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La destruction
des Indiens
des Plaines
Maladies, famines organisées,
disparition du mode de vie autochtone
James Daschuk
LA DESTRUCTION DES
INDIENS DES PLAINES
JAMES DASCHUK
LA DESTRUCTION
MALADIES, FAMINES ORGANISÉES ET DISPARITION DU MODE DE VIE AUTOCHTONE
Cet ouvrage a été publié en 2013 par University of Regina Press, sous le titre Clearing the
Plains : disease, politics of starvation , and the loss of Aborigenal life.
ISBN : 978-2-7637-2100-2
PDF : 9782763721019
www.pulaval.com
Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9
Chapitre 1
La santé des Autochtones et l’environnement
avant l’arrivée des Européens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
Chapitre 2
L’émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation
territoriale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49
Chapitre 3
L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation
des maladies, 1740-1782 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73
Chapitre 4
La guerre des fourrures : désespérance et carnage, 1783-1821 . . . . . . . . . 95
Chapitre 5
Le monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone,
1821-1869 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123
Chapitre 6
Le Canada, le Nord-Ouest et les traités, 1869-1876 . . . . . . . . . . . . . . . 153
Chapitre 7
Traités, famines et nouvelles épidémies, 1877-1882 . . . . . . . . . . . . . . . . 183
Chapitre 8
Les politiques d’assistance du Dominion, 1883-1885 . . . . . . . . . . . . . . 225
Chapitre 9
L’effondrement démographique des collectivités autochtones,
1886-1891 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 273
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 307
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 315
Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 359
Remerciements
1. Voir : http://www.macleans.ca/news/canada/why-fixing-first-nations-education-remains-so-far-out-of-reach/
2. Voir : http://www.afn.ca/index.php/en/national-chief/highlights-from-the-national-chief/achieving-shared-
success-the-path-from-poverty-to-prosperity.
3. Dennis Raphael, « Introduction to the Social Determinants of Health », dans : Dennis Raphael
(dir.), Social Determinants of Health : Canadian Perspectives, Toronto : Scholar’s Press, 2004, p. 6.
10 L a destruction des I ndiens des P laines
incorporé au fil des ans à la trame même de notre pays, de notre société.
L’objectif premier de la présente étude consiste à discerner les causes de
l’écart sanitaire actuel entre les Autochtones et les Allochtones dans l’ouest
du Canada. Indicateur clé des conditions de vie, la santé ne peut pas se
concevoir indépendamment des forces économiques et sociales qui la
déterminent. La marginalisation des Premières Nations constitue ainsi le
principal obstacle à l’amélioration des paramètres sanitaires dans la
population canadienne.
Si la minorité autochtone et la majorité allochtone du Canada ne sont
pas logées à la même enseigne en matière de santé, le seuil minimal des
conditions de vie acceptables n’est pas non plus le même dans les deux
groupes. Dans les deux cas, c’est essentiellement le racisme des décideurs
politiques et de la société dominante qui explique l’émergence de ce gouffre
et sa persistance. Ces dernières années, deux études d’importance ont analysé
le racisme dans la population allochtone majoritaire comme cause de la
détérioration de l’état de santé des collectivités autochtones de l’Ouest
canadien. Dans Medicine that Walks : Disease, Medicine, and Canadian Plains
Native People, 1880–1940, Maureen Lux estime que le racisme et les poli-
tiques gouvernementales mises en œuvre dans ce contexte ont été les princi-
paux facteurs du déclin vertigineux de la condition sanitaire dans les réserves
des Prairies4. Dans Colonizing Bodies : Aboriginal Health and Healing in
British Columbia, Mary-Ellen Kelm soutient que l’attitude colonialiste de
l’opinion publique et des instances dirigeantes de la Colombie-Britannique à
l’égard des Autochtones a provoqué précisément le désastre qu’elles disaient
combattre : les mesures mises en œuvre par le gouvernement pour secourir
des Premières Nations qu’il jugeait menacées d’extinction ont empiré leur
sort5. L’idée d’une faiblesse physique « inhérente » aux Autochtones ayant été
implantée dans les esprits, elle a incontestablement contribué au déclin de
leurs collectivités : tout naturellement, les effets délétères des politiques
draconiennes du gouvernement canadien s’expliquaient par la faiblesse
« intrinsèque » des hommes et des femmes qui les subissaient. Le présent
ouvrage constate l’importance de l’idéologie raciste dans les relations entre les
Premières Nations et l’État canadien. Cependant, il ne s’intéresse pas
essentiellement aux idées qui ont favorisé la marginalisation des populations
des réserves ; il ne présente pas non plus la vision du monde des Autochtones
4. Maureen Lux, Medicine that Walks : Disease, Medicine, and Canadian Plains Native People, 1880–
1940, Toronto : University of Toronto Press, 2001, p. 5-19.
5. Mary-Ellen Kelm, Colonizing Bodies : Aboriginal Health and Healing in British Columbia, 1900–50,
Vancouver : UBC Press, 1998, p. xvi-xix.
I ntroduction 11
6. Theodore Binnema, Common and Contested Ground : A Human and Environmental History of the
Northwestern Plains, Norman : University of Oklahoma Press, 2001, p. xiii.
7. Immanuel Wallerstein, The Modern World-System : Capitalist Agriculture and the Origins of European
World-Economy in the Sixteenth Century, New York : Academic Press, 1974.
8. Jason W. Moore, « The Modern World-System as Environmental History ? Ecology and the Rise of
Capitalism », Theory and Society, 32, 2003, p. 323.
12 L a destruction des I ndiens des P laines
9. Arthur J. Ray, « At the Cutting Edge : Indians and the Expansion of the Land-Based Fur Trade in
Northern North America, 1550–1750 », dans : Hans-Jürgen Nitz (dir.), The Early-Modern World-
System in Geographical Perspective, Stuttgart : Franz Steiner Verlag, 1993, p. 317-326.
10. Alfred W. Crosby, The Columbian Exchange : Biological and Cultural Consequences of 1492, Westport
(Connecticut) : Greenwood Publishing Company, 1972, p. 113, 202.
11. Alfred W. Crosby, « Virgin Soil Epidemics as a Factor in the Aboriginal Depopulation of America »,
dans : Germs, Seeds, and Animals : Studies in Ecological History, Londres : M. E. Sharpe, 1994, p. 99.
12. Paul Hackett, “A Very Remarkable Sickness” : Epidemics in the Petit Nord, 1670 to 1846, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 2002.
I ntroduction 13
13. Patricia Albers, « Changing Patterns of Ethnicity in the Northeastern Plains, 1780–1870 », dans :
Jonathan Hill (dir.), History, Power, and Identity : Ethnogenesis in the Americas, 1492–1992, Iowa
City : University of Iowa Press, 1996, p. 100.
14. Emmanuel Le Roy Ladurie, « Un concept : l’unification microbienne du monde (XIVe-XVIIe siècle) »,
dans : Le territoire de l’historien (tome 2), Paris : Gallimard, 1978 [1973], p. 37-97.
15. Arthur J. Ray, « Some Thoughts about the Reasons for Spatial Dynamism in the Early Fur Trade,
1500–1800 », dans : Henry Epp (dir.), Three Hundred Prairie Years : Henry Kelsey’s “Inland Country
of Good Report”, Regina : Canadian Plains Research Center, 1993, p. 113-123.
16. David Mandelbaum, The Plains Cree : An Ethnographic, Historical, and Comparative Study, Regina :
Canadian Plains Research Center, 1979 [1940 ; réimpression].
14 L a destruction des I ndiens des P laines
des entrevues réalisées dans des collectivités cries des Plaines et sur des sources
secondaires se rapportant à l’époque du commerce des pelleteries. Une géné-
ration plus tard, des recherches dans les Archives de la Compagnie de la Baie
d’Hudson confirmaient que les Cris et les Ojibwés avaient effectivement
migré vers l’ouest dans le contexte de leur participation à l’économie mondiale.
Arthur Ray (Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters,
and Middlemen in the Lands Southwest of Hudson Bay, 1660–187017) et
Charles Bishop (The Northern Ojibwa and the Fur Trade : An Historical and
Ecological Study18) ont soutenu avec éloquence que les groupes qui avaient eu
accès aux marchandises d’échange européennes, en particulier les armes à feu,
s’étaient installés dans des régions habitées par d’autres collectivités, et
provoqué ainsi la dislocation territoriale et culturelle de nombreuses sociétés
autochtones. Indians in the Fur Trade a aussi été l’un des premiers ouvrages à
établir le rôle crucial des maladies dans l’évolution historique de l’Ouest cana-
dien. Constatant la spécialisation économique de certaines communautés, par
exemple les Cris et les Ojibwés (Anichinabés), certains chercheurs en ont
conclu que les marchandises d’échange européennes, et donc, le système capi-
taliste mondial, leur étaient devenus indispensables au fil des ans. Vivant à la
périphérie de l’économie planétaire, bientôt indigentes et marginalisées, les
Premières Nations du Canada étaient alors considérées comme comparables
aux populations du tiers-monde. Peu à peu, les recherches historiques sur les
mutations économiques et la dépossession se sont arrimées à la théorie de la
dépendance : cette approche interprétative marxiste allait connaître un essor
considérable avec la publication de Capitalisme et sous-développement en
Amérique latine, d’André Gunder Frank, en 1968 [1967 pour la version origi-
nale anglaise]19. Pour les penseurs de la dépendance, ce sont les interactions
entre le centre du système-monde (les puissances coloniales qui ont accédé au
développement) et sa périphérie (le tiers-monde colonisé et appauvri) qui
creusent inlassablement l’écart de pouvoir et de richesse entre eux.
Les interprétations matérialistes de l’histoire des Premières Nations
situaient l’évolution de ces collectivités, et leur assujettissement, dans un
contexte mondial. Dans les années 1980, des chercheurs et des communautés
autochtones commencent toutefois à exprimer un point de vue différent :
17. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands
Southwest of Hudson Bay, 1660–1870, Toronto : University of Toronto Press, 1974.
18. Charles Bishop, The Northern Ojibwa and the Fur Trade : An Historical and Ecological Study,
Toronto : Holt, Rinehart and Winston, 1974.
19. André Gunder Frank, Capitalisme et sous-développement en Amérique latine (traduit de l’anglais par
Guillaume Carle et Christos Passadéos), Paris : François Maspero, 1979 [1968].
I ntroduction 15
20. Paul Thistle, Indian–European Trade Relations in the Lower Saskatchewan River Region to 1840,
Winnipeg : University of Manitoba Press, 1986.
21. Eleanor M. Blain, « Dependency : Charles Bishop and the Northern Ojibwa », dans : Kerry Abel et
Jean Friesen (dir.), Aboriginal Resource Use in Canada : Historical and Legal Aspects, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 1991, p. 93-106.
22. Laura Peers, The Ojibwa of Western Canada, 1780–1870, Winnipeg : University of Manitoba Press,
1994.
23. James G. E. Smith, « The Western Woods Cree : Anthropological Myth and Historical Reality »,
American Ethnologist, 14, 1987, p. 434-448.
16 L a destruction des I ndiens des P laines
24. Dale Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, Ottawa : Canadian Museum of
Civilization, 1991.
25. Michael Payne, « Review : Dale R. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours »,
Manitoba History, 24, 1992 : http://www.mhs.mb.ca/docs/mb_history/24/westerncree.shtml ; Paul
Thistle, « Review : Russell, Dale R., Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours », Cana-
dian Journal of Native Studies, 11, 1991, p. 181-183.
26. John Milloy, The Plains Cree : Trade, Diplomacy, and War, 1790 to 1870, Winnipeg : University of
Manitoba Press, 1988.
I ntroduction 17
études proclamant leur arrivée tardive dans la région ; le débat sur les migra-
tions et la dépendance économique des Autochtones n’a plus « aucune perti-
nence historiographique », tranche-t-il27.
Dès le milieu des années 1990, les recherches sur l’histoire économique
des Premières Nations ont déjà perdu beaucoup de leur lustre. « L’ethnohistoire
a éclipsé les travaux sur l’économie politique dans la région subarctique »,
constate Frank Tough, spécialiste de l’histoire économique, dans “As Their
Natural Resources Fail” : Native Peoples and the Economic History of Northern
Manitoba, 1870–193028. Très vite, pourtant, les chercheurs postcoloniaux
reprochent à l’ethnohistoire d’exalter de manière outrancière la latitude d’ac-
tion des Premières Nations en sous-estimant au passage leur assujettissement
au moment de la montée en puissance de l’hégémonie canadienne29. À l’instar
d’autres ethnohistoriens, Toby Morantz rétorque que le discours colonialiste
fondé sur « les concepts de “pouvoir ”, “appropriation”, “territorialisation” et
“coercition” accapare à l’excès l’analyse des premiers temps historiques et laisse
trop peu de place aux représentations de contacts moins violents, moins
brutaux, moins compétitifs30 ». Tout en reconnaissant l’extraordinaire attracti-
vité de l’angle colonial, Morantz observe qu’il « noie » les situations particu-
lières des peuples autochtones dans « une rhétorique plus universelle ». D’une
certaine façon, la force de frappe du discours colonial émousse son efficacité en
tant qu’outil d’analyse. Plus les recherches postcoloniales se raffinent, cepen-
dant, plus leur méthodologie gagne en influence dans un champ d’études
jusqu’à tout récemment réservé à l’ethnohistoire. Entre autres ouvrages, The
White Man’s Gonna Getcha : The Colonial Challenge to the Crees in Quebec, de
Toby Morantz31, et The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and
Clark to Wounded Knee32, de Jeffrey Ostler, consacrent la convergence des
discours ethnohistorique et postcolonialiste.
Dans l’introduction de la deuxième édition de son Indians in the Fur
Trade, Ray s’efforce de trouver un terrain d’entente avec les détracteurs de son
approche : les relations entre les pourvoyeurs autochtones (trappeurs et
27. David Smyth, « Missed Opportunity : John Milloy’s The Plains Cree », Prairie Forum, 17, 1992,
p. 338.
28. Frank Tough, « As Their Natural Resources Fail » : Native Peoples and the Economic History of Northern
Manitoba, 1870–1930, Vancouver : UBC Press, 1996, p. 300.
29. Robin Brownlie et Mary-Ellen Kelm, « Desperately Seeking Absolution : Native Agency as
Colonialist Alibi ? », Canadian Historical Review, 75, 1994, p. 543-556.
30. Toby Morantz, « The Past and Future of Ethnohistory », Acta Borealia, 1, 1998, p. 72.
31. Toby Morantz, The White Man’s Gonna Getcha : The Colonial Challenge to the Crees in Quebec,
Montréal : McGill-Queen’s University Press, 2002.
32. Jeffrey Ostler, The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and Clark to Wounded Knee,
Cambridge (Royaume-Uni) : Cambridge University Press, 2004.
18 L a destruction des I ndiens des P laines
33. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands
Southwest of Hudson Bay, 1660–1870 – 2nd edition, Toronto : University of Toronto Press, 1998,
p. xxi.
I ntroduction 19
34. Amartya Sen, Poverty and Famines : An Essay on Entitlement and Deprivation, Oxford : Oxford
University Press, 1981 ; voir aussi : Amartya Sen, « Food, Economics, and Entitlements », dans : Jean
Drèze, Amartya Sen et Athar Hussain (dir.), The Political Economy of Hunger : Selected Essays,
Oxford : Oxford University Press, 1998, p. 50-68.
I ntroduction 23
35. Meredeth Turshen, The Political Ecology of Disease in Tanzania, New Brunswick (New Jersey) :
Rutgers University Press, 1984, p. xii.
36. Randall Packard, White Plague, Black Labor : Tuberculosis and the Political Economy of Health and
Disease in South Africa, Berkeley : University of California Press, 1989, p. 19.
37. Gregory Campbell, « The Changing Dimension of Native American Health : A Critical
Understanding of Contemporary Native American Health Issues », dans Robert N. Wells (dir.),
Native American Resurgence and Renewal : A Reader and Bibliography, Metuchen (New Jersey) :
Scarecrow Press, 1994, p. 97-104.
38. Gregory Campbell, « Health Patterns and Underdevelopment on the Northern Cheyenne
Reservation », dans : John H. Moore (dir.), The Political Economy of North American Indians,
Norman : University of Oklahoma Press, 1993, p. 63.
39. James B. Waldram, D. Ann Herring et T. Kue Young, Aboriginal Health in Canada : Historical,
Cultural and Epidemiological Perspectives – Second Edition, Toronto : University of Toronto Press,
2006, p. 295.
24 L a destruction des I ndiens des P laines
40. Cette clause se lit ainsi : « Que dans le cas où par la suite les Indiens compris dans ce traité seraient
visités par la peste ou par une disette générale, la Reine, lorsqu’elle aura reçu un certificat en bonne
et due forme de Son agent ou de Ses agents pour les Affaires indiennes accordera tous et tels
secours que Son surintendant en chef des Affaires indiennes croira nécessaires et suffisants pour
les soulager du fléau qui aura [fondu] sur eux » Source : http://www.aadnc-aandc.gc.ca/
fra/1100100028710/1100100028783
I ntroduction 25
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Traité n° 8 1906
1899
Traité n° 6 Traité n° 5
1899 Traité n° 5
DISTRICT DE 1875 1908
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1876 DISTRICT DE LA
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Traité n° 6 Little Pine
1876 & Lucky Man
Beardy & Okimasis
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Grizzly Bear’s Head Réserves de Carlton
& Lean Man Réserves de Battleford
L’ALBERTA SASKATCHEWAN
Stoneys
Traité n° 7
1877 Peguis
Tsuu T’inas (Sarcis) DISTRICT Réserves des Touchwood Hills
3. Jane E. Buikstra (dir.), Prehistoric Tuberculosis in the Americas, Evanston (Illinois) : Northwestern
University Archaeological Program, 1981.
4. Kenneth F. Kiple et Stephen V. Beck, « Introduction », dans : Kenneth F. Kiple et Stephen V. Beck
(dir.), Biological Consequences of European Expansion, 1450–1800, vol. 26 de Variorum, an
Expanding World : The European Impact on World History, 1450–1800, Burlington (Vermont) :
Ashgate Publishing, 1997, p. xx.
5. John B. Gregg et Larry Zimmerman, « Malnutrition in Fourteenth-Century South Dakota : Osteo-
pathological Manifestations », North American Archaeologist, 7, 1986, p. 191-214 ; Douglas B.
Bamforth, « Climate, Chronology, and the Course of War in the Middle Missouri Region of the
North American Plains », dans : Elizabeth N. Arkush et Mark W. Allen (dir.), The Archaeology of
Warfare : Prehistories of Raiding and Conquest, Gainesville : University Press of Florida, 2006,
p. 90-91.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 35
8. Reid Bryson et Wayne Wendland désignent la période qui s’étend de l’an 900 à l’an 1200 apr. J.-C.
sous le nom de « Néo-Atlantique » ; voir leur « Tentative Climatic Patterns for Some Late Glacial and
Post-Glacial Episodes in Central North America », dans : William J. Mayer-Oakes (dir.), Life, Land,
and Water : Proceedings of the 1966 Conference on Environmental Studies of the Glacial Lake Agassiz
Region, Winnipeg : University of Manitoba Press, 1967, p. 271-298. On trouvera par ailleurs ici une
analyse de cette même période en Europe : Rudolph Brázdil et al., « Historical Climatology in
Europe : The State of the Art », Climatic Change, 70, 2005, p. 388-396.
9. Renée Fossett, In Order to Live Untroubled : Inuit of the Central Arctic, 1550–1940, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 2001, p. 15-19.
10. David Meyer et Scott Hamilton, « Neighbors to the North : Peoples of the Boreal Forest », dans :
Karl H. Schlesier (dir.), Plains Indians : A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of Historic Groups,
Norman : University of Oklahoma Press, 1994, p. 112 ; Bryson et Wendland, « Tentative Climatic
Patterns for Some Late Glacial and Post-Glacial Episodes in Central North America ». Durement
éprouvé par la sécheresse et les fléaux qui en résultent, le Sud-Ouest américain constitue une
exception d’importance à cet environnement climatique favorable de l’épisode néo-atlantique. Terry
L. Jones et al., « Environmental Imperatives Reconsidered : Demographic Crises in Western North
America during the Medieval Climatic Anomaly [and Comments and Reply] », Current
Anthropology, 40, 1999, p. 137-170.
11. James E. Fitting, « Regional Cultural Development, 300 B.C. to A.D. 1000 », dans : Bruce Trigger
(dir.), Northeast, vol. 15 du Handbook of North American Indians, Washington (DC) : Smithsonian
Institution Press, 1978, p. 44 ; Guy E. Gibbon, « Cultural Dynamics of the Development of the
Oneota Lifeway in Wisconsin », American Antiquity, 37, 1972, p. 168.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 37
12. Le développement du maïs corné dans le nord du continent aux environs de l’an 800 apr. J.-C. a
marqué un tournant majeur pour la culture du maïs et l’expansion géographique de l’agriculture.
Thomas J. Riley et al., « Cultigens in Prehistoric Eastern North America : Changing Paradigms »,
Current Anthropology, 31, 1990, p. 529.
13. Biloine Whiting Young et Melvin L. Fowler, Cahokia : The Great American Metropolis, Urbana :
University of Illinois Press, 2000, p. 316.
14. Thomas E. Emerson, Cahokia and the Archaeology of Power, Tuscaloosa : University of Alabama
Press, 1997. Certains chercheurs considèrent même Cahokia comme la capitale d’un « État ».
George R. Milner, « The Late Prehistoric Cahokia Cultural System of the Mississippi River Valley :
Foundations, Florescence, and Fragmentation », Journal of World Prehistory, 4, 1990, p. 2.
15. James W. Springer et Stanley R. Witkowski, « Siouan Historical Linguistics and Oneota
Archaeology », dans : Guy Gibbon (dir.), Oneota Studies (Publications in Anthropology 1),
Minneapolis : University of Minnesota Press, 1995, p. 69-83.
16. Bryan J. Lenius et Dave M. Olinyk, « The Rainy River Composite : Revisions to Late Woodland
Taxonomy », dans : Guy Gibbon (dir.), The Woodland Tradition in the Western Great Lakes : Papers
Presented to Elden Johnson (Publications in Anthropology 4), Minneapolis : University of Minnesota
Press, 1990, p. 80, figure 8.3 ; Meyer et Hamilton, « Neighbors to the North », p. 112.
17. Lenius et Olinyk, « The Rainy River Composite », p. 101 ; Ian Dyck et Richard E. Morlan, « Hunting
and Gathering Tradition : Canadian Plains », dans : Raymond J. DeMallie (dir.), Plains, vol. 13 du
Handbook of North American Indians, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press, 2001,
p. 128-129.
38 L a destruction des I ndiens des P laines
actuels ; ils ajoutaient par ailleurs les produits du jardinage à leur ordinaire de
chasse et de cueillette18. Leurs villages les plus septentrionaux se dressaient à
seulement 200 kilomètres au sud du 49e parallèle.
La vague agricole qui conquiert la moitié orientale du continent
pendant l’optimum climatique néo-atlantique s’arrête net aux villages du
Missouri ; grâce aux réseaux commerciaux, le maïs arrive cependant très loin
dans le nord, jusqu’à la rivière Carotte (Carrot River), dans les basses-terres
de la Saskatchewan et dans plusieurs autres régions de la forêt boréale du
centre du Canada19. Les travaux de l’archéologue Dale Walde montrent que
ce ne sont pas les conditions climatiques qui ont entravé la progression de
l’agriculture vers l’ouest : si ces collectivités ont continué de privilégier la
chasse au bison, c’est simplement parce qu’elle comblait amplement leurs
besoins20. Les populations qui habitaient les Plaines canadiennes avant
l’arrivée des Européens, ajoute Walde, ne constituaient pas des petites bandes
nomades, mais de grandes communautés bien organisées et structurées selon
des liens « tribaux » ; elles comptaient parfois jusqu’à 1 000 personnes travail-
lant collectivement et pouvaient ainsi atteindre « un niveau quasi industriel
d’exploitation des ressources21 ». Forts de leur nombre, ces groupes menaient
les hardes sur des distances considérables pour ensuite les abattre et les
dépecer à leur guise ; ils produisaient ainsi d’importants surplus alimentaires
qu’ils pouvaient conserver pour utilisation ultérieure ou échanger, très
souvent contre du maïs ou d’autres produits agricoles. Ces surplus leur
permettaient par ailleurs de s’investir dans des activités non alimentaires,
notamment l’implantation d’institutions officielles organisées selon l’âge, le
genre ou le savoir-faire. N’étant pas contraintes de parcourir inlassablement
les Plaines en quête de nourriture, ces collectivités vivaient de manière semi-
sédentaire : elles pouvaient s’établir en un même lieu six mois durant, alter-
nant entre le creux des vallées et les vastes étendues planes balayées par les
vents22. Cependant, puisqu’elles se déplaçaient à pied et n’utilisaient que des
chiens en guise de bêtes de trait, leurs résidences d’hiver et d’été n’étaient
probablement pas distantes de plus de quelques jours de marche.
18. R. Peter Winham et Edward J. Lueck, « Cultures of the Middle Missouri », dans : Karl H. Schlesier
(dir.), Plains Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of Historic Groups, Norman :
University of Oklahoma Press, 1994, p. 159.
19. M. Boyd et C. Surette, « Northernmost Precontact Maize in North America », American Antiquity,
75, 2010, p. 130.
20. Dale Walde, « Sedentism and Precontact Tribal Social Organization on the Northern Plains :
Colonial Imposition or Indigenous Development ? », World Archaeology, 38, 2006, p. 298.
21. Ibid., p. 305.
22. Ibid., p. 302-303.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 39
23. La phase est « une unité archéologique possédant des traits suffisamment caractéristiques pour la
distinguer de toutes les autres unités de même niveau, qu’elles appartiennent ou non à la même
culture ou civilisation, restreinte dans l’espace à la taille d’une localité ou d’une région, et circons-
crite dans le temps à une période relativement courte ». Gordon R. Wiley et Philip Philips, Method
and Theory in American Archaeology, Chicago : University of Chicago Press, 1963, p. 23.
24. Dale Walde, « Avonlea and Athapaskan Migrations : A Reconsideration », Plains Anthropologist, 51,
2006, p. 193.
25. J. Roderick Vickers, « Cultures of the Northwestern Plains from the Boreal Forest Edge to the Milk
River », dans : Karl H. Schlesier (dir.), Plains Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of
Historic Groups, Norman : University of Oklahoma Press, 1994, p. 28 ; Trevor Peck et Caroline R.
Hudecek-Cuffe, « Archaeology on the Plains : The Last Two Thousand Years », dans : Jack Brink et
John F. Dormaar, Archaeology in Alberta : A View from the New Millennium, Medicine Hat :
Archaeological Society of Alberta, 2003, p. 90 ; Walde, « Sedentism and Precontact Tribal Social
Organization on the Northern Plains », p. 301.
26. Crowley, « Causes of Climate Change over the Past 1000 Years », p. 271.
40 L a destruction des I ndiens des P laines
27. Ryan C. Bay, Nathan Bramall et P. Buford Price, « Bipolar Correlation of Volcanism with Millennial
Climate Change », Proceedings of the National Academy of Sciences, 101, 2004, p. 6341-6345 ;
(citation) Gifford H. Miller et al., « Abrupt Onset of the Little Ice Age Triggered by Volcanism and
Sustained by Sea-Ice/Ocean Feedbacks », Geophysical Research Letters, 39, 2012, LO 2808.
28. Jared Diamond, Effondrement – Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie
(traduit de l’anglais par Agnès Botz et Jean-Luc Fidel), Paris : Gallimard, 2009 [2006], p. 318-320.
29. Dean R. Snow, The Iroquois, Oxford : Blackwell, 1994, p. 31-76.
30. Milner, « The Late Prehistoric Cahokia Cultural System of the Mississippi River Valley », p. 31-33.
31. Charles R. Cobb et Brian Butler, « The Vacant Quarter Revisited : Late Mississippian Abandonment
of the Lower Ohio Valley », American Antiquity, 67, 2002, p. 625-641.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 41
32. Lauren W. Ritterbush, « Drawn by the Bison : Late Prehistoric Native Migration into the Central
Plains », Great Plains Quarterly, 22, 2002, p. 259-270.
33. Beth R. Ritter, « Piecing Together the Ponca Past : Reconstructing Degiha Migrations to the Great
Plains », Great Plains Quarterly, 22, 2002, p. 271-284.
34. Walde, « Sedentism and Precontact Tribal Social Organization on the Northern Plains », p. 301 ;
Dale Walde, David Meyer et Wendy Umfreed, « The Late Period on the Canadian and Adjacent
Plains », Revista de Arqueología Americana, 9, 1995, p. 32.
35. Douglas B. Bamforth, « An Empirical Perspective on the Little Ice Age Climatic Change on the
Great Plains », Plains Anthropologist, 35, 1990, p. 364.
36. Beverley (Bev) Alistair Nicholson et Scott Hamilton, « Cultural Continuity and Changing
Subsistence Strategies during the Late Precontact Period in Southwestern Manitoba », Canadian
Journal of Archaeology, 25, 2001, p. 69.
42 L a destruction des I ndiens des P laines
Tiger Hills, au sud de Brandon37. Ils ont ainsi vécu dans l’ouest du Manitoba
pendant plusieurs dizaines d’années, jusqu’à ce qu’ils en soient chassés par
une « vague de froid intense et soudaine du petit âge glaciaire » probablement
provoquée par l’éruption cataclysmique du Kuwae, en 1453-145438. Des
céramiques Focus Vickers plus tardives ont été retrouvées dans le sud-est de
la Saskatchewan, entremêlées à « des quantités considérables d’os de bisons,
dénotant ainsi d’une adaptation complète aux techniques d’abattage en
nombre39 ». En s’établissant en Saskatchewan, les Focus Vickers se sont
complètement détournés de l’agriculture au profit de la chasse au gros gibier,
adoptant ainsi la même stratégie de survie que les autres sociétés autochtones
des Plaines canadiennes juste avant l’arrivée des Européens.
À l’exception des One Guns protohistoriques (nous y reviendrons au
chapitre suivant), les groupes Besant, Avonlea, Old Women, Mortlach et
Focus Vickers des Plaines canadiennes formaient tous des populations
importantes avant le contact. Organisés en tribus, ils ont immigré depuis les
forêts de l’Est ou, à tout le moins, subissaient nettement l’influence des
peuples de ces régions40. Plusieurs traits distinctifs de ces grandes collectivités
se sont maintenus bien après l’arrivée des Européens. Avant l’épidémie
dévastatrice de variole des années 1780, le traiteur Alexander Henry indiquait
ainsi qu’un village nakota-assiniboine de la prairie-parc (parkland) regroupait
« environ 200 tentes abritant chacune deux à quatre familles » ; la communauté
était si vaste que le chef devait employer un « crieur public » pour transmettre
ses ordres à la population, et des « soldats » pour en assurer la mise en œuvre41.
Pour tirer pleinement parti des ressources des prairies, ces populations
recourent à des stratégies complexes. Le feu constitue un outil très efficace de
régulation des approvisionnements alimentaires : les flammes attirent les
animaux vers les zones de repousse au printemps et au début de l’été, ou les
dirigent vers des précipices ou des enclos où ils seront mis à mort. Dans la
chasse au bison qui se pratique à pied, les chasseurs doivent séparer leurs
proies de la harde et les mener à l’abattage sans trop perturber les déplacements
37. Catherine Flynn et E. Leigh Syms, « Manitoba’s First Farmers », Manitoba History, 31, 1996,
p. 4-11.
38. Beverley (Bev) Alistair Nicholson et al., « Climatic Challenges and Changes : A Little Ice Age
Response to Adversity – the Vickers Focus Forager/Horticulturalists Move On », Plains
Anthropologist, 51, 2006, p. 325 ; Keith R. Briffa et al., « Influence of Volcanic Eruptions on
Northern Hemisphere Summer Temperature over the Past 600 Years », Nature, 393, 1998, p. 453.
39. Nicholson et al., « Climatic Challenges and Changes », p. 329.
40. Walde, « Sedentism and Precontact Tribal Social Organization on the Northern Plains », p. 292.
41. Alexander Henry, Travels and Adventures in Canada and the Indian Territories between the Years 1760
and 1776 (sous la direction de James Bain), Rutland (Vermont) : C. E. Tuttle Company, 1969,
p. 295-298.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 43
42. R. Grace Morgan, An Ecological Study of the Northern Plains as Seen through the Garratt Site
(Occasional Papers in Anthropology 7), Regina : University of Regina, 1979, p. 111-113, 193.
43. R. Grace Morgan, Beaver Ecology/Beaver Mythology (thèse de doctorat), University of Alberta, 1991,
p. 5, 27.
44. James Daschuk, « Who Killed the Prairie Beaver ? An Environmental Case for Eighteenth-Century
Migration in Western Canada », Prairie Forum, 37, 2012, p. 151-172.
45. Richard H. Steckel et Joseph M. Prince, Tallest in the World : Native Americans of the Great Plains in
the Nineteenth Century, document presenté à la Commission internationale de démographie
historique/International Commission on Historical Demography, Oslo, 1999 ; Joseph M. Prince et
Richard H. Steckel, « Nutritional Success on the Great Plains : Nineteenth-Century Equestrian
Nomads », Journal of Interdisciplinary History, 33, 2003, p. 353-384.
44 L a destruction des I ndiens des P laines
46. Peter Nabokov, Indian Running, Santa Fe : Ancient City Press, 1987, p. 14-24.
47. Louis Liebenberg, « Persistence Hunting by Modern Hunter-Gatherers », Current Anthropology, 47,
2006, p. 1017 ; Dennis Bramble et Daniel Lieberman, « Endurance Running and the Evolution of
Homo », Nature, 432, 2004, p. 345-352.
48. Ernest G. Walker, « The Woodlawn Site : A Case for Interregional Disease Transmission in the Late
Prehistoric Period », Canadian Journal of Archaeology, 7, 1983, p. 49-59.
49. Charlotte A. Roberts et Jane E. Buikstra, The Bioarchaeology of Tuberculosis : A Global View on a
Reemerging Disease, Gainesville : University Press of Florida, 2003, p. 191, figure 4.1.
50. Sur un total de 255 squelettes pré-historiques montrant des signes tuberculeux retrouvés en
Amérique du Nord, 9 provenaient de la période 1000-1199, 234 de 1200-1399, et seulement 12 de
1400-1599. Ibid., p. 194, figure 4.2.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 45
51. D. A. Ashford et al., « Bovine Tuberculosis : Environmental Public Health Preparedness
Considerations for the Future », dans : Charles O. Thoen, James H. Steele et Michael J. Gilsdorf
(dir.), Mycobacterium Bovis Infection in Animals and Humans, Second Edition, Ames : Blackwell
Publishing, 2006, p. 305. Le complexe M. tuberculosis comprend aussi M. africanum, M. nicrotti et
M. canetti. Roberts et Buikstra, The Bioarchaeology of Tuberculosis, p. 75, 310, expliquent pourquoi
les deux grandes sources d’infection sont difficiles à distinguer l’une de l’autre.
52. Stacy V. Tessaro, « Bovine Tuberculosis and Brucellosis in Animals, Including Man », dans : John
Foster, Dick Harrison et I. S. MacLaren (dir.), Buffalo, Edmonton : University of Alberta Press,
1992, p. 208-209.
53. Matthew Levison, « Mycobacterium bovis : An Underappreciated Pathogen », Current Infectious
Disease Reports, 10, 2008, p. 445 ; Charlotte Roberts et Keith Manchester, The Archaeology of
Disease, Third Edition, Ithaca (New York) : Cornell University Press, 2005, p. 187.
54. La difformité de la colonne vertébrale familièrement désignée sous le nom de « bosse » représente
l’un des indicateurs majeurs du mal de Pott. Joseph Lichtor et Alexander Lichtor, « Paleopathological
Evidence Suggesting Pre-Columbian Tuberculosis of the Spine », Journal of Bone and Joint Surgery,
39, 1957, p. 1399 ; William A. Ritchie, « Paleopathological Evidence Suggesting Pre-Columbian
Tuberculosis in New York State », American Journal of Physical Anthropology, 10, 1952, p. 305-318.
55. Roberts et Buikstra, The Bioarchaeology of Tuberculosis, p. 189 ; Roberts et Manchester, The
Archaeology of Disease, p. 183.
46 L a destruction des I ndiens des P laines
56. Seymour Hawden, « Tuberculosis in the Buffalo », Journal of the American Veterinary Medical
Association, 100, 1942, p. 19-22 ; Roberts et Manchester, The Archaeology of Disease, p. 185.
57. James W. Daschuk, Paul Hackett et Scott D. MacNeil, « Treaties and Tuberculosis : First Nations
People in Late 19th Century Western Canada, a Political and Economic Transformation », Cana-
dian Bulletin of the History of Medicine, 23, 2006, p. 307-330.
1 L a santé des A utochtones et l ’ environnement avant l ’ arrivée des E uropéens 47
Carte de l’Amérique indiquant tous les sites dans lesquels les fouilles ont révélé des squelettes
humains présentant des lésions probablement tuberculeuses. Source : Charlotte A. Roberts et
Jane E. Buikstra, The Bioarchaeology of Tuberculosis : A Global View on a Reemerging Disease,
2003, fig. 4.1, p. 191. Reproduction autorisée par University Press of Florida.
48 L a destruction des I ndiens des P laines
250
Amérique du Sud 234
Est de l’Amérique du Nord
Sud-ouest des États-Unis et Méso-Amérique
NOMBRE DES CAS DIAGNOSTIQUÉS
200
150
100
50 38
30
9 8 12 17
3 2
0
200-399 400-599 600-799 800-999 1000-1199 1200-1399 1400-1599
1. Paul Thistle, Indian–European Trade Relations in the Lower Saskatchewan River Region to
1840 (Manitoba Studies in Native History), Winnipeg : University of Manitoba Press, 1986,
p. 63-64.
2. J. Richtmeier, Precipitation, Temperature, and Maize Agriculture : Implications for Prehistoric
Populations in the Middle Missouri Subarea, 900–1675 (mémoire de maîtrise), University of
Nebraska, 1980, p. 56.
50 L a destruction des I ndiens des P laines
3. Alfred W. Crosby, « Virgin Soil Epidemics as a Factor in the Aboriginal Depopulation of America »,
dans : Germs, Seeds, and Animals : Studies in Ecological History, Armonk (New York) : M. E. Sharpe,
1993, p. 97.
4. « Introduction », dans : Karl. H. Schlesier, (dir.), Plains Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological
Past of Historic Groups, Norman : University of Oklahoma Press, 1994, p. xxi.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 51
5. David S. Jones, « Virgin Soils Revisited », William and Mary Quarterly, 60, 2003, p. 742.
6. Conrad Heidenreich, « Le bassin des Grands Lacs, 1600-1653 », dans : R. Cole Harris (dir.), Des
origines à 1800, volume I de l’Atlas historique du Canada, Montréal, Presses de l’Université de
Montréal, 1994, planche 35.
7. Paul Hackett, “A Very Remarkable Sickness” : Epidemics in the Petit Nord, 1670 to 1846, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 2002, p. 10, p. 60-61.
52 L a destruction des I ndiens des P laines
terres. Leur quasi-mainmise sur les débuts du commerce avec les Français
causera toutefois leur perte. Avec l’intensification des contacts entre les
collectivités, les routes huronnes se transforment en formidables voies de
propagation des maladies. Dès les années 1630, des souches importées de
rougeole, de grippe et de variole s’abattent sur les voisins autochtones de la
colonie française et tuent la moitié d’entre eux8.
Les épidémies déchaînent des hécatombes sans précédent. Cependant,
à mesure que les secteurs les plus proches des foyers d’infection se dépeuplent,
elles élargissent aussi le territoire des échanges commerciaux aux populations
plus lointaines9. Dès les années 1650, la maladie et la guerre ont déjà
contraint un certain nombre d’alliés autochtones des Français à la défaite ou
à la dispersion : Hurons, Neutres, Pétuns, Népissingues… Leurs rivaux
économiques et adversaires militaires, les membres de la Ligue iroquoise
(Haudenosaunee), se rendent alors maîtres du commerce ; presque
immédiatement, ils propagent alors les infections très loin vers le nord,
jusqu’aux rives de la baie James10. Privés de leurs alliés autochtones, les
Français font eux-mêmes cap sur l’Ouest : les premiers « voyageurs » quittent
la colonie en 165311. En moins d’un an, traiteurs et missionnaires ont déjà
atteint l’ouest du lac Michigan. Les Français étendent graduellement leur
influence jusqu’au centre du continent ; les « coureurs des bois » commencent
à hiverner dans l’arrière-pays et à se procurer les fourrures directement auprès
des pourvoyeurs (chasseurs et trappeurs). Les Haudenosaunees cherchent
évidemment à empêcher cette expansion ; défaits par les Français en 1666, ils
doivent cependant s’incliner devant leur irrépressible essor commercial12.
En 1672, 400 traiteurs sans permis seraient ainsi à l’œuvre à l’extérieur de la
colonie : un chiffre considérable, puisque les colons ne sont alors que quelques
8. Heidenreich, « Le bassin des Grands Lacs », planche 35 ; Bruce Trigger, Les Enfants d’Aataentsic :
L’histoire du peuple huron (traduit par Jean-Paul Sainte-Marie et Brigitte Chabert Hacikyan),
Montréal : Libre expression, 1991, p. 568.
9. Arthur J. Ray, « Some Thoughts about the Reasons for Spatial Dynamism in the Early Fur Trade,
1500–1800 », dans : Henry Epp (dir.), Three Hundred Prairie Years : Henry Kelsey’s “Inland Country
of Good Report”, Regina : Canadian Plains Research Center, 1993, p. 118.
10. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 69-70.
11. Marcel Trudel, Histoire de la Nouvelle-France, vol. 3 : « La seigneurie des Cent-Associés, 1627-
1663 », tome 1 : Les événements, Montréal : Fides, 1979, p. 222-223.
12. Conrad Heidenreich, « Offensive iroquoise, 1660-1666 », dans : R. Cole Harris (dir.), Des origines à
1800, volume I de l’Atlas historique du Canada, Montréal, Presses de l’Université de Montréal,
1994, planche 37. Pour plus de précisions sur les termes du traité, voir : Cornelius Jaenen (dir.), The
French Regime in the Upper Country of Canada during the Seventeenth Century, Toronto : Champlain
Society, 1996, p. 59-65.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 53
13. Helen Hornbeck Tanner, « The Career of Joseph La France, Coureur de Bois in the Great Lakes »,
dans : J. S. H. Brown, W. J. Eccles et D. P. Feldman (dir.), The Fur Trade Revisited : Selected Papers of
the Sixth North American Fur Trade Conference, Mackinac Island, Michigan, 1991, East Lansing :
Michigan State University Press, 1994, p. 182.
14. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 93, fait remonter l’origine de l’épidémie à l’arrivée d’un
bateau porteur de l’infection à l’automne 1669.
15. Ibid., p. 48-49, 78-83 ; E. E. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 1670–1870, (vol. 1),
Londres : Hudson’s Bay Record Society, 1959, p. 62.
54 L a destruction des I ndiens des P laines
16. Le gouverneur John Dickson relève la présence de maladies vénériennes à la baie dès l’année 1682.
Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 78.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 55
17. Ray, « Some Thoughts about the Reasons for Spatial Dynamism in the Early Fur Trade », p. 122.
18. Ibid., p. 116.
19. Alexander Henry, Travels and Adventures in Canada and the Indian Territory between the Years 1760
and 1776 (sous la direction de James Bain), Rutland (Vermont) : C. E. Tuttle, 1969, p. 208-209.
56 L a destruction des I ndiens des P laines
Or, même si elles souffrent souvent de la faim, les collectivités des forêts
boréales sont alors si peu populeuses et si dispersées que les microbes
peinent à se propager entre elles.
Cette protection joue particulièrement en leur faveur à l’hiver, quand
les groupes unifamiliaux parcourent les bois à la recherche d’animaux de
gibier solitaires tels que les orignaux. À l’été, l’abondance de nourriture incite
les gens à se regrouper par centaines et favorise ainsi la contagion. En 1670,
la flambée variolique qui dévaste Sault-Sainte-Marie éclate à la faveur du
rassemblement annuel pour la pêche20.
Les comportements économiques des populations autochtones
déterminent également la réorganisation territoriale dans les premières
années de la traite. Pour accroître leurs profits, les intermédiaires se dotent
rapidement de stratégies économiques lucratives, mais risquées. Leurs voyages
de commerce sont longs et périlleux : ils peuvent être partis cinq mois durant.
Nombreux sont ceux qui meurent de noyade ou de froid ; presque tous
souffrent un jour ou l’autre d’une famine qui menace de les emporter21. Seuls
les hommes et les femmes les plus vaillants entreprennent cet exténuant
périple qui doit les conduire jusqu’à la côte, puis les ramener dans leurs
collectivités respectives. Les enfants, les vieillards et les infirmes restent dans
les communautés pour s’y nourrir des ressources estivales sûres, par exemple
le poisson.
Les traiteurs autochtones font aussi régulièrement les frais de la précarité
des liens entre l’Europe et la baie d’Hudson. Entre 1680 et 1713, les Français,
qui contrôlent la baie à cette époque, ne peuvent apporter de marchandises
d’échange dans la région pendant quatre années consécutives. Or, l’occupation
française des postes de traite de la baie coïncide avec un long épisode de
froids extrêmes ; les températures chutent d’ailleurs dans tout l’hémisphère
Nord22. À leur arrivée sur la côte, les intermédiaires cris trouvent parfois les
entrepôts vides et les traiteurs des postes affamés ; ils doivent alors repartir
chez eux les mains vides. Le retour des Anglais dans la baie ne rend pas les
approvisionnements beaucoup plus sûrs. Au printemps 1716, le bateau de la
Compagnie n’ayant pas réussi à se rendre jusqu’à York Factory, 50 canots de
« Cris des Montagnes et d’Aski » doivent rebrousser chemin sans avoir pris
livraison de la moindre marchandise23. Pendant leur séjour sur la côte, ils
attrapent de surcroît une maladie qui fera de nombreux morts dans leurs
communautés ; à leur retour l’année suivante, la Compagnie leur offre des
présents pour leur témoigner sa compassion et son appui24. Les expéditions
commerciales dont les Autochtones reviennent bredouilles ont aussi des
conséquences néfastes sur ceux et celles qui sont restés dans les communautés
en attendant leur retour. Chaque été, le départ des hommes et des femmes les
plus vigoureux les prive de leurs chasseurs et protecteurs plusieurs mois de
suite ; ceux-ci peuvent aussi mourir en chemin de maladie, de faim ou de
noyade, ce qui déstabilise considérablement la collectivité. Au total, les
communautés d’intermédiaires prennent de grands risques ; elles ne s’y expo-
seraient évidemment pas si le jeu n’en valait pas la chandelle.
Les conflits militaires qui éclatent entre les Premières Nations pour
l’accès aux marchandises européennes précipitent également la dislocation
du territoire. Au milieu du 17e siècle, la guerre contribue pour une bonne
part au déclin des activités d’intermédiaires des Hurons et de leurs alliés. À
l’ouest de la baie d’Hudson, les Cris ont l’avantage de vivre à proximité des
traiteurs anglais et d’être bien intégrés au réseau des échanges commerciaux.
Avec le temps, ils empiètent sur les terres des Dénés Chipewyans pour se
procurer des fourrures ; plusieurs décennies d’affrontements s’ensuivent.
En 1717, quand la CBH fait construire le fort Prince de Galles (Prince of
Wales) à l’embouchure de la rivière Churchill, les Dénés (les « Indiens du
Nord », comme les appelaient les traiteurs) peuvent enfin acquérir des armes
en nombre suffisant pour mettre un terme à la mainmise des Cris sur le
commerce dans l’intérieur des terres25.
Dans ces turbulences territoriales induites par l’expansion commerciale,
les maladies jouent incontestablement un rôle de premier plan. Fréquentant
23. Marshall Hurlich, « Historical and Recent Demography of the Algonkians of Northern Ontario »,
dans : A. T. Steegmann (dir.), Boreal Forest Adaptations : The Northern Algonkians, New York :
Plenum Press, 1983, p. 133, 148.
24. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 127 ; Ray et Freeman,“Give Us
Good Measure”, p. 45-49, 133-136. Voir également : Irma Eckert, « The Early Fur Trade at York and
Churchill : Implications for the Native People of the North Central Subarctic », dans : B. Trigger,
T. Morantz et L. Dechêne (dir.), Le Castor Fait Tout : Selected Papers of the Fifth North American Fur
Trade Conference, 1985, Montréal : Lake St. Louis Historical Society, 1987, p. 232.
25. Rupert’s Land Research Centre, An Historical Overview of Aboriginal Lifestyles : The Churchill–Nelson
River Drainage Basin, Winnipeg : Rupert’s Land Research Centre,, 1992, p. 91 ; E. E. Rich, « Trade
Habits and Economic Motivation among Indians of North America », dans : J. R. Miller (dir.),
Sweet Promises : A Reader on Indian–White Relations in Canada, Toronto : University of Toronto
Press, 1991, p. 160-164.
58 L a destruction des I ndiens des P laines
les foyers d’infection, les intermédiaires sont souvent exposés aux pathogènes
européens bien avant les communautés plus isolées de l’arrière-pays. Si la
contagion dévaste les groupes d’intermédiaires dans un premier temps, elle
peut représenter à plus long terme un avantage biologique non négligeable
pour eux : désormais immunisés, les survivants affrontent plus facilement les
flambées ultérieures. Les épidémies frapperont moins durement les Cris et les
Dénés de la forêt boréale du Nord-Ouest que les Hurons des premières
années du commerce avec les Français. Voisins de la Nouvelle-France,
les Hurons subissent plusieurs vagues d’infection entre 1630 et 1650. Très
éprouvée par la maladie et les assauts militaires de ses rivaux haudenosaunees,
la société huronne périclite. Aucun groupe autochtone de l’Ouest canadien
n’a été soumis à des offensives infectieuses aussi régulières et répétées.
Dans la deuxième décennie du 18e siècle, les événements politiques qui
agitent l’Ancien Monde donnent un nouvel élan à la présence européenne
dans l’Ouest canadien. En 1713, le traité d’Utrecht met un point final à un
quart de siècle de guerre entre Français et Anglais. Aux mains des Français
depuis une génération, les comptoirs commerciaux du pourtour de la baie
d’Hudson ainsi que l’accès à l’intérieur des terres de l’ouest du continent
retournent dans le giron de la CBH. La situation internationale s’étant apaisée,
les Français rouvrent les Grands Lacs et la vallée de l’Ohio aux échanges
commerciaux légaux. Très vite, le rétablissement de leurs réseaux dans l’arrière-
pays menace les approvisionnements des traiteurs anglais, qui dépendent
complètement des longs et périlleux périples des intermédiaires pour se
procurer les fourrures tant convoitées. Le regain français dans le Midwest
oblige ainsi la CBH à se tourner vers des fournisseurs plus nordiques. Le
gouverneur James Knight reçoit le mandat d’établir des liens commerciaux
directs avec les Dénés des confins septentrionaux de la forêt boréale. Pour ce
faire, il doit toutefois normaliser les relations entre les Cris, les Chipewyans et
d’autres locuteurs de langue dénée qui sont établis très loin dans l’intérieur des
terres, jusqu’au lac Athabasca, et qui se font la guerre depuis plusieurs
décennies26. En 1715, il confie à William Stuart, accompagné d’une
Chipewyane nommée Thanadelthur et d’environ 150 hommes, femmes et
enfants cris, le mandat d’aller trouver les Chipewyans dans l’arrière-pays, et de
faire la paix avec eux. Un an après avoir quitté York Factory, la délégation
revient : elle a conclu une trêve27. Mais cette cessation des hostilités a un coût :
26. Conrad Heidenreich et Françoise Noël, « Commerce et rivalités impériales, 1697-1739 », dans :
R. Cole Harris (dir.), Des origines à 1800, volume I de l’Atlas historique du Canada, Montréal,
Presses de l’Université de Montréal, 1994, planche 39.
27. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 63-78.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 59
28. Ibid., p. 211. Il est possible aussi que le groupe ait succombé à l’épidémie qui sévissait parmi les
Indiens venus commercer à York Factory cet été-là.
29. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 118 ; Eckert, « The Early Fur Trade at York and Churchill »,
p. 232. Très souvent, des collectivités autochtones dites « Homeguard » vivaient tout près des postes
de traite, fournissant marchandises et main-d’œuvre aux Européens.
30. Eckert, « The Early Fur Trade at York and Churchill », p. 232.
31. G. Hubert Smith, The Explorations of the La Vérendryes in the Northern Plains, 1738–43 (sous la
direction de W. Raymond Wood), Lincoln : University of Nebraska Press, 1980, p. 15.
32. Antoine Champagne, Les La Vérendrye et le poste de l’Ouest, Québec : Les Presses de l’Université
Laval, 1968, p. 123.
60 L a destruction des I ndiens des P laines
accentue la menace qu’ils font peser sur le commerce des Anglais à la baie.
Constatant que seulement 16 canots venus du lac Winnipeg se présentent au
poste en 1732, contre une soixantaine habituellement, le gouverneur Maclish
écrit : « Les autres sont allés aux Français au tout début de l’été, non parce
qu’ils les traitent de manière plus amène, mais seulement par peur. » Des
coureurs des bois « indubitablement du fort Saint-Pierre » se sont rendus
jusqu’au territoire des Indiens Esturgeons, dans les basses-terres de la
Saskatchewan, et ont réussi à détourner presque tous les approvisionnements
autrefois destinés à York Factory33.
L’arrivée des Français dans la région des eaux frontalières ébranle
l’équilibre des pouvoirs. En procurant des fusils à leurs partenaires commer-
ciaux cris, anichinabés monsonis et assiniboines, ils leur assurent un avan-
tage majeur sur leurs ennemis dakotas et leurs compagnons d’armes. Les
chefs du lac Winnipeg ayant sollicité une alliance officielle, les traiteurs
français accèdent à leur demande en érigeant le fort Rouge (sur la rivière
Rouge) et le fort Maurepas (près de la rive sud du lac Winnipeg)34. Ces
nouveaux associés commerciaux et militaires forment une population
nombreuse : leur nation regroupe pas moins de sept villages comptant entre
100 et 900 familles. Le fort La Reine est construit peu après sur la rivière
Assiniboine, près de la ville actuelle de Portage la Prairie, au Manitoba.
La présence des Français dans la région, les voies de transport qui la
relient désormais à l’Est et à la Nouvelle-France, ainsi que la multiplication
des contacts coopératifs ou guerriers, établissent le contexte écologique de
l’épidémie variolique en terrain vierge qui déferlera bientôt le long des eaux
frontalières et dans l’interlac manitobain. Moins de 10 ans plus tard, la
maladie aura redéfini pour toujours les lignes de force qui parcourent la
région. Spécialiste de la géographie historique, Paul Hackett établit l’origine
de l’épidémie à un bateau ayant apporté le pathogène à Boston en 1729. De
là, il se répand dans les colonies anglaises puis gagne Montréal, où il fait
900 morts35. Pour que la variole conquière ainsi la moitié du continent, il
lui faut toutefois des conditions favorables. Or, l’intérieur des terres ne
comporte aucun centre urbain d’importance et les populations vulnérables
y sont dispersées dans les gigantesques forêts de l’Est et du Centre. Pour se
propager avant de s’éteindre au terme de son évolution naturelle, le virus
doit voyager très vite : ses hôtes humains, porteurs de la maladie sans le
33. A. S. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, Toronto : University of Toronto Press,
1973, p. 178.
34. Irene Moore, Valiant La Vérendrye, Québec : L. A. Proulx, 1927, p. 154-164.
35. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 137-138.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 61
36. « Smallpox and Climate in the American Southwest », American Anthropologist, 88, 1986, p. 117.
37. Steadman Upham, Reuben Gold Thwaites (dir.), The French Regime in Wisconsin Part II—1727–
1748, vol. XVII de Collections of the Wisconsin State Historical Society, Madison : Wisconsin Histo-
rical Society, 1906, p. 181-186.
38. Moore, Valiant La Vérendrye, p. 36, 154-177, 251-252.
39. Smith, The Explorations of the La Vérendryes in the Northern Plains, p. 18.
40. Dale Walde, The Mortlach Phase (thèse de doctorat), University of Calgary, 1994, p. 136.
62 L a destruction des I ndiens des P laines
41. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands
Southwest of Hudson Bay, 1660–1870, Toronto : University of Toronto Press, 1974, p. 39.
42. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 49-50 ; Moore, Valiant La
Vérendrye, p. 127-128.
43. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 57.
44. Paul Hackett, « The Monsoni and the Smallpox Epidemic of 1737–39 », dans : Jill Oakes et al. (dir.),
Pushing the Margins : Native and Northern Studies, Winnipeg : Departments of Native Studies and
Zoology, University of Manitoba, 2001, p. 246.
45. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 74 ; Adolph Greenberg et James Morrison,
« Group Identities in the Boreal Forest : The Origin of the Northern Ojibwa », Ethnohistory, 29,
1982, p. 77.
46. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 130-134. L’estimation se fonde sur un ratio de quatre
non-combattants par guerrier.
47. Champagne, Les La Vérendrye et le poste de l’Ouest, p. 277.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 63
Ojibwés ont vécu dans le nord du lac Huron et l’est du lac Supérieur avant
d’entreprendre leur expansion vers l’ouest, il y a 300 ans52. »
La maladie cause donc un tort considérable aux Premières Nations
alliées des Français, mais elle n’épargne pas non plus les Sioux. Depuis la
rupture de leur alliance avec les Français, dans les années 1670, ils luttent
d’arrache-pied pour assurer leur domination sur la région des eaux fronta-
lières53. Adversaires des traiteurs français, les Sioux portent leurs offen-
sives militaires très loin dans l’est, jusqu’au lac Supérieur ; dès avant les
années 1730, ils acquièrent ainsi la mainmise sur le corridor stratégique
reliant le lac à la Pluie au lac des Bois54. Avant l’épidémie, leur armée de
quelque 2 000 guerriers surpassait en nombre celle de l’alliance des Cris,
Assiniboines, Monsonis et Anichinabés55. La maladie et la réorganisation
politique des tribus qu’elle entraîne confinent les Sioux à une part très
restreinte de leur territoire traditionnel. Une fois leur peuple disloqué, le
nord-ouest du Minnesota restera désert ou presque pendant au moins
30 ans56.
La propagation des pathogènes depuis les lointaines colonies de l’Est
jusqu’à la région très âprement disputée du sud et de l’est du lac Winnipeg
ne constitue pas un épisode isolé : elle s’inscrit dans la vaste déferlante
épidémique qui balaye toute l’Amérique du Nord dans les années 1730. Près
du fleuve Missouri, d’autres collectivités dakotas sont frappées, peut-être à la
faveur du grand rassemblement commercial qui se tient chaque année dans
la région57. Les « chroniques d’hiver », ces grands récits pictographiques des
Dakotas, témoignent de la contamination variolique de cette population
en 1734-173558.
52. Emöke Szathmary et Franklin Auger, « Biological Distances and Genetic Relationships within
Algonkians », dans : Theodore Steegmann (dir.), Boreal Forest Adaptations : The Northern Algonkians,
New York : Plenum Press, 1983, p. 311-312.
53. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 232.
54. Ray, Indians in the Fur Trade, p. 14.
55. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 11.
56. Harold Hickerson, The Chippewa and Their Neighbours : A Study in Ethnohistory (Studies in
Anthropological Method), Prospect Heights (Illinois) : Holt, Rinehart and Winston, 1988,
p. 71-72.
57. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 65.
58. Les chroniques d’hiver sont des comptes rendus en images des événements marquants de l’année. Le
Battiste Good Winter Count procure ainsi un témoignage annuel de la vie des Dakotas à partir
de 1700. Garrick Mallery, Picture-Writing of the American Indians (vol. 1), New York : Dover
Publications, 1972, p. 300. Linea Sundstrom décrit l’intérêt des chroniques d’hiver pour l’étude des
maladies après l’arrivée des Européens en Amérique du Nord dans : « Smallpox Used Them Up :
References to Epidemic Disease in Northern Plains Winter Counts, 1714–1920 », Ethnohistory, 44,
1997, p. 305-329.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 65
59. Jean-Baptiste Trudeau, Voyage sur le Haut-Missouri, 1794-1796 (texte établi par Fernand Grenier et
Nilma Saint-Gelais), Québec (Sillery) : Septentrion, 2006, p. 100.
60. Michael K. Trimble, « Chronology of Epidemics among Plains Village Horticulturalists, 1738–
1838 », Southwestern Lore, 54, 1988, p. 26.
61. Hornbeck Tanner, « The Career of Joseph La France », p. 175.
62. Paul Kelton, « Avoiding the Smallpox Spirits : Colonial Epidemics and Southwestern Indian
Survival », Ethnohistory, 15, 2004, p. 45-71 ; William E. Unrau, « The Depopulation of the
Dheghia–Siouan Kansa Prior to Removal », New Mexico Historical Review, 48, 1973, p. 316.
63. David J. Weber, The Spanish Frontier in America, New Haven (Connecticut) : Yale University Press,
1992, p. 192.
64. Ann L. Stodder et Debra L. Martin, « Health and Disease in the Southwest before and after Spanish
Contact », dans : John W. Verano et Douglas H. Ubelaker (dir.), Disease and Demography in the
Americas, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press, 1992, p. 67.
65. Frances Lavine et Anna La Bauve, « Examining the Complexity of Historic Population Decline : A
Case Study from Pecos Pueblo, New Mexico », Ethnohistory, 44, 1997, p. 92.
66 L a destruction des I ndiens des P laines
variole n’est maintenant plus chez les Pueblos qu’une maladie infantile. Cette
évolution montre la durabilité et la stabilité des collectivités espagnoles
établies à la lisière du territoire de propagation de la maladie, mais elle révèle
aussi la rapidité des déplacements par le Camino Real, cette grande route qui
part de Mexico vers le nord.
Les missions du Sud-Ouest marquent véritablement la limite de la
sphère de contrôle des Européens. Au-delà s’étend le territoire en émergence
de la « Comancheria », l’empire comanche, un regroupement hybride
de forces économiques et politiques autochtones qui doit son émergence à la
force de travail d’une espèce venue de l’Ancien Monde : le cheval66. Depuis
les années 1680 au moins, la contestation du pouvoir colonial au Nouveau-
Mexique et la maîtrise du cheval alimentent une expansion autochtone sans
précédent sur d’immenses terres de l’ouest des États-Unis. Pour s’approprier
cette précieuse ressource équine, les Comanches et leurs alliés de langue
numique multiplient les raids. En une génération, le cheval s’impose ainsi
comme une marchandise commerciale de premier plan dans « les groupes de
langues shoshones-comanches qui occupent un territoire ininterrompu
longeant les Rocheuses par l’est, depuis le sud de l’Alberta jusqu’au sud du
Colorado67 ». Au début du siècle dernier, l’anthropologue Clark Wissler écri-
vait que la maîtrise du cheval par les peuples numiques « relie directement la
source du Rio Grande à la Saskatchewan68 ». Depuis le cœur de la culture
équestre, dans le Sud-Ouest, les chevaux sont acheminés de manière
remarquablement efficace et rapide jusque dans le Nord-Ouest Pacifique, le
Plateau et les Plaines du Nord-Ouest, sous domination shoshone69. Dès les
années 1730, les Gens-du-Serpent (Snakes), qui regroupaient peut-être les
Shoshones et d’autres locuteurs numiques, font le commerce des chevaux
avec les Crows (Gens-de-la-Corneille ou Gens-du-Corbeau), les Nez-Percés,
66. Pekka Hämäläinen, L’empire comanche (traduit de l’anglais par Frédéric Cotton), Toulouse :
Anacharsis, 2012.
67. Les Utes et les Kiowas participent également au commerce des chevaux le long de la ligne
continentale de partage des eaux, qui suit le tracé des Rocheuses. Colin C. Calloway, « Snake
Frontiers : The Eastern Shoshones in the Eighteenth Century », Annals of Wyoming, 63, 1991,
p. 84-86.
68. Clark Wissler, « The Influence of the Horse in the Development of Plains Culture », American
Anthropologist, 16, 1914, p. 24.
69. Calloway, « Snake Frontiers », p. 86 ; Francis Haines, « The Northward Spread of Horses among the
Plains Indians », American Anthropologist, n.s., 40, 1938, p. 429-437. Les convois de chevaux
partaient des sources des fleuves Colorado et des rivières Grand et Green jusqu’à la rivière Snake,
dans le sud de l’Idaho, où les animaux étaient vendus notamment aux Cayuses, Walla-Wallas,
Yakimas, Palouses, Nez-Percés, Cœur-d’Alènes et Têtes-Plates.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 67
70. Theodore Binnema, Common and Contested Ground : A Human and Environmental History of the
Northwestern American Plains, Norman : University of Oklahoma Press, 2001, p. 91 ; Calloway,
« Snake Frontiers », p. 86. Frances L. Swadesh décrit la fréquence des raids dans les années 1730 dans
Los Primeros Pobladores : Hispanic Americans of the Ute Frontier, Notre Dame : University of Notre
Dame Press, 1974, p. 128.
71. John Fahey, The Kalispel Indians, Norman : University of Oklahoma Press, 1986, p. 37-39.
72. Bill B. Brunton, « Kootenai » dans : Deward E. Walker (dir.), Plateau, vol. 12 du Handbook of North
American Indians, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press, 1998, p. 225. Voir également :
Harry Holbert Turney-High, Ethnography of the Kutenai (Memoirs of the American Anthropological
Association 56), Menasha (Wisconsin) : American Anthropological Association, 1941, p. 11,
18-20.
73. Claude Schaeffer, « Plains Kutenai : An Ethnological Evaluation », Alberta History 30, 1982, p. 5.
68 L a destruction des I ndiens des P laines
l’extrême limite des Plaines et jusque dans le territoire de leurs ennemis tradi-
tionnels, les Niitsitapis. Elles semblent ainsi donner raison à Schaeffer. À
l’exception possible des Shoshones Lemhis (Mangeurs-de-Saumon), ces
groupes entreprennent des périples annuels ardus et risqués apparemment
sans nécessité. Ainsi que l’écrit un traiteur du 19e siècle : « Le bison est cause
de toutes leurs infortunes […] même si leurs terres abondent en d’autres
espèces ; leur attachement atavique au bison s’avère si puissant qu’il les
ramène chaque année jusqu’aux Plaines, où ils rencontrent les Pieds-Noirs74. »
Grâce à cet aliment emblématique des Plaines, ils conservent leurs liens avec
leur territoire traditionnel dont la maladie et peut-être d’autres facteurs les
ont dépouillés.
La même épidémie atteint la rivière Red Deer (rivière La Biche), qui
marque la frontière septentrionale du territoire des Serpents. Une « méga-
sécheresse », selon le terme consacré par le jargon scientifique, les a chassés de
leurs terres ancestrales 200 ans plus tôt pour les pousser vers le nord75. Au
18e siècle, les Gens-du-Serpent réussissent grâce au cheval une incursion
majeure dans les terres des Niitsitapis (l’Alliance des Pieds-Noirs), qu’ils
contraignent à se réfugier très loin dans le nord, jusqu’à la rivière Saskatchewan
Nord76. Dans les années 1730, montés sur des chevaux d’origine ibérique, les
Serpents se battent le long de la rivière Red Deer contre les Cris et les
Niitsitapis, eux-mêmes équipés de mousquets venus d’Angleterre. Les gens
du Nord n’ont jamais vu de chevaux, et peut-être ceux du Sud n’ont-ils jamais
vu de fusils77. Les uns et les autres devront bientôt affronter la variole pour la
toute première fois.
74. William E. Farr, « Going to Buffalo : Indian Hunting Migrations across the Rocky Mountains.
Part 1, Making Meat and Taking Robes », Montana : The Magazine of (Western) History, 53, 2003,
p. 8.
75. Karl H. Schlesier, « Commentary : A History of Ethnic Groups in the Great Plains, A.D. 500–1550 »,
dans : Karl H. Schlesier (dir.), Plains Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of Historic
Groups, Norman : University of Oklahoma Press, 1994, p. 315 ; Calloway, « Snake Frontiers », p. 84.
D. W. Stahle et al. proposent une description de cette sécheresse dans « Tree Ring Data Document
16th Century Megadrought over North America », Eos : Transactions of the American Geophysical
Union, 81, 2000, p. 121-123.
76. J. Roderick Vickers, « Cultures of the Northwestern Plains from the Boreal Forest Edge to Milk
River », dans : Karl H. Schlesier (dir.), Plains Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of
Historic Groups, Norman : University of Oklahoma Press, 1994, p. 28.
77. Décrivant ses ennemis, Saukamappee indique que les mis-stu-tim (les « grands chiens ») « nous ont
fait peur, car nous ne connaissions pas les chevaux et n’arrivions pas à déterminer ce qu’ils étaient ».
David Thompson, David Thompson : Travels in Western North America, 1784–1812 (sous la direction
de Victor G. Hopwood), Toronto : Macmillan of Canada, 1971, p. 193.
2 L’ émergence de la traite des fourrures : contagion et dislocation territoriale 69
78. Ibid., p. 199. Ce passage a semé une confusion considérable parmi les chercheurs de l’époque.
Hopwood affirme présenter le récit de la flambée variolique « dans toute la mesure du possible tel
qu’il a été écrit par Thompson, et ce, essentiellement pour donner au lecteur un aperçu de l’écriture
non remaniée de Thompson, mais aussi en raison des erreurs que comporte la transcription de ce
chapitre dans la deuxième édition de la Champlain Society [celle de Glover] » ; ibid., p. 82.
L’imbroglio proviendrait en fait d’une erreur éditoriale commise par J. B. Tyrrell en 1916 : il a
fusionné sans le savoir les descriptions de deux épisodes pathologiques distants en réalité de 45 ans.
Voir : David Thompson, David Thompson’s Narrative 1784–1812 (sous la direction de Richard
Glover), Toronto : Champlain Society, 1962, p. 252n1. Dans « New Light on David Thompson »,
The Beaver, 288, 1957, p. 239-245, Victor C. Hopwood analyse les 30 pages du récit de Thompson
qui manquent à la version de Tyrrell.
70 L a destruction des I ndiens des P laines
L’intensification de la concurrence :
essor du commerce et propagation
des maladies, 1740-1782
1. Elizabeth Fenn, Pox Americana : The Great Smallpox Epidemic of 1775-82, New York : Hill and
Wang, 2001.
74 L a destruction des I ndiens des P laines
2. Donald J. Lehmer, « Climate and Culture History in the Middle Missouri Valley », dans : W. Dort
et J. K. Jones (dir.), Pleistocene and Recent Environments of the Central Great Plains, Lawrence :
University of Kansas Press, 1970 ; texte reproduit dans Selected Writings of Donald J. Lehmer
(Reprints in Anthropology 8), Lincoln (Nebraska) : J and L Reprint Company, 1977, p. 59-72.
3. John Milloy, The Plains Cree : Trade, Diplomacy and War, 1790 to 1870 (Manitoba Studies in Native
History), Winnipeg : University of Manitoba Press, 1988, p. 41 ; G. Hubert Smith, The Explorations
of the La Vérendryes in the Northern Plains, 1738–43 (sous la direction de W. Raymond Wood),
Lincoln : University of Nebraska Press, 1980, p. 19.
4. Dennis Rinn, The Acquisition, Diffusion, and Distribution of the European Horse among Blackfoot
Tribes in Western Canada (mémoire de maîtrise), University of Manitoba, 1975, p. 22-24.
5. Dale Miquelon, New France, 1701–1744 : A Supplement to Europe, Toronto : McClelland and
Stewart, 1987, p. 185.
6. Dale Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, Ottawa : Canadian Museum of
Civilization, 1991, p. 61, 91-92.
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 75
7. David Meyer et Dale Russell, « ‘So Fine and Pleasant, beyond Description’ : The Lands and Lives of
the Pegogamaw Crees », Plains Anthropologist, 49, 2004, p. 219 ; David Meyer et Scott Hamilton,
« Neighbors to the North : Peoples of the Boreal Forest », dans : Karl H. Schlesier (dir.), Plains
Indians, A.D. 500–1500 : The Archaeological Past of Historic Groups, Norman : University of
Oklahoma Press, 1994, p. 124.
8. Anthony Hendry, « York Factory to the Blackfeet Country : The Journal of Anthony Hendry, 1754–
1755 » (sous la direction de Lawrence J. Burpee), Proceedings and Transactions of the Royal Society of
Canada (Series 1), 1907, p. 328-330.
76 L a destruction des I ndiens des P laines
Ils répugnent à chasser le castor, peut-être parce que cette espèce s’avère
déterminante pour la conservation des eaux dans les prairies stériles. Lors du
voyage qui l’emmène jusqu’au Missouri en 1738, La Vérendrye entend dire
que les Assiniboines des plaines « ne savent point tuer le castor », et que les
Français devraient les instruire dans cette matière9. Dès les années 1750, les
animaux à fourrure se faisant plus rares dans la prairie-parc, les trappeurs et
chasseurs se tournent vers les Plaines. Un registre de la CBH souligne ainsi
que « les castors sont peu nombreux, à moins que les Indiens ne se rendent
jusqu’au pays des Assinipoets ou des Archithinues [dans les Plaines]10 ». Un
peu plus d’une dizaine d’années plus tard, William Pink écrit que les guides,
des Cris Castors, se dirigent vers l’ouest pour se battre avec « d’autres Indiens,
que l’on appelle les Ye,artch,a,thyne,a, et tuer autant qu’il leur sera possible ».
La raréfaction du gibier dans la prairie-parc pousse les Cris à l’affrontement :
« Il y a quelques années de cela, il y avait beaucoup de castors dans cette
rivière [la Saskatchewan]. Maintenant, il en reste très peu, ayant été
trop chassés11. » Cette offensive visait probablement les Dunnezas (Gens-
du-Castor) de langue athapaskane du nord de l’Alberta12. Leurs voisins, les
Tsuu T’inas, sont chassés de leur territoire par les Cris et s’établissent ensuite
dans les Plaines en tant que membres adoptifs de l’alliance niitsitapie13. L’in-
vasion crie dans les régions septentrionales de l’Alberta s’inscrit dans le
contexte d’un conflit plus vaste opposant des groupes cris et dénés pour le
contrôle du commerce des intermédiaires dans tout le Nord14.
Depuis le transfert officiel du Québec et de vastes régions de l’intérieur
des terres aux autorités britanniques, en 1763, les Canadiens sont de plus en
plus nombreux à partir vers l’ouest. Dès la fin de la décennie, ils canalisent
déjà l’intégralité ou presque des pelleteries de l’Ouest canadien vers Montréal,
9. Smith, The Explorations of the La Vérendryes in the Northern Plains, p. 44, 94. Voir également : Dale
Walde, The Mortlach Phase (thèse de doctorat), University of Calgary, 1994, p. 118-119 ; Dale
Walde, David Meyer et Wendy Umfreed, « The Late Period on the Canadian and Adjacent Plains »,
Revista de Arqueología Americana, 9, 1995, p. 44-45.
10. David Smyth, The Niitsitapi Trade : Euroamericans and the Blackfoot Speaking Peoples to the Mid
1830s (thèse de doctorat), Carleton University, 2001, p. 109.
11. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 197. Voir également : Paul Thistle,
Indian–European Trade Relations in the Lower Saskatchewan River Region to 1840, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 1986, p. 63-64.
12. Alexander Mackenzie, Voyages d’Alexandre Mackenzie, dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale,
faits en 1789, 1792 et 1793 (traduit de l’anglais par J. Castéra), Paris : Dentu, imprimeur-libraire,
1802, tome II, p. 185-188.
13. Hugh Dempsey, « Sarcee », dans : Raymond J. DeMallie (dir.), Plains, vol. 13, partie 1 du Handbook
of North American Indians, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press, 2001, p. 629.
14. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 163.
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 77
territoire avant le grand essor de la traite, au début des années 1760, sont bel
et bien révolues21. Cocking observe que les groupes autochtones délaissent
leur rôle d’intermédiaires commerciaux pour se faire pourvoyeurs et apporter
directement leurs pelleteries aux postes de l’intérieur, au grand dam de la
CBH. Il décrit notamment sa rencontre avec un ancien intermédiaire, un
chef de Fort York qui « nie avoir commercé avec les trafiquants qui écument
la région ; mais les produits canadiens en leur possession le contredisent22 ».
Cocking rapporte également que les Pegogamaws entretiennent de bonnes
relations avec leurs voisins. À l’automne 1772, tandis qu’il se trouve près de
Battleford, dans les Eagle Hills (Buttes-de-l’Aigle), en Saskatchewan, le jeune
Anglais et ses guides voient arriver des visiteurs de marque : ce sont des
cavaliers Archithinues qu’ils appellent les « Indiens des Chutes », en référence
à leur territoire ancestral de Nipawin, dans la région de la basse Saskatchewan.
Les A’aninins, ainsi qu’on les nomme aujourd’hui, enseignent aux Cris la
technique du piégeage des bisons en enclos : « Ils me semblent bien plus
européens qu’américains », conclut Cocking, manifestement très impres
sionné. Après qu’ils aient chassé tous ensemble pendant une semaine, les
étrangers déclarent la saison terminée et partent guerroyer contre les Gens-
du-Serpent. Le cheval est alors connu des Pegogamaws et d’autres Autoch-
tones de la prairie-parc. Chargés de bagages, plusieurs chevaux de somme
accompagnent ainsi Cocking et les membres de son expédition. Certains
d’entre eux mourront toutefois pendant l’hiver « faute de nourriture ; ils
disent que c’est habituel en cette saison de l’année ».
Tandis qu’il visite les postes canadiens de la basse Saskatchewan,
Cocking ne peut faire autrement que de constater l’inutilité de sa mission de
démarchage au profit de la CBH. Fort Finlay, qui fournit les pourvoyeurs de
fourrures en rhum « frelaté », bourdonne d’une telle activité que Finlay doit
fermer boutique parce que « ses rayons sont vides23 ». Pour ajouter l’injure à
l’insulte, Louis Primo, le collègue de Cocking à la CBH, fait défection pour
se joindre aux Canadiens plutôt que de s’astreindre au fastidieux voyage de
retour jusqu’à York Factory24. Dans le cadre de la « grande invasion des
marchands itinérants » de l’été 1773, un poste est érigé au lac Pelé (lac
Playgreen), non loin de l’emplacement du futur poste de Norway House : il
intercepte les pelleteries en partance pour la baie d’Hudson. Plus tard, les
21. Paul Hackett, “A Very Remarkable Sickness” : Epidemics in the Petit Nord, 1670 to 1846, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 2002, p. 83-90.
22. Ibid., p. 100.
23. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 286.
24. Cocking, « An Adventurer from Hudson Bay », p. 118, 119.
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 79
25. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 286-290 ; Harry Duckworth (dir.), The
English River Book : A Northwest Company Journal and Account Book of 1786, Montréal : McGill-
Queen’s University Press, 1990, p. xiii-xiv.
26. Smyth, The Niitsitapi Trade, p. 155.
80 L a destruction des I ndiens des P laines
27. E. E. Rich (dir.), « Cumberland House Journal », dans : Cumberland House Journals and Inland Jour-
nals, 1775–82, First Series, Londres : Hudson’s Bay Record Society, 1951, p. 217 ; Rupert’s Land
Research Centre, An Historical Overview of Aboriginal Lifestyles : The Churchill–Nelson River Drai-
nage Basin,Winnipeg : Rupert’s Land Research Centre, 1992, p. 99-101.
28. Theodore Binnema, Common and Contested Ground : A Human and Environmental History of the
Northwestern Plains, Norman : University of Oklahoma Press, 2001, p. 119 ; Archives de la
Compagnie de la Baie d’Hudson (ci-après : ACBH), Cumberland House Post Journals, B.49/a/1 :17b
(8 février 1775).
29. Duckworth (dir.), The English River Book, p. xiv ; ACBH, Cumberland House Post Journals,
B.49/a/1 :24 (30 avril 1775).
30. ACBH, Cumberland House Post Journals, B.49/a/3 (19 juin 1776) ; Hudson House Post Journals,
B.87/a/2 :22 (19 décembre 1779).
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 81
31. Duckworth (dir.), The English River Book, p. xiv-xv ; Russell, Eighteenth-Century Western Cree and
Their Neighbours, p. 119.
32. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 315. Les Assiniboines étaient probablement
établis sur les bords de la rivière Carotte (Carrot River).
33. Alexander Henry, Travels and Adventures in Canada and the Indian Territories between the Years 1760
and 1776 (sous la direction de James Bain), Rutland (Vermont) : C. E. Tuttle Company, 1969,
p. 317.
34. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands
Southwest of Hudson Bay, 1660–1870, Toronto : University of Toronto Press, 1974, p. 125-133 ;
Arthur J. Ray, « The Northern Great Plains : Pantry of the Northwestern Fur Trade, 1774–1885 »,
Prairie Forum, 9, 1984, p. 265 ; George Colpitts, « ‘Victuals into Their Mouths’ : Environmental
Perspectives on Fur Trade Provisioning Activities at Cumberland House, 1775–1782 », Prairie
Forum, 22, 1997, p. 17.
35. Duckworth (dir.), The English River Book, p. xv.
82 L a destruction des I ndiens des P laines
leur alcool. Bien qu’ils pratiquent des prix deux fois plus élevés que la CBH,
constate Hearne avec amertume, les Canadiens emportent la mise « en raison
seulement du brandy, ou du moins du rhum, qui leur permet de trouver
preneurs pour leurs marchandises à si fort coût36 ». Ce flot croissant d’alcool
s’accompagne d’une augmentation marquée du nombre des infections trans-
mises sexuellement. Dès les années 1680, les registres faisaient état de mala-
dies vénériennes dans le personnel de la CBH37. Dans les années 1770, un
décret de l’entreprise interdit encore les relations sexuelles entre les employés
de la Compagnie et les femmes autochtones ; l’agent principal Andrew
Graham note cependant que les autorités « ferment les yeux38 ». En 1777,
trois employés souffrent d’une maladie vénérienne à Cumberland House :
Robert Davey, Magnus Sclater et John Draver. Évacué à York, Draver est
considéré comme inapte au travail, « et ce, depuis un certain temps déjà39 ».
Les documents qui nous sont parvenus ne disent rien des incidences de la
maladie chez leurs partenaires sexuelles et chez les traiteurs canadiens, qui ne
tenaient aucun registre de leurs activités, commerciales ou autres. Les Cana-
diens étaient toutefois au moins aussi susceptibles que leurs concurrents
anglais de propager les infections transmises sexuellement. En 1778, la CBH
fournit des médicaments au capitaine Tuite, responsable canadien du « lac
aux Castors » (Beaver Lake), qui est « incommodé par le problème
vénérien40 ».
Face à la concurrence débridée que se livrent les traiteurs et à la raréfac-
tion des animaux à fourrure le long de la Saskatchewan, certains Canadiens
commencent à envisager de mettre leurs ressources en commun pour aller
commercer jusque dans l’Athabasca, terres encore largement inexploitées41.
Peter Pond, qui sera plus tard impliqué dans le meurtre d’au moins deux
associés, est le premier à passer par le portage La Loche (Methy Portage), un
sentier d’une vingtaine de kilomètres reliant les rivières Churchill et
Clearwater. Il passe par Cumberland House en mai 1778, « comptant péné-
trer dans le pays d’A tho pus cow aussi loin qu’il le pourra et y passer le
prochain hiver ». Il revient un an plus tard, presque mort de faim, la moitié
42. ACBH, Cumberland House Post Journals, B.49/a/6 :62 (26 mai 1778), B.49/a/9 :4b (2 juillet 1779).
William Tomison relève que Pond s’est enfoncé si loin dans les terres qu’il « a commercé avec les
Indiens du Nord que M. Samuel Hearne a rencontrés avec Mette na ’pew [Matonabbee ?] et les
siens ».
43. W. A. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca
and Mackenzie Basin, 1770–1816 », Canadian Historical Review, 60, 1979, p. 281.
44. Milloy, The Plains Cree, p. 29.
84 L a destruction des I ndiens des P laines
45. J. G. MacGregor, Peter Fidler : Canada’s Forgotten Surveyor, 1769–1822, Toronto : McClelland and
Stewart, 1966, p. 8.
46. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/1 :6b (18 décembre 1778).
47. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 324.
48. MacGregor, Peter Fidler, p. 8 ; Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 331.
49. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/1 :13b (15 mars 1779) ; Cumberland House Post Journals,
B.49/a/7 :52b–53 (9 mai 1779) ; Hudson House Post Journals, B.87/a/1 :15b (25 avril 1779).
50. Smyth, The Niitsitapi Trade, p. 158-159 ; ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/2 :18
(20 novembre 1779).
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 85
faussetés aux Indiens nous concernant. Tantôt, ils leur disent que Votre
Honneur n’a plus d’embarcations ; tantôt, que nous sommes tous en train de
mourir de la petite vérole51. » Dès la fin de l’année, les Plaines sont devenues
trop périlleuses pour s’y risquer. Même les employés de la CBH, qui ont
toujours entretenu de meilleures relations que leurs rivaux canadiens avec les
Autochtones de ces régions, n’osent plus s’y aventurer. Ceux qui hivernent
habituellement dans les Plaines sont rappelés à Hudson House pour leur
propre sécurité. Tomison, qui en a la charge, indique qu’il est « maintenant
trop dangereux d’envoyer nos hommes auprès des Indiens, plusieurs d’entre
eux étant d’une nature très féroce ». Conscients du risque, les traiteurs cana-
diens commencent à expédier leurs pelleteries de nuit « pour que les Indiens
ne les voient pas52 ».
La faim qui tenaille les estomacs attise la peur et l’agressivité. À
l’automne 1780, des chasseurs et trappeurs allument des feux dans les prairies
pour éloigner les hardes des secteurs de l’amont et préserver leur source
de revenus. Cette année-là, la destruction des pâturages et l’arrivée
particulièrement tardive des premières neiges répandent la famine dans tout
le nord des Plaines. Nombreux sont ceux qui en sont réduits à manger leurs
chiens et des peaux de castor pour survivre aux périples qui les mènent
jusqu’aux traiteurs. À la disette s’ajoute une épidémie de diarrhée qui, indique
Robert Longmore, touche « tous les Indiens53 ». À la mi-décembre, la pénurie
s’avère si terrible à Hudson House qu’une douzaine d’employés sont envoyés
passer l’hiver dans les Plaines avec des familles indiennes. Ceux qui restent au
poste viennent en aide aux pourvoyeurs autochtones qui sont « ravagés par la
faim, incapables de marcher jusqu’au bâtiment », écrit le traiteur. À l’instar de
ces deux trappeurs émaciés qui arrivent à Hudson House en plein milieu de
l’hiver pour échanger des fourrures contre de la nourriture, certains sont
« dans un état si pitoyable qu’ils hésitent à s’allonger le soir de crainte d’être
tués et dévorés avant le matin ». Très vite, la faim oblige même les hommes
envoyés au loin à revenir au poste. Des pénuries sont également signalées
dans l’est, à Cumberland House, où des provisions sont distribuées aux
Indiens affamés. À des centaines de kilomètres à l’ouest, les Cris de la rivière
Castor mangent leurs chevaux et leurs chiens, « et certains meurent néan-
moins de faim après cela ». Les A’aninins, qui vivent entre les deux branches
54. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/3 :6 (31 octobre 1780), B.87/a/3 :7–7b (17 et
21 novembre 1780). En empêchant les chasseurs de repérer les traces des animaux, l’absence de
neige accentue l’effet dévastateur des incendies. B.87/a/3 :10–13 (17 décembre 1780, 9 et
17 janvier 1781). Des rapports provenant de la rivière Castor évoquent deux semaines plus tard des
« indiens affamés ; ils ont mangé leurs chiens et ne peuvent venir, faute de provisions ». B.87/a/26 :7b
(26 novembre 1780), B.87/a/3 :9b–10 (18 et 22 décembre 1780), B.87/a/3 :13 (18 janvier 1781),
B.87/a/3 :13 (22 et 25 janvier 1781), B.87/a/3 :14 (7 février 1781), B.87/a/3 :15b (4 février 1871),
B.87/a/3 :16 (27 février 1781), B.87/a/3 :16b–17 (2 et 11 mars 1781).
55. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/3 :16b (4 mars 1781), B.87/a/3 :17 (6 mars 1781),
B.87/a/3 :17b (13 mars 1781), B.87/a/3 :18 (18 mars 1781). Le poste ne disposant d’aucun
médicament pour le traiter, sa maladie s’est rapidement transmise aux employés ; B.87/a/3 :18b
(24-26 mars 1781). La diarrhée sanguinolente est l’une des formes de la dysenterie, une maladie
bactérienne potentiellement mortelle ; Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 209-210 ;
B.87/a/3 :21b (27 avril 1781).
56. Dans un article récent, Adam R. Hodge affirme que l’instabilité climatique de l’époque a compromis
les approvisionnements alimentaires dans tout le nord des Plaines, aggravant au passage la variole
dans les populations de la région affaiblies par la malnutrition. « “In Want of Nourishment for to
Keep Them Alive” : Climate Fluctuations, Bison Scarcity, and the Smallpox Epidemic of 1780-82
on the Northern Great Plains », Environmental History, 17, 2012, p. 365-403.
57. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/4 :5–5b (17 octobre 1781), B.87/a/4 :5b–6
(22 octobre 1781).
58. John F. Taylor, « Sociocultural Effects of Epidemics on the Northern Plains : 1734–1850 », Western
Canadian Journal of Anthropology, 7, 1977, p. 59 ; Michael Trimble, « Chronology of Epidemics
among Plains Village Horticulturalists : 1738–1838 », Southwestern Lore, 54, 1988, p. 7 ; Linea
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 87
Mexico, cette flambée s’inscrit en fait dans une gigantesque épidémie qui
déferle sur le continent tout entier et déterminera même en partie l’issue de
la guerre d’Indépendance des États-Unis59.
La maladie joue un rôle tout aussi décisif dans le devenir des nations
autochtones de l’ouest de l’Amérique du Nord. La mort qu’elle sème dans
son sillage enclenche un bouleversement territorial et démographique sans
précédent. Au Canada, l’épidémie compromet l’occupation plusieurs fois
séculaire du sud-ouest de l’Alberta par les Gens-du-Serpent60. Saukamappee
rapportera à David Thompson que leur population en fut si réduite qu’ils se
trouvèrent refoulés jusqu’au fleuve Missouri, et même au-delà61. En quelques
années, les Serpents si redoutés doivent se replier dans les montagnes où leurs
ennemis du Nord ont tout le loisir de les attaquer quand bon leur semble62.
Alors que l’épidémie accroît le territoire des Niitsitapis, elle tue le tiers
de la collectivité piikanie de Saukamappee ; d’autres groupes subiront des
pertes plus lourdes encore63. Les documents d’époque signalent en mars 1782,
14 hommes niitsitapis, « tous remis de la variole », en route pour aller
commercer avec les Canadiens. Bien qu’il reste important, le taux de mortalité
variolique est moins élevé chez les Piikanis que dans d’autres collectivités, ce
qui pourrait révéler une exposition antérieure à la maladie. Les communautés
du nord et de l’est qui n’avaient jamais été en contact avec le virus subissent
par contre d’effroyables pertes.
En particulier, les Assiniboines établis le long de la Saskatchewan Nord
sont très durement touchés. Ainsi que le rapporte un traiteur de la CBH,
« très peu d’entre eux ont survécu, peut-être aucun […] les Indiens gisant sur
la terre dénudée, morts, comme des moutons putréfiés, leurs tentes encore
debout, leurs corps dévorés par les bêtes sauvages ». Les Assiniboines des
Touchwood Hills (buttes de Tondre) ne sont pas mieux lotis. Sur un campe-
ment de 20 tentes, seulement cinq hommes et « quelques femmes et enfants »
auraient survécu à la maladie. « Il ne me semble pas qu’il en reste un seul en
vie », écrit William Walker, de la CBH. « La plupart de ceux qui auraient
Sundstrom, « Smallpox Used Them Up : References to Epidemic Disease in the Northern Plains
Winter Counts, 1714–1920 », Ethnohistory, 44, 1995, p. 309.
59. Le même mois, des flambées varioliques éclatent sur la rivière Saskatchewan, en Californie et à
Yorktown, sur la côte Est. Fenn, Pox Americana : The Great Smallpox Epidemic of 1775-82, p. 175.
60. Binnema, Common and Contested Ground, p. 86-106.
61. David Thompson, David Thompson : Travels in Western North America, 1784–1812 (sous la direction
de Victor G. Hopwood), Toronto : Macmillan of Canada, 1971, p. 191.
62. Colin C. Calloway, « Snake Frontiers : The Eastern Shoshones in the Eighteenth Century », Annals
of Wyoming, 63, 1991, p. 89-90.
63. Thompson, David Thompson : Travels in Western North America, p. 199.
88 L a destruction des I ndiens des P laines
64. ACBH, Hudson House Post Journals, B.87/a/4 :12b–13 (4 décembre 1781), B.87/a/4 :24
(7 mars 1782), B.87/a/6 :22 (4 janvier 1783), B.87/a/4 :13b (10 décembre 1781), B.87/a/4 :21b
(25 février 1782).
65. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 172.
66. ACBH, Cumberland House Post Journals, B.49/a/11 : 32 (8 décembre 1781) ; Hudson House Post
Journals, B.87/a/4 :22b (19 février 1782).
67. Thistle, Indian–European Trade Relations on the Lower Saskatchewan River Region to 1840, p. 62-64 ;
David Meyer et Paul Thistle, « Saskatchewan River Rendezvous Centers and Trading Posts :
Continuity in a Cree Social Geography », Ethnohistory, 42, 1995, p. 421.
68. Thistle, Indian–European Trade Relations on the Lower Saskatchewan River Region to 1840, p. 65, 69.
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 89
69. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 93-118. Voir également : Jody Decker, « Tracing Historical
Diffusion Patterns : The Case of the 1780–82 Smallpox Epidemic among the Indians of Western
Canada », Native Studies Review, 4, 1988, p. 1-24 ; Elliot Coues (dir.), New Light on the Early History
of the Greater Northwest : The Manuscript Journals of Alexander Henry and David Thompson, 1799–
1814 (vol. 1), Minneapolis : Ross and Haines, 1965, p. 46.
70. Rich (dir.), Cumberland House Journals and Inland Journals, Second Series, p. 298.
71. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 93-118. Voir également : Decker, « Tracing Historical
Diffusion Patterns ».
72. Laura Peers, The Ojibwa of Western Canada,1780–1870, Winnipeg : University of Manitoba Press,
1994, p. 19n66.
73. Roderick Mackenzie, « Introduction », dans : Mackenzie, Voyages d’Alexandre Mackenzie, dans
l’intérieur de l’Amérique septentrionale, tome I, p. 144-145 ; Victor Lytwyn, « ‘God Was Angry with
Their Country’ : The Smallpox Epidemic of 1782–83 among the Hudson Bay Lowland Cree »,
dans : David H. Pentland (dir.), Papers of the Thirtieth Algonkian Conference, Winnipeg : University
of Manitoba Press, 1999, p. 157-162.
90 L a destruction des I ndiens des P laines
qu’un seul groupe : les Cris Castors établis entre la rivière Saskatchewan Nord
et la Churchill. Leur relatif isolement ainsi que leur détermination à
n’entretenir que des contacts brefs et très sporadiques avec les traiteurs de la
Churchill les ont probablement sauvés de l’extinction culturelle74. Si l’épi-
démie ne les frappe pas aussi durement que les autres populations de la
région, elle leur confisque néanmoins une partie de leur territoire. Dans les
années 1790, Peter Fidler rapporte que les trappeurs anichinabés règnent
désormais sur la rivière Castor75.
L’épidémie a peut-être anéanti aussi les Cris Athapuscows, qui vivaient
au nord des Cris Castors et dominaient le commerce intermédiaire sur le
cours supérieur de la rivière Churchill et, vers le nord, jusqu’au lac Athabasca.
Quelle qu’en soit la cause, leur disparition met un terme aux conflits qui
ensanglantaient les terres des Castors de langue athapascane autour du Petit
lac des Esclaves (Lesser Slave Lake)76. À la fin de la décennie, Alexander
Mackenzie ne trouve plus qu’une quarantaine de familles cries dans les
basses-terres des rivières Castor et Athabasca et les hautes-terres de la
Churchill. Cette population a été tellement décimée que leur nom
d’Athabascas désignera désormais leurs anciens vassaux, les Castors de langue
chipewyane77.
L’épidémie pourrait avoir causé plus de ravages encore dans la collectivité
voisine des Dénés Chipewyans. La maladie se répand vers le nord et atteint les
Chipewyans par le poste de Peter Pond, au lac La Ronge. David Thompson
affirme que le nombre des Cris Missinippis, qui ont probablement infecté les
Chipewyans au lac La Ronge, a diminué de moitié. Leur effondrement
démographique les oblige à quitter la limite septentrionale de leur territoire,
au lac Reindeer (également dit « lac du Caribou » ou « lac des Rennes »)78.
En 1795, Samuel Hearne écrit que « les Indiens du Nord, dans leurs commu-
nications annuelles avec ceux du Sud et d’Athapuscow, ont contracté la petite
74. « William Walker, Hudson House Journal, 9 April 1782 », dans : Rich (dir.), Cumberland House
Journals and Inland Journals, Second Series, p. 285 ; Russell, Eighteenth-Century Western Cree and
Their Neighbours, p. 150-151.
75. MacGregor, Peter Fidler, p. 111-117.
76. G. Nicks, « Native Responses to the Early Fur Trade at Lesser Slave Lake », dans : B. Trigger,
T. Morantz et L. Dechêne (dir.), Le Castor Fait Tout : Selected Papers of the Fifth North American Fur
Trade Conference, 1985, Montréal : Lake St. Louis Historical Society, 1987, p. 285-286 ; Sloan,
« The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and Mackenzie
Basin », p. 288.
77. Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 161, 167.
78. Beryl C. Gillespie, « An Ethnohistory of the Yellowknives : A Northern Athapaskan Tribe », dans :
David B. Carlisle (dir.), Contributions to Canadian Ethnology, 1975 (Mercury Series, Canadian
Ethnology Service Paper 31), Ottawa : National Museum of Man, 1975, p. 207 ; Thompson, David
Thompson, p. 122 ; Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, p. 217.
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 91
vérole, qui en a emporté [les neuf dixièmes], et principalement parmi ceux qui
commerçaient directement avec la factorerie de Churchill. Le peu qui a
survécu suit l’exemple de ses voisins du Sud, et commerce avec les Canadiens
qui sont établis dans le cœur du pays d’Athapuscow79 ». Indépendamment de
cette tragédie humaine, Hearne déplore la baisse des échanges avec les Cris
Athapuscows et les Chipewyans qui, « depuis plus de 10 ans, [représentent] au
moins les sept huitièmes du commerce ». Il faudra attendre 1787 pour que les
affaires reprennent entre la CBH et les Chipewyans de l’Athabasca ; encore les
incursions des Canadiens rendront-elles ces échanges très précaires80. En
dépit de sa virulence, l’épidémie ne descend pas tout le long du fleuve
Mackenzie : la faible densité démographique de ces régions et leur éloignement
relatif des postes de traite ralentissent sa progression. Par ailleurs, de petits
groupes de Dénés du Nord avaient commencé d’éviter les intermédiaires dès
avant la flambée parce qu’ils se comportaient trop durement envers eux81. À
la fin de la décennie, Alexander Mackenzie ne trouve nulle trace de l’épidémie
dans les groupes athapaskans qu’il rencontre en descendant le fleuve qui
portera un jour son nom82.
La mortalité dans les populations autochtones est si élevée que les
malades doivent souvent être abandonnés pour protéger ceux et celles que
l’épidémie n’a pas encore touchés. Cette pratique choque profondément
certains traiteurs : « Ces Sauvages sont gens d’une telle ignominie, écrit ainsi
William Walker, que lorsque l’un des leurs tombe malade, ils ne pensent point
à espérer guérison ou chercher remède, mais se contentent de le chasser, de
sorte que ce pauvre hère meurt ; jamais ils ne faisaient cela auparavant83 ». On
pourra peut-être pardonner à Walker ce jugement à l’emporte-pièce devant ce
qu’il considère comme un manque de compassion ; le fait est toutefois que
l’abandon des malades constituait sans doute, dans les circonstances, la réponse
la plus rationnelle pour assurer la survie du groupe. Les documents de la CBH
indiquent que ses employés, même s’ils ne peuvent pas grand-chose devant ce
cataclysme, tentent néanmoins d’offrir un peu de réconfort aux malades et aux
79. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 147-148. Ce taux de mortalité de 90 pour cent
constitue probablement une exagération, puisqu’ils ont pu étendre leur territoire après l’épidémie.
James G. E. Smith, « Local Band Organization of the Caribou Eater Chipewyan in the Eighteenth
and Early Nineteenth Centuries », Western Canadian Journal of Anthropology, 6, 1976, p. 77.
80. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 282-283.
81. Gillespie, « An Ethnohistory of the Yellowknives », p. 208.
82. Mackenzie, Voyages d’Alexandre Mackenzie, dans l’intérieur de l’Amérique septentrionale, tome I,
p. 133-134.
83. ACBH, Cumberland House Post Journals, B.87/a/4 :7 (29 octobre 1781), B.87/a/4 :10b
(27 novembre 1781).
92 L a destruction des I ndiens des P laines
mourants dans leurs postes. Cependant, ainsi que l’écrit Walker à Hudson
House : « Il n’est pas en notre pouvoir de les secourir84. »
Les Anglais ainsi que la plupart des Canadiens de l’Ouest ayant été
exposés à la variole, la varicelle ou la vaccine (la variole des vaches) dans leur
enfance, ils n’ont généralement rien à craindre du virus qui décime leurs
fournisseurs autochtones85. S’ils sont généralement conscients de la bonne
fortune qui leur échoit en cette époque funeste, la plupart des traiteurs ne
comprennent vraiment pas pourquoi ils survivent à la maladie pendant que
leurs voisins et partenaires y succombent en si grand nombre. Cerné par la
maladie et la mort, Tomison constate : « Il y a là quelque chose de fort nocif qui
échappe à notre entendement, soit dans la constitution du Sauvage, soit dans
la maladie elle-même ; ceux qui meurent au tout début de la maladie souffrent
d’atroces tourments, et la plupart trépassent dans les 48 heures86. »
Même au paroxysme de l’épidémie, les traiteurs persistent à se procurer
les fourrures nécessaires à leur commerce. Tout au long de l’hiver, des hommes
de la CBH quittent Cumberland House pour aller dans les campements y
recouvrer les dettes à l’égard de l’entreprise87. Les fourrures dont les morts
sont vêtus sont remplacées par des couvertures de la Compagnie. Plutôt que
le caractère férocement vénal des échanges, ces incursions dans les tentes des
morts et des mourants témoignent de l’extraordinaire valeur que les
Européens accordent aux pelleteries. Même s’ils peuvent côtoyer les virus
sans trop de risques, les traiteurs vivent dangereusement, surtout dans
l’intérieur des terres. La famine et même le meurtre rôdent en permanence
dans ces régions. Le nombre effarant des morts rend d’ailleurs les traiteurs
assez fatalistes. À Cumberland House, le jour de Noël 1781, William Tomison
signale la visite d’un groupe d’Indiens du Sud (Cris) malades : « Le soir, avons
traité avec les Indiens et leur avons remis des présents comme à l’accoutumée,
mais ne pensons pas les revoir. » En mars 1782, le traiteur de Hudson House
constate que ces chasseurs sont infectés : « L’un d’eux envisage de lancer une
84. Rich (dir.), Cumberland House Journals and Inland Journals, Second Series, p. 226, 18 décembre
1781.
85. Tous les Européens n’étaient cependant pas immunisés. Elle tue notamment l’agent canadien Bruce
et le capitaine Tuite dans les basses-terres de l’Assiniboine ; elle frappe également plusieurs traiteurs
qui seraient ensuite morts de faim. Jody Decker, ‘We Should Never Be Again the Same People’ : The
Diffusion and Cumulative Impact of Acute Infectious Diseases Affecting the Natives on the Northern
Plains of the Western Interior of Canada (thèse de doctorat), York University, 1989, p. 60.
86. Ibid., p. 73.
87. Voir : Rich (dir.), Cumberland House Journals and Inland Journals, Second Series, 16 janvier 1782
(p. 231) ; 22 janvier 1782 (p. 232) ; 31 janvier 1782 (p. 234) ; 5 février 1782 (p. 234-235) ;
7 février 1782 (p. 235) ; 14 février 1782 (p. 236) ; 20 février 1782 (p. 239) ; 25 février 1782
(p. 240) ; 11 mars 1782 (p. 240) ; 27 mars 1782 (p. 244) ; « Walker to Tomison, mai 1782 » (p. 254).
3 L’intensification de la concurrence : essor du commerce et propagation des maladies, 1740-1782 93
expédition demain ; quand ils vont mourir, je n’aurai plus personne qui
puisse chasser pour nous. » Un mois plus tard, les 14 chasseurs du poste ont
effectivement péri88. Matthew Cocking résume bien le point de vue de la
Compagnie dans le rapport qu’il rédige à York Factory en août 1782 :
Je crois que jamais lettre de baie d’Hudson n’a rapporté nouvelles si
douloureuses que celle-ci. La plupart des Indiens dont les fourrures ont été
jusqu’à ce jour apportées ici ne sont plus, ayant été emportés par cette
cruelle maladie de petite vérole. Les quantités à cet établissement s’élèvent à
6761 3/10 plues, dont 154 ½ après mise en ballots de l’an dernier. Cette
chute importante s’explique par la perte de nos Indiens et, qui pis est,
plusieurs des Indiens qui nous ont apporté le peu que nous avons maintenant
sont morts depuis89.
Dès la fin des années 1780, la propagation de la variole a profondément
remodelé l’occupation territoriale autochtone de l’ouest du Canada. Des
entités culturelles entières ont disparu, par exemple les Cris Pegogamaws et
Basquias. Par « ethnogenèse », les survivants se rassemblent pour constituer
de nouvelles collectivités. Dans le sillage de l’épidémie, des nouveaux arrivants
autochtones, par exemple les Cris Moskégons et les Anichinabés ainsi que les
Outaouais et les Iroquois, s’établissent en grand nombre dans l’Ouest pour
participer à la traite des fourrures : en dépit des turbulences causées par la
disparition d’une part importante de la main-d’œuvre autochtone, ce
commerce maintient sa fulgurante expansion.
88. ACBH, Cumberland House Post Journals, B.49/a/11 :36 (25 décembre 1781), B.87/a/4 :25
(18 mars 1782), B.87/a/4 :27b (16 avril 1782).
89. Rich (dir.), Cumberland House Journals and Inland Journals, Second Series, p. 297.
Chapitre 4
1. Dale Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours, Ottawa : Canadian Museum of
Civilization, 1991, p. 216. Voir également : Chris Hanks, « The Swampy Cree and the Hudson’s Bay
Company at Oxford House », Ethnohistory, 29, 1982, p. 103-115, 216 ; Laura Peers, The Ojibwa of
Western Canada, 1780–1870, Winnipeg : University of Manitoba Press, 1994, p. 14-21 ; Jack
Frisch, « Some Ethnological and Ethnohistoric Notes on the Iroquois in Alberta », Man in the
Northeast, 7, 1976, p. 51-64 ; Gertrude Nicks, « The Iroquois and the Fur Trade in Western
Canada », dans : C. M. Judd et A. J. Ray (dir.), Old Trails and New Directions : Papers of the Third
North American Fur Trade Conference, Toronto : University of Toronto Press, 1980, p. 85-101.
96 L a destruction des I ndiens des P laines
2. Patricia Albers, « Changing Patterns of Ethnicity in the Northeastern Plains, 1780–1870 », dans :
Jonathan Hill (dir.), History, Power, and Identity : Ethnogenesis in the Americas, 1492–1992, Iowa
City : University of Iowa Press, 1996, p. 100 ; John Milloy, The Plains Cree : Trade, Diplomacy, and
War, 1790 to 1870 (Manitoba Studies in Native History), Winnipeg : University of Manitoba Press,
1988 ; Peers, The Ojibwa of Western Canada ; Jacqueline Peterson et J. S. H. Brown (dir.), The New
Peoples : Being and Becoming Métis in North America (Manitoba Studies in Native History),
Winnipeg : University of Manitoba Press, 1985.
3. A. S. Morton, The Journal of Duncan M’Gillivray of the North West Company at Fort George on the
Saskatchewan, 1794–5, Toronto : Macmillan of Canada, 1927, p. 166.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 97
4. T. F. Ball, « Historical and Instrumental Evidence of Climate : Western Hudson’s Bay, Canada,
1714–1850 », dans : Raymond S. Bradley et Philip D. Jones (dir.), Climate since A.D. 1500,
Londres : Routledge, 1995, p. 40-73. Pour plus de précisions sur la sécheresse qui a frappé les
Plaines de 1792 à 1804, voir : David Sauchyn et Walter Skinner, « A Proxy Record of Drought
Severity for the Southwestern Canadian Plains », Canadian Water Resources Journal, 26, 2001,
p. 253-272.
5. Elliot Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest : The Manuscript Journals
of Alexander Henry and David Thompson, 1799–1814 (2 vol.), Minneapolis : Ross and Haines,
1965, 1, p. 292-293 ; Alexander Mackenzie, Voyages d’Alexandre Mackenzie, dans l’intérieur de
l’Amérique septentrionale, faits en 1789, 1792 et 1793 (traduit de l’anglais par J. Castéra), Paris :
Dentu, imprimeur-libraire, 1802, tome I, p. 32-34 ; A. S. Morton, A History of the Canadian West
to 1870–71, Toronto : University of Toronto Press, 1973, p. 329 ; John McDonnell, « The Red River
by John McDonnell of the North West Company (about 1797) », dans : L. R. Masson (dir.), Les
Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest, New York : Antiquarian Press, 1960, vol. 1, p. 270-271 ;
Alice M. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence : Edmonton House, 1795–1800,
Chesterfield House, 1800–1802, Londres : Hudson’s Bay Record Society, 1967, p. xviin1.
6. E. E. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 1670–1870 (3 vol.), Londres : Hudson’s Bay
Record Society, 1959, 2, p. 83-89.
7. Harry Duckworth (dir.), The English River Book : A Northwest Company Journal and Account Book of
1786, Montréal : McGill-Queen’s University Press, 1990, p. xvi. Voir également : Morton, A History
of the Canadian West to 1870–71, p. 335 ; J. M. Bumsted, Fur Trade Wars : The Founding of Western
Canada, Winnipeg : Great Plains Publications, 1999, p. 24.
98 L a destruction des I ndiens des P laines
8. Duckworth (dir.), The English River Book, p. xxiii ; Gerald Friesen, The Canadian Prairies : A History,
Toronto : University of Toronto Press, 1984, p. 59.
9. Milloy, The Plains Cree, p. 29.
10. ACBH, Cumberland House Post Journal, B.49/a/7 :32b (7 janvier 1779) ; Theodore Binnema,
Common and Contested Ground : A Human and Environmental History of the Northwestern Plains,
Norman : University of Oklahoma Press, 2001, p. 109.
11. David G. Mandelbaum, The Plains Cree : An Ethnographic, Historical, and Comparative Study,
Regina : Canadian Plains Research Center, 1979 ; Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role
as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands Southwest of Hudson Bay, 1660-1870, Toronto :
University of Toronto Press, 1974 ; Russell, Eighteenth-Century Western Cree and Their Neighbours.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 99
12. David Meyer et Dale Russell, « ‘So Fine and Pleasant, beyond Description’ : The Lands and Lives of
the Pegogamaw Crees », Plains Anthropologist, 49, 2004, p. 240-242 ; Charles Bishop, « Northern
Ojibwa Emergence : The Migration », dans : H. C. Wolfart (dir.), Papers of the 33rd Algonquian
Conference, Winnipeg : University of Manitoba Press, 2002, p. 14-15.
13. David Meyer et Dale Russell, « The Selkirk Composite of Central Canada : A Reconsideration »,
Arctic Anthropology, 24, 1987, p. 17 ; Meyer et Russell, « ‘So Fine and Pleasant, beyond Description’ »,
p. 219-235.
14. Cette alliance du Nord s’oppose à l’alliance du Sud, qui est dirigée par les Shoshones et a élargi sa
sphère d’influence au nord du 49e parallèle. Milloy, The Plains Cree, p. xv. David Smyth conteste
cette interprétation ; niant l’existence d’une quelconque alliance des Pieds-Noirs et des Cris au
18e siècle, il concède toutefois qu’ils trouvaient une cause commune en leur opposition aux Gens-
du-Serpent ; voir : The Niitsitapi Trade : Euroamericans and the Blackfoot Speaking Peoples to the Mid
1830s (thèse de doctorat), Carleton University, 2001, p. 127. Adoptant un point de vue
intermédiaire entre Milloy et Smyth, Binnema, Common and Contested Ground, p. 15, considère
que les Cris et les Pieds-Noirs de l’époque formaient une « coalition ».
15. Matthew Cocking, « An Adventurer from Hudson Bay : The Journal of Matthew Cocking from
York Factory to the Blackfoot Country » (sous la direction de J. L. Burpee), Proceedings and
Transactions of the Royal Society of Canada (Series 3, Section 2), 1908, p. 111.
16. ACBH, Hudson House Post Journal, B.87/a/6 :16 (26 octobre 1782).
100 L a destruction des I ndiens des P laines
front pionnier (le secteur à l’extrême ouest des terres colonisées) donnent le
coup d’envoi des « années les plus tragiques » de l’histoire a’aninine17. Les
A’aninins et autres « Yachathinues » résistent bien mieux à l’épidémie que la
plupart de leurs voisins. En maintenant l’un de leurs campements à 150 kilo-
mètres de Hudson House, ils s’attirent peut-être les sarcasmes du traiteur
William Tomison, mais ils maintiennent fort sagement une distance salva-
trice entre eux et un foyer d’infection avéré18.
Les A’aninins n’ont jamais joué un rôle central dans le commerce avec
les Européens. La première trace d’une visite a’aninine à un poste de traite
remonte à l’automne 1779 seulement19. Lors de leurs premières incursions
dans les enclaves européennes disséminées le long de la Saskatchewan Nord,
alors même que leurs terres abondent en castor, ils se contentent d’apporter
des peaux de loup et autres fourrures sans grande valeur. La plupart des
historiens attribuent leurs discordes avec les traiteurs, qui culmineront en
bains de sang dans les années 1790, à la dévaluation des peaux de loup, leur
principal bien d’échange20. Toutefois, même si ce fait est moins connu,
il importe de se rappeler que les A’aninins se refusaient à exploiter commer-
cialement le castor, la marchandise pourtant la plus convoitée aux postes de
traite : un principe plusieurs fois séculaire leur interdit de tuer une espèce qui
leur permet de survivre dans leurs arides prairies.
Dans les années 1780, les nouveaux arrivants cris qui remontent
graduellement le cours de la Saskatchewan tirent avantage des armes à feu
qu’ils ont acquises auprès des traiteurs pour s’emparer du territoire a’aninin,
à la frontière entre les Niitsitapis et les terres cries et assiniboines21. Cette
expansion territoriale s’explique aussi par la disparité des troupeaux équins :
les A’aninins possèdent beaucoup de chevaux ; les Cris en sont moins bien
pourvus. Or, dans les années 1780, le cheval s’impose déjà comme un bien
indispensable à la vie dans les Plaines. Presque tous les chasseurs de cette vaste
région maîtrisent le cheval depuis les années 1770, et il leur est d’une aide
précieuse pour répondre à la demande croissante de viande de bison à
destination des traiteurs. Dans les dernières décennies du 18e siècle, toutefois,
le refroidissement du climat tue de nombreux chevaux dans l’ensemble des
Plaines, mais surtout dans l’est, terres des Cris et des Assiniboines. Le cheval
constituant tout à la fois une arme guerrière et un outil de survie, les groupes
dont le froid décime les troupeaux s’efforcent de les reconstituer par le vol.
Au nord du fleuve Missouri, ces pillages s’avèrent vite indispensables pour
éviter la pénurie équine. Au printemps 1788, les Cris passent du raid à l’inva-
sion pure et simple : des guerriers venus de la Saskatchewan Sud attaquent un
campement a’aninin près de la rivière Battle (parfois dite « rivière de la
Bataille »), les dépouillent et dépècent le corps de leur chef. Après l’incident,
les assaillants retournent vers l’est, qu’ils jugent plus sûr ; pour préserver ses
relations commerciales avec eux, Montour, traiteur canadien, doit les suivre
jusqu’à Nipawin, dans les basses-terres de la Saskatchewan. Alors que leurs
agresseurs redoutaient leur vengeance, les A’aninins se dirigent plutôt vers le
sud et disparaissent deux années durant22.
À l’été 1793, cinq ans plus tard, des Cris de la Saskatchewan Sud et de
la rivière Swan accompagnés d’un certain nombre d’Assiniboines attaquent
une autre collectivité a’aninine ; à l’exception de quelques enfants qu’ils
emmènent en captivité, ils les massacrent tous. Cette fois encore, les
attaquants se replient vers l’est et hivernent au lac Red Deer, au Manitoba23.
Considérablement moins bien armés, les A’aninins renoncent une fois de
plus à se venger. Avec leurs alliés siksikas, ils reportent plutôt leur colère sur
les traiteurs qui ont armé leurs assaillants à leurs postes de la Saskatchewan
Nord. Leur offensive sur Manchester House constitue de toute évidence un
acte de protestation contre l’irruption du commerce dans leur territoire :
après avoir contraint les traiteurs à s’enfuir, ils disséminent de la viande et de
la farine autour du bâtiment ; pour exprimer le mépris que leur inspire le
recours à l’alcool dans les relations commerciales, ils « répandent l’eau-de-vie
près du portail24 ». L’incident ébranle fortement Tomison et les autres
traiteurs. Au poste de South Branch House, les hommes voient désormais
d’un tout autre œil les A’aninins, considérés jusque-là comme « les plus
rationnels et les plus inoffensifs en ce coin de pays » : « Nous nous tenons
prêts à les recevoir, si jamais ils reviennent, et nous espérons être en mesure
de les repousser25. » Leurs préparatifs s’avèrent toutefois moins efficaces qu’ils
22. John Nicks, The Pine Island Posts, 1786–1794 : A Study of Competition in the Fur Trade (mémoire de
maîtrise), University of Alberta, 1975, p. 152 ; ACBH, B.121/a/2 :35 (1er mai 1788). Voir
également : Binnema, Common and Contested Ground, p. 149, 153 ; ACBH, B.205/a/3 :10–10b
(12 septembre 1788).
23. Loretta Fowler, Shared Symbols, Contested Meanings : Gros Ventre Culture and History, 1778–1984,
Ithaca (New York) : Cornell University Press, 1987, p. 42 ; ACBH, B.205/a/7 :21b (14 mars 1794) ;
Gary Doige, Warfare Patterns of the Assiniboine to 1809 (mémoire de maîtrise), University of
Manitoba, 1987, p. 141.
24. ACBH, B.205/a/8 :31 (25 octobre 1793).
25. ACBH, 205/a/8 :32 (8 novembre 1793).
102 L a destruction des I ndiens des P laines
31. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, « William Tomison to James Swain,
26 April 1796 », p. 57.
32. Harold Hickerson, « Journal of Charles Jean Baptiste Chaboillez, 1797–1798 », Ethnohistory, 6,
1959, p. 276-293.
33. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, 2, p. 452.
34. John Tanner, Trente ans de captivité chez les indiens Ojibwa, récit de John Tanner recueilli par le
docteur Edwin James (présentation, traduction, bibliographie et analyse ethnohistorique de
Pierrette Désy), Paris : Payot, 1983, p. 106.
35. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 2, p. 228-229.
104 L a destruction des I ndiens des P laines
traiteurs apprennent très vite à l’utiliser à leur avantage. Après la fusion des
compagnies canadiennes rivales, en 1804, Henry rapporte que les spiritueux
canadiens de double distillation sont dilués de manière à optimiser les profits
des traiteurs sans toutefois éveiller les soupçons des buveurs. Pour les
Niitsitapis, écrit-il le 15 septembre 1809…
… [nous] fournissons des mélanges moins forts qu’aux tribus plus
accoutumées aux boissons alcoolisées. Pour un baril de neuf gallons [environ
40 litres], nous utilisons généralement quatre ou cinq pintes [environ quatre
ou cinq litres] de vin spiritueux que nous complétons avec de l’eau. Pour
les Cris et les Assiniboines, nous utilisons six pintes de spiritueux ; pour les
Saulteux, huit ou neuf36.
Au lendemain de l’épidémie, de nouveaux groupes de chasseurs et
trappeurs affluent vers l’Ouest pour répondre à la demande grandissante de
pelleteries ; ce sont notamment des Anichinabés. Puisqu’ils commercent avec
les traiteurs depuis de longues années déjà et que les animaux à fourrure se
sont considérablement raréfiés dans leur territoire d’origine de l’Est, ils
saisissent très vite les nouvelles possibilités que l’Ouest leur offre. Dès les
années 1790, les nouveaux arrivants anichinabés forment un groupe distinct :
les Ojibwés de l’Ouest (ou Saulteaux)37. Avec leurs pièges d’acier
ultramodernes et leurs appâts de castoréum, ils s’imposent rapidement dans
tout l’Ouest comme des trappeurs commerciaux de premier plan38. À l’instar
des traiteurs canadiens, ils tirent parti de leur position stratégique dans les
réseaux commerciaux pour maximiser leurs rendements ; en particulier, ils
savent exploiter à leur avantage la rivalité entre les acheteurs. Ce faisant, ils
s’attirent sur les berges de la rivière Assiniboine une solide réputation de
vauriens…
En élargissant leur territoire de piégeage, les Anichinabés contraignent
à l’exil les collectivités qui y sont installées de plus longue date, souvent par
l’intimidation physique et psychologique. Même leurs alliés n’échappent pas
à leurs méthodes vigoureuses39. Le long de la rivière Castor, dans l’ouest de
la Saskatchewan, Peter Fidler n’obtient bientôt plus la collaboration des
populations locales, car « tous les Indiens de la région ont peur des Bungis [les
Anichinabés]40 ». Depuis l’Est, les Anichinabés ont également apporté avec
36. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, 2, p. 542.
37. Peers, The Ojibwa of Western Canada, p. 17 ; Hickerson, « Journal of Charles Jean Baptiste
Chaboillez », p. 270.
38. Le castoréum est une sécrétion des glandes inguinales du castor. Les trappeurs en frottaient leurs
pièges pour attirer les castors.
39. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, 2, p. 477.
40. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, « 8 September 1799 », p. 213.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 105
eux leurs saisissantes coutumes religieuses, laissant au passage des traces bien
visibles de leur pouvoir dans leur nouvelle région. Au portage séparant la
rivière Castor du lac La Biche, « [les envahisseurs…] ont disposé une idole
dans la rivière Castor pour s’attirer sa protection41 ». À l’occasion, comme ils
le font aussi à la rivière de la Paix, les traiteurs canadiens attisent par ailleurs
l’expansion territoriale violente des Anichinabés pour augmenter leurs
approvisionnements en pelleteries42.
Ces conquêtes de territoires suscitent évidemment des collisions entre
les Anichinabés et les autres Autochtones de l’est des Plaines. Leur arrivée
dans le sud du Manitoba ravive leurs conflits avec les Dakotas, contre lesquels
ils se battent par intermittence depuis les années 173043. Dans les
années 1790, les berges de la rivière Rouge sont largement inhabitées et
servent presque exclusivement de champs de bataille. Les traiteurs considèrent
même La Fourche, à la confluence de la rivière Assiniboine et de la Rouge,
comme un secteur périlleux44. Les Assiniboines, qui ont autrefois vécu le
long de la Rouge, « réclament […] que quelqu’un passe l’été avec eux, car ils
n’aiment pas aller au Fort Saulteur [Pembina]45 ». En signant le traité de
Selkirk en 1817, les Cris cèdent volontiers aux Saulteaux les terres situées à
l’est de Portage la Prairie46.
Tandis que les Anichinabés raffermissent leur mainmise sur la rivière
Rouge, l’accroissement de la population européenne dans l’intérieur des
terres stimule le commerce des denrées alimentaires. La plupart des vivres
destinés aux traiteurs canadiens convergent jusqu’à l’embouchure de la rivière
Winnipeg ; elles viennent parfois de très loin, par exemple de la vallée de la
Qu’Appelle, par la rivière Assiniboine. Plusieurs facteurs contribuent à
l’intensification de la concurrence à l’ouest de la rivière Rouge au milieu des
années 1790. L’essor de la CBH nuit considérablement aux stratégies
commerciales de la CNO, qui reposent en grande partie sur les approvision-
nements des traiteurs en pemmican47. Surnommés les « hommes du Sud » en
raison de leurs exploits dans des terres qui appartiendront plus tard aux
41. Ibid., « 17 October 1799 », p. 216 ; James G. MacGregor, Peter Fidler : Canada’s Forgotten Surveyor,
1769–1822, Toronto : McClelland and Stewart, 1966, p. 116, 121-122.
42. Kerry Abel, Drum Songs : Glimpses of Dene History, Montréal : McGill-Queen’s University Press,
1993, p. 79-80.
43. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, 1, p. 144-145.
44. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 431.
45. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, « Alexander Henry,
1 March 1804 », 1, p. 239.
46. Archives provinciales du Manitoba (ci-après : APM), MG 2 A 1, Selkirk Papers, Coltman to Selkirk,
Red River, 17 July 1817, p. 3814.
47. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 1670–1870, 2, p. 180.
106 L a destruction des I ndiens des P laines
48. Marjorie Wilkins Campbell, The North-West Company, Toronto : Macmillan, 1955, p. 108-111.
49. Ray, Indians in the Fur Trade, p. 130.
50. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, p. xc ; MacGregor, Peter Fidler,
p. 238-239.
51. MacGregor, Peter Fidler, p. 156.
52. Gertrude Nicks, Demographic Anthropology of Native Populations in Western Canada, 1800–1975
(thèse de doctorat), University of Alberta, 1980, p. 56.
53. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, p. xcii. Voir également : Paul Thistle,
Indian–European Trade Relations in the Lower Saskatchewan River Region to 1840 (Manitoba Studies
in Native History), Winnipeg : University of Manitoba Press, 1986, p. 73.
54. John Foster, « Wintering, the Outsider Adult Male, and the Ethnogenesis of the Western Plains
Métis », Prairie Forum, 19, 1994, p. 7 ; Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence,
p. 311-316 ; MacGregor, Peter Fidler, p. 140-141 ; Michael K. Trimble, « Chronology of Epidemics
among Plains Village Horticulturalists, 1738–1838 », Southwestern Lore, 54, 1988, p. 13 ; Garrick
Mallery, Picture-Writing of the American Indians (vol. 1), New York : Dover Publications, 1972,
p. 273, 313. Voir également : Fowler, Shared Symbols, Contested Meanings, p. 43-46 ; Jody Decker,
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 107
font aussi des ennemis de l’autre côté des Rocheuses. Le traiteur Daniel
Harmon signale ainsi le massacre d’une famille iroquoise par des membres de
la nation Carrier en Oregon55.
La CBH méprise profondément les Iroquois, presque tous à l’emploi
d’entreprises canadiennes. Le traiteur Angus Shaw les compare aux sauterelles
d’Égypte, qui n’apportent que la misère et la dévastation dans leurs terres d’hi-
vernage56. Mais le point de vue des Anglais changera du tout au tout en 1818 :
cette année-là, les Iroquois passent massivement à la CBH, et contribuent
largement à l’effondrement de la Compagnie du Nord-Ouest57.
Dans plusieurs régions, les animaux à fourrure, déjà mis en péril par la
chasse intensive, subissent en outre des assauts pathogéniques qui les poussent
au bord de l’extinction. À Edmonton House, George Sutherland note
en 1796 qu’une « grande fièvre touchant les castors » fait baisser les
approvisionnements58. Quelques années plus tard, John Tanner décrit une
flambée similaire au Manitoba59. La baisse des populations de castors est si
soudaine et massive qu’un pourvoyeur de la rivière Swan en conclut que c’est
le Créateur qui a déchaîné cette calamité pour punir les chasseurs-trappeurs
de leur convoitise60. Les notes de Peter Fidler laissent à penser que cette
maladie aurait continué de faire des ravages jusqu’en 1820, au moins dans
certains secteurs61.
Ce fléau est de toute évidence une zoonose : il frappe les humains autant
que les animaux. Il fait de nombreux morts dans la collectivité anichinabée de
Tanner, et la douleur pousse Tanner lui-même à la folie, presque au suicide62.
Certains chercheurs ont avancé qu’il pourrait s’agir d’une forme typhoïdique
‘We Should Never Be Again the Same People’ : The Diffusion and Cumulative Impact of Acute Infectious
Diseases Affecting the Natives on the Northern Plains of the Western Interior of Canada (thèse de
doctorat), York University, 1989, p. 86-89 ; Frisch, « Some Ethnological and Ethnohistoric Notes on
the Iroquois of Alberta », p. 53.
55. Daniel Harmon, Sixteen Years in the Indian Country : The Journal of Daniel Williams Harmon, 1800–
1816 (sous la direction de W. Kaye Lamb), Toronto : Macmillan, 1957, entrée du 13 octobre 1818,
p. 193 ; MacGregor, Peter Fidler, p. 105 ; Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater
Northwest, p. 647.
56. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, « Angus Shaw to Joseph Colen, Fort
Augustus, 10 May 1797 », p. xxxii-xxxiii.
57. Theodore J. Karamanski, « The Iroquois and the Fur Trade of the Far West », The Beaver, 312, 1982,
p. 7.
58. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, « 3 May 1797 », p. 92.
59. Tanner, Trente ans de captivité chez les indiens Ojibwa, p. 99.
60. Robert Brightman, « Conservation and Resource Depletion : The Case of the Boreal Forest
Algonkians », dans : Bonnie McCay et James Acheson (dir.), The Question of the Commons : The
Culture and Ecology of Communal Resources, Tucson : University of Arizona Press, 1987, p. 133.
61. Ray, Indians in the Fur Trade, p. 119.
62. Tanner, Trente ans de captivité chez les indiens Ojibwa, p. 105-106.
108 L a destruction des I ndiens des P laines
63. Calvin Martin, Keepers of the Game : Indian–Animal Relationships and the Fur Trade, Berkeley :
University of California Press, 1978, p. 140-141.
64. Ibid., p. 138-139. F. tularensis se transmet à l’humain « par la morsure d’une tique ou autre insecte
suceur de sang qui est porteur de l’infection ; par le contact direct avec un animal infecté ; par l’in-
gestion de viande mal apprêtée ou d’eau contenant le microorganisme ». Clayton L. Thomas (dir.),
Taber’s Cyclopedic Medical Dictionary (16e éd.), Philadelphie : F. A. Davis, 1989, p. 1921.
65. Coues (dir.), New Light on the Early History of the Greater Northwest, 1, p. 135, 153, 161.
66. Ibid., p. 203.
67. Paul Hackett, “A Very Remarkable Sickness” : Epidemics in the Petit Nord, 1670 to 1846, Winnipeg :
University of Manitoba Press, 2002, p. 257.
68. Johnson (dir.), Saskatchewan Journals and Correspondence, « William Tomison, 12 January 1796 »,
p. 24-25, 128, 161-167.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 109
précaire. Ainsi que le résume l’historienne Kerry Abel : « Le coût d’une telle
entreprise s’avérait tout simplement trop élevé77. »
Mais les traiteurs canadiens trouvent très vite le moyen de surmonter
les réticences des Chipewyans à l’égard du piégeage commercial. À partir du
début des années 1790, ils enlèvent régulièrement des femmes à leur famille
pour garantir le paiement de leurs dettes ; ils les vendent ensuite à des
employés des entreprises pour un prix oscillant entre 500 et 2 000 livres. « Si
le père ou le mari oppose une résistance, il n’obtient pour toute satisfaction
qu’une bonne volée de coups, et ils ne se contentent pas d’emporter la
femme ; très souvent, ils prennent aussi le fusil et la tente », écrit, scandalisé,
Philip Turnor, un arpenteur de la CBH78. N’étant pas entravés par les
restrictions légales ni les scrupules moraux, les traiteurs canadiens engrangent
d’abord d’impressionnants succès. En 1795, ils établissent des postes sur le
Mackenzie. Duncan Livingstone, le Canadien le plus influent de la traite le
long de ce fleuve, jouit d’une enviable réputation parmi ses homologues :
« Sous sa gouverne, ces gens ont été comme façonnés de neuf et amenés à une
obéissance implicite à l’autorité blanche », écrit Willard Wentzel, agent
principal de la CNO, à Roderick Mackenzie79. Dans l’Athabasca, cette
« autorité » se manifeste aussi par le trafic des femmes réduites en esclavage80.
Le commerce dégénère en une « extravagante » concurrence quand la
compagnie XY s’établit dans la région en 1799, puis la CBH en 180281. La
production de fourrures du Nord s’effondre entre 1800 et 1806, à l’époque
de la fusion des rivales canadiennes. Les importations de spiritueux,
par contre, explosent : elles passent d’une moyenne de 9 600 gallons (environ
45 000 litres) dans les années 1790 à plus de 21 000 gallons (environ
100 000 litres) en 180382. Wentzel en conclut que le déclin commercial est
causé par la concurrence entre les deux entreprises canadiennes et aussi « dans
83. « Letter to Roderick Mackenzie, 27 March 1807 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la Compagnie
du Nord-Ouest, 1, p. 95-96.
84. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 292-293.
85. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 138.
86. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 292.
87. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 71.
112 L a destruction des I ndiens des P laines
88. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 295.
89. Beryl C. Gillespie, « An Ethnohistory of the Yellowknives : A Northern Athapaskan Tribe », dans :
David B. Carlisle (dir.), Contributions to Canadian Ethnology, 1975 (Mercury Series, Canadian
Ethnology Service Paper 31), Ottawa : National Museum of Man, 1975, p. 209.
90. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 73-74.
91. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 2, p. 229.
92. Ibid., p. 230.
93. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 295-296 ; Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 74 ; MacGregor,
Peter Fidler, p. 157 ; Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 2, p. 230 ; Heather Devine,
« Ambition versus Loyalty : Miles Macdonnell and the Decline of the Northwest Company », dans :
J. Fiske, Susan Sleeper-Smith et William Wicken (dir.), New Faces of the Fur Trade : Selected Papers
of the Seventh North American Fur Trade Conference, East Lansing : Michigan State University Press,
1998, p. 255.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 113
94. Harmon, Sixteen Years in the Indian Country, entrée du 10 avril 1805, p. 87.
95. MacGregor, Peter Fidler, p. 149, 172.
96. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 2, p. 274 ; Sloan, « The Native Response to the
Extension of the European Traders into the Athabasca and Mackenzie Basin », p. 297.
97. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 107.
98. « Letter to Roderick Mackenzie, 27 March 1807 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la Compagnie
du Nord-Ouest, 1, p. 86, 92. Voir également : June Helm, « Female Infanticide, European Diseases,
and Population Levels among Mackenzie Dene », American Ethnologist, 7, 1980, p. 259-285 ;
Shepard Krech III, « The Influence of Disease and the Fur Trade on Arctic Drainage Lowlands
Dene, 1800–1850 », Journal of Anthropological Research, 39, 1983, p. 123-146.
99. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 102, 150.
114 L a destruction des I ndiens des P laines
Les Dénés Tha’ vivent à cette époque sous le joug de contraintes extrê-
mement lourdes. La maladie décime sans relâche les humains et n’épargne
pas les animaux. L’irruption des Chipewyans dans leur territoire de piégeage
du castor déstabilise profondément leur collectivité100. Évincés de la rivière
de la Paix par les agents iroquois et cris de la Compagnie du Nord-Ouest, les
Dunnezas ont déplacé leur territoire en expulsant au passage les Nahannis
des rives de la haute rivière Liard101. Dans l’un de leurs affrontements, les
Dunnezas tuent 22 Nahannis. Les combats intertribaux favorisent aussi la
propagation des microbes102. La maladie qui sévit dans le Nord en 1806-
1807 pourrait constituer un avatar septentrional de l’épidémie de coque-
luche qui a déferlé depuis la rivière Rouge jusqu’au fleuve Columbia.
La faim constitue également un péril constant pour toutes les
populations du Grand Nord. Au printemps 1809, Daniel Harmon rapporte
que plusieurs Canadiens sont morts de faim au Grand lac de l’Ours (Great
Bear Lake), et que certains des survivants de ce calvaire « ont mangé leurs
compagnons emportés par la mort103 ». L’effondrement des populations de
lièvres lors d’un hiver particulièrement rigoureux déclenche deux ans plus
tard une famine majeure dans la région104. Signe éloquent de la précarité des
moyens de subsistance dans le Nord, les creux démographiques cycliques des
lièvres provoquent régulièrement des disettes.
L’hiver 1810-1811 se révèle particulièrement atroce. Au poste du fleuve
Mackenzie, « [trois] chrétiens sur quatre » meurent de faim. Pour éviter ce
triste sort, les survivants doivent se résoudre au pire. Des cas de cannibalisme
sont signalés dans toutes les régions nordiques ; neuf sont confirmés
entre 1811 et 1815 dans le secteur du fleuve Nelson, dans le nord du
Manitoba105. La pénurie persistante de lièvres et de poissons amenuise aussi
la production des fourrures, car les traiteurs « ont fort à faire pour assembler
suffisamment de provisions pour l’hiver106 ». La guerre qui éclate entre les
100. Shepard Krech III, « The Trade of the Slavey and Dogrib at Fort Simpson in the Early Nineteenth
Century », dans : Shepard Krech III (dir.), The Subarctic Fur Trade : Native Social and Economic
Adaptations, Vancouver : UBC Press, 1984, p. 107.
101. « George Keith to Roderick Mackenzie, 7 January 1807 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 2, p. 68.
102. « George Keith to Roderick Mackenzie, 1 December 1808 », ibid., 2, p. 79.
103. Harmon, Sixteen Years in the Indian Country, p. 120.
104. « Willard Wentzel to Roderick Mackenzie, 30 April 1811 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 1, p. 106-107.
105. SAB, R. G. Ferguson Papers, microfilm 2.391 ; Brightman, « Conservation and Resource
Depletion », p. 124-125.
106. « George Keith to Roderick Mackenzie, 5 January 1812 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 2, p. 97.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 115
107. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 81 ; « George Keith to Roderick Mackenzie,
8 November 1812 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest, 2, p. 98 ;
« John McDonald of Garth, Autobiographical Notes », ibid., p. 42.
108. Krech, « The Influence of Disease and the Fur Trade on Arctic Drainage Lowlands Dene », p. 134 ;
« George Keith to Roderick Mackenzie, 15 January 1814 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 2, p. 125-126.
109. « George Keith to Roderick Mackenzie, Mackenzie River Forks, 15 January 1814 », dans : Masson
(dir.), Les Bourgeois de la Compagnie du Nord-Ouest, 2, p. 125-126.
110. « Willard Wentzel to Roderick Mackenzie, 28 February 1814 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de
la Compagnie du Nord-Ouest, 1, p. 109-110. Voir aussi : Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur
Trade, p. 81. Au lac Reindeer, la rumeur affirme que les Chipewyans complotent pour détruire les
postes des Canadiens et ceux de la CBH. Abel, Drum Songs, p. 81.
111. Theodore J. Karamanski, Fur Trade and Exploration : Opening the Far Northwest, 1821–1852,
Norman : University of Oklahoma Press, 1983, p. 19.
112. Miles Macdonnell, de la CBH, émet cette « Proclamation du pemmican » de sinistre mémoire le
8 janvier 1814. Bumsted, Fur Trade Wars, p. 93-257 ; Ann M. Carlos et Elizabeth Hoffman, « The
North American Fur Trade : Bargaining to a Joint Profit Maximum under Incomplete Information,
1804–1821 », Journal of Economic History, 46, 1986, p. 980-981.
116 L a destruction des I ndiens des P laines
113. Edith Burley, Servants of the Honourable Company : Work, Discipline, and Conflict in the Hudson’s Bay
Company, 1770–1879, Don Mills (Ontario) : Oxford University Press, 1997, p. 225-232.
114. Shirley Ann Smith, « Crossed Swords : Colin Robertson and the Athabasca Campaign », dans :
Patricia McCormack et R. Geoffrey Ironside (dir.), Proceedings of the Fort Chipewyan and Fort
Vermilion Bicentennial Conference, Edmonton : Boreal Institute for Northern Studies, 1990,
p. 69-74 ; MacGregor, Peter Fidler, p. 173.
115. Rich, The History of the Hudson’s Bay Company, 2, p. 316 ; Carlos et Hoffman, « The North American
Fur Trade », p. 981-982 ; Ann M. Carlos, « The Birth and Death of Predatory Competition in the
North American Fur Trade : 1810–1821 », Explorations in Economic History, 19, 1982, p. 164n25.
116. « Willard Wentzel to George Keith, 28 May 1816 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 1, p. 117.
117. T. F. Ball, « The Year without a Summer : Its Impact on the Fur Trade and History of Western
Canada », dans : C. R. Harington (dir.), The Year without a Summer ? World Climate in 1816,
Ottawa : Canadian Museum of Nature, 1992, p. 196-202 ; Roger Stuffling et Ron Fritz, « The
Ecology of a Famine : Northwestern Ontario in 1815–17 », dans : Ibid., p. 203-217.
118. « Willard Wentzel to George Keith, 28 May 1816 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 1, p. 117.
119. Harmon, Sixteen Years in the Indian Country, entrée du 23 novembre 1816, p. 65, 189.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 117
123. Krech, « The Influence of Disease and the Fur Trade on Arctic Drainage Lowlands Dene », p. 133 ;
Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, p. 89 ; Harmon, Sixteen Years in the Indian Country,
entrée du 1er septembre 1817, p. 191.
124. « Willard Wentzel to Roderick Mackenzie, 5 April 1819 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la
Compagnie du Nord-Ouest, 1, p. 122.
125. Sloan, « The Native Response to the Extension of the European Traders into the Athabasca and
Mackenzie Basin », p. 299.
126. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 274-275.
127. « Letter to Roderick Mackenzie, 23 May 1820 », dans : Masson (dir.), Les Bourgeois de la Compagnie
du Nord-Ouest, vol. 1, p. 130.
4 L a guerre des fourrures : désespérance et carnage , 1783-1821 119
Cris et les Assiniboines, à conclure une trêve128. Chez les peuples des Plaines,
le taux de mortalité oscille aussi entre 40 à 65 pour cent. Dans la seule région
de Brandon, 2 400 Assiniboines perdent la vie129. Un quart de la population
assiniboine dans son ensemble pourrait ainsi avoir succombé à la maladie130.
Remontant vers le nord par le Missouri, la variole revient également
hanter les Plaines131. Après s’être d’abord manifestée à l’été 1818, elle pourrait
ensuite avoir emprunté deux « véhicules » pour gagner le Nord-Ouest132. Au
19e siècle, il n’était pas rare de voir un ou deux malades dans les équipages des
brigades de canots canadiens qui s’élançaient vers l’Ouest, traversaient le lac
Supérieur, puis gagnaient la rivière Rouge et les Plaines en apportant leurs
microbes avec eux. Avec ses nombreuses collectivités encore sous le coup
d’une petite épidémie de variole survenue en 1816, le fleuve Missouri
constituait également une voie de propagation importante pour la maladie.
La variole atteint probablement les Mandans du Missouri au début de
l’année 1819. Au printemps, elle arrive à Brandon House ; poursuivant sa
course vers l’aval, elle s’abat au mois de juin sur la colonie de la rivière Rouge,
déjà très fragile133.
À l’automne, l’épidémie déferle sur l’Athabasca. Wentzel en conclut
qu’elle a été apportée par les nouveaux colons allemands de la rivière Rouge.
De son côté, Fidler, employé de la CBH, en rend les Nor’westers
responsables134. En ces derniers soubresauts acrimonieux de la guerre des
fourrures, les traiteurs canadiens, fidèles en cela à l’air du temps, lancent une
rumeur selon laquelle la CBH aurait délibérément infecté les populations du
lac La Biche et du Petit lac des Esclaves, y tuant 40 personnes135.
La faim accroît les ravages des pathogènes. La maladie rend certains
groupes, par exemple les Cris Moskégons de Cumberland House, « complè-
tement inaptes à la chasse136 ». À l’Île-à-la-Crosse, les chasseurs étant trop
affaiblis pour rapporter du gibier, la famine décime les survivants de
144. Carlos, « The Birth and Death of Predatory Competition in the North American Fur Trade »,
p. 181.
Chapitre 5
1. J. C. Yerbury, The Subarctic Indians and the Fur Trade, 1680–1860, Vancouver : UBC Press, 1986,
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Examination of the Problems of Resource Management in the Fur Trade », Journal of Historical
Geography, 1, 1975, p. 53.
3. Edith Burley, Servants of the Honourable Company : Work, Discipline, and Conflict in the Hudson’s Bay
Company, 1770–1879, Don Mills (Ontario) : Oxford University Press, 1997, p. 6 ; D. B. Freeman
124 L a destruction des I ndiens des P laines
et F. L. Dungey, « A Spatial Duopoly : Competition in Western Canadian Fur Trade, 1770–1835 »,
Journal of Historical Geography, 7, 1981, p. 268-270.
4. Carol Judd, « Native Labour and Social Stratification in the Hudson’s Bay Company’s Northern
Department, 1770–1870 », Canadian Review of Sociology and Anthropology, 17, 1980, p. 307. Voir
également : Glen Makahonuk, « Wage-Labour in the Northwest Fur Trade Economy, 1760–1849 »,
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Political Economy, 12, 1983, p. 64.
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5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 125
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dans : A. T. Steegmann (dir.), Boreal Forest Adaptations : The Northern Algonkians, New York :
Plenum Press, 1983, p. 170.
36. Ray, « Periodic Shortages, Native Welfare, and the Hudson’s Bay Company », p. 10.
37. Judd, « Native Labour and Social Stratification in the Hudson’s Bay Company’s Northern
Department », p. 307.
38. Morton, A History of the Canadian West to 1870–71, p. 698 ; Robert Brightman, « Conservation and
Resource Depletion : The Case of the Boreal Forest Algonkians », dans : Bonnie McCay et James
Acheson (dir.), The Question of the Commons : The Culture and Ecology of Communal Resources,
Tucson : University of Arizona Press, 1987, p. 137.
39. Brightman, « Conservation and Resource Depletion », p. 135.
40. Katherine L. Reedy-Maschner et Herbert D. G. Maschner, « Marauding Middlemen : Western
Expansion and Violent Conflict in the Subarctic », Ethnohistory, 46, 1999, p. 712.
132 L a destruction des I ndiens des P laines
41. Shepard Krech III, The Ecological Indian : Myth and History, New York : W. W. Norton and
Company, 1999, p. 194 ; Thistle, Indian–European Trade Relations in the Lower Saskatchewan River
Region to 1840, p. 88.
42. Martha McCarthy, To Evangelize the Nations : Roman Catholic Missions in Manitoba, 1818–1870,
Winnipeg : Manitoba Culture, Heritage and Recreation, Historic Resources, 1990, p. 51.
43. Burley, Servants of the Honourable Company, p. 102, 107-108.
44. Aborigines’ Protection Society, Canada West and the Hudson’s Bay Company : A Political and Humane
Question of Vital Importance to the Honour of Great Britain, to the Prosperity of Canada, and to the
Existence of the Native Tribes ; Being an Address to the Right Honourable Henry Labouchere, Her
Majesty’s Principal Secretary of State for the Colonies, Londres : William Tweedie, 1856, p. 3.
45. McCarthy, To Evangelize the Nations, p. 16. Voir aussi : David McCrady, Living with Strangers : The
Nineteenth-Century Sioux and the Canadian–American Borderlands (thèse de doctorat), University of
Manitoba, 1998, p. 20-27 ; Milloy, The Plains Cree, p. 111 ; Ron Rivard et Catherine Littlejohn, The
History of the Métis of Willow Bunch, Saskatoon : Apex Graphics, 2003, p. 58-68.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 133
46. Milloy, The Plains Cree, p. 99 ; Ray, « Periodic Shortages, Native Welfare, and the Hudson’s Bay
Company », p. 5.
47. Frank G. Roe, The North American Buffalo : A Critical Study of the Species in Its Wild State, Toronto :
University of Toronto Press, 1970, p. 396.
48. Jeffrey Ostler, The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and Clark to Wounded Knee,
Cambridge (R.-U.) : Cambridge University Press, 2004, p. 57-58.
49. John Foster, « Wintering, the Outsider Adult Male, and the Ethnogenesis of the Western Plains
Métis », Prairie Forum, 19, 1994, p. 1-15.
50. J. G. MacGregor, John Rowand : Czar of the Prairies, Saskatoon : Western Producer Prairie Books,
1978, p. 88-89.
51. Milloy, The Plains Cree, p. 105.
134 L a destruction des I ndiens des P laines
52. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 172. Voir également : Arthur J. Ray, « Diffusion of Diseases
in the Western Interior of Canada, 1830–1850 », Geographical Review, 66, 1976, p. 139-157.
53. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 161.
54. Samuel G. Morton, Illustrations of Pulmonary Consumption : Its Anatomical Characters, Causes,
Symptoms, and Treatment, Philadelphie : E. C. Biddle, 1837, p. 312-313.
55. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 162-163.
56. Milloy, The Plains Cree, p. 65.
57. Fossett, In Order to Live Untroubled, p. 140.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 135
58. Michael K. Trimble, « Chronology of Epidemics among Plains Village Horticulturalists, 1738–
1838 », Southwestern Lore, 54, 1988, p. 23.
59. Morton, Illustrations of Pulmonary Consumption, p. 312-313. Ce constat témoigne de l’émergence
de la maladie dans le nord du territoire britannique.
60. Michael K. Trimble, « The 1832 Inoculation Program on the Missouri River », dans : John W. Verano
et Douglas Ubelaker (dir.), Disease and Demography in the Americas, Washington (DC) : Smithsonian
Institution Press, 1992, p. 260-263.
61. Ostler, The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and Clark to Wounded Knee, p. 31.
62. Trimble, « The 1832 Inoculation Program on the Missouri River », p. 257. De toutes les épidémies
qui ont touché les Plaines au 19e siècle, celle de 1837 est sans doute la plus abondamment décrite
dans les documents de l’époque. En ce qui concerne la situation au sud de la frontière, voir : Milo
M. Quaife (dir.), « The Smallpox Epidemic on the Upper Missouri », Mississippi Valley Historical
Review, 17, 1930-1931, p. 278-299 ; Clyde D. Dollar, « The High Plains Smallpox Epidemic of
1837–38 », Western Historical Quarterly, 8, 1977, p. 15-38 ; Michael K. Trimble, « The 1837–1838
Smallpox Epidemic on the Upper Missouri », dans : Douglas Owsley et Richard Jantz (dir.), Skeletal
136 L a destruction des I ndiens des P laines
Bataille entre Pieds-Noirs, Cris et Assiniboines, Fort McKenzie, Montana, 1833. Glenbow
Archives, NA-2347-1.
Biology in the Great Plains : Migration, Warfare, Health, and Subsistence, Washington (DC) :
Smithsonian Institution Press, 1994, p. 81-89 ; K. C. Tessendorf, « Red Death on the Missouri »,
American West, 14, 1977, p. 48-53 ; R. G. Robertson, Rotting Face : Smallpox and the American
Indian, Caldwell (Idaho) : Claxton Press, 2001.
63. Ostler, The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and Clark to Wounded Knee, p. 31.
64. Ray, « Diffusion of Diseases in the Western Interior of Canada », p. 155-156.
65. Arthur J. Ray, Indians in the Fur Trade : Their Role as Trappers, Hunters, and Middlemen in the Lands
Southwest of Hudson Bay, Toronto : University of Toronto Press, 1974, p. 193n11.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 137
en 1848 : « La plaine était semée des ossements de tout un camp indien, qui
avait été détruit par le fléau habituel à cette race, la petite vérole [la variole]66. »
La CBH procurant une assistance, médicale et autre, à ses pourvoyeurs
des régions viables, l’épidémie cause moins de ravages sur son territoire. Le
gouverneur Simpson décrit en ces termes les postes de la CBH : « [Ce sont
des] hôpitaux pour les Indiens qui nourrissent, habillent et voient à la
subsistance de tous ceux qui ne peuvent pas chasser dans les mois d’hiver67. »
L’entreprise n’est pas motivée uniquement par l’altruisme ; ses employés
viennent en aide aux femmes, aux malades et aux personnes âgées de sorte
que les hommes en bonne santé puissent continuer de se consacrer à la chasse
commerciale.
Dans le secteur de la rivière Swan, le Dr William Todd, surnommé
« Picote » parce qu’il a lui-même été défiguré par la variole, implante une
grande campagne de vaccination qui contribue largement à enrayer la progres-
sion de la maladie68. Son travail aura des conséquences décisives sur l’évolu-
tion démographique des populations autochtones des Plaines canadiennes.
Après l’épidémie, les survivants cris, saulteaux et assiniboines se regroupent,
abolissant au passage les lignes de démarcation ethniques entre eux69. La
maladie ne frappant pas également tous les groupes, elle en affaiblit certains
tandis qu’elle en favorise d’autres, par exemple les Anichinabés, ou Saulteaux,
dans le territoire qu’ils partagent avec les Cris et les Assiniboines, particulière-
ment au sud de la rivière Assiniboine70. La plupart des Autochtones qui le
peuvent se font vacciner par la CBH ; nombreux sont ainsi les groupes qui se
rendent jusqu’au poste de Todd pour réclamer l’immunisation. Quelques-
uns, par exemple une bande de Cris de la Qu’Appelle, acceptent de se faire
vacciner, mais seulement après qu’ils en ont discuté avec Todd71.
66. Paul Kane, Les Indiens de la Baie d’Hudson : Promenades d’un artiste parmi les Indiens de l’Amérique
du Nord, depuis le Canada jusqu’à l’île de Vancouver et l’Orégon à travers le territoire de la Compagnie
de la Baie d’Hudson (« imité de l’anglais » par Edouard Delessert), Paris : Amyot, 1861, p. 71-72.
67. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 447-448 ; Ray, « Periodic Shortages, Native Welfare, and
the Hudson’s Bay Company », p. 1-20.
68. Bibliothèque et Archives Canada (ci-après : BAC), MG 29 B 15, Robert Bell Papers, vol. 61, f. 34,
Anonyme, « Reminiscences of One of the Last Descendants of a Bourgeois of the Northwest
Company », n.d., p. 29 ; Arthur J. Ray, « Smallpox : The Epidemic of 1837–38 », The Beaver, 306,
1975, p. 9-11.
69. Peers, The Ojibwa of Western Canada, p. 142.
70. Patricia Albers, « Changing Patterns of Ethnicity in the Northeastern Plains, 1780–1870 », dans :
Jonathan Hill (dir.), History, Power, and Identity : Ethnogenesis in the Americas, 1492–1992, Iowa
City : University of Iowa Press, 1996, p. 104.
71. ACBH, B.159/a/17, Dr. Todd’s Journal, 22-23 octobre 1837, p. 5 ; 15 novembre 1837, p. 8 ;
8 décembre 1837, p. 9b.
138 L a destruction des I ndiens des P laines
plausible qu’ils se soient réfugiés parmi les Stoneys, cela n’est toutefois guère
probable : les recherches linguistiques établissent que les deux groupes ont
vécu séparément si longtemps que le Stoney serait « sur le point de devenir
une langue distincte » des autres dialectes Sioux, y compris l’Assiniboine79.
La maladie et la mort ont certainement joué un rôle dans la migration des
Stoneys vers les contreforts des Rocheuses ; cependant, ils occupaient cette
région depuis la fin du 18e siècle au moins, et commerçaient d’ailleurs avec la
CBH aux postes d’Edmonton et de Rocky Mountain House80. Quelle que
soit la mortalité exacte que la flambée de 1837 a infligée aux Assiniboines, la
variole a de toute évidence contribué à leur déclin rapide au 19e siècle. Ils ont
également pâti de ne pas avoir su maintenir des troupeaux équins suffisants
pour rester compétitifs dans l’économie de la chasse au bison. Dès le milieu
du 19e siècle, les documents les décrivent sous les traits d’une population
« appauvrie » ne possédant presque pas de chevaux81. Les quelques réserves
qu’ils occupent à l’heure actuelle ne constituent qu’un très pâle écho de la
puissance qui était jadis la leur dans tout l’Ouest.
En plus de se faire vacciner, nombreux sont les groupes qui recourent à
une stratégie dûment éprouvée pour éviter la contagion : prendre le large
pour aller se réfugier dans les secteurs les plus sûrs de la forêt ou des Plaines.
À Pelly, rapporte le Dr Todd, au moins deux bandes refusent de se rendre au
poste de traite par crainte de l’infection ; l’une vit le long de la rivière Red
Deer (au Manitoba), l’autre dans les monts Beaver. Ces deux groupes
préfèrent subsister de peine et de misère en se nourrissant de lièvres plutôt
que de courir le risque d’attraper la terrible maladie en gagnant les terres des
Plaines fertiles en bisons82.
La CBH procure aux groupes autochtones différents types d’assistance
médicale pendant ses années de monopole, notamment des vaccins
administrés par le Dr Todd, d’autres employés de la CBH, ou même des
membres des Premières Nations formés à cette fin. Todd envoie en effet un
groupe de pourvoyeurs autochtones dans les « Strong Woods » munis de
produits pharmaceutiques et d’une lancette (une lame effilée pour la
vaccination) ; le médecin prend aussi « beaucoup de peine à leur expliquer
79. Douglas R. Parks et Raymond J. DeMallie, « Sioux, Assiniboine, and Stoney Dialects : A
Classification », Anthropological Linguistics, 34, 1992, p. 248.
80. Ian A. L. Getty et Erik Gooding, « Stoney », dans : Raymond J. DeMallie, Plains, vol. 13, partie 1
du Handbook of North American Indians, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press, 2001,
p. 596.
81. Gary Doige, Warfare Patterns of the Assiniboine to 1809 (mémoire de maîtrise), University of
Manitoba, 1987, p. 172.
82. ACBH, B.159/a/17 :9b (8 décembre 1837), 16b (5 mars 1838).
140 L a destruction des I ndiens des P laines
comment s’en servir pour vacciner les gens83 ». De tous les pathogènes qui
menacent à l’époque les humains, la variole s’avère incontestablement le plus
virulent ; elle est cependant relativement simple à prévenir grâce à l’inoculation
d’une préparation contenant le virus de la vaccine (la variole des vaches).
Lewis et Clark emportent même des doses de vaccin dans leur célèbre
expédition84. L’importance de l’immunisation est très tôt reconnue en Terre
de Rupert. En 1811, dès avant l’arrivée des premiers colons, lord Selkirk
propose la mise sur pied d’une campagne de vaccination pour les populations
autochtones de la rivière Rouge. Une autre campagne est implantée à York
Factory deux ans plus tard, avec des sérums fournis par la CBH. Pendant les
flambées de rougeole et de coqueluche de 1820, comme la rumeur affirme
que ces deux maladies sont en train de monter vers le Nord, l’entreprise fait
également vacciner la population de la rivière Rouge. Au milieu des
années 1820, une campagne d’immunisation est implantée à Cumberland
House, à Norway House et le long de la rivière Albany. L’entreprise ne
déploiera toutefois son premier programme exhaustif de vaccination qu’au
lendemain de la flambée variolique de 183785.
Six mois avant la flambée qui se propagera le long du Missouri, les
postes de la CBH reçoivent des instructions pour déployer une campagne de
vaccination ; elles ne seront toutefois pas mises en œuvre86. Après l’épidémie,
l’entreprise implante un programme d’immunisation sur l’ensemble de son
territoire ; il constitue la toute première campagne de santé publique à grande
échelle de l’histoire du Nord-Ouest87. Des vaccins sont distribués jusqu’au
fleuve Mackenzie, aux confins occidentaux et septentrionaux des terres de la
Compagnie. Grinçante ironie du sort : en cherchant à enrayer la progression
de la maladie la plus virulente de l’époque, non sans un certain succès
d’ailleurs, les employés de la CBH apportent dans les collectivités qu’ils
visitent le virus de la grippe et d’autres fléaux ; au total, les taux de mortalité
dans ces communautés restent ainsi extrêmement élevés.
La CBH prend aussi d’autres mesures de prévention. Peu après la
fusion, le comité de Londres exhorte George Simpson à imposer des règles
d’hygiène très strictes à York Factory pour lutter contre les problèmes de
88. Michael Payne, L’endroit le plus respectable du territoire : la vie quotidienne au service de la Baie
d’Hudson à York Factory, 1788 à 1870, Ottawa : Lieux et parcs historiques nationaux, Service
canadien des parcs, Environnement Canada, 1989, p. 103-115.
89. Ibid., p. 114.
90. Hackett, “A Very Remarkable Sickness”, p. 189.
91. Ray, Indians in the Fur Trade, p. 189.
92. Fritz Pannekoek, « The Reverend James Evans and the Social Antagonisms of Fur Trade Society,
1840–1846 », dans : Richard Allen (dir.), Religion and Society in the Prairie West, Regina : Canadian
Plains Research Center, 1974, p. 2-3.
142 L a destruction des I ndiens des P laines
98. John S. Galbraith, « The Hudson’s Bay Company under Fire, 1847–62 », Canadian Historical
Review, 30, 1949, p. 322-325 ; voir particulièrement : Cooper, Alexander Kennedy Isbister. Voir
aussi : A. A. den Otter, « The 1857 Parliamentary Inquiry, the Hudson’s Bay Company, and Rupert’s
Land’s Aboriginal People », Prairie Forum, 24, 1999, p. 143-169.
99. Cooper, Alexander Kennedy Isbister, p. 107.
100. Ibid., p. 36, 108-110.
101. Fossett, In Order to Live Untroubled, p. 149, propose une analyse détaillée des perturbations
climatiques dans l’Arctique.
102. « J. H. Lefroy to Anna (Lefroy), Fort Simpson, 29 March 1844 », dans : John Henry Lefroy, in Search
of the Magnetic North : A Soldier–Surveyor’s Letters from the North-West 1843–1844 (sous la direction
de G. F. G. Stanley), Toronto : Macmillan, 1955, p. 110-111 ; Morton, A History of the Canadian
West to 1870–71, p. 821.
144 L a destruction des I ndiens des P laines
Dans les années 1840, les pathogènes qui se propagent par voie de terre
à la faveur du recul constant du front pionner des États-Unis menacent de
plus en plus les populations de la Terre de Rupert. L’ouverture du territoire
de l’Oregon aux colons en 1846 a des conséquences sanitaires très graves
pour cette région, y compris pour des populations très éloignées, par exemple
celle de York Factory. Face à l’exacerbation du litige entourant le territoire de
l’Oregon, un régiment anglais complet de presque 400 hommes103 se rend
cette année-là de York Factory à la colonie de la rivière Rouge pour la protéger
d’une éventuelle offensive américaine104. La CBH ne pouvant pas prendre en
charge les soldats à la baie d’Hudson, elle déroge à son protocole habituel de
quarantaine. Sans attendre, elle envoie les soldats vers la colonie pour qu’ils
puissent y trouver le gîte et le couvert. Ce transfert de troupes trop hâtif
répand la maladie comme une traînée de poudre. La rougeole gagne les
équipages des bateaux d’York dépêchés depuis la rivière Rouge pour prêter
main-forte aux troupes en déplacement et aggrave considérablement les
épidémies de grippe, de rougeole et de dysenterie qui ravagent déjà la région.
L’année 1846 s’impose ainsi comme l’une des plus calamiteuses de l’histoire
de la colonie de la rivière Rouge105. Les Autochtones du nord du Manitoba
sont si durement frappés par la mortalité qu’ils abandonnent leurs rites
traditionnels de deuil106.
Quoique relativement peu empruntée, la route reliant la tête des
Grands Lacs à la rivière Rouge s’avère également une voie importante de
propagation de l’infection. En particulier, la grippe déferle depuis le nord
de l’Ontario. Le traiteur Charles McKenzie relève qu’une bonne centaine de
personnes ont convergé vers le poste du lac Seul, devenu « plus hôpital que
cuisine107 ». La maladie se répand jusqu’au Yukon, à l’extrême nord-ouest108.
Tandis que la grippe sévit dans le pays tout entier, la rougeole conquiert
l’Ouest depuis la côte Est, empruntant peut-être au passage la piste de
115. Judd, « Native Labour and Social Stratification in the Hudson’s Bay Company’s Northern
Department », p. 311.
116. Galbraith, The Hudson’s Bay Company as an Imperial Factor, p. 61-62 ; William S. Gladstone, The
Gladstone Diary : Travels in the Early West (sous la direction de Bruce Haig), Lethbridge : Historic
Trails Society of Alberta, 1985, p. 43 ; Peers, The Ojibwa of Western Canada, p. 176‑179.
117. John Milloy, « Our Country : The Significance of the Buffalo Resource for a Plains Cree Sense of
Territory », dans : Kerry Abel et Jean Friesen (dir.), Aboriginal Resource Use in Canada : Historical and
Legal Aspects, Winnipeg : University of Manitoba Press, 1991, p. 64 ; Roe, The North American
Buffalo, p. 410.
118. Voir : Henry Youle Hind, Narrative of the Canadian Red River Exploring Expedition of 1857 and of
the Assiniboine and Saskatchewan Expedition of 1858, (2 vol.), Edmonton : Hurtig, 1971, 1,
p. 99-100.
119. Rupert’s Land Research Centre, An Historical Overview of Aboriginal Lifestyles : The Churchill–Nelson
River Drainage Basin, Winnipeg : Rupert’s Land Research Centre, 1992, p. 133 ; Peers, The Ojibwa
of Western Canada, p. 198 ; Sutherland, Peguis, p. 139-143.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 147
120. Hind, Narrative of the Canadian Red River Exploring Expedition of 1857 and of the Assiniboine and
Saskatchewan Expedition of 1858, 1, p. 361.
121. Irene Spry, « The Great Transformation : The Disappearance of the Commons in Western Canada »,
dans : Richard Allen (dir.), Man and Nature on the Prairies (Canadian Plains Studies 6), Regina :
Canadian Plains Research Center, 1976, p. 27 ; Milloy, The Plains Cree, p. 107.
122. Hector et Vaux, « Notice of the Indians Seen by the Exploring Expedition under the Command of
Captain Palliser », p. 251.
123. Ray, « Diffusion of Diseases in the Western Interior of Canada », p. 150.
124. Hurlich, « Historical and Recent Demography of the Algonkians of Northern Ontario », p. 161.
125. John MacLean, McDougall of Alberta, p. 38.
126. Winona Stevenson, « The Journals and Voices of a Church of England Native Catechist : Askenootow
(Charles Pratt), 1851–1884 », dans : Jennifer S. H. Brown et Elizabeth Vibert, Reading beyond
Words : Contexts for Native History, Peterborough : Broadview Press, 1996, p. 309.
148 L a destruction des I ndiens des P laines
127. Le Dr William Cowan entreprend ainsi une campagne de vaccination en 1852. BAC, MG 29 E 8,
Robert Bell Papers, Diary of William Cowan, Surgeon to Enrolled Army Pensioners at Fort Garry,
p. 22.
128. Katherine Hughes, Father Lacombe : The Blackrobe Voyageur, New York : Moffat, Yard and Company,
1911, p. 71-72.
129. Hector et Vaux, « Notice of the Indians Seen by the Exploring Expedition under the Command of
Captain Palliser », p. 258-259.
130. David Sauchyn et Walter Skinner, « A Proxy Record of Drought Severity for the Southwestern
Canadian Plains », Canadian Water Resources Journal, 26, 2001, p. 266.
131. David Smyth, The Niitsitapi Trade : Euroamericans and the Blackfoot Speaking Peoples to the Mid
1830s (thèse de doctorat), Carleton University, 2001, p. 529.
132. Richard T. Wright, Overlanders : The Epic Cross-Canada Treks for Gold, Williams Lake (Colombie-
Britannique) : Winter Quarters Press, 2000.
133. Galbraith, « The Hudson’s Bay Company under Fire », p. 333-335.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 149
134. Margaret A. Ormsby, British Columbia : A History, Vancouver : Macmillan of Canada, 1958,
p. 134-163 ; Robin Fisher, Contact and Conflict : Indian–European Relations in British Columbia,
1774–1890, Vancouver : UBC Press, 1977, p. 95-118.
135. Robert T. Boyd, « Demographic History, 1774–1874 », dans : Wayne Suttles (dir.), Northwest Coast,
vol. 7 du Handbook of North American Indians, Washington (DC) : Smithsonian Institution Press,
1990, p. 142 ; Edward S. Hewlett, « The Chilcotin Uprising of 1864 », B.C. Studies, 19, 1973, p. 63.
136. W. A. Cheadle, Cheadle’s Journal of a Trip across Canada, 1862–63, Edmonton : Hurtig, 1971,
p. 222.
137. Galbraith, « The Hudson’s Bay Company under Fire », p. 335 ; Doug Owram, Promise of Eden : The
Canadian Expansionist Movement and the Idea of the West, 1856–1900, Toronto : University of
Toronto Press, 1980, p. 38-58.
138. Peers, The Ojibwa of Western Canada, p. 199. Voir aussi : Cheadle, Cheadle’s Journal of a Trip across
Canada, p. 121.
150 L a destruction des I ndiens des P laines
139. Voir par exemple : « The Liquor Nuisance », The Nor’ Wester, 14 août 1860 ; BAC, MG 19 A 48, Fort
Garry Correspondence, Letter to Lawrence Clarke, 9 November 1867, Letter 4, p. 2.
140. Milloy, The Plains Cree, p. 105.
141. James G. MacGregor, Senator Hardisty’s Prairies, 1849–1889, Saskatoon : Western Producer Prairie
Books, 1978, p. 68-69. La CBH établit la première « ferme d’approvisionnement » à la rivière Rouge
en 1857. Carolyn Podruchny, Farming the Frontier : Agriculture in the Fur Trade, a Case Study of the
Provisional Farm at Lower Fort Garry, 1857–1870 (mémoire de maîtrise), McGill University, 1990.
142. D. W. Moodie et Barry Kaye, « The Northern Limit of Indian Agriculture in North America »,
Geographical Review, 59, 1969, p. 521 ; Sarah Carter, Lost Harvests : Prairie Indian Reserve Farmers
and Government Policy, Montréal : McGill-Queen’s University Press, 1990, p. 42-43 ; Hector et
Vaux, « Notice of the Indians Seen by the Exploring Expedition under the Command of Captain
Palliser », p. 248.
143. McCarthy, To Evangelize the Nations, p. 222 ; T. R. Allsopp, Agricultural Weather in the Red River
Basin of Southern Manitoba over the period 1800 to 1975 (Atmospheric Environment Report
CLI–3–77), Downsview (Ontario) : Fisheries and Environment Canada, 1977, p. 11-12 ; Sauchyn
et Skinner, « A Proxy Record of Drought Severity for the Southwestern Canadian Plains », p. 266.
144. Galbraith, The Hudson’s Bay Company as an Imperial Factor, p. 387-390.
145. Owram, Promise of Eden, p. 69-80.
5 L e monopole de la CBH : expansion des colonies et mortalité autochtone , 1821-1869 151
Le Canada, le Nord-Ouest
et les traités, 1869-1876
1. « Report of the Board of Health, 27 Apr. 1871 », dans : James Ernest Nix, Mission among the Buffalo :
The Labours of the Reverend George M. and John C. McDougall in the Canadian Northwest, 1860–
1876, Toronto : Ryerson Press, 1960, p. 67.
2. Paul Sharp, Whoop-Up Country : The Canadian–American West, 1865–1885, Norman : University of
Oklahoma Press, 1973, p. 39, 104, 145.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 155
3. John C. Ewers, The Blackfeet : Raiders on the Northwestern Plains, Norman : University of Oklahoma
Press, 1958, p. 246-253.
4. Robert M. Utley, Bluecoats and Redskins : The United States Army and the Indian, 1866–1891,
Londres : Cassell, 1973, p. 191.
5. Ewers, The Blackfeet, p. 246-253. Voir aussi : Utley, Bluecoats and Redskins, p. 188-218 ; J. P. Dunn,
Massacres of the Mountains : A History of the Indian Wars of the Far West, 1815–1875, Londres : Eyer
and Spottiswoode, 1963, p. 448-455.
6. John MacLean, McDougall of Alberta : A Life of Rev. John McDougall D.D., Pathfinder of Empire and
Prophet of the Plains, Toronto : F. C. Stephenson, 1927, p. 37.
7. Sharp, Whoop-Up Country, p. 27.
8. William F. Butler, The Great Lone Land : A Narrative of Travel and Adventure in the Northwest of
America, Edmonton : Hurtig, 1968, p. 360.
156 L a destruction des I ndiens des P laines
9. Margaret A. Kennedy, The Whiskey Trade of the Northwestern Plains : A Multidisciplinary Study, New
York : P. Lang, 1997, p. 32.
10. Hugh Dempsey, « Smallpox : Scourge of the Plains », dans : Anthony Rasporich et Max Foran (dir.),
Harm’s Way : Disasters in Western Canada, Calgary : University of Calgary Press, 2004, p. 37. Même
si la légende des couvertures infectées a la peau dure et continue de circuler abondamment, les
documents historiques ne révèlent en réalité qu’un seul cas de transmission intentionnelle aux
Autochtones par des Européens en Amérique du Nord : il implique les troupes britanniques placées
sous le commandement du général Amherst pendant le soulèvement de Pontiac, en 1763. Pour en
savoir plus sur cet épisode historique et sur la croyance persistante en l’utilisation de la variole
comme arme de guerre pendant la Révolution, voir : Elizabeth Fenn, « Biological Warfare in
Eighteenth-Century North America : Beyond Jeffrey Amherst », Journal of American History, 86,
2000, p. 1552-1580. On trouvera par ailleurs ici une analyse de la légende des couvertures
contaminées : Adrienne Mayor, « The Nessus Shirt in the New World : Smallpox Blankets in History
and Legend », Journal of American Folklore, 108, 1995, p. 54-77.
11. E. Wagner Stearn et Allen E. Stearn, The Effect of Smallpox on the Destiny of the Amerindian, Boston :
Bruce Humphries Publishers, 1945, p. 101-103, attribuent l’épidémie à la construction du chemin
de fer du Pacifique.
12. Kennedy, The Whiskey Trade of the Northwestern Plains, p. 32.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 157
Mortalité attribuable à l’épidémie de variole de 1869-1870, par groupe ethnique. Source : Nix,
Mission among the Buffalo, p. 67.
13. Hugh Dempsey, Red Crow : Warrior Chief, Saskatoon : Western Producer Prairie Books, 1980, p. 69.
14. Dempsey, « Smallpox », p. 29 ; Treaty 7 Elders and Tribal Council (Aînés et Conseil tribal du
Traité n° 7), avec la collaboration de Walter Hildebrandt, Sarah Carter et Dorothy First Rider, The
True Spirit and Original Intent of Treaty 7, Montréal : McGill-Queen’s University Press, 1996, p. 30.
15. Frank G. Roe, The North American Buffalo : A Critical Study of the Species in Its Wild State – 2nd ed.,
Toronto : University of Toronto Press, 1970, p. 757n159.
158 L a destruction des I ndiens des P laines
16. John McDougall, George Millward McDougall : The Pioneer, Patriot, and Missionary, Toronto :
William Briggs, 1888, « George McDougall, 1 April 1871 », p. 175.
17. BAC, MG 29 E 39, Robertson-Ross Papers, f. 1, Field Notebook, 14 September 1872, p. 28-29. La
mortalité attribuable à l’alcool varie d’une nation de l’alliance à l’autre. Chez les Piikanis, la maladie
tue 34 personnes, et l’alcool 27 ; chez les Omak-sikimitapix, les Piikanis du Nord, 12 et 13,
respectivement ; chez les Tsuu T’inas (désignés dans le document sous le nom de « Indiens Castors
des Plaines »), 7 personnes meurent de maladie mais l’alcool ne fait aucune victime.
18. Patrick Robertson-Ross, Report of Colonel Robertson-Ross Adjutant General of Militia of the North-
West Provinces and Territories of the Dominion, Ottawa : Queen’s Printer, 1872, p. 28-29.
19. Robertson-Ross, Field Notebook, 15 September 1872, p. 35.
20. John McDougall, On Western Trails in the Early Seventies : Frontier Pioneer Life in the Canadian
North-West, Toronto : William Briggs, 1911, p. 129 ; Hugh Dempsey, Firewater : The Impact of the
Whiskey Trade on the Blackfoot Nation, Calgary : Fifth House, 2002, p. 66.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 159
Cadavres de Crows tués par des Pieds-Noirs près des Sweet Grass Hills, 1874. Glenbow
Archives, NA-249-75.
dans l’Ouest, en 1874. Le meurtre sordide de Calf Shirt, chef kainah21, et les
massacres d’Assiniboines des Sweet Grass Hills et des Cypress Hills en consti-
tuent des illustrations particulièrement sanglantes. Dans cet environnement
de plus en plus violent et sinistre, il arrive à l’occasion que les Premières
Nations s’en prennent également à leurs voisins.
21. Hugh Dempsey, The Amazing Death of Calf Shirt and Other Blackfoot Stories : Three Hundred Years
of Blackfoot History, Saskatoon : Fifth House, 1994, p. 47-59 ; Ewers, The Blackfeet, p. 259-260.
160 L a destruction des I ndiens des P laines
22. Carlton R. Stewart (dir.), The Last Great (Inter-Tribal) Indian Battle, Lethbridge : Lethbridge
Historical Society, 1997.
23. L’alliance crie ne savait toutefois pas que les survivants de l’offensive de l’armée américaine à la
rivière Maria ainsi que plusieurs Pieds-Noirs du Nord s’étaient joints au campement pied-noir avant
leur attaque du 25 octobre. Alex Johnston, « The Last Great Indian Battle », dans : Ibid., p. 8. Les
Pieds-Noirs ont également remporté la victoire grâce à la supériorité de leurs armes, fournies par des
commerçants du Montana. Dans la bataille de la rivière Belly, leurs carabines à répétition se sont
révélées incomparablement plus efficaces que les arcs, les flèches et les fusils à silex de l’alliance du
Nord, cliente de la CBH. Adolf Hungry Wolf, The Blood People : A Division of the Blackfoot
Confederacy, New York : Harper and Row, 1977, p. 255. Voir également : Ewers, The Blackfeet,
p. 260-261.
24. Treaty 7 Elders et al., The True Spirit and Original Intent of Treaty 7, p. 9.
25. Butler, The Great Lone Land, p. 368.
26. Hugh Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », Alberta History, 11, 1963, p. 17.
27. On trouvera dans E. R. Young, By Canoe and Dog Train : Among the Cree and Salteaux Indians,
Toronto : William Briggs, 1890, p. 197-205, une analyse des mesures d’aide mises en place après la
flambée pathologique du printemps.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 161
28. John McDougall, In the Days of the Red River Rebellion (sous la direction de Susan Jaeckel),
Edmonton : University of Alberta Press, 1983, p. 117 ; Peter Erasmus, Buffalo Days and Nights,
Calgary : Fifth House, 1999, p. 200.
29. Isaac Cowie, The Company of Adventurers : A Narrative of Seven Years in the Service of the Hudson’s Bay
Company during 1867–1874, Lincoln : University of Nebraska Press, 1993, p. 382.
30. Ibid. Même si l’agent principal Campbell affirme que lui-même et son épouse y ont vacciné plus de
1 000 personnes, l’épidémie semble avoir touché la haute Assiniboine. Clifford Wilson, Campbell of
the Yukon, Toronto : Macmillan of Canada, 1970, p. 169-170. Butler, The Great Lone Land,
p. 227-228, indique que la flambée a tué plus de la moitié de la population de Fort Pelly.
31. W. D. Smiley, « ‘The Most Good to the Indians’ : The Reverend James Nisbet and the Prince Albert
Mission », Saskatchewan History, 46, 1994, p. 42.
32. Ibid. ; Katherine Pettipas, « Introduction », dans : Katherine Pettipas (dir.), The Diary of the Reverend
Henry Budd, 1870–1875, Winnipeg : Hignell Printing, 1974, p. xxxviii.
162 L a destruction des I ndiens des P laines
33. SAB, Campbell Innes Papers, A-113, John McKay Papers, f. 1, Diary 1870–84, 8 février 1871 ;
ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 25, « D. A. Smith to W. Armit,
Fort Garry, 5 March 1871 ».
34. Voir : W. J. Christie, « Smallpox Report », The Manitoban, 16 septembre 1871, dans : Dempsey
(dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 17.
35. Smiley, « ‘The Most Good to the Indians’ », p. 40-41 ; The Manitoban, 21 janvier 1871, dans :
Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 14.
36. Butler, The Great Lone Land, p. 368-369.
37. James G. MacGregor, Senator Hardisty’s Prairies, 1849–1889, Saskatoon : Western Producer Prairie
Books, 1978, p. 75-76 ; Young, By Canoe and Dog Train, p. 198.
38. McDougall, In the Days of the Red River Rebellion, p. 127 ; MacGregor, Senator Hardisty’s Prairies,
p. 76.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 163
rendu jusqu’à Fort Pitt dans l’intention de tuer les traiteurs Watt et Traill en
guise de représailles, leur reprochant d’avoir contaminé leur collectivité39.
Plus la variole gagne du terrain, plus l’hostilité des Autochtones à l’égard
des traiteurs, pour la plupart immunisés contre la maladie40, s’exprime avec
brutalité. Touché par l’épidémie au début de l’été, Fort Pitt sombre dans le
chaos. Des vaccins sont acheminés par la rivière Saskatchewan en avril 187041 ;
James Sinclair, traiteur du poste, constate toutefois très vite que ces envois ne
suffiront pas pour les deux campements de Cris infectés qui viennent lui
demander de l’aide42. Les Cris sont convaincus que les Européens sont les
seuls à pouvoir guérir cette maladie qu’ils ont apportée dans leurs bagages, et
que leurs propres hommes-médecine ne peuvent rien contre ce fléau. Butler
explique qu’ils peuvent alors commettre des gestes complètement désespérés.
Ils semblent résolus à faire pénétrer la maladie dans le fort. […] Ils laissent
les cadavres près des palissades sans les enterrer ; il n’est pas rare que des
Indiens aux derniers stades de la maladie tentent par tous les moyens
d’entrer dans les maisons ou frottent les poignées des portes et les cadres des
fenêtres des habitations avec des matières infectées prélevées sur leur propre
personne43.
Les Cris suspendent leurs « macabres tactiques de harcèlement » quelques
semaines seulement avant l’arrivée de Butler à Fort Pitt, à la mi-novembre.
Butler rapporte que plus de 100 personnes sont mortes près des palis-
sades44. Même à bonne distance, la scène est cauchemardesque : « Les corps
sont restés plusieurs jours à l’air libre au bord de la route, jusqu’à ce que les
39. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 6, « W. J. Christie to
D. A. Smith, Carlton House, 6 September 1870 ».
40. Un certain nombre d’Européens ont été infectés, mais seulement quatre ont succombé à la maladie.
Voir : MacGregor, Senator Hardisty’s Prairies, p. 78-79. Si la plupart des Autochtones présentaient
une susceptibilité à la maladie, ceux qui avaient été infectés lors d’une flambée antérieure
étaient désormais immunisés. Pendant l’épidémie, le catéchiste métis Peter Erasmus avait un assis-
tant stoney, Pan-eza Sa-win, un aîné qui « ne craignait pas la maladie, l’ayant contractée et s’en
étant remis plusieurs années plus tôt ». Erasmus, Buffalo Days and Nights, p. 211-212.
41. Young, By Canoe and Dog Train, p. 202-205.
42. MacGregor, Senator Hardisty’s Prairies, p. 74. Sinclair aurait apparemment tenté de fabriquer du
sérum pour Fort Pitt avec de la lymphe prélevée sur un Saulteaux qui avait été vacciné à la mission
de Prince Albert. Malheureusement pour les Cris de la région, cette technique n’a pas fonctionné.
SAB, W. Traill Papers, A-104, p. 4.
43. Butler, The Great Lone Land, p. 250-251, 369. Sinclair a injecté aux habitants du fort un vaccin
fabriqué à partir de matières prélevées sur des Saulteaux vaccinés par Nisbet à Prince Albert.
Christie, « Smallpox Report », dans : Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 16-17 ;
ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 6, « W. J. Christie to
D. A. Smith, Carlton House, 6 September 1870 ».
44. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 6, « W. J. Christie to
D. A. Smith, Carlton House, 6 September 1870 ».
164 L a destruction des I ndiens des P laines
45. Butler, The Great Lone Land, p. 250. MacLean, McDougall of Alberta, p. 44, rapporte un incident
similaire.
46. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 6, « W. J. Christie to
D. A. Smith, Carlton House, 6 September 1870 ». Au total, trois femmes et « de nombreux enfants »
sont morts à Carlton House.
47. SAB, W. Traill Papers, A-104, p. 5.
48. Butler, The Great Lone Land, p. 369.
49. Christie, « Smallpox Report », dans : Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 16.
50. Frank J. Dolphin, Indian Bishop of the West : Vital Justin Grandin, 1829–1902, Ottawa : Novalis,
1986, p. 121-124. Le journal de la mission de Saint-Paul, en Alberta, fait état de 2 000 baptêmes
dans les Plaines pour ce terrible été. Katherine Hughes, Father Lacombe : The Blackrobe Voyageur,
New York : Moffat, Yard and Company, 1911, p. 187.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 165
très peu de ravages à Fort Edmonton58. Un peu plus loin des palissades, la
situation est tout autre. À une dizaine de kilomètres seulement d’Edmonton,
la collectivité métisse de Saint-Albert compte environ 900 habitants ; la
maladie se propage aux deux tiers de la population et fera 320 morts59. À la
mission Victoria dirigée par McDougall, plus de 50 personnes succombent à
la maladie et les survivants reçoivent l’ordre de se disperser ; McDougall
dénonce avec virulence le comportement des catholiques pendant l’épi-
démie60. Son fils John, lui-même frappé par la maladie61, compare les straté-
gies des uns et des autres : les catholiques, précise-t-il, trouvent les protestants
lâches parce qu’ils choisissent l’isolement. Il rend compte ensuite des résultats
de cette approche : « Beaucoup d’Indiens et de Sang-Mêlés se sont regroupés
et sont morts comme en carnage62. » Mais les réticences des catholiques à
l’égard de la dispersion des populations n’expliquent peut-être pas entière-
ment le taux élevé de mortalité dans les collectivités dont ils s’occupent.
Certaines missions catholiques vaccinaient leur population ; cependant,
indique Butler, les sérums achetés à Fort Benton et utilisés à Saint-Albert au
plus fort de l’épidémie « n’étaient pas ce qu’ils prétendaient être63 ».
La maladie déchaîne aussi la souffrance et la mort à l’ouest des
contreforts des Rocheuses. Le père Leduc rend visite à une quinzaine de
familles contaminées de Jasper pour « leur donner les consolations de la reli-
gion64 ». Un Stoney ayant observé la situation à Banff rapporte que la collec-
tivité est devenue « un cimetière65 ». Au nord-est d’Edmonton et des missions
catholiques infectées, la maladie décime aussi la petite collectivité du poste de
traite du lac de l’Orignal (lac Moose), à l’embouchure de la rivière Castor
(rivière Beaver). L’historien cri Joseph Dion indique que « toute la commu-
nauté a été emportée ; la maladie n’a laissé qu’un seul survivant parmi les
morts sans sépulture, un petit garçon qui s’est enfui dans la forêt et n’a pu être
rattrapé et sauvé qu’à grand-peine66 ». En 1878, le Dr A. E. Porter accom-
pagne les négociateurs qui traversent les « forêts hantées » pour aller à la
58. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 4, Edmonton House Journal.
59. James G. MacGregor, Edmonton : A History, Edmonton : Hurtig, 1975, p. 79.
60. McDougall, George Millward McDougall, « George McDougall, 21 October 1871 », p. 159.
61. Nix, Mission among the Buffalo, p. 65 ; MacLean, McDougall of Alberta, p. 40-41.
62. McDougall, George Millward McDougall, p. 155.
63. Butler, The Great Lone Land, p. 369-370.
64. A.G. Morice, Histoire de l’Église catholique dans l’Ouest canadien du lac Supérieur au Pacifique (1659-
1905), vol. 2, Saint-Boniface : à compte d’auteur, 1912 ; Montréal : Granger frères, 1915, p. 224.
65. MacLean, McDougall of Alberta, p. 41 ; McDougall, George Millward McDougall, p. 176.
66. MacLean, McDougall of Alberta, p. 41. Cet enfant était Antoine Gibeault, 9 ans. J. E. Dion, « A
Short History of Moose Lake in 1907 », dans : Real Girard (dir.), Echoes of the Past : History of Bonny-
ville and District, Bonnyville (Alberta) : Bonnyville and District Historical Society, 1984, p. 13-14.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 167
67. SAB, R. A. Mayson Papers 4, A-M455, Dr. Andrew Everett Porter, p. 2.
68. Alexander Morris affirme que l’intervention rapide de la Compagnie « a sauvé les Indiens de la
destruction complète ». Stephen Sliwa, Standing the Test of Time : A History of the Beardy’s/Okemasis
Reserve, 1876–1951 (mémoire de maîtrise), Trent University, 1993, p. 52.
69. Le Conseil se compose de W. J. Christie (président) ; Richard Hardisty et John Bunn (représentants
de la CBH) ; George McDougall, son fils John, Peter Campbell et Henry Steinhauer (pasteurs
protestants) ; et les pères Leduc, Lacombe, André et Furmond (prêtres catholiques). Dempsey (dir.),
« Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 18.
70. James Mochoruk, The Political Economy of Northern Development : Governments and Capital along
Manitoba’s Resource Frontier, 1870–1930 (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1992,
p. 19-20.
71. SAB, John A. Macdonald Papers, A-70, Adams Archibald to John A. Macdonald, 6 December 1870.
72. On trouvera une description plus complète des ordres donnés à Butler dans : The Great Lone Land,
p. 353-355, et Canada, Documents de la session, 1871, n° 20, « George Hill à William Butler, Fort
Garry, 10 octobre 1870 », p. 62-63.
168 L a destruction des I ndiens des P laines
73. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 12, « D. A. Smith to
G. G. Smith, Fort Garry, 19 October 1870 » ; R. M. Gorsline, « The Medical Services of the Red
River Expeditions, 1870–71 », Medical Services Journal, Canada, 23, 1967, p. 169 ; Canada,
Documents de la session, 1871, n° 20, Adams Archibald à Joseph Howe, Fort Garry, 13 octobre 1870,
p. 58-59, et Adams Archibald à Joseph Howe, Fort Garry, 24 octobre 1870, p. 66-67.
74. Butler, The Great Lone Land, p. 239.
75. Young, By Canoe and Dog Train, p. 200.
76. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 10, « W. J. Christie to
W. G. Smith, Edmonton House, 11 October 1870 ».
77. Christie, « Smallpox Report », dans : Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 », p. 15 ;
ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 20, « W. J. Christie to the
Chief Factors and Chief Traders, Northern Department, Edmonton House, 5 January 1871 ».
78. McDougall, George Millward McDougall, « George McDougall, 21 October 1870 », p. 165.
79. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 19, « Horace Bélanger, Clerk
in Charge of Cumberland House, to the Governor, Chief Factors, and Chief Traders, Cumberland
House, 5 January 1870 » ; Cowie, The Company of Adventurers, p. 425.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 169
80. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 20, « W. J. Christie to the
Chief Factors and Chief Traders, Northern Department, Edmonton House, 5 January 1871 ».
McDonald était attendu à Edmonton entre le 1er et le 10 décembre. « D. A. Smith to W. G. Smith,
Fort Garry, 28 December 1870 ».
81. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 21, « D. A. Smith to
W. G. Smith, Fort Garry, 22 January 1871 ».
82. SAB, Campbell Innes Papers, A-113, vol. 5, Archdeacon MacKay Papers, Diary 1870–84,
8 février 1871.
83. Martha McCarthy, From the Great River to the Ends of the Earth : Oblate Missions to the Dene,
1847–1921, Edmonton : University of Alberta Press, 1995, p. 126n39 ; BAC, Church Missionary
Society (ci-après : CMS), microfilm A-80, Reverend Day to the Secretaries, Fort Simpson, November
1870 ; Clifford Wilson, « Private Letters from the Fur Trade » (« William Hardisty to William
McMurray, Fort Chipewyan, 12 January 1870 »), dans : W. L. Morton et J. A. Jackson (dir.), Papers
Read before the Historical and Scientific Society of Manitoba – Series 3, Winnipeg : Historical and
Scientific Society of Manitoba, 1950, p. 45.
84. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 9, « D. A. Smith to
W. G. Smith, Fort Garry, 10 October 1870 ».
85. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 19, « Horace Bélanger, Clerk
in Charge of Cumberland House, to the Governor, Chief Factors, and Chief Traders, Cumberland
House, 5 January 1870 ».
170 L a destruction des I ndiens des P laines
département du Nord qu’il est « inutile de dire qu’il n’y aura pas d’approvi-
sionnements en provenance de la Saskatchewan cette année, et il n’est pas
certain qu’il serait très judicieux d’acheminer les quelques fourrures que nous
avons en notre possession86 ».
Jusqu’au printemps 1871, tous les grands intervenants de la traite des
fourrures s’interrogent sur le sort à réserver aux pelleteries provenant des
régions infectées, et souvent fournies par des pourvoyeurs réduits à la
misère87. Le 24 avril, le Conseil de la santé réuni à Edmonton House adopte
une résolution interdisant l’exportation des fourrures du District de la
Saskatchewan jusqu’à la fin de la saison en cours88. Christie souligne que le
Conseil a beaucoup de mal à implanter la quarantaine89. Il est en effet bien
difficile de contrôler les déplacements des Autochtones, d’autant plus que la
Compagnie persiste à vouloir acheminer ses fourrures à la rivière Rouge, au
mépris de la quarantaine. Dans les écrits qu’il nous a laissés, Cowie n’en fait
pas mystère. Ses pelleteries ayant été confisquées et placées en entreposage
par un agent de la police de la province, il se rend à Winnipeg pour « dissiper
les calomnies contre notre marchandise ». En remontant l’Assiniboine vers
Fort Ellice pour y recueillir les déclarations sous serment qui corroboreront
ses dires, Cowie apprend que les fourrures confisquées ont failli provoquer
une émeute : « Les gens étaient si inquiets qu’ils sont passés bien près
d’incendier le bâtiment dans lequel les peaux étaient entreposées90. » Sa
marchandise finira néanmoins par sortir de quarantaine sans plus d’en-
combre. Dans son rapport, Butler souligne que le cordon sanitaire passe par
le ruisseau Rat Creek, près de Portage la Prairie, trop près des zones habitées
pour former un rempart efficace contre la propagation de la maladie91.
Quand Butler soumet son rapport, en mars 1871, la crainte de voir
l’épidémie gagner le Manitoba reste très vive. Butler recommande
l’implantation d’un nouveau poste de quarantaine à Fort Ellice, la seule
colonie de peuplements entre Fort Carlton et Portage la Prairie ; il préconise
également la vaccination obligatoire pour tous les « Sang-Mêlés ».
86. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 20, « W. J. Christie to the
Chief Factors and Chief Traders, Northern Department, Edmonton House, 5 January 1871 ».
87. McDougall, George Millward McDougall, « George McDougall to Dr. Wood, Victoria Mission,
1 March 1871 », p. 168.
88. The Manitoban, 16 septembre 1871, dans : Dempsey (dir.), « Smallpox Epidemic of 1869–70 »,
p. 18-19.
89. Christie, « Smallpox Report », dans : ibid., p. 17.
90. Cowie, The Company of Adventurers, p. 428-430.
91. Butler, The Great Lone Land, p. 205.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 171
92. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 26, « J. H. McTavish to
W. Armit, Fort Garry, 14 June 1871 » ; extrait 27, « J. H. McTavish to W. Armit, Fort Garry,
29 July 1871 » ; extrait 28, « J. H. McTavish to W. Armit, Fort Garry, 7 August 1871 ».
93. McDougall, George Millward McDougall, p. 172.
94. ACBH, dossier de recherche : Smallpox Epidemic, 1869–1870, extrait 20, « W. J. Christie to the
Chief Factors and Chief Traders, Northern Department, Edmonton House, 5 January 1871 ».
95. McDougall, George Millward McDougall, p. 150-152.
96. David McCrady, Beyond Boundaries : Aboriginal Peoples and the Prairie West, 1850–1885 (mémoire
de maîtrise), University of Victoria, 1992, p. 70-77. Sur les 43 chefs signataires du Traité n° 7, sept
avaient déjà signé le Traité des Pieds-Noirs (Blackfoot) des États-Unis en 1855.
97. Butler, The Great Lone Land, p. 380-386.
172 L a destruction des I ndiens des P laines
98. James G. MacGregor, Father Lacombe, Edmonton : Hurtig, 1975, p. 210. La demande de traité de
Sweet Grass est datée du 13 avril 1871. Christie l’a ensuite transmise à Archibald. Alexander Morris,
The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, Saskatoon : Fifth
House, 1991, p. 169-171.
99. Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, p. 170.
100. Ibid.
101. Jean Friesen, « Magnificent Gifts : The Treaties of Canada with the Indians of the Northwest
1869–76 », Transactions of the Royal Society of Canada (Series 5), 1986, p. 43, 46. Voir également :
Frank Tough, “As Their Natural Resources Fail” : Native Peoples and the Economic History of Northern
Manitoba, 1870–1930, Vancouver : UBC Press, 1996, p. 79-81 ; Frank Tough, « Aboriginal Rights
versus the Deed of Surrender : The Legal Rights of Native Peoples and Canada’s Acquisition of the
Hudson’s Bay Company Territory », Prairie Forum, 17, 1992, p. 230.
102. Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, « Wemyss
Simpson to the Secretary of State for the Provinces, 3 November 1871 », p. 68.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 173
Sweet Grass, grand chef des Cris, à Saint-Boniface, au Manitoba, 1872. Glenbow Archives,
NA-1677-10.
174 L a destruction des I ndiens des P laines
terres, pas de terres cédées sur lesquelles les émigrants pussent s’établir103. »
Cet afflux de population précipite la conclusion du Traité n° 1 au Manitoba.
Le gouvernement négocie en définitive au gré de ses propres échéances,
dictées par des besoins externes et souvent immédiats bien plus que par le
souci de la qualité de vie des Indiens à long terme104.
Puisque son propre calendrier de développement territorial ne l’oblige
pas encore à conclure des ententes avec les Autochtones à l’ouest de la rivière
Rouge, le Dominion ne se préoccupe tout simplement pas de ce territoire ni
de sa population. En mars 1872, Adams Archibald, lieutenant-gouverneur
du Manitoba, indique ainsi à Joseph Howe : « Ils seront honnêtement traités
en temps et lieu105. » En juin, le premier ministre apprend que les tensions se
font de plus en plus vives entre les colons et les Cris dans les Plaines, résultat
de l’inaction gouvernementale à l’égard des traités106.
Si les Premières Nations réclament des ententes avec insistance, ce n’est
pas seulement parce qu’elles redoutent l’immigration massive des Européens.
Au début des années 1870, l’économie de la traite des fourrures est en pleine
mutation. Après avoir exercé une mainmise complète sur les pelleteries
pendant plusieurs dizaines d’années, la CBH a vendu sa charte et ne s’estime
plus le moins du monde responsable des conditions de vie matérielles de ses
anciens fournisseurs. En 1872, à la faveur d’une réorganisation de ses activités
visant à réduire ses coûts d’exploitation, l’entreprise décide de ne plus faire
crédit aux pourvoyeurs indiens107. Ce revirement marque une réorientation
majeure des relations entre la CBH et les chasseurs et trappeurs autochtones :
depuis deux siècles, l’entreprise procurait à ses fournisseurs un filet social
caractérisé notamment par « un crédit libéralement octroyé aux partenaires
en bonne santé ainsi qu’un soutien pour les personnes âgées, les malades et
les indigents108 ». L’arrivée des bateaux à vapeur sur le lac Winnipeg et sur la
rivière Saskatchewan restreint considérablement l’emploi rémunéré pour les
103. Allen Ronaghan, « Charles Mair and the North-West Emigration Aid Society », Manitoba History,
14, 1987, p. 14.
104. Frank Tough, « Economic Aspects of Aboriginal Title in Northern Manitoba : Treaty 5 Adhesions
and Métis Scrip », Manitoba History, 15, 1988, p. 7.
105. Peter Naylor, Index to Aboriginal Issues Found in the Records of the North-West Mounted Police RG 18,
National Archives of Canada (tapuscrit), Saskatoon : Office of the Treaty Commissioner, 1994,
extrait 590, « Adams Archibald to Joseph Howe, Fort Garry, 6 March 1872 », p. 215.
106. BAC, John A. Macdonald Papers, microfilm C-1670, 110702, Gilbert McMicken to John A.
Macdonald, Winnipeg, 22 June 1872.
107. Cowie, The Company of Adventurers, p. 441, 445 ; Frank Tough, « Indian Economic Behaviour,
Exchange, and Profits in Northern Manitoba during the Decline of Monopoly, 1870–1930 »,
Journal of Historical Geography, 16, 1990, p. 390.
108. Arthur J. Ray, J. R. Miller et Frank Tough, Bounty and Benevolence : A History of Saskatchewan
Treaties, Montréal : McGill-Queen’s University Press, 2000, p. 139, 146.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 175
109. BAC, MG 29 A 6, Robert Bell Papers, Hudson’s Bay Company, Northern Department, Journal of
a Voyage from Fort Garry to Fort Simpson, Mackenzie River, by Land and Water, and of Its Return by
Dog Train to Carlton Performed on a Tour of Inspection of Posts from 22nd August, 1872, to 28th
January, 1873 by Hon. William Joseph Christie, Inspecting Chief Factor of the Hudson’s Bay Company,
26 janvier 1873.
110. Ray, Miller et Tough, Bounty and Benevolence, p. 130.
111. George M. Grant, Ocean to Ocean : Sandford Fleming’s Expedition through Canada in 1872, Toronto :
Coles Publishing Company, 1970, p. 96.
112. Ibid., p. 190.
113. Ibid., p. 97-99, 133 ; John Webster Grant, Moon of Wintertime : Missionaries and the Indians of
Canada in Encounter since 1534, Toronto : University of Toronto Press, 1984, p. 155.
114. BAC, John A. Macdonald Papers, microfilm C-1670, 110809, Gilbert McMicken to John
A. Macdonald, Fort Garry, 18 April 1873.
176 L a destruction des I ndiens des P laines
cette collectivité immigrante, il ne portait sur lui pour toute arme qu’un tire-
bouchon, dont il n’a du reste guère eu l’occasion de se servir115.
Les traités tant espérés n’étant pas signés, les tensions entre les
collectivités blanches et les Indiens de l’Ouest s’accentuent. Quand la
Commission de la frontière internationale amorce ses travaux de tracé le long
du 49e parallèle, en 1872, Alexander Morris constate que les Premières
Nations s’alarment de voir Canadiens et Américains en uniforme arpenter
leurs territoires côte à côte. En octobre 1873, Robert Bell, de la Commission
géologique du Canada, indique au lieutenant-gouverneur Morris que les
Autochtones du sud de la Saskatchewan se questionnent sur « les intentions
des “Anglais” et des Canadiens à leur égard. […] En plusieurs occasions, ces
Indiens [ont menacé] de voler nos chevaux et notre équipement, et même de
nous tuer jusqu’au dernier ; ils nous ont finalement enjoint de rebrousser
chemin, ajoutant d’un même souffle que nous devrions sans doute rendre
grâce à Dieu si par bonheur nous rentrions sains et saufs chez nous116 ». Bell
signale aussi que les Autochtones de la région se méfient tellement des
« Anglais » qu’ils attribuent le massacre ayant ensanglanté les Cypress Hills
quelques mois plus tôt à « des gens du camp anglais », et que les Assiniboines
« sont très disposés à s’en venger sur tout Anglais » se trouvant dans le pays117.
À l’est de Fort Qu’Appelle, les Saulteaux de Fort Ellice réclament à Morris la
suspension des travaux d’arpentage entrepris par A. H. Whitcher jusqu’à ce
que les questions territoriales les concernant soient réglées118. Morris
demande à ses supérieurs d’envisager de nouveau la conclusion d’un traité
pour faciliter l’immigration dans l’Ouest119. La situation se dénoue à la fin
de l’été 1874 avec l’arrivée de la police et la signature du traité Qu’Appelle en
septembre120. Lors de la cérémonie, les représentants du Dominion se font
vertement tancer pour avoir autorisé la mise en œuvre des relevés
topographiques avant la cession du titre aborigène121. Le chef Pasqua résume
avec concision les racines de la frustration indienne. Pointant du doigt
McDonald, de la CBH, il lui aurait lancé : « Vous m’avez dit que vous aviez
vendu la terre pour une certaine somme – 300 000 £. Nous voulons cet
argent122. » Signe manifeste de l’acrimonie entourant la conclusion du traité,
la rencontre de Fort Qu’Appelle se termine sans que les participants aient
fumé le calumet cérémoniel symbolisant le respect mutuel.
Les 3 000 personnes qui ont convergé à Fort Qu’Appelle pour l’événe-
ment savent que la faim a joué un rôle non négligeable dans la signature du
Traité n° 4123. Arrivé dans les Touchwood Hills l’année précédente, le mission-
naire anglican Joseph Reader indique que des gens affamés ont dévoré l’un de
ses chiens124. Les autorités du Dominion préconisent leur conversion à l’agri-
culture, la considérant comme « le meilleur moyen de rompre leurs habitudes
nomades, d’élever et d’assurer leur position125 ». Néanmoins, même les
communautés qui ont amorcé cette transition vivent des moments très diffi-
ciles. Au Manitoba, la bande de Saint-Pierre (St. Peter) cultive environ
2 000 acres (800 hectares), mais les récoltes de l’été 1875 s’avèrent désas-
treuses126. Le déclin de la pêche automnale exacerbe la précarité pour toute la
population du Traité n° 1. Commissaire aux Affaires indiennes, J. A. N.
Provencher précise que « l’aide du gouvernement a seule empêché de grandes
souffrances à Saint-Pierre, au Portage et à la rivière au Roseau127 ».
En 1875, la disette qui frappe les Saulteaux accentue la flambée de
rougeole « répandue parmi toute la population » de Fort Alexander128. La
maladie touche d’abord les enfants ; mais ensuite, « un plus grand nombre de
cas furent constatés parmi les adultes ». L’épidémie prend de court le
commissaire aux Affaires indiennes tout autant que les médecins dépêchés
sur les lieux. Quelques semaines plus tard, elle s’est toutefois éteinte, « en
grande partie le résultat de l’adoption par les Sauvages de quelques pratiques
concernant leur manière de vivre [en particulier, leur alimentation] et de
122. Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, p. 106.
123. Abel Watetch, Payepot and His People, Regina : Saskatchewan History and Folklore Society, 1959,
p. 16.
124. Ibid., p. 48 ; CMS, microfilm A-81, 275, J. A. Mackay to Secretaries, 20 August 1873.
125. D. Aidan McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies, 1870–1885 »,
Geographical Review, 70, 1980, p. 389n29.
126. SAB, R. G. Ferguson Papers, microfilm R-2.391, p. 39.
127. Ibid., p. 36, Acting Indian Superintendent Provencher’s Annual Report, Department of Indian Affairs,
1877 (extr.).
128. Ibid., p. 38, J. A. N. Provencher, Report of the Manitoba Indian Commissioner’s Office, Winnipeg,
30 October 1875 (extr.). Pour en savoir plus sur les liens entre la gravité de la rougeole et la malnu-
trition, voir : David C. Morley, « Nutrition and Infectious Disease », dans : E. J. Clegg et J. P. Garlick
(dir.), Disease and Urbanization : Symposia for the Study of Human Biology (vol. 20), Londres : Taylor
and Francis, 1980, p. 37.
178 L a destruction des I ndiens des P laines
129. SAB, R. G. Ferguson Papers, microfilm R-2.391, 37, J. A. N. Provencher, Report of the Manitoba
Indian Commissioner’s Office, Winnipeg, 30 October 1875 (extr.).
130. ACBH, dossier de recherche : Battleford, « Lawrence Clarke to James Graham, Carlton House,
24 June 1874 » ; Arlean McPherson, The Battlefords : A History, Saskatoon : Modern Press, 1967,
p. 66.
131. BAC, MG 27 ID 10, David Laird Papers, Indian Affairs, NWT, David Laird Letterbook, 1874–75,
p. 18, copie d’une lettre de C. N. Bell, Winnipeg, 23 mars 1874.
132. BAC, John A. Macdonald Papers, microfilm C-1523, p. 41896, David Laird to Minister of the
Interior, Fort Garry, 9 June 1874.
133. Jim Wallace, A Double Duty : The Decisive First Decade of the North-West Mounted Police, Winnipeg :
Bunker to Bunker Books, 1997, p. 123-124.
6 L e C anada , le N ord -O uest et les traités , 1869-1876 179
les mesures temporaires mises en place les deux étés précédents pour
faciliter le développement en Saskatchewan ne suffisent plus.
Si la plupart des chefs réclament la signature d’un traité, indique
George McDougall, certains font entendre des voix discordantes. En
particulier, Big Bear s’y oppose farouchement : « Nous ne voulons pas des
cadeaux de la Reine ; […] que vos chefs viennent à nous en hommes pour
nous parler134. » Même les bandes qui envisagent d’un œil plutôt favorable la
conclusion d’ententes avec la Couronne s’interrogent sur leurs conséquences
possibles. Peter Erasmus rapporte les inquiétudes de la bande crie du chef
Seenum, au lac Whitefish135. Le chef cri Mistawasis, qui s’imposera pourtant
par la suite comme l’un des plus ardents promoteurs du Traité n° 6, exprime
alors des réticences quant au processus136.
À l’été 1876, les pourparlers entre le Dominion et les Premières Nations
du nord des Plaines s’engagent dans un climat de plus en plus marqué par les
privations, la peur et la résignation. Les Cris de la rivière Saskatchewan Nord
sont déjà bien conscients du fait que l’économie du bison a vécu ; ils savent
aussi qu’il leur sera extrêmement difficile de s’intégrer à l’économie agricole
qui s’implante dans la région137. La puissance relative des Cris des Plaines
en 1876 influe également sur le déroulement et l’issue des négociations.
Butler relevait cinq ans plus tôt qu’ils jouissaient d’une situation tout à fait
exceptionnelle, étant « peut-être la seule tribu d’Indiens de la prairie qui n’ait
encore subi aucune injustice aux mains des Blancs138 ». Pour les Européens
qui s’aventurent loin dans l’ouest, les Cris des Plaines continuent de repré-
senter une force militaire incontournable. Selon une analyse récente du
Traité n° 6, ce sont essentiellement la menace d’un conflit armé et l’urgence
du développement économique qui ont dicté les positions des négociateurs
gouvernementaux139. À peine deux mois avant le début des discussions de
Fort Carlton, les Sioux de Sitting Bull (Bœuf-Assis ; Taureau-Assis) ont écrasé
l’armée américaine dans la bataille de Little Big Horn. Devant cette éclatante
victoire militaire indienne, le Dominion craint de plus en plus de voir que les
débordements de violence ne traversent la frontière.
134. Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, « John
McDougall to A. Morris, 23 October 1875 », p. 174.
135. Erasmus, Buffalo Days and Nights, p. 228.
136. Noel E. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, 1879–1885
(mémoire de maîtrise), University of Saskatchewan, 1970, p. 85n33.
137. Ray, Miller et Tough, Bounty and Benevolence, p. 130.
138. Butler, The Great Lone Land, p. 242.
139. Ray, Miller et Tough, Bounty and Benevolence, p. 146.
180 L a destruction des I ndiens des P laines
Négociations du Traité n° 6 avec les Cris de la Saskatchewan, 1876. Glenbow Archives,
NA-1315-19.
« même si cette assistance n’avait pas été promise dans le traité ». Le quatrième
jour des négociations, Tee-Tee-Quay-Say demande que « des médicaments
soient fournis gratuitement [aux Indiens] ». Un peu plus tard, Morris lui
répond qu’un « coffre à médicaments sera conservé au domicile de chacun des
agents des Indiens pour le cas où l’un d’entre vous tomberait malade147 ».
Avec la signature du Traité n° 6, les Cris obtiennent trois nouvelles
clauses avantageuses pour les Autochtones : une aide additionnelle pour leur
conversion à l’agriculture ; une protection contre la « peste » (grande maladie)
et la disette générale ; et la mise à leur disposition d’un « coffre à médica-
ments148 ». Ces dispositions visent à maintenir « la tradition bicentenaire de
bonnes relations entre Indiens et Blancs établie par la CBH. Ayant obtenu ces
concessions majeures, les chefs signent le traité149 ». Constatant le déclin de
l’économie du bison, les Cris acceptent de se tourner vers l’agriculture ; ils
négocient donc l’obtention d’un soutien pendant les années que durera cette
transition. N’ayant pas oublié les flambées varioliques qui ont ravagé leurs
collectivités quelques années plus tôt, et sachant que l’afflux massif d’Euro-
péens qui s’annonce de manière imminente augmentera le risque de maladie
dans leurs groupes, ils insistent pour qu’une aide médicale leur soit promise.
Les chefs cris signataires du Traité n° 6 ne pouvaient cependant pas prévoir la
mesquinerie des interprétations qui seraient faites du traité dans les années
suivant l’extinction du bison et l’éviction des Autochtones hors de la nouvelle
économie agricole des Plaines.
Chapitre 7
M aintenant que les traités numérotés sont tous signés, plus rien ne
peut faire obstacle à la conversion agricole des populations autoch-
tones et à l’établissement des fermiers européens dans les prairies. À
quelques exceptions près, la Couronne et les Premières Nations se trou-
vaient en position de force au moment de la conclusion de ces ententes.
Dès avant la fin de la décennie, l’équilibre des pouvoirs entre Autochtones
et nouveaux arrivants sera pourtant irrévocablement détruit. Ce boulever-
sement de la dynamique entre les deux groupes s’explique principalement
par la catastrophe environnementale la plus destructrice qui ait frappé les
habitants des Plaines : la disparition du bison sauvage. Privées de ces hardes,
les collectivités autochtones doivent renoncer à leur liberté. L’inscription
dans les ententes de clauses prévoyant un appui additionnel du Dominion
aux Premières Nations pour leur sédentarisation, en particulier celles du
Traité n° 6, montre que les négociateurs cris avaient envisagé cette éventua-
lité1. Ainsi que le déclarait le chef Ahtahkakoop pendant les négociations :
le bison « aura disparu pour toujours avant que de nombreux hivers aient
passé2 ». Bien qu’il ne soit pas disposé à promettre un soutien alimentaire
régulier, une revendication qu’il juge « extravagante », le lieutenant-gouver-
neur Alexander Morris accepte que le gouvernement du Dominion procure
1. Jill St. Germain, Indian Treaty-Making in the United States and Canada, 1867–1877, Toronto :
University of Toronto Press, 2001, p. 124.
2. Peter Erasmus, Buffalo Days and Nights, Calgary : Fifth House, 1999, p. 249.
184 L a destruction des I ndiens des P laines
3. Alexander Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories,
Saskatoon : Fifth House, 1991, p. 178, 185, 212, 215, 216, 218, 228.
4. Laurie Meijer Drees, « Reserve Hospitals in Southern Alberta, 1890 to 1930 », Native Studies
Review, 9, 1993-1994, p. 93.
5. Jane E. Buikstra (dir.), Prehistoric Tuberculosis in the Americas, Evanston (Illinois) : Northwestern
University Archaeological Program, 1981 ; P. H. Bryce, « The History of the American Indians in
Relation to Health », Ontario Historical Society Papers and Records, 12, 1914 : p. 137-139.
6. George A. Clark, Marc Kelley, J. M. Grange et Cassandra Hill, « The Evolution of Mycobacterial
Disease in Human Populations : A Reevaluation », Current Anthropology, 28, 1987, p. 45, 46, 48,
51.
7. William D. Johnston, « Tuberculosis », dans : Kenneth F. Kiple (dir.), The Cambridge World History
of Human Disease, Cambridge (R.-U.) : Cambridge University Press, 1993, p. 1059 ; Nevin
Scrimshaw, Carl Taylor et John Gordon, Interactions of Nutrition and Infection, Genève : World
Health Organization, 1968, p. 16.
8. Charlotte A. Roberts et Jane E. Buikstra, The Bioarchaeology of Tuberculosis : A Global View on a
Reemerging Disease, p. 20. Quand ils présentaient des symptômes de la maladie, les employés de la
CBH étaient souvent renvoyés chez eux en convalescence ; ainsi, William Tomison a pris un congé
de maladie à l’hiver 1788-1789 pour éviter que son mal ne dégénère en une « situation très grave ».
John Nicks, The Pine Island Posts, 1786–1794 : A Study of Competition in the Fur Trade (mémoire de
maîtrise), University of Alberta, 1975, p. 78. Une étude récente établit le lien entre les « voyageurs »
canadiens-français et les souches tuberculeuses qui subsistent à ce jour dans les populations
autochtones isolées de l’Ouest. Caitlin Pepperell et al., « Dispersal of Mycobacterium tuberculosis via
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 185
the Canadian Fur Trade », Proceedings of the National Academy of Sciences, 108, 2011, www.pnas.org/
cgi/doi/10.1073/pnas.1016708108, p. 1.
9. Joseph M. Prince et Richard H. Steckel, « Nutritional Success on the Great Plains : Nineteenth-
Century Equestrian Nomads », Journal of Interdisciplinary History, 33, 2003, p. 367-375. Voir aussi :
Joseph M. Prince, « Intersection of Economics, History, and Human Biology : Secular Trends in
Stature in Nineteenth-Century Sioux Indians », Human Biology, 67, 1995, p. 387-406 ; Richard H.
Steckel et Joseph M. Prince, « Tallest in the World : Native Americans of the Great Plains in the
Nineteenth Century », travaux présentés à la Commission Internationale de Démographie
Historique/International Commission on Historical Demography, Oslo (Norvège), 1999.
10. Johnston, « Tuberculosis », p. 1061 ; R. G. Ferguson, Studies in Tuberculosis, Toronto : University of
Toronto Press, 1955, p. 6.
11. SAB, R. G. Ferguson Papers, microfilm R-2.391, p. vi–vii.
12. James W. Daschuk, Paul Hackett et Scott McNeil, « Treaties and Tuberculosis : First Nations People
in Late 19th Century Western Canada, a Political and Economic Transformation », Canadian
Bulletin of the History of Medicine, 23, 2, 2006, p. 307-330.
186 L a destruction des I ndiens des P laines
13. Noel E. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, 1879–1885
(mémoire de maîtrise), University of Saskatchewan, 1970, p. 27.
14. Au début des années 1870, les progrès de la tannerie permettent d’utiliser les peaux de bison pour
fabriquer les nombreuses courroies industrielles indispensables à l’essor de l’économie de l’est des
États-Unis. Ce « spasme d’expansion industrielle a constitué la principale cause de la quasi-extinc-
tion du bison ». Andrew C. Isenberg, The Destruction of the Bison : An Environmental History, 1750–
1920, Cambridge (R.-U.) : Cambridge University Press, 2000, p. 130-131 ; Arthur J. Ray, « The
Northern Great Plains : Pantry of the Northwestern Fur Trade, 1774–1885 », Prairie Forum, 9,
1984, p. 277-278 ; Frank G. Roe, The North American Buffalo : A Critical Study of the Species in Its
Wild State – 2nd ed., Toronto : University of Toronto Press, 1970, p. 473.
15. D. Aidan McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies, 1870–1885 »,
Geographical Review, 70, 1980, p. 383n11.
16. CMS, microfilm A-80, Joseph Reader to Reverend Fenn, 29 July 1874, p. 221. Voir aussi : Nan
Shipley, « Printing Press at Oonikup », The Beaver, 290, 1960, p. 48-49.
17. Surgeon John Kittson, « Report, Swan River, 19 December 1875 », dans : S. W. Horral (dir.), A
Chronicle of the West : North-West Mounted Police Reports for 1875, Calgary : Historical Society of
Alberta, 1975, p. 23 ; Hugh Dempsey (dir.), R. B. Nevitt : A Winter at Fort Macleod, Calgary :
Alberta–Glenbow Institute, McClelland and Stewart West, 1974, p. 47-48 ; Jody Decker, « Country
Distempers : Deciphering Disease and Illness in Rupert’s Land before 1870 », dans : J. S. H. Brown
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 187
Aquarelle de C. M. Russell représentant les effets des hivers rigoureux sur le bétail. Cette
image témoigne du déclin des cheptels à l’hiver 1886. Utilisation autorisée par la Montana
Stockgrowers Association, Helena (Montana).
M. Grant assure que « presque tous les Indiens du Nord-Ouest sont scrofu-
leux18 ». The People’s Common Sense Medical Adviser, un ouvrage de médecine
très en vogue à l’époque, décrit en ces termes la « scrofule » (tuberculose
ganglionnaire) : « La conséquence d’une alimentation insuffisante ; le sujet
s’en remet à des aliments pauvres ou aux végétaux pour subsister, consom-
mant peu ou pas de produits animaux19. »
Dès avant la signature des traités de l’Ouest, les autorités gouverne
mentales prennent acte du déclin du bison et des conséquences qu’il risque
d’avoir pour les populations. Au printemps 1874, le ministre adjoint de l’In-
térieur souligne ainsi : « Depuis quelques années, le nombre des buffles
et Elizabeth Vibert (dir.), Reading beyond Words : Contexts for Native History, Peterborough : Broad-
view Press, 1996, p. 158.
18. George M. Grant, Ocean to Ocean : Sandford Fleming’s Expedition through Canada in 1872, Toronto :
Coles Publishing Company, 1970, p. 96.
19. R. V. Pierce, The People’s Common Sense Medical Adviser – 61st ed., Buffalo : World’s Dispensary
Medical Association, 1895, p. 447.
188 L a destruction des I ndiens des P laines
20. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, p. 21.
21. Canada, Documents de la session (ci-après : CDS), 1876, n° 9, Bureau du commissaire des Sauvages,
Winnipeg, 30 octobre 1875, p. 33.
22. CDS, 1877, n° 11, David Mills, Rapport annuel du département de l’Intérieur pour l’année expirée
le 30 juin 1876, p. xiv.
23. McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies », p. 383.
24. William T. Hornaday, The Extermination of the American Bison with a Sketch of Its Discovery and Life
History, Washington (DC) : Government Printing Bureau, 1889, p. 505-506.
25. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, p. 22 ; Anthony J. Looy,
« Saskatchewan’s First Indian Agent : M.G. Dickieson », Saskatchewan History, 32, 1979, p. 111.
26. Isenberg, The Destruction of the Bison, p. 140-143.
27. B. Byron Price, « Introduction », dans : J. Marvin Hunter (dir.), The Trail Drivers of Texas, Austin :
University of Texas Press, 1985, p. v ; Terry Jordan, North American Cattle-Ranching Frontiers :
Origins, Diffusion, and Differentiation, Albuquerque : University of New Mexico Press, 1993,
p. 222.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 189
28. Le bétail et le bison sont des « hôtes primaires » de la tuberculose bovine. Non seulement ils sont
susceptibles d’attraper la maladie, mais ils la transmettent en circonstances naturelles. Stacy V.
Tessaro, « Bovine Tuberculosis and Brucellosis in Animals, Including Man », dans : John Foster, Dick
Harrison et I. S. MacLaren (dir.), Buffalo, Edmonton : University of Alberta Press, 1992, p. 209.
29. Ibid., p. 210.
30. Thomas E. Mails, The Mystic Warriors of the Plains, New York : Mallard Press, 1991, p. 536.
31. Comme pour la tuberculose humaine, il faut distinguer les sujets simplement porteurs de la bactérie
M. bovis des malades avérés. La persistance de la tuberculose à l’état latent constitue « l’un des
principaux obstacles au recul puis à l’éradication de la maladie dans les populations d’hôtes
primaires ». Tessaro, « Bovine Tuberculosis and Brucellosis in Animals, Including Man », p. 212.
Pour en savoir plus sur l’échec de l’implantation des vaches à longues cornes Texas Longhorn et du
système d’élevage texan dans le nord des Plaines, voir : Jordan, North American Cattle-Ranching
Frontiers, 1993, p. 236-240.
32. Bien qu’elle suscite généralement moins de crainte que la bactérie M. tuberculosis, M. bovis constitue
une cause importante de morbidité et de mortalité dans les pays en développement, particulièrement
190 L a destruction des I ndiens des P laines
lose latente ne présentent aucun symptôme, leur viande s’avère toxique pour
ceux et celles qui la consomment. Le Dr Fred Treon constate ainsi les ravages
de la maladie chez ses patients sioux : « À supposer qu’une seule bête sur
chaque millier de têtes qui arrivent dans nos régions soit atteinte de tubercu-
lose ou d’actinomycose, il est possible, et même probable, que cet unique
animal contamine une centaine de personnes, de par la manière dont sa
viande est découpée puis répartie33. » Plus le bétail domestique supplante le
bison dans l’Ouest, plus les Autochtones de la région sont exposés à cette
source de contamination tuberculeuse qui est entièrement nouvelle et n’est
pas encore distinctement repérée34. L’essor fulgurant de la consommation de
bestiaux domestiques pourrait expliquer l’explosion soudaine du nombre des
cas de tuberculose clinique à la fin des années 1870.
Alors que le bison sauvage périclite déjà, les intempéries semblent brus-
quement se liguer contre lui. En 1877 et 1878, El Niño se déchaîne35 et
déclenche des hivers anormalement chauds qui rapprochent encore de
l’extinction ce qu’il reste des hardes. Se caractérisant par une absence
d’accumulation de neige, la saison froide 1877-1878 passera à l’histoire sous
le nom d’« hiver noir36 ». La sécheresse hivernale provoque dans les prairies de
gigantesques incendies qui gagnent la majeure partie de l’ouest des Plaines
(l’Alberta et la Saskatchewan actuelles) et détruisent d’immenses pâturages. À
l’instar des populations humaines des réserves, les animaux domestiques et
sauvages affaiblis par la faim succombent plus facilement à la maladie. Dans
ce contexte extrêmement difficile, la tuberculose se propage aisément aux
hôtes secondaires, par exemple les chevaux37. La gale s’abat aussi sur les
chevaux des Indiens et sur les bisons sauvages. À l’hiver 1877-1878, elle tue
les 10 chevaux du frère du chef Star Blanket. Le révérend John Hines rapporte
dans les populations infectées par le VIH. W. Y. Ayele et al., « Bovine Tuberculosis : An Old Disease
but a New Threat to Africa », International Journal of Tuberculosis and Lung Disease, 8, 2004, p. 927.
33. Lors des grands périples acheminant les troupeaux d’une région à l’autre, les animaux infectés à
l’actinomycose étaient très souvent offerts aux Indiens pour les « apaiser », car ils ne possédaient
aucune valeur commerciale. A. B. Holder, « Papers on Diseases among Indians », Medical Record : A
Weekly Journal of Medicine and Surgery, 13 août 1892, p. 181-182.
34. La bactérie qui cause la tuberculose n’a été identifiée qu’en 1882. Le danger que représente la
tuberculose bovine pour les populations humaines ne sera par ailleurs universellement reconnu
qu’en 1895. Keir Waddington, « ‘Unfit for Human Consumption’ : Tuberculosis and the Problem of
Infected Meat in Late Victorian Britain », Bulletin of the History of Medicine, 77, 2003, p. 650.
35. William H. Quinn, Victor T. Neal et Santiago E. Antúnez de Mayolo, « El Niño Occurrences over
the Past Four and a Half Centuries », Journal of Geophysical Research, 92, 1987, p. 14451 ; Cesar N.
Caviedes, El Niño in History : Storming through the Ages, Gainesville : University Press of Florida,
2001, tableau 1.1, p. 10.
36. SAB, Campbell Innes Papers, A-113, vol. 3, Canadian Northwest Historical Society Papers, Subject
File 12, Ruth Matheson notes, n.d.
37. Tessaro, « Bovine Tuberculosis and Brucellosis in Animals, Including Man », p. 209.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 191
que « les Indiens ont pris leurs poneys qui se mouraient de la gale, les ont
tués, puis ont fait bouillir leurs os pour se procurer un peu de graisse, avec
laquelle ils font ensuite rôtir leur blé pour le rendre plus digestible38. » Par la
consommation d’animaux malades ou morts de maladie, les zoonoses se
transmettent aux populations des réserves fragilisées par la malnutrition.
Les incendies de l’hiver noir obligent les bisons survivants à hiverner
entre les branches de la rivière Saskatchewan, où ils subissent les offensives
des chasseurs pieds-noirs, cris et assiniboines, mais aussi des Sioux arrivés
plus récemment dans la région. Au printemps 1878, les hardes échappent à
cet étau qui menace de se refermer sur elles en s’enfuyant vers le Montana, au
sud-ouest39. Soumis à l’inlassable traque de l’armée américaine40, des Indiens
des États-Unis et des Autochtones du Canada, eux-mêmes acculés aux
stratégies de survie les plus désespérées, les quelques bisons qui subsistent des
gigantesques hardes des Plaines courent vers leur extermination au sud de la
frontière. Au début des années 1880, l’extinction de leur espèce est achevée.
Tandis que la disette se métamorphose en une véritable crise alimentaire,
une autre conséquence de la colonisation européenne à grande échelle frappe
de plein fouet les Premières Nations du nord de la province du Manitoba. En
1876, un millier d’immigrants venus d’Islande s’installent sur les berges du
lac Winnipeg41. Ils s’établissent ainsi sur des terres revendiquées ou déjà
occupées par les Indiens du Traité n° 542. Peu après leur arrivée, une flambée
de variole dévaste leur collectivité. L’épidémie qui se déchaîne durant tout
l’automne et jusqu’au début de l’hiver tue entre 100 et 200 colons43. Elle fait
aussi des centaines de victimes chez les Saulteaux et les Cris44.
38. John Hines, The Red Indians of the Plains : Thirty Years Missionary Experience in the Saskatchewan,
Londres : Society for Promoting Christian Knowledge, 1915, p. 146.
39. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, p. 26.
40. Roe, The North American Buffalo, p. 477-479 ; David D. Smits, « The Frontier Army and the
Destruction of the Buffalo : 1865–1883 », Western Historical Quarterly, 25, 1994, p. 334-338 ;
William A. Dobak, « The Army and the Buffalo : A Demur », Western Historical Quarterly, 26, 1995,
p. 202. La correspondance du premier ministre montre que l’armée américaine a contribué à
l’extinction des hardes. BAC, Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1673, p. 114313,
Morris to Macdonald, Toronto, 6 July 1879 ; microfilm C-1590, p. 81299, Campbell to Macdonald,
Ottawa, 10 August 1879.
41. Gudjon Arngrimsson, Nyja Island : Saga of the Journey to New Iceland, Winnipeg : Turnstone Press,
1997, p. 152-153.
42. Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, p. 144,
148, 153 ; Winona Stevenson, Icelanders and Indians in the Interlake : John Ramsay and the White
Mud River, tapuscrit, Winnipeg : University of Winnipeg, 1986 ; BAC, RG 10, vol. 3646,
dossier 8064, Report of Dr. Lynch on Indians of Lake Winnipeg, 12 April 1877.
43. Nelson Gerrard, Icelandic River Saga, Arborg (Manitoba) : Saga Publications, 1985, p. 37.
44. Une source estime que 200 Indiens sont morts dans la seule collectivité de la Sandy River. E. L. M.
Thorpe, The social histories of smallpox and tuberculosis in Canada – Culture, evolution and disease
192 L a destruction des I ndiens des P laines
(Anthropology Department Papers 30), Winnipeg : University of Manitoba, 1989, p. 49. Selon les
estimations, au moins 300 Autochtones étaient déjà morts sur la rive ouest du lac Winnipeg à la fin
du mois de janvier 1877. Jim Mochoruk, Formidable Heritage : Manitoba’s North and the Cost of
Development, 1870 to 1930, Winnipeg : University of Manitoba Press, 2004, p. 40.
45. APM, fonds Alexander Morris, collection Ketcheson, MG 12, registre de télégrammes 3, n° 23,
« R. W. Scott to Alexander Morris, 29 November 1876 ».
46. APM, fonds Alexander Morris, collection Ketcheson, MG 12, registre de télégrammes 3, n° 10,
« Attachment of a message from Morris to Mackenzie, 24 November 1876 ».
47. Mochoruk, Formidable Heritage, p. 40.
48. James Mochoruk, The Political Economy of Northern Development : Governments and Capital along
Manitoba’s Resource Frontier, 1870–1930 (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1992, p. 55.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 193
49. BAC, RG 10, microfilm C-10113, vol. 3648, dossier 8138, David Mills, Department of the Interior
Memorandum, 14 May 1877 ; S. D. Cote to J.A. Macdonald, 14 June 1880 ; BAC, RG 10, vol. 3643,
dossier 7708, Report of Surgeon B. Nevitt, Fort Macleod, 2 January 1877 (extr.).
50. BAC, RG 10, microfilm C-10113, vol. 3648, dossier 8138, s.d. Cote to J.A. Macdonald,
14 June 1880.
51. John L. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree, 1879–1885 », dans : J. R. Miller (dir.),
Sweet Promises : A Reader on Indian–White Relations in Canada, Toronto : University of Toronto
Press, 1991, p. 215.
52. SAB, R-E1883, Frederick Tarr et Larry Peterson, « The Coming of the Queen », dans : Little Pine/
Lucky Man Band #116 (tapuscrit, n.d.).
53. Grant MacEwan, Sitting Bull : The Years in Canada, Edmonton : Hurtig, 1973, p. 90-91.
54. Treaty 7 Elders and Tribal Council (Aînés et Conseil tribal du Traité n° 7), avec la collaboration de
Walter Hildebrandt, Sarah Carter et Dorothy First Rider, The True Spirit and Original Intent of
Treaty 7, Montréal : McGill-Queen’s University Press, 1996, p. viii.
194 L a destruction des I ndiens des P laines
Le traité des Pieds-Noirs (Traité n° 7), 1877, allocution de Crowfoot. Glenbow Archives,
NA-40-1.
55. David Chalmers, Laird of the West, Calgary : Detselig Enterprises, 1981, p. 99.
56. Hugh Dempsey, Crowfoot : Chief of the Blackfeet, Norman : University of Oklahoma Press, 1972,
p. 110.
57. John Snow, These Mountains Are Our Sacred Places : The Story of the Stoney Indians, Toronto : Samuel
Stevens, 1977, p. 31.
58. Anthony J. Looy, The Indian Agent and His Role in the Administration of the Northwest Superin-
tendency, 1876–1893 (thèse de doctorat), Queen’s University, 1977, p. 61.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 195
59. BAC, RG 10, vol. 3643, dossier 7708, Report of Surgeon B. Nevitt of the North-West Mounted Police,
Fort Macleod, 2 January 1877.
60. « Father Scollen to the Lieutenant Governor, Fort Pitt, 8 September 1876 », dans : Morris, The
Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories, p. 248-249.
196 L a destruction des I ndiens des P laines
61. Dempsey, Crowfoot, p. 96 ; Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the
North-West Territories, p. 256 ; L.V. Kelly, The Range Men : The Story of the Ranchers and Indians of
Alberta, Toronto : Coles, 1980, p. 119.
62. Looy, « Saskatchewan’s First Indian Agent », p. 112-113.
63. Maureen Lux, Medicine that Walks : Disease, Medicine, and Canadian Plains Native People, 1880–
1940, Toronto : University of Toronto Press, 2001, p. 33. Grand éleveur de la première heure et
inspecteur vétérinaire en chef au début des années 1880, le Dr Duncan McEachran était également
d’avis qu’il serait moins coûteux « de nourrir [les Indiens] que de les combattre ». David Breen, The
Canadian Prairie West and the Ranching Frontier, 1874–1924, Toronto : University of Toronto Press,
1983, p. 15.
64. SAB, microfilm 2.563, Alphonse Little Poplar, Miscellaneous Documents Relating to the Sweet Grass
Reserve (tapuscrit, 1974).
65. Looy, « Saskatchewan’s First Indian Agent », p. 111.
66. Mary Weekes, The Last Buffalo Hunter, Toronto : Macmillan of Canada, 1945, p. 173-187.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 197
Sitting Bull sont en fait rassemblés dans les immenses étendues sablonneuses
des Great Sand Hills, au nord des Cypress Hills67. Big Bear et d’autres chefs
cris mènent leurs groupes respectifs vers le nord pour faire le point sur la crise
et s’entretenir avec les représentants du Dominion. Cette rencontre pourrait
constituer le rassemblement estival le plus important de l’histoire des Cris. À
l’époque, ils sont encore autosuffisants pour leur alimentation. Les signataires
de traités reçoivent leurs versements annuels, et Big Bear reprend les discus-
sions en vue d’une éventuelle adhésion au Traité n° 6. Il négocie avec diffé-
rents représentants du Canada, dont le Dr Hagarty : « Je pense le plus grand
bien de Big Bear, écrira le médecin. J’aimerais que tous les chefs pensent et
agissent comme lui68. »
Pendant que Big Bear s’efforce en vain d’améliorer les termes du traité,
les groupes que la faim tenaille convergent vers les villages européens dans
l’espoir d’y trouver un peu de nourriture. La chasse s’étant révélée décevante
à Carlton et dans plusieurs autres postes d’approvisionnement, les Sioux
arrivés de fraîche date poursuivent leur route jusqu’à Prince Albert ; en
novembre, ils y ont dressé 89 tentes et, indique un compte rendu de l’époque,
« mendient leur pitance de porte en porte69 ». À Battleford, les affamés solli-
citent quotidiennement le Bureau des Indiens ; certains d’entre eux « ont été
contraints de manger leurs chiens pour ne pas mourir de faim70 ». Face à
l’augmentation de la demande d’aide alimentaire dans la capitale territoriale,
les autorités n’augmentent pas les rations : elles resserrent plutôt les mesures
de sécurité. Une palissade est érigée « de crainte que des Indiens torturés par
la faim n’attaquent le fort où sont entreposées les provisions71 ». Grinçante
ironie des temps, les travailleurs qui construisent les fortifications pour éloi-
gner les affamés des entrepôts du Dominion sont eux-mêmes payés en nour-
riture72… Dès la fin de l’année, la désespérance et la misère sont tellement
généralisées à Battleford qu’elles en deviennent banales. Le 16 décembre 1878,
la rubrique « Objets perdus et trouvés » du Saskatchewan Herald annonce
ainsi : « TROUVÉ : Une jument blanche, là où les Indiens sont morts de
faim, vers le 1er octobre. Le propriétaire récupérera sous réserve d’établir son
printemps, cette situation plus que préoccupante a déjà pris les proportions
d’une véritable crise. Le 2 avril, le père Scollen indique au major Irvine, de la
police, que certains Indiens en ont été réduits à manger des carcasses de loup
empoisonnées80. « Un autre hiver comme celui qui vient de finir, ajoute le
prêtre, et c’en serait terminé de nous81. »
À Calgary, une délégation de chefs niitsitapis sollicite l’aide de Cecil
Denny, de la PCN-O82. En arrivant dans l’Ouest, Edgar Dewdney, qui vient
d’être nommé commissaire des Indiens, procure aux Niitsitapis affamés suffi-
samment de vivres pour leur permettre de se rendre jusqu’au sud de la fron-
tière : il fait ainsi économiser au Dominion 100 000 $ au moins pour les
années 1879 et 188083. Les dépenses des Affaires indiennes vont néanmoins
plus que doubler entre 1879 et 1881, et la part des approvisionnements
alimentaires dans le budget de ce ministère ne cessera de s’alourdir84. La
plupart des Indiens partent vers le sud pour tenter désespérément d’y trouver
ce qu’il reste des hardes. Des Cris prennent toutefois la route du nord ;
certains se rendent jusqu’à la rivière de la Paix. Les expéditions de chasse des
nouveaux arrivants s’ajoutent alors à celles des Dunnezas établis de plus
longue date dans ces terres ; les populations de gibier s’épuisent, et la rivalité
entre les deux groupes dégénère presque en guerre85.
Au début du mois de mai 1879, 200 Cris faméliques ont convergé vers
la capitale territoriale, Battleford. À peine trois semaines plus tard, ils sont
presque 750, « tous affamés86 ». Entre janvier et juin, environ 35 tonnes de
farine sont envoyées au campement87. Le 19 mai, le Saskatchewan Herald
signale : « [Ils n’ont] ni lard, ni bœuf, ni pemmican, ni poisson, ni gibier, ni
pommes de terre et, jusqu’au lundi 12 [mai], même pas de farine88. »
Rattler, guérisseur niitsitapi, traite un jeune homme atteint de tuberculose mortelle. Son inter-
vention a pu procurer un réconfort spirituel au malade dans les derniers moments de son
agonie. Source : The Walter McClintock Papers, Yale Collection of Western Americana, Beinecke
Rare Book and Manuscript Library. Reproduction autorisée.
ignorer des souffrances atroces dont il est environné : « Ne savez-vous donc
pas que les gens d’ici meurent de faim ? […] Il y en a deux qui sont déjà morts
dans leur tente ; ils sont morts de faim101. »
En dépit de toute cette misère, le commissaire des Indiens Dewdney
maintient le cap de l’austérité budgétaire. Au terme d’une discussion longue
et houleuse avec le colonel Macleod, Dewdney conclut : « J’ai convenu avec
le colonel qu’il continuerait d’appliquer les procédures qui ont été mises en
œuvre jusqu’ici ; les rations alimentaires seront distribuées s’il est avéré que les
Indiens souffrent réellement de la faim, à ceux qui travailleront ainsi qu’aux
malades et aux infirmes qui n’ont pas d’amis [susceptibles de leur venir en
aide] et qui ne peuvent pas travailler102. »
101. John Macoun, Autobiography of John Macoun, M.A. : Canadian Explorer and Naturalist, 1831–1920,
Ottawa : Ottawa Field-Naturalists Club, 1922, p. 149-150.
102. Dempsey (dir.), « The Starvation Year, Part 1 », p. 11, entrée du 24 juillet 1879.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 203
vie parmi eux, il est bien inutile d’avancer quoi que ce soit sur le sujet.
Monsieur l’Indien coûtera un tantinet plus qu’ils ne l’auraient voulu108. »
Des rapports signalant des famines affluent également depuis Fort
Qu’Appelle, les buttes de Tondre (Touchwood Hills), Fort Ellice et la
montagne de l’Orignal (Moose Mountain)109. Dickieson signale qu’à Moose
Mountain, « les Sauvages [se trouvent] dans une position des plus déplorables,
et l’on dit que plusieurs sont morts de misère et de faim ». Dans le secteur de
Fort Qu’Appelle : « On a distribué bien peu de provisions dans le Traité n° 4.
Comme conséquence, les Sauvages demandèrent des secours, en accom
pagnant leur demande de démonstrations de violence contre la Compagnie
de la Baie d’Hudson (CBH) à Qu’Appelle110. » En août 1879, le Dr Hagarty
attribue le déclin de la bande de White Bear (Ours-Blanc) à l’insuffisance de
nourriture : « Les Indiens d’ici sont très émaciés. La faim manifeste ses
terribles effets sur eux, et la scrofule ainsi que d’autres maladies apparentées
deviennent extrêmement communes. » Il observe « une situation très simi-
laire [dans les Touchwood Hills…] la maladie, la faim et la lassitude111 ». À
la réserve de Yellow Quill (Plume-Jaune), deux bœufs ainsi qu’une petite
quantité de farine sont dérobés trois jours avant la date prévue de la livraison
des rations alimentaires. Hagarty remet un surcroît de provisions au chef, qui
a refusé de participer au pillage : « Je l’ai félicité de sa dévotion à l’égard des
lois de la Grande Mère Blanche, précise le médecin, et il m’en a remercié ; il
a exprimé son attachement à la Reine et il était très fier de sa conduite112. »
Près de Fort Qu’Appelle, où la bande de Poorman (Pauvre-Homme) était
entrée par effraction dans l’entrepôt au mois de juin113, le médecin découvre
avec horreur une autre conséquence de la détérioration des conditions de vie
dans les Plaines : les épidémies de maladies vénériennes. À son retour à
Portage la Prairie, il constate également l’émergence de ces infections dans ce
secteur géographique114.
Dans son rapport, le Dr Hagarty décrit aussi les tensions croissantes
entre les affamés des réserves et les représentants du ministère des Affaires
108. BAC, MG 29 B 15, Robert Bell Papers, vol. 24, f. 88, McDonald to Bell, 16 April 1879.
109. CDS, 1880, Rapport de Lawrence Vankoughnet, sous-surintendant général des affaires des
Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1879, p. 12.
110. CDS, 1880, Rapport du surintendant intérimaire, Battleford, 21 juillet 1879, p. 106.
111. BAC, RG 10, vol. 3678, dossier 11683, Report on the Indians of White Bear’s Band, 5-6 August 1879.
112. BAC, RG 10, vol. 3678, dossier 11683, Report on the Indians of Day Star’s Band and Yellow Quill’s
Band, 15 August 1879.
113. Lux, Medicine that Walks, p. 34.
114. BAC, RG 10, vol. 3678, dossier 11683, Report on the Indians of Loud Voice’s Band, 29 August 1879 ;
Report on the Indians of Chicock’s Band, 30 August 1879.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 205
115. Thomas R. Malthus, Essai sur le principe de population (préface et traduction de Pierre Theil), Paris :
Gonthier, 1963.
116. Amartya Sen, Poverty and Famines : An Essay on Entitlement and Deprivation, Oxford : Clarendon
Press, 1981, p. 1. Sen précisera ultérieurement la notion de « dynamique des droits » [entitlement
relations] dans un article intitulé « Food, Economics, and Entitlements », dans : Jean Drèze, Amartya
Sen et Athar Hussain (dir.), The Political Economy of Hunger : Selected Essays, Oxford : Clarendon
Press, 1995, p. 50-68. Voir également : Louise A. Titley, « Food Entitlement, Famine, and Conflict »,
Journal of Interdisciplinary History, 14, 1983, p. 333-349.
117. Voir : Breen, The Canadian Prairie West and the Ranching Frontier, p. 10-15 ; Paul Sharp, Whoop-Up
Country : The Canadian–American West, 1865–1885, Norman : University of Oklahoma Press,
1973, p. 96-97.
118. Saskatchewan Herald, 1er décembre 1879, p. 1.
119. Commissioners of the Royal North-West Mounted Police, Opening Up the West : Being the Official
Reports of the Royal North-West Mounted Police Force from 1874 to 1881, Toronto : Coles, 1973, p. 3.
120. Hildebrandt, Views from Fort Battleford, p. 98.
206 L a destruction des I ndiens des P laines
121. Stephen Sliwa, Standing the Test of Time : A History of the Beardy’s/Okemasis Reserve, 1876–1951
(mémoire de maîtrise), Trent University, 1993, p. 54-57.
122. SAB, RCE-1120, Indians of North America, Clippings File, Yesteryears, No. 22, « Disquieting News
from Duck Lake », 2 mai 1938 (reproduction d’un article du Saskatchewan Herald, 14 janvier 1879).
123. Sliwa, Standing the Test of Time, p. 58-59 ; James Walker, « Report, Battleford, 19 December 1879 »,
dans : Commissioners of the Royal North-West Mounted Police, Opening Up the West, p. 21 ;
Saskatchewan Herald, 27 janvier 1879, p. 1.
124. Gary Abrams, Prince Albert : The First Century, 1866–1966, Saskatoon : Modern Press, 1966,
p. 26-27.
125. Saskatchewan Herald, 16 août 1880, p. 1. Beardy et ses coaccusés ont ensuite été complètement
disculpés.
126. Sliwa, Standing the Test of Time, p. 61-62.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 207
n’ont pas de chaussures. […] Si la maladie devait s’abattre sur eux, dans l’état
d’extrême faiblesse qui est le leur, beaucoup n’y survivraient pas127. »
À partir de 1880, les protestations des Autochtones s’amplifient128.
Considérant que les sommes versées à la CBH au moment du transfert
territorial appartiennent en réalité aux Indiens, le chef Thunderchild (Enfant-
du-Tonnerre) menace d’engager « un avocat de haut vol » pour les récupérer.
Dans un article qui gardera toute sa pertinence pendant plus d’un siècle, le
Saskatchewan Herald écrit : « Ils [les avocats] en tireront le plus grand profit,
car il devra remettre la moitié du montant obtenu à qui lui aura permis de le
récupérer ; il serait même fort singulier qu’ils ne réussissent pas aussi à mettre
la main sur l’autre moitié. De nombreux frais accompagnent les actions juri-
diques, dont les Indiens n’ont pas connaissance129. »
Au lieu d’être distribuées aux populations pour les soulager de la
« disette nationale », ainsi que Morris l’avait promis, les rations alimentaires
servent d’outils de coercition pour contraindre les Indiens à se soumettre aux
traités130. Le député libéral Malcolm D. Cameron accuse le ministère des
Affaires indiennes d’appliquer « une politique d’assujettissement dont la poli-
tique de la famine constitue le bras armé131 ». En 1879, plusieurs bandes
troquent ainsi leur indépendance contre de la nourriture. Dans « l’agence » de
Battleford, Mosquito (Moustique ou Maringouin), Moosomin, Thunderchild
et Little Pine (Petit-Pin) acceptent de signer des traités en échange d’un
soutien alimentaire132. Une fois confinées dans les réserves, les Premières
Nations tombent à la merci de fonctionnaires qui jugent leurs revendications
absolument intolérables. Strike-Him-on-the-Back (Frappe-le-dans-le-dos)
ayant refusé l’accès de sa réserve aux arpenteurs, Dewdney « lui prend son
bétail au profit des Sioux133 ». Il décline également l’offre des éleveurs qui,
craignant de voir les Indiens affamés s’en prendre à leurs troupeaux, se
montrent disposés à « vendre leurs propres animaux au prix coûtant et
127. ACBH, dossier de recherche : Prince Albert, « Lawrence Clarke to James Graham, 3 March 1880 ».
128. Saskatchewan Herald, 19 juillet 1880. Plusieurs bandes ont exprimé leur insatisfaction à l’égard du
Dominion, notamment celles de Poundmaker, Strike-Him-on-the-Back, Samson, Ermine Skin
(Peau-d’Hermine) et Bobtail ; ibid., 5 juillet 1880, p. 2-3.
129. Ibid., 16 août 1880, p. 2.
130. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories ; Tobias, « Canada’s
Subjugation of the Plains Cree ».
131. Looy, The Indian Agent and His Role in the Administration of the Northwest Superintendency, p. 112.
132. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 235n30.
133. Dempsey (dir.), « The Starvation Year, Part 2 », p. 8. Moins de deux ans plus tard, l’arpenteur du
Dominion lui-même refusera de fixer les limites des terres mises en réserve pour Strike-Him-on-the-
Back en raison de la piètre qualité des sols. Saskatchewan Herald, 5 juin 1881, p. 1.
208 L a destruction des I ndiens des P laines
137. Ibid.
138. Ibid., p. 81309-81310, « Campbell to Macdonald, Ottawa, 12 August 1879 ».
139. Ibid., p. 81312 ; George Duck, « Letters from the West », The Beaver, 282, 1951, p. 24 ; SAB,
Campbell Innes Papers, A-113, vol. 2, f. 3, « Lives of the Early Pioneers », 15 avril 1920, p. 31.
140. McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies », p. 385.
141. Dempsey, Crowfoot, p. 112-114.
142. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 216-221.
143. Carter, Lost Harvests, p. 79.
144. Hildebrandt, Views from Fort Battleford, p. 40.
145. SAB, Tarr et Peterson, Little Pine/Lucky Man Band #116 ; Looy, « Saskatchewan’s First Indian
Agent », p. 112.
210 L a destruction des I ndiens des P laines
151. CDS, 1881, Rapport au surintendant général des affaires des Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1880,
p. 93.
152. Lux, Medicine that Walks, p. 36. (Également : CDS, 1880, Rapport du commissaire des Sauvages,
Ottawa, 2 janvier 1880, p. 99.)
212 L a destruction des I ndiens des P laines
162. CDS, 1880, Lawrence Vankoughnet, Rapport du sous-surintendant général des affaires des
Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1879, p. 13.
163. Lux, Medicine that Walks, p. 36. Les puissants blizzards de la prairie-parc toute proche de l’est aurait
achevé d’exterminer une harde de bisons qui subsistait dans la région de Kamsack, dans l’est de la
Saskatchewan. MacDonald, « The Killing of the Buffalo », p. 22.
214 L a destruction des I ndiens des P laines
pourraient constituer une grande source d’inspiration pour les peuples les
plus civilisés164.
Au prix d’efforts considérables, la police réussit à livrer des vivres aux
affamés des Cypress Hills. Le surintendant Crozier souligne l’importance de
ces approvisionnements, « sinon des centaines de gens seraient certainement
morts de faim165 ». En septembre, le Dr Kennedy signale que de nombreux
Assiniboines établis près de Fort Walsh sont « prostrés » par la maladie. La
diarrhée et la dysenterie ravagent un campement « tout entier » de 1 500 Cris,
« et un nombre très important d’entre eux en sont morts, surtout des enfants.
Pour montrer à quel point ces maux sont fréquents, je mentionne que j’ai
visité et traité 150 personnes en une seule journée166 ». À l’ouest de là, à Fort
Macleod, le Dr Kittson indique à son supérieur qu’il n’y a plus assez de gibier
à l’est des Rocheuses ; il souligne aussi que les populations qu’il soigne
reçoivent des rations ne représentant même pas la moitié de celles des
prisonniers politiques en Sibérie167.
Dewdney reconnaît que les provisions fournies par le Dominion sont
insuffisantes168. Mais leur qualité pose également problème. En janvier 1880,
l’instructeur agricole Scott décrit en ces termes des morceaux de porc qu’il a
distribués dans les Touchwood Hills de la part du Ministère : « moisis et piqués
de rouille et totalement impropres à la consommation, et cependant nous les
donnons aux Indiens, n’ayant rien de mieux à proposer, mais nous ne pour-
rions pas les consommer nous-mêmes169 ». Le Saskatchewan Herald évoque les
« soupes populaires » mises sur pied par M. Loucks pour les Sioux de Prince
Albert : « On prétend qu’il a trouvé le secret pour nourrir 50 Indiens avec
2 livres de porc par jour170. » Même les provisions de bonne qualité ont
parfois des effets délétères sur la population ravagée par la malnutrition. Au
printemps 1880, la bande de Mosquito s’installe sur les terres qui lui ont été
164. « Report of Major Walsh, Brockville, 31 December 1880 », dans : Commissioners of the Royal
North-West Mounted Police, Opening Up the West, p. 26.
165. « Report of Superintendent L. N. F. Crozier, Wood Mountain, December 1880 », dans : Ibid.,
p. 30-31.
166. « Report of Surgeon George A. Kennedy, Fort Walsh, 23 December 1880 », dans : Ibid., p. 47.
Kennedy signale une épidémie de scarlatine en octobre.
167. BAC, RG 10, bobine C-10126, vol. 3726, dossier 24811, “Report from Dr. Kittson of the North-West
Mounted Police Stationed at Fort Macleod, Concerning the Insufficiency of Rations Issued to the Indians
of the Northwest Territories, 1880–1915”, Kittson to Macleod, 1 July 1880, p. 2.
168. CDS, 1881, Rapport au surintendant général des affaires des Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1880,
p. 91-93.
169. Carter, Lost Harvests, p. 89, 99.
170. Saskatchewan Herald, 12 janvier 1880, p. 1 ; CDS, 1882, W. Anderson, Edmonton,
13 décembre 1881, p. 84.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 215
171. Saskatchewan Herald, 5 juillet 1880, p. 1 ; CDS, 1880, Rapport de l’Agence de Battleford,
21 juillet 1879, p. 105.
172. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 528.
173. Brian Hubner, « Horse Stealing and the Borderline : The NWMP and the Control of Indian
Movement », Prairie Forum, 20, 1995, p. 296.
174. CDS, 1881, Rapport au surintendant général des affaires des Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1880,
p. 92.
175. Bruce Peel, « The Last Battle », The Beaver, 297, 1966, p. 12 ; Robert Stewart, Sam Steele : Lion of the
Frontier, Regina : Centax Books, 1999, p. 92-93 ; Carter, Lost Harvests, p. 76-77.
176. Peel, « The Last Battle », p. 12-14.
177. CDS, 1881, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire aux Sauvages, 31 décembre 1880, p. 93.
178. Nettie McLennan, « Starting Out with the Indians », dans : Meredith B. Banting (dir.), Early History
of Saskatchewan Churches, Regina : Banting Publishers, 1975, p. 176.
179. ACBH, dossier de recherche : Prince Albert, « Clarke to James Graham, Fort Carlton, 3 March 1880 »,
p. 3.
216 L a destruction des I ndiens des P laines
180. Hagarty est officiellement démis de ses fonctions le 14 juin 1880. BAC, RG 10, vol. 3648,
dossier 8138, J. Cote, Report of a Committee of the Privy Council, 14 June 1880.
181. McPherson, The Battlefords, p. 60 ; BAC, RG 10, vol. 3678, dossier 11683, Robert Sinclair (Accoun-
tant) to Lawrence Vankoughnet, 7 August 1879.
182. CDS, 1881, Rapport d’Edwin Allen, agent des Sauvages, Fort Walsh, 30 septembre 1880, p. 106.
Lux, Medicine that Walks, p. 37, observe que la surpopulation, les carences alimentaires et les
déplacements constants motivés par la recherche de nourriture « enclenchent une dynamique syner-
gique incontrôlable entre l’infection et la faim ».
183. CDS, 1881, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire aux Sauvages, Ottawa, 31 décembre 1880,
p. 92. Pour plus de précisions sur la flambée au Montana et l’épidémie d’oreillons qui l’a suivie,
voir : Lux, Medicine that Walks, p. 37. Les flambées ont causé une mortalité plus importante chez les
enfants. CDS, 1882, John A. Macdonald, Surintendant général des affaires des Sauvages, Fort
Macleod, 30 mai 1881, p. xxv.
184. Dempsey, Crowfoot, p. 131-138 ; Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest
Territories, p. 45.
185. CDS, 1882, Rapport du département des Affaires des Sauvages, Fort Carlton, 23 mars 1881, p. x.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 217
« ils mourront de faim, car il n’y a plus de gibier dans les Plaines186 ». L’assis-
tance procurée par le Dominion reste cependant limitée. À leur retour au
Canada, les gens de Crowfoot reçoivent une livre (environ 500 g) de bœuf et
une demi-livre de farine par jour, d’une qualité douteuse dans les deux cas.
Les entrailles sont vendues à ceux qui ont encore les moyens de les acheter
pour agrémenter leur maigre ordinaire. Généralement consommées crues,
elles accélèrent inévitablement la propagation des maladies.
À l’automne 1881, Crowfoot demande un soutien additionnel pour
son peuple. L’agent MacLeod le classe immédiatement au rang des fauteurs
de troubles et l’admoneste sans ménagement. La rumeur affirme que le
gouvernement affame délibérément les Niitsitapis pour les exterminer. Le
2 janvier 1882, une tractation au marché noir portant sur une tête de bœuf
et quelques abats tourne mal et déclenche un affrontement armé. Cette
« affaire Bull Elk » marque la fin de presque 10 ans de bonnes relations entre
les Niitsitapis et la police187.
Dans les autres régions aussi, la faim et la maladie semblent engagées
dans une spirale infernale. La variole frappe Fort Qu’Appelle en
janvier 1881188. Le Conseil de la santé prend rapidement des mesures qui
permettent de l’endiguer. Dès cette époque, les observateurs des conditions de
vie dans les réserves constatent les rapports entre l’alimentation et l’infection.
Dans un article sur la flambée de variole qui dévaste les environs, le Saskat-
chewan Herald écrit : « La scrofule ravage de nombreuses bandes d’Indiens des
Plaines. Dans les groupes qui ont été touchés cette fois, la maladie a frappé
ceux qui avaient mangé de la viande de chevaux morts d’escarres ou de gale,
et il est presque impossible qu’ils aient pu se nourrir ainsi sans faire entrer en
eux les germes de la maladie189. » Même si cette équation n’a pas encore été
confirmée par la science à l’époque, P. G. Laurie observe un lien entre la
consommation de la viande d’animaux malades et l’émergence de la scrofule
(tuberculose ganglionnaire ; lymphadénite cervicale), l’un des principaux
indicateurs de l’infection à la tuberculose bovine190.
La misère contraint les habitants des Plaines à une alimentation
« impure ». À Fort Ellice, les rations quotidiennes de 12 onces (environ 340 g)
199. Robert Nestor, Hayter Reed, Severalty, and the Subdivision of Indian Reserves on the Canadian Prairies
(mémoire de maîtrise), University of Regina, 1998, p. 33.
200. CDS, 1882, Hayter Reed, Rapport du surintendant général des affaires des Sauvages, Battleford,
9 juillet 1881, p. xviii.
201. Looy, The Indian Agent and His Role in the Administration of the Northwest Superintendency, p. 94.
202. McPherson, The Battlefords, p. 71.
203. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 528-529.
204. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
1870–1930s, p. 145 (également dans : Actes du Parlement de la puissance du Canada, 1891, vol. 1,
« Actes publics généraux », p. lxxxvi).
205. McPherson, The Battlefords, p. 69.
220 L a destruction des I ndiens des P laines
Medicine Hat et ouvrent les marchés de l’Est aux éleveurs de l’Ouest. Pour
stabiliser la nouvelle configuration du peuplement dans la région, Fort Walsh
est fermé : jusqu’à la construction du chemin de fer, il constituait le siège des
autorités canadiennes, mais aussi le principal centre de distribution de
provisions pendant la famine dans le sud-ouest. Hormis un bref épisode de
résistance armée au printemps 1885, les Premières Nations des Plaines sont
complètement « pacifiées » au début de l’année 1883. Reed continue de
freiner l’acheminement de l’aide, alimentaire et autre, aux populations des
réserves des Plaines.
Au début des années 1880, la tuberculose représente la principale cause
de morbidité et de mortalité chez les Autochtones des Plaines. Depuis des
années, ces populations sont ravagées par la malnutrition ou la famine avérée.
Leurs défenses immunitaires étant affaissées, l’infection latente à M. tubercu-
losis, la zoonose à M. bovis, et probablement les deux à la fois, explosent en
épidémies foudroyantes. Aux négociations de Carlton, les Cris savaient déjà
que la disparition du bison aurait des répercussions majeures sur leur condi-
tion sanitaire. Leurs négociateurs ont alors réussi à faire intégrer les clauses de
secours en cas de famine au texte du Traité n° 6. Ayant pourtant accepté cette
obligation de nourrir les affamés en période de crise, le Canada renie cet
engagement par la suite ou utilise les secours alimentaires pour écarter de son
chemin des peuples qui, moins de 10 ans plus tôt, régnaient encore sur les
Plaines. La politique de la famine du Dominion ne provoque pas seulement
leur assujettissement ; elle les jette aussi dans les griffes de la tuberculose,
exténués par des années de privations et de souffrances.
Il convient toutefois de relever une exception, unique mais tout à fait
remarquable, à ce cycle infernal de pauvreté, de famine et d’épidémie tuber-
culeuse. Elle montre que, contrairement aux flambées varioliques qui ont
décimé les générations précédentes, les maladies qui dévastent maintenant
les Plaines ne s’expliquent pas uniquement par des phénomènes biologiques.
Alors que les maladies contagieuses aiguës frappent souvent sans discerne-
ment et déferlent alors en vagues, la tuberculose émerge à la faveur de condi-
tions environnementales bien précises et reste alors très localisée211. Au
début des années 1880, tandis que la dislocation économique, la famine et
la tuberculose causaient des ravages terribles chez les Indiens signataires de
211. Cette observation illustre bien l’impact localisé de la tuberculose : dans les années 1920, le taux de
mortalité tuberculeuse dans la vallée de la Qu’Appelle était 20 fois plus élevé chez les Indiens signa-
taires de traités que dans la population euro-canadienne. R. G. Ferguson, Tuberculosis among the
Indians of the Great Canadians Plains : Preliminary Report of an Investigation Being Carried Out by the
National Research Council of Canada, Londres : Adlard and Son, 1929, p. 45.
222 L a destruction des I ndiens des P laines
212. David McCrady, Living with Strangers : The Nineteenth-Century Sioux and the Canadian–American
Borderlands (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1998, p. 1.
213. Peter Douglas Elias, The Dakota of the Canadian Northwest : Lessons for Survival, Winnipeg : Univer-
sity of Manitoba Press, 1988, p. 57.
214. Mark Diedrich, The Odyssey of Chief Standing Buffalo and the Northern Sisseton Sioux, Minneapolis :
Coyote Books, 1988, p. 37. Dans son étude sur la tuberculose chez les Indiens signataires de la
vallée de la Qu’Appelle, R. G. Ferguson avance que la bande a peut-être introduit la maladie dans la
région. Voir : « A Study of the Epidemiology in a Primitive People », Edinburgh Medical Journal, 36,
1929, p. 204-205. Ferguson fonde ses conclusions sur des données démographiques recueillies dans
les registres des versements des annuités du ministère des Affaires indiennes. Puisque les Dakotas
n’avaient pas signé de traité, ils ne recevaient pas d’annuités et n’ont par conséquent pas été pris en
considération dans cette étude.
215. Elias, The Dakota of the Canadian Northwest, p. 57.
216. BAC, RG 10, bobine C-10119, vol. 3678, dossier 11683. Le 7 janvier 1879, le médecin rapporte
que les hommes étaient engagés pour couper du bois tandis que les femmes « prenaient en charge
une grande besogne dans les maisons des colons ».
217. Ibid., 8 septembre 1879.
218. Elias, The Dakota of the Canadian Northwest, p. 56-57.
7 T raités , famines et nouvelles épidémies , 1877-1882 223
1. En 1883, 91 pour cent des Indiens signataires du Traité n° 4 vivent dans des réserves. La bande de
Foremost Man représente les trois quarts des absents de cette statistiques. Dans les districts de
Battleford et Carlton, plus de 98 pour cent des signataires sont établis dans les réserves qui leur ont
été assignées. Bien qu’elle figure sur la liste des groupes sédentarisés, la bande de Big Bear restera
nomade jusqu’en 1885. Carl Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan
Indian Reserve Communities, 1870–1930s (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1994,
p. 126-27.
2. BAC, MG 26, Documents de John A. Macdonald, Vankoughnet to Macdonald, 2 November 1882.
3. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 10, Fred White to Edgar Dewdney, 29 August 1882,
p. 737-741.
226 L a destruction des I ndiens des P laines
4. John Peter Turner, The North-West Mounted Police, Ottawa : King’s Printer, 1950, vol. 2, p. 31 ; Jim
Wallace, A Double Duty : The Decisive First Decade of the North West Mounted Police, Winnipeg :
Bunker to Bunker Books, 1997, p. 244.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 227
Le magasin de l’entreprise I. G. Baker and Company, Fort Macleod (Alberta), 1879. Glenbow
Archives, NA-98-24.
5. Paul Sharp, « Merchant Princes of the Plains », Montana : The Magazine of (Western) History, 5,
1955, p. 6.
6. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 130-140.
228 L a destruction des I ndiens des P laines
7. Sharp, « Merchant Princes of the Plains », p. 5-7. Son siège social a été transféré à St. Louis en 1874.
8. Paul Sharp, Whoop-Up Country : The Canadian–American West, 1865–1885, Norman : University of
Oklahoma Press, 1973, p. 222.
9. Alan Wilson, « Introduction », dans : Hartwell Bowsfield (dir.), The Letters of Charles John Brydges,
1879–1882, Hudson’s Bay Company Land Commissioner, Winnipeg : Hudson’s Bay Record Society,
1977, p. xxxiv.
10. Cecil Denny, The Law Marches West, Toronto : J. M. Dent and Sons, 1972, p. 190-191. À
l’achèvement du chemin de fer, les agents des Indiens recevaient des planches non découpées de
billets de un dollar pour le versement au comptant des sommes prévues en vertu des traités.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 229
Convoi de bœufs de l’entreprise I. G. Baker and Company devant le magasin Murphy, Neel
and Company, Fort Benton (Montana), vers les années 1870. Glenbow Archives, NA-98-23.
16. « Brydges to Colville, 6 May 1881 », dans : Bowsfield (dir.), The Letters of Charles John Brydges,
p. 157.
17. « Brydges to Armit, 8 January 1880 », ibid., p. 46n3. Voir également : « Brydges to Armit,
12 May 1881 », ibid., p. 162.
18. « Brydges to Armit, 28 September 1882 », ibid., p. 265.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 231
19. L’amélioration de la navigation incombait au ministère des Travaux publics du Dominion. Bruce
Peel, Steamboats on the Saskatchewan, Saskatoon : Western Producer Prairie Books, 1972,
p. 111-123.
20. Ibid., p. 124-134. En 1883, le Northcote s’est échoué plusieurs fois et a dû laisser à Pitt 77 tonnes de
marchandises en partance pour Edmonton.
21. Theodore Barris, Fire Canoe : Prairie Steamboat Days Revisited, Toronto : McClelland and Stewart,
1977, p. 70-71. Le navire à vapeur a embarqué sa cargaison à Medicine Hat, au point d’intersection
de la voie ferroviaire et de la rivière Saskatchewan Sud.
22. Peel, Steamboats on the Saskatchewan, p. 140.
23. Saskatchewan Herald, 13 octobre 1883, p. 1.
24. Peel, Steamboats on the Saskatchewan, p. 105-109.
232 L a destruction des I ndiens des P laines
28. Noel E. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the North-West Territories, 1879–1885
(mémoire de maîtrise), University of Saskatchewan, 1970, p. 39-43.
29. Dans la région du Traité n° 4, la superficie des terres des réserves consacrées à l’agriculture quintuple
entre 1880 et 1884 ; la production de céréales et celle des légumes-racines se multiplient par huit et
trois, respectivement. La population fait plus que tripler sur cette même période. Dans la région du
Traité n° 6, la production céréalière des réserves de Battleford augmente de plus de 600 pour cent et
celle des légumes-racines double dans ces quatre années ; la population des terres réservées augmente
aussi, mais moins que dans la région du Traité n° 4. Beal, Money, Markets, and Economic Develop-
ment in Saskatchewan Indian Reserve Communities, p. 154-155.
30. Les mesures de soutien sont supprimées pour les fermes modèles, mais aussi pour les exploitations
agricoles à main-d’œuvre européenne ; la présence des instructeurs dans les réserves est néanmoins
maintenue. Brian Titley, The Frontier World of Edgar Dewdney, Vancouver : UBC Press, 1999, p. 53 ;
Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 151.
234 L a destruction des I ndiens des P laines
31. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 158.
32. Saskatchewan Herald, 10 novembre 1883, p. 2. Les documents historiques de 1882 indiquent que
des habitants de la réserve souffraient de la faim en dépit d’approvisionnements céréaliers abondants :
la population ne disposait pas de moulin pour transformer le blé en farine. Sarah Carter, Lost
Harvests : Prairie Indian Reserve Farmers and Government Policy, Montréal : McGill-Queen’s
University Press, 1990, p. 99.
33. SAB, John A. Macdonald Papers, bobine C 1524, Dewdney to Macdonald, 4 February 1885,
p. 193-194.
34. Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest Territories, p. 32.
35. À l’automne 1882, la bande de Poundmaker est privée de vivres pendant plus de 40 jours. Canada,
Chambre des communes, Débats, 15 avril 1886, p. 738. Les employés du MAI constituent « une
source importante d’information sur les Cris et leurs intentions ». John L. Tobias, « Canada’s Subju-
gation of the Plains Cree, 1879–1885 », Canadian Historical Review, 64, 1983, p. 533.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 235
36. Jean Larmour, Edgar Dewdney, Commissioner of Indian Affairs and Lieutenant Governor of the North-
West Territories, 1879–1888 (mémoire de maîtrise), University of Saskatchewan, Regina Campus,
1969, p. 35.
37. George F. G. Stanley, The Birth of Western Canada : A History of the Riel Rebellions, Toronto :
University of Toronto Press, 1960, p. 269-270 ; Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in
the Northwest Territories, p. 57, 69, 81 ; Maureen Lux, Medicine that Walks : Disease, Medicine, and
Canadian Plains Native People, 1880–1940, Toronto : University of Toronto Press, 2001, p. 42 ;
Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 140.
236 L a destruction des I ndiens des P laines
38. Douglas Leighton, « A Victorian Civil Servant at Work : Lawrence Vankoughnet and the Canadian
Indian Department, 1873–1893 », dans : Ian A. L. Getty et Antoine Lussier (dir.), As Long as the Sun
Shines and Water Flows : A Reader in Canadian Native Studies, Vancouver : UBC Press, 1983,
p. 104-119.
39. Sandra Gwyn, “A Private Capital” : Love and Ambition in the Age of Macdonald and Laurier, Toronto :
McClelland and Stewart, 1984, p. 128.
40. Denny, The Law Marches West, p. 204 ; Saskatchewan Herald, 29 septembre 1883, p. 2.
41. Leighton, « A Victorian Civil Servant at Work », p. 106-107.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 237
42. En 1883, Reed accède au deuxième rang hiérarchique du MAI dans le Nord-Ouest avec seulement
deux années d’expérience au Ministère. Robert Nestor, Hayter Reed, Severalty, and the Subdivision of
Indian Reserves on the Canadian Prairies (mémoire de maîtrise), Saskatchewan Indian Federated
College, University of Regina, 1998, p. 33-34.
43. Robert Jefferson, Fifty Years on the Saskatchewan, Battleford : Canadian North-West Historical
Society, 1929, p. 126.
44. Leighton, « A Victorian Civil Servant at Work », p. 107 ; Stanley, The Birth of Western Canada,
p. 270-271.
45. Simon Winchester, Krakatoa : The Day the Earth Exploded : Aug. 27, 1883, New York : HarperCollins,
2003, p. 291.
46. L’éruption du Krakatoa présentait un indice d’explosivité volcanique de 6. K. R. Briffa et al.,
« Influence of Volcanic Eruptions on Northern Hemisphere Summer Temperature over the Past
600 Years », Nature, 393, 1998, p. 451, 453.
47. Gerald Friesen, « Imports and Exports in the Manitoba Economy 1870–1890 », Manitoba History,
16, 1988, p. 39 ; Donald Creighton, John A. Macdonald : le 1er premier ministre du Canada (traduit
238 L a destruction des I ndiens des P laines
de l’anglais par Ivan Steenhout), Montréal : Éditions de l’Homme, 1981, vol. 2 : La naissance d’un
pays incertain, p. 316.
48. Qu’Appelle Valley Farming Company, Annual Meeting of the Qu’Appelle Valley Farming Company,
Limited (president’s report), Winnipeg, 9 janvier 1884, p. 2.
49. B. E. Anderson, « Relief Problem Existed Here in 1883 When William Hunter Drove to Duck Lake
for Flour Supply », Saskatoon Daily Star (coupure de presse, 1932 ?), SAB, Campbell Innes Papers,
A-113, vol. 2, f. 18.
50. Au lac Athabasca, la faim torture si atrocement les populations que des cas de cannibalisme sont
rapportés. Les documents de l’époque indiquent également que la famine touche Rupert’s House
en 1884. SAB, R. G. Ferguson Papers, bobine R.2.391, Annexe : Scarcity of Food of Northern
Indians, p. 4. À Moose Factory, à cause des étés frais et humides de 1883 et 1884, « toutes les opéra-
tions de jardinage sont anéanties ou presque ». L’épaisseur des glaces retarde par ailleurs l’achemine-
ment des marchandises dans la baie d’Hudson. A. J. W. Catchpole et Irene Hanuta, « Severe
Summer Ice in Hudson Strait and Hudson Bay Following Major Volcanic Eruptions, 1751 to
1889 A.D. », Climatic Change, 14, 1989, p. 72.
51. David Meyer, The Red Earth Crees, 1860–1960 (Mercury Series, Canadian Ethnology Service
Paper 100), Ottawa : National Museum of Man, 1985, p. 169.
52. BAC, MG 17, Records of the Church Missionary Society, microfilm A-112, James Settee, The Pas
(Devon) Journal, 20 February 1884.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 239
53. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 8, Macdonald to Dewdney, 17 September 1883,
p. 443-444.
54. Lux, Medicine that Walks, p. 40.
55. CDS, John A. Macdonald, Rapport du département des Affaires des Sauvages, 1er janvier 1884, p. x.
56. Stanley, The Birth of Western Canada, p. 272.
57. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 8, Macdonald to Dewdney, 17 November 1883,
p. 471-472.
240 L a destruction des I ndiens des P laines
58. Isabel Andrews, The Crooked Lakes Reserves : A Study in Indian Policy in Practice from the Qu’Appelle
Treaty to 1900 (mémoire de maîtrise), University of Regina, 1972, p. 63.
59. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 8, Macdonald to Dewdney, 8 December 1883,
p. 475-476.
60. Andrews, The Crooked Lakes Reserves, p. 64.
61. Hugh Dempsey, Big Bear : The End of Freedom, Vancouver : Douglas and McIntyre, 1984, p. 121.
62. Titley, The Frontier World of Edgar Dewdney, p. 53-54.
63. Dempsey, Big Bear, p. 121.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 241
64. SAB, John A. Macdonald Papers, R-70, Macdonald to Dewdney, 28 November 1883, p. 51.
65. Titley, The Frontier World of Edgar Dewdney, p. 54.
66. Larmour, Edgar Dewdney, Commissioner of Indian Affairs and Lieutenant Governor of the North-West
Territories, p. 60-61.
67. Anthony J. Looy, The Indian Agent and His Role in the Administration of the Northwest Superintendency,
1876–1893 (thèse de doctorat), Queen’s University, 1977, p. 104.
68. Le total des dépenses consacrées au soutien des Indiens indigents du Manitoba et des Territoires du
Nord-Ouest s’élève alors à environ 500 000 $. Canada, Comptes publics du Canada pour l’exercice
terminé le 30 juin 1883, Ottawa : Imprimeur de la Reine, partie III, p. 62.
69. En 1881, un certain « M. Smith » propose de retirer sa soumission moyennant un « dédommage-
ment » de 5 000 $ qui serait remis par la CBH ; la Baker obtient son retrait pour seulement 1 000 $.
La CBH signale alors que les pots-de-vin versés par la Baker à Smith et à une autre entreprise dési-
gnée sous le nom de « Kavanaugh » lui ont permis d’engranger d’importants profits. « Brydges to
Colville, 6 May 1881 », dans : Bowsfield (dir.), The Letters of Charles John Brydges, p. 155-157.
70. « C. J. Brydges to Eden Colville, 2 May 1881 », ibid., p. 153.
242 L a destruction des I ndiens des P laines
financier avec la Baker. Il n’est certes pas très étonnant que la CBH accuse sa
principale rivale de malhonnêteté, mais elle n’est pas la seule à s’insurger
contre son hégémonie. Irvine, commissaire adjoint de la PCN-O, souligne
aussi que « des dépenses importantes ont été consenties sans qu’il soit possible
d’en discerner le résultat concret, et notre argent ne contribue qu’à l’essor de
la ville de Benton, aux États-Unis71 ».
Il y a une cinquantaine d’années, dans une étude qu’il consacrait aux
fronts pionniers de l’Alberta et du Montana, l’historien Paul Sharp décrivait
le poids politique des entreprises de Benton à Washington et à Ottawa. Aux
États-Unis, le plus ardent promoteur de leurs intérêts au Congrès est à
l’époque le major Martin Maginnis. En contrepartie du soutien politique et
financier des entreprises qu’il représente, Maginnis leur obtient l’appui du
gouvernement des États-Unis, « qui va même souvent jusqu’à déployer des
soldats de l’armée ou redessiner les limites de réserves indiennes pour
répondre aux désidératas des Princes marchands du nord des Plaines72 ». Au
Canada, la Baker affermit son emprise économique par ses relations
82. Larmour, Edgar Dewdney, Commissioner of Indian Affairs and Lieutenant Governor of the North-West
Territories, p. 52-53.
83. Hugh Dempsey, The Amazing Death of Calf Shirt and other Blackfoot Stories : Three Hundred Years of
Blackfoot History, Saskatoon : Fifth House, 1994, p. 162.
84. En une même journée, plus de 43 000 livres de bœuf ont été achetées à la Baker pour les 2 100 habi-
tants d’une même réserve. Canada, Chambre des communes, Débats, 13 juillet 1885, p. 3424.
85. Canada, Chambre des communes, Débats, M. C. Cameron, 13 juillet 1885, p. 3423 ; BAC, MG 26,
Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1523, p. 42237.
246 L a destruction des I ndiens des P laines
86. En 1883, de nombreux Niitsitapis succombent à une flambée de fièvre typhoïde. CDS, 1884,
John A. Macdonald, Rapport du département des Affaires des Sauvages, 1er janvier 1884, p. lv.
87. Canada, Chambre des communes, Débats, C. F. Ferguson, 15 avril 1886, p. 754-755.
88. Les contrats accordés à la Baker représentent presque la moitié du total des dépenses engagées pour
la ferme n° 17. La CBH n’a vendu aucuns produits alimentaires à la ferme n° 17 dans la période
définie par le rapport Wadsworth. Canada, Comptes publics du Canada pour l’exercice terminé le
30 juin 1883, Ottawa : Imprimeur de la Reine, partie III, p. 84-85.
89. BAC, MG 26, Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1523, p. 42228.
90. En 1883, la livre de bœuf frais se vend huit cents dans le Nord-Ouest ; le lard coûte trois fois plus
cher. Dans la région du Traité n° 4, le Dominion dépense 15 290,92 $ en lard salé, mais seulement
1288,45 $ en bœuf frais. « Il y a eu récemment parmi eux beaucoup de maladies causées par le
manque de viande fraîche », souligne l’agent des Indiens Herchmer. « [… Il est] reconnu que le
bœuf, c’est la vie pour le Sauvage, tandis que le lard salé est la maladie et la mort pour lui. » Canada,
Chambre des communes, Débats, 15 avril 1886, p. 737.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 247
Caricature politique sur la famine publiée dans Grip en 1888. Source : Grip, vol. 30, n° 775,
14 avril 1888.
250 L a destruction des I ndiens des P laines
réserve voisine d’Indian Head. Le Regina Leader assure à ses lecteurs que leur
installation dans ces terres ainsi que les rations qui leur seront distribuées
régleront tous les problèmes : « Le gouvernement est tenu de nourrir les
Indiens ; étant nourries, ces pauvres créatures ne feront pas plus de difficultés
que n’en causerait un chenil de chiens régulièrement alimentés99. » À
l’approche de l’hiver, le journal rapporte que tout est tranquille dans les
réserves à l’est de Regina100. La réalité des réserves d’Indian Head à l’automne
et à l’hiver 1883-1884 est pourtant fort éloignée de l’image bucolique de
sérénité que le Regina Leader décrit dans ses pages : la politique éditoriale du
journal lui commande explicitement d’enjoliver les faits et de dissimuler
toute nouvelle susceptible d’entraver la colonisation du pays101.
L’historien assiniboine Abel Watetch indique que des membres de la
bande de Piapot qui avaient coupé du bois de chauffage n’ont reçu pour tout
salaire que du lard ranci102. W. W. Gibson, un colon dont les terres jouxtaient
la réserve de Piapot, affirmait que 130 personnes étaient mortes103. Piapot
impute l’entière responsabilité de cette tragédie aux représentants du
Dominion qui l’ont convaincu d’accepter cette réserve en lui promettant de
la viande fraîche pour les siens. Dès avant ces morts, Long Lodge s’était plaint
du lard, soulignant que son peuple ne pouvait pas s’en nourrir ; ce à quoi
Dewdney avait répliqué que « les Sauvages devaient manger du lard fumé, ou
mourir, ou “aller chez le diable”104 ». Au Parlement, M. C. Cameron accuse
Dewdney de s’obstiner à procurer du lard aux Indiens parce que « son ami,
l’agent des vivres, [se trouve], avec lui, dans un syndicat qui [a] à disposer de
90 000 livres de lard fumé ». Watson, un autre libéral, va plus loin : il affirme
qu’on a donné à Long Lodge du lard avarié qui aurait été « payé à Chicago
1 ½ cent la livre, et vendu à ce gouvernement 19 cents, et que le gouverneur
105. Ibid., p. 745. La comptabilité détaillée du ministère des Affaires indiennes pour 1883-1884 n’est pas
publiée.
106. Canada, Chambre des communes, Débats, 11 juillet 1885, p. 3424.
107. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 8, CPR Telegraph, 8 February 1884, p. 485.
108. BAC, MG 26, Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1523, dossier 11175, p. 42224,
note manuscrite, 19 mars 1884, Action Taken by Department on Matters Complained Of. Au
Parlement, Dewdney est accusé d’avoir escamoté le rapport d’Edwards pendant presque deux ans
parce qu’il dénonçait des faits « si scandaleux et si odieux ». Canada, Chambre des communes,
Débats, 15 avril 1886, p. 740.
109. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Commissioner A.G. Irvine to Fred White, Regina,
27 May 1884.
110. BAC, MG 26, Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1523, p. 42224, Re : Sickness of
Piapot Reserve.
252 L a destruction des I ndiens des P laines
rencontrent les chefs à bout de patience pour les convaincre de rester dans
leurs réserves. Long Lodge explique à ses interlocuteurs qu’il n’y a ni gibier ni
eau potable dans sa réserve, et que « son peuple est en train de mourir, et s’il
reste ici, aucun d’eux n’y survivra ». Entre autres doléances, Piapot souligne
qu’il ne peut plus « supporter la puanteur qui s’exhale des cadavres des Indiens
qui gisent sur le sol sans avoir été enterrés111 ».
Une semaine avant que les chefs ne rencontrent Reed et Irvine, le
Dr Edwards a décrit la détérioration des conditions de vie dans les réserves
assiniboines. Dans « le peuple de Jack […] la plupart des gens ont maintenant
au cou des ganglions enflés et suppurants […] tant les hommes que les
femmes et les enfants. En février, je n’ai constaté aucun cas de cette maladie
chez ceux de Piapot, et je la vois maintenant généralisée. […] Les affections
bronchiques sont nombreuses et se terminent comme la plupart des maux de
cette sorte par des crachats sanguinolents, une consomption rapide et la
mort112 ». Le médecin propose des médicaments à Long Lodge. Il les refuse
en désignant la véritable cause de leurs malheurs : « Je ne veux pas de la méde-
cine du gouvernement. Je veux la médecine qui marche : envoyez trois bœufs
à tuer et donnez de la viande fraîche aux gens de mon peuple. Ils iront
mieux113. » Ni Long Lodge ni personne d’autre dans le Nord-Ouest ne sait
alors que la viande fraîche de bœuf aggrave l’épidémie grandissante de tuber-
culose. Les autorités gouvernementales considèrent l’abandon des
réserves comme une menace pour la sécurité. Pour intercepter la bande de
Piapot, le commissaire Irvine mobilise plus de la moitié des effectifs policiers
de la caserne de Regina ainsi qu’un canon114. L’arrivée de ses hommes
déclenche une panique dans la bande indienne, qui se croit attaquée115. Le
commissaire réussit à éviter le bain de sang en négociant un retour tempo-
raire du groupe à Indian Head. Dès avant l’automne, la bande s’est établie sur
ses nouvelles terres de la vallée de la Qu’Appelle, qui lui procurent de l’eau
111. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Commissioner A. G. Irvine to Fred White, Regina,
18 May 1884. Les corps avaient été attachés dans les arbres, conformément à la tradition. Irvine
rapporte qu’un incendie « a fait tomber les cadavres sur le sol, où ils sont restés ».
112. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Edwards to MacDonald, Indian Head,
13 May 1884. Lux, Medicine that Walks, p. 44, relève qu’Edwards se trompe sans doute en attribuant
les maux des Indiens au « scorbut terrestre » ; ils souffraient plus probablement de scrofule (tubercu-
lose ganglionnaire).
113. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Edwards to MacDonald, Indian Head,
13 May 1884. Voir aussi : Lux, Medicine that Walks, p. 4.
114. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Irvine to White, 18 May 1884 ; W. A. Waiser, La
Police à cheval du Nord-Ouest, de 1874 à 1889 : Étude statistique (Bulletin de recherche 117),
Ottawa : Parcs Canada, 1979, p. 13.
115. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Irvine to White, 18 May 1884.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 253
douce et du gibier. Long Lodge amène sa bande vers le sud, jusqu’aux États-
Unis ; il mourra avant la fin de l’année.
Le litige qui a opposé Piapot aux autorités du Dominion se termine
ainsi sans éclats de violence. Néanmoins, plus les compressions budgétaires
de Vankoughnet pèsent sur le quotidien des réserves, plus le ressentiment des
populations s’intensifie. Dans le réserve de One Arrow (Une-Flèche), près de
Fort Carlton, le taux de mortalité atteint le chiffre effarant de 141 pour
1 000 à l’hiver 1883-1884116. Dans les File Hills (butte de la Lime),
sept enfants d’une même famille meurent de faim en seulement deux mois.
Des malades de cette région auraient été abandonnés à leur sort et seraient
morts sans secours117.
Le conflit le plus important du court mandat de Vankoughnet à la tête
du MAI l’oppose à la réserve de Sakimay (également dit « Yellow Calf », ou
« Veau-Jaune »), dans la vallée de la Qu’Appelle. Vankoughnet estimant qu’il
est inutilement coûteux de garder les petits employés du Dominion tout
l’hiver durant, son plan d’austérité prévoit leur renvoi dès le début de la
saison froide118. Dans la région du Traité n° 4, en dépit des tentatives
déployées par Vankoughnet pour le congédier au motif qu’il multiplierait les
dépenses excessives, l’agent des Indiens MacDonald réussit à garder son
poste119. Son instructeur agricole au lac Croche (Crooked Lake), James
Setter, n’a pas cette chance. Son emploi est supprimé pour réduire les coûts,
mais aussi pour le punir du « laxisme » dont il aurait fait preuve dans la distri-
bution des vivres120. Son poste est ensuite confié à Hilton Keith, qui ne
possède aucune expérience ou presque. Ce licenciement et ce remplacement
provoquent un affrontement armé, l’affaire Yellow Calf. Le nouvel homme
de Vankoughnet dans la région suit à la lettre les ordres de son supérieur ; son
zèle à l’égard de la nouvelle politique ministérielle causera presque un bain de
sang.
Le 6 janvier 1884, MacDonald rapporte que les entrepôts de la réserve
contiennent 12 400 livres de lard et 5 100 de farine. Keith arrive dans la
réserve six jours plus tard. Après avoir personnellement inspecté la collectivité,
le commissaire adjoint Reed donne à Keith des instructions très strictes pour
la distribution des rations : « à deux ou trois exceptions près », plus aucun
membre de la bande de Sakimay n’en recevra. L’émeute éclate cinq semaines
plus tard. Le 18 février, poussés à bout par la colère et la faim, le chef Sakimay
et plusieurs hommes en armes entrent par effraction dans l’entrepôt de
l’agence. Ils prennent 60 sacs de farine et 12 de lard. Reed reconnaîtra plus
tard que la faim tenaillait au moins certains d’entre eux et que Keith,
appliquant scrupuleusement les nouveaux règlements, leur avait refusé
l’octroi de vivres ; de plus, ajoutera-t-il, les émeutiers étaient fermement
convaincus que les aliments de l’entrepôt leur appartenaient : « Si […] ces
provisions n’étaient pas destinées aux Indiens, pourquoi seraient-elles
entreposées dans leurs réserves121 ? »
Sakimay et trois autres membres du groupe sont traduits devant les
tribunaux et inculpés pour vol simple. Les actes d’accusation qui pèsent
contre lui seront finalement abandonnés ; les autres inculpés retrouveront la
liberté après avoir plaidé coupables. Reed souligne que « la justice fut adoucie
par la miséricorde » car Sakimay « avait agi dans toute cette affaire par pure
humanité122 ». Des incidents similaires éclatent dans les réserves voisines des
File Hills ; dans tout l’Ouest, la nouvelle réglementation du MAI, que le
Saskatchewan Herald qualifie de « lois implacables », exacerbe considérable-
ment les tensions123. À Ottawa, Vankoughnet s’attend à des soulèvements et
avertit la police : près d’Indian Head, Broadview et Battleford « les entrepôts
qui ne seront pas surveillés risquent d’être pris d’assaut124 ».
Quand Dewdney reprend ses fonctions, en avril 1884, il doit affronter
le mécontentement et l’exaspération causés par les nouvelles directives de
Vankoughnet. Il entreprend rapidement une tournée d’inspection des
réserves ; dans celle de Sakimay, il ordonne l’achat immédiat de nouveaux
équipements agricoles pour apaiser les esprits125. Dewdney concède que les
salaisons augmentent l’incidence des maladies et que les quantités sont
insuffisantes. À l’été, le premier ministre reconnaît de son côté que
Vankoughnet a manqué de discernement en centralisant les Affaires
121. Isabel Andrews, « Indian Protest against Starvation : The Yellow Calf Incident of 1884 », Saskatchewan
History, 28, 1975, p. 41-51.
122. Ibid., p. 46-47.
123. Lux, Medicine that Walks, p. 43 ; Saskatchewan Herald, 28 juin 1884, p. 2.
124. Peter Naylor, Index to Aboriginal Issues Found in the Records of the North West Mounted Police RG 18,
National Archives of Canada (tapuscript), Saskatoon : Office of the Treaty Commissioner, 1994,
p. 189, document 497, « Lawrence Vankoughnet to Fred White, 2 May 1884 ».
125. Andrews, The Crooked Lakes Reserves, p. 92.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 255
« Indien cri, Maple Creek, Saskatchewan, 1884 ». Reproduction autorisée par Ressources natu-
relles Canada 2012, avec l’aimable permission de la Commission géologique du Canada (Photo
615 de T. C. Weston).
256 L a destruction des I ndiens des P laines
indiennes à Ottawa ; il autorise Dewdney à réparer les dégâts causés dans les
derniers mois126.
L’été 1884 mettra à contribution tout le tact et les capacités d’adminis-
trateur de Dewdney. Les Niitsitapis du Traité n° 7 exigent de la viande fraîche
en lieu et place du lard fumé gouvernemental qui a provoqué tant de morts
l’année précédente127. Le commissaire adjoint Reed sait que les vivres qui ont
été distribués aux réserves laissaient grandement à désirer ; il reconnaît même
auprès du premier ministre qu’elles ne convenaient pas aux Indiens, et qu’elles
étaient probablement indigestes128. De 1883 à 1887, alors qu’elles ne tota-
lisent pas plus de 35 pour cent de la population indienne du Nord-Ouest, les
bandes du Traité n° 7 représentent entre 50 et 70 pour cent des dépenses
ministérielles en fournitures et vivres. Les conséquences les plus dévastatrices
des restrictions budgétaires sont épargnées aux Niitsitapis pour éviter qu’ils
ne protestent trop d’ici l’achèvement du chemin de fer et l’implantation irré-
vocable de l’élevage. Même avec ce « traitement de faveur », leurs rations à
l’été 1884 restent limitées à moins de 150 g de farine par jour129.
Chez les Cris du Traité n° 6, les tensions sont si vives qu’une étincelle
suffirait à provoquer l’embrasement. À Battleford, où se concentrent la
plupart des réserves septentrionales des Plaines, l’instructeur agricole Craig
met le feu aux poudres en refusant des vivres aux Indiens au prin-
temps 1884 : un important contingent de policiers et de volontaires de la
région affronte plus de 2 000 Cris de la réserve de Poundmaker. Comme
cela s’était fait dans la réserve de Sakimay, les sacs de céréales qui sont
refusés aux affamés servent de fortifications aux forces policières retran-
chées130. Avant l’éclatement du conflit, le Saskatchewan Herald s’était fait
l’écho d’un désaccord croissant entre le MAI et les autorités judiciaires car,
écrivait-il, les Cris « pensent qu’il leur suffit de se présenter devant le juge
pour obtenir à bon compte une augmentation de leurs rations131 ». Le
126. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 8, Macdonald to Dewdney, 11 August 1884,
p. 509-510.
127. BAC, MG 26, Documents de John A. Macdonald, microfilm C-1523, dossier 4624, p. 4225.
Crowfoot dénonce également l’insuffisance des rations de farine ; voir dossier 15040, p. 41873,
14 août 1884. Les chercheurs estiment que 600 Pieds-Noirs sont morts entre 1883 et 1886 ; Tom
McHugh, The Time of the Buffalo, New York : Knopf, 1972, p. 286.
128. BAC, RG 10, vol. 3745, dossier 29506-4, partie 1, Reed to Macdonald, 20 May 1884.
129. Lux, Medicine that Walks, p. 65 ; Dyck, The Administration of Federal Indian Aid in the Northwest
Territories, p. 74.
130. Saskatchewan Herald, 28 juin 1884, p. 1.
131. Ibid., 19 avril 1884, p. 1. Le juge C. B. Rouleau exhortait Dewdney à fournir de la nourriture et des
vêtements aux Indiens pour le bien « du gouvernement et du pays ». Blair Stonechild et Bill Waiser,
Loyal till Death : Indians and the North-West Rebellion, Calgary : Fifth House, 1997, p. 61.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 257
journal assure à ses lecteurs que « l’Indien majestueux peut bien tenter
d’intimider ici ou là quelque employé d’entrepôt, voire, en cas d’urgence,
s’emparer d’un sac de farine ou d’un morceau de lard ; toutefois, quant à
envisager un soulèvement d’importance, il a toutes les raisons du monde
de ne pas s’y aventurer132 ». L’affrontement, que certains appelleront la
« rébellion des Cris de 1884133 » se conclut finalement sans effusion de
sang. Il n’en reste pas moins que les conditions de vie dans les réserves de
Battleford se sont détériorées à l’extrême depuis quelques années, et le
point de rupture est atteint. À l’hiver 1883-1884, le père Cochin décrit en
ces termes l’état de santé des enfants qui fréquentent l’école de sa mission :
Le « bacon » et la galette faite avec de la mauvaise farine, après la disparition
du buffalo [le bison] ne satisfaisaient pas l’appétit des Indiens qui n’y étaient
guère accoutumés. Je voyais les enfants arriver chez moi pour se faire
instruire, nus, décharnés, […] mourant de faim. Ces pauvres petits venaient
au Catéchisme et à l’école, malgré un froid de 30 à 40 degrés au-dessous de
zéro, le corps à peine couvert de quelques haillons troués. C’était pitié de les
voir. L’espoir d’avoir un petit morceau de bonne galette sèche134, plus sans
doute que le désir de s’instruire, était le mobile du cruel Sacrifice qu’ils
s’imposaient chaque jour. La privation en fit périr plusieurs135.
Robert Jefferson, qui enseigne dans l’une des réserves de Battleford,
s’interroge sur les véritables buts des politiques agricoles du Dominion
dans les terres réservées. Les Autochtones des réserves, écrit-il, se consacrent
avec entrain et sérieux aux cultures : « Ils ont supporté la faim, la maladie et
les privations pendant de longues années, et ils ne sont pas plus proches
aujourd’hui de leur but. Tout porte à croire qu’ils pourraient mourir avant
de l’avoir atteint, à supposer même qu’il existât. » Jefferson évoque
également le cynisme qui règne dans la hiérarchie du MAI : « Pour Craig,
l’objectif des autorités n’était pas de permettre à l’Indien de devenir
autonome. Il fallait seulement trouver le moyen qu’il se tienne tranquille
jusqu’à ce que le pays soit entièrement peuplé, et son dissentiment n’aurait
plus alors à être pris en considération le moins du monde136. »
137. D. Aidan McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies, 1870–1885 »,
Geographical Review, 70, 1980, p. 392. Les réserves qui ont le mieux tiré leur épingle du jeu étaient
probablement celles de la prairie-parc, cet écosystème permettant le maintien d’une économie
mixte. Aux confins septentrionaux de la région du Traité n° 4, la bande de Yellow Quill a pu acheter
des couvertures, des vêtements et de la farine grâce aux nombreuses fourrures dont elle disposait,
fruit du trappage et de la chasse. CDS, 1884, A. MacDonald, Rapport de l’agence de Fort
Qu’Appelle, Traité n° 4, 6 juillet 1883, p. 76.
138. McQuillan, « Creation of Indian Reserves on the Canadian Prairies », p. 392.
139. Saskatchewan Herald, 31 mai 1884, p. 3.
140. Kelly, The Range Men, p. 175-176.
141. CMS, microfilm A-112, John Hines, Assissippi Journal, 9 March 1884.
142. Ibid.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 259
Sauvages de s’établir sur leurs réserves, si nous pouvons leur fournir assez
d’instruments aratoires143. »
Le mauvais temps qui persiste d’un bout à l’autre de l’année 1884
amène tout le Nord-Ouest au bord de la famine. « Nous avons eu du gel au
début de l’été en Saskatchewan ; toutes les fermes sont perdues, et c’est là une
très rude épreuve pour les immigrants comme pour les Indiens144 », signale
James Settee. Il propose de déplacer « les Indiens des Plaines qui vont mourir
de faim » pour les établir sur les bords du lac Winnipeg, encore très riche en
poissons145. Le gouvernement, qui procure alors un généreux soutien aux
pêcheries commerciales du Manitoba, rejette sa recommandation146.
Si Settee n’obtient pas gain de cause, c’est essentiellement parce qu’une
conversion massive des Autochtones à une alimentation à base de poisson
aurait nui à la pêche commerciale pratiquée par les nouveaux arrivants. Les
ressources halieutiques de l’ouest du Canada sont déjà exploitées de manière
intensive à l’époque, tant pour la subsistance que pour le négoce. Dans
l’agence de Carlton, Macrae constate « l’énorme destruction qui se fait
pendant la saison du frai. On suggère deux remèdes : fixer une saison de
prohibition, ou réserver certaines eaux pour l’usage exclusif des Sauvages147 ».
Au nord de Fort Pitt, les poissons « s’épuisent rapidement parce que les
étrangers font la pêche sur une très grande échelle, et chaque poisson qu’ils
prennent est un vol au détriment des Sauvages148 ». L’agent Anderson
souligne que la pêche excessive dans le lac Sainte-Anne et d’autres plans d’eau
de l’Alberta risque de faire disparaître complètement le poisson, ce qui consti-
tuerait « une grande perte pour les populations indigènes comme pour les
Blancs, qui colonisent si rapidement le pays149 ». Le lac au Brochet (Jackfish
143. CDS, 1885, J. A. Macrae, Rapport de l’agence de Carlton, 11 août 1884, p. 81. En 1884, les
flammes détruisent deux moulins à Prince Albert, aggravant ainsi la pénurie d’équipement.
Saskatchewan Herald, 6 avril 1884, p. 1 ; 14 juin 1884, p. 3.
144. CMS, microfilm A-112, James Settee to Reverend Fenn, 22 November 1884.
145. CMS, microfilm A-112, James Settee to Reverend Fenn, 8 December 1884.
146. Frank Tough, « The Establishment of a Commercial Fishing Industry and the Demise of Native
Fisheries in Northern Manitoba », Canadian Journal of Native Studies, 4, 1984, p. 303-319.
147. CDS, 1885, J. A. Macrae, Rapport de l’agence de Carlton, 11 août 1884, p. 86.
148. CDS, 1885, Thomas Quinn, sous-agent intérimaire des Sauvages, Rapport de Fort Pitt,
21 juillet 1884, p. 87.
149. Anderson signale que les prises dans le lac Sainte-Anne se sont effondrées depuis l’époque de la
CBH : de 40 000 à 50 000 poissons par hiver, elles seraient passées à 8 000 à peine ; CDS, 1885,
W. Anderson, agent des Sauvages, Rapport d’Edmonton, 26 août 1884, p. 139. En 1887, le Nord-
Ouest en exporte 1,5 million aux États-Unis ; SAB, R. G. Ferguson Papers, microfilm R.391,
Annexe 3 : Food, p. 53. Un an plus tard, les prises dans le lac Winnipeg sont estimées à 2 millions ;
un observateur de l’époque évoque un « abattage de poissons à grande échelle » ; James Mochoruk,
The Political Economy of Northern Development : Governments and Capital along Manitoba’s Resource
Frontier, 1870–1930 (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1992, p. 135-136.
260 L a destruction des I ndiens des P laines
150. CDS, 1885, T. P. Wadsworth, Battleford, 25 octobre 1884, p. 152. Au début du 20e siècle, le lac au
Brochet contenait déjà si peu de poissons que les habitants de ses rives l’ont quitté pour se diriger
vers le lac Meadow (lac La Prairie) ou la Grande Rivière (Big River) dans l’espoir que la pêche y soit
meilleure. Meota History Book Committee, Footsteps in Time, Meota (Saskatchewan) : Meota
History Book Committee, 1980, p. 95.
151. Saskatchewan Herald, 4 juin 1887, p. 2.
152. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 222.
153. SAB, John A. Macdonald Papers, R-70, Dewdney to Macdonald, 5 September 1884.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 261
154. Les dépenses en aide alimentaire dans le Nord-Ouest s’élevaient à 530 982 $ en 1883 ; elles étaient
de 547 595 $ l’année suivante. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan
Indian Reserve Communities, p. 140.
155. Glenbow Archives, M 320, Dewdney Papers, série 10, Fred White to Edgar Dewdney,
22 November 1884, p. 799-802.
156. Saskatchewan Herald, 20 mars 1885, p. 2.
157. Canada, Chambre des communes, Débats, M. C. Cameron, 15 avril 1886, p. 735.
158. Stonechild et Waiser, Loyal till Death, p. 4.
262 L a destruction des I ndiens des P laines
159. Si la plupart des documents font état de 9 morts, Allen Ronaghan affirme qu’il y en a eu 10. Voir
son article intitulé « Who Was the ‘Fine Young Man’ ? The Frog Lake ‘Massacre’ Revisited », Saskat-
chewan History, 43, 1995, p. 18.
160. Stonechild et Waiser, Loyal till Death, p. 117.
161. Ibid., p. 108. Quinn, qui a été formé par Reed, avait la réputation d’être « le plus obstiné et le plus
détestable des employés du ministère des Affaires indiennes ». Bob Beal et Rod Macleod, Prairie
Fire : The 1885 North-West Rebellion, Edmonton : Hurtig Publishers, 1984, p. 79.
162. William B. Cameron, The War Trail of Big Bear, Londres : Duckworth, 1927, p. 19.
163. Jean Goodwill et Norma Sluman, John Tootoosis, Winnipeg : Pemmican Publications, 1984,
p. 54-55. Voir également : Joseph Dion, My Tribe, the Crees, Calgary : Glenbow Museum, 1979,
p. 92.
164. À propos d’humour, voir l’évocation du « jour du grand mensonge » dans : Dempsey, Big Bear,
p. 152-153.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 263
Quinn a très certainement attisé les tensions dans la réserve, d’autres facteurs
pourraient être à l’origine de son meurtre et de ceux qui l’ont suivi165.
Ancien traiteur devenu missionnaire, Jack Matheson révélera 26 ans
plus tard un motif bien plus sordide : « Une jeune Indienne de plus ou de
moins, cela n’avait pas d’importance », déclarera-t-il au Saturday Night de
Toronto. « J’ai vu cette brute de Sioux priver les gens de vivres pendant six
mois jusqu’à ce que des filles de 13 ans lui soient données pour épouses166. »
L’un des tueurs du lac à la Grenouille, Wandering Spirit (Esprit-Errant) a
déjà passé 18 mois en prison pour avoir agressé un autre employé du MAI,
John Delaney. Pendant cette incarcération, Delaney « lui a pris sa jeune
épouse. Doit-on s’étonner que cet Indien se rebelle ? Et quand les digues du
mécontentement ont cédé pour se transformer en révolte, doit-on s’étonner
que ce soit Wandering Spirit qui ait troué la peau de cette canaille167 ? »
Maureen Lux décrit Delaney en des termes bien peu flatteurs : « Parce qu’il
entretenait des relations avec de très jeunes femmes de la réserve et qu’il
humiliait les affamés avec désinvolture, il était copieusement haï de tous168. »
Survivant de l’affrontement, William Cameron considère également les
agressions sexuelles comme l’une des causes des meurtres169. Cette incon-
duite sexuelle des employés du MAI au lac à la Grenouille pourrait aussi
expliquer la réaction ambiguë de la veuve de Quinn. Une dizaine d’années
après la mort de son mari, Owl Sitting n’a pas voulu dire si Imases et Lucky
Man avaient pris part au meurtre. Le commissaire des Indiens A. E. Forget,
qui assistait à l’entrevue, n’a pu s’empêcher d’exprimer son étonnement :
« Seigneur Dieu ! […] J’aurais dû m’en douter ! Ces gens-là sont de son
peuple, mais l’homme qu’ils ont tué n’était que son mari170. »
Les allégations persistantes d’agressions sexuelles pesant sur les deux
employés du MAI au lac à la Grenouille semblent indiquer qu’il s’agit pour
eux d’une pratique courante. L’archevêque Taché déclare ainsi que les
protégés du Dominion ont été « abandonnés à la séduction d’hommes d’une
immoralité révoltante171 ». Au Parlement, M. C. Cameron s’insurge contre
l’exploitation sexuelle des Indiennes, si répandue que 45 pour cent des
hommes « parmi une certaine classe de ces fonctionnaires » du Nord-Ouest
sont porteurs de maladies sexuellement transmissibles, « un bien triste état
de choses pour des hommes payés à même l’argent du peuple pour conduire
et diriger les affaires des Sauvages des territoires du Nord-Ouest et leur
donner l’exemple172 ». Cameron dénonce le fait que des jeunes filles, parfois
âgées de seulement 13 ans, sont vendues à des hommes blancs dans l’Ouest,
dans certains cas 10 $ à peine. Le ministre Hector Langevin refusant toute-
fois de considérer cette pratique comme du trafic de femmes : « D’après les
idées sauvages, le mariage n’est qu’un marché et une vente, et […] les parents
d’une jeune femme sont toujours en alerte pour lui trouver un acheteur173. »
À supposer même qu’il y eût quelque part de vérité dans cette affirmation,
les conditions de vie particulièrement atroces dans les réserves ont évidem-
ment dû peser d’un poids considérable sur les pratiques traditionnelles de
la dot.
Dès le début des années 1880, l’insuffisance des vivres fournis par le
MAI contraint sans doute de nombreuses femmes à se prostituer pour nourrir
leur famille. En 1883, la prostitution représente déjà un problème
d’importance dans les réserves des environs de Calgary174. Cette année-là, les
chefs cris d’Edmonton s’adressent au premier ministre pour se plaindre du
fait que la faim réduit maintenant leurs jeunes femmes à se prostituer, une
pratique inconnue de leurs peuples jusqu’ici. Le missionnaire Samuel Trivett
ayant révélé que des Gens-du-Sang avaient vendu leurs filles à des colons de
Fort Macleod, la Macleod Gazette s’empresse de défendre ses lecteurs : « Dans
cette réserve où il est missionnaire, un nombre incalculable d’Indiens se
livrent au commerce criminel, contre nature et révoltant de leurs propres
femmes dans les villes et les colonies175. »
Contrairement à ce qu’affirme S. W. Horrall, à savoir que les prostituées
seraient arrivées dans l’Ouest par le chemin de fer176, le commerce du corps
s’impose bel et bien, pour les femmes autochtones de l’époque, comme une
177. CDS, 1883, Rapport de la Police à cheval du Nord-Ouest, Annexe A, rapport du chirurgien Jukes,
Fort Walsh, 29 novembre 1882, p. 25-26.
178. Waiser, La police à cheval du Nord-Ouest, p. 11, 20-21.
179. BAC, MG 29 E 48, Diary of Inspector Deane, 1883, n. pag.
180. Pamela M. White, Restructuring the Domestic Sphere – Prairie Indian Women on Reserves : Image,
Ideology, and State Policy, 1880–1930 (thèse de doctorat), McGill University, 1987, p. 119.
181. Gray, Red Lights on the Prairies, p. 12.
182. Titley, The Frontier World of Edgar Dewdney, p. 50 ; Sarah Carter, « First Nations Women of Prairie
Canada in the Early Reserve Years, the 1870s to the 1920s : A Preliminary Inquiry », dans : Christine
Miller et al. (dir.), Women of the First Nations : Power, Wisdom, and Strength (Manitoba Studies in
Native History), Winnipeg : University of Manitoba Press, 1996, p. 70.
183. L’instructeur de Morley était à l’époque J. W. Molson ; CDS, 1883, p. 179.
266 L a destruction des I ndiens des P laines
184. BAC, RG 10, microfilm C-10136, vol. 3772, dossier 34938, William Donovan to Lawrence
Vankoughnet, 30 October 1886.
185. Cette femme serait la sœur d’Henry Pratt, le domestique et interprète de Reed. Pratt a déclaré que
ces accusations contre son maître étaient « pures inventions ». BAC, RG 10, microfilm C-10136,
vol. 3772, dossier 34938, Statement of Henry Pratt, Regina, 28 December 1886.
186. BAC, RG 10, microfilm C-10136, vol. 3772, dossier 34938, Donovan to Vankoughnet,
30 October 1886.
187. Le 14 avril, avant la prise de Fort Pitt, Big Bear fait envoyer un message au sergent Martin : « Depuis
que nous nous connaissons, cela fait déjà longtemps, nous avons toujours été bons amis […] Je vous
en prie, tentez de quitter Pitt dès que vous le pourrez. Et dites à votre capitaine que je lui conserve
mon affection car, depuis que le gouvernement canadien me laisse à mourir de faim dans ces terres ;
il m’apporte parfois de la nourriture, et je n’oublie pas les couvertures qu’il m’a données, et c’est
pourquoi je veux que vous partiez tous sans effusion de sang. » Cité dans W. L. Clink (dir.), Battleford
Beleaguered : 1885, The Story of the Riel Uprising from the Columns of the Saskatchewan Herald,
Willowdale (Ontario) : publication à compte d’auteur, 1984, p. 29. Jefferson, Fifty Years on the
Saskatchewan, p. 155, observe qu’au lac à la Grenouille, « les employés de la Compagnie de la Baie
d’Hudson furent les seuls hommes qu’ils épargnèrent, ce qui est très révélateur ».
188. Walter Hildebrandt, Views from Fort Battleford : Constructed Visions of an Anglo-Canadian West,
Regina : Canadian Plains Research Center, 1994, p. 85.
189. Saskatchewan Herald, 23 avril 1885, p. 1.
190. Beal et Macleod, Prairie Fire, p. 183.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 267
qu’il a été tué pour avoir refusé de secourir un garçon cri pendant une tempête
de blizzard191.
L’instructeur agricole James Payne, qui a aussi été tué à Battleford, avait
la réputation d’être un homme particulièrement cruel. Plusieurs motifs ont
été avancés pour expliquer son meurtre. Selon les recherches de Stonechild et
Waiser, Itka l’aurait tué en guise de représailles parce qu’il avait battu à mort
sa fille tuberculeuse192. À son procès, l’accusé déclare qu’il a tué Payne au
cours d’une dispute parce que les rations qui auraient dû être distribuées
10 jours plus tôt ne l’avaient toujours pas été193. Hildebrandt propose une
autre explication :
[Payne] avait une concubine et plusieurs enfants. Une nuit, revenant de
Battleford en état d’ébriété, il jette sa femme et ses enfants dehors en pleine
tempête de neige. Le temps qu’ils arrivent à trouver refuge auprès d’Indiens,
la pauvre femme, qui avait retiré ses propres vêtements pour protéger ses
enfants du froid mordant, avait les deux seins gelés, et elle ne s’est jamais
complètement remise de cette nuit d’horreur. Quand la rébellion a éclaté,
les Indiens de sa famille ont abattu l’inspecteur agricole pour se venger194.
Dans sa notice nécrologique, le Saskatchewan Herald indique que Payne
avait épousé la fille du chef Grizzly Bear’s Head (Tête-d’Ours-Gris) l’été
précédent et que sa veuve a donné naissance à un fils le lendemain de son
décès195. Le journal écrit deux semaines plus tard que Payne n’était pas seul
au moment de sa mort : « Le corps d’une femme apparemment dans la
vingtaine ayant reçu une balle dans la joue, et celui d’un enfant d’un an, le
crâne fracturé, […] ont été trouvés près du corps de Monsieur Payne196. » Le
Saskatchewan Herald n’évoquera plus jamais la mère et l’enfant anonymes ; il
n’expliquera pas non plus ce qu’il est advenu de leurs dépouilles.
La presse du temps s’est abondamment faite l’écho des meurtres
d’Européens ; les historiens qui se sont intéressés au soulèvement de 1885 en
197. Quelques exemples récents : Sarah Carter, « Introduction », dans : Theresa Gowanlock et Theresa
Delaney, Two Months in the Camp of Big Bear : The Life and Adventures of Theresa Gowanlock and
Theresa Delaney, Regina : Canadian Plains Research Center, 1999 ; Allen Ronaghan, « Father Fafard
and the Fort Pitt Mission », Alberta History, 46, 1998, p. 13-18 ; et Ronaghan, « Who Was the ‘Fine
Young Man’ ? » Dans Views from Fort Battleford, p. 79, Hildebrandt relève que les historiographes de
la rébellion « évoquent rarement ces événements et, quand ils le font, s’intéressent essentiellement
aux batailles et aux meurtres, jamais ou presque aux facteurs à plus long terme tels que la faim, le
mécontentement et la frustration des Cris ».
198. Saskatchewan Herald, 15 juin 1885, p. 2.
199. La bande n’est jamais retournée dans sa réserve ; Tyler, Interim Report, p. 5-6.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 269
Poundmaker en compagnie d’hommes qui seront bientôt pendus, Battleford, 1885. Glenbow
Archives, NA-363-62.
tomber entre nos mains200. » Si cette femme était si terrifiée, c’est peut-être
qu’elle s’est souvenue que, quelque temps plus tôt, près de la Butte au Fran-
çais (Frenchman’s Butte), un combattant cri avait été mis en pièces alors qu’il
tentait de se rendre en agitant le drapeau blanc201.
Les bandes cries, dont un soldat rapporte qu’elles étaient « traquées
jusqu’à la mort et tenaillées par la faim202 », seront très sévèrement punies à
leur reddition. C. B. Rouleau, le juge des procès de Battleford, avait exprimé
une certaine compassion envers les souffrances des Cris en 1884 ; mais sa
sympathie à leur égard s’est tarie après que sa résidence eut été détruite
200. Lewis Redman Ord, « Reminiscences of a Bungle by One of the Bunglers », dans : R. C. Macleod
(dir.), Reminiscences of a Bungle by One of the Bunglers and Two Other Stories of the Rebellion,
Edmonton : University of Alberta Press, 1983, p. 76. Ord appartenait à la troupe des éclaireurs de
Sam Steele. La femme qui a préféré se donner la mort plutôt que de risquer d’être capturée s’appelait
Sits-by-the Door ; Wayne F. Brown, Steele’s Scouts : Samuel Benfield Steele and the North-West
Rebellion, Surrey (Colombie-Britannique) : Heritage House, 2001, p. 145.
201. Ord, « Reminiscences of a Bungle by One of the Bunglers », p. 65.
202. Harold Panryn Rusden, « Suppression of the Northwest Insurrection », dans : R. C. Macleod (dir.),
Reminiscences of a Bungle by One of the Bunglers and Two Other Stories of the Rebellion, p. 308.
270 L a destruction des I ndiens des P laines
203. Bingaman, The North-West Rebellion Trials, p. 113-114, rappelle les critiques adressées à Rouleau
pendant la rébellion. Stonechild et Waiser, Loyal till Death, p. 90, indiquent que le juge « s’est enfui
pour sauver sa peau ».
204. Stonechild et Waiser, Loyal till Death, p. 221.
205. Brian Titley, « Hayter Reed and Indian Administration in the West », dans : R. C. Macleod (dir.),
Swords and Ploughshares : War and Agriculture in Western Canada, Edmonton : University of Alberta
Press, 1993, p. 117.
206. Stonechild et Waiser, Loyal till Death, p. 221.
207. Saskatchewan Herald, 30 novembre 1885, p. 2.
208. Jefferson, Fifty Years on the Saskatchewan, p. 153.
209. Tobias, « Canada’s Subjugation of the Plains Cree », p. 232.
8 L es politiques d ’ assistance du D ominion , 1883-1885 271
210. Canada, Chambre des communes, Débats, M. C. Cameron, 15 avril 1886, p. 760.
Chapitre 9
1. Carl Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
1870–1930s (thèse de doctorat), University of Manitoba, 1994, p. 179.
2. CSP, 1886, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire des Sauvages, 17 novembre 1886, p. 108. Ce
faisant, elles reconnaissent implicitement que c’est « la politique de la famine mise en œuvre par le
274 L a destruction des I ndiens des P laines
gouvernement à proximité d’entrepôts regorgeant de vivres et de vêtements » qui a suscité « la tenta-
tion […] de se mal conduire ». Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan
Indian Reserve Communities, p. 179.
3. Brian Titley, « Hayter Reed and Indian Administration in the West », dans : R. C. Macleod (dir.),
Swords and Ploughshares : War and Agriculture in Western Canada, Edmonton : University of Alberta
Press, 1993, p. 117-118.
4. Robert Nestor, Hayter Reed, Severalty, and the Subdivision of Indian Reserves on the Canadian
Prairies (mémoire de maîtrise), Saskatchewan Indian Federated College, University of Regina,
1998, p. 34-40.
5. On trouvera une analyse de cette politique ici : Sarah Carter, « Two Acres and a Cow : ‘Peasant’
Farming for the Indians of the Northwest, 1889–1897 », dans : J. R. Miller (dir.), Sweet Promises : A
Reader in Indian–White Relations in Canada, Toronto : University of Toronto Press, 1991,
p. 353-377.
6. Ibid., p. 83-97.
7. Peter Douglas Elias, The Dakota of the Canadian Northwest : Lessons for Survival (Manitoba Studies
in Native History), Winnipeg : University of Manitoba Press, 1988, p. 83.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 275
8. Zachary M. Hamilton et Marie Albina Hamilton, These Are the Prairies, Regina : School Aids and
Textbook Publishers, 1955, p. 3.
276 L a destruction des I ndiens des P laines
9. Blair Stonechild et Bill Waiser, Loyal till Death : Indians and the North-West Rebellion, Calgary : Fifth
House, 1997, p. 132.
10. CDS, 1887, William Pocklington, Rapport annuel, agence des Gens-du-Sang, 1er juillet 1886,
p. 139.
11. Saskatchewan Herald, 17 mai 1886, p. 1-3. Sa dépouille a été ramenée en août 2007 dans la réserve
qui porte son nom.
12. Ibid., 12 juillet 1886, p. 2.
13. Ibid. Tandis qu’il rend visite à son père adoptif, Crowfoot, Poundmaker s’étrangle soudain : « Le sang
se mit à couler de sa bouche […] en quelques instants, il était mort. » Hugh Dempsey, Crowfoot :
Chief of the Blackfeet, Norman : University of Oklahoma Press, 1972, p. 200.
14. Joyce Sowby, Macdonald the Administrator : Department of the Interior and Indian Affairs, 1878–
1887 (mémoire de maîtrise), Queen’s University, 1984, p. 185.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 277
15. William Beahen et Stan Horral, Les Tuniques rouges dans la Prairie : Le maintien de l’ordre dans
l’Ouest pionnier, 1886-1900 (traduit de l’anglais par Daniel Poliquin), Regina (Saskatchewan) :
Centax Books/PrintWest, 1998, p. 65.
16. Les conséquences néfastes du système de laissez-passer sont amplement établies. Voir notamment :
Laurie F. Barron, « The Indian Pass System in the Canadian West, 1882–1935 », Prairie Forum, 13,
1988, p. 25-42 ; et Sarah Carter, « Controlling Indian Movement : The Pass System », NeWest
Review, 10, 1985, p. 8-9. À l’inverse, les Dakotas non signataires ont réussi à préserver leur position
dans l’économie monétaire des Plaines. À la fin des années 1880, comme les populations des
réserves étaient très limitées dans leurs déplacements comme dans leurs possibilités d’emploi, les
Dakotas de Standing Buffalo ont pu travailler à la construction du chemin de fer Qu’Appelle–Long
Lake (lac Long), la première grande ligne secondaire du CP en Saskatchewan. Elias, The Dakota of
the Canadian Northwest, p. 153.
17. SAB, John A. Macdonald Papers, R-70, Dewdney to Macdonald, 9 September 1885, p. 376. Brian
Hubner affirme que les autorités canadiennes, à tous leurs échelons, savaient que la réglementation
sur les laissez-passer était illégale et contraire à l’esprit du Traité n° 7. Voir son « Horse Stealing and
the Borderline : The NWMP and the Control of Indian Movement », Prairie Forum, 20, 1995,
p. 295.
18. Les forces policières étaient si vivement opposées à cette loi que le commissaire Herchmer, de la
PCN-O, a demandé un avis juridique sur le sujet en 1882 ; il a aussi interdit à son personnel
278 L a destruction des I ndiens des P laines
néanmoins aux ordres. Dès 1886, les policiers interrogent tous les Indiens
qu’ils rencontrent en dehors des terres réservées19. Le père André, de la mission
de Calgary, conteste ces nouvelles dispositions : « Leur renvoi dans la réserve
ne sera d’aucun secours à ces pauvres Indiens car, là-bas, les agents leur refu-
seront la nourriture ainsi qu’ils l’ont déjà fait20. »
Le durcissement des politiques du Dominion à l’égard des Indiens a
des conséquences calamiteuses dans les collectivités autochtones de l’Ouest.
Encore rare dans les années 1870, la tuberculose fait maintenant des ravages
dans les groupes signataires. La population des réserves atteint son apogée
en 1884 ; dans les 10 années qui suivent, elle s’effondre sous l’effet conjugué
de plusieurs facteurs : malnutrition ; surpopulation ; froid ; insuffisance des
systèmes sanitaires ; politiques gouvernementales oppressives21. En une
décennie, la population baisse de 41 pour cent au lac Croche (Crooked Lake)
et de 46 pour cent dans les File Hills. Entre 1885 et 1889, un tiers des habi-
tants des réserves d’Edmonton partent, renoncent à leur statut d’Indien ou
meurent. En 1889, la population des réserves de Battleford ne représente
même plus la moitié de ce qu’elle était avant la rébellion.
La maladie n’est pas la seule responsable de cette dépopulation.
Plusieurs centaines de gens s’enfuient vers les États-Unis, dont une centaine
de membres des bandes Stoneys de Battleford22 et le groupe du chef cri
Little Bear (Petit-Ours)23. Little Poplar cherche également refuge au sud de
la frontière. Sa bande y survit dans des conditions effroyables jusqu’à ce que
les autorités américaines acceptent de lui venir en aide, en 188724. Son chef
d’engager des poursuites contre les Indiens sans justification légale. Barron, « The Indian Pass
System in the Canadian West », p. 36.
19. John Peter Turner, The North-West Mounted Police, Ottawa : King’s Printer, 1950, 2, p. 284.
20. « Father André to Colonel Herchmer, Assistant Commissioner, 5 November 1888 », dans : Peter
Naylor, Index to Aboriginal Issues Found in the Records of the North West Mounted Police RG 18,
National Archives of Canada (tapuscrit), Saskatoon : Office of the Treaty Commissioner, 1994,
entrée 000.
21. Maureen Lux, Medicine that Walks : Disease, Medicine, and Canadian Plains Native People, 1880–
1940, Toronto : University of Toronto Press, 2001, p. 45-56.
22. Grizzly Bear’s Head quitte le Canada avec plus de 100 personnes. Kenneth J. Tyler, Interim Report :
The History of the Mosquito, Grizzly Bear’s Head, and Lean Man Bands, 1878–1920, (tapuscrit),
Regina : Indian Studies Resource Centre, Saskatchewan Indian Federated College, University of
Regina, 1974, p. 5.
23. Le 30 décembre 1885, le Benton River Press rapporte que 137 Cris placés sous l’autorité de Little
Bear (Petit-Ours ; Imases) ont été appréhendés et amenés jusqu’à Fort Assiniboine. James Dempsey,
« Little Bear’s Band : Canadian or American Indians ? », Alberta History, 41, 1993, p. 3 ; Verne
Dusenbury, The Montana Cree : A Study in Religious Persistence, Norman : University of Oklahoma
Press, 1999, p. 32, 37.
24. Saskatchewan Herald, 5 février 1887, p. 1. Quelques mois plus tard, le journal rapporte que des
Indiens ayant fui le Canada se sont réfugiés dans les montagnes pour se soustraire à une directive de
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 279
n’est déjà plus25. Une dizaine d’années plus tard, le Dominion propose l’am-
nistie aux insurgés ; cinq cents personnes reviennent alors du Montana26.
Cependant, la plupart de ceux et celles qui ont fui le Canada sont morts en
exil. Cette période s’avère particulièrement difficile pour les Ojibwés de
Turtle Mountain, dont la réserve s’étend juste au sud de la frontière. De
nombreux réfugiés de l’insurrection sont venus grossir les rangs de cette
bande. Le gouvernement américain les a aidés dans un premier temps ;
en 1887, il ne leur offre toutefois aucun soutien. Cette année-là, 151 personnes
meurent de faim27.
L’abandon des réserves induit une chute brutale du nombre des Indiens
inscrits dans les statistiques du Dominion. Plusieurs autres facteurs y contri
buent également. À l’été 1886, une nouvelle réglementation autorise les
Indiens des bandes signataires ayant des ascendants blancs à demander le
certificat de Métis. Nombreux sont ceux qui optent pour cette formule, ne
serait-ce que pour se soustraire aux dispositions oppressives de la Loi sur les
Indiens. Cette politique fait baisser la population des réserves et allège le
fardeau financier qu’elles représentent28. Si l’intention des autorités gouver
nementales était de réduire le nombre des Autochtones couverts par un traité,
sa stratégie s’avère extraordinairement efficace. La plupart des personnes
admissibles renoncent à leur statut légal d’Indien pour le remplacer par un
certificat de Métis. En 1886, les membres de bandes signataires représentent
ainsi plus de la moitié des 1159 certificats octroyés dans l’ouest de la
Saskatchewan et en Alberta29. Dans l’agence d’Edmonton, 150 Indiens
optent pour le certificat de Métis, de sorte que la population indienne ne
s’élève plus désormais qu’à 843 personnes. En 1886, au lac La Biche,
470 personnes se retirent du traité dont elles sont signataires30. Au prin-
temps 1888, le Saskatchewan Herald rapporte que les trois quarts des habi-
tants de la région du lac des Esclaves sont maintenant des « Sang-Mêlés31 ».
Dans la région du cours inférieur de la Saskatchewan, la population indienne
diminue d’un tiers en 188632. Dans la toute nouvelle agence du lac aux
Oignons (ou lac à l’Oignon, Onion Lake), elle baisse de plus de la moitié du
jour au lendemain ou presque33. Dans l’agence de Battleford, plus de 10 pour
cent de la population des réserves renoncent à leur traité en 188734. Dans
l’agence des File Hills, 117 personnes prennent part à cet « exode volontaire »,
pour reprendre le terme de l’économiste Carl Beal ; les réserves de la région
perdent ainsi 15 pour cent de leurs habitants35. Ceux et celles qui aban-
donnent leur statut d’Indien au profit du certificat de Métis échappent aux
limitations institutionnelles imposées par les traités ; mais ils deviennent
pour la plupart des travailleurs agricoles itinérants et doivent souvent s’en
remettre à la charité de leurs voisins ou de la police pour survivre. C’est par
exemple le cas des « Cumberlands » de la région de Prince Albert. Après
plusieurs années d’un climat défavorable et de récoltes désastreuses, « ils ne
possèdent plus aucun moyen de subsistance si ce n’est la force de leurs bras »,
écrit le surintendant-inspecteur de la police John Cotton. « Ils n’ont pas
d’animaux, ou très peu, qu’il s’agisse de chevaux ou de bétail, et se trouvent
par conséquent dans une situation très misérable36. »
Il n’est pas étonnant que les Indiens soient si nombreux à fuir le pays
ou à renoncer à leur statut : les autorités du Dominion réduisent régulièrement
les rations alimentaires, surtout celles des bandes qu’elles estiment déloyales.
En 1885, alors même que le conflit perturbe l’agriculture dans les réserves, le
30. La population des Pecaysees passe de 992 à 521. CDS, 1887, John A. Macdonald, Rapport du
surintendant général des affaires des Sauvages, 1er janvier 1887, p. li. Les Indiens de la bande de
Passpasschase sont si nombreux à opter pour les certificats de Métis que ses membres restants sont
intégrés à celle d’Enoch en 1887. CDS, 1888, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire des
Sauvages, 23 décembre 1887, p. 194.
31. Saskatchewan Herald, 5 mars 1888, p. 4.
32. Environ 500 personnes se retirent des traités. CDS, 1887, John A. Macdonald, Rapport du surin-
tendant général des affaires des Sauvages, 1er janvier 1887, p. xlvii.
33. La population de l’agence passe de 814 à 386. Ibid., p. l.
34. CDS, 1888, Thomas White, Rapport du surintendant général des affaires des Sauvages,
3 janvier 1888, p. lii.
35. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 197.
36. Les documents font état d’une misère tout aussi grande le long de la rivière Carotte, à la fourche de
la rivière Saskatchewan, à Fort La Corne et dans les Birch Hills (Buttes-de-Bouleau). BAC, RG 18,
vol. 32, f. 262, Relief of Destitute Halfbreeds at Prince Albert, John Cotton, Memorandum to the
Commissioner, 10 February 1890, p. 238.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 281
37. Les dépenses alimentaires s’élèvent à 547 595 $ en 1884 ; elles ne sont plus que de 504 255 $ l’année
suivante. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve
Communities, p. 140.
38. SAB, John A. Macdonald Papers, R-70, Macdonald to Dewdney, 5 July 1885, n. pag.
39. Lux, Medicine that Walks, p. 58. Pour illustrer l’ampleur de l’hécatombe dans la région, l’auteure
rappelle que le taux de mortalité s’élève alors à 31,6 pour 1 000 à Québec, et 20 pour 1 000 à Paris
et Londres.
40. Les survivants de cette bande ont été intégrés à celle d’Ironhead (Tête-de-Fer) en 1895. Brian Titley,
« The Fate of the Sharphead Stonies », Alberta History, 39, 1991, p. 8.
41. Dempsey, Crowfoot, p. 181.
42. Turner, The North-West Mounted Police, 2, p. 483.
282 L a destruction des I ndiens des P laines
loyaux43 ». Pendant que la famine ravage les populations des réserves, les
vivres importés pour la milice « s’empilent et pourrissent44 ».
Les Autochtones des terres réservées s’enfoncent de plus en plus dans
une misère horrifiante encore accentuée par leur vulnérabilité face à l’offensive
tuberculeuse. Or, une autre calamité va bientôt s’abattre sur eux. L’achèvement
récent du chemin de fer du Canadien Pacifique marque le début de la
colonisation agricole à grande échelle ; il apporte également de nouvelles
maladies infectieuses dans le Nord-Ouest. Pour bon nombre des habitants
des réserves, la mort arrive par le train. Très vite, les effets cumulés de la
tuberculose chronique et des autres maladies infectieuses, en particulier la
rougeole et la grippe, amènent la population autochtone des Plaines
canadiennes à son niveau démographique le plus bas.
En 1886, la rougeole et la coqueluche sont acheminées par les voies de
transport jusqu’aux populations autochtones fragilisées par la malnutrition et
l’affaissement de leurs défenses immunitaires. Les premiers cas de rougeole
43. BAC, CMS, microfilm A-113, Assissippi Journal, 3 August and 23 August 1885, p. 2-3.
44. SAB, John A. Macdonald Papers, R-70, télégramme Macdonald to Dewdney, 24 August 1884,
p. 363 ; télégramme déchiffré Dewdney to Macdonald, 25 août 1885, p. 365.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 283
tandis que les Cris arrivent de plus en plus nombreux depuis le Petit lac des
Esclaves et Edmonton51 ». Au lac La Biche, 27 personnes succombent à la
flambée infectieuse en octobre 1886. Dès le printemps suivant, elle aura fait
160 morts52. La rougeole et la coqueluche ravagent très longtemps
l’Athabasca ; 150 personnes en meurent au lac des Esclaves53. À la mission
d’Assissippi, Hines écrit : l’épidémie « a attaqué mes Indiens de Stony Lake
(lac Pierreux ; lac des Roches), tuant presque le quart d’entre eux, essentiel
lement des hommes54 ». La mission elle-même est relativement épargnée ;
néanmoins, son taux de mortalité augmente considérablement en 1886 et
188755. S’ils ne précisent pas la cause des décès constatés, les documents
historiques révèlent à la mission anglicane du lac La Ronge un taux de morta-
lité cinq fois plus élevé en 1887 qu’en temps normal56. L’épidémie de
rougeole, par l’ampleur même des ravages qu’elle cause dans le nord de la
Saskatchewan, témoigne du fait que ces collectivités connaissaient peu la
maladie avant ce déferlement de pathogènes. Hormis cet épisode rougeoleux,
l’état de santé des populations septentrionales reste relativement stable dans
la deuxième moitié du 19e siècle. Parce qu’elles subviennent à leurs propres
besoins alimentaires, qu’elles ont préservé leurs économies traditionnelles et
qu’elles ne sont pas entravées par le très strict système des réserves, les collec-
tivités du nord de la Saskatchewan ne sont pas décimées par la tuberculose
comme celles du sud l’ont été57. Dans les 10 ans qui suivent la signature des
traités, un écart considérable se creuse ainsi entre les Autochtones septentrio-
naux, relativement peu malades, et les Méridionaux, sur lesquels s’abattent
d’innombrables maux. Au total, une tendance très nette se dessine : moins les
Autochtones sont en relation avec le ministère des Affaires indiennes, mieux
ils se portent58.
Dans le sud de l’Alberta, la rougeole tue 10 pour cent des Stoneys
(Nakotas) à l’hiver 1886-188759. L’agent des Indiens William de Balinhard
affirme que « les [Stoneys] ont toujours paru avoir moins de vigueur […]
pour résister aux attaques d’une maladie quelconque, quoi qu’on n’ait pu
découvrir une explication satisfaisante de cette singularité malheureuse ».
Dans la bande de Chapoustiquhan, presque toutes les familles perdent au
moins l’un des leurs60. En octobre 1886, la maladie emporte le tiers des
Stoneys de Sharphead en moins d’un an61. Cette communauté ne s’en
relèvera jamais ; ses survivants s’intégreront à la bande dirigée par Ironhead
(Tête-de-Fer). À la fin de cette décennie, la maladie a déjà fait 29 morts au lac
aux Oignons62.
En 1889-1890, une flambée infectieuse aiguë plus dévastatrice encore
éclipse les nombreuses morts de l’épidémie de rougeole. La grippe s’abat sur
les groupes affaiblis par la faim et sur les populations des réserves ravagées par
la tuberculose ; elle amènera les Autochtones à un creux démographique sans
précédent. Ce nouveau fléau ne touche pas que le Nord-Ouest canadien : il
s’inscrit dans le contexte de la toute première pandémie véritablement
mondiale dont les documents historiques aient conservé la trace. Surnommée
la « grippe russe » parce qu’elle a émergé à l’est des montagnes du Caucase en
1889, elle conquiert le monde en moins d’un an63. Cette maladie, « la
première à se propager aussi rapidement que les trains et les bateaux à vapeur »,
fera un million de victimes sur toute la planète64. Dewdney en décrit les effets
dans la population autochtone du Dominion :
L’épidémie d’influenza connue vulgairement sous le nom de la grippe a sévi
presque généralement parmi les Sauvages l’hiver et le printemps derniers.
Presque chaque bande de l’Atlantique au Pacifique, et au nord aussi loin
qu’il a été reçu des rapports, a été attaquée […], et bon nombre de vieilles
personnes et d’autres atteintes de maladies pulmonaires ou chroniques, ou
dont la constitution était délicate, ont succombé à la suite des complications
résultant de cette affection catarrhale.
60. CDS, 1888, T. P. Wadsworth, inspecteur des réserves des Sauvages, Battleford, 20 octobre 1887,
p. 145.
61. Titley, « The Fate of the Sharphead Stonies », p. 6-7, indique que 47 de ces morts étaient des garçons
et des filles de moins de 15 ans.
62. Laurel Schenstead-Smith, « Disease Pattern and Factors Relating to the Transmission of Disease
among the Residents of the Onion Lake Agency », Na Pao : A Saskatchewan Anthropological Journal,
12, 1982, p. 3-4.
63. Richard Gallagher, Diseases that Plague Modern Man : A History of Ten Communicable Diseases, New
York : Oceana Publications, 1969, p. 46. Il se peut aussi que la maladie soit venue de Chine, d’où
son autre surnom de « grippe asiatique ».
64. Voir : http://www.globalsecurity.org/security/ops/hsc-scen-3_pandemic-influenza.htm.
286 L a destruction des I ndiens des P laines
65. CDS, 1891, Edgar Dewdney, Rapport du surintendant général des affaires des Sauvages,
13 janvier 1891, p. xi. Les « affections catarrhales » sont des infections des muqueuses accompagnées
d’hypersécrétions dans la bouche ou la gorge.
66. CDS, 1891, Rapport du commissaire des Sauvages, Regina, octobre 1890, p. 136.
67. CDS, 1891, 30 août 1890, p. 39 ; 1er septembre 1890, p. 41 ; 18 août 1890, p. 43 ; A. M. Muckle,
Clandeboye (Manitoba), 30 août 1890, p. 32. Lux, Medicine that Walks, p. 87, souligne que la
pneumonie bactérienne constitue la principale cause de mortalité associée à cette épidémie.
68. Saskatchewan Herald, 23 janvier 1889, p. 1.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 287
76. Saskatchewan Herald, 13 novembre 1889, p. 1. Les estimations dénombrent 4 000 agriculteurs indi-
gents dans le nord du Dakota pour l’année qui commence. Ibid., 5 février 1890, p. 3.
77. Ibid., 18 août 1888, p. 3-4 ; 8 septembre 1888, p. 2. L’extermination de la dernière harde de bisons
septentrionale a considérablement déstabilisé l’économie de subsistance du nord de l’Alberta. Ibid.,
20 mars 1889, p. 4.
78. Stephen Sliwa, Standing the Test of Time : A History of the Beardy’s/Okemasis Reserve, 1876–1951
(mémoire de maîtrise), Trent University, 1993, p. 93. La bande n’a pas eu de chef jusqu’en 1936,
plus de 40 ans plus tard. SAB, bobine 2.75, School Histories of 35 Indian Reserves, « Beardy’s
Reserve », p. 20.
79. Saskatchewan Herald, 12 février 1890, p. 1.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 289
presque tout le temps malade, et même s’il continuait de lutter pour les
droits de son peuple, il savait qu’il était en train de perdre son propre
combat contre la mort. » Crowfoot doit garder le lit pendant presque un an ;
sa vue décline considérablement. Peu avant sa mort, il sombre dans le coma.
À sa disparition, ses responsabilités incombent successivement à plusieurs
de ses proches, « mais aucun d’eux n’a pu se montrer chef aussi remarquable
qu’il l’avait été80 ».
Les communautés affrontent de leur mieux les flambées pathologiques
de plus en plus brutales qui s’abattent sur elles et les hécatombes qu’elles
sèment dans leur sillage81. Nombreux sont ceux et celles qui se tournent vers
la religion. La spiritualité ojibwée reprend de la vigueur dans la région du lac
Winnipeg, et de grandes cérémonies de médecine (les midewiwins) sont
organisées jusque très loin dans l’ouest, au lac aux Oignons82. D’autres rituels
religieux gagnent également du terrain à la fin des années 1880. Dans la
réserve d’Ahtahkakoop ont lieu plusieurs cérémonies, notamment la Danse
du soleil et la Danse du don (matahitowin), « une danse sacrée en l’honneur
de Pahkahkos, esprit de la famine83 ». Les Indiens tiennent aussi une Danse
du soleil à Fort Macleod en 1889 : « Cela les trouble et les incite à reproduire
les exploits de leurs ancêtres », observe un représentant des autorités84. L’objectif
premier de la Danse du soleil est d’apporter la guérison, à tout le moins le
soulagement des maux. Cette cérémonie persiste « parce qu’elle repose sur
une croyance en une renaissance et une régénération possibles du monde et
de l’humain, et que cette croyance conserve alors toute sa pertinence85 ».
Le mouvement de regain autochtone le plus important de cette époque
marquée par l’épidémie de grippe reste toutefois la Danse des esprits. Prenant
naissance chez les Païutes du Nevada, il déferle ensuite dans tout l’ouest des
86. Alice B. Kehoe, The Ghost Dance : Ethnohistory and Revitalization, Fort Worth : Holt, Rinehart and
Winston, 1989, p. 4-5. Voir également : Ronald Niezen, Spirit Wars : Native North American Religion
in the Age of Nation Building, Berkeley : University of California Press, 2000, p. 130-136.
87. Kehoe, The Ghost Dance, p. 5. Une éclipse solaire complète a eu lieu 1er janvier 1889.
88. Henry Dobyns et Robert Euler, The Ghost Dance of 1889 among the Pai Indians of Northwestern
Arizona, Prescott (Arizona) : Prescott College Press, 1967, p. 1-2.
89. James Mooney, The Ghost Dance Religion and the Sioux Outbreak of 1890, Lincoln : University of
Nebraska Press, 1991, p. 786.
90. Ibid., p. 826-827.
91. Ibid., p. 845-846.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 291
92. Ibid., p. 857. Dee Brown propose une autre version de la mort de Sitting Bull dans Enterre mon cœur
à Wounded Knee : une histoire américaine, 1860-1890 (traduit de l’américain par Nathalie
Cunnington), Paris : Albin Michel, 2009, p. 445-446.
93. Mooney, The Ghost Dance Religion and the Sioux Outbreak of 1890, p. 869. Voir également : Brown,
Enterre mon cœur à Wounded Knee, p. 424-425. Avec une mobilisation de 6 000 à 7 000 soldats, cette
opération était la plus vaste que l’armée des États-Unis ait déployée depuis la fin de la guerre de
Sécession. Jeffrey Ostler décrit les raisons de cette démonstration de force du gouvernement améri-
cain dans : The Plains Sioux and U.S. Colonialism from Lewis and Clark to Wounded Knee, Cambridge
(R.-U.) : Cambridge University Press, 2004, p. 288.
94. Mooney, The Ghost Dance Religion and the Sioux Outbreak of 1890, p. 869-870.
95. Russell Thornton, We Shall Live Again : The 1870 and 1890 Ghost Dance Movements as Demographic
Revitalization, Cambridge (R.-U.) : Cambridge University Press, 1986, p. 45-46.
96. Beahen et Horral, Les Tuniques rouges dans la Prairie, p. 68-69.
97. « L. W. Herchmer to Superintendent Steele, telegram, 7 December 1890 », dans : Naylor, Index to
Aboriginal Issues Found in the Records of the North West Mounted Police, entrée 152.
292 L a destruction des I ndiens des P laines
« sortent très rarement de leurs réserves, à moins que ce ne soit avec permis-
sion. Leur succès [agricole] est en grande partie sinon tout à fait dû à l’habileté
et à l’énergie des agents du département des Affaires indiennes et des préposés
à l’agriculture, qui font de louables efforts pour les encourager98 ». Quelques
jours à peine avant que les violences n’éclatent à Standing Rock, l’inspecteur
G. E. Sander relève que plus de 20 000 personnes se trouvent « dans la grande
réserve des Sioux du sud du Montana, là où les troubles sont les plus
probables » ; il met également les autorités en garde contre le risque de propa-
gation des turbulences vers le nord99. Une semaine avant le bain de sang, « des
Indiens en armes se dirigeant vers les réserves à l’ouest de Qu’Appelle ont été
appréhendés et amenés sous escorte jusqu’à Indian Head100 ». En janvier 1891,
les autorités canadiennes apprennent que des danses de guerre ont eu lieu
dans la région de Turtle Mountain, dans le Dakota du Nord ; des policiers
sont déployés à la frontière pour empêcher que la Danse des esprits et d’autres
manifestations et désordres de même nature n’entrent en territoire cana-
dien101. Plus à l’ouest, des rumeurs affirment que des émissaires indiens ont
rencontré les Kainahs en prévision d’un soulèvement au sud de la frontière :
elles fournissent au Dominion « un excellent prétexte de panique102 ».
Les violences de Standing Rock retentissent dans l’ensemble du conti-
nent. Dans l’introduction de son rapport de surintendant général des Affaires
indiennes de 1891, Dewdney mesure l’importance de ce qu’il appelle « l’en-
gouement du Messie » et signale qu’il possède « suffisamment de raisons de
croire que des émissaires ou messagers furent envoyés par les Sauvages mécon-
tents des États-Unis à quelques-uns de nos Sauvages, dans l’espoir de les
engager à prêter leur appui au mouvement, mais ils ont rejeté leurs ouver-
tures et n’ont pas répondu103 ». Même si les manifestations radicales de la
Danse des esprits ne franchiront jamais la frontière vers le nord104, la grogne
98. SAB, bobine R-2.563, Alphonse Little Poplar, Miscellaneous Indian Policy Documents Relating to the
Sweet Grass Reserve, p. 4. Barron, « The Indian Pass System in the Canadian West », p. 31, analyse les
mesures de confinement mises en place pour endiguer la propagation de la Danse des esprits et
autres mouvements religieux venus de l’extérieur.
99. BAC, RG 18, vol. 46, dossier 15, « Report of G. E. Sander, Inspector, to E. W. Jarvis, Superintendent,
19 December 1890 », dans : Naylor, Index to Aboriginal Issues Found in the Records of the North West
Mounted Police, entrée 151.
100. « Letter from L. W. Herchmer, Commissioner, to unknown, 22 December 1890 », dans : Ibid.,
entrée 155.
101. Beahen et Horral, Les Tuniques rouges dans la Prairie, p. 60.
102. Barron, « The Indian Pass System in the Canadian West », p. 33-34.
103. CDS, 1892, Edgar Dewdney, Rapport du surintendant général des affaires des Sauvages,
janvier 1892, p. ix.
104. Des membres de la bande de Sitting Bull vivant à Wood Mountain auraient pratiqué cette danse
jusqu’en 1895. Les Dakotas de la Saskatchewan ont renoncé à la danse en tant que telle à la fin des
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 293
qui s’exprime de plus en plus ouvertement dans les réserves inquiète les auto-
rités canadiennes au point qu’elles finissent par interdire plusieurs autres
pratiques religieuses autochtones105. Depuis 1885, l’opinion publique
exprime une hostilité croissante à l’égard des Premières Nations. Dès les
années 1890, les Amérindiens, jadis regardés comme de simples sources
d’agacement, des vagabonds relativement inoffensifs ou les derniers représen
tants d’une race en voie d’extinction, sont de plus en plus considérés comme
« une véritable menace pour les biens et la vie des colons blancs106 ». Jusqu’en
1895, l’application rigoureuse du système des laissez-passer restreint la parti-
cipation aux cérémonies religieuses autochtones. En 1895, le Dominion
lance de surcroît une offensive frontale contre les pratiques spirituelles en
élargissant l’article 14 de la Loi sur les Indiens pour interdire désormais la
plupart des cérémonies religieuses107. La mise en œuvre très stricte du
système de laissez-passer vise en fait un double objectif, car elle doit aussi
apaiser les revendications des éleveurs, qui accusent les Indiens de tuer leurs
bestiaux. Un journal de Calgary reproche au MAI de distribuer avec trop de
libéralité des laissez-passer aux Indiens qui veulent aller chasser, ajoutant que
« le seul gibier qui reste dans ces terres, c’est le bétail108 ! » Les éleveurs ont
une autre excellente raison d’exhorter les autorités à maintenir, voire resserrer,
le système des laissez-passer : le renouvellement des contrats gouvernemen-
taux d’achat de bœuf, qui ont considérablement baissé dans les années précé-
dentes109. Dès 1892, la police exprime pourtant de sérieux doutes quant à la
légalité du système110. Loin de se laisser émouvoir, le Dominion impose de
nouvelles restrictions à la population indienne et adopte des textes législatifs
qui interdisent les échanges commerciaux entre les réserves et les collectivités
blanches, sauf autorisation des représentants du Ministère.
années 1890, mais ils ont alors incorporé son système de croyances aux pratiques religieuses
existantes, donnant ainsi naissance au mouvement New Tidings. Il s’est maintenu dans la réserve de
Wahpeton, près de Prince Albert, jusque dans les années 1960. Kehoe, The Ghost Dance, p. 44-46,
129-134.
105. Pettipas, Severing the Ties that Bind, p. 101-102 ; Ronald Niezen, Spirit Wars, p. 136-140.
106. Pettipas, Severing the Ties that Bind, p. 102.
107. Deanna Christensen, Ahtahkakoop : The Epic Account of a Plains Cree Head Chief, His People, and
Their Struggle for Survival, 1816–1896, Shell Lake (Saskatchewan) : Ahtahkakoop Publishing, 2000,
p. 650.
108. Barron, « The Indian Pass System in the Canadian West », p. 33.
109. Nestor, Hayter Reed, Severalty, and the Subdivision of Indian Reserves on the Canadian Prairies,
p. 102.
110. SAB, bobine R-2.563, Alphonse Little Poplar, Miscellaneous Indian Policy Documents Relating to the
Sweet Grass Reserve, p. 4-5. Voir également : Barron, « The Indian Pass System in the Canadian
West », p. 36.
294 L a destruction des I ndiens des P laines
111. Thornton, We Shall Live Again, p. 46 ; R. G. Ferguson, Tuberculosis among the Indians of the Great
Canadian Plains, Londres : Adlard and Son, 1929, p. 10.
112. Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities,
p. 200.
113. CDS, 1896, Hayter Reed, Rapport du sous-surintendant général des Affaires indiennes,
2 décembre 1895, p. xvii-xviii.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 295
114. BAC, RG 10, bobine 10, 166, vol. 3949, dossier 126345, Hayter Reed to A. E. Forget,
14 February 1895.
115. Ibid., Dr. John Hutchinson to Hayter Reed, 28 May 1895.
116. CDS, 1887, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire des Sauvages, 17 novembre 1886, p. 110.
117. Nestor, Hayter Reed, Severalty, and the Subdivision of Indian Reserves on the Canadian Prairies,
p. 100-102.
296 L a destruction des I ndiens des P laines
manifeste dans les derniers temps de leur maladie pour les achever118 ». La
scrofule, ajoute le Dr Girard, est une maladie environnementale causée par la
piètre alimentation, le manque de ventilation et de lumière et l’insuffisance des
mesures d’hygiène chez les malades. La science ne l’avait pas encore démontré
à l’époque, mais nous savons aujourd’hui qu’elle est aussi le symptôme d’une
infection à la tuberculose bovine.
Dans le sud de l’Alberta, une importante épidémie de rougeole et la
tuberculose endémique se conjuguent pour porter le taux de mortalité à son
apogée. Les Niitsitapis n’atteignent leur point démographique le plus bas
qu’au début du 20e siècle, une bonne décennie après les réserves de la
Saskatchewan119. En 1902, l’agent des Indiens J. A. Markle décrit en ces
termes l’augmentation de la mortalité dans le sud de l’Alberta :
La rougeole en a bien été la cause directe [de nombreux décès], mais il
existe, suivant moi, différentes causes secondaires. Comme la plupart des
parents souffrent de diathèse scrofuleuse, il est naturel de conclure que les
enfants sont affaiblis et plus mal disposés à résister aux diverses maladies
auxquelles ils sont exposés120.
Si l’état de santé des populations du Traité n° 7 se détériore dans les
années 1890, certaines améliorations des conditions de vie, parfois très
simples, se traduisent immanquablement par une embellie du bilan sanitaire.
Ainsi, la ventilation des habitations limite la propagation aérienne des mala-
dies, en particulier la tuberculose. Les observations de l’époque permettent
aussi de déterminer que les poêles à bois adoptés par les Autochtones quand
ils ont renoncé à leurs tentes au profit des maisons de bois favorisent en réalité
la contamination. Au Manitoba, Ebenezer McColl souligne que l’air des
maisons est « étouffant, et engendre probablement plus de maladies pulmo-
naires et autres affections mortelles que toutes les autres causes réunies121 ».
Tout au long des années 1890, le Dr George Orton travaille inlassablement à
l’amélioration de la situation sanitaire dans les réserves ; il se fait notamment
le plus ardent promoteur de l’amélioration de la ventilation des habitations et
du remplacement des poêles à bois par de simples foyers122. Autre « innova-
tion » ministérielle : les autorités publiques du Dominion déplorent le fait que
118. BAC, RG 10, bobine 10, 166, vol. 3949, f. 126345, Dr. F. X. Girard to Indian Commissioner,
1 April 1895.
119. Ferguson, Tuberculosis among the Indians of the Great Canadian Plains, p. 12.
120. CDS, 1903, Agence des Pieds-Noirs, Gleichen (Alberta), 7 août 1902, p. 125.
121. CDS, 1894, E. McColl, inspecteur, Surintendance du Manitoba, 18 octobre 1893, p. 46.
122. BAC, RG 10, bobine 10151, vol. 3855, dossier 79963, Manitoba – Dr. G. Orton’s Report on the
Deleterious Effects of Civilization and Subsequent Effort to Ventilate Schools as a Protection against
Tuberculosis, 1891–1897.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 297
Une salle du premier hôpital indien, Gleichen (Alberta), avant 1900. Glenbow Archives,
NA-1773-14.
125. CDS, 1896, Dr George Orton, surintendant médical, surintendance du Manitoba, 28 août 1895,
p. 143-144.
126. BAC, RG 10, bobine 10151, vol. 3855, dossier 79963, Hayter Reed to A. E. Forget, 10 April 1895.
127. BAC, RG 10, bobine 10166, vol. 3949, dossier 126345, Dr. T. A. Patrick to Assistant Commissioner,
10 June 1985, p. 2.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 299
128. John Milloy, “A National Crime” : The Canadian Government and the Residential School System, 1879
to 1986, Winnipeg : University of Manitoba Press, 1999, p. 77-108, analyse en détail les conditions
sanitaires dans les écoles.
129. Plus le patient est jeune, plus le risque est élevé que l’infection primaire évolue en maladie déclarée
et mène à la mort. William D. Johnston, « Tuberculosis », dans : Kenneth Kiple (dir.), The Cambridge
World History of Human Disease, Cambridge (R.-U.) : Cambridge University Press, 1993, p. 1060.
130. BAC, RG 10, bobine 10166, vol. 3949, dossier 126345, M. M. Seymour to Indian Commissioner,
Fort Qu’Appelle, 28 May 1895, p. 3.
131. De ces cinq enfants, quatre ont succombé à la consomption, le cinquième à la pleurésie. CDS, 1893,
J. Hugonnard, principal, école d’industrie de Qu’Appelle, 1er octobre 1892, p. 204.
132. Sur les 795 enfants inscrits, 153 sont morts pendant leur scolarisation. Milloy, “A National Crime”,
p. 92.
133. CDS, 1894, J. Hugonnard, école industrielle de Qu’Appelle, 22 août 1893, p. 89. L’année suivante,
il écrit dans son rapport que la plupart des morts observées dans l’établissement ont été causées par
la consomption, « bien que dans la plupart des cas il ait été prouvé que la maladie était héréditaire ».
De plus, ajoute-t-il, « les enfants sauvages pur-sang paraissent être plus exposés à cette maladie que
ceux qui ont un peu du sang de blanc, et ces derniers reviennent plus facilement de ses suites ». CDS,
1897, J. Hugonnard, école industrielle de Qu’Appelle, 4 août 1896, p. 359.
300 L a destruction des I ndiens des P laines
Charcoal, également dit « Bad Young Man ». Un Stetson de la Police à cheval cache ses mains
menottées. Ce portrait mis en scène camoufle aussi l’état de santé pitoyable du prisonnier.
Saskatchewan Archives Board, R-23918.
maladies et des décès constatés dans les réserves étaient « directement dus à des
causes héréditaires qui datent d’une époque antérieure à celle où a commencé
notre responsabilité » ; l’augmentation de leur nombre, ajoutait-il, s’explique
par un suivi plus efficace de l’incidence des maladies et par la collecte de
« données qu’on n’aurait pas pu obtenir à une époque antérieure134 ».
134. CDS, 1887, Edgar Dewdney, Rapport du commissaire des Sauvages, 17 novembre 1886, p. 111.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 301
Pouvant à peine se tenir debout, Charcoal avance péniblement sous escorte, les fers aux pieds ;
Fort Macleod (Alberta), 1896. Glenbow Archives, NA-4035-70.
135. Voir par exemple : CDS, 1898, Thomas Carruthers, agence des buttes de Tondre (Touchwood
Hills), 20 juillet 1897, p. 180.
136. Milloy, “A National Crime”, p. 86.
302 L a destruction des I ndiens des P laines
les Cris Red Earth (Terre-Rouge), dans la montagne du Pas, sont ainsi décrites
comme étant « presque entièrement exemptes de maladies héréditaires137 ».
Au début de la Première Guerre mondiale, seule une minorité de
médecins conteste l’origine héréditaire de la tuberculose. En 1914, le
Dr P. H. Bryce rédige un vibrant plaidoyer contre cette hypothèse138. En dépit
de leur force, ses arguments ne réussissent pas à convaincre. En 1922, un
rapport de la Commission antituberculeuse adressé au gouvernement de la
Saskatchewan stipule dans son tout premier principe : « La tuberculose doit
maintenant être considérée comme héréditaire139. »
L’un des auteurs du rapport, le Dr R. G. Ferguson devient rapidement
le grand spécialiste du traitement de la tuberculose chez les Indiens du
Canada140. À partir du nombre des décès indiqué dans les registres des
annuités141, il estime que le taux de mortalité dans les réserves de la
Qu’Appelle est passé de 40 pour 1 000 en 1881 à 127 pour 1 000 en 1886,
un accroissement de 87 pour 1 000 en seulement cinq ans142. Il attribue
l’augmentation du nombre total des décès « presque entièrement à l’élévation
du taux de mortalité tuberculeuse ». Le Dr Ferguson signale également que la
maladie était relativement absente avant l’implantation du système des
réserves. Cependant, n’ayant pas trouvé de taux de mortalité comparables
dans les populations européennes143, il conclut : « Cette étude de l’épidémie
prolongée de tuberculose chez les Indiens de la vallée de la Qu’Appelle
137. David Meyer, The Red Earth Crees, 1860–1960 (Mercury Series, Canadian Ethnology Service Paper,
100), Ottawa : National Museum of Man, 1985, p. 89.
138. P. H. Bryce, « The History of the American Indians in Relation to Health », Ontario Historical
Society Papers and Records, 12, 1914, p. 141.
139. A. B. Cook, R. G. Ferguson et J. F. Cairns, Report to the Government of Saskatchewan by the Anti-
Tuberculosis Commission, Regina : Saskatchewan Anti-Tuberculosis Commission, 1922, p. 15. Pour
plus de détails sur la croyance en une susceptibilité raciale des Premières Nations à l’égard de la
tuberculose, voir : Maureen Lux, « Perfect Subjects : Race, Tuberculosis, and the Qu’Appelle BCG
Vaccine Trial », Canadian Bulletin of Medical History, 15, 1998, p. 277-295 ; et Lux, Medicine that
Walks, p. 5-9.
140. Ferguson, Tuberculosis among the Indians of the Great Canadian Plains ; R. G. Ferguson, Studies in
Tuberculosis, Toronto : University of Toronto Press, 1955. On trouvera ici une description détaillée
de son travail : Lux, « Perfect Subjects », p. 277-295 ; et C. Stuart Houston, R. G. Ferguson : Crusader
against Tuberculosis, Toronto : Hannah Institute and Dundurn Press, 1991, p. 91-100.
141. Les Autochtones qui se sont retirés des traités ne figurent pas dans les registres des annuités. Or, ainsi
que l’indique Beal, 15 pour cent de la population des File Hills ont opté pour cette formule en 1886 ;
Beal, Money, Markets, and Economic Development in Saskatchewan Indian Reserve Communities, p. 197.
Si Ferguson n’a pas tenu compte de cet élément d’information dans ses calculs, il surestime sans aucun
doute le taux de mortalité pour certaines années ; la tendance qu’il décrit reste cependant juste.
142. Ferguson, Studies in Tuberculosis, p. 4-8.
143. De 1893 à 1904, le taux maximal de mortalité tuberculeuse dans les prisons européennes s’établit
à 1910 pour 100 000 ; en 1887, le maximum dans les asiles est de 2 300 pour 100 000. « Même le
taux de mortalité tuberculeuse de 1400 pour 100 000 observé pendant la Première Guerre mondiale
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 303
[…] ne se compare en rien aux ravages de l’épidémie de tuberculose chez les Indiens », ajoute le
Dr Ferguson ; ibid., p. 7-8.
144. Ibid., p. 6-9. Ferguson admet la notion de susceptibilité raciale. Voir à ce sujet : Lux, « Perfect
Subjects » ; et Michael Worboys, « Tuberculosis and Race in Britain and Its Empire, 1900–50 »,
dans : Waltraud Ernst et Bernard Harris (dir.), Race, Science, and Medicine, 1700–1960, Londres :
Routledge, 1999, p. 144-167. Certaines voix exprimaient néanmoins une opinion divergente dès les
années 1920 ; voir : United States, Senate Committee on Indian Affairs, Tuberculosis among the
North American Indians : Report of a Committee of the National Tuberculosis Association Appointed on
Oct. 28, 1921, Washington (DC) : Government Printing Bureau, 1923, p. 16.
145. Les estimations situent à 11 pour 1 000 le taux de mortalité dans le ghetto de Varsovie en avril 1942 ;
rapporté à une année, il s’élèverait à 143,2 pour 1 000. Charles Roland, « Mortality among Warsaw
Jewry : Selected Months », dans : Courage under Siege : Starvation, Disease, and Death in the Warsaw
Ghetto, New York : Oxford University Press, 1992, p. 225.
146. Ferguson, Tuberculosis among the Indians of the Great Canadian Plains, p. 45.
147. James B. Waldram, D. Ann Herring et T. Kue Young, Aboriginal Health in Canada : Historical,
Cultural and Epidemiological Perspectives – Second Edition, Toronto : University of Toronto Press,
2006, p. 190.
304 L a destruction des I ndiens des P laines
148. T. K. Young, The Health of Native Americans : Toward a Biocultural Epidemiology, New York : Oxford
University Press, 1994, p. 59.
149. George A. Clark et al., « The Evolution of Mycobacterial Disease in Human Populations : A
Reevaluation », Current Anthropology, 28, 1987, p. 51. Cette étude se fonde en partie sur les
recherches du Dr Ferguson sur les populations des réserves de la vallée de la Qu’Appelle.
150. Charcoal a été condamné pour la mort du sergent Wilde, mais pas en vertu des accusations initiales,
faute de preuves. Adolph Hungry Wolf, The Blood People : A Division of the Blackfoot Confederacy,
New York : Harper and Row, 1977, p. 281.
151. Hugh Dempsey, Charcoal’s World, Saskatoon : Western Producer Prairie Books, 1978, p. 155.
9 L’ effondrement démographique des collectivités autochtones , 1886-1891 305
arrive par le réseau de vente de chevaux qui s’étend des villages des Pueblos,
dans le sud-ouest des États-Unis, jusqu’en Alberta. Espèce animale arrivée de
fraîche date sur le continent, le cheval, par sa rapidité, bouleverse l’écologie
pathologique des collectivités qu’il conquiert.
L’épidémie variolique en terrain vierge touche les Cris de la prairie-parc
de la Saskatchewan plus tardivement, dans les années 1780. Mais elle cause
alors une telle hécatombe qu’elle induit une restructuration complète de la
région. Les survivants des bandes dévastées s’intègrent à d’autres groupes de
langue crie venus s’établir dans l’Ouest pour répondre à la demande post-
épidémique de main-d’œuvre ; ayant probablement déjà été exposés aux
pathogènes, ils sont relativement immunisés contre la maladie. Certains
d’entre eux migrent vers l’ouest à la demande expresse des traiteurs. La
reconstitution de la population et son adaptation aux conditions du marché
après la régression de l’épidémie contribuent à l’ethnogenèse des Cris des
Plaines, qui domineront l’est de ce vaste secteur géographique pendant tout
un siècle. Leur essor évince les A’aninins du territoire qu’ils ont occupé entre
les deux branches de la rivière Saskatchewan pendant plusieurs centaines
d’années, avant l’émergence du commerce des fourrures dans la région.
Quand le Canada acquiert ce territoire, les populations autochtones de
l’Ouest ont déjà subi d’importantes turbulences économiques et territoriales.
Dans bon nombre de cas, les Premières Nations qui ont conclu des traités
avec la Couronne n’occupaient pas les terres couvertes par ces ententes avant
l’arrivée des Européens en Amérique du Nord ; elles s’y étaient établies au gré
d’un remodelage territorial plus récent. Les relations qui s’instaurent à cette
époque entre les Premières Nations et le Dominion du Canada marquent le
début de la deuxième phase de l’évolution sanitaire de la région étudiée dans
cet ouvrage.
Les traités numérotés déterminent la mise en place d’un nouveau
paradigme économique et social dans l’Ouest. Pour le gouvernement
canadien, la conclusion de ces ententes constitue une condition juridique
indispensable au développement de la région. Pour les chefs des Premières
Nations, ces mêmes traités représentent un pont vers un avenir dont le bison
a définitivement disparu. En contrepartie de l’abandon de leurs revendications
territoriales sur l’essentiel des terres de cette immense région, les Premières
Nations espèrent obtenir le renouvellement du filet social qui les a protégées
à l’époque du commerce de la fourrure, ainsi qu’un soutien pour leur
conversion à l’agriculture. En plus d’obtenir une aide agricole plus impor-
tante que les signataires de traités précédents, les négociateurs cris du
Traité n° 6 font très habilement inscrire dans cette entente une clause d’aide
310 L a destruction des I ndiens des P laines
1. Alexander Morris, The Treaties of Canada with the Indians of Manitoba and the North-West Territories,
Saskatoon : Fifth House, 1991, « 26 August 1876 », p. 228.
C onclusion 311
ARCHIVES
Glenbow Archives
M320, Edgar Dewdney Papers
Dossiers biographiques
(Dossier de recherche) Battleford
(Dossier de recherche) Prince Albert
(Dossier de recherche) Smallpox Epidemic, 1869–1870
Brandon House Post Journals
B.22/a/1, 1793–94
Chesterfield House Post Journals
B.34/a/2, 1800–01
B.34/a/3, 1801–02
Cumberland House Post Journals
B.49/a/1, 1774–75
B.49/a/3, 1775–76
B.49/a/4, 1776–77
B.49/a/6, 1777–78
B.49/a/7, 1778–79
B.49/a/9, 1779–80
316 L a destruction des I ndiens des P laines
B.49/a/11, 1781–82
B.49/a/31, 1801–02
Hudson House Post Journals
B.87/a/1, 1778–79
B.87/a/2, 1779–80
B.87/a/3, 1780–81
B.87/a/4, 1781–82
B.87/a/5, 1782
B.87/a/6, 1782–83
Fort Pelly Post Journals
B.159/a/17, 1837–38
Ile-à-la-Crosse Post Journals
B.89/a/4, 1819–20
Manchester House Post Journal
B.121/a/1, 1786–87
B.121/a/2, 1787–88
B.121/a/3, 1788–89
B.121/a/4, 1789–90
South Branch House
B.205/a/3, 1788–89
B.205/a/7, 1792–93
B.205/a/8, 1793–94
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Index
Affaires indiennes, ministère (MAI), 25, Baker and Co., 25, 208, 227, 228, 229,
26, 172, 177, 193, 198, 199, 207, 230, 232, 240, 241, 242, 243, 244,
218, 219, 223, 225, 231, 234, 235, 245, 246, 251, 261, 310, 311
240, 241, 248, 251, 256, 258, 261, Baker, Eugene, 155
264, 266, 273, 274, 276, 281, 284, Baker, Isaac, 228
287, 292, 311 Ball, Tim, 97, 116, 117
agriculture, 11, 21, 24, 37, 38, 42, 115, Banff, 166
127, 149, 177, 181, 188, 196, 222, Batoche, 238
223, 233, 234, 238, 258, 274, 280, Battleford, 78, 197, 198, 199, 200, 207,
287, 292, 309 208, 210, 218, 225, 231, 233, 236,
Ahtahkakoop (chef ), 180, 183, 289, 293 254, 256, 257, 260, 266, 267, 268,
aide alimentaire, 180, 184, 185, 197, 269, 270, 273, 275, 278, 280, 281,
227, 261, 310 286, 291
alcool, 20, 21, 24, 81, 82, 101, 102, Beal, Carl, 199, 219, 225
103, 109, 124, 127, 128, 143, 150, Beardy (chef ), 167, 180, 206, 288
154, 158, 228 Besant, technologie, 39, 42
Allen, Edwin, 216, 244 bétail, 24, 188, 189, 190, 196, 203, 205,
American Fur Company, 134 206, 207, 212, 217, 260, 273, 280,
Anichinabés (Ojibwés), 14, 19, 37, 55, 293, 295
60, 61, 63, 64, 71, 88, 89, 90, 93, Big Bear, 167, 179, 197, 209, 220, 225,
95, 104, 105, 117, 126, 130, 132, 248, 260, 268, 274, 276
137, 146, 149, 308 Binnema, Theodore, 11, 70
Archibald, Adams, 167, 168, 172, 174 Birtle, 286
Archithinues, 75, 76, 78, 99 Bishop, Charles, 14, 15, 98
Arikaras, 19, 65, 71, 135, 308 Black Hills, 74
arthrite, 34 Blackduck, 37
Assiniboines, 19, 41, 60, 61, 62, 63, 64, Blackfoot Crossing, 138, 195, 201, 245,
71, 74, 75, 76, 81, 87, 88, 89, 100, 264
101, 104, 105, 109, 113, 117, 119, Blain, Eleanor M., 15
125, 130, 134, 135, 136, 137, 138, Bobtail (chef ), 200, 207, 279
139, 151, 152, 159, 176, 200, 211, Brandon House, 116, 119, 133
214, 215, 246, 248, 250, 262, 308 Buikstra, Jane, 34, 45
Assissippi, 258, 281, 282, 284, 289 Bull Elk (affaire), 212, 217, 232
Athabasca, 20, 79, 80, 81, 82, 83, 89, Bungis (Ojibwés du Nord), 63, 104, 117
90, 91, 95, 98, 109, 110, 111, 112, Butler, William, 155, 163, 165-171, 179
113, 115, 116, 118, 119, 120, 128,
130, 169, 284
Athabascas, 90 Cahokia, 37, 40
Avonlea, technologie, 39, 42, 43 Calf Shirt (chef ), 159, 245
360 L a destruction des I ndiens des P laines
Calgary, 199, 201, 226, 236, 245, 258, Compagnie du Nord-Ouest (CNO), 97,
264, 278, 293 98, 103, 105-107, 110, 112, 114,
Cameron, William, 263, 266 115, 116, 118, 120, 128, 132
Campbell, Gregory, 23 coqueluche, 21, 114, 117, 118, 125,
Canada Jurisdiction Act, 112 126, 134, 140, 282, 284, 286, 290,
Canadien Pacifique (CP) CP, 25, 198, 312
219, 220, 226, 228, 230, 235, 243, Cowie, Isaac, 161, 168, 170
258, 277, 282, 312 Cowinetows, 88
cannibalisme, 55, 80, 114, 238 Cris du Saule, 212, 215
Carlton, 117, 133, 157, 197, 206, 216, Cris Moskégons, 88, 93, 119, 141
221, 259, 260 Cris Pegogamaws, 75, 77, 89, 93
castors, 19, 43, 54, 55, 69, 76, 79, 80, Cris, 13-19, 54, 57- 61, 63, 64, 68, 75-
85, 96, 100, 104, 106, 107, 114, 80, 83, 85, 88-105, 108, 109, 113,
128, 129, 134, 141, 148, 288 117-119, 130-138, 141, 146, 147,
catholiques, 142, 165, 166, 167, 169 151, 152, 154, 157-165, 171-175,
Charcoal, 300-304 178-181, 186, 191, 193, 197-200,
chasse au bison, 38, 42, 43, 67, 130, 206, 209, 212, 214-216, 220, 221,
139, 141, 147, 186, 275, 304, 310 234, 250, 256, 260-262, 268-270,
chemin de fer, 24, 25, 26, 154, 156, 198, 278, 281-284, 302, 309, 310
219, 221, 226, 228, 256, 264, 271, Crow Creek, 34, 35, 41
277, 282, 311 Crowfoot (chef ), 194, 195, 196, 197,
Chequamegon, 61 209, 216, 217, 232, 256, 276, 281,
Chesterfield House, 97 288, 289
cheval, 19, 20, 66, 67, 68, 71, 73, 74, Crows (Gens-de-la-Corneille; Gens-du-
78, 89, 96, 97, 100, 125, 126, 194, Corbeau), 66, 134
218, 265, 309 Cumberland House, 79, 80, 81, 82, 83,
Chipewyans, 54, 57, 58, 59, 90, 91, 95, 84, 85, 88, 89, 90, 91, 92, 93, 98,
109, 110, 111, 112, 114, 115, 117, 99, 119, 128, 130, 131, 140, 168,
118, 120, 142, 286 169, 231
Chiswick House, 112 Cypress Hills, 106, 156, 159, 176, 193,
choléra, 134, 145 194, 196, 197, 209, 214, 215, 219,
Christie, William J., 160, 162, 169, 170, 220, 244, 246, 248
172
Clandeboye, 286
Clarke, Lawrence, 206, 215, 261 Dakotas Sissetons, 223
climat, 20, 34, 40, 96, 100, 116, 117, Dakotas, 24, 64, 71, 105, 149, 186, 206,
121, 175, 179, 189, 237, 268, 280 213, 218, 220, 222, 223, 274, 277,
Cluny (site de), 70, 71 292
Cocking, Matthew, 77, 78, 89, 93, 99 Danse des esprits, 289, 290, 291, 292,
Cold Lake, 286 294
colonie de la rivière Rouge, 115, 119, Danse du don, 289
127, 131, 132, 133, 134, 141, 144, Danse du soleil, 289, 294
145, 154, 168 Dénés Chipewyans, 54, 57, 90, 95, 109
Comancheria (empire comanche), 66 Dénés, 54, 57, 58, 77, 83, 90, 91, 95,
Commission de la frontière internatio- 109, 113, 114, 120, 143
nale, 176 Denny, Cecil, 199, 201, 212, 228, 232,
Compagnie de la Baie d’Hudson (CBH), 236
14, 15, 21, 49, 54, 57, 58, 59, 63, Dewdney, Edgar, 199-202, 207, 208,
74-79, 81-87, 91, 92, 96-99, 102, 210-220, 234, 239-251, 254, 256,
105, 107, 108, 110, 111-121, 123- 260, 261, 265, 266, 270, 273, 277,
152, 154, 204, 226, 229, 266, 283, 280, 285, 287, 292, 295, 299, 300,
308 311
Diamond, Jared, 40
I ndex 361
Fidler, Peter, 84, 90, 104, 105, 106, 107, Hackett, Paul, 12, 60
110, 112, 113, 116, 117, 119 Hagarty, Daniel, 192, 193, 197, 204,
fièvre pourprée, 203 216, 222
fièvre typhoïde, 246 Hamilton, Scott, 36
File Hills, 253, 254, 278, 280, 302 Harmon, Daniel, 107, 109, 113, 114,
Flancs-de-Chien, 117 116, 117
fleuve Mackenzie, 20, 83, 91, 98, 111, Haudenosaunee, 52
114, 140, 161 Hearne, Samuel, 77, 79, 82, 90, 91
fleuve Missouri, 13, 19, 64, 65, 74, 87, Heavy Runner, 155
101, 102, 119, 154, 308 Hector, James, 138, 147, 148
fleuve Nelson, 114 Henday, Anthony, 70, 99
362 L a destruction des I ndiens des P laines
McKay, James, 161, 162, 169, 200, 266 Norway House, 78, 131, 140
McQuillan, Aidan, 177, 186, 188, 199, Nouveau-Mexique, 19, 66
209, 220, 258 Nouvelle-France, 52, 53, 58, 60
McTavish (gouverneur), 151, 152, 171
Medicine Hat, 39, 221, 231
Meighen, Arthur, 303 Ocean Man, 215
Métis, 26, 96, 106, 124, 132, 133, 142, Ojibwés de Turtle Mountain, 146, 279
147, 149, 152, 154, 157, 161, 163, Ojibwés du Nord, 63
168, 171, 174, 178, 196, 198, 201, Ojibwés, 14, 15, 37, 63, 64, 96, 98, 104,
203, 257, 262, 273, 279, 280 146, 279
Mexique, 65 Okanese, 213
Meyer, David, 36, 37, 41, 75, 76, 88, 99, Old Women (culture), 39, 41, 42, 43, 70
165, 238, 302 One Arrow (chef ), 253, 276
Mis-tick-oos, 146 One Gun (Cluny), 42, 70
mission Victoria, 166, 186, 201 Onéotas, 37, 41
missionnaires, 21, 51, 52, 141, 142, 165, Oregon, 107, 123, 144, 145
168, 169, 257 oreillons, 216
missions catholiques, 165, 166 orignal, 128, 215
Mistawasis, 179, 180, 218
Mochoruk, 167, 191, 192, 259 Packard, Randall, 23
Monsonis, 62, 63, 64, 71 parasites intestinaux, 34
Montagne à la Basse, 113 Pasqua (chef ), 176, 215
Montana, 41, 68, 151, 154, 156, 158, Pawnees, 65
160, 191, 196, 208, 209, 216, 226, Peaux-de-Lièvre, 117
227, 241, 242, 263, 278, 279, 292, pêche, 56, 63, 120, 168, 177, 234, 253,
310 259, 260
Mooney, 290, 291 Peguis (chef ), 21, 126, 146, 152
Moose Factory, 238 Pembina, 103, 105, 279
Moose Mountain, 44, 204, 297 pemmican (commerce), 83, 98, 105,
Moosomin, 207, 219 115, 133, 150, 171, 199, 248
Morgan, Grace, 43, 125 Pend-d’Oreilles, 67
Morley, 138, 265 pensionnats, 26, 298, 299
Morris, Alexander, 167, 172, 176, 183, Piapot (chef ), 151, 209, 246, 248, 250,
184, 192, 310 251, 252, 253, 275, 287
Mortlach, 42, 61, 70, 76 Pieds-Noirs, 39, 68, 70, 99, 147, 156,
Morton, Samuel, 135 157, 158, 160, 162, 171, 194, 195,
Mosquito (chef ), 207, 214, 267, 278, 201, 203, 232, 245, 256, 264, 265,
288 296
Muscowpetung, 286 Piikanis (Péigans), 70, 75, 87, 151, 155,
156, 157, 158, 216, 276, 295
Nahannis, 114 Pincher Creek, 258
Nakotas, 41, 258, 266, 284 Pine Ridge, 290
Nekaneet, 220 Police à cheval du Nord-Ouest, 175,
Nez-Percés, 66, 194 186, 203, 226, 252, 265, 310
Niitsitapis, 39, 43, 68, 71, 87, 100, 104, poliomyélite, 34
117, 118, 130, 135, 138, 148, 151, Pond, Peter, 82, 83, 90, 109
154-158, 160, 162, 193, 195, 196, Porter, A.E., 166
199, 200, 201, 209, 212, 216, 217, Poundmaker (chef ), 180, 207, 219, 220,
246, 256, 283, 288, 295, 296, 308 234, 256, 257, 276
Nisbet, James, 161, 165 Prince Albert, 74, 161, 163, 165, 178,
Northern Pacific, 188 197, 206, 207, 209, 212, 214, 215,
258, 259, 266, 280, 292
364 L a destruction des I ndiens des P laines
ISBN 978-2-7637-2100-2
Photographie de la couverture : Mistahimaskwa (Big Bear),
chef cree 1885. Photo by O.B. Buell,
Bibliothèque et Archives Canada image nlc-4314 9 782763 721002
Photographie de l’auteur : Dominique Daschuk Histoire