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• Quels mots vous évoque le thème « suivi du patient dépendant à l’alcool après le
sevrage ? »
(le téléphone sonne) Personnellement non. Au contraire. C’est difficile, le sevrage il faut
vraiment que ce soit la personne qui soit motivée et c’est plus des évènements qui vont le
motiver que la pression familiale. La pression familiale c’est souvent trop dur, c’est trop
rémanent, ça crée plus de problèmes. Par expérience je trouve que c’est contreproductif
parce que souvent c’est pesant. Hein, quand la personne a du mal à se décider, si chaque
jour tu lui rappelles, ça se passe mal.
Jusqu’à présent on utilisait les classiques hein, l’Aotal®, un peu le baclofène récemment. Et
puis après les anxiolytiques. Le nalméfène c’est tout nouveau, il vient d’arriver sur le marché
donc je ne l’utilise pas encore.
Après, oui, moi je pense que oui. Une fois que le sevrage a été effectué oui. Pendant oui, et
après oui. Pas forcément de façon exclusive hein car souvent il y a quand même des
problèmes psychologiques derrière hein, qui justifient un suivi psychiatrique ou
psychologique.
• Pensez-vous que les connaissances que vous avez en matière de suivi de sevrage
alcoolique sont plutôt liées à votre pratique ou à votre formation théorique ?
Je pense que c’est plutôt à ma pratique. Après 20 ans ça s’est modelé petit à petit en
fonction des difficultés que tu rencontres, et des patients hein. (il sourit) Et des expériences
malheureuses que tu as pu avoir.
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Si on est humble ça va. Oui oui non ce n’est pas un problème pour l’aborder. Ça pose plus de
problème pratique après quoi hein, face aux cas de rechutes, après c’est tout le suivi du côté
psychologique du patient addictif quoi hein. Après moi je leur en parle beaucoup, je leur dis
comment ça va se passer, des difficultés qu’ils vont rencontrer. Et pas que l’alcool d’ailleurs,
je veux dire si ils reprennent, euh, le tabac bon, le mec qui fume, il revient pas pour ça. Mais
celui qui reprend de la coke, qu’il revienne en parler, qu’on remet pas les compteurs à zéro,
que tout le travail qu’il a fait c’est, il faut s’en servir. C’est important qu’on est pas vraiment
là pour les juger. Et puis moi je leur dis franchement que je m’en fous. Le patient qui rentre
et qui dit « vous allez m’engueuler », moi je leur dis « ça c’est pas la bonne maison hein. Moi
je m’en fous hein, on est pas au tribunal hein, c’est votre santé c’est pas la mienne. Moi je
suis là pour vous aider et si vous voulez on en parle. » Mais bon, habituellement ils
reviennent quand même en parler relativement tôt. Bon il y en a quelques-uns qui ne
reviennent pas. Voilà, mais avec l’expérience c’est ça, surtout ne pas être juge.
• Est-ce que le fait de savoir que la rechute est fréquente modifie votre implication
dans la prise en charge ?
Non non. Non non, au contraire, non non, au contraire, voilà. Faut le savoir, ça fait partie du
suivi. On sait que …
• Pensez-vous qu’une aide extérieure pourrait être bénéfique à ce type de suivi, tout
en restant « le chef d’orchestre » ?
Oui.
Ça ne marche pas trop mal. Si le patient accepte euh, ça marche plutôt bien.
Je suis de celui-là, du centre d’addictologie. Je n’ai pas d’expérience avec les autres. C’est
eux qui gèrent les post cures, eux qui gèrent le reste.