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Département de physique
Collège de Sherbrooke
Martin Aubé
Mai 2002
Martin Aubé
Ce document s’adresse aux étudiants−chercheurs du GRAPHYCS qui poursuivent leurs
recherches dans le domaine de la télédétection et de la modélisation atmosphérique sous la
direction de Martin Aubé. Il a été rédigé dans le but de permettre une familiarisation rapide
des étudiants avec les concepts fondamentaux de la science de l’atmosphère. Cette
formation initiale devra bien entendu être complétée par des lectures plus spécialisées se
rapprochant davantage du sujet d’étude choisi par l’étudiant.
1. Introduction
L’étude de la surface de la terre repose sur l’observation de ses propriétés radiatives et sur
l’interprétation des phénomènes dynamiques qui conditionnent son évolution temporelle.
Ces informations peuvent être recueillies de deux façons: la télédétection satellitaire ou
aéroportée, et la mesure de variables physiques et chimiques au sol. La dernière technique
est plus précise mais sa nature ponctuelle et l’ampleur des ressources humaines qu’elle
nécessite rend son usage moins intéressant dans le contexte d’études menées à l’échelle
régionale ou globale. Dans cette optique, la télédétection s’avère une alternative
intéressante car elle permet d’effectuer des mesures simultanées sur de grandes étendues
avec un minimum d’intervention humaine. Toutefois l’interprétation des données recueillies
par les satellites relève souvent du tour de force en raison du grand nombre de paramètres
soit incontrôlables ou inconnus qui affectent la mesure (contenu d’eau dans le sol, géométrie
d’un couvert végétal, hétérogénéité des surfaces à l’intérieur de l’élément d’image (pixel), la
variabilité de l’atmosphère, etc). Cette interprétation vise à déduire à partir de la mesure au
capteur, la nature de la radiation émise par la cible au sol. Les propriétés radiatives émises
par la cible au sol contient un foule d’informations sur sa nature chimique, sa géométrie, sa
température, etc. Une interprétation adéquate du rayonnement capté passe donc d’abord
nécessairement par la correction de l’altération de ce dernier lors de son passage à travers
les couches atmosphériques séparant la cible du capteur. La correction atmosphérique de la
radiation provenant de la surface terrestre motive bon nombre de projets du GRAPHYCS et
c’est pourquoi nous avons cru bon y consacrer cet ouvrage d’initiation.
L’atmosphère ne possède pas de limite supérieure bien définie car sa densité décroît
graduellement vers l’espace. Même aux très hautes altitudes, des traces de gaz légers
subsistent et ces dernier sont d’ailleurs trop légers pour être retenus par la gravité terrestre.
En fait l’atmosphère s’évapore constamment dans le milieu interplanétaire tout en étant
renouvelé en permanence par le dégazage de la surface, par des transformations chimique
de nature biotiques ainsi que par les éruption volcaniques. La partie dense de l’atmosphère
se résume à une mince pellicule car environ 99% de la masse totale de l’atmosphère se situe
sous une altitude de 30 km. La décroissance moyenne de la densité de l’atmosphère avec
l’altitude suit une forme quasi−exponentielle (voir figure 2(b)) avec une échelle de hauteur
(Hgaz) estimée à environ 8 km.
Bz
ρ z =ρ0 e
H gaz (1)
de sorte que la densité de l’atmosphère décroît d’un facteur e≈2,7183 à chaque 8 km.
L’atmosphère est divisée en couche horizontales superposées. La limite de chaque couche
est caractérisée par une inversion de régime thermique (inversion de température). La
troposphère qui s’étale du sol jusqu’à 8 km (aux pôles) ou à environ 17 km (à l’équateur)
montre une décroissance moyenne de la température de d’environ 6,5 K par kilomètre. C’est
dans cette couche que se développent presque toutes les perturbations atmosphériques.
L’essentiel des interactions entre l’atmosphère et la surface terrestre se produisent dans la
plus basse partie de la troposphère nommée Couche Planétaire Limite (CPL) qui ne dépasse
pas 2 km d’altitude. La décroissance en température se poursuit jusqu’à la tropopause siège
de la première inversion de température qui se situe autour de −57 oC. La troposphère est
surmontée de la stratosphère qui montre une croissance de la température avec l’altitude.
Cette croissance culmine à environ 0oC à une altitude d’environ 40 km (stratopause).
L’augmentation de température dans la stratosphère est occasionnée par l’énergie dégagée
par la réaction de transformation de l’oxygène (O2) en ozone (O3) sous l’action du
rayonnement ultraviolet. La concentration d’O3 est maximale à une altitude voisine de 25 km.
On rencontre ensuite la mésosphère qui est à nouveau caractérisée par une décroissance
de la température jusqu’à une température de −100oC à la mésopause, à environ 85 km. La
densité de la mésosphère est si faible qu’elle ne contribuera que de façon très négligeable à
la radiation détectée. Au dessus de la mésosphère nous retrouvons enfin la thermosphère
qui est caractérisée par une nouvelle croissance de la température. Les conditions physique
dans la thermosphère sont étroitement liées à l’activité solaire et c’est d’ailleurs dans cette
couche que se produisent les aurores. La croissance de la température dans la
thermosphère est attribuable à la forte absorption des ultraviolets de courtes longueurs
d’ondes qui conduit à un fort taux d’ionisation des atomes.
Les aérosols ont aussi un effet indirect sur l’équilibre radiatif et sur la dynamique
atmosphérique car ils agissent comme des noyaux de condensation pour la vapeur d’eau. Ils
sont donc à l’origine de la formation des nuages. La présence de nuages augmente la
rétrodiffusion de la radiation solaire vers l’espace.
Le profil vertical de la pression atmosphérique est lié au profil de température et de densité
par l’équation d’état. La décroissance de la pression suit une courbe presque exponentielle
(comme pour le profil de densité) légèrement modulée par la variabilité du profil de
température car les variations relatives de pression avec l’altitudes sont beaucoup plus
importantes que les variations relatives de température.
70000 70000
60000 60000
Altitude (m)
Altitude (m)
50000 50000
40000 40000
30000 30000
20000 20000
10000 10000
0 0
210 220 230 240 250 260 270 280 290 0,00001 0,0001 0,001 0,01 0,1 1 10
(a) (b)
Profil de pression
80000
70000
60000
Altitude (m)
50000
40000
30000
20000
10000
0
1 10 100 1000 10000 100000 100000
0
Pression (Pa)
(c)
Figure 2: Profils atmosphérique standard moyen pour les latitudes moyennes (US−62)
2.1 Les aérosols
La taille des aérosols varie du centième de micron à quelques dizaines de microns. Plus leur
taille est importante plus leur temps de résidence dans l’atmosphère sera court car ils sont
plus sensibles à la sédimentation gravitationnelle qui est dominée par le poids de la particule.
Les aérosols sont émis soit par voie naturelle ou soit suite à l’activité humaine (émissions
anthropiques). Les sources peuvent être directes ou indirectes en ce sens qu’il est possible
que certains aérosols prennent naissance suite à la condensation de gaz atmosphériques.
Les principales sources naturelle directes sont les volcans, le feux de biomasse (feux de
forêts), le soulèvement de poussières par les vents au sol (plus important dans les régions
arides), par la vaporisation de l’eau de mer provenant de l’écume en surface (encore une fois
provoqué par les vents de surface), par la végétation (pollen, spores), etc. Les sources
naturelles d’aérosols secondaires résultant de réactions chimiques basées sur la conversion
de la phase gazeuse à la phase solide qui prennent place dans la brume et les nuages. Les
sources anthropiques sont principalement concentrées autour des installations industrielles
lourdes telles que les fonderies ainsi que dans les zones à forte densité de population
(urbaines) et résultent soit de réactions chimiques produites par l’activité humaine, par la
combustion de carburants fossiles et de biomasses ainsi que par la circulation (poussières).
Le tableau 2.1 résume les différentes sources d’aérosols et leur composition.
La composition chimique des aérosols est très variable et dépend à la fois de la répartition
géographique des sources et de la dynamique atmosphérique. La détermination de la
proportion des différents types d’aérosols à un endroit et pour un moment donné n’est donc
pas aisée. Néanmoins, un certain nombre de modèles ont été établis afin de décrire la
composition moyenne de la population d’aérosols selon le type d’environnement. Parmi ces
modèles, les travaux de Shettle and Fenn, 1979 demeurent une référence valable. Le
tableau 2.2 résume chaque modèle décrivant la composition de la population d’aérosols pour
les régions rurales, urbaines, maritimes et troposphériques (z>2 km). Notez que le modèle
troposphérique est sensiblement le même que le modèle rural, les grosses particules en
moins (r2 est supprimé).
Tableau 2: Modèle d’aérosol.
Modèle χSU χBC χSD χSS η1 r1 log(σ1) η2 r2 log(σ2)
[µm] [µm]
Rural 0,7 0 0,3 0 0,999875 0,027 0,35 0,000125 0,43 0,4
(100%)
Urbain 0,56 0,2 0,24 0 0,999875 0,025 0,35 0,000125 0,4 0,4
(100%)
Maritime 0 0 0 1 1 0,16 0,4 0 − −
(100%)
Troposphère 0,7 0 0,3 0 1 0,027 0,35 0 − −
(z>2 km)
Adapté de Shettle and Fenn (1979) pour une humidité relative de 0%(tableaux 1 et 2). Les
indices 1 et 2 se réfèrent aux modes 1 et 2 de la distribution de taille de l’équation 2.
Dans ce tableau η1=contribution relative à la concentration totale en particules du mode de
rayon moyen r1, η2=contribution relative à la concentration totale en particules du mode de
rayon moyen r2, σ1 et σ2 =largeur de la distribution de taille correspondante, et χSU, χBC, χSD, χSS
représentent les contributions relatives de chaque type d’aérosols à la concentration totale
en particules.
Tel que l’ont démontré bon nombre de campagnes de mesures sur les aérosols, la
distribution de tailles des aérosols est assez bien décrite par une distribution lognormale
exploitant bon nombre des paramètres décrits ci−haut:
2
dρ r 2 ηi log 10 rBlog 10 r i
n r= =ρtot ∑ ×exp B 2
(2)
dr i=1 ln 10 r log 10 σ i 2π 2 log 10 σ i
Cette distribution n’est ni plus ni moins qu’une distribution normale ou gaussienne exprimée
sur une échelle logarithmique. La figure 3 donne une exemple de ce type de distribution
pour le modèle rural de Shettle and Fenn 1979 tel que décrit au tableau 2.
1E+02
1E+01
1E+00
1E−01
1E−02
1E−03
1E−04 mode 2
n(r)
grossier
1E−05
1E−06
1E−07
1E−08 mode 1
1E−09 fin
1E−10
1E−11
0,00 0,01 0,10 1,00 10,00 100,00
r (micron)
Figure 3: Distribution de taille bi−modale lognormale pour le modèle rural de Shettle and
Fenn (1979)
Le profil vertical des aérosol est très variable mais dans l’ensemble l’essentiel des aérosols
est contenu dans les deux premiers kilomètres de l’atmosphère. Il est assez usuel d’adopter
un profil moyen de forme exponentielle décroissante avec une échelle de hauteur de 2 km. Il
va de soi qu’à proximité de sources importantes, le profil vertical s’écarte largement de ce
profil exponentiel.
3. Dynamique atmosphérique
Les mouvements d’air au sein de l’atmosphère prennent leur origine dans sa principale
source d’énergie: le rayonnement solaire. Au dessus de l’atmosphère, la constante solaire,
ou la puissance incidente par unité de surface vaut 1367 W/m2 (cette valeur varie en fonction
des cycles d’activité solaire). La présence de nuages et l’absorption par l’atmosphère réduit
considérablement cette puissance au niveau du sol de sorte qu’en moyenne seulement 40%
atteint le sol terrestre. Environs 35% de la radiation solaire est directement rétrodiffusée par
les nuages et environ 25% est absorbée par l’atmosphère. La radiation restante est
partiellement réfléchie par le sol vers l’espace. En moyenne 40% de la radiation atteignant le
sol est réfléchie (albédo de la terre=0,4) mais la réflectance de la surface montre une très
forte variabilité locale selon le type de surface. Par exemple pour de la neige la réflectance
peut atteindre 95% alors que pour les surfaces océaniques elle est de l’ordre de 5%. Quoi
qu’il en soit l’énergie retenue par l’atmosphère a pour effet de dilater le gaz et donc introduire
des variations de densité. Le gaz plus chaud et moins dense a tendance à s’élever alors que
le gaz plus froid a tendance à descendre vers le sol. Ces mouvements de gaz sont à
l’origine des vents. À l’échelle globale, la quantité d’énergie disponible est plus grande près
de l’équateur de sorte que la température de l’air y est plus élevée. Cet air chaud à
tendance à s’élever et se déplacer vers les régions polaire. L’air plus froid des régions
polaire a quant à lui tendance à migrer vers l’équateur. Ces mouvements sont altérés par la
rotation de la terre car la surface terrestre est un référentiel non inertiel. Une force fictive
nommée force de Coriolis induit des mouvements de rotation aux masses d’air mises en
mouvement par les variations de température. La circulation est aussi très sensible à la
répartition des océans qui représentent d’extraordinaires accumulateurs de chaleur qui
résistent aux changements de température (très grande masse , et l’eau possède un grande
capacité thermique (4,19 J/K/ml)). La présence de variation de pression atmosphérique (ou
gradient de pression) entraîne le gaz dans la direction de la haute vers la basse pression.
Toutefois comme la force de Coriolis fait tourner les masses en mouvement vers la droite
dans l’hémisphère nord, les vents suivent plutôt la direction des lignes de pression constante
(isobares). Cette direction du vent est modifiée sous l’action de la force de frottement de l’air
avec le sol. Le vent au sol ne suit donc pas exactement les isobares. En fait il est dévié à
légèrement vers le gradient de pression. L’importance de cette déviation dépend de la
grandeur de la force de frottement et donc de la rugosité de la surface. Pour un sol moyen la
déviation est de l’ordre de 30o alors que pour un plan d’eau la déviation est de l’ordre de 15o.
L’effet de la force de frottement devient imperceptible autour d’une altitude de 1000 m.
3.1 Dynamique des aérosols
Dans le contexte où la circulation atmosphérique (les vents) est connue telle que fournie par
un modèle d’assimilation de données météorologiques (e.g. GEM de Environnement
Canada), il est relativement aisé de suivre la dynamique des aérosols. En effet ces derniers
peuvent être comparées à de petites sphères (traceurs) soumises à la force de frottement
fluide avec l’air, à la force de gravité et à la poussée d’Archimède. Il n’est pas nécessaire de
calculer la force de Coriolis car ce calcul intervient pour produire les vents et que compte
tenu que les particules suivront essentiellement le déplacement des vents ce calcul constitue
une correction de 2e ordre. Nous explorerons ici quelques éléments nécessaires au
fonctionnement d’un modèle de transport des aérosols.
Le déplacement d’un traceur dépend de la force résultante qui lui est appliquée. La première
étape dans la détermination de la trajectoire du traceur consiste à déterminer cette force
résultante. Toutefois nous pouvons aisément démontrer que le temps de relaxation de la
force de frottement fluide de la particule se déplaçant dans l’air est très faible devant le pas
de calcul généralement utilisée en modélisation. Cela revient è dire que la particule atteint
presque instantanément sa vitesse aérodynamique limite. Dans le plan horizontal cette
vitesse limite est essentiellement égale à la vitesse du vent. Par contre sur l’axe vertical la
présence de la force de gravité permet un écart entre la vitesse aérodynamique limite et la
vitesse verticale du vent.
Figure 4: Représentation de la dynamique d’un traceur.
Sur l’axe horizontal, le mouvement est déterminé par la force d’entraînement fluide exercée
par le vent horizontal. Dans ce cas, l’accélération horizontale est calculée comme suit:
v x =VV (5)
VV = composante nord−sud du vent (une équation semblable peut être adaptée au vent est−
ouest UU)
Sur l’axe vertical, le mouvement est dicté par la force d’Archimède, la force de gravitation
ainsi que par l’entraînement fluide exercé par le vent vertical. Dans ce cas, l’accélération
verticale est calculée comme suit:
4 3
πr bin D airBDtp g
3 (10)
v z lim = AWW
b
La vitesse limite verticale est atteinte pour la condition d’équilibre dynamique caractérisée
par une accélération verticale nulle.
4
πr bin 3 ρair Bρtp g
3 (11)
v z lim = AWW
b
où Cc est le facteur de correction de Cunningham pour les petites particules (Draxler et Hess,
1997), et où la viscosité de l’air vaut 0,01789 x 10−3 Pa.s. Le facteur de Cunningham est
calculé à l’aide de l’équation 7.
r
Λ B1,1
Λ
C c=1A × 1,26A0,4 e (7)
r
Λ est le libre parcours moyen pour les conditions atmosphériques locales, il est estimé à
partir de la valeur Λas =6,53 x 10−8 m (atmosphère standard au sol) et d’un profil exponentiel
des molécules atmosphériques (échelle de hauteur Hgaz =8 km, Vermote et al., 1997) en
considérant la masse volumique locale de l’air (ρair).
Bz
ρas
Λ=Λas avec ρair =ρ as×e
H gaz
et ρas=1,29 kg/m3. (9)
ρair
La vitesse de vent vertical peut être déterminée à partir des dérivées temporelle et spatiale
du champ de pression et des vitesses de vents horizontaux. Soit P le champ de pression sur
la grille du modèle (ici AODSEM V1.0) nous pouvons calculer sa dérivée par rapport au
temps.
dP ∂ P dx ∂ P dy ∂ P dz
=B B B (12)
dt ∂ x dt ∂ y dt ∂ z dt
dx dy dz
et soit VV = , UU= et WW = (VV correspond au vent zonal et UU au vent
dt dt dt
méridional tous deux mesurés en unités de m/s).
Nous pouvons aisément isoler WW, la vitesse de vent vertical:
∂P ∂P ∂P
B
BVV BUU
∂t ∂x ∂y
WW = (13).
∂P
∂z
La plupart des modèles de transport chimique (MTC) récents intègrent les processus
suivants: 1−émissions primaires 2−advection (déjà traitées) 3−nucléation 4−
condensation/évaporation 5−coagulation 6−sédimentation sèche et 7−réactions chimiques
en prenant en considération l’évolution de la distribution de taille (Moran et al., 1998). Les
émissions primaires proviennent de sources anthropiques et naturelles. La combustion de
carburant fossiles, la combustion de biomasse, des poussières générées par l’industrie
minière et par la circulation sur les routes constituent les principales émissions anthropiques
d’aérosols. Les principales émissions naturelles sont constituées par les poussières
générées par le vent, les sels marins, les feux de biomasse naturels, et les sources biotiques
(pollen, spores, etc.) (Seigneur et al., 1997). La nucléation, la condensation, la coagulation
et les processus chimiques constituent les émissions secondaires. La nucléation et la
condensation sont deux processus qui surviennent lorsqu’un gaz atteint sa pression de
saturation. La nucléation consiste en la formation de nouvelles particules à partir de
molécules gazeuses alors que la condensation correspond à la croissance d’une particule
existante par l’agglomération de molécules gazeuses à sa surface. La condensation est
favorisée lorsque la concentration de particules est grande. La coagulation survient lorsque
deux particules fusionnent pour n’en former qu’une seule suite à une collision. Enfin les
processus chimiques prenant surtout place dans les gouttelettes d’eau (nuage, brume)
consistent en des réactions d’oxydation du NO2, du SO2 et des VOC (Volatile Organic
Compound).
3.3 Lessivage
Pour le lessivage à l’intérieur du nuage, nous avons adopté l’approche de Walton et al.
(1988) qui permet d’exprimer l’évolution temporelle du nombre d’aérosols dans la cellule:
BSP r ∆ t
N =N 0 e (14)
avec S=100 m−1= taux de lessivage moyen, Pr=taux de précipitation [m/s] = PR/(12 h*3600 s)
et ∆t=pas de calcul [s]. Cette approche ne permet pas la prise en compte d’un lessivage
différent selon chaque intervalle de taille de particule. Walton et al. (1988) utilisaient deux
coefficients l’un pour les grosses particules (r>1 µm) et l’autre pour les petites particules
(r<1µm). Comme les particules supérieures au micron contribuent peu à l’épaisseur optique
totale (typiquement <5%) nous avons décidé de ne pas considérer la distribution de taille
pour le lessivage à l’intérieur du nuage et avons adopté une même valeur de S
correspondant au cas de particules inférieures au micron que nous avons appliqué à toutes
les tailles. En réalité, Walton et al. (1998) attribuent une valeur de S=800 m−1 pour les
particules de taille supérieure au micron.
Sous le nuage, les constantes de temps (définies ci−dessous) utilisées dans AODSEM
dépendent de l’intervalle de taille et de l’intensité de la précipitation (pluie forte, bruine) tel
que suggéré par Garcia Nieto et al., (1994). Garcia Nieto et al. ont montrés que si la
distribution de taille des gouttes d’eau demeure constante, le coefficient de lessivage Λ(rbin)
demeure constant ce qui permet d’exprimer l’évolution temporelle du nombre d’aérosols par
cellule à l’aide de l’équation 15. Nous déterminons l’intensité de la précipitation à partir de la
variable précipitation cumulée sur 12h tirée des analyses GEM.
BΛ r bin t
N r bin =N 0 r bin e (15)
Nous avons déterminé les valeurs de Λ(rbin) en digitalisant la figure 2 de Garcia Nieto et al.
(1994) Pour les deux cas suivants 1−pluie forte (PR U 1,4 x 10−7 m/s) et 2−pluie faible (PR <
1,4 x 10−7 m/s). Les valeurs de Λ(rbin) utilisées sont données et illustrés sur la figure 5.
5
0,015 1,7 x 10−6 1,7 x 10−5 1E−04
Λ(r) [s −1 ]
0,03 9 x 10 −7 9 x 10−6
1E−05
0,06 4 x 10 −7 4 x 10−6
0,12 2 x 10 −7 2 x 10−6
1E−06
0,24 1 x 10 −7 1 x 10−6
0,48 8 x 10 −8 8 x 10−7
1E−07
0,96 1 x 10 −7 1 x 10−6
1,92 3 x 10 −7 3 x 10−6
1E−08
3,84 9 x 10 −5 1 x 10−3 0,001 0,010 0,100 1,000 10,000 100,000
7,68 2 x 10 −4 5 x 10−3 r [µm]
15,36 3 x 10 −4 6 x 10−3
Figure 5: Dépendance du coefficient de lessivage sous le nuage en fonction de la taille de la
particule.
4. Optique atmosphérique
0,9
0,8
0,7
Transmission
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
400 500 600 700 800 900 1000 1100
0,9
0,8
0,7
Transmission
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
400 500 600 700 800 900 1000 1100
0,9
0,8
0,7
Transmission
0,6
0,5
0,4
0,3
0,2
0,1
0
400 500 600 700 800 900 1000 1100
Figure 8: Transmission atmosphérique dans le visible telle que modélisée par modtran pour
un atmosphère standard aux latitudes moyennes (US62) pour les trois gaz montrant la plus
grande variabilité.
L’intensité d’un faisceau qui traverse un milieu translucide est diminuée en raison de
Bτa
l’atténuation par un facteur e , où τa est défini comme étant l’épaisseur optique des
aérosols (AOD). L’atténuation est le résultat combiné de l’absorption et de la diffusion. La
diffusion correspond à un changement de direction de la radiation incidente. Selon la forme
et la taille de la particule diffusante la probabilité de diffusion variera en fonction de l’angle de
diffusion (défini par rapport à la direction du rayon incident). Cette variation angulaire est
décrite par la fonction de phase de diffusion. La fonction de phase est généralement
données en probabilité par unité d’angle solide et elle est usuellement normalisée de telle
sorte que son intégration sur tous les angles solides de la sphère donne 1. Lors du
processus d’absorption la radiation ne quitte pas la particule absorbante (du moins à court
terme). Par la suite du processus d’absorption, l’énergie lumineuse absorbée est ré−émise
à une autre longueur d’onde. L’AOD est le résultat de l’atténuation totale sur toute la
colonne atmosphérique. Elle peut être exprimée en fonction du coefficient d’atténuation ke
comme suit:
z haut
τ a= ∫ k e z dz (16)
z bas
Le coefficient d’atténuation qui possède des unités de m−1 dépend de la section efficace
d’atténuation pondérée par la densité numérique en particule. Comme la section efficace est
intimement liée à la taille de la particule (par le biais de l’efficacité de d’atténuation, Qe), il est
nécessaire de définir ke comme l’intégration de la section efficace σe multipliée par la densité
numérique par unité de taille de particule. La section efficace représente la surface effective
couverte par une particule de telle sorte que le rapport de cette surface rapportée à une
surface de référence de 1 m2 soit égale à la probabilité d’interaction entre la radiation
lumineuse et la particule.
r max
dρ r
k e λ = ∫ σ e λ ,r dr (17)
r min dr
σe
Q e≡ (19)
π r2
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
−0,5 ln(Qe)
−1 alpha
−1,5
−2
−2,5
−3
0,1 1 10 100
L’AOD peut être déduite à partir d’observations terrestres ou satellitaires. Les photomètres
solaires au sol (ou héliophotomètres), regroupés au sein de réseaux tels que AERONET
(Holben et al., 1998), AEROCAN (Abokoye, 1999), et MFRSR (Multi−Filter Rotating
Shadowband Radiometer, Harrison and Michalsky, 1994) permettent une caractérisation
locale de l’épaisseur optique des aérosols présents le long de la ligne de visé. Ces données
sont ponctuelles avec une très bonne couverture temporelle.
L’inversion d’images satellitaires sur des cibles sombres (DDV ou marines) permet de
déterminer l’AOD sur un plus large domaine spatial. Ce type d’inversion a d’abord été
appliquée aux données du capteur AVHRR (Advanced Very High Resolution Radiometer) qui
possède deux canaux dans le visible. La méthode d’inversion présume d’une réflectance
faible et invariante de la cible au sol. Elle a été appliquée avec succès aux surfaces
océaniques (Rao et al., 1989). Sur les cibles terrestres, les techniques d’inversion des
images satellitales ont surtout été appliquées aux poussières du Sahara (e.g. Dulac et al.,
1992). Aucune méthode systématique n’a été mise en place pour l’inversion à l’échelle
globale sur les cibles terrestres contiguës. Par contre, pour les cibles de végétations
sombres, quelques algorithmes ont été mis au point (e.g. Holben et al., 1992). Le capteur
MODIS (Salomonson et al., 1989) offre un avantage certain sur AVHRR car il possède un
canal dans le bleu ainsi qu’un canal proche infrarouge (SWIR). Dans le bleu, la réflectance
du sol est moindre et la diffusion par les aérosols est plus grande ce qui facilite leur
détection. La méthodologie développée sur la végétation sombre peut donc être étendu à
d’autres surfaces qui ne sont pas nécessairement sombres dans les autres canaux visibles
(Kauman and Tanré, 1998). Le canal proche infrarouge facilite la discrimination de la
végétation. Le capteur POLDER est aussi particulièrement bien adapté à la détection des
aérosols car il possède des canaux polarisés. Le signal mesuré par les canaux polarisés est
dominé par la diffusion atmosphérique et la contribution du sol est relativement faible
(Herman et al., 1997, Deuzé et al., 2001).
Pour une région donnée, l’échantillonnage temporel des images satellitaires est faible
(quelques images par jour ou par semaine) et les techniques d’inversion satellitaires
comportent une plus grande incertitude que les mesures effectuées par les photomètres
solaires. Il est bon de noter que même si les mesures aux photomètres solaires sont filtrées
et considérées plus précises, elle peuvent tout de même être contaminées par la présence
de fins nuages ce qui représente une source d’erreur potentielle. Cette contamination peut
être révélée par une fluctuation temporelle en dent de scie qui peut être manuellement
détectée par l’utilisateur. Ce phénomène est bien visible sur les données de la figure 10 (b)
qui proviennent de la station AEROCAN à Sherbrooke. Sur la figure 10 (b), les valeurs les
plus faibles sont plus représentatives de la contribution des aérosols.
0.20 0.20
Épaisseur optique des aérosols
0.15 0.15
(865 nm)
(865 nm)
0.10 0.10
0.05 0.05
0.00 0.00
178.5 178.6 178.7 178.8 178.9 179.0 180.5 180.6 180.7 180.8 180.9 181.0
Jour de l’année (1997) Jour de l’année (1997)
(a) (b)
Figure 10: Épaisseur optique des aérosols mesurée par la station AEROCAN à Sherbrooke
pour (a) un ciel dégagé et (b) un ciel partiellement nuageux.
5. Références
IPCC (1996) Climate Change 1995: The Science of Climate Change, eds. Houghton, J. T.,
Meiro Filho, L. G., Callander, B. A., Harris, N., Kattenberg, A. and Maskell, K.,
Intergovernmental Panel on Climate Change, Cambridge Univ. Press, Cambridge, U.K.
À compléter...