinaigle est celui de Winckelman et non ceux
d'Hérigone et de Grey, c'est-à-dire que seules les consonnes codent les
chiffres.
Voici deux applications de ce code.
La formule
Une autre façon d'utiliser le code chiffre-lettre est de n'utiliser que l'initiale
des mots mais de les choisir de façon à faire une phrase aussi facile que
possible. Selon ce principe, l'auteur propose pour coder le nombre suivant
9563083169, la phrase « Fuis loin de mes yeux, évite-moi ton odieuse
présence ». Néanmoins même dans cet exemple simple de l'auteur, le codage
n'est pas sans ambiguïté puisque le chiffre 0 est codé par la liaison
phonétique « z » de « mes yeux » qui n'apparaît pas graphiquement.
Jusqu'à présent, les techniques présentées à partir du code chiffre-lettre
n'étaient pas tout à fait originales puisque Hérigone ou Grey les avaient déjà
présentées. La dernière technique semble être vraiment l'invention originale
qui a fait la célébrité de Feinaigle ; elle aura une longue descendance chez
les mnémonistes français, anglais et américains. Cette technique que l'on
trouve toujours dans les livres promettant une mémoire prodigieuse, c'est la
table de rappel.
La table de rappel
Le principe, astucieux, consiste à construire une liste de cent mots-clés à
partir du code chiffre-lettre qui code les cent premiers nombres. Ainsi « as »
pour coder 0 (0 = S ou Z ou X), « or » code le chiffre 4 (4 = R), tison code
10, etc. (figure 4.4).
L'invention de Feinaigle, une table de rappel basée sur le code chiffre-lettre.
Fig. 4.4
2. La « sténo » de la mémoire
Dans le sillage des inventions technologiques, le XIXe siècle fut le siècle des
techniques de la mémoire. Sous l'intitulé de « mnémotechnie » (technique de
la mémoire), manuels et traités vont connaître un engouement sans précédent
mais, tels des dinosaures, font partie d'une race qui s'éteindra. Ces manuels
se succèdent en se plagiant ; d'une part parce que les usages scientifiques
actuels de citer les prédécesseurs n'étaient pas établis ; mais aussi, nous
l'avons vu à propos de Schenckel et Feinaigle, parce que certains auteurs ne
publiaient pas les secrets dont ils vivaient comme mnémonistes
professionnels. Je décrirai essentiellement les auteurs principaux du courant
français car à cette époque le rayonnement était européen. Les mnémonistes
américains, comme Coglan, Jackson, Gayton, Day, Brayshaw, Loisette, ont
été inspirés par des mnémonistes anglais mais aussi français comme les
frères Castilho pour Brayshaw et Chavauty pour Loisette.
Aimé Paris
Le chef de file de l'école française est un professeur de musique (1798-1866)
contemporain d'Alexandre Dumas. Comme lui, il a connu, la Révolution
française, Napoléon, la restauration de la monarchie avec ses trois rois,
Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe, deux révolutions (1830 et 1848) et
un nouvel empereur, Napoléon III. On a du mal à imaginer comment les
gens pouvaient travailler dans ces conditions ! Et pourtant, Aimé Paris, est
un des inventeurs de la méthode de sténographie qui permet d'écrire à grande
vitesse en ne représentant que les sons consonantiques (les voyelles sont
déduites d'après le contexte sémantique). Dans ce sillage, il rêve d'inventer
une « sténo » de la mémoire. Dans la technique sténographique (il existe
plusieurs techniques), un signe désigne un son consonantique « r » ou un
groupe de consonnes (B ou P), les voyelles étant indiquées par un petit signe
correctif (i est un point ; une petite barre désigne les sons « ien » ou « ian »).
La caractéristique principale de la méthode de Paris et, à sa suite, de toute
l'école française, c'est l'usage intensif du code consonantique pour le code
chiffre-lettre. Dans son Exposition et pratique des procédés de la
mnémotechnie (Paris, 1825) que j'ai consulté à la Bibliothèque nationale, il
reproduit néanmoins la table imagée de Feinaigle, 1 : observatoire ; 2 :
cygne… 100 : balance, mais n'utilise plus la méthode des lieux. En revanche,
il perfectionne le code chiffre-lettre en faisant correspondre aux chiffres, non
pas des consonnes arbitraires, mais des groupes consonantiques apparentés
d'après les règles phonologiques, par exemple « t ou d » pour les occlusives,
« f ou v » pour les fricatives… Ces perfectionnements phonologiques seront
définitivement adoptés.
Durant l'époque tourmentée de la Restauration et des révolutions (la révolution de juillet 1830,
d'après La liberté guidant le peuple de Delacroix, source : Wikipédia), Aimé Paris invente la
« sténographie de la mémoire ».
Fig. 4.5
Aimé Paris fournit également une phrase clé destinée à se souvenir du code,
qu'il faut cependant apprendre par cœur pour être utile : « Ton ami relâché
qui vient peu ici. »
Remarquons que le code est basé sur les sons consonantiques qui se
prononcent, ainsi le 2 est codé par la liaison « tonami » alors que le t de
« vient », n'étant pas prononçable, ne code aucun chiffre. Paris développe
alors les applications inaugurées par ses prédécesseurs, notamment Feinaigle
qu'il cite, mais nous en verrons des exemples plus spectaculaires par leur
démesure chez les plus célèbres mnémonistes, les frères Castilho et l'abbé
Moigno.
Mérovée : traversant les monts et les mers de l'Atlas, je suis hier revenu.
Childeric : des rayons de grecs forment, autour du front déridé de la
Vierge, une auréole jaune.
François Ier : au lieu d'être faux comme un jeton, sois franc, toi ; et
comme en qualité d'homme de lettres, tu ne vaux pas une cerise,
deviens du moins bon marin, honore ton pavillon et sois utile à la
lignée.
Louis XIV : un chiffon serait pour toi mon ladre, une grande trouvaille,
une espèce de trésor ; fou, qu'est-ce que tu ne ferais pas pour l'avoir ?
Tu aurais même le front de le voler à ta cousine germaine.
Napoléon : le canon de Napoléon lui a procuré le surnom de grand ;
certes ce n'est pas un faux surnom. Et les auteurs ajoutent : « Ce règne
étant très fertile en événements que tout le monde connaît d'ailleurs,
nous avons jugé inutile de les mnémoniser… »
La rencontre entre un des frères Castilho et l'abbé Moigno racontée par un de ses disciples,
Courdavault (1905).
Comme bien des mnémonistes précédents (Quintilien avait déjà critiqué ce
procédé chez Métrodore), Moigno prétend que ses prouesses ne sont dues
qu'à sa méthode : « tous par la méthode dont je me fais l'écho, peuvent
arriver à des résultats relativement extraordinaires. Je le maintiens d'autant
plus que ma mémoire naturelle n'avait rien d'insolite et qu'elle s'était toujours
montrée rebelle aux chiffres et aux dates qu'elle s'est assimilée
mnémoniquement par milliers et par milliers ». Pourtant, comme nous
l'avons vu, il faut des capacités particulièrement extraordinaires pour se
rappeler par cœur des centaines (voire des milliers comme il le prétend) de
phrases sans signification. Mégalomane, Moigno prétendait que le célèbre
astronome Arago le jalousait, il raconte qu'« un jour comme pour prendre sa
revanche, Arago se vanta de savoir par cœur les 16 premiers chiffres du
rapport de la circonférence au diamètre [le nombre Pi] et il se mit à les
énumérer. Que vous êtes mal tombé, Maître, m'écriai-je ! Je sais le rapport
de la circonférence au 60e, je vous dirai, 4, 4, 5, 9, 2, 3, 0, 7, 8, 1. Il m'arrêta
presque courroucé ». Sa mystérieuse méthode est une généralisation de la
« formule » inventée par Feinaigle mais avec le code d'Aimé Paris (qu'il
détient des frères Castilho), il compose un étrange poème dont les mots
codent les 128 chiffres du nombre Pi.
La formule de l'abbé Moigno pour mémoriser 128 chiffres du nombre Pi (1879).
Fig. 4.6
L'auteur note encore que les comptines sont basées sur les mêmes principes
(exemple moderne) :
Un, deux, trois
Nous irons au bois
Quatre, cinq, six
Cueillir des cerises
Sept, huit, neuf
Dans mon panier neuf
Dix, onze, douze,
Elles seront toutes rouges.
De tous les manuels de mnémotechnie, celui de Guyot-Daubès est le plus
attrayant car il fait le lien entre les techniques de la mémoire et les trucs que
l'on emploie dans la vie courante, qui aident effectivement la mémoire bien
que ne jouissant pas du statut de méthodes. L'auteur cite ainsi les jeux de
mots et calembours comme moyens mnémotechniques. Ainsi, pour se
rappeler les départements et leur chef-lieu, il propose des phrases amusantes
comme : « Albi-toi ma fille, il se fait Tarn » !
L'amnésie de Korsakoff
L'amnésie la plus spectaculaire est sans doute l'amnésie de Korsakoff ou
antérograde générale, car elle interdit tout enregistrement nouveau depuis
l'apparition de la maladie. Elle est qualifiée d'antérograde (vers l'avant) car
les malades ne peuvent plus rien apprendre de nouveau à long terme mais
sont capables d'un rappel à court terme et d'autre part d'un rappel
d'informations anciennes. L'amnésie antérograde, décrite par le neurologue
russe Korsakoff sur des alcooliques chroniques, est provoquée par des
lésions bilatérales d'une structure du cortex appelée hippocampe comme
l'ont montré William Scoville, neurochirurgien et Brenda Milner (1957).
Sauf traumatisme particulier (accident de voiture) ou accident vasculaire,
l'hippocampe est le plus fréquemment détruit par l'alcool mais aussi des
drogues (cocaïne, etc.).
L'ictus amnésique
Il vous est probablement arrivé un jour d'avoir une petite absence, un bref
moment de flottement où vous ne savez plus où vous êtes… c'est un
minuscule ictus. L'ictus amnésique, décrit pour la première fois en 1956 par
le psychiatre Jean Guyota et le neurologue Jean Courjon, de Lyon, se
caractérise par une sorte d'énorme absence, le plus souvent à partir de
50 ans dans sa forme importante. Il y a une amnésie antérograde (c'est-à-
dire comme dans l'amnésie de Korsakoff), une incapacité de mémoriser ce
qui survient et une amnésie rétrograde, c'est-à-dire un oubli portant sur les
événements qui viennent de se dérouler. En général, 4 à 6 heures plus tard,
le patient émerge avec pour unique séquelle une amnésie lacunaire de
quelques minutes, si bien que la personne ne se souviendra pas des
circonstances dans lesquelles l'ictus s'est produit. L'ictus reste mystérieux
(Quinette, Noël et al., 2010), pas de lésions neurologiques, pas de lésions
vasculaires permanentes. Mais sachant que l'ictus intervient fréquemment
après un effort intense ou une vive émotion, il pourrait s'agir d'une baisse du
débit sanguin dans le cerveau, notamment au niveau de l'hippocampe. Une
hypothèse plus récente se basant sur le fait que l'ictus est plus fréquent chez
les migraineux serait une libération excessive d'un neurotransmetteur, le
glutamate, qui provoquerait une sorte de « coupure d'enregistrement » au
niveau des hippocampes, comme lorsque vous enregistrez un film par temps
d'orage. En effet, le glutamate est un neurotransmetteur qui ouvre des
vannes (récepteurs NMDA) au calcium et au sodium, permettant des
mécanismes biochimiques assurant l'enregistrement de l'information
(potentialisation à long terme).
La maladie d'Alzheimer
Le syndrome de Korsakoff s'observe dans l'alcoolisme chronique mais aussi
en début de maladie d'Alzheimer (qui se termine par une démence
générale). Cette maladie est complexe et associée à de nombreux
« accidents » sur le plan neurologique et biochimique (Michel, Delacourte
et Allain, à paraître en 2011). La dégénérescence neuronale est une des
principales caractéristiques de cette maladie. Trois mécanismes essentiels
semblent être impliqués : la cellule meurt par accumulation de
neurofibrilles (visibles au microscope) produite par un excès d'une protéine,
la protéine Tau. Celle-ci est naturellement un des constituants des
microtubules (rampes sur lesquelles glissent les protéines nouvellement
fabriquées) ; produite en trop grande quantité, elle génère ces neurofibrilles
qui étouffent la cellule. Plaques séniles et protéine amyloïde : le deuxième
mécanisme caractéristique de la dégénérescence dans la maladie
d'Alzheimer est la présence de plaques séniles entre les cellules. Celles-ci
sont constituées de la protéine amyloïde (A4) servant normalement de
constituant de la membrane mais qui, produite de façon anarchique,
perturbe ou bouche les espaces intersynaptiques. Perte d'acétylcholine :
mais la maladie d'Alzheimer est également associée à un manque
d'acétylcholine, neurotransmetteur fondamental (mais non unique) de
l'hippocampe, d'où une nécrose aboutissant à l'amnésie de Korsakoff ; le
manque d'acétylcholine est provoqué par la lésion de noyaux de la base du
cerveau, les noyaux de Meynert.
Ces dégénérescences expliquent l'apparition de troubles mnésiques très
importants, d'une amnésie de type Korsakoff en début de maladie qui fait
que les malades perdent la capacité d'enregistrer les événements récents
(cf. figure 4.13), ne se remémorant que des souvenirs progressivement plus
anciens (loi de Ribot ; Piolino, 2003) ; puis par accentuation des nécroses
dans différentes parties du cerveau, la maladie aboutit à des troubles variés
(Brouillet et Syssau, 1997) en fonction des zones cérébrales atteintes allant
jusqu'à la démence.
Malheureusement, dans la maladie, nous sommes en présence de lésions
neurologiques, la réponse ne peut pas être dans une méthode miracle,
encore moins dans des soi-disant programmes d'entraînement cérébral (voir
chapitre 13).
Cependant des études récentes montrent qu'une variété d'exercices et de contacts sociaux
diminue les risques de subir une telle maladie. Une étude de l'Inserm (Institut national de la
santé et de la recherche médicale), conduite par Tasnime Akbaraly et Claudine Berr (2009) sur
6 000 personnes de plus de 65 ans suivies pendant 4 ans, montre que les personnes âgées qui
pratiquent régulièrement des activités stimulantes intellectuellement (mots croisés, jeux de
cartes, contacts sociaux, etc.) présentent deux fois moins de risques de pathologie du cerveau
que d'autres.
Un bon exemple de cette courbe est donné dans l'apprentissage de la télégraphie avec
l'alphabet morse, qui requiert 40 semaines, c'est-à-dire presque dix mois.
Bien que cet alphabet ne soit plus en usage, cette étude est un très bon exemple d'un
apprentissage multi-essais. Les résultats indiquent une montée rapide de la performance suivie
d'un plateau interprété comme les limites biologiques (figure 5.1 ).
Le bachotage
Les étudiants qui bachotent ont tout faux ! Il faut apprendre
progressivement et régulièrement, en se réservant des périodes de repos
(apprentissage « distribué ») et en privilégiant un sommeil. À l'inverse du
bachotage (apprentissage « massé » pendant les derniers jours), il faut au
contraire bien se reposer et bien manger, à l'approche des examens, pour
éviter l'épuisement biologique lors de l'examen lui-même.
Dans une expérience sur des élèves de 4e (élèves d'environ 14 ans), nous avons présenté, sur
diapositives, une carte de géographie de l'Australie, découpée par des couleurs en quatre
parties (= catégories). Nous avons fait trois groupes d'élèves avec toujours une subdivision de
la carte en quatre catégories ; mais selon les conditions, chaque catégorie comporte deux,
quatre ou six notions géographiques (ou noms de ville) ce qui fait une carte de 8 notions
(4 catégories de 2), 16 ou 24 notions. Les résultats sont naturellement différents. La carte de
8 notions est vite apprise, quasiment dès le troisième essai si bien que les autres essais sont un
surapprentissage. Le rappel après une semaine est de 96 % (7,7 mots rappelés sur 8), soit un
oubli de 4 % seulement. Dans la carte de 16 notions, la carte est apprise en 4 essais et les deux
autres sont un surapprentissage ; le rappel après une semaine est de 81 % (15 mots rappelés sur
les 16), soit près de 20 % d'oubli, c'est tout de même pas mal. Au contraire la liste de
24 notions (ou mots) est trop importante ; les six essais ne permettent d'apprendre que 21 mots
en moyenne et le rappel après une semaine est de 63 % (15,2 mots), soit près de 40 % d'oubli.
On voit donc que ce n'est pas rentable d'apprendre trop d'informations car l'oubli est très grand.
Il vaut mieux privilégier peu d'éléments ou au moins un nombre optimum (4 catégories de 4
sont un optimum pour notre mémoire, voir chapitre 8), si l'on souhaite que les connaissances
soient conservées durablement.
Bachotage
Cette dernière condition représente en quelque sorte le « bachotage », on
peut mémoriser une grande quantité d'informations en vue d'un rappel
proche, mais si l'on recherche un rappel à long terme, il vaut mieux se
limiter et réviser plus souvent.
Apprentissage multi-essais
Voici comment concrètement se fait un apprentissage multi-essais. Cet
apprentissage se fait en 6 essais : un essai comporte une présentation (ici,
pendant 1 minute) et un rappel en temps libre sur une carte vierge ; il faut
donc prévoir un cahier avec 6 cartes vierges. Enfin, il y a un rappel « test »
(sur une carte vierge) une semaine plus tard. Notons que si l'école était un
vrai lieu d'apprentissage, ce sont de telles méthodes qu'il faudrait mettre en
pratique. Souvent l'enseignant fait un cours théorique et l'apprentissage se
fait à la maison. C'est comme si dans la conduite automobile, l'instructeur
faisait une démonstration et demandait aux élèves de s'entraîner par leurs
propres moyens !
Chapitre 6
Attention, les expériences de laboratoire montrent bien que nous avons une
mémoire sensorielle visuelle, mais celle-ci ne dure qu'un quart de seconde.
D'ailleurs nos yeux bougent trois fois par seconde, et si la mémoire visuelle
durait longtemps, nous aurions l'impression de voir plusieurs images (les
images fixées à chaque mouvement des yeux) superposées. On est donc très
loin de la légendaire « mémoire visuelle photographique » et pour bien la
différencier, les chercheurs l'ont appelée « mémoire iconique ». Il existe
ainsi d'autres mémoires sensorielles, la mémoire auditive, olfactive, etc., qui
sont volatiles. D'ailleurs, rappelez-vous lorsque vous essayez des parfums,
pour vous ou votre épouse, vous êtes obligé de re-sentir plusieurs fois la
même fragrance car votre mémoire olfactive n'en garde pas trace au-delà de
quelques secondes.
Ce qui se passe est en réalité plus complexe. Les informations sensorielles
sont transformées, recodées dans d'autres parties spécialisées du cerveau,
appelées « modules ». Les modules sont autant de « bibliothèques »
spécialisées dont l'ensemble constitue la « mémoire à long terme ». Pour
simplifier, on peut considérer qu'il existe deux grands systèmes, la mémoire
à court terme, qui serait la mémoire vive et l'écran de l'ordinateur
(figure 6.1). Et la mémoire à long terme, qui serait le disque dur avec les
fichiers spécialisés, les mots, les images, les visages.
Contrairement à l'ordinateur, la mémoire contient deux mémoires pour les
mots, leur carrosserie (mémoire lexicale) et leur sens ou les idées (mémoire
sémantique). Par ailleurs, nous le verrons, le cerveau fonctionne un peu
comme un ordinateur, mais c'est un ordinateur biologique.
Notre mémoire possède une « mémoire à court terme » et une « mémoire à long terme », un peu
comme l'ordinateur.
Fig. 6.1
Remarque : ce schéma (figure 6.2) utilise les mots (canari, etc.) mais en
réalité ce sont les concepts abstraits qui sont stockés, les mots eux-mêmes
étant dans la mémoire lexicale.
Notre mémoire sémantique n'est pas toujours organisée de façon super-
logique, notamment chez l'enfant. Les mots sont souvent connectés entre eux
(par des réseaux de neurones) parce qu'ils sont fréquemment employés
ensemble, « ciel-bleu » ou parce qu'ils sont interchangeables (beau-joli) ou
au contraire opposés (chaud-froid). Ce sont ces fameuses « associations »,
découvertes par Aristote et utilisées si souvent par la suite.
Dans la liste, il y a autant de mots qui donnent une réponse « oui » qu'une réponse « non ».
Après la tâche (qui dure un temps égal selon les groupes), les sujets reçoivent une épreuve de
reconnaissance inattendue. Ce type de mémorisation est appelé mémoire incidente (puisque les
sujets ne sont pas prévenus). Voici les pourcentages de reconnaissance selon les instructions
(figure 6.3).
Les résultats montrent un écart extraordinaire de performance allant de 20 % à 95 % selon la
tâche. Ces résultats s'interprètent par l'idée que la mémoire est composée de différents
« étages » de traitement, allant de niveaux sensoriel et lexical au niveau sémantique, qui est très
efficace. Chaque instruction ou tâche induit un codage d'un niveau plus ou moins élevé. Le
codage visuel-graphique est très peu performant, car notre mémoire sensorielle visuelle est très
fragile dans le temps, elle dure environ un quart de seconde. Le codage phonétique donne un
bon stockage car le recodage phonologique permet un stockage lexical. Et le codage sémantique
est le traitement le plus efficace de tous : la catégorisation ou l'insertion dans une phrase sont
équivalentes, ce qui montre un traitement sémantique dans les deux cas.
Les résultats du rappel sont frappants (figure 6.4) : dans l'instruction « couleurs », le rappel
moyen n'est que de 2 mots rappelés avec la bonne couleur sur les 16 mots de la liste. C'est donc
très faible, ce qui montre à nouveau, comme on le sait par de multiples expériences de
laboratoire, que notre mémoire visuelle est très mauvaise. Au contraire, le rappel des mots (avec
ou sans la bonne couleur) est nettement plus élevé, environ 7 mots, ce sont les mots rappelés
grâce à la mémoire lexicale. À l'inverse, avec l'instruction « catégorielle », le rappel est
excellent, 15 mots sur 16, soit 95 %. Dans ce dernier cas, il y a mémorisation en mémoire
sémantique (et aussi un mécanisme de regroupement, voir plus loin). La mémoire sémantique
est donc la mémoire la plus efficace et la mémoire sensorielle, la plus faible.
L'impression que les gens ont de mieux apprendre « visuellement » est
fausse ; en fait, c'est le codage sémantique qu'ils font sans s'en apercevoir qui
est efficace : par exemple, s'ils mettent des titres en couleur, c'est l'activité de
catégorisation par des titres qui est efficace et non de mettre les titres en
couleur. Lorsqu'on construit une fiche de cours ce n'est pas la visualisation
qui est efficace mais de lire plusieurs fois le cours (répétition) pour faire la
fiche et de faire un plan (catégorisation). La catégorisation peut aussi être
phonétique (les mots par rimes ou commençant par la même initiale), ou
visuelle (ou imagée) par exemple en en regroupant les objets (lorsque c'est
possible) par similitude physique (les ronds, les carrés) ou par couleur, mais
la méthode de loin la plus efficace est la catégorisation sémantique.
Pour mieux apprendre, donc, il faut comprendre ! Plusieurs méthodes sont
possibles : bien faire attention au sens en lisant ; faire un résumé ou traduire
avec des synonymes oblige à passer par le codage sémantique.
Dans une recherche réalisée au collège (sur près de cent élèves de 6e et 5e) nous avons comparé
ces 7 modes à partir de documentaires télévisés de l'émission E = M6 (ex. la poussée
d'Archimède, l'audition). La mémorisation a été mesurée par un questionnaire à choix multiples
et les résultats indiquent que les modes les plus efficaces sont la lecture d'un texte simple et la
lecture d'un manuel (dont les scores sont statistiquement équivalents ; tableau 7.1 ).
Tab. 7.1
Par ailleurs, que la télévision soit moins efficace que le manuel ou la lecture
s'explique à la fois par le fait que l'orthographe des mots complexes (et noms
propres) est absente mais aussi par le fait que le téléspectateur ne peut
réguler la vitesse de présentation, ni opérer de retours en arrière, au contraire
de la lecture. Un bon moyen de rendre plus efficace un documentaire télévisé
serait donc d'accompagner l'image de sous-titres pour les mots nouveaux, ce
qui est rarement fait sauf, de façon élégante, dans les documentaires de
Nicolas Hulot (Ushuaïa) sous forme d'une goutte d'eau qui tombe
majestueusement.
Efficacité d'une présentation dynamique (en mouvement) sur ordinateur : il faut qu'il y ait du
texte pour un bon rappel (d'après Mayer et Anderson, 1991).
Fig. 7.1
Les illustrations dans les livres sont généralement efficaces si elles illustrent un passage du
texte ; elles ne le sont pas si elles n'ont qu'une fonction esthétique (d'après Levie et Lentz, 1982
; synthèse de 155 expériences sur 7 000 sujets).
Fig. 7.2
Une expérience célèbre montre que la mémoire à court terme ne dure qu'environ 20 secondes ;
au-delà, l'oubli peut être total (d'après Peterson et Peterson, 1959).
Fig. 8.1
La mémoire à court terme est une découverte des années soixante. Si cette
découverte est si tardive, c'est qu'il faut des moyens précis, souvent
électroniques ou informatiques, pour mesurer des temps courts de quelques
secondes. Du temps des Romains, il était difficile de mesurer des temps si
courts avec un sablier ou une clepsydre ! Il faut des techniques très précises
pour mettre en évidence cet oubli qui, bien qu'existant dans la vie courante,
passe souvent inaperçu.
Par exemple, dans la célèbre expérience de Loyd et Margaret Peterson (1959), une courte
séquence de 3 consonnes (ex. HBX) est présentée à la cadence d'une consonne toutes les demi-
secondes et cette séquence est suivie, à la même cadence, par un nombre de 3 chiffres. Le sujet
doit compter à rebours, à voix haute, de 3 en 3 au rythme d'un métronome toutes les demi-
secondes, par exemple, 357, 354, 351, etc. Cette tâche concurrente (fréquemment appelée « tâche
Peterson ») est destinée à empêcher de se répéter les lettres mentalement. La durée de la tâche de
comptage varie selon les conditions de 0 seconde (c'est le cas particulier du rappel immédiat) à
18 secondes, chaque séquence de lettres étant différente à chaque fois. Les résultats ont été
sensationnels à l'époque puisque cette expérience révélait un oubli total de la séquence de lettres
seulement après un temps de 18 secondes (figure 8.1 ). La mémoire à court terme ne dure donc
qu'environ 20 secondes.
Ainsi pour des mots faciles (difficulté 1), comme « Chine, César,
Antiquité, etc. », le rappel moyen est de 5,62. Il n'est même pas de 7 comme
des mots très familiers comme « tortue, collier, citrouille » et il diminue
progressivement pour atteindre un rappel moyen de 3,29 pour des mots
difficiles (niveau de difficulté 5) comme « xénophobie, volute,
antéfixe, etc. ».
La mémoire à long terme, c'est le disque dur et les processeurs tandis que la mémoire à court
terme, c'est la mémoire vive et l'écran.
Fig. 8.2
Va-et-vient entre la mémoire à court terme (ou de travail) et la mémoire à long terme, au cours de
la mémorisation (ou apprentissage).
Fig. 8.3
Les informations, mots et images sont codés, élaborés dans les différents
niveaux de la mémoire à long terme (cf. figure 8.3) puis sont combinés en
mémoire à court terme pour être stockées de façon organisée en mémoire à
long terme. Si les mots sont inconnus, ils ne peuvent être récupérés tels quels
de la mémoire à long terme (lexicale) et la mémoire à court terme ne peut
récupérer que quelques syllabes (xé-no-phobie ; figure 8.3) ou quelques sons
(ex. mots chinois). Au contraire si les mots sont familiers, ils sont rapidement
récupérés de la « bibliothèque » lexicale et la mémoire à court terme peut en
stocker environ 7.
q l t a e r N
u e e r s i S
a c s t s s E
n h t i o d N
d a p l u a T
Vous les étonnerez donc en récitant le tableau par colonnes comme si vous étiez un grand
mnémoniste. Bien entendu, il y a un petit truc. En effet, en regardant les lettres par colonnes et
non par lignes, vous observerez que les lettres forment des mots et que ces mots peuvent
s'organiser pour faire un proverbe : « Quand le chat est parti, les souris dansent ! »
La technique du mot-clé
Lorsque nous devons au contraire apprendre des suites de mots, notamment des couples de mots,
il faut cette fois les organiser avec des associations sémantiques ou dans une unité sémantique, la
phrase. Nous retrouvons un procédé de Guyot-Daubès, celui des associations verbales qu'il
proposait pour mémoriser les départements et leur chef-lieu comme dans l'exemple « Albi toi ma
fille, il se fait Tarn ». Là encore, de nombreuses expériences ont montré que d'intégrer deux mots
en une phrase, comme VACHE-BALLE dans LA VACHE JOUE À LA BALLE était efficace. La
méthode d'association (ou médiation verbale) qui consiste à trouver une association commune
aux deux mots, par exemple le mot « laboratoire » pour MICROSCOPE-laboratoire-BACTÉRIE,
paraît aussi efficace que l'intégration dans une phrase, par exemple « le scientifique utilise un
microscope pour étudier la bactérie ». Dans cette dernière expérience (Garten et Blick, 1974), la
médiation ou la phrase permet de rappeler 75 % des couples de mots au bout d'une semaine
contre 55 % de rappel dans un groupe contrôle (qui apprend sans instructions). L'équivalence de
résultats entre la technique de la phrase clé et la médiation par un mot-clé suggère que les deux
procédés opèrent par le même mécanisme, celui de faire une association, un chemin, entre les
concepts de la mémoire sémantique. Par exemple, les mots « vache » et « balle » sont difficiles à
mémoriser parce qu'ils font partie de champs sémantiques différents ; le verbe « jouer » permet
de les relier comme le ferait également d'autres phrases du genre « le fermier joue à la balle avec
la vache », « le toréador joue à la balle avec la vache ». Le rôle des associations sémantiques
explique aussi que la médiation imagée (intégrer les mots dans une image) et la médiation
verbale (mot-clé ou phrase) donnent des résultats équivalents, comme on le vérifie bien dans
l'exemple suivant.
Pas facile de se rappeler si c'est Aurélie ou Patrick dont le nom se termine par un D ou un T, d'où
l'utilisation d'un mot-clé (intégré dans une phrase ou image) pour en faciliter la mémorisation.
Fig. 8.5
Pour mémoriser des cartes dans l'ordre, il faut préalablement associer un mot à une carte et faire
des phrases par groupes de trois cartes.
Fig. 8.6
Vincent Delourmel, quant à lui, utilise la méthode des lieux : « Moi, je suis
resté à la technique de traduction des cartes en personnages (les cœurs : ma
famille, les piques : des héros fictifs, les carreaux : des amies féminines, les
trèfles : des amis masculins) que je dispose sur un trajet. En fait, je dépose
deux personnages à chaque fois dans un lieu, ce qui me permet de n'avoir
``que'' 26 étapes. Bon, cette technique a ses limites car je n'ai pas réussi à
aller plus vite que 2 mn 30 s pour mémoriser 52 cartes ! » 2 minutes 30, c'est
quand même extraordinaire ! J'imagine qu'il me faudrait la journée !
Bizarrerie ou organisation ?
Dans l'Antiquité et jusqu'à la Renaissance, les anciens pensaient que la
bizarrerie était une condition pour améliorer la mémoire, procédé qui
conduisait à des absurdités que Descartes condamna. Des chercheurs ont
montré que ce n'était pas la bizarrerie en soi qui était efficace mais
l'organisation qu'elle permettait (tout comme « la vache qui joue à la balle »).
Voici une expérience très démonstrative de Senter et Hoffman de l'université de Cincinatti
(1976). Des paires de dessins sont présentées pendant dix secondes, les dessins étant communs
ou bizarres et d'autre part les objets de chaque paire étant présentés en deux dessins séparés ou
intégrés en un même dessin ; ce qui donne quatre combinaisons : pour les dessins séparés
communs, un cigare et un piano, mais lorsque ces dessins sont séparés, on dessine un cigare
allumé aux deux bouts et à côté (sans lien), un piano émettant tout seul des notes. À l'inverse
dans les conditions « dessins intégrés », on s'efforce de trouver une relation, commune, un cigare
posé sur un piano ou bizarre : un piano fumant un cigare.
Efficacité (%) de l'organisation et de la bizarrerie (d'après Senter et Hoffman, 1976).
Fig. 8.7
Les résultats (Figure 8.7 ) montrent que l'intégration de deux dessins en un seul est très efficace
(environ 85 %) alors que la bizarrerie ne produit pas d'amélioration notable que ce soit pour les
dessins intégrés ou séparés. Dans l'Antiquité, les auteurs anciens confondaient donc les choses :
afin d'organiser des éléments ensemble, on est souvent conduit à faire des associations bizarres
mais ce n'est pas la bizarrerie qui est efficace en soit, c'est l'organisation. Différentes applications
peuvent être déduites de ce mécanisme.
Un logo est deux fois mieux mémorisé s'il combine le nom et l'activité d'entreprise ou
commerciale (librement adapté de Kathy et Richard Lutz, 1977).
Fig. 8.8
Dans la fabrication des logos (ex. marque de société), le logo qui permet d'intégrer le nom et un
dessin représentant l'activité commerçante ou industrielle est plus efficace que s'il n'y a pas
d'intégration. Ainsi, Kathy et Richard Lutz de l'université de Californie (1977) ont montré que le
logo DIXON pour une entreprise de travaux publics était deux fois plus efficace (rappel du nom
et de l'activité) si l'on représentait le X sous forme de deux grues croisées ou le O de OLIVERA,
le propriétaire d'une pizzeria.
Pour associer un nom à un visage, une bonne méthode est d'associer un trait distinctif du visage à
un élément phonétique du nom. Madame Dupont a les yeux bleus comme l'eau qui passe sous un
pont et Monsieur Gardin a un nez comme une carotte (dans un jardin)
Fig. 8.9
Lors d'un premier test avec treize visages les résultats ne sont pas concluants (figure 8.10 ), la
différence du groupe « image » étant très faible ; mais au deuxième test, la méthode est deux fois
plus efficace avec une association correcte du nom de 92 % lorsqu'on présente les visages. La
méthode marche donc mais il a fallu un entraînement à organiser. Il ne faut donc pas crier au
miracle d'autant que le nombre de visages est 13 visages, ce qui est loin des 400 visages de
Lorayne.
Bien que dans l'expérience de Yesavage, les personnes ne soient pas très âgées, on voit
néanmoins dans le pré-test que la mémorisation dépend de l'âge, les moins de 35 ans se rappelant
(sans méthode) deux fois plus (environ 6 noms associés aux bons visages) que les plus de 55 ans
(rappel de seulement 2 ou 3 noms sur les 12, soit 20 %). Mais après un entraînement sur la
technique d'organisation imagée, les personnes les plus âgées doublent leur performance et cela
pour un rappel durable, après 48 heures. La comparaison de groupes d'âge dans cette expérience
est très intéressante car on voit que si les personnes âgées s'améliorent, elles ne rajeunissent pas
pour autant leur cerveau et les jeunes profitent encore plus de la méthode, avec un score de plus
de 60 %. C'est une constante des recherches scientifiques par rapport aux gourous, de montrer
des effets mais plus modestes (ici +20 %) et limités à une situation spécifique de l'entraînement
(ici les noms et les visages).
Par exemple (figure 8.11 ) pour le mot anglais parrot (perroquet), il faut trouver un mot-clé
(carotte) qui code un trait phonologique distinctif (pas nécessairement tout le mot) ; puis il faut
intégrer le mot-clé (carotte) et le sens (perroquet) dans une image intégrée, ici un perroquet qui
s'installe sur une carotte. Un autre exemple simple est d'apprendre le mot anglais book en
imaginant un bouc sur la couverture d'un livre, etc.
Les auteurs ont fait apprendre avec cette méthode un vocabulaire de 120 mots russes grâce à un
apprentissage sur trois jours. Dans la condition « mot-clé », le pourcentage de bonne traduction
du mot étranger est de 72 % tandis qu'il n'est que de 46 % dans le groupe contrôle qui apprend
par simple répétition. Six semaines plus tard, le groupe « mot-clé » rappelle encore 43 % de
traductions correctes contre 28 % pour le groupe contrôle. Michael Pressley a trouvé également
des résultats positifs de la méthode, sur des enfants de 7 et 11 ans, pour des mots espagnols et
nous l'avons également testée avec succès pour des vocabulaires anglais, portugais et serbe avec
environ 40 % d'efficacité par rapport au groupe contrôle (Lieury et al. , 1982). La méthode,
basée sur des codages et une organisation, est donc très efficace mais on note à nouveau dans ces
évaluations scientifiques que le succès est loin d'être infaillible et qu'il subit les lois ordinaires de
l'oubli.
Que vous reste-t-il des poèmes que vous avez sus par cœur ou vous
rappelez-vous qui était le fils (officiel) de Charlemagne ? Non, sans doute,
car l'oubli fait des ravages. Que nous reste-t-il des poésies, leçons d'histoire,
des dates ou des formules (vous vous souvenez, les sinus et cosinus) ? En
effet, le revers de la mémoire est l'oubli. Les premières études dès la fin du
XIXe siècle confirment de façon chiffrée cette effroyable impression d'oubli,
souvent 90 % d'oubli !
Ces informations détaillées que nous savions lorsque nous étions au collège
et au lycée sont-elles effacées ? Non ! Les recherches récentes sur l'oubli ont
montré qu'il ne fallait pas être trop pessimiste, l'oubli n'est pas un effacement
total mais résulte en grande partie de l'échec à récupérer des informations
dans le vaste stock de la mémoire. C'est ce qu'ont montré certains chercheurs
en supposant que la mémoire fonctionnait comme un ordinateur ou une
bibliothèque. De même que les livres sont associés à une référence qui sert
d'adresse dans les rayonnages, nos souvenirs seraient munis d'indices pour
les retrouver. Ces bonnes adresses du passé ont été appelées les indices de
récupération.
Efficacité spectaculaire des indices de récupération (rappel indicé) d'autant plus que la liste est
longue (d'après Tulving et Pearlstone, 1966).
Fig. 9.1
Les mots sont présentés un à la fois, mais avec au-dessus de l'écran leur nom de catégorie
(ANIMAL DE FERME pour vache).On dit bien aux étudiants que le nom de catégorie n'est pas
à rappeler, mais seulement pour les aider. De fait, les étudiants sont divisés en deux sous-
groupes au moment du rappel ; l'un doit rappeler en rappel libre, rappel traditionnel sur la
feuille blanche alors que l'autre groupe, appelé « rappel indicé », reçoit une feuille de rappel où
sont imprimés les noms de catégories (ex. ANIMAL DE FERME). Les résultats sont
fantastiques car dans le rappel indicé, le rappel est très important, jusqu'à 36 mots pour la liste
de 48 mots à apprendre. Les noms de catégories ont fonctionné comme des indices de
récupération. L'oubli en général n'est donc pas un effacement mais un échec à retrouver des
informations précises dans une mémoire qui est une gigantesque bibliothèque.
Par contraste, tous les mots sont présentés de façon mélangée dans quatre planches pour un
groupe contrôle. Dans ces conditions, le rappel de la condition organisée est spectaculaire dès le
premier essai puisque 73 mots en moyenne sont rappelés (= 10 fois la capacité de 7) contre 21
dans la condition contrôle (= mots en désordre) ; les sujets apprennent la totalité des 112 mots
en trois essais dans la condition organisée.
Tab. 10.1
0 : rappel libre 24
Et pour les petits, les comptines restent une bonne utilisation des rimes comme
indices phonétiques pour faciliter les premières étapes de l'apprentissage des
nombres.
La liste type
La liste type ou check-list (littéralement liste de vérification) est par exemple
employée dans l'aviation pour vérifier la liste des commandes et des voyants de
contrôle. Plus prosaïquement, pour quelqu'un de distrait qui oublie
régulièrement des commissions ou des affaires en voyage, un bon truc est de
faire une liste type, et de la vérifier point par point. C'est aussi de mettre sur un
Post-it les courses à faire. Certains mettent dans leur cuisine un tableau noir
pour indiquer les produits manquants de façon à ne pas les oublier.
Le QCM
Le QCM ou questionnaire à choix multiple est un moyen d'évaluation basé sur
la reconnaissance. Pour chaque question est présenté un choix entre une bonne
réponse et un ou plusieurs pièges. Ce procédé sonde au mieux ce qui a été
stocké et donne des résultats plus positifs qu'un simple rappel (sujet de synthèse
sur la feuille blanche). Symétriquement, si le score au QCM est bas, c'est que
les connaissances n'ont pas été stockées : on ne peut récupérer que s'il y a des
informations à récupérer, c'est comme si on allait retirer un livre dans une
bibliothèque qui ne l'a pas en stock.
L'agenda
L'agenda ou le mémo est aussi une liste de reconnaissance (parfois d'indices
lorsque ce sont les abréviations qui sont reportées) qui permet de
« reconnaître » les rendez-vous ou réunions. Attention ! Pour les distraits, il faut
tout de même regarder son agenda. Vous pouvez même programmer une petite
sonnerie d'alerte dans votre agenda électronique ou téléphone de type I-Pod…
À quand les implants de mémoire ?
Chapitre 11
J'ai souvent utilisé cette méthode dans des formations, en dessinant sur un
tableau des symboles de magasin (plus facile à dessiner), un croissant, un
livre, etc. La méthode est toujours très efficace et les participants sont très
impressionnés de leurs prouesses insoupçonnées !
Voici (figure 11.1) quelques exemples de lieux.
De plus, Crovitz montre que la méthode des lieux est plus efficace s'il y a autant de lieux que de
mots à mémoriser. Plus de 80 % de rappel de mots dans le bon ordre, soit environ 28 mots rappelés
dans l'ordre sur les 32 mots de la liste, ce qui est très important. En revanche, s'il y a peu de lieux et
qu'il faut mémoriser plusieurs mots par lieu, la méthode est beaucoup moins efficace.
La méthode des lieux et, d'une façon générale, tout plan de récupération sera
utile en rappel et essentiellement lorsqu'il y a une exigence d'ordre (ce qui est
rare). Mais une telle méthode (et tout plan de récupération) est inutile dans
toutes les situations où l'on peut retrouver l'information utile (reconnaissance)
comme dans un agenda, un mémo, un livre, sur Internet.
Le plan de table
Revenons sur Terre, ou plutôt à table. Non, il ne s'agit pas du plan de table pour
le prochain repas de fête, quoique ! Il s'agit des réunions. J'ai trouvé, à l'usage,
une application bien pratique d'utilisation de la méthode des lieux, le « plan de
table ». Lorsque l'on a de fréquentes réunions avec des personnes différentes
(aux attributions différentes), j'ai trouvé utile de faire le schéma d'un plan de
table, en positionnant les noms des personnes autour de la table et leur
fonction.
Une relecture de ce « plan de table » avant une autre réunion permet de bien se
remémorer le visage et la fonction des personnes en question. Après tout, n'est-
ce pas ainsi, d'après la légende, que Simonide avait découvert la méthode des
lieux !
Les illustrations sont surtout efficaces pour représenter des relations spatiales (cartes,
schéma, etc.) ; à l'inverse, l'illustration n'est pas efficace si elle n'a qu'une fonction esthétique (sans
relation avec des détails du texte).
Fig. 11.3
Pour résumer, à l'aide d'un schéma, voici une gradation de l'efficacité de
l'illustration en plaçant seulement quelques études représentatives (figure 11.3)
citées dans la synthèse de Levie et Lenz. On s'aperçoit qu'il existe une
efficacité moyenne de l'illustration lorsqu'elle est pertinente pour des passages
du texte. L'illustration est très efficace pour représenter des relations spatiales,
cartes et notices de montage. Mais à l'inverse, lorsque les illustrations ne sont
pas reliées sémantiquement au texte, elles ne sont pas du tout efficaces, elles
n'ont alors qu'une fonction esthétique et décorative.
En bref, le document rappelle l'historique de l'exploration des sources du Nil, de l'Antiquité, où des
légendes les situaient dans des mystérieux monts de la Lune, jusqu'à Stanley, qui découvrit
l'existence de deux branches du Nil blanc. L'une appelée le Nil Victoria, provenant du lac Victoria
par l'intermédiaire des marais Kyoga, l'autre, le Nil Albert, du lac Albert, nourri par d'autres lacs
reliés par des rivières intermédiaires. Ces lacs sont alimentés par les neiges éternelles du mont
Ruwenzori, les fameux monts de la Lune.
Connaissant la structure hiérarchique de la mémoire sémantique, le texte est analysé sous forme
d'une hiérarchie de propositions. Chaque proposition représente en gros une idée et plusieurs
propositions groupées en « épisodes ». Notre extrait comportait 97 propositions pour simplement
dix minutes, ce qui permet d'imaginer la complexité des documents d'une durée usuelle
(50 minutes à une heure et demie) ; on comprend également pourquoi la plupart des informations
sont oubliées dans les documentaires télévisés. Pour les besoins de l'analyse des résultats, la
structure hiérarchique complexe est simplifiée en trois niveaux, du général aux détails.
Globalement, le rappel est très efficace avec la présentation de la carte. La présentation de la carte
permet notamment une abstraction plus rapide des grands thèmes (niveau 1) puisque le rappel dans
la condition carte atteint quasiment le maximum au premier essai (figure 11.6 ) alors que
l'apprentissage est progressif dans la condition sans carte. Le rappel du niveau moyen est
également supérieur dans la condition avec carte mais le plus spectaculaire concerne les détails du
documentaire (niveau 3), notamment la variété des lacs et rivières intermédiaires, que les
téléspectateurs du groupe contrôle (sans carte) ne parviennent pas à acquérir.
Le schéma constitue donc une excellente méthode d'apprentissage, même dans un document
télévisé, en permettant de structurer les informations du document et de saisir, en simultané, sa
structure spatiale.
Comparaison de deux documents télévisés, avec ou sans schéma. Le rappel est supérieur
notamment pour les thèmes généraux (niveau 1 = thèmes généraux et niveau 3 = détails) (Lieury,
Puiroux et Jamet, 1998).
Fig. 11.6
Littérature
« Sur la racine (Racine) de la bruyère (la Bruyère), la corneille (Corneille)
boit l'eau (Boileau) de la fontaine (la Fontaine) Molière (Molière) » permet
de rappeler les écrivains du XVIIe siècle.
Grammaire
« Adampart pour Anversaveccentsoussûrs » pour rappeler les prépositions :
à, dans, par, pour, en, vers, avec, sans, sous, sur.
« Mais où donc est Ornicar » est célèbre.
Les sciences ne sont pas en reste.
Géologie
« Cambronne s'il eût été dévot n'eût pas carbonisé son père » rappelle les
périodes géologiques de l'ère primaire, Cambrien, Silurien, Dévonien,
Carbonifère, Permien. Ou, pour ne pas oublier l'Ordovicien, « Cambronne
Ordonna Silence et Dévouement à ses Carabiniers Permissionnaires ».
Astronomie
« Mevoici tout mouillé, je suis un nageur pressé », pour rappeler dans l'ordre
les planètes après le Soleil ; même si Pluton n'est plus considéré comme une
vraie planète, elle fait tout de même partie des planètes « historiques » pour
certains astronomes (www.nasa).
La phrase clé permet de se rappeler l'ordre d'une série de noms.
Fig. 11.7
Mathématiques
« Que j'aime à faire connaître ce nombre utile aux sages », pour les
décimales du nombre Pi (en comptant les lettres de chaque mot : que = 3, j = 1,
aime = 4, etc.).
Chimie
Se rappeler les rangées des atomes dans le célèbre tableau de Mendeleïev est
un vrai casse-tête sauf pour la première série, constituée seulement de
l'hydrogène (un seul proton) et de l'hélium (deux protons). Mais après, les
petites phrases suivantes nous aident bien à rappeler la première vraie rangée et
la deuxième.
« Lili bêcha bien chez l'affreux[1]oncle Fernand Nestor » pour les atomes
« lithium, béryllium, bore, carbone, azote, oxygène, fluor, néon » et
« Napoléon mangea allégrement six poissons sans claquer d'argent » pour les
atomes « sodium (Na), magnésium, aluminium, silicium, phosphore, soufre et
argon (qui a 17 protons non l'argent qui en a 47) ».
Difficile de se rappeler le tableau de Mendeleïev sans phrase clé !
Fig. 11.8
Histoire
Les sciences « douces » ne sont pas en reste de difficultés mnésiques, avec les
listes de rois, de dieux. Qu'à cela ne tienne !
« Jeune Veuve Joyeuse Cherche Vieux Baron Même Malade Afin De Vivre
Mieux » permet de rappeler les dieux romains, ou du moins de ne pas en
oublier trop : Jupiter, Vénus, Junon, Cérès, Vulcain, Bacchus, Mercure, Mars,
Apollon, Diane, Vesta, Minerve. Tiens, l'inventeur de la phrase a oublié le dieu
Neptune, c'est Nul !
Et pour les Muses, dont il n'est pas facile de rappeler les neuf sœurs : « Clame
Eugénie Ta Mélodie, Terrible Air Polonais, Ouragan Calculé », pour Clio,
Euterpe, Thalie, Melpomène, Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie, Caliope ;
mais « air » ne rappelle pas aisément « Erato », ni ouragan « Uranie ».
Géographie
Élémentaire, dirait Sherlock Holmes, car son nom HOLMES rappelle les
grands lacs d'Amérique du Nord, Huron, Ontario, Saint-Laurent, Michigan,
Erié, Supérieur, etc. (wikibooks/listes de mnémoniques, voir ce site pour de
nombreuses phrases clés).
Psychologie
Afin de se rappeler les propriétés du conditionnement de Pavlov, mes étudiants
avaient inventé le mot-clé GRETA, qui se décode à l'envers : A pour
acquisition, T pour contiguïté temporelle, extinction, récupération et
généralisation.
Aviation
Et pour finir ce catalogue amusant (nous en verrons quelques autres), il ne faut
pas oublier les métiers, comme celui d'aviateur[2], qui doit vérifier, sans erreurs,
certains réglages :
« Fais Ton Métier Pour Vivre Entier Heureux » pour se rappeler des
instructions dans les phases vitales de décollage/atterrissage : Freins, Train
(d'atterrissage), Moteur, Pas de l'hélice, Volets, Essence, Huile.
Et pour l'atterrissage en planeur…
« TouTVABien Ça Roule » pour « Trafic et Train d'atterrissage, Vitesse
Adaptée (afficher la vitesse adaptée), Ballastes, Compensateur, Radio
(s'adresser à la tour de contrôle) ».
Films
« À Jouer Presque Seul Tu Deviens Grincheux » permet de rappeler les 7 nains
de Blanche Neige sans en oublier, Atchoum, Joyeux, Prof, Simplet, Timide,
Dormeur et Grincheux.
Dans l'exemple des écrivains, le mot entier est dans la phrase clé (Racine,
Corneille, etc.) mais dans d'autres, elle intègre des indices phonétiques. Par
exemple l'initiale, comme pour les planètes ; ou alors les premières syllabes,
dans l'exemple pour la géologie « Cambronne s'il eût été dévot n'eût pas
carbonisé son père », rappellent les périodes géologiques de l'ère primaire :
Cambrien, Silurien, Dévonien, Carbonifère, Permien.
La phrase clé est parfois significative comme dans les exemples précédents
mais elle peut intégrer un mot non significatif comme dans la phrase « Mais où
est donc Ornicar ? » pour rappeler les conjonctions de coordination « mais, ou,
et, donc, or, ni, car ». Ornicar[3] n'a pas de signification et n'est facile à
mémoriser que par son caractère prononçable. Ce procédé purement lexical est
basé sur la prononçabilité. Le choix de la phrase, significative ou phonétique
comme dans la formule « cabalistique » (cf. 1re partie), est empirique et dépend
uniquement des circonstances. Ainsi, pour le rappel du tableau des atomes, le
procédé mnémotechnique pour la deuxième rangée (Lili, etc.) peut aussi être
une phrase cabalistique « Libébé Cénofné » pour rappeler les symboles
chimiques « Li Be B C N O F Ne » des atomes « lithium, béryllium, bore,
carbone, azote, oxygène, fluor, néon ». Quant à la troisième ligne, « Napoléon
Mangea Allégrement Six Poissons Sans Claquer d'Argent » (Na Mg Al Si P S
Cl A), remarquons deux indices trompeurs pour le néophyte en chimie, le
symbole du sodium est Na (d'où le Napoléon) et l'argent de la phrase clé
rappelle l'argon et non l'argent, qui est bien un atome, mais d'une autre rangée.
Une cause de l'inefficacité de la phrase clé réside dans la faiblesse des indices
eux-mêmes. Ainsi avons-nous vu (tableau 10.1) que la présentation de 2 lettres
comme indices phonétiques était insuffisante (rappel de 28 % par rapport au
24 % du groupe contrôle) et qu'il fallait au moins 3 lettres (syllabe) pour
constituer un indice efficace (56 %). Il ne faut pas perdre de vue que la phrase
clé est un plan de rappel, donc une organisation d'indices : le plan en lui-même
a donc deux faiblesses, l'inefficacité des indices (ex. initiales) et l'organisation
des indices entre eux (phrase peu sémantique). Subsidiairement, certains
chercheurs se sont demandé s'il était plus efficace que les indices clés (mot-clé,
phrase clé) soient inventés par les participants eux-mêmes ou donnés par
l'expérimentateur. Les résultats sont ambigus, certains trouvant que la
production subjective (par le sujet) est plus efficace (Bobrow et Bower, 1969)
ou l'inverse (Pines et Blick, 1974). Des différences tiennent sans doute au degré
d'association sémantique entre les mots à apprendre. Lorsque l'association est
forte (ex. vache-balle), la production par le sujet est efficiente, mais si
l'association est faible (ex. éternité-cobalt), le sujet ne trouve pas toujours
d'association. Il faut rappeler à cet égard que les processus d'organisation
(phrase, image, etc.) prennent du temps, au minimum 5 à 10 secondes par
couples de mots à intégrer ; dans ces conditions, si l'association sémantique est
faible, il faudra plus de temps pour trouver une organisation possible. Dans ce
dernier cas, les phrases clés fournies par l'expérimentateur sont les meilleures.
Étudier les phrases clés à partir de listes de mots construites par
l'expérimentateur est nécessaire pour manipuler certains facteurs, nombre de
lettres de l'indice, degré d'association sémantique, etc.
Avec Élisabeth Leblanc, nous avons évalué quelques phrases clés familières
des étudiants de différentes disciplines. La première phrase permet de rappeler
dans l'ordre les périodes géologiques de l'ère primaire, la seconde est relative
aux Sept merveilles du Monde. La troisième permet de rappeler dans l'ordre les
roches qui servent de référence dans l'échelle de dureté de Mohs en géologie.
Et enfin, la quatrième est très connue des étudiants de médecine pour retenir les
nerfs crâniens :
Merveilles du Monde
Pyramides d'Égypte, Phare d'Alexandrie, Jardins de Babylone, Temple de
Diane à Éphèse, Mausolée, Zeus de Phidias, Colosse de Rhodes.
Phrase clé : « Pour étendre la popularité, avec génie et brio, du théâtre de son
époque, Molière satura de pièces la cour du roi. »
Nerfs crâniens
Olfactif, optique, moteur (oculaire commun), pathétique, trijumeau, moteur
(oculaire externe), facial, auditif, glosso-pharyngien, pneumo-gastrique, spinal,
grand hypoglosse.
Phrase clé : « Oh Oscar, ma petite théière me fait àgrand-peine six grogs. »
Dans le groupe « phrase clé », les phrases étaient données lors de la mémorisation avec la liste des
mots tandis que les sujets du groupe contrôle ne disposaient d'aucune aide pour apprendre les
quatre listes. Nous avons demandé aux sujets d'apprendre les listes jusqu'à une récitation parfaite et
nous avons mesuré le temps total d'apprentissage. Pour les « périodes géologiques » et les « nerfs
crâniens », il n'y avait pas de différence de temps entre le groupe « phrase clé » et le « groupe
contrôle ». En revanche, le groupe « phrase clé » s'est montré beaucoup plus lent (deux fois plus de
temps) que le groupe contrôle pour les « Sept merveilles » et l'échelle de Mohs. Ensuite, nous
avons testé le rappel au bout d'une semaine, en rappel libre, sans donner la phrase clé.
Les résultats indiquent que les phrases clés pour les périodes géologiques et les nerfs crâniens sont
efficaces. En revanche, les deux autres phrases clé s, « Sept merveilles » et l'échelle de Mohs,
s'avèrent moins efficaces. D'ailleurs, ces deux mêmes séries avaient nécessité deux fois plus de
temps d'apprentissage.
La phrase clé des « Sept merveilles » est un mauvais plan de récupération pour
différentes raisons, phrase trop longue, indices trop courts (une seule lettre),
parfois de mauvais indices, comme « satura » et « Zeus », qui n'ont pas la
même prononciation ; de plus, les informations à rappeler elles-mêmes sont
composites, par exemple le « S » doit rappeler à la fois Zeus et Phidias
(l'architecte qui conçut cette statue). En ce qui concerne l'échelle de Mohs, la
difficulté réside dans la difficulté des mots eux-mêmes, les noms de roches
comme « corindon, orthose, apatite, etc. » sont méconnus des étudiants (de
psychologie) qui ont servi de sujets d'expérience. Dans cet exemple, nous
retrouvons une loi essentielle des indices de récupération. Les indices facilitent
l'accès à l'épisode stocké. Si rien n'est stocké (ou insuffisamment), il n'y a rien
à récupérer.
Beaucoup de méthodes fonctionnent comme des indices ou des plans de
récupération de sorte qu'elles ne peuvent être efficaces que si les informations à
rappeler sont déjà connues (préalablement stockées). C'est le cas des planètes,
des écrivains du XVIIe siècle, des conjonctions de coordination. Même la phrase
clé la plus facile ou la plus amusante ne pourra permettre de rappeler
miraculeusement des éléments inconnus. La phrase amusante « Napoléon
mangea allégrement six poissons sans claquer d'argent » ne sera d'aucune aide
à un étudiant qui n'aurait pas appris que le symbole atomique « A » désigne
l'argon et non l'argent.
En pratique, on peut résumer les règles d'efficacité suivantes :
C'est sans doute par méconnaissance des éléments chimiques qu'elle rappelait
que la formule cabalistique de Guyot-Daubès (ex. vibujor pour les couleurs,
Césauticaclo… pour les empereurs, cf. chapitre 4, § 3), inspirée sans doute des
usages des anciens prêtres et alchimistes, a été réduite chez le profane au
célèbre abracadabra du magicien ou de la sorcière.
Le résumé
Si l'on essaie de satisfaire les deux dernières conditions, bons indices et
remplissage minimum, on devrait aboutir au plan de récupération idéal. Tout
d'abord, prendre les indices les plus riches, ce sont les mots importants eux-
mêmes. Ensuite, supprimer la surcharge, c'est enlever ce qui est secondaire et
ne rien rajouter. En fait, ce plan parfait existe, c'est le résumé !
L'évaluation du résumé donne des résultats intéressants.
Ainsi, Jean-François Vezin, Odile Berge et Panicos Mavrellis (1973) ont étudié le rôle du résumé et
de la répétition en fonction de leur place par rapport au texte. Le texte concernait l'adaptation chez
les animaux et a été présenté à des élèves de CM2 (environ 11 ans). Le texte est constitué de
8 affirmations générales et 16 exemples. Le résumé comprend toutes les affirmations générales
sans les exemples et ce résumé est présenté soit avant la lecture du texte entier, soit après. Les
meilleurs résultats sont obtenus lorsque le résumé est après. Les résultats par rapport à la simple
répétition du texte sont plus complexes. Si l'on s'intéresse au nombre de mots rappelés, la répétition
du texte entier est meilleure que le résumé mais si l'on s'intéresse au degré de généralité des
énoncés rappelés, le résumé donne des résultats supérieurs. En définitive, texte et résumé ont
vraisemblablement des fonctions différentes.
Le regroupement des mots en phrases est efficace jusqu'à 4 phrases mais au-delà, il faut grouper les
phrases en histoires (d'après Lieury, Athmane et Le Coroller).
Fig. 11.10
Mais dans la condition « histoire », le rappel est très bon (80 %) pour 10 ou 20 petites phrases
grâce à l'organisation en histoires. L'histoire clé, ou scénario, fonctionne donc comme un véritable
plan de rappel en intégrant différents indices thématiques des phrases qui rappellent eux-mêmes
plusieurs mots.
Notons au passage que ces histoires, presque nécessairement absurdes, que l'on
fabrique pour réunir des mots au hasard, ressemblent aux histoires de nos
rêves. Comme si le cerveau, dans la nuit, voulait organiser les épisodes
disparates de notre journée en une bonne histoire !
Dans cette célèbre expérience, une liste impressionnante de 112 mots est présentée sous la forme
de 4 planches d'une quarantaine de mots présentés de manière hiérarchique. Pour le groupe
contrôle, les 112 mots sont mélangés et présentés en colonnes également sur 4 planches.
Le rappel est exceptionnellement efficace dès le premier essai (figure) puisque le rappel correspond
à 70 mots, soit dix fois la capacité usuelle de 7 ; dès le 3e essai, la totalité des 112 mots de la liste
est rappelée, ce qui est une performance spectaculaire. Dans cette expérience, la surcharge est
évitée par l'utilisation de supercatégories qui groupent les catégories et les résultats, par exemple, la
super-catégorie « minéraux » regroupe d'autres catégories (pierres précieuses, métaux, etc.) qui
déjà regroupent plusieurs mots.
Par ailleurs les sujets du groupe contrôle ont un rappel très correct, ce qui indique une activité
d'organisation spontanée.
Le tableau
Un autre plan, si efficace qu'il est d'usage courant, est le tableau à double
entrée. C'est le classique tableau de présentation des résultats que nous avons
rencontré tout au long de ce livre et qui sert tant aux scientifiques.
Donald Broadbent et ses collègues (1978) ont testé l'efficacité pour la mémoire de la présentation
sous forme d'un tableau, en le comparant à une présentation hiérarchique (arborescence). La liste
comporte 16 noms d'animaux à mémoriser dans une condition de liste hiérarchique. Dans une autre
condition, 16 noms équivalents (par ex. d'animaux) sont présentés dans un tableau à double entrée
(figure 11.12 ).
En comparant ces deux formes de présentation, on remarque que le tableau ne requiert que
4 indices (2 noms en colonnes + 2 noms dans les rangées du tableau) tandis que pour un même
nombre de mots, l'arborescence est moins économique puisqu'elle nécessite 7 indices (les 4 noms
de catégories, 2 supercatégories et la catégorie générale). En fait, l'arborescence ne correspond pas
à la logique du tableau et on ne pourrait coder l'une dans l'autre. Dans le tableau, l'information est
croisée, un mot est à la fois dans la dimension d'une rangée (ex. familier) et dans la dimension
d'une colonne (ex. oiseaux) tandis que dans l'arborescence, les mots n'appartiennent qu'à une seule
catégorie, par exemple, le lion est un animal, sauvage, prédateur et ne peut être à la fois sauvage et
domestique, ce sont des catégories exclusives.
Afin d'observer si l'arborescence présente éventuellement une charge plus grande pour les indices
(les titres), les auteurs distinguent, dans le rappel, le rappel des indices de celui des mots. Mais, que
ce soit pour les mots ou leurs indices (titres), les résultats (tableau 11.1 ) indiquent une grande
efficacité de l'arborescence et du tableau par rapport au groupe contrôle, sans différence entre le
tableau et la hiérarchie.
Tab. 11.1
Tableau Hiérarchie Contrôle
Rappel des titres 86 82 51
Rappel des mots 65 64 29
Comparaison de l'efficacité (%) de la hiérarchie et du tableau (D. Broadbent, Cooper et M.
Broadbent, 1978).
Il n'y a donc pas de surcharge pour les indices plus nombreux dans l'arborescence : cela peut
s'expliquer par les mécanismes de va-et-vient entre mémoire à court terme et mémoire à long
terme ; par exemple, la mémoire à court terme stocke « mammifère », qui permet de récupérer
« sauvage » ; sauvage récupère « prédateur » et ainsi de suite ; notons, de plus, que le pourcentage
de rappel est plus important pour les indices que pour les mots de base, ce qui prouve bien que le
rappel des mots est médiatisé par les indices et non l'inverse.
Un tableau paraît plus approprié pour mémoriser les neuf muses qu'une phrase clé compliquée.
Fig. 11.13
Ainsi un tableau est bien utile afin de mémoriser les neuf muses. Il existe bien
une phrase clé mais elle n'est pas aisée « Clame Eugénie Ta Mélodie, Terrible
Air Polonais, Ouragan Calculé » pour Clio, Euterpe, Thalie, Melpomène,
Terpsichore, Erato, Polymnie, Uranie, Caliope ; « air » ne rappelle pas
aisément « Erato », ni ouragan « Uranie ». Alors que trois, ou ici quatre
catégories sémantiques, est une classification idéale pour la capacité limitée de
la mémoire à court terme.
Chapitre 12
Richard Grey puis Grégoire de Feinaigle ont popularisé l'usage du code chiffre-lettre
dans différentes applications, notamment les phrases clés, ou formules, et la célèbre
table de rappel qui, selon des publicités, nous permet d'obtenir une mémoire
prodigieuse.
1. La formule
Comment mémoriser les décimales du nombre Pi
L'abbé Moigno (1879) à qui certains attribuent (Saint-Laurent, 1968) à tort l'invention
du chiffre-lettre a néanmoins utilisé le procédé de la formule dans une application pour
le moins extraordinaire puisqu'il avait appris 127 décimales du nombre Pi.
J'ai voulu tester l'efficacité de cette formule, non parce que le procédé est utile (il suffit d'avoir une calculatrice
ou Internet) mais comme test d'une technique astucieuse. Toutefois, pour ne pas martyriser les étudiants
volontaires, la séquence ne comportait que 19 chiffres, c'est-à-dire seulement les deux premières phrases clés
de la formule de Moigno (le code est celui d'Aimé Paris).
La formule de l'abbé Moigno pour mémoriser les décimales du nombre Pi.
Fig. 12.1
La difficulté du code chiffre-lettre est de l'apprendre par cœur pour pouvoir coder les chiffres en mots, ou
inversement (c'est le cas pour l'expérience) décoder les mots en chiffres. Le groupe « formule » était donc
composé d'étudiants (niveau licence 3) qui avaient appris le code chiffre-lettre en ayant pour consigne de
s'entraîner pendant une semaine à appliquer le code sur des numéros de téléphone. À l'issue de cette semaine,
j'ai contrôlé le niveau de leur acquisition en leur présentant dix mots de deux syllabes toutes les 5 secondes ;
leur tâche était de décoder chacun de ces mots dans le numéro correspondant. Seuls dix étudiants sur vingt ont
été retenus, parvenant à décoder correctement 8 mots sur les dix. Ces étudiants, constituant le groupe
expérimental, ont disposé de 2 minutes (soit environ 6 secondes par chiffre) pour mémoriser les 19 chiffres de
Pi dans l'ordre, en s'aidant de la formule Moigno. Pour le groupe contrôle, la procédure était plus simple ; les
étudiants n'avaient pas entendu parler du code chiffre-lettre et ils devaient mémoriser les mêmes 19 chiffres
dans l'ordre et disposaient du même temps que le groupe expérimental. Pour le rappel, les sujets devaient
rappeler les chiffres dans un tableau de deux rangées de dix cases de façon à rappeler les chiffres dans la bonne
position.
Les résultats (tableau 12.1 ) montrent que la formule est réellement efficace mais cette efficacité apparaît
surtout pour un délai de plusieurs semaines ; après 6 semaines, le rappel, grâce à la formule est presque le
double de l'autre groupe, 78 % contre 42 %.
Tab. 12.1
Délai de rappel
Immédiat 1 heure 2 semaines 6 semaines
Formule 97 86 64 78
Contrôle 86 80 50 42
Efficacité (%) de la formule de Moigno pour le rappel de 19 chiffres du nombre Pi (Lieury, 1980).
Un autre type de table est basé sur les associations phonétiques entre certains mots et
les numéros de 1 à 10. D'après Middleton (1888), ce procédé aurait été introduit par
John Sambrook, très populaire aux États-Unis car réutilisé par la célèbre méthode
Carnegie pour apprendre à parler en public. Basé sur des similitudes phonétiques, ce
procédé n'est pas traduisible, aussi en voici une adaptation :
un-pain
deux-nœud
trois-noix
quatre-pattes
cinq-pintes
six-vis
sept-bêtes
huit-huîtres
neuf-œufs
dix-drisses
Bugelski, Kidd et Segmen (1968) de l'université de New York à Buffalo ont réalisé une expérience soigneuse
sur ce procédé. Leur table comporte dix indices numériques. Les sujets du groupe « table » apprennent les dix
indices numériques par cœur puis on donne une liste de dix mots nouveaux avec la consigne de les associer
aux indices : par exemple, si le premier mot est « stylo », on peut imaginer un sandwich un peu spécial avec un
stylo dans le pain (pain = n° 1), etc.
Tab. 12.2
Temps de présentation (par mot)
2 secondes 4 secondes 8 secondes
Table 44 79 97
Contrôle 43 62 73
Rôle du temps de présentation dans l'efficacité (%) d'une table de rappel basée sur les rimes (d'après Bugelski
et coll., 1968).
Les sujets du groupe contrôle n'ont aucune aide. L'expérience est très intéressante car chaque groupe est
subdivisé en trois sous-groupes de façon à tester trois vitesses de présentation. Ce facteur est en effet très
important car les processus d'organisation sont très efficaces mais ils requièrent du temps : il faut du temps
pour créer une image ou une phrase permettant d'intégrer deux mots.
Vingt siècles auparavant, Quintilien avait déjà remarqué que la méthode des lieux n'était
d'aucune aide pour les mots abstraits et c'est évidemment une critique générale contre
ces méthodes, sachant que de nombreuses connaissances ont un caractère abstrait.
Dans les exemples précédents, les tables n'excédaient pas dix éléments si bien que Persensky et Senter (1969)
ont augmenté la difficulté en testant l'efficacité d'une table de rappel sur la mémorisation de listes de 20 mots.
Les mots sont rappelés dans 20 cases sur un carnet de réponses et seuls les mots dans leur bonne position sont
considérés comme corrects. Les sujets sont des aviateurs de l'armée. Une fois encore, l'emploi de la table de
rappel facilite le rappel dans l'ordre, le rappel étant de 93 % tandis qu'il n'est que de 34 % dans le groupe
contrôle. Les auteurs avaient également inclus une condition intéressante dans laquelle les sujets avaient sous
les yeux la liste des indices numériques pendant toute la durée de l'expérience. Or, les résultats montrent que
les sujets de cette dernière condition n'ont pas un rappel supérieur à celui des sujets qui avaient appris par cœur
les indices de la table. Ainsi, les résultats indiquent qu'une liste d'indices parfaitement apprise ne surcharge pas
la mémoire et est aussi efficace que si elle est visible. Symétriquement, si une table de rappel paraît trop
difficile à apprendre, on peut faire l'expérience en laissant sous les yeux la table en question.
La table de rappel est efficace pour une liste, mais quand il faut rappeler des listes antérieures, il y a oubli
(d'après Bugelski, 1968).
Fig. 12.2
Les résultats (figure 12.2 ) indiquent que la table de rappel est toujours supérieure (le rappel est un sondage
numérique) par rapport au groupe contrôle. Mais on constate que contrairement aux promesses des
mnémonistes, la méthode n'est pas infaillible et ne permet pas de compenser l'oubli provoqué par les
interférences. Le rappel de la toute dernière liste dans le groupe « table » étant de 80 % n'est plus que de 55 %
pour la première liste apprise avec la table, donc celle qui a été suivie de l'apprentissage de cinq autres listes.
Si l'on se souvient que la liste ne comporte que 10 mots, cela ne fait qu'un petit rappel de 5 mots dans l'ordre.
Certes, le rappel dans le groupe contrôle est encore plus pauvre, environ 10 %, ce qui confirme une nouvelle
fois les résultats classiques sur les interférences. Les tables de rappel (lorsqu'elles « marchent ») ont été
inventées par des mnémonistes astucieux mais ayant probablement une très bonne mémoire et entraînés
comme des professionnels.
0 as 10 tison
1 tué 11 tête
2 âne … miroir
3 ami 34 pape
4 or 99
…
Afin de réduire, selon lui, la difficulté d'une liste de cent indices numériques, le fertile
abbé Moigno (1879) trouva judicieux d'inventer une table en faisant les combinaisons
de dix noms et dix adjectifs :
0 demeure céleste
1 nation tendre
2 mission noire
3 arme mauvaise
4 lumière ridicule
5 chose lente
6 école changeante
7 fleur gaie
8 époque forte
9 belle
Chaque indice (ou mot-clé) code un chiffre uniquement par son initiale mais en
combinant les noms et les adjectifs ; on retrouve les numéros de 1 à 100. Par exemple,
pour coder le numéro 10, il faut combiner « demeure » qui code 1 et « céleste » qui
code 0. Remarquons que dans ce système, seule la première consonne est utile
contrairement au système « sténo » de Paris. Si l'on continue ainsi, on obtient par
exemple « nation lente » pour le numéro 25, « école ridicule » pour le numéro 74, etc.
Le procédé est complexe puisqu'il aboutit à coder un numéro par deux mots aussi
Moigno préconise-t-il de dériver un troisième mot-clé de ce couple indiciel : par
exemple, « demeure céleste » devient « paradis », « demeure noire » devient
« tombeau », « nation mauvaise » devient « anthropophages », « arme gaie » devient
« épigramme ».
Le système m'a paru tellement complexe que dans l'expérience que nous avons réalisée, avec Joëlle Haziza et
Dominique Prieuret (Lieury, 1980), le test n'a porté que sur les combinaisons « nom-adjectif » pour les
positions de 1 à 40. De plus, désespérant d'obtenir des volontaires pour un apprentissage par cœur de cette
table complexe, nous avons fourni la table sur une feuille de papier tout au long de l'expérience. Néanmoins,
les sujets du groupe « table » étaient préalablement familiarisés avec le code chiffre-lettre et avec le principe
de construction des 40 indices numériques de la table Moigno. Dans le groupe contrôle, la mémorisation de la
liste de 40 mots, en fonction de leur position numérique, se faisait sans aide. Dans le test du rappel,
l'expérimentateur dicte au hasard les 40 numéros, et le sujet doit associer le bon mot.
Les résultats indiquent clairement que la table Moigno est totalement inefficace par rapport au groupe
contrôle. Ainsi, dans le test du rappel numérique (rappel du mot avec sa bonne position), le rappel n'est que de
11 % alors qu'il est de 15 % dans le groupe contrôle. À l'évidence, les sujets ne parviennent pas à intégrer les
mots cibles (à apprendre) à ces indices qui sont complexes (formés de deux mots), abstraits pour la plupart,
arme céleste, nation changeante. Avant d'être un bon indice numérique, il faut « être » un bon indice.
Curieusement, c'est cette table, la moins efficace de celles que nous avons décrites, qui
est défendue par une méthode faisant l'objet d'une certaine publicité (méthode Aubanel,
Saint-Laurent, 1968). Une autre table de Moigno construite autour du son « on », limon,
renom, coupon, est également citée par Saint-Laurent, et par Chauchard (1968).
L'apogée du ridicule est atteint par Saint-Laurent, qui défend sans esprit critique la
mégalomanie de Moigno, en conseillant de combiner la table de rappel avec cent autres
notions pour en faire une gigantesque table de 10 000 notions (100 x 100 = 10 000) :
« Reliez à la table ``demeure-nation'', les seules notions que vous désirez retenir pour
toujours. Vous pouvez étendre cette table dans le sens horizontal, de manière à classer
10 000 notions ; c'est plus qu'il ne vous en faut » (Saint-Laurent, 1968, p. 181).
Les résultats sont importants sur le plan social car ils indiquent (figure 12.3 ) que la méthode (table de rappel)
n'est efficace que pour les sujets de haut niveau d'aptitude. On remarque par ailleurs que les sujets « contrôle »
ont les mêmes scores (aux environs de 40 %) de rappel quel que soit leur niveau d'aptitude générale. Leur
mémoire des mots dans l'ordre n'est donc pas en cause, c'est la capacité d'utiliser des stratégies, des codes qui
limite les sujets de niveau d'aptitude moyen ou faible.
Au niveau des plans de rappel, deux critères semblent essentiels pour opposer les
méthodes « artificielles » et les méthodes « naturelles », la surcharge et les relations
sémantiques entre les éléments ou entre les indices de récupération. Prenons l'exemple
de la phrase clé et du résumé qui tous deux sont des plans de rappel basés sur le
langage. Le résumé contient tous les mots importants du texte de départ mais il contient
moins de mots au total, ce qui facilite la mémorisation. Au contraire, la phrase clé
contient des mots supplémentaires à apprendre et ces mots n'entretiennent aucune
relation sémantique ou logique avec les éléments à rappeler, ce qui donne l'impression
justifiée d'artifice. Par exemple, Napoléon n'a rien à voir avec la chimie, pas plus que
Cambronne avec la géologie. La même surcharge existe pour la méthode des lieux
puisqu'il y a introduction de mots ou d'images qui n'ont pas de relations avec les
éléments à rappeler, au contraire des schémas qui ne représentent, en principe, que
l'essentiel de l'information à rappeler. Enfin dans la table de rappel sont ajoutés des
indices qui n'ont aucune relation sémantique tandis que dans l'arborescence ou le
tableau à double entrée, seule l'information conceptuelle est conservée. Au total, les
méthodes « naturelles » semblent correspondre à l'abstraction des relations sémantiques
essentielles tandis que les méthodes « artificielles » sont plus basées sur des
associations phonétiques, qui ajoutent des relations sémantiques incongrues. Limitées
par les conceptions anciennes, en particulier l'ignorance de la mémoire sémantique, les
méthodes artificielles avaient pour objectif l'apprentissage par cœur de la mémoire
lexicale (les aspects de surface du mot, notamment sa phonologie) et l'apprentissage de
l'ordre.
Cependant, il faut restituer le contexte historique de la mémoire artificielle. Les
méthodes basées sur l'image étaient plus populaires dans l'Antiquité et pendant la
Renaissance parce que l'immense majorité des gens ne savaient ni lire ni écrire. Jean
Quéniart, un de mes amis historien spécialiste du XVIIIe siècle, me disait qu'à l'époque
de la Révolution française (1789), on estime d'après les registres de mariage (enquête
Maggiolo) que 37 % des gens savaient lire et écrire, et seulement 21 % sous Louis XIV.
Dans les années 1870 (Alexandre Dumas, Napoléon III), cette fois, 72 % de la
population savait lire.
Avant la lecture et l'écriture, les gens ne pouvaient donc faire ce qui est élémentaire
pour nous, écrire une liste de courses, noter des rendez-vous. Les méthodes basées sur
le code chiffre-lettre apparaissent d'ailleurs au XVIIe siècle, à une époque où le
commerce et la science rendent populaires les nombres. À notre époque de culture
imagée, Web, vidéo, etc., les mémoires virtuelles, le caméscope, l'ordinateur ou le
téléphone portable mémorisent plus fidèlement que la méthode des lieux.
Chapitre 13
Par exemple, les jeux vidéo permettent-ils d'être meilleurs à l'école ? Non ! Pour le Programme
d'entraînement cérébral de Kawashima, les résultats sont nuls entre le pré-test (avant
l'entraînement) et le post-test (après un entraînement de 11 séances) (– 3 %) pour les sciences
de la vie et de la Terre ou négatifs (– 17 %) pour la géographie. Le seul bénéfice concerne le
calcul mais le progrès est faible (+ 19 %) et les groupes papier-crayon et contrôle font autant
(19 % et 18 %, Lieury, 2010).
Des résultats négatifs similaires ont été obtenus pour un programme de Brain Gym au
Royaume-Uni, qui prétend un re-modelage neurologique. Ce programme a été testé par les
chercheurs écossais Miller et Robertson (2010) avec un entraînement de dix semaines à raison
de 20 minutes pendant les quatre jours de la semaine. Le gain du pré-test au post-test est de
2,49 %, donc quasiment nul, le groupe contrôle ayant un gain (familiarisation aux tests) de
6,5 % ! Ces mêmes auteurs trouvent un gain significatif pour un entraînement au programme
Kawashima (sur le calcul mental), mais qui n'est que de 13,4 % et que les auteurs ne testent
pas (statistiquement) par rapport au gain du groupe contrôle qui fait 6,5 %. Sachant qu'il s'agit
d'élèves de 10-11ans, il n'est pas invraisemblable que les exercices Kawashima (où il y a du
calcul mental et des « révisions » de tables) soient utiles, mais les résultats laissent plutôt
penser qu'il s'agit d'une simple familiarisation, comme le montre notre expérience.
Certains se demandent si les expériences sur les enfants sont généralisables
aux adultes.
C'est bien le cas, comme vient de le démontrer une importante étude montrant encore des
résultats négatifs sur une large population de 11 430 participants adultes à des programmes
télévisés. Grâce à un programme télévisé de la télévision britannique, une équipe de
Cambridge (Owen et al. , 2010) a comparé un entraînement dans deux groupes expérimentaux
à un groupe contrôle qui répondait à des questions, totalisant 11 430 participants d'âges variés
(âge moyen d'environ 40 ans). Les participants sont entraînés trois fois dix minutes dans la
semaine pendant six semaines. Le groupe expérimental 1 (4 678 sujets) s'entraîne à des tâches
de raisonnement et planification, le groupe expérimental 2 (4 014 participants) s'exerce à des
épreuves plus variées, d'attention, mémoire, traitement visuospatial et mathématiques tandis
que le groupe contrôle (2 738 participants) répond à des questions. Une série de quatre tests,
raisonnement, mémoire verbale à court terme, mémoire visuospatiale et apprentissage de
paires de mots, est donnée en pré-test et en post-test (après l'entraînement). Alors que les
participants augmentent leur performance au cours de l'entraînement sur les épreuves
entraînées (effet d'apprentissage), aucune amélioration n'est trouvée entre le pré-test et le post-
test pour aucun des tests (effet nul de transfert). Les auteurs notent même avec humour que la
différence entre le pré-test et le post-test pour la mémoire à court terme de chiffres est de trois
centièmes d'un chiffre et qu'il faudrait (à supposer qu'il y ait une augmentation linéaire de
l'effet de transfert) quatre ans d'entraînement pour augmenter la performance d'un seul chiffre !
S'il est évident qu'il faut continuer à stimuler le cerveau à tout âge, toute
activité intellectuelle est bonne, comme le confirme une étude de l'Inserm
(Institut national de la santé et de la recherche médicale).
Une équipe conduite par Tasnime Akbaraly et Claudine Berr (2009) sur 6 000 personnes de
plus de 65 ans, suivies pendant 4 ans, montre que les personnes âgées qui pratiquaient
régulièrement des activités stimulantes intellectuellement (mots croisés, jeux de cartes,
contacts sociaux, etc.) présentaient deux fois moins de risque de pathologie du cerveau que
d'autres.
Conclusion
Enfin il existe des plans basés sur des codes singuliers comme ce code
chiffre-lettre qui a donné lieu à des astuces fort ingénieuses, mais pas
toujours très utiles car orientées vers l'apprentissage par cœur plutôt que
vers la mémoire sémantique, qui apparaît la plus fondamentale.
De l'Antiquité à la Renaissance, alchimistes et mages ont cherché, à l'instar
de la pierre philosophale, la méthode magique qui permettrait d'accéder à la
mémoire absolue. Plus pragmatiques, les mnémonistes du XIXe siècle ont
essayé d'inventer des techniques, une « sténographie » de la mémoire. Dans
les deux cas, nous savons maintenant que c'est un mythe irréalisable. La
mémoire est si complexe que c'est une illusion de penser qu'une méthode
unique permettrait de tout acquérir et sans oubli. C'est ce mythe que l'on
retrouve dans la mode actuelle des programmes d'entraînement cérébral. Il
n'est pas douteux qu'il faille, dès la naissance, stimuler le cerveau pour le
développement intellectuel et continuer à le faire à tout âge. Mais les
méthodes « tout en un », de la gym-cerveau aux programmes d'entraînement
sur consoles, comme le Programme d'entraînement cérébral de Kawashima
ou la ludique Cérébrale Académie (Big Brain Academy) ont une efficacité
faible ou nulle, du même ordre d'efficacité que de simples jeux papier-
crayon des magazines pour enfants. La meilleure stimulation est l'école qui,
par sa durée (12 années d'études jusqu'au baccalauréat) et la variété des
domaines, assure vraiment un enrichissement du cerveau. À l'âge adulte, les
nombreuses stimulations suscitées par les exigences professionnelles
suffisent largement, c'est plutôt le stress qu'il faut parfois craindre, des
études montrant par exemple un manque de sommeil chez les adultes. Quant
à la retraite, il faut qu'elle continue à être active sur le plan intellectuel et la
bonne méthode est de varier les activités, documentaires, voyages, jeux de
société, voilà qui permet de garder un cerveau de formule 1 !
Quiz mémoire d'éléphant
Quelle est la meilleure mémoire, celle des mots ou celle des idées ?
Le fait que les mots soient stockés dans plusieurs mémoires explique aussi
qu'on ne se rappelle pas la même chose au cours du temps. Ainsi, dans une
expérience où l'on fait apprendre un texte, on vérifie la mémoire en faisant
comparer des phrases exactes du texte à des phrases transformées. Par
exemple, si la personne ne reconnaît plus la phrase originale d'une phrase
dont certains mots ont été remplacés par des synonymes (ex. bateau pour
voilier), c'est que la personne se rappelle le sens (mémoire sémantique)
mais non les mots eux-mêmes (mémoire lexicale). Les résultats indiquent
que la mémoire des mots exacts n'est plus fiable au-delà d'une semaine mais
que les grands thèmes abordés dans le texte sont conservés sur plusieurs
mois. La mémoire sémantique, des idées, est donc la plus puissante, celle
qui stocke les informations sur la plus longue durée. C'est ce qui se passe
lorsqu'on raconte un film ou un roman après quelques jours, on ne se
souvient généralement que de l'intrigue et des circonstances générales mais
non du nom des protagonistes, nommés alors par leurs noms d'acteurs.
D'ailleurs assez souvent le mot sur le bout de langue est produit par la
compétition avec un autre mot qui lui ressemble. Les lapsus ou erreurs de
mots présentent précisément ces erreurs phonétiques entre les mots et si
Freud a popularisé l'idée que ces lapsus cachent des mots sexuels censurés,
le cas est plutôt rare. Le cas général est une confusion avec un mot
phonétiquement proche et plus courant, plus fort donc dans la mémoire de
la personne ou de l'élève. Ces ressemblances phonétiques causent des
déboires aux élèves qui font ainsi des grosses confusions comme d'appeler
« dénominator » le dénominateur en le confondant avec le titre du film
Terminator, ou de penser que « régicide » est un insecticide…
Pourquoi oublions-nous ?
À côté des mécanismes biologiques de l'oubli (questions précédentes), il
existe de nombreux mécanismes psychologiques de l'oubli. Un de ces
mécanismes pernicieux est l'oubli par interférences.
La première mesure de l'oubli date des expériences de l'Allemand Ebbinghaus en 1885.
Ebbinghaus avait une méthode bien particulière. Il apprenait lui-même des listes de syllabes
puis, mettant chaque liste dans une enveloppe, il les réapprenait à une date donnée, soit une
heure après, un jour, une semaine et ainsi jusqu'à un mois plus tard. Il s'aperçut ainsi que
l'oubli était très rapide, de 50 % au bout d'une heure à 80 % au bout d'un mois.
Affreux ! Et pourtant, cela reflète bien ce qui se passe dans la vie courante,
notamment la vie scolaire où les élèves oublient à grande vitesse. Pour
expliquer cet oubli, les chercheurs utilisèrent un phénomène physique, les
interférences : vous savez, lorsqu'on jette deux cailloux dans l'eau, les
cercles concentriques s'élargissent et lorsqu'ils se rencontrent, cela fait des
formes complexes, les interférences. Quand plusieurs choses semblables
sont mémorisées, leurs souvenirs interfèrent. Par exemple, j'apprends un
numéro de téléphone dans lequel se trouve 34 alors que l'immatriculation de
ma voiture est 43 ; le risque est grand de rappeler 43 en faisant le numéro
de téléphone ; et ainsi de suite avec des visages, des dates à l'école, les
chiffres en francs ou en euros.
Notre mémoire n'oublie pas tant que cela mais comme une bibliothèque
immense, il lui faut seulement les bonnes adresses du passé.
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YOUNG M.N. (1961). Bibliography of Memory, Philadelphia, Chilton Co.
Index des notions
abréviations, 114
abstraction, 77, 132
accès direct, 72
acétylcholine, 43
acrostiche, 22
aide-mémoire, 11
alcool, 37
aliments pour la mémoire, 170
amnésie
de Korsakoff, 35
rétrograde, 44
apprentissage
distribué, 55
massé, 56
multi-épisodique, 78
multi-essais, 51
sensori-moteur, 54
aptitude, 147
arborescences, 7, 138
associations, 176
bachotage, 57
bibliothèque, 94, 113
bizarrerie, 100
Brain Gym, 163
capacité limitée de récupération, 108
catégorisation, 139
centres sous-corticaux, 30
Cérébrale Académie, 159
cerveau, 24
champions de la mémoire, 99
check-list, 128
classifications, 122
codage
lexical, 97
phonologique, 96
code
chiffre-image, 4
chiffre-lettre, 12 , 104
consonantique, 18
comprendre, 74
comptines, 119
console de jeux, 158
consolidation mnésique, 45
contextes, 79
corps striés, 49
cortex, 29
occipital, 31
déjà vu, 47
documentaire, 130
double
chaîne, 103
codage, 84
drogues, 38
écologie du cerveau, 169
économie cognitive, 70
écriture, 151
entraînement cérébral, 162
épisodes, 75
étymologie, 124
faux souvenirs, 165
formule, 141
gym tonic, 156
gym-cerveau, 157
hiérarchie catégorielle, 69
hippocampe, 36
histoire, 137
histoire clé, 135
humour, 175
iconothèque, 82
ictus amnésique, 39
illustration, 89
images, 81
indices
alphabétiques, 117
catégoriels, 121
de récupération, 105
imagés, 125
lexicaux, 115
sémantiques, 120
inférence, 73
jeux papier-crayon, 160
lapsus, 177
lecture, 86, 150
légendes, 87
liste type, 126
maladie
d'Alzheimer, 40
de la mémoire, 26
de Parkinson, 48
marketing, 127
mathématiciens, 14
médicaments pour la mémoire, 171
mémo, 91, 129
mémoire
à court terme, 90
artificielle, 3 , 148
auditive, 61
déclarative, 27
des chiffres, 67
des odeurs, 167
épisodique, 76
« fichier », 95
iconique, 60
imagée, 80
lexicale, 63
naturelle, 149
olfactive, 62
photographique, 59
procédurale, 28 , 46
prodigieuse, 179
sémantique, 68
sensorielle, 58
virtuelle, 152
méthode des lieux, 1
Mickey Jeux, 161
mnémotechnie, 15, 146
mot sur le bout de la langue, 174
mot-clé, 98, 133
imagé, 102
motivation, 168
mots grossiers, 178
multimédia, 85
neurones, 25, 52
nombre magique 7, 92
nombre Pi, 142
ordinateur, 153
organisation, 93
phonologie, 64
phosphore, 172
photographies, 111
phrase clé, 134
phrases cabalistiques, 21
plan
de rappel, 109
de récupération, 107
premiers souvenirs, 166
procédés
des magiciens, 143
mnémotechniques, 106
phonétiques, 20
programmes télévisés, 164
prosopagnosie, 34
protéine
amyloïde (A4), 42
Tau, 41
rappel, 131
reconnaissance, 110
répétition, 50
résumé, 136
rime, 23, 118
rotules, 5, 6
sceaux, 8
souvenirs, 112
sténo de la mémoire, 17
stimulations, 181
stress, 173
subvocalisation, 66
symboles, 116
synapses, 53
systèmes magiques, 9
table
de Moigno, 145
de rappel, 16 , 144
tableau, 140
chronologique, 19
téléphone portable, 154
télévision, 83
texte, 88
titres, 123
traits sémantiques, 71
trou noir, 180
vers rimés, 10
vieillissement cérébral, 155
visage, 33, 101
vision, 32
vocalisation, 65
zodiaque, 2
Index des noms propres