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Peut-on, lorsqu'on adresse une invocation à Dieu, lui dire :

"O Dieu, exauce cette invocation au nom de la place que le


Prophète a auprès de Toi" ? (‫)الدعاء بالوسيلة‬

Question :

Un coreligionnaire et ami me dit que lorsqu'il fait une invocation à Dieu (du'â), il prend
parfois le nom du Prophète, non pas pour l'invoquer mais de la manière suivante "O Dieu,
accepte mon invocation par l'intermédiaire du Prophète Muhammad". Je lui ai demandé si
cela ne relevait pas de l'associationnisme (shirk) à Dieu. Il réfute ceci totalement, disant ne
s'adresser qu'à Dieu et uniquement à Lui, mais passer, pour donner un peu plus de force à sa
requête, par l'intermédiaire d'un saint homme comme le Prophète, qui est proche de Dieu. Il
justifie ceci en citant le verset 35 de la sourate 5 du Coran, où Dieu dit : "O les croyants,
craignez Dieu et prenez le moyen qui vous rapprochera de Lui…"

Réponse :

Il faut en fait distinguer ici plusieurs cas...

Attention : Adresser à un autre que Dieu ce qui constitue non pas une simple demande mais
bel et bien une invocation :

Demander à un autre que Dieu (un ange, un djinn, un saint, un prophète, le Prophète, etc.)
d'exaucer pareille requête, en pensant que cet autre que Dieu est proche de Dieu… cela n'est
évidemment pas autorisé.
Adresser pareille invocation à autre que Dieu, cela constitue un associationnisme grand et
évident (shirk akbar jalî). "L'adoration, c'est l'invocation" a dit le Prophète (rapporté par at-
Tirmidhî, n° 2969, Abû Dâoûd, n° 1479), montrant par là que l'invocation ne doit être
adressée qu'à Dieu, puisque les musulmans n'adorent que Lui.

Ainsi, demander au Prophète (sur lui soit la paix) : "O Prophète, éloigne de moi le malheur
dans lequel je me trouve, et ce à cause du fait que Tu es proche de Dieu", cela constitue du
shirk akbar.

J'en ai parlé dans un autre article.


-

Ce n'est pas de cela que nous parlerons ici.

-
1) Adresser à Autre que Dieu une demande qu'il est en soi autorisé d'adresser à cet Autre que
Dieu, mais préciser, dans sa demande : "par Dieu", ou : "à cause du lien de parenté qui nous
unit", ou : "par le biais d'Untel" :

Il existe ici 3 cas, selon le sens que l'on donne au mot "par" :
– le sens de serment ;
– le sens de cause ;
– le sens de moyen.

– 1.A) Le mot "par" a été employé pour induire un serment (bâ' ul-qassam) : "Par Dieu, ô Untel, je te
demande telle chose" :

Cela est autorisé.

Abû Bakr (que Dieu l'agrée) l'a fait devant le Prophète (sur lui soit la paix), lequel lui a certes,
la seconde fois, déconseillé de faire cette demande avec un serment, mais c'était pour ne pas
être amené à répondre à sa demande : "‫أن رجال أتى رسول هللا صلى هللا‬: ‫عن ابن عباس رضي هللا عنهما‬
‫ فالمستكثر‬،‫ فأرى الناس يتكففون منها‬،‫إني رأيت الليلة في المنام ظلة تنطف السمن والعسل‬: "‫عليه وسلم فقال‬
‫ ثم أخذ به رجل‬،‫ ثم أخذ به رجل آخر فعال به‬،‫ فأراك أخذت به فعلوت‬،‫ وإذا سبب واصل من األرض إلى السماء‬،‫والمستقل‬
‫ وهللا لتدعني فأعبرها‬،‫ بأبي أنت‬،‫يا رسول هللا‬: "‫"فقال أبو بكر‬. ‫ ثم أخذ به رجل آخر فانقطع ثم وصل‬،‫"آخر فعال به‬.
‫وأما الذي ينطف من العسل والسمن فالقرآن‬. ‫أما الظلة فاإلسالم‬: "‫"قال‬. ‫اعبرها‬: "‫فقال النبي صلى هللا عليه وسلم‬،
‫ تأخذ‬،‫وأما السبب الواصل من السماء إلى األرض فالحق الذي أنت عليه‬. ‫ فالمستكثر من القرآن والمستقل‬،‫حالوته تنطف‬
‫ ثم‬،‫ ثم يأخذه رجل آخر فينقطع به‬،‫ ثم يأخذ به رجل آخر فيعلو به‬،‫ ثم يأخذ به رجل من بعدك فيعلو به‬،‫به فيعليك هللا‬
‫أصبت بعضا‬: "‫ أصبت أم أخطأت؟ "قال النبي صلى هللا عليه وسلم‬،‫ بأبي أنت‬،‫فأخبرني يا رسول هللا‬. ‫يوصل له فيعلو به‬
‫ال تقسم‬: "‫"قال‬. ‫فوهللا يا رسول هللا لتحدثني بالذي أخطأت‬: "‫"قال‬. ‫( "وأخطأت بعضا‬al-Bukhârî, 6639, Muslim,
2269).

C'est ce cas de figure qui est concerné par ce célèbre hadîth : "‫سمعت البراء بن عازب رضي هللا‬
‫ وتشميت‬،‫ واتباع الجنائز‬،‫عيادة المريض‬: ‫ ونهانا عن سبع فذكر‬،‫أمرنا النبي صلى هللا عليه وسلم بسبع‬: " ‫ قال‬،‫عنهما‬
‫ وإبرار المقسم‬،‫ وإجابة الداعي‬،‫ ونصر المظلوم‬،‫ ورد السالم‬،‫( "العاطس‬al-Bukhârî, 2313 etc., Muslim,
2066).
Faire cet Ib'râr ul-muqsim est recommandé.

Lire mon article traitant du serment.

– 1.B) Le mot "par" a été employé pour introduire la cause (bâ' us-sababiyya) : "Ô Untel, je te demande
cela à cause du lien de parenté qui nous relie" :

Selon la qirâ'ah de Hamza, d'après qui le dernier terme est majrûr ("‫)"األ َ ْرحَام‬, le texte du
Coran relate l'emploi de la demande "par" (bâ') : Dieu, mais aussi : le lien de parenté : "ْ‫َواتَّقُوا‬
‫ساءلُونَ به َواألَ ْرحَام‬
َ َ ‫للا الَّذي ت‬
َ ّ " (Coran 4/1).

Certains auteurs ont dit que c'est là un bâ' ul-qassam, et, cela étant interdit, le Coran n'a fait
que relater ce que les Polycultistes disaient.
Cependant, comme al-Âlûssî l'a écrit, cette tentative d'explication ne semble pas très
pertinente : "‫فافهم‬. ‫ال يخفى ما فيه‬: ‫( "والقول بأن المراد هاهنا حكاية ما كانوا يفعلون في الجاهلية‬fin de
citation). Il ne semble donc pas que ce soit ici la relation de ce que des Polycultistes disaient.
Dès lors, et vu que le serment (qassam) par autre que Dieu a fait l'objet d'un impératif négatif
dans la Sunna, le bâ' ici employé n'est pas un bâ' ul-qassam, mais un bâ 'us-sabab.

On traduira donc ce verset ainsi : "Et préservez-vous de Dieu, Celui au nom de Qui, de
même que au nom des parentés, vous vous adressez des demandes les uns les autres" :
"‫ساءلُونَ به َواألَ ْرحَام‬
َ َ‫للا الَّذي ت‬
َ ّ ْ‫( " َواتَّقُوا‬Coran 4/1).

On lit de même que, quelque temps après le traité de al-Hudaybiya, et suite à l'implantation de
façon politiquement indépendante d'un groupe de musulmans s'en prenant à leurs caravanes,
les Polycultistes demandèrent au Prophète (sur lui soit la paix), "au nom de Dieu et de la
parenté", d'inviter ce groupe de musulmans à rentrer à Médine - ce qui constituait, de leur
part, une annulation de la clause interdisant cela, que eux-mêmes avaient imposée au Prophète
auparavant : "‫ فمن أتاه فهو آمن‬،‫ لما أرسل‬،‫"فأرسلت قريش إلى النبي صلى هللا عليه وسلم تناشده باهلل والرحم‬
(al-Bukhârî, 2581). "‫نشدت ُك هللاَ وبه‬: ‫ذكّره به واستعطفه؛ يقال‬: ‫ونشد فالنا بكذا‬. ‫قصده وسأله‬: ‫( "ونشد فالنا‬Al-
Mujam ul-wassît).
– 'Alî al-qârî a écrit qu'ils ont fait là un serment (qassam) (A) : "‫تقسم قريش على النبي صلى‬: ‫أي‬
‫( "هللا عليه وسلم "باهلل وبالرحم "يعني بالقرابة التي بينه وبينهم‬Mirqât ul-mafatîh).
– Mais en fait ce bâ' semble plutôt être lui aussi un bâ' us-sabab (B).

-
Cela revient à :
--- (B.a) faire appel à la responsabilité par rapport au devoir (‫سؤاله استجابة الطلب بسبب حق الطالب‬
‫; )الوارد عليه‬
--- (B.b) ou faire appel à la compassion (‫سؤاله استجابة الطلب بذكر ما يثير عاطفته‬: ‫)استعطافه‬.

--- B.a : "Nous te demandons cela à cause du droit que Dieu a, sur toi, d'être obéi quand
Il a dit à chaque personne à qui une chose bien est demandée d'y répondre
favorablement ; et à cause du droit que le lien de parenté existant entre toi et nous a, sur
toi, d'être entretenu".

--- B.b : "Nous te demandons cela à cause du fait que Dieu a été Bienfaisant envers toi ;
sois donc à ton tour bienfaisant envers autrui ; et à cause du fait que nous sommes, nous
et toi, proches, étant liés par la parenté ; sois donc bienfaisant envers ton proche
parent".

Cela constitue deux formules de "tawassul".

-
(B.a)
"‫ ال‬،‫إنما يسألون باهلل وحده‬: ‫}فعلى قراءة الجمهور بالنصب‬. ‫واتقوا هللا الذي تساءلون به واألرحام‬: {‫وقد قال تعالى‬
‫فقد قال‬: ‫وأما على قراءة الخفض‬. ‫ وتعاهدهم باهلل‬،‫وتساؤلهم باهلل تعالى يتضمن إقسام بعضهم على بعض باهلل‬. ‫بالرحم‬
‫إنه ليس بدليل على جوازه‬: ‫ وقد يقال‬،‫أسألك باهلل وبالرحم"؛ وهذا إخبار عن سؤالهم‬: "‫هو قولهم‬: ‫طائفة من السلف‬.
‫ لكن بسبب الرحم؛‬،- ‫ والقسم هنا ال يسوغ‬- ‫ فمعنى قوله "أسألك بالرحم "ليس إقساما بالرحم‬،‫فإن كان دليال على جوازه‬
‫ وكسؤالنا بدعاء‬،‫ كسؤال الثالثة هلل تعالى بأعمالهم الصالحة‬،‫ألن الرحم توجب ألصحابها بعضهم على بعض حقوقا‬: ‫أي‬
‫ومن هذا الباب ما روي عن أمير المؤمنين علي بن أبي طالب أن ابن أخيه عبد هللا‬. ‫النبي صلى هللا عليه وسلم وشفاعته‬
‫ بل من باب‬،- ‫ فإن اإلقسام بغير جعفر أعظم‬- ‫"وليس هذا من باب اإلقسام‬. ‫ أعطاه‬،‫بن جعفر "كان إذا سأله بحق جعفر‬
‫ وجعفر حقه على علي‬،‫( "حق الرحم؛ ألن حق هللا إنما وجب بسبب جعفر‬MF 1/339).

On trouve mention du "droit que la personne qui fait une demande précise peut avoir, sur
celui à qui elle fait cette demande, de voir sa demande être exaucée par lui" dans cette
parole de Compagnons : Ayant reçu de Dieu le choix entre le fait que la moitié de sa Ummat
ul-ijâba soit admise (directement) au Paradis, et le droit d'intercéder (en la faveur de sa
Umma), il a choisi le droit d'intercéder. Mu'âdh ibn Jabal et Abû Mûssâ lui dirent alors :
"Nous te demandons, au nom du droit (que confère le fait que nous adhérons nous aussi à)
l'islam et du droit (que confère le fait que nous avons bénéficié) de ta compagnie, que tu
nous fasses entrer au Paradis". Plus tard, un grand nombre de Compagnons lui firent la
même demande. Il dit alors : "Je consacrerai mon intercession à celui (parmi ma Umma)
qui mourra ne commettant pas de Shirk billâh" : "‫كان رسول‬: ‫ قاال‬،‫عن معاذ بن جبل وعن أبي موسى‬
‫ فقام النبي صلى هللا عليه وسلم ونحن‬،‫فنزلنا منزال‬: ‫قال‬. ‫هللا صلى هللا عليه وسلم إذا نزل منزال كان الذي يليه المهاجرين‬
‫فلما أقبل‬. ‫ إذ أقبل‬،‫ إذ سمعنا هزيزا كهزيز األرحاء‬،‫فخرجنا نطلبه‬: ‫ فنظرنا قال‬،‫فتعاررت من الليل أنا ومعاذ‬: ‫ قال‬،‫حوله‬
‫أتاني آت‬: "‫"قال‬. ‫ جئنا نطلبك‬،‫ خشينا أن يكون أصابك شيء‬،‫انتبهنا فلم نرك حيث كنت‬: "‫ما شأنكم؟ "قالوا‬: "‫ قال‬،‫نظر‬
‫فإنا نسألك بحق اإلسالم‬: "‫"فقلنا‬. ‫ أو شفاعة؛ فاخترت لهم الشفاعة‬،‫في منامي فخيرني بين أن يدخل الجنة نصف أمتي‬
‫إني أجعل‬: "‫ فقال‬،‫ وكثر الناس‬،‫ فقالوا له مثل مقالتنا‬،‫فاجتمع عليه الناس‬: ‫"قال‬. ‫وبحق الصحبة لما أدخلتنا الجنة‬
‫( "شفاعتي لمن مات ال يشرك باهلل شيئا‬voir aussi Ahmad, 22025).

Dans une autre version, on lit que des Compagnons présents à ce moment-là lui ont dit :
"Nous te demandons, au nom de Dieu et (du fait que nous avons bénéficié de) ta
compagnie, que tu nous places parmi les gens (qui bénéficieront) de ton intercession" :
"‫ فافترش كل رجل منا ذراع‬،‫عرس بنا رسول هللا صلى هللا عليه وسلم ذات ليلة‬: ‫عن عوف بن مالك األشجعي قال‬
‫فانطلقت أطلب‬: ‫ فإذا ناقة رسول هللا صلى هللا عليه وسلم ليس قدامها أحد قال‬،‫فانتهيت إلى بعض اإلبل‬: ‫ قال‬،‫راحلته‬
‫ما ندري غير أنا‬: ‫أين رسول هللا؟ قاال‬: ‫ قلت‬،‫ فإذا معاذ بن جبل وعبد هللا بن قيس قائمان‬،‫رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬
‫ ثم جاءنا رسول هللا صلى هللا عليه وسلم فقال‬،‫امكثوا يسيرا‬: ‫ فإذا مثل هزيز الرحل قال‬،‫سمعنا صوتا بأعلى الوادي‬:
"‫ فقلنا‬،"‫ فاخترت الشفاعة‬،‫ وبين الشفاعة‬،‫ فخيرني بين أن يدخل نصف أمتي الجنة‬،‫إنه أتاني الليلة آت من ربي‬:
"‫فأقبلنا معانيق إلى الناس‬: ‫"قال‬. ‫فإنكم من أهل شفاعتي‬: "‫ قال‬،"‫ننشدك هللا والصحبة لما جعلتنا من أهل شفاعتك‬،
‫ فخيرني بين أن‬،‫إنه أتاني الليلة من ربي آت‬: "‫ وقال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬،‫ وفقدوا نبيهم‬،‫فإذا هم قد فزعوا‬
‫ "ننشدك هللا والصحبة لما جعلتنا‬،‫يا رسول هللا‬: ‫"قالوا‬. ‫ وإني اخترت الشفاعة‬،‫يدخل نصف أمتي الجنة وبين الشفاعة‬
‫فأنا أشهدكم أن شفاعتي لمن ال يشرك باهلل شيئا من أمتي‬: "‫فلما أضبوا عليه قال‬: ‫قال‬." ‫( "من أهل شفاعتك‬Ahmad,
24002).
Cette autre version peut s'interpréter comme correspondant au (B.a) ou au (B.b).

– 1.C) Le mot "par" a été employé pour exprimer "le moyen" (bâ' ul-isti'âna) : "Untel, je t'ai demandé
telle chose par le biais de tel individu" :

Cela aussi constitue une forme de "tawassul".


Cela se produit dans le cas d'un "istishfâ'" : demander à un individu d'adresser notre
demande à la personne voulue.
On peut alors dire : "‫"ببببب ببب بببببب بببب بببب‬.
Ou, formulé différemment : "‫"بببببببب بببب ببب بببب بب ببببب‬.

C'est ce que, ayant été chargé de cela par la famille de la dame makhzumite qui avait volé,
Ussâma ibn Zayd est venu faire auprès du Prophète (cependant, ce dernier refusa son
intercession, car concernant la non-application d'une règle énoncée par Dieu et devenue
applicable à tous les points de vue) : "‫ أن قريشا أهمهم شأن المرأة المخزومية‬،‫عن عائشة رضي هللا عنها‬
‫ومن يجترئ عليه إال أسامة بن زيد‬: "‫ومن يكلم فيها رسول هللا صلى هللا عليه وسلم؟ "فقالوا‬: "‫ فقالوا‬،‫التي سرقت‬،
‫أتشفع في حد من حدود‬: "‫فقال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬. ‫حب رسول هللا صلى هللا عليه وسلم؟ "فكلمه أسامة‬
‫ وإذا سرق فيهم‬،‫ أنهم كانوا إذا سرق فيهم الشريف تركوه‬،‫إنما أهلك الذين قبلكم‬: "‫ ثم قال‬،‫ ثم قام فاختطب‬،"‫هللا؟‬
‫ وايم هللا لو أن فاطمة بنت محمد سرقت لقطعت يدها‬،‫( "الضعيف أقاموا عليه الحد‬al-Bukhârî, 3288, Muslim,
1688).

Dans les textes suivants, de quelle nature est la particule présente ? Ce n'est certainement pas un Bâ'
ul-Isti'âna (C). Mais est-ce un Bâ' ul-Qassam (A) ? ou bien un Bâ' us-Sababiyya (B) ?

--- "‫ فال بالغ اليوم إال باهلل ثم بك؛ أسألك بالذي أعطاك اللون الحسن‬،‫ تقطعت بي الحبال في سفري‬،‫رجل مسكين‬: ‫فقال‬
‫ بعيرا أتبلغ عليه في سفري‬،‫( "والجلد الحسن والمال‬al-Bukhârî, 3277, Muslim, 2964).

Commentant ce hadîth, 'Alî al-qârî a relaté les deux possibilités : "‫أسألك "أي مقسما عليك أو‬
‫( "متوسال إليك "بالذي أعطاك اللون الحسن والجلد الحسن والمال‬Mirqât ul-mafatîh).

Il s'agit de :

– 1.A) soit un Qassam billâhi 'ala-l-makhlûq : ce qui implique que le Ba' est de Qassam ;

– 1.B) soit un Tawassul ila-l-makhlûq : ce qui implique que le Ba' est de Sababiyya.

Cette seconde possibilité (1.B) consiste en le fait d'appuyer sa demande :


----- interprétation 1.B.a) par le rappel du devoir que Dieu a institué sur celui à qui on
adresse la demande : "à cause du fait que Celui qui a été Bienfaisant envers toi en
t'accordant cela a institué sur toi le devoir d'être bienfaisant envers celui qui te demande
quelque chose" ;
----- interprétation 1.B.b) par l'appel au sentiment de compassion (‫ )استعطاف‬: "à cause du
fait que Dieu a été Bienfaisant envers toi en t'accordant cela ; à ton tour, sois donc
bienfaisant envers autrui".

Personnellement je penche vers la seconde interprétation : 1.B.

A la créature à qui on adresse une demande, il est autorisé d'appuyer celle-ci en disant :
"pour la cause de Dieu" (1.B). Ici, celui "à cause de qui" on appuie cette demande est
forcément quelqu'un d'important.

Par contre, à la créature à qui on adresse une demande, on ne peut pas appuyer celle-ci
en lui disant prendre Dieu comme intercesseur auprès d'elle (Dieu intercédant en notre
faveur auprès de cette créature afin qu'elle se décide à réaliser notre demande) : "‫عن جبير بن‬
‫يا رسول هللا‬: "‫ فقال‬،‫أتى رسول هللا صلى هللا عليه وسلم أعرابي‬: ‫ قال‬،‫ عن جده‬،‫ عن أبيه‬،‫محمد بن جبير بن مطعم‬،
‫ فاستسق هللا لنا؛ فإنا نستشفع بك على هللا ونستشفع‬،‫ وهلكت األنعام‬،‫ ونهكت األموال‬،‫ وضاعت العيال‬،‫جهدت األنفس‬
‫ فما‬،‫ويحك أتدري ما تقول؟ "وسبح رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬: "‫"قال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬. ‫باهلل عليك‬
‫ويحك إنه ال يستشفع باهلل على أحد من خلقه !شأن هللا أعظم من‬: "‫ثم قال‬. ‫زال يسبح حتى عرف ذلك في وجوه أصحابه‬
‫ويحك أتدري ما هللا؟ إن عرشه على سماواته لهكذا "وقال بأصابعه مثل القبة عليه "وإنه ليئط به أطيط الرحل‬. ‫ذلك‬
‫ وعرشه فوق سماواته‬،‫إن هللا فوق عرشه‬: "‫"قال ابن بشار في حديثه‬. ‫( "بالراكب‬Abû Dâoûd, 4726). La
‫‪raison en est que l'intercesseur est toujours dans une posture de requête, qu'il adresse à‬‬
‫‪l'être auprès de qui il procède à l'intercession, tout en sachant que cet être dispose du‬‬
‫‪droit de ne pas satisfaire à ce qu'il lui demande (Al-Qawl ul-mufîd, Ibn ul-'Uthaymîn, p.‬‬
‫‪1094, p. 1098). Or Dieu ordonne : nul ne dispose du droit de ne pas satisfaire à ce qu'Il‬‬
‫‪lui ordonne de faire, et de Lui rétorquer : "Non". Dieu n'intercède donc pas.‬‬
‫‪Ayant été affranchie, Barîra a eu le choix de rester avec son mari Mughîth ou de se séparer de‬‬
‫‪lui ; elle choisit de se séparer de lui. Mughîth, étant très amoureux d'elle, pleurait, les larmes‬‬
‫‪coulant jusque sur sa barbe. Le Prophète dit à Barîra : "Si tu le reprenais ?" Elle s'enquit :‬‬
‫‪"Messager de Dieu, me donnes-tu là un ordre ?" Le Prophète lui répondit : "Je ne fais‬‬
‫عن ابن عباس‪ ،‬أن زوج بريرة كان عبدا" ‪qu'intercéder." Elle dit alors : "Je n'ai pas besoin de lui" :‬‬
‫يقال له مغيث‪ ،‬كأني أنظر إليه يطوف خلفها يبكي ودموعه تسيل على لحيته‪ ،‬فقال النبي صلى هللا عليه وسلم لعباس" ‪:‬يا‬
‫‪:‬عباس‪ ،‬أال تعجب من حب مغيث بريرة‪ ،‬ومن بغض بريرة مغيثا؟ "فقال النبي صلى هللا عليه وسلم" ‪:‬لو راجعته "!قالت‬
‫‪" (al-Bukhârî, 4979).‬يا رسول هللا تأمرني؟ "قال" ‪:‬إنما أنا أشفع "قالت" ‪:‬ال حاجة لي فيه"‬

‫‪-‬‬

‫‪On retrouve cette formule "Je te demande cela billâh" (1.A ou 1.B) - qui est autorisée -‬‬
‫‪dans les textes suivants :‬‬

‫حدثنا عثمان بن أبي شيبة‪ ،‬حدثنا جرير‪ ،‬عن األعمش‪ ،‬عن مجاهد‪ ،‬عن عبد هللا بن عمر‪ ،‬قال ‪:‬قال رسول هللا صلى" ‪---‬‬
‫هللا عليه وسلم" ‪:‬من استعاذ باهلل فأعيذوه‪ ،‬ومن سأل باهلل فأعطوه‪ ،‬ومن دعاكم فأجيبوه‪ ،‬ومن صنع إليكم معروفا‬
‫‪،‬حدثنا مسدد" ‪" (Abû Dâoûd, 1672).‬فكافئوه‪ ،‬فإن لم تجدوا ما تكافئونه‪ ،‬فادعوا له حتى تروا أنكم قد كافأتموه‬
‫وسهل بن بكار‪ ،‬قاال ‪:‬حدثنا أبو عوانة ح وحدثنا عثمان بن أبي شيبة‪ ،‬حدثنا جرير المعنى عن األعمش‪ ،‬عن مجاهد‪ ،‬عن‬
‫ابن عمر‪ ،‬قال ‪:‬قال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم" ‪:‬من استعاذكم باهلل فأعيذوه‪ ،‬ومن سألكم باهلل فأعطوه"‪ ،‬وقال سهل‬
‫وعثمان" ‪:‬ومن دعاكم فأجيبوه"‪ ،‬ثم اتفقوا" ‪:‬ومن آتى إليكم معروفا فكافئوه"‪ ،‬قال مسدد وعثمان" ‪:‬فإن لم تجدوا‬
‫‪" (Abû Dâoûd, 5109).‬فادعوا هللا له حتى تعلموا أن قد كافأتموه‬

‫عن ابن عباس أن النبي صلى هللا عليه وسلم قال" ‪:‬أال أخبركم بخير الناس؟ رجل ممسك بعنان فرسه في سبيل" ‪---‬‬
‫هللا ‪.‬أال أخبركم بالذي يتلوه؟ رجل معتزل في غنيمة له يؤدي حق هللا فيها ‪.‬أال أخبركم بشر الناس؟ رجل يُسأَل باهلل وال‬
‫‪" (at-Tirmidhî, 1652, Ahmad).‬يُعطي به‬

‫‪" (Abû Dâoûd, 1671,‬عن جابر قال ‪:‬قال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم" ‪:‬ال يسأل بوجه هللا إال الجنة" ‪---‬‬
‫سأ َ َل" ‪dha'îf).‬‬
‫عن أبي موسى األشعري رضي هللا عنه أنه سمع رسول هللا صلى هللا عليه وسلم يقول" ‪:‬ملعون من َ‬
‫سئل بوجه هللا ثم َمنَع سائله‪ ،‬ما لم يُسأل هجرا ‪".‬رواه الطبراني ‪.‬ورجاله رجال الصحيح إال شيخه‬
‫بوجه هللا‪ .‬وملعون من ُ‬
‫‪.‬يحيى بن عثمان بن صالح‪ ،‬وهو ثقة‪ ،‬وفيه كالم( ‪.‬هجرا )بضم الهاء وسكون الجيم‪ ،‬أي ‪:‬ما لم يُسأل أمرا قبيحا ال يليق‬
‫‪" (Sahîh ut-Targhîb wa-t-Tar'hîb, 851, hassan d'après‬ويحتمل أنه أراد ما لم يُسأل سؤاال قبيحا بكالم قبيح‬
‫‪al-Albânî).‬‬
‫‪"), la première‬ما لم يُسأل هجرا"( ‪A la lumière de la seconde partie du second de ces deux hadîths‬‬
‫سأ َ َل بوجه هللا"( ‪partie de ce second hadîth‬‬ ‫ال"( ‪"), de même que le premier de ces hadîths‬ملعون من َ‬
‫‪"), sont à comprendre comme signifiant : "Il ne faut demander "Bi waj'h‬يسأل بوجه هللا إال الجنة‬
‫‪illâh" que le Paradis, ou quelque chose de très important".‬‬
‫‪"), Ibn ul-‬ال يسأل بوجه هللا إال الجنة"( ‪Par ailleurs, au sujet du premier de ces deux hadîths‬‬
‫‪'Uthaymîn dit qu'il est question, ici, d'adresser cette demande :‬‬
‫‪--- soit à une créature [ce qui constitue le Cas présent, 1],‬‬
‫‪--- soit à Dieu [ce qui constitue le Cas 2, plus bas] (Al-Qawl ul-mufîd, p. 942).‬‬

‫‪-‬‬
Récapitulatif :

Le 1.A est un ‫ببببب بببببب ببببب بببب بب بب بببببب ببب‬


‫بببببب‬.
Le 1.B.a est un ‫ببببب بببببب ببببب بببب بب ببب بببب بب بب‬
‫بببببب ببب ببببببب ببب بب ببببببببب‬.
Le 1.B.b est un ‫ببببببب بببببب ببببببب ببب ببب ببببببببب‬
‫بببب ببب بببب بببب بببب بببب ببببببب بببببببب ببب ببب‬
‫ببببب ب ببب بببب بب بببببب بب بببب بببببببب ببب‬.
Le 1.C est un ‫ببببببب بببببب ببببب ببب ببببببب ببب‬.

Une parole différente :

Les Compagnons présents à Médine venaient d'enterrer Omar (radhiyallâhu 'anh). Or, de son
vivant, ce dernier avait désigné 6 personnages pour être le calife suivant, qui ils considéraient
le plus méritoire. Ces 6 personnages s'étant réunis, Abd ur-Rahmân ibn 'Awf proposa que
ceux qui ne voulaient absolument pas être le 3ème calife remettent chacun leur affaire à un
autre personnage : az-Zubayr à 'Alî, Talh'a à 'Uthmân, et Sa'd ibn Abî Waqqâs à Abd ur-
Rahmân ibn 'Awf. S'adressant à 'Uthmân et 'Alî, Abd ur-Rahmân dit : "Lequel d'entre vous
deux se désisterait de cette affaire, que nous lui confiions (de choisir), et Dieu sur lui, ainsi
que l'islam, qu'il considérera assurément lequel est le plus méritoire selon lui." Les deux
grands n'ayant rien répondu, Abd ur-Rahmân dit : "Je ne suis pas celui qui vous concurrence
dans cette affaire. Mais, si vous le voulez, je choisirai pour vous parmi vous. Confiez-vous
donc cela à moi - et Dieu sur moi que je ne vais pas manquer à rechercher lequel d'entre
vous est le plus méritoire ?". Tout le monde accepta. Alors les grands personnages présents à
Médine vinrent trouver Abd ur-Rahmân afin de leur donner chacun son avis sur le sujet.
Quelques jours après, dans la seconde partie de la nuit, Abd ur-Rahmân fit mander 'Alî, et lui
dit : "Tu as, de la parenté avec le Messager de Dieu - que Dieu le rapproche de Lui et le
salue -, et d'ancienneté dans l'islam, ce que tu sais. Dieu sur toi que, si je te nomme émir, tu
seras juste, et, si je nomme 'Uthmân, tu écouteras et obéiras ?" Puis il dit chose pareille à
'Uthmân. Après la prière de l'aube, Abd ur-Rahmân dit : "'Alî, j'ai regardé chez les gens, je
ne les ai pas vus considérer quelqu'un égal à 'Uthmân." "‫فلما فرغ من دفنه اجتمع هؤالء الرهط‬،
‫قد جعلت‬: "‫ فقال طلحة‬،"‫قد جعلت أمري إلى علي‬: "‫ فقال الزبير‬،"‫اجعلوا أمركم إلى ثالثة منكم‬: "‫فقال عبد الرحمن‬
‫أيكما تبرأ من هذا‬: "‫"فقال عبد الرحمن‬. ‫قد جعلت أمري إلى عبد الرحمن بن عوف‬: "‫ وقال سعد‬،"‫أمري إلى عثمان‬
‫أفتجعلونه‬: "‫ فقال عبد الرحمن‬،‫ وهللا عليه واإلسالم لينظرن أفضلهم في نفسه؟ "فأسكت الشيخان‬،‫ فنجعله إليه‬،‫األمر‬
‫لك قرابة من رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬: "‫"فأخذ بيد أحدهما فقال‬. ‫نعم‬: "‫ وهللا علي أن ال آل عن أفضلكم؟ "قاال‬،‫إلي‬
‫"ثم خال باآلخر‬. ‫ لتسمعن ولتطيعن‬،‫ ولئن أمرت عثمان‬،‫والقدم في اإلسالم ما قد علمت؛ فاهلل عليك لئن أمرتك لتعدلن‬
‫ وولج أهل الدار فبايعوه؟‬،‫ فبايع له علي‬،‫ارفع يدك يا عثمان فبايعه‬: ‫فلما أخذ الميثاق قال‬. ‫( "فقال له مثل ذلك‬al-
Bukhârî, 3497). "‫ فقال لهم عبد الرحمن‬،‫ أن الرهط الذين والهم عمر اجتمعوا فتشاوروا‬،‫عن المسور بن مخرمة‬:
"‫ فلما ولوا عبد‬،‫"فجعلوا ذلك إلى عبد الرحمن‬. ‫ ولكنكم إن شئتم اخترت لكم منكم‬،‫لست بالذي أنافسكم على هذا األمر‬
‫ ومال الناس‬،‫ حتى ما أرى أحدا من الناس يتبع أولئك الرهط وال يطأ عقبه‬،‫ فمال الناس على عبد الرحمن‬،‫الرحمن أمرهم‬
‫( "على عبد الرحمن يشاورونه تلك الليالي‬al-Bukhârî, 6781). "‫ واجتمع أولئك الرهط عند‬،‫فلما صلى للناس الصبح‬
‫ وكانوا وافوا تلك الحجة مع‬- ‫ وأرسل إلى أمراء األجناد‬،‫ فأرسل إلى من كان حاضرا من المهاجرين واألنصار‬،‫المنبر‬
‫ فلم أرهم يعدلون بعثمان‬،‫ يا علي إني قد نظرت في أمر الناس‬،‫أما بعد‬: "‫ ثم قال‬،‫فلما اجتمعوا تشهد عبد الرحمن‬. ‫عمر‬،
‫وبايعه‬. ‫ فبايعه عبد الرحمن‬،"‫ والخليفتين من بعده‬،‫أبايعك على سنة هللا ورسوله‬: "‫"فقال‬. ‫فال تجعلن على نفسك سبيال‬
‫( "الناس المهاجرون واألنصار وأمراء األجناد والمسلمون‬al-Bukhârî, 6781).
Quand 'Abd ur-Rahmân a dit à 'Uthmân et 'Alî : "‫"هللاُ عليه واإلسالم‬, il a rappelé à chacun d'eux
que Dieu l'observe (‫ ; )عليه رقيب‬et quand il a dit : "ainsi que l'islam", il a voulu dire : "ainsi
que les musulmans" : "‫عليه رقيب أو نحو ذلك‬: ‫أي‬: ‫"قوله "وهللا عليه واإلسالم "بالرفع فيهما؛ والخبر محذوف‬
(Fat'h ul-bârî).

Peu après, 'Abd ur-Rahmân a dit à son propre sujet : "‫ "وهللا علي أن ال آل عن أفضلكم‬: "Et Dieu est
sur moi que je ne ferai pas de manquement à (rechercher) celui qui est le meilleur parmi
vous", cette fois, cela semble avoir été un engagement : "Et Dieu est témoin (‫ )شهيد عل ّي‬que je
ne ferai pas de manquement à...". Donc un serment (w'Allâhu A'lam).
Dans le propos suivant, que le prophète Jacob (sur lui soit la paix), ainsi que Moïse (sur lui
soit la paix), ont dit : "‫علَى َما نَقُو ُل َوكيل‬
َ ُ‫للا‬
َّ ‫( " َو‬Coran), ce dernier terme signifie : "‫( "شهيد‬c'est
l'un des tafsîrs) : "Témoin".

--- "‫علَى ُك ّل ش َْيء حَفيظ‬ َ َ‫( " َو َربُّك‬Coran 34/21).


--- "‫علَيْهم ب َوكيل‬ َ َ‫علَيْه ْم َو َما أَنت‬َ ‫للاُ حَفيظ‬ َّ ‫( " َوالَّذينَ ات َّ َخذُوا من دُونه أَول َياء‬Coran 42/6).
ً
--- "‫علَ ْيه ْم حَفيظا‬ ْ
َ َ‫سلنَاك‬ َ َ
َ ‫للا َو َمن تَ َولَّى ف َما أ ْر‬
َّ ‫ع‬ َ َ ‫سو َل َفقَ ْد أ‬
َ ‫طا‬ َّ ‫( " َّم ْن يُطع‬Coran 4/80).
ُ ‫الر‬
--- "‫علَيْهم ب َوكيل‬ َ َ‫ظا َو َما أَنت‬ ً ‫علَيْه ْم حَفي‬َ َ‫للاُ َما أَش َْركُواْ َو َما َج َع ْلنَاك‬
ّ ‫( " َولَ ْو شَاء‬Coran 6/107) : "‫والجملة‬
‫وما جعلناك عليهم حفيظا }أي رقيبا مهيمنا من قبلنا تحفظ عليهم أعمالهم‬: {‫وكذا قوله تعالى‬. ‫اعتراض مؤكد لإلعراض‬،
‫المراد {وما جعلناك عليهم‬: ‫وقيل‬. ‫وما أنت عليهم بوكيل }من جهتهم تقوم بأمرهم وتدبر مصالحهم‬: {‫وكذا قوله سبحانه‬
‫ {وما أنت عليهم بوكيل }تجلب لهم ما ينفعهم‬،‫( "حفيظا }تصونهم عما يضرهم‬Rûh ul-ma'ânî).

2) Le second cas : Invoquer Dieu, mais Lui adresser alors une requête "par quelque chose" :

Ici encore, 3 grandes ramifications émergent, selon le sens que l'on donne au mot "par" :
– le sens de serment ;
– le sens de cause ;
– le sens de moyen.

– 2.A) Le mot "par" employé pour induire un serment (bâ' ul-qassam) :


Deux ramifications de ce cas 2.A existent :

– 2.A.1) Dire : "Par ta Face ! accorde-moi le Paradis, ô Dieu".


– 2.A.2) Dire : "Par Ton Messager Muhammad ! accorde-moi telle chose, ô Dieu".

– 2.A.1) Dire : "Par ta Face ! accorde-moi le Paradis, ô Dieu" :

Cela est autorisé (Al-Qawl ul-mufîd, p. 942). Cela sert à appuyer la demande que l'on adresse
à Dieu.
"‫ال يسأل بوجه هللا إال الجنة‬: "‫قال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬: ‫( "عن جابر قال‬Abû Dâoûd, 1671, dha'îf).
-
– 2.A.2) Dire : "Par Ton Messager Muhammad ! accorde-moi telle chose, ô Dieu" :

Cela n'est pas autorisé, notamment parce que le Prophète (sur lui soit la paix) a interdit de
faire serment par autre que Dieu : "‫ فقال ابن‬،"‫ال والكعبة‬: "‫ أن ابن عمر سمع رجال يقول‬،‫عن سعد بن عبيدة‬
‫"هذا‬. ‫من حلف بغير هللا فقد كفر أو أشرك‬: "‫فإني سمعت رسول هللا صلى هللا عليه وسلم يقول‬. ‫ال يحلف بغير هللا‬: "‫عمر‬
‫وفسر هذا الحديث عند بعض أهل العلم أن قوله "فقد كفر "أو "أشرك "على التغليظ‬. ‫ "حديث حسن‬: "Celui qui
fait serment par autre chose que Dieu commet un acte d'associationnisme" (at-Tirmidhî, n°
1535 ; voir aussi Abû Dâoûd, n° 3251). Il s'agit ici d'un petit associationnisme (shirk asghar),
comme cela ressort de ce que at-Tirmidhî a relaté en commentaire de ce Hadîth.

Ibn Taymiyya écrit : "Quand il est interdit de faire le serment par une créature lorsqu'on
parle à une autre créature, il est à plus forte raison interdit de faire le serment par une
créature lorsqu'on parle au Créateur" (Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, Ibn
Taymiyya, p. 72).

– 2.B) Le mot "par" employé pour désigner "la cause" (bâ' us-sababiyya) : "O Dieu, je Te demande ceci
par le fait que Tu es Généreux" / "à cause du fait que Tu es Généreux" / "au nom du fait que Tu es
Généreux" :

Le bâ' est ici un bâ' us-sababiyya, et ce type d'invocation constitue le du'â bi-l-wassîla.

Plusieurs ramifications de ce cas 2.B existent :

– 2.B.1) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du fait que Tu es généreux".
– 2.B.2) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de telle bonne action que j'ai faite pour
Toi".
– 2.B.3) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de l'amour que j'ai pour le Prophète".
– 2.B.4) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit qu'a le Prophète auprès de
Toi".
– 2.B.5) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la place que Tu as accordée au
Prophète".
– 2.B.6) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la personne du Prophète" / "au nom
du Prophète".
– 2.B.7) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du Prophète".

Nous allons voir maintenant que penser de chacune de ces ramifications.

-
– 2.B.1) Dire : "O Dieu, je Te demande telle chose à cause du fait que Tu es généreux" :

Cela est autorisé, car il s'agit d'une invocation qu'on adresse à Dieu en faisant Ses éloges, en
citant Ses Attributs (Sifât).

Cela revient en fait à adresser à Dieu la requête qu'on a, en Lui précisant qu'on Lui adresse
cette demande parce qu'Il a tel Attribut.
C'est ce qu'on trouve dans certains hadîths, tels que celui-ci : "‫ أنه كان مع رسول هللا صلى‬،‫عن أنس‬
‫ بديع السموات‬،‫ ال إله إال أنت المنان‬،‫اللهم إني أسألك بأن لك الحمد‬: "‫ ثم دعا‬،‫هللا عليه وسلم جالسا ورجل يصلي‬
‫لقد دعا هللا باسمه العظيم الذي إذا‬: "‫"فقال النبي صلى هللا عليه وسلم‬. ‫ يا حي يا قيوم‬،‫ يا ذا الجالل واإلكرام‬،‫واألرض‬
‫ وإذا سئل به أعطى‬،‫ "دعي به أجاب‬: Le Prophète a entendu un homme invoquer Dieu en lui disant :
"O Dieu, je T'adresse cette requête par le fait qu'à Toi revient la louange…", et il approuva
cette façon de faire des invocations (rapporté par Abû Daoûd, n° 1495, an-Nassâ'ï, n° 1300,
Ibn Mâja, n° 3858). Ceci revient à dire : "Je t'adresse cette requête à cause du fait qu'à Toi
revient la louange. Car celui qui est détenteur des louanges agrée les requêtes qui lui sont
adressées".
Dans "‫"أسألك بأن لك الحمد‬, le bâ' est un bâ' us-sababiyya, et cela constitue du du'â bi-l-wassîla.
Quant à la phrase "‫ وإذا سئل به أعطى‬،‫"لقد دعا هللا باسمه العظيم الذي إذا دعي به أجاب‬, le bâ' y est un bâ'
ul-isti'âna.

C'est aussi ce qui figure dans le hadîth suivant : "‫عن محجن بن األدرع أن رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬
‫اللهم إني أسألك يا أهلل بأنك الواحد األحد الصمد الذي لم يلد‬: ‫ فقال‬،‫ إذا رجل قد قضى صالته وهو يتشهد‬،‫دخل المسجد‬
‫قد‬: "‫ فقال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬،‫ إنك أنت الغفور الرحيم‬،‫ أن تغفر لي ذنوبي‬،‫ولم يولد ولم يكن له كفوا أحد‬
‫ ثالثا‬،"‫( "غفر له‬an-Nassâ'ï, n° 1031).

On trouve encore d'autres invocations figurant dans d'autres hadîths, où on demande à Dieu de
nous accorder telle ou telle chose parce qu'Il est détenteur de tel ou tel Attributs (cliquez ici
pour en découvrir quelques-unes).

-
C'est des Attributs de Dieu que découlent Ses Noms Qualificatifs.

On trouve donc également mention de Ses Noms dans des invocations figurant dans des
hadîths, notamment celle-ci : "‫ أو أنزلته في‬،‫ أو علمته أحدا من خلقك‬- ‫أسألك بكل اسم هو لك سميت به نفسك‬
‫ وذهاب همي‬،‫ وجالء حزني‬،‫ ونور صدري‬،‫ أن تجعل القرآن ربيع قلبي‬،- ‫ أو استأثرت به في علم الغيب عندك‬،‫"كتابك‬
(Ahmad, 3712 ; authentifié par Ahmad Muhammad Shâkir, ainsi que par al-Albânî in Silsilat
ul-ahâdîth is-sahîha 199).
Cela constitue bien un du'â' bi-l-wassîla ("‫ ما علم‬- ‫وفيه التوسل بأسماء هللا تعالى التي سما بها نفسه‬
‫وهذه‬. - ‫ ومنها ما استأثر به في علم الغيب عنده فلم يطلع عليه ملكا مقربا وال نبيا مرسال‬،‫العباد منها وما لم يعلموا‬
‫ "الوسيلة أعظم الوسائل وأحبها إلى هللا وأقربها تحصيال للمطلوب‬: Mir'ât ul-mafâtîh relatant le propos de
al-Jazarî).

Dans ce hadîth :

--- soit le bâ' est un bâ' us-sababiyya, et l'invocation est à traduire ainsi : "Je Te demande, au
nom de chaque Nom qui est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon
coeur, la lumière de ma poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon
souci" ; en d'autres termes : "à cause du fait que Tu es le Pardonnant, etc.". Le Nom
Qualificatif de Dieu renvoyant à l'Attribut lui correspondant, cet Attribut est donc la cause,
sabab, de l'exaucement dont on espère que Dieu va faire de notre requête. En fait la cause
qui fait qu'on Lui adresse des demandes est double :
----- l'état de besoin du demandeur ;
----- le fait que Dieu, ayant tel Attribut, agit ainsi et ainsi avec Ses créatures ;

--- soit le bâ' est un bâ' ul-isti'âna, lequel introduit au moyen par lequel on fait l'action :
nous verrons cela plus bas (en 2.C.1).
-

– 2.B.2) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de telle bonne action que j'ai faite pour Toi" :

Cela est autorisé.

C'est ce que trois personnes prises dans une grotte avaient fait. Le Prophète a raconté d'elles
ces propos : "‫انطلق‬: "‫سمعت رسول هللا صلى هللا عليه وسلم يقول‬: ‫ قال‬،‫عن عبد هللا بن عمر رضي هللا عنهما‬
‫ فقالوا‬،‫ فسدت عليهم الغار‬،‫ فدخلوه فانحدرت صخرة من الجبل‬،‫ثالثة رهط ممن كان قبلكم حتى أووا المبيت إلى غار‬:
"‫اللهم كان لي أبوان شيخان‬: "‫ "فقال رجل منهم‬.‫إنه ال ينجيكم من هذه الصخرة إال أن تدعوا هللا بصالح أعمالكم‬
‫ فحلبت لهما‬،‫ فلم أرح عليهما حتى ناما‬،‫ وال ماال فنأى بي في طلب شيء يوما‬،‫ وكنت ال أغبق قبلهما أهال‬،‫كبيران‬
‫ أنتظر استيقاظهما حتى برق‬،‫ فلبثت والقدح على يدي‬،‫ فوجدتهما نائمين وكرهت أن أغبق قبلهما أهال أو ماال‬،‫غبوقهما‬
‫ ففرج عنا ما نحن فيه من هذه الصخرة‬،‫ اللهم إن كنت فعلت ذلك ابتغاء وجهك‬،‫ فشربا غبوقهما‬،‫ فاستيقظا‬،‫الفجر‬."
‫( "فانفرجت شيئا ال يستطيعون الخروج‬al-Bukhârî, 2152, Muslim, 2743).
"O Dieu, si Tu sais que j'ai fait cette bonne action pour la recherche de Ton agrément, fais
en sorte que nous puissions sortir" (rapporté par al-Bukhârî, n° 5629, Muslim, n° 2743). (Cf.
Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 181). Ceci revient à dire : "Agrée notre demande à
cause de telle bonne action que j'avais faite pour Toi".

Cela est dû au fait que Dieu Lui-même a dit : "‫ببببببببببببب ببببببببب‬


‫ببببببب بببببببببب ببببببببببببب بببببببببببب بببب‬
‫ "بببببببب‬: "Et Il exauce ceux qui ont apporté foi et fait les bonnes actions, et Il
leur accorde davantage, de par Sa Grâce" (Coran 42/26).
On lui demande donc d'exaucer notre requête à cause du fait qu'on a fait telle bonne action :
ce qui signifie : "au nom de la promesse qu'Il a faite".

-
– 2.B.3) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de l'amour que j'ai pour le Prophète" :

L'amour pour le Prophète étant une bonne action, ce cas est semblable au précédent et est
donc autorisé (Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 123).

– 2.B.4) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du droit (haqq) qu'a le Prophète auprès de Toi"
(Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 71, p. 181) :

Ibn Taymiyya écrit que cela n'est pas autorisé et n'a pas été fait par les Compagnons, ni du
vivant du Prophète ni après sa mort, ni auprès de sa tombe ni auprès de la tombe de qui que ce
soit d'autre (Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 71). Ibn Taymiyya écrit : "Les hadîths
qui sont relatés au sujet de demander quelque chose à Dieu par la cause de personnes, sont
tous faibles, voire inventés" (Idem, p. 114).

--- Concernant la formule : "Accepte ma demande à cause du droit (haqq) que Tu as


accordé à Ton Prophète", voici ce qu'on lit dans Ad-Durr ul-mukhtâr : "‫و)كره قوله (بحق رسلك‬
‫ ألنه ال حق للخلق على الخالق تعالى‬،‫ "وأنبيائك وأوليائك )أو بحق البيت‬: "Et il est mak'rûh de dire [dans
son invocation faite à Dieu] : "à cause du droit de Tes Messagers, de Tes Prophètes et de
Tes Amis", ou "à cause du droit de(s Gens de) la Maison" ; car aucune créature n'a de
droit sur le Créateur, Elevé" (Ad-Durr ul-mukhtâr 9/569).
A propos de cette question (une autre formule a été citée trois pages plus tôt), il s'agit d'une
karâhiyya tahrîmiyya, comme l'écrit ash-Shâmî (Radd ul-muhtâr, 9/567-568).
Voir aussi Al-Hidâya (2/458-459).

Par contre, si on veut dire par là : "à cause de la promesse d'acceptation que Tu as faite à
Ton Messager concernant les invocations que celui-ci T'adresse", alors cela rejoint le point
2.C (à venir plus bas).

– 2.B.5) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la place (jâh, karâma) que Tu as accordée au
Prophète" :

Il n'y a aucun rapport entre l'invocation que le musulman adresse à Dieu, et la karâma que
Dieu a accordée à Son Prophète.

Le seul rapport qu'on peut imaginer entre les deux est : "à cause du fait que j'ai apporté foi
en ce Prophète que Tu as honoré, et dont Tu honoreras alors aussi les gens de sa Umma en
acceptant leurs invocations" : cela rejoint alors le point 2.B.7.4, ci-après.

– 2.B.6) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la personne du Prophète" / "au nom du
Prophète" :

Cela n'est pas autorisé.

– 2.B.7) Dire : "O Dieu, accepte ma demande à cause du Prophète" :

Cela dépend de ce que l'on veut ainsi signifier :

–---- 2.B.7.1) si on veut dire par là : "à cause du droit (haqq) que le Prophète a auprès de
Toi", alors cela rejoint le cas 2.B.4 et n'est donc pas autorisé ;

–---- 2.B.7.2) si on veut dire par là : "à cause de la personne du Prophète" / "au nom du
Prophète", alors cela rejoint le cas 2.B.6 et n'est donc pas autorisé ;

–---- 2.B.7.3) si on veut dire par là : "à cause de l'honneur que le Prophète a auprès de Toi",
alors cela rejoint le cas 2.B.5 ;

–---- 2.B.7.4) et si on veut dire par là : "à cause du fait que j'ai apporté foi en Ton Prophète",
ou : "à cause du fait que j'aime Ton Prophète", alors cela rejoint le cas 2.B.3 et est donc
autorisé (Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-wassîla, p. 185).

-
– 2.C) Le mot "par" employé pour exprimer "le moyen" (bâ' ul-isti'âna) : "O Dieu, je Te demande ceci
par le biais de telle chose /par le biais d'Untel" :

Cela aussi constitue une forme de "du'â' ullâh bi-l-wassîla".

Deux ramifications de ce cas 2.C existent :

– 2.C.1) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de chacun de Tes Noms".
– 2.C.2) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de Ton Prophète".

– 2.C.1) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de chacun de Tes Noms" :

Nous avions déjà cité ce hadîth plus haut (en 2.B.1) : "‫ أو‬- ‫أسألك بكل اسم هو لك سميت به نفسك‬
‫ ونور‬،‫ أن تجعل القرآن ربيع قلبي‬،- ‫ أو استأثرت به في علم الغيب عندك‬،‫ أو أنزلته في كتابك‬،‫علمته أحدا من خلقك‬
‫ وذهاب همي‬،‫ وجالء حزني‬،‫( "صدري‬Ahmad, 3712 ; authentifié par Ahmad Muhammad Shâkir,
ainsi que par al-Albânî in Silsilat ul-ahâdîth is-sahîha 199). Cela constitue bien un du'â' bi-l-
wassîla ("‫ ومنها ما استأثر به‬،‫ ما علم العباد منها وما لم يعلموا‬- ‫وفيه التوسل بأسماء هللا تعالى التي سما بها نفسه‬
‫وهذه الوسيلة أعظم الوسائل وأحبها إلى هللا وأقربها‬. - ‫في علم الغيب عنده فلم يطلع عليه ملكا مقربا وال نبيا مرسال‬
‫ "تحصيال للمطلوب‬: Mir'ât ul-mafâtîh relatant le propos de al-Jazarî).

Dans ce hadîth :

--- soit le bâ' est un bâ' us-sababiyya, et l'invocation est à traduire ainsi : "Je Te demande, au
nom de chaque Nom qui est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon
coeur, la lumière de ma poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon
souci" (nous avons déjà cité cette interprétation plus haut) ;

--- soit le bâ' est un bâ' ul-isti'âna, lequel introduit au moyen par lequel on fait l'action :
l'invocation est alors à traduire ainsi : "Je Te demande, en T'appelant par chaque Nom qui
est Tien (...), de faire du glorieux Coran le printemps de mon coeur, la lumière de ma
poitrine, ce qui enlève ma tristesse et ce qui fait disparaître mon souci".
En fait Dieu Lui-même a dit : "‫سنَى َفا ْدعُوهُ بهَا‬ ْ َ ‫ " َو ِّل األ‬: "Et à Dieu appartiennent les
ْ ‫س َماء ا ْل ُح‬
plus Beaux Noms, invoquez-Le par eux" (Coran 7/180). (Cf. Qâ'ïda jalîla fi-t-tawassul wa-l-
wassîla, p. 75.) "Invoquez-Le par ces [Noms]", c'est-à-dire : "Invoquez-Le par le moyen de
ces Noms". Le bâ' est ici un bâ 'ul-isti'âna : il s'agit d'adresser sa requête (du'â) à Dieu en
employant, pour L'appeler, le Nom auquel sa requête correspond ; ainsi : "O Toi le
Pourvoyeur, pourvois à nos besoins" ; "O Toi le Pardonneur, pardonne-moi" ; "O Toi le
Miséricordieux, aie pitié de nous" ; etc.

– 2.C.2) Dire : "O Dieu, je Te demande cela par le moyen de Ton Prophète" :

Ibn Taymiyya écrit que cela était autorisé uniquement du vivant du Prophète (sur lui la
paix), quand il invoquait Dieu en faveur de la personne (de plus, le jour du Jugement le
Prophète intercèdera pour les croyants).
Cela revenait en fait à dire à Dieu : "O Dieu, accepte ma demande par le moyen de
l'invocation que Ton Prophète T'adresse à mon sujet concernant ce besoin dont je lui ai
fait part".

Il ne faut dès lors pas confondre :


--- le cas cité plus haut au numéro "2.B.6" : "O Dieu, accepte ma demande à cause de la
personne du Prophète" / "au nom du Prophète" : cela n'est pas institué ;
--- et ce cas "2.C.2" : "O Dieu, je Te demande ceci par le biais du Prophète, qui
T'invoque à mon sujet concernant ce besoin que j'ai" : cela était institué du vivant du
Prophète, quand il adressait effectivement une invocation en faveur de la personne.

-
--- 'Uthmân ibn Hunayf (que Dieu l'agrée) relate qu'un aveugle est venu à la rencontre
du Prophète et lui a dit : "Invoque Dieu qu'Il me guérisse." L'échange suivant eut alors
lieu : "Si tu veux, je ferai l'invocation, et je tu veux tu feras preuve de patience, et cela sera
plus méritoire pour toi. - Invoque-Le". Alors le Prophète lui demanda de faire soigneusement
ses ablutions, puis d'invoquer Dieu en ces termes : "O Dieu, je Te demande et me tourne vers
Toi par Ton Prophète Muhammad, le prophète de la miséricorde. O Muhammad, je me
tourne par toi vers mon Dieu au sujet du besoin que j'ai ici, afin qu'il soit satisfait. O Dieu,
accepte l'intercession de Muhammad à mon sujet et accepte mon intercession au sujet de
Muhammad" :
"‫إن‬: "‫ قال‬،"‫"ادع هللا أن يعافيني‬: ‫ أن رجال ضرير البصر أتى النبي صلى هللا عليه وسلم فقال‬،‫عن عثمان بن حنيف‬
‫فأمره أن يتوضأ فيحسن وضوءه ويدعو بهذا‬: ‫"قال‬. ‫فادعه‬: "‫ قال‬،"‫ وإن شئت صبرتَ فهو خير لك‬، ُ‫شئت دعوت‬
‫إني توجهت بك إلى ربي في حاجتي هذه لت ُقضَى لي‬. ‫اللهم إني أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد نبي الرحمة‬: "‫الدعاء‬.
‫( "اللهم فشفعه في‬rapporté par at-Tirmidhî, 3578, Ahmad, 17240).
"‫ فقال‬،"‫ ادع هللا أن يعافيني‬،‫يا نبي هللا‬: "‫ فقال‬،‫ أن رجال ضريرا أتى النبي صلى هللا عليه وسلم‬،‫عن عثمان بن حنيف‬:
"‫ وأن‬،‫"فأمره أن يتوضأ‬. ‫ال بل ادع هللا لي‬: "‫ قال‬،"‫ وإن شئت دعوتُ لك‬،‫ فهو أفضل آلخرتك‬،‫إن شئت أخرتَ ذلك‬
‫ نبي الرحمة‬- ‫ صلى هللا عليه وسلم‬- ‫اللهم إني أسألك وأتوجه إليك بنبيك محمد‬: "‫ وأن يدعو بهذا الدعاء‬،‫يصلي ركعتين‬.
‫ثم قال‬. ‫فكان يقول هذا مرارا‬: ‫"قال‬. ‫ وتشفعه في‬،‫وتشفعني فيه‬. ‫يا محمد إني أتوجه بك إلى ربي في حاجتي هذه فت ُقضَي‬
‫ فبرأ‬،‫ففعل الرجل‬: ‫""قال‬. ‫أن تشفعني فيه‬: "‫أحسب أن فيها‬: "‫( "بعد‬Ahmad, 17241) (Ahmad 17242).

Ibn Taymiyya écrit que cela était réservé à ce cas précis, où le Prophète était, sur la
demande de cette personne, en train d'invoquer Dieu pour Lui adresser cette demande de la
personne (fin de citation).
C'est bien le sens des mots : "Invoque Dieu qu'Il me guérisse. - Si tu veux, je ferai
l'invocation, et je tu veux tu feras preuve de patience, et cela sera plus méritoire pour
toi. - Invoque-Le" : "‫بب ببب‬: "‫"ببب‬. ‫ببب بببب بب ببببببب‬: ‫بببب‬
‫ببببب‬: "‫"ببب‬. ‫( "بببببب ببب ببب ببببب ببب ببب بب‬première version)
/ "Ô Prophète de Dieu, invoque Dieu qu'Il me guérisse. - Si tu veux, tu garderas cela
pour plus tard, et ce sera alors plus méritoire pour ta vie dernière ; et si tu veux
j'invoquerai pour toi. - Invoque Dieu pour moi" : "‫بب ببب ببببب ببب‬: "‫بببب‬
‫بب ببب ببببب بببب ببب بببب‬: "‫بببب بب ببببببب"ب بببب‬
‫بب بب ببب بببب بب‬: "‫( ""ببببببب ببب ببب ببببب بب"ب ببب‬seconde
version sus-citée).
C'est dans ce cadre que se comprend le propos qui suit : "accepte l'intercession de
Muhammad à mon sujet" (= "accepte la demande que Muhammad est en train de - ou
vient de - Te faire à mon sujet").
Ibn Taymiyya écrit : "(Uthmân ibn Hunayf) n'a pu utiliser cette formule que parce que le
Prophète était en train d'invoquer Dieu pour sa requête et en train d'intercéder auprès de
Dieu pour lui. Contrairement à une personne qui ne serait pas ainsi. (...) Il y a aussi le fait
que l'homme a dit : "Accepte mon intercession au sujet de Muhammad" : il est clair qu'il
n'a pas intercédé auprès de Dieu pour Muhammad pour le besoin de Muhammad" (Op. cit., p.
133).

Aussi, "Accepte l'intercession de Muhammad à mon sujet, et accepte mon intercession au


sujet de Muhammad" voulait dire : "Accepte l'invocation de Muhammad qui Te demande
d'exaucer mon besoin, et accepte l'invocation que je T'adresse Te demandant d'exaucer
l'invocation que Muhammad Te fait à mon sujet" (op. cit., p. 129).

"Si le Prophète n'était pas en train d'invoquer Dieu à son sujet, cet homme aurait adressé une
simple demande à Dieu (su'âl), et non pas une intercession (shafâ'a). L'intercession n'a lieu
que lorsqu'il y a deux personnes qui demandent la même chose : l'une intercède alors en
faveur de l'autre" (op. cit., p. 134).

Il est possible, en regard de certaines narrations, dit Ibn Taymiyya, que 'Uthmân ibn Hunayf
ait enseigné que même après le décès du Prophète, on peut continuer à formuler cette
invocation pour un besoin qu'on a (op. cit., pp. 131-132).
Mais si cela est avéré, ce serait une tafarrud de la part de 'Uthmân (radhiyallâhu 'anh) : les
autres Compagnons n'ont pas enseigné cela, et ne l'ont pas pratiqué non plus (op. cit., pp.
132-138).

Le Prophète (sur lui soit la paix) étant mort (du type de mort que les prophètes connaissent),
on ne peut plus lui demander d'invoquer Dieu de satisfaire un besoin qu'on a, et on ne
peut donc plus utiliser cette formule qu'il avait enseignée à ce Compagnon. "La différence est
claire entre celui en faveur de qui le Prophète fait une invocation, et celui en faveur de qui il
ne fait pas d'invocation" (Op. cit., p. 172).

-
--- Omar ibn ul-Khattâb (que Dieu l'agrée) a dit (lors de la période de sécheresse, des
années après la mort du Prophète, sur lui soit la paix) : "O Dieu, nous prenions le
Prophète comme intermédiaire, et Tu faisais pleuvoir. Maintenant nous prenons comme
intermédiaire l'oncle du Prophète [al-Abbâs]" : "‫ أن عمر بن الخطاب رضي هللا عنه‬،‫عن أنس بن مالك‬
‫ وإنا نتوسل إليك بعم‬،‫اللهم إنا كنا نتوسل إليك بنبينا فتسقينا‬: "‫ فقال‬،‫كان إذا قحطوا استسقى بالعباس بن عبد المطلب‬
‫فيسقون‬: ‫قال‬. ‫( "نبينا فاسقنا‬rapporté par al-Bukhârî, n° 964, 3507).
S'il s'agissait ici de demander à Dieu d'exaucer une invocation par la place (jâh) que le
Prophète a auprès de Dieu, les Compagnons n'auraient pas eu recours à al-Abbâs, car la jâh
du Prophète est de loin supérieure à celle de al-'Abbâs, et n'a nullement diminué après son
décès. Ici Omar a voulu dire : "nous prenons comme intermédiaire l'oncle du
Prophète pour qu'il T'adresse les invocations [au nom de notre groupe]" (cf. Shar'h ul-
'aqîda at-tahâwiyya, 1/298-299). En effet, c'est le Prophète qui invoquait Dieu d'accorder à
tout le monde la pluie.
"Ceci montre que la parole "Je Te demande et me tourne vers Toi par Ton Prophète
Muhammad" signifie : "Je Te demande et me tourne vers Toi par la demande et
l'intercession de Ton Prophète Muhammad". C'est pourquoi Omar a dit (lors d'une période
de sécheresse, des années après la mort du Prophète) : "O Dieu, nous prenions Ton
Prophète comme intermédiaire, et Tu faisais pleuvoir. Maintenant nous prenons comme
intermédiaire l'oncle de Ton Prophète [al-Abbâs]". (…) Si le fait de s'adresser à Dieu par
l'intermédiaire de l'invocation du Prophète était valable pendant le vivant de celui-ci
comme après sa mort, les Compagnons n'auraient pas eu recours à l'invocation de al-
Abbâs, alors que le Prophète est le meilleur des créatures et le plus honoré auprès de Dieu"
(Op. cit., p. 173).

-
--- C'est en fait la même chose que ce qui figure dans ce hadîth (déjà cité plus haut) : "‫عن جبير‬
‫يا رسول هللا‬: "‫ فقال‬،‫أتى رسول هللا صلى هللا عليه وسلم أعرابي‬: ‫ قال‬،‫ عن جده‬،‫ عن أبيه‬،‫بن محمد بن جبير بن مطعم‬،
‫ ونستشفع باهلل‬،‫فاستسق هللا لنا؛ فإنا نستشفع بك على هللا‬. ‫جهدت األنفس وضاعت العيال ونهكت األموال وهلكت األنعام‬
‫ فما زال‬،‫ويحك أتدري ما تقول؟ "وسبح رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬: "‫"قال رسول هللا صلى هللا عليه وسلم‬. ‫عليك‬
‫ويحك إنه ال يستشفع باهلل على أحد من خلقه !شأن هللا أعظم من ذلك‬: "‫ثم قال‬. ‫يسبح حتى عرف ذلك في وجوه أصحابه‬.
‫"ويحك أتدري ما هللا؟ إن عرشه على سماواته لهكذا "وقال بأصابعه مثل القبة عليه "وإنه ليئط به أطيط الرحل بالراكب‬.
‫ وعرشه فوق سماواته‬،‫إن هللا فوق عرشه‬: "‫( "قال ابن بشار في حديثه‬Abû Dâoûd, 4726).

Al-Bukhârî a lui aussi écrit : "‫( "باب إذا استشفع المشركون بالمسلمين عند القحط‬Al-Jâmi' us-Sahîh,
Kitâb ul-istisqâ').

Voilà pour les différents cas possibles.

-
Quant au verset que votre ami cite : "َ‫للا َوا ْبتَغُواْ إلَيه ا ْل َوسيلَة‬
َ ّ ْ‫ "يَا أَيُّهَا الَّذينَ آ َمنُواْ اتَّقُوا‬: "O les
croyants, craignez Dieu et recherchez le moyen qui vous rapprochera de Lui…" (Coran
5/35), il faut savoir qu'il n'est pas ici question de personnes pouvant servir d'intermédiaires
pour nous rapprocher de Dieu. Comment cela pourrait-il être le sens de ce verset, alors que
dans un autre verset, Dieu Lui-même critique ceux qui prennent des entités comme
intermédiaires susceptibles de les rapprocher de Dieu : "C'est à Dieu que revient le culte pur.
Tandis que ceux qui prennent des divinités autres que Lui (disent) : "Nous ne les adorons
que pour qu'elles nous rapprochent de Dieu". En vérité, Dieu jugera parmi eux à propos de
ce en quoi ils divergent" (Coran 39/3). Il ne peut donc s'agir de faire ceci ni quelque chose
d'approchant. En fait, quand Dieu nous demande de prendre le moyen (wassîla) qui nous
rapprochera de Lui, il s'agit de la foi et des bonnes actions telles qu'Il les agrée et nous les a
communiquées à travers le Coran, que détaille et complète la Sunna.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

Remarque :

La question du du'â bi-l-wassîla est une mas'alah ijtihâdiyya : même si l'avis qui est juste à
propos des cas 2.B.4, 2.B.5 et 2.B.6 semble pouvoir être reconnu de façon qat'î (cliquez ici
pour lire les deux catégories de qat'î et de zannî) (c'est l'avis qui dit que cela n'est pas autorisé,
avec, pour certains de ces cas, les nuances plus haut évoquées) et que l'autre avis (disant que
cela est autorisé) constitue une erreur, cela constitue malgré tout une question ijtihâdî, et
non pas de dhalâl. Autrement dit, ceux qui sont de cet autre avis font une action en fonction
d'un avis qui est une khata' ijtihâdî, et non pas d'un avis d'égarement (dhalâl) (cliquez ici
pour en savoir plus sur ces deux catégories).
Attention :

Rappelons que ce que nous venons de dire concerne l'avis que certains musulmans ont
concernant la du'â bi-l-wassîla (et qui consiste à dire : "O Dieu, éloigne de moi le malheur
dans lequel je me trouve, à cause de la place que le Prophète a auprès de Toi") ; ceci est
une question ijtihâdî.

Très différent de cela est l'avis (complètement faux) que certaines personnes ont émis à
propos de la istighâtha bi-l-mayyit (et qui consisterait à dire : "O Prophète, éloigne de moi le
malheur dans lequel je me trouve, et ce à cause du fait que Tu es proche de Dieu") : ce
genre de demande est quant à elle strictement interdite : j'en ai parlé dans un autre article.

Wallâhu A'lam (Dieu sait mieux).

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