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Cours de Philo Recadre 2021 2022
Cours de Philo Recadre 2021 2022
INTRODUCTION GENERALE
Il est donc question dans ce cours, de maîtriser la portée des notions fondamentales
de la philosophie, leur évolution à travers le temps et l’espace et enfin, envisager leurs
imbrications avec le domaine juridique. L’importance de cette discipline académique est
indéniable pour la formation de l’homme en général et du juriste en particulier.
Dans cet enseignement qui est un CMI (Cours Magistral Interactif), on fait
recours à la méthode interactive, laquelle fait participer l’étudiant à sa formation à travers les
échanges avec l’enseignant (le facilitateur). Cette méthode se justifie pour autant que nous
entrons dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat), dans lequel l’enseignant n’est pas
seul, maître du savoir. Les étudiants sont censés être présents dans l’auditoire chaque fois que le
cours est programmé à l’horaire. Il s’agit donc d’un enseignement présentiel et non à distance.
2
C’est pourquoi, les présences au cours seront régulièrement prélevées soit au début de la séance,
soit à la fin.
L’enseignant met à la disposition des étudiants un support didactique polycopié du cours.
L’enseignement est dispensé au premier semestre de l’année académique en cours (pendant 20
heures de CMI).
Les dispositifs en rapport avec les mesures barrières contre la COVID-19 doivent être
scrupuleusement observées par les étudiants.
D. Les activités d’apprentissage et d’évaluation
Dans beaucoup de livres que vous lirez, on vous fera croire que la philosophie est
née en Grèce. Cela va dans le sens de la « citation du feu président sénégalais Léopold Sédar
Senghor lorsqu’il déclara que « la raison est hellène et l’émotion est nègre ». Mais lorsque vous
lisez les livres des historiens notamment Cheick Anta Diop, Nations nègres et culture ;
Antériorité des civilisations nègres, mythe ou réalité; L’unité culturelle de l’Afrique noire et de
son disciple Théophile Obenga, La conscience historique africaine ; L’Egypte, la Grèce et
l’école d’Alexandrie ; Le sens de la lutte contre l’africanisme eurocentrisme, La philosophie
africaine de la période pharaonique ; vous comprendrez que la plupart de grands philosophes
avant Socrate appelé communément les pré socratiques ont étudiés en Egypte antique ou Egypte
pharaonique tels que Pythagore de samos, Thales de Milet, Héraclite d’Ephese, Parménide
d’Elee etc.
En Egypte antique, la science était ésotérique, c’est à dire réservée aux initiés et
les grecs se sont appropriés les théories et les ont rendues publiques.
§2. Le sens étymologique de la philosophie
La Grèce antique avait de l’admiration pour les sages, c’était des hommes fort
doués intellectuellement et qui se consacraient à connaître Dieu, l’origine et les causes de tous
les phénomènes. Ils étaient rares et se comptaient au bout des doigts.
Les philosophes sont unanimes pour dire que c’est l’étonnement qui déclenche
le philosopher. A ce sujet, Aristote écrit : « ce fut l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui,
les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début leur étonnement porta sur les
difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit ; puis s’avançant ainsi peu à peu, ils
étendirent leur exploration à des problèmes plus importants… ». Mais comment l’étonnement
déclenche-t-il le philosopher ? Par exemple, les différentes guerres, l’apparition de la bombe
atomique, le mariage pour tous, le réchauffement climatique, l’apparition de la COVID-19
peuvent déclencher l’étonnement et donc philosopher.
Il existe un rapport entre l’étonnement, l’aporie et l’ignorance. S’étonner, c’est apercevoir une difficulté
(aporie), et donc un problème. Or apercevoir une difficulté, un problème, c’est reconnaître son ignorance. Ainsi, est
capable de s’étonner l’homme qui aperçoit une difficulté ou un problème. Or le propre d’un problème, d’une
difficulté, c’est de mobiliser la raison, la pensée pour trouver une solution. Karl Popper a raison de proclamer que
« toute vie est résolution des problèmes »1. La difficulté engendre une souffrance intellectuelle qui pousse à la
reconnaissance de l’ignorance. C’est autant comprendre avec Paulin Hountondji commentant Aristote, que
l’étonnement génère des problèmes2. Car les problèmes eux-mêmes ne vont pas de soi. Les ignorants satisfaits sont
donc des gens pour qui les problèmes ne se posent pas. Le propre de l’étonnement, le propre de l’embarras
théorique, c’est de faire prendre conscience d’une ignorance, de faire que cette ignorance ne soit pas seulement
vécue dans l’insouciance, mais ressentie comme une souffrance, un manque, de sorte qu’elle essaie elle-même de se
supprimer dans le savoir. Ainsi, pour certains philosophes, l’étonnement, l’émerveillement, le doute et le
questionnement de l’homme sont les éléments originels ou déclencheurs de la philosophie.
A la différence des autres êtres vivant, l’homme est avide du savoir, il cherche
toujours le pourquoi des choses. Il cherche à donner réponse aux grandes interrogations que
l’humanité s’est depuis toujours posée. Certaines de ces questions sont entre autres : Qui suis-
je ? D’où est ce que je viens et où est ce que je vais ? Quel est le sens de mon existence ? Etc.
L’homme, comme on le dit, est naturellement philosophe, c'est-à-dire, un être avide du savoir.
On entend parfois les gens dire : tout homme est philosophe, j.ai ma philosophie ou
encore, nos ancêtres étaient de grands philosophes. Dire tout cela, c’est affirmer une réalité
semblable à celle-ci : « tout cultivateur est agronome », et ce serait alors confondre un charlatan
d’un spécialiste, un amateur d’un professionnel, un opportuniste avec un homme de sciences.
On serait alors tenté de croire que les philosophes poussent comme des champignons
et qu’il suffirait d’une belle tournure de pensée pour être appelé philosophe.
L’affirmation : « tout homme est philosophe » est acceptable, mais simplement pour
signifier que tout homme a sa manière de voir les choses ou de donner sens à ce qui lui arrive.
C’est que les allemands appellent weltanschauung, c’est-à-dire une vision du monde. C’est cela
le sens large du mot philosophie.
1
POPPER Karl, La logique de la découverte sceintifique, éd. Payot, Paris, 2007, p.462
2
HOUNTONDJI, P., « Le particulier et l’universel », in Bulletin de la Société française de Philosophie, n°4, 1988,
pp.145-189.
6
contient une dense signification soit religieuse, soit philosophique. Sous ces formes, elle est
présente dans toutes les civilisations.
Les définitions que nous proposons ici ne sont pas ni les plus correctes, ni les plus
complètes, elles sont données à titre indicatif, pour nous aider à comprendre ce qu’est la
philosophie au sens strict, c’est donc quelques définitions parmi tant d’autres.
Aristote la définit comme une science certaine qui se base sur les principes
premiers et les causes premières.
Pour Emmanuel Banywesize, la philosophie peut être pensée comme une étude
critique des savoirs passés et présents qu’elle synthétise pour anticiper ce qui est à connaître et à
faire. Il en découle que si la philosophie est une rationalité de la secondarité, elle ne vaut la peine
d’être étudiée que si elle annonce ce qui est à connaître et à faire aux fins d’une vie autre.
Philosopher, c’est anticiper ; c’est efforcer d’indiquer ce qui advient et ce qu’il faut faire. Le
dessein de la philosophie secondée par la logique, consiste à contribuer à l’invention d’une
société autre, un vivre-ensemble-autre que nos habitudes de penser empêchent de voir, ou ont
empêché de voir4.
déterrer les choses passées, ni celle de prédire l’avenir ; c’est une tache actuelle et même
quotidienne : penser sa vie ou penser les drames de son temps dans un discours rationnel et
cohérent5.
Toutes ces définitions, comme on le remarque contiennent une part de vérité. Les
philosophes ne sont pas et n'ont jamais été unanimes sur ce qu’on entend par le terme
philosophie. Ce désaccord a comme conséquence qu'il y a autant de définitions de la philosophie
qu'il y a de philosophes.
Nonobstant tout ce qui précède, nous pouvons proposer une définition technique qui
a le mérite de contenir l'idée centrale et les caractéristiques générales qu'on trouve dans les
différentes définitions.
Elle est alors une réflexion sur le sens de la vie humaine, sociale, morale, politique,
économique tant individuelle que collective.
Cette définition a l'avantage d'être précise pour que l'on sache de quoi l'on parle. Elle
a le mérite d'être ouverte pour pouvoir désigner une réalité historiquement et socialement située
mais toujours évolutive en tant qu'effort, et qui contient des réalités plus ou moins achevées de ce
que l'on définit.
5
KASONGO YAMBO François-Stéphane, Initiation à la philosophie, MediasPaul, Kinshasa, 2011
, p. 15.
8
De ce qui précède, l’homme doit utiliser sa tête pour raisonner sur Dieu, l’homme,
la nature ou l’univers. Cet homme doit être préparé par la société grâce à
l’éducation affirme Mwenze wa Kyungu6.
Au demeurant, on peut autrement dire que la philosophie est une recherche critique,
autocritique, méthodique, personnelle et systématique de la vérité sur l’homme et sur le monde.
B. Eléments majeurs
Trois éléments donnent tout le pèsent d’or à la définition susvisée :
1. La recherche de la vérité
Par rapport à cet élément, Socrate a essayé de tourner l’intelligence des hommes vers la
vérité ou la connaissance du vrai bien, car selon lui, l’intelligence de l’homme est faite pour la
vérité.
René Descartes, lui, aussi cherche la même vérité, il veut aboutir à une vérité
indiscutable.
2. La réalité dans sa totalité
Pour les existentialistes, la vérité consiste à comprendre la réalité dans sa totalité, réalité
sur l’homme existant dans ce monde ; il s’agit de comprendre la situation de l’homme ainsi que
le sens de sa vie.
3. L’esprit critique
6
MWENZE WA KYUNGU, E. J-P., Philosophie de l’éducation, pour une école authentique et un développement
nouveau en RDC, Editions universitaires, Lubumbashi, 2018, p.23.
9
Un esprit critique n’accepte aucune assertion sans interroger d’abord sa valeur. Le philosophe
ayant un esprit critique at autocritique n’accepte jamais d’emblée les opinions et les certitudes, il
remet en cause les opinions traditionnelles reçues, les opinions d’autres penseurs et même ses
propres opinions. Ainsi, l’attitude d’esprit propre à la recherche philosophique est bien l’esprit
critique. L’esprit de liberté intérieure, l’autonomie morale et l’honnête intellectuelle sont des
vraies valeurs en philosophie. Pour preuve :
Or, la philosophie est d’une importance aussi bien pour la vie individuelle que pour
la vie en société. Le philosophe est celui qui veille à ce que la vérité soit connue, respectée et
vécue ; et aide l’homme et la société à rechercher ce qui est raisonnable et digne d’être vécu.
C’est pourquoi les philosophes Heidegger et Nietzsche avaient dit que « le philosophe est le
médecin de la civilisation » c’est-à-dire celui qui soigne non seulement le raisonnement, mais
aussi l’agir des hommes pour un meilleur épanouissement de la société. Ils soulignaient par là
même le rôle du philosophe en tant qu'éclaireur de la société.
En fin pour Gabriel Marcel, « le philosophe est l’homme de vigilance, soucieux
des autres ».
7
KASONGO YAMBO, Fr., Initiation à la philosophie, op. cit., p.16
10
En tant que discipline dont l'objet est le tout, la philosophie ne peut être étudiée qu'à
travers les branches qui la composent. En effet, au cours de l'histoire de la pensée, il a été
distingué plusieurs branches qui constituent la philosophie.
Etant donné que la sociologie (XVIIIème siècle) et la psychologie (XIVème siècle) sont
devenues des sciences autonomes, il n'y a plus de raison de les faire figurer parmi les branches
de la philosophie. La logique quant à elle, tout en se maintenant comme branche de la
philosophie, se situe aujourd'hui au carrefour des sciences.
En bref, on précise que la philosophie regorge plusieurs branches dont voici les
principales : la métaphysique, l’éthique ou philosophie morale, la logique, l’épistémologie (la
critique de la connaissance, étude de la validité et les bases de la connaissance), la méthodologie
(réflexion philosophique sur les méthodes de chaque science).
Section 4. L'histoire en philosophie
Bien que toute chose est susceptible d'enquête philosophique, dans les faits, les
philosophes ont étudiés, de préférence certains problèmes : la cosmologie ou le problème de
l'univers, la métaphysique ou la philosophie première qui étudie l'existence des choses ultimes et
des principes suprêmes c'est-à-dire examine le fondement des choses, l'histoire de la philosophie,
la théodicée ou la philosophie de la religion qui s'occupe de l'étude de la connaissance de Dieu
par la raison humaine, l'éthique ou le problème moral, le problème de la relation avec le sacré ou
la théologie, l'anthropologie ou le problème de l'homme, la philosophie du langage,
l'épistémologie ou le problème de la connaissance, l'esthétique ou le problème du beau,
l'axiologie ou le problème des valeurs, les problèmes politique, culturel, pédagogique, la logique
ou le problème de la cohérence et de la validité du raisonnement etc.
Section 1. La cosmologie ou la philosophie de la nature
Certains d'entre eux comme ceux de l’Ecole de Milet : pour Thalès, la matière
originelle c’est l’eau ; pour Anaximandre c’est l’infini ou l’illimité et pour Anaximène, c’est
l’air.
Vient après Héraclite d’Ephèse avec son école. Ce philosophe est connu pour sa « loi
du devenir », c’est-à-dire une conception selon laquelle tout se meut et se transforme. Par contre,
Parménide et ses disciples, tout est statique et le mouvement n’es qu’apparent.
Avec Socrate, la philosophie cesse d’être l’étude de l’univers pour devenir la science
de l’homme et de son bonheur.
En revanche, Karl Marx dira plus tard que le malheur des philosophes, est d'avoir
interprété le monde au lieu de le transformer.
Ainsi donc, dans un sens populaire, la philosophie serait une vision du monde, d'un
individu ou d'un groupe d'individus, autrement dit, que chaque individu ou chaque peuple aurait
ses idées propres, ses principes propres auxquels il se référerait et qui expliquerait son agir, son
comportement.
Section 2. La métaphysique ou la philosophie première
Elle est une branche de la philosophie qui étudie les premières causes et les premiers
principes, autrement dit, elle examine le fondement des choses, l'essence même de l'Etre. Par
exemple, qu'est ce qui fait que la table soit table ? Qu'est ce qui fait que l'homme soit homme ?
Qu’est ce qui fait que le droit soit droit ?
La forme c’est ce qui fait que la chose est ce qu’elle est. La matière est le support de
la forme. La matière est donc essentiellement indétermination et elle est le sujet du changement.
Aristote est un bon observateur : il part de la constatation que toute vie est essentiellement
changement, mouvement et devenir incessant. Il explique ce mouvement et ce changement par
les concepts d’Acte et de Puissance, c’est-à-dire par le passage de la « puissance à l’acte ».
L’acte est la réalisation définitive, ou ce qu’une chose est actuellement : l’acte est donc la
réalisation, la concrétisation définitive de la puissance. La puissance ou la virtualité, quant à elle,
est ce qu’une chose tend à devenir.
Section 3. La théodicée ou la philosophie de la religion
Auguste Comte, l’un des pères du positivisme lie l'expérience religieuse à la phase
primitive de l'histoire de l'humanité, qui, dans sa phase mure (celle du progrès industriel et
scientifique) est appelée à s'exprimer dans un culte unique, celui de soi-même : le culte de
l'humanité.
Le psychiatre Freud pour sa part considère le fait religieux comme l'idée d'un père
que l'inconscient porte en soi.
Le russe Gargarine, après son parcours dans l'atmosphère affirme n'avoir rencontré
Dieu nulle part et arrive à la conclusion selon laquelle ce dernier n'existe pas.
§2. Les défenseurs de la religion
Pour Gabriel Marcel, dans sa philosophie d’existentialisme chrétien, Dieu est un Etre
absolu qui permet à l’homme d’accomplir et d’achever son être, d’atteindre la plénitude et
l’achèvement de son existence. La relation de l’homme à Dieu est une relation personnelle. Dieu
est un autrui qui connait l’homme et à qui il ne peut rien cacher. L’homme devra s’engager
envers Dieu dans la confiance, la fidélité et la sincérité.
La valeur objective de la religion a été surtout soulignée par les penseurs allemands
comme Sceller et Otto. Scheler affirme le caractère absolu de l'expérience religieuse. Le
fondement ultime de la religion est l'automanifestation personnelle de Dieu qui advient à travers
les hommes religieux, culminant dans le Christ.
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Pour Otto, Dieu se manifeste chez l'homme comme un mysterium Tremendum (un
mystère qui fait trembler, tressaillir) et en même temps comme un mysterium fascinendum (- un
mystère qui attire l'homme vers lui) en tant que ce dernier a soif de celui qui l'a créé. L'aspect
irrationnel s'accompagne toujours de celui rationnel qui confère au sacré un caractère de doctrine
rigoureuse, objectivement valide.
La pédagogie indique l'art de conduire l'enfant. Elle est fondée sur l'exigence selon
laquelle l'enfant né avec une multiplicité des capacités, mais qu'il a besoin d'être aidé pour
réaliser toutes ses capacités tout au long de sa croissance. L'éducation est un fait proprement
humain. Le discours pédagogique est lié à celui anthropologique et éthique.
ce sujet du vouloir vivre collectif qui caractérise tout homme. L'homme, en tant que tel, ne peut
satisfaire ses besoins et réaliser ses aspirations sans être en relation avec ses semblables.
Et Platon ajoute que l’homme doit accomplir sa tâche dans la société dans la
condition où l’appellent ses capacités.
Selon Platon, la justice dans la Cité est la subordination hiérarchique des classes : la
sensualité (matérialisme vulgaire) des producteurs est subordonnée au courage, des guerriers, qui
est lui-même subordonné à la sagesse des magistrats-philosophes. Cette juste hiérarchie n’est pas
totalement bloquée : une mobilité sociale existe, qui résulte de l’éducation. Les âmes des êtres
humains ne sont pas toutes de même valeur, de même qualité : les unes sont d’or, d’autres sont
d’agent, d’autres encore de fer. Le juste sera de permettre à ceux qui ont des âmes d’or de
devenir magistrats, à ceux qui ont des âmes d’argent d’être gardiens, et à ceux qui ont des âmes
de fer d’être producteurs. Les magistrats sont tenus de faire respecter la hiérarchie au moyen de
la sélection par l’éducation.
§2. La fin ultime de l’homme et la nature politique de l'homme
La fin ultime de l'homme qui vit en société, est, selon Aristote, le bonheur. Cette
recherche du bonheur est facilitée par l'Etat. Pour ce philosophe, le problème politique investit
l'origine et le fondement de l'Etat, sa meilleure forme, son action politique, sa finalité, la nature
de son action politique, ses rapports avec l'Eglise, avec les Partis politiques etc.
Selon Hegel, l'Etat a comme origine la volonté de l'esprit absolu. Pour Hegel,
Spinoza et Jean Jacques Rousseau, le contrat social est à la base de l'Etat. Ce contrat implique
que chaque individu renonce librement à une partie de sa liberté pour se donner à tous, sans
pourtant se donner à personne. « Le contrat social est pour JJ Rousseau la meilleure des
conventions possibles, parce qu’il garantit, plus que toute autre forme d’association, les libertés
individuelles ». Il est l’expression de la volonté générale, et comme fruit de l’intérêt commun, il
traduit la volonté générale. Aussi, il permet au peuple de se gouverner, mais par l’intermédiaire
des représentants qu’il se choisit librement.
Pour Karl Marx, l'Etat naît du besoin des hommes de satisfaire leurs besoins
élémentaires, à travers l'aide réciproque. Toutefois, les diverses formes qu'assument
successivement l'Etat sont dues à l'arbitraire de l'homme en rapport avec la distribution de trois
éléments constitutifs de l'Etat, à savoir, le Capital, le travail et les moyens de production.
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La faculté de raisonner est le don le plus précieux par lequel on définit l’homme, cet
animal à la fois politique et raisonnable. Mais, on apprend plus surement à raisonner en suivant
les règles que les personnes instruites ont tracées d’avance, c’est-à-dire en s’initiant à la
« science des conditions à priori de la validité de la pensée » ou la logique.
Elle est cette partie de la philosophie qui étudie la cohérence et la validité des
raisonnements sur le plan de la forme et celui du contenu. Retenons que Aristote, alors biologiste
et philosophe, est l’inventeur de la logique ou art de raisonner pour arriver à la vérité. On
l’appelle parfois le père du syllogisme.
De ce fait, la morale comprend les normes et valeurs sociales qui guident à la fois
les personnes et leur interaction avec leurs semblables, leur communauté et avec leur
environnement. Dans tous ces types d'interaction, il y a d'importantes valeurs en jeu; il y a des
règles et des normes de nature à protéger ces valeurs; des devoirs attachés aux rôles et situations
sociaux qui peuvent stimuler ces valeurs et renforcer ces règles; et des vertus humaines ou
aptitudes qui nous permettent d'agir en conséquence. Ces facteurs moraux sont généralement
indissociables des pratiques religieuses et des structures sociales du pouvoir.
Et L'éthique devient une analyse systématique et critique de la morale et des
facteurs moraux qui orientent la conduite humaine dans une société ou une activité donnée. A
titre d’exemple, la pêche représentant une interaction entre l'être humain et l'écosystème
aquatique, l'éthique de la pêche porte sur les valeurs, règles, devoirs et vertus pertinents à la fois
pour le bien-être de l'être humain et le bon état de l'écosystème, et elle fournit une analyse
normative critique des questions d'éthique qui sont en jeu dans ce secteur d'activités humaines.
Lorsque les valeurs morales, règles et devoirs effectifs sont assujettis à une
analyse éthique, leur relation avec les intérêts humains essentiels communs à tous, quel que soit
leur contexte culturel, est particulièrement importante. Les valeurs morales peuvent évoluer et le
raisonnement moral pose la question de savoir si les pratiques qui sont légitimées
traditionnellement ou de fait par la religion, le droit ou la politique valent la peine d'être
reconnues. En effet, l'évolution de l'éthique depuis 100 ans a été caractérisée par une tendance à
réexaminer et renverser les conventions morales qui présidaient à l'interaction entre les sexes,
entre les êtres humains et les animaux et entre les êtres humains et leur environnement. Plus
récemment, l'éthique s'est attachée à résister aux tendances de la mondialisation et de la
technicisation qui érodent à la fois la biodiversité et les aspects de valeur de l'identité culturelle
et peuvent même avoir des effets qui menacent les droits de l'homme. Ces tendances sont
souvent présentées comme neutres au point de vue des valeurs, mais elles reposent sur des
hypothèses implicites qui sont sources potentielles d'inégalités et d'abus.
En bref, l’éthique a pour objet le monde moral, les valeurs morales, les lois
générales et particulières que doit suivre l’agir humain pour être conforme à la vocation de
l’homme. Il s’agit ici des qualités que doivent revêtir nos actes libres pour répondre aux
exigences profondes de notre nature et de nos relations avec le monde, avec les autres hommes,
avec Dieu.
Il s’agit des principes généraux et universels (éthique générale), soit des principes
particuliers (éthique spéciale ou éthique professionnelle). Tout homme normal doit cultiver en lui
le sens moral, c’est-à-dire le sens du bien et du mal, le sens du permis et du défendu. Le sens
moral se résume finalement dans la recherche des vertus et du sens de la responsabilité.
§2. Les domaines du Droit, de la Morale et de la philosophie morale
Le Droit renvoie à la régulation des comportements par la loi alors que l’éthique
renvoie plus largement à la distinction entre le bien et le mal, à ce qu’il convient de faire
indépendamment ou au-delà de nos obligations strictement légales. Malgré cette distinction
apparemment claire des deux champs, force est de constater que le droit se tourne fréquemment
vers l’éthique et l’éthique vers le droit. Le droit s’appuie sur l’éthique lorsqu’il s’agit d’opérer
des jugements au cas par cas dans un cadre plus souple et moins formellement contraignant. A
19
l’inverse, certains mouvements associatifs attendent que le droit mette au service de leurs
revendications éthiques sa force contraignante pour donner corps à leurs aspirations. Cela
conduit à se demander jusqu’où le droit est marqué par l’éthique et jusqu’où l’éthique peut
suppléer le Droit ?
A. Déclinaisons de ces concepts
Pour grand nombre d'observateurs, la question des relations tripartites entre droit,
morale et éthique, ne se pose même pas car ils télescopent la morale et l'éthique. Tantôt, « Il
n'existe en effet aucune différence entre le mot 'éthique' et le mot 'morale' ». Ou encore, « La
quasi-disparition du discours moral a aujourd'hui laissé le champ libre à l'éthique ». D'autres
réduisent l'éthique à l'obéissance à la loi.
Quand les commentateurs ont cherché un fondement au droit au-delà du respect des
impérieuses règles de la nature, le plus souvent ils ont invoqué la raison. Mais, la confusion naît
de l'interposition entre le droit et la raison de la morale ou de l'éthique. Par exemple, selon Kant,
la raison détermine la moralité qui inspire le droit.
D’après Kant, dans Métaphysique des mœurs, les lois se divisent en deux catégories :
le droit et l’éthique.
DROIT ETHIQUE
Action Intention
Suivant la proposition de John Stuart Mill, le domaine du droit est caractérisé par
l'imposition de sanctions de la violation de ses règles par des mesures de limitation de la liberté
20
ou par la confiscation de biens. La gravité des sanctions entraîne que les règles de droit doivent
être fondées dans la « raison » (« reason ») et qu'elles ne s'appliquent qu'aux comportements
préjudiciables pour autrui.
Une règle de droit doit être « nécessaire » ou « utile » pour la gestion rationnelle de
la société. Elle est appréciée téléologiquement à l'aune de critères tels que la proportionnalité.
La punition d'un meurtre est clairement justifiable car l'acte porte atteinte à autrui,
celle d'un suicide le serait de manière moins systématique. Le trafic d'opium est pour Mill
répréhensible par la loi, alors que sa consommation pourrait être envisagée comme un acte ne
concernant que le consommateur. Si un comportement peut être entrepris sans préjudice pour
autrui, même s'il déplaît à certains, il n'y a pas lieu de l'interdire par la loi. Le nudisme dans un
camp établi pour accueillir les adhérents de cette pratique peut être isolé, mais cette même
attitude adoptée en public se transforme en exhibitionnisme ou d’attentat à la pudeur interdit par
la loi congolaise (Code pénal Livre II).
La morale est animée par l'émotion, la croyance, ou d'autres facteurs, mais pas
nécessairement par la raison, et peut même être contraire à ses exigences. Corrélativement, la
panoplie des sanctions morales ne comprend pas la privation de liberté ou la confiscation de
biens, mais au pire diverses formes d'ostracisme. Les exigences de la morale, qui ne sont pas
appréciées à la lumière de la raison, ne justifient pas en soi l'application de sanctions légales. Le
domaine de la morale couvre toutes les relations sociales. À supposer la consommation de
l'alcool légale, rien n'interdit à ceux qui estiment ce comportement comme insupportable
d'exprimer leur point de vue en évitant les rencontres fêtées à la Bacchus. La pornographie est
rarement défendue pour sa valeur morale, mais de moins en moins de sociétés en interdisent la
consommation ou la circulation dans des cadres limités.
Pour bien saisir l’évolution des relations entre droit et morale, il nous semble
nécessaire de distinguer deux niveaux où peuvent se jouer ces interactions. Le premier serait
celui des références normatives, le second celui de ce que nous appellerons les formes
d’interprétation de l’action. C’est d’ailleurs sur ce dernier que s’appuie la distinction kantienne
puisque ce qui fait question chez Kant c’est bien la possibilité d’opérer deux lectures de
l’activité, l’une morale et l’autre juridique. Un acte peut ainsi être juridiquement conforme tout
en étant guidé par de mauvaises intentions et donc moralement douteux.
Au premier niveau des chevauchements entre droit et morale seraient en jeu des
contenus moraux substantiels, par exemple lorsque est mise en évidence une discrimination dont
serait l’objet telle ou telle catégorie sociale, le droit étant appelé à la condamner. Au second
niveau seraient en jeu les formes dans lesquelles est interprété l’acte litigieux, objet du recours
juridique. Dans ce second cas, il s’agit bien aussi de relations entre droit et morale dans la
mesure où l’enjeu de l’interprétation juridique est de savoir si l’acte incriminé sera ou non
interprété selon une grille de lecture faisant appel aux catégories morales, intention,
responsabilité, volonté, faute, culpabilité… Cela mérite quelques éclaircissements.
21
Ceci n'exclut pas l'application de sanctions morales ou, le cas échéant, légales
lorsque les comportements contraires à l'éthique violent par la même occasion les croyances, les
coutumes, les règles d'étiquette, les tabous, etc. de tout groupe social et/ou les règles de la raison
articulées dans la norme juridique. C’est le rapport entre ces notions.
En bref :
Le Droit, la morale et l'éthique couvrent des domaines qui se recoupent, mais que
partiellement.
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Le droit se caractérise par son recours à la raison pour régir les comportements
ayant des effets sur les droits d'autrui ainsi que par la force obligatoire de ses règles et la
possibilité de sanctions privatives de liberté ou de droits de propriété.
La morale est inspirée par l'émotion ou les croyances et la violation de ses règles ne
doit pas entraîner des atteintes à la personne ou à ses biens.
1. Appliquer le droit,
Les juristes formés au sein de la Faculté ont vocation à exercer plusieurs fonctions
juridiques (ou seulement judiciaires) au sein des institutions nationales qu’internationales
(magistrats, avocats, conseillers juridiques, parlementaires, agents de l’Etat, diplomates,
fonctionnaires internationaux, animateurs des associations civiles, etc.), de ce fait ils doivent
intégrer la dimension éthique dans l’exercice de leur fonctions, tel est le bien-fondé de cette
section qui analyse les fondamentaux de cette éthique professionnelle. Il s’agit en fait d’une
éthique autonome.
1) Le premier, d'ordre philosophique, pour désigner une approche ou une théorie morale qui
insiste sur le devoir, l'obligation (par exemple chez Kant) par opposition à une morale
centrée sur le bonheur, les valeurs ou sur la seule utilité;
2) le second contexte, plus commun, pour désigner les règles et devoirs propres à
l'exercice d'une profession ou au fonctionnement d'une entreprise. On parle alors
8
Pour plus de deatials, voir DUPRE, D., Ethique et Capitalisme, Economica, Paris, 2002, p.53.
9
Voir aussi CHAMPS, E. , La déontologie politique ou la pensée constitutionnelle de Jeremy Bentham, Paris,
2008 ; COMMAILLE, J., « Éthique et droit dans l'exercice de la fonction de justice », in Sociétés contemporaines,
N°7, L’Harmattan, Paris 1991, pp.87-101 ; GENARD, J-L., « Droit, éthique et responsabilité », in Éthique
publique, vol. 3, n° 2 | 2000, en ligne, URL : http://journals.openedition.org/ethiquepublique/2507(le 22 janvier
2022).
24
Le déontologisme moniste fait dériver toutes nos obligations d'un unique principe,
comme l'impératif catégorique dans la doctrine de Kant.
Le Code de déontologie est un des mécanismes mis en place pour garantir au public
que le professionnel agira de façon compétente et intègre. On y retrouve l’ensemble des devoirs
et obligations imposés aux professionnels dans l’exercice de leur profession. Ces devoirs et
obligations sont autant de règles dont le respect est impératif ; le défaut de s’y conformer
entraîne une sanction, s’il est porté à la connaissance des autorités compétentes (en l’occurrence,
ici, le syndic de l’ordre auquel appartient le professionnel fautif, le bâtonnier pour les avocats).
Dans ce contexte, la déontologie consiste donc en une codification qui se rapproche du modèle
juridique où sont énoncées des règles contraignantes et où sont mis en place des mécanismes
d’enquête et de sanction.
10
LEGAULT, G., Professionnalisme et délibération éthique. Manuel d’aide à la décision responsable, Sainte-Foy,
Presses de l’Université du Québec, 1999, p.31.
25
seul recours à la déontologie n’est pas plus probant. Pour l’instant, il faut surtout retenir que la
cohabitation de la déontologie et de l’éthique est possible. Si l’on compte miser sur l’une et
l’autre dans une infrastructure de régulation des comportements, on se doit de bien comprendre
ce qui distingue l’éthique de la déontologie et se donner les moyens de faire en sorte que leurs
visées respectives puissent être atteintes.
En fin, lorsque que ces règles éthiques et déontologiques sont coulées en termes de
normes juridiques c’est législation ou codification du moins dans cette matière précise : c’est du
droit objectif, tel est encore la relation entre l’éthique, la déontologie et le Droit.
Il convient de préciser que le droit et une partie de la philosophie ont pour objet
l’analyse des normes et à ce titre, ces deux disciplines semblent avoir vocation à se rencontrer. Et
aussi, ces deux disciplines peuvent se rencontrer dans le cadre de l’interdisciplinarité qui régule
les questions scientifiques actuellement. Elle suppose le recours à une perspective plus générale
que particulière, capable d’accommoder plusieurs discours.
27
Ce rapport est possible à travers une méthodologie du croisement qui porte sur les
implications politiques, sociales et morales des normes juridiques.
Ainsi, les philosophes ont parfois tendance à se saisir de la question de la norme pour
la critiquer ou la prescrire, indépendamment de la manière dont elle s’incarne en droit. A cet
égard, la philosophie a pu apparaître à certains comme trop abstraite, utopique et sans connexion
directe avec l’ordre normatif réel. Alors, comment les approches abstraites de la philosophie
peuvent-elles être traduisibles dans le droit positif ?
Michel Villey dit à ce sujet qu’il faut une philosophie appliquée au droit. Une
philosophie qui s’applique à discerner les structures générales du monde est en mesure
d’apporter au droit ce complément : une définition.
Cet office, la philosophie le tient envers la science du droit, du même coup qu’envers
les autres. Il lui appartient de déterminer le domaine du droit par rapport à la morale, la
politique et l’économie ; de définir le droit (quid jus), la fin de l’activité juridique. A-t-elle
encore de discerner les sources spécifiques du droit, et qu’a de propre la méthode de la science
juridique, relativement à d’autres sources et d’autres méthodes11.
Nous disons que, déjà certains des plus grands juristes du siècle dernier, Georges
Ripert, François Gény, André Hauriou, Henri Batiffol, Hans Kelsen, Paul Roubier, ont perçu, à
un certain stade du développement de leur pensée, la nécessité de prises de position
philosophiques, encore que leur positivisme foncier les ait retenus de s’engager trop dans cette
voie.
Le droit est aussi l’une des sciences humaines où la réflexion philosophique devrait
amplement s’exercer. L’élucidation du concept général de droit ressortit de la philosophie, a-t-on
justement écrit : lorsque les juristes scrutent l’essence juridique, ils éprouvent le besoin de
vérifier que leurs hypothèses sont corroborées par la démarche philosophique. Ensuite, lorsqu’ils
analysent, aux deux pôles du juridique, la règle et les jugements, ils ne sauraient trouver de
réponses à leurs interrogations dans le droit seul, en s’abstrayant de la philosophie « le droit a
besoin d’une lumière extérieure pour fixer le rôle de la loi par rapport au droit et aux valeurs qui
l’inspirent dans la société contemporaine », de même que la conception du procès s’inscrit dans
une réflexion philosophique, car en dernière analyse, la justice a toujours été une finalité du
droit : celui-ci ne se ramène pas à un simple social engineering. Et c’est à ce niveau qu’il y a
nécessité « d’une métaphysique juridique ».
11
VILLEY, M., Philosophie du droit. Définitions et fin du droit. Les moyens du droit, Dalloz-Sirey, Paris, 2001, p.
23.
28
évoluer, il soit s’être fait une conception du progrès social ; sans quoi comment se permettrait-il
d’employer la contrainte juridique pour imposer à l’activité humaine certaines directions et lui
interdire d’autres ?
Edicter une loi de but sous-entend évidemment que l’on conçoit une hiérarchie des
buts à atteindre. Edicter une loi de but c’est formuler, implicitement tout au moins, un jugement
de valeur sur le but choisi et imposé et sur les buts dédaignés et défendus. Ce jugement de
valeur, est-ce autre chose qu’une affirmation d’ordre transcendantal sur ce que l’on considère
comme le bien et le mal social, comme le bien et le mal individuel ?
C’est en fait, la ratio legis de la loi. Et le Professeur Bompaka Nkey parle à ce sujet
dans ses enseignements de l’introduction au droit de « l’élément philosophique du droit »12,
lequel est lié à la justice, au droit naturel, la loi non écrite.
§1. Missions de la réflexion philosophique au Droit
Ainsi, pour Camus et Dupin, héritiers de la grande tradition des juristes anciens, le
bon juriste est un praticien humaniste, un technicien philosophe et orateur, indissociablement et
historien aussi parce que, dans la culture gallicane du droit, le droit est d’abord histoire, le juriste
comme orateur. Le juriste doit être vrai orateur, c’est-à-dire un homme vertueux expert dans l’art
de la parole, compris ici comme art de la pensée. C’est la nature fondamentale du droit qu’il
s’agit de sa méthode et non d’un art auxiliaire et ornemental pour le juriste. Le juriste agit dans la
société par la parole ou par l’écrit en ayant élucidé son office, d’une part dans une pratique
réfléchie, d’autre part dans la fréquentation des philosophes enfin dans l’intelligence historique
de la dogmatique légale.
Pour preuve, les juges ont ressenti ces dernières années, dans un certain nombre de
domaines, les limites du syllogisme judiciaire : la légalité formelle ne fournit pas toutes les
réponses à toutes les questions. Par exemple, à l’occasion des débats judiciaires touchant à la
bioéthique et aux maternités de substitution : plusieurs juridictions n’ont pas hésité à ce propos à
évoquer le droit naturel. Il en est de même des questions d’avortement, d’euthanasie, etc. De
plus, l’ascension devant les cours et tribunaux de tous ordres de la notion de principes généraux
du droit et de celle de droits fondamentaux est inséparable d’une réflexion sur les finalités du
droit et de sa philosophie.
12
BOMPAKA NKEYI MAKANYI, « Cours d’introduction générale à l’étude du Droit », G1 Droit, 2004-2005.
29
En outre, les avocats et arbitres sont très souvent conduits dans l’accomplissement de
leurs taches à mettre en œuvre des procédés qui relèvent des méthodes de philosophie. Ainsi, en
va-t-il de leur travail herméneutique, ou de l’utilisation de la rhétorique dans l’argumentation et
la démonstration d’une thèse ; en outre, dans beaucoup d’affaires de dimension géopolitique ou
économique, notamment en matière internationale, une approche purement technicienne des
problèmes s’avère insuffisante. Il y faut aussi une approche métaphysique ou philosophique.
Trois types de fins peuvent être développés : la justice, les fins individuelles et celles
collectives.
A. La justice
Par définition, la Justice s’inscrit dans trois domaines distincts : d’abord, le terme
renvoie à une idée, à un idéal d’égalité qui peut être fondé soit sur une égalité arithmétique, soit
sur une égalité proportionnelle ; ensuite, la justice désigne une vertu, une disposition de l’homme
juste et enfin une institution qui concerne les tribunaux, les juridictions, qui rendent des
décisions de justice.
Déjà à son temps, Platon est habité par le désir de trouver une cité idéale, modèle de
société qui échappe au désordre, à la corruption et à l’usure du temps. Pour Platon, la mission de
l’homme politique est la découverte du Droit, c’est-à-dire du Juste, et les lois ne peuvent être que
justes : « une loi injuste, une loi mauvaise, n’est pas une loi, n’est pas du droit » (Platon, Les
lois).
30
Pour Platon le Droit ne peut être l’ensemble des règles positives émanant de l’Etat.
Bien au contraire, le Droit c’est le Juste. Dans la République, la justice est conçue comme la
vertu qui attribue à chacun sa part. Et ce sont les gouvernants qui savent ce qui appartient à
chacun, en ce sens qu’ils sont sages, qu’ils raisonnent justement, qu’ils ont une sorte
d’inspiration de ce qui est juste parce qu’ils sont philosophes. De plus, ces sages se soumettent à
la justice pour ce qui est de leur vie intérieure, ce qui signifie qu’ils soumettent leurs instincts à
leurs sentiments et leurs sentiments à la raison, de même dans la cité, ils sauront faire des lois
justes, ils sauront dire le Droit. Cela consistera à faire en sorte que l’homme accomplisse sa
tache dans la condition où l’appellent ses capacités. Selon Platon, la justice dans la Cité est la
subordination hiérarchique des classes (magistrats-guerriers-producteurs).
La notion de justice est une des idées force guidant l’humanité. A toutes les périodes
de l’histoire, les philosophes et les théologiens se sont heurtés à ce concept de droit naturel.
Si l’on se rallie à l’idée que le droit est recherche du juste, encore convient-il de
s’accorder sur le contenu du terme : or, en dépit de l’absolu qu’il évoque, il est susceptible d’être
entendu de manières diverses selon la conception que l’on se fait de la vie en commun et de
l’articulation de l’individuel et du social.
S’agit-il d’instaurer une justice individuelle ou une justice sociale ? Une justice
commutative ou une justice distributive ? Une justice idéale ou une justice concrète ? Une justice
générale ou une justice particulière ?
Selon Rawls, il est impossible de rêver une abolition des inégalités dans la société.
Mais, certaines inégalités sont inacceptables, il est donc nécessaire de faire quelque chose. Pour
lui, les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions : elles doivent être
liées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d’égalité équitable
des chances pour y accéder, et elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les
plus désavantagés de la société. Lorsque ces deux conditions sont remplies, la société peut être
considérée comme « à peu près juste » selon l’expression de l’auteur. Le principe d’égalité
équitable des chances demande qu’à talent égal et motivation égale, les personnes aient les
mêmes perspectives d’éducation et de réussite, les mêmes possibilités d’accéder aux diverses
positions sociales. Le principe de différence demande que les inégalités d’avantage socio-
économique contribuent à améliorer les perspectives de ceux qui appartiennent à la classe de
revenu dont les attentes sont les plus faibles.
La justice commutative est une justice à base d’égalité arithmétique. Elle s’exerce
surtout dans les échanges de choses ou de services qui ont lieu entre les hommes à la suite des
contrats.
Ainsi, si dans un échange, l’une des parties reçoit une chose de valeur supérieure à
celle qu’elle a donnée, elle se trouve avoir quelque chose qui appartient à l’autre et devra le
restituer afin de rétablir l’équilibre rompu.
32
Cette forme de justice règle ce qui revient à chacun dans ses rapports avec les autres.
b. La justice distributive
Elle vise la distribution des ressources, des honneurs ou des autres avantages de la
société à chaque citoyen suivant une égalité proportionnée ou l’équité (l’exemple de l’énoncé de
l’article 58 de la Constitution du 18 février 2006). L’équité est donc ici une égalité
proportionnée au mérite ou aux imperfections subis (ou égalité géométrique).
Autrement dit, c’est une justice particulière qui vise à repartir entre les citoyens les
droits, obligations, charges et avantages dans le respect des critères de mérite. Et le critère de
mérite est fonction des régimes politiques et donc des valeurs auxquelles ils sont attachés.
Il ne serait pas équitable que tous les hommes soient traités suivant une égalité
arithmétique alors qu’ils n’ont pas tous ni les mêmes facultés, ni les mêmes besoins, ni les
mêmes capacités. L’égalité doit donc être réalisée par une proportion. On dit alors : à chacun son
rag, ses mérites, ses besoins et ses actions.
A ces deux typologies d’Aristote, on ajoute une autre justice, dite sociale et qui peut
être commutative ou distributive.
c. La justice sociale
La justice sociale est une construction morale et politique qui vise à l’égalité des
droits et conçoit la nécessité d’une solidarité collective entre personnes d’une société.
Autrement dit, c’est le principe politique et moral qui a pour objectif une égalité des
droits et une solidarité collective qui permettent une distribution juste et équitable des
richesses, qu’elles soient matérielles ou symboliques entre les différents membres de la société
(ex. les dispositions des articles 58 et 59 de la Constitution).
La justice sociale peut aussi se définir de manière négative : est injuste ce qui n’est
pas acceptable socialement. Par exemple, les inégalités de rémunérations entre métiers de
qualifications différentes sont le plus souvent considérées comme justes, parce qu’elles sont
socialement acceptées par la majorité. Ou encore le fait d’accorder aux handicapés, une
législation de travail aménagé ou des allocations spécifiques du fait de leur situation…
33
La justice sociale est une notion subjective qui présuppose une réflexion sur les
inégalités, en particulier sur celles considérées comme injustes et devant être corrigées par l’Etat
pour faire à ce que toutes les composantes de la société puissent se développer tant sur le plan
économique que culturel (v. égalité des chances).
Le concept de justice sociale est donc apparu au milieu du XIXe siècle afin d’aboutir
à une répartition équitable des biens sociaux et d’offrir aux différentes classes sociales des
opportunités de développement.
Elle est une notion qui évolue dans le temps, ce qui est juste socialement aujourd’hui
peut devenir injuste si le contexte change.
C’est ainsi que dans son ouvrage sur la Théorie de la justice (1971), John Rawls
précise qu’une société est juste si elle respecte trois principes suivants :
Il sied de préciser que la justice sociale referme les notions des justice commutative
et distributive. La justice sociale commutative est fondée sur l’idée que la pure réciprocité doit
exister entre les membres et la société (donc chacun reçoit en contrepartie mesurée d’un effort
fourni). Alors que la justice sociale distributive ou redistributive est celle qui vise à donner à
chacun la part qui lui revient pour vivre décemment, en se réservant de préciser quels critères
seront utilisés pour élaborer cette distribution (économiques, sociale, cultuelle...). Les actions
ayant pour objectif de rétablir une justice sociale visent à élaborer un meilleur système de
répartitions, où chaque individu a et conserve les mêmes chances de réussite tout au long des
situations de sa vie d’individu. Ainsi, on parle d’égalité des chances. Les corrections nécessaires
peuvent être sociales, financières ou culturelles.
B. La finalité collective : le bien commun
De même, les juristes romains ont affirmé la primauté de l’utilité publique sur les
intérêts individuels.
violence ; elle rassemble des individus qui se détournent de Dieu et qui l’excluent de leurs vies.
Au contraire, la cité de Dieu est une cité qui réunit ceux qui vivent dans l’amour de Dieu qui leur
procure la paix, la justice, l’amour et la tranquillité. L’on peut lire sous la plume de Saint
Augustin que deux amours ont bâti deux cités opposées. L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu
a bâti la cité terrestre, la cité des hommes. L’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a bâti la cité
céleste. L’une se glorifie en elle-même ; l’autre dans le Seigneur. Estimant que les hommes ne
peuvent guère faire de bien sans l’aide de la Grâce, Saint Augustin va envisager le dépassement
de tout Etat où Dieu n’est pas inclus dans la volonté de la justice ou encore une collaboration
entre les hommes d’église et les hommes d’Etats.
Il y a donc chez Saint augustin une conception dichotomique de la société, avec une
préférence pour la cité de Dieu, tant il qu’il est vrai qu’il postule l’origine et la fin divine de la
société. Il considère que la cité de Dieu bénéficiera d’une juste récompense de la félicité.
C. La finalité individuelle
Par ailleurs, la tradition individualiste, qui assigne au droit comme objectif ultime
la protection de l’individu, est particulièrement forte en philosophie, spécialement depuis le
XVIIIe siècle. Elle part de l’idée de l’antériorité de l’homme à la société et de ce que celle-ci est
faite par l’homme et pour l’homme et pas l’inverse. Le droit a donc pour première mission
d’assurer l’épanouissement et la sauvegarde de libre volonté de l’homme : le contrat devient la
seule base acceptable des règles de droit (qui dit contractuel dit juste). On peut voir aussi le
courant de Grotius, avec la règle de « pacta sunt servanda ».
C’est donc ces débats et controverses sur les fins du droit qui nous permettent
d’envisager quelques courants philosophiques sur l’essence du droit.
§3. Quelques courants de la réflexion philosophique sur le Droit
Il s’agit des courants de pensée philosophiques qui ont marqué leur influence sur la
conception du droit. Il s’agit d’une catégorisation jugée indispensable pour essayer de
comprendre l'essentiel de la diversité de pensées. Généralement il y en a deux qui s’affrontent,
l’idéalisme et le positivisme, auxquels s’ajoute le courant médian à ces deux.
A. L’idéalisme ou le rationalisme
absolue, comme dans la philosophie hégélienne (Hegel, 1770-1831). Et une œuvre récente sur le
renouveau de l’idéalisme est recommandé16.
Le Droit idéal ou rationnel est synonyme du droit naturel. On vise par droit naturel,
un ensemble des règles fondamentales et non écrites supérieures au droit objectif, modèles
auxquels les lois positives devraient s’efforcer de ressembler. Le droit naturel apparait ainsi
comme un ensemble d’aspirations à l’harmonie sociale.
On peut encore dire que le Droit naturel est, l’ensemble des règles découlant de la
raison, de la morale ou de la nature des choses. Il est conçu comme un droit supérieur devant
s’imposer et inspirer le Droit positif ou le droit des hommes.
Selon l’idéalisme, la raison est conçue ici soit comme une valeur de portée
universelle traduisant un modèle de connaissance qui gouverne l’activité de l’esprit et du monde,
soit comme une composante de la nature même de l’homme par laquelle ce dernier se trouve en
mesure d’accéder à la vérité et à la justice, d’organiser la société et de raisonner selon les lois qui
régissent la conduite humaine.
Quant à la nature, elle est conçue comme l’expression d’une nécessité relevant de
forces cosmiques, soit comme la mesure de tout jugement normatif permettant la révélation de
vérités, soit comme la conformité à l’état de nature dont les morales et les législations humaines
ne donnent qu’une imitation imparfaite. L’ouvrage de Xavier Dijon est éloquent à ce sujet18.
16
GIOVANNI Dotoli et UCCIANI, L., Le renouveau de l’idéalisme, L’Harmattan, Paris, 2018
17
Voir BAEAQUIN, N. (dir), Dictionnaire de philosophie, Paris, 2007 ; GODIN, Ch., Dictionnaire de philosophie,
Paris, 2004 ; LALANDE, A., Vocabulaire philosophique et critique de la langue française, PUF, Paris, 2002 ;
ARNAUD André-Jean, Critique de la raison juridique, L.G.D.J, Paris, 1981 ; ALLAND, D. et RIALS, St. (dir.),
Dictionnaire de la culture juridique, P.U.F, Paris, 2003 ; CANTO-SPERBER M.(dir.), Dictionnaire d'Éthique et de
Philosophie Morale, P.U.F, Paris, 1996 ; etc.
18
DIJON, X., Droit naturel. Les questions du droit, PUF, Paris, 1998, pp. 7 et s.
37
Selon Paul Cuche, le positivisme juridique peut s’entendre en deux sens différents.
Selon le premier, on appelle positivistes « les juristes qui prétendent tirer de l’expérience et sans
aucune suggestion métaphysique, les règles qui doivent servir de base à l’ordonnancement
juridique ». Mais on désigne aussi ainsi « ceux qui affirment qu’il n’y a pas de véritable droit en
dehors du droit positif ».
Par exemple, pour le positivisme formaliste, il existe un droit positif formé par
l’ensemble des règles de droit en vigueur dans un pays à un moment donné ; le droit tout entier
s’identifie à ces règles, et il n’y a pas à aller au-delà pour pénétrer le phénomène juridique21.
1917), pour qui le droit apparaît comme une manifestation de la solidarité sociale. Pour Karl
Marx (1818-1883), le droit est un produite de l’économie et apparait comme un instrument de la
lutte des classes.
C. Les courants transversaux
Du point de vue méthodologique, les démarches sont très diverses, selon les
sensibilités, les perceptions et les références culturelles des auteurs :
- Certains récusent purement et simplement les deux courants majeurs comme dépassés
et inadéquats à la prise en compte du phénomène juridique dans sa vérité existentielle (on
cite ici le courant humaniste par ex.) ;
- D’autres estiment que chacun des grands courants trouve sa place dans l’élaboration du
droit, et ils en proposent un savant mixage selon des proportions variables au gré des
tempéraments (ex. le transpositivisme avec Ripert, Dabin) ;
- D’autres encore, sans se couper des grandes écoles de pensée du passé et en précisant la
mesure des liens qui les y rattachent, développent une conception du droit qui se veut une
approche originale de la modernité (ex. l’éclectisme avec Gény ; l’institutionnalisme
avec Hauriou). On y retrouve les tenants de l’humanisme, de la phénoménologie
juridique (Paul Amselek23), de la justice comme équitabilité (Jonh Rawls) ; le courant
éthique ( Jurgen Harbermas24) ;etc.
23
AMSELEK, P., « La phénoménologie et le droit », in Archives de Philosophie du droit, T. XIVII, Sirey, Paris,
1972, pp. 256-275
24
HABERMAS Jürgen, Droit et morale, éd. du Seuil, (trad. fr.), Paris, 1977.
39
CONCLUSION GENERALE
La philosophie est le garant d’un sens critique, d’une capacité de réflexion, compris
comme éléments essentiels pour lutter contre la pensée unique et les doctrines aveugles.
A. OUVRAGES
INTRODUCTION GENERALE...........................................................................................................1
A. L’intitulé et l’importance du cours.........................................................................1
B. Les objectifs du cours............................................................................................1
1. Les Objectifs généraux...............................................................................................1
2. Les Objectifs spécifiques...........................................................................................1
C. La Méthodologie d’enseignement, le calendrier et l’observation des mesures barrières
contre la COVID-19..............................................................................................................................1
D. Les activités d’apprentissage et d’évaluation.........................................................2
E. Les lectures recommandées....................................................................................2
F. Le plan détaillé du manuel.....................................................................................2
Chapitre I. Notions fondamentales de philosophie..........................................................2
Chapitre II. Des problèmes ou questions philosohiques....................................................2
CHAPITRE I. NOTIONS FONDAMENTALES DE LA PHILOSOPHIE...........................................4
Section 1. De la portée du concept « philosophie »...........................................................4
§1. Origine lointaine du concept « philosophie »...................................................................................4
§2. Le sens étymologique de la philosophie..........................................................................................4
§3. La philosophie au sens vulgaire.......................................................................................................5
§4. Le sens technique ou académique de la « philosophie »..................................................................6
A. Le sens technique donné............................................................................................................6
B. Eléments majeurs.......................................................................................................................8
1. La recherche de la vérité............................................................................................................8
2. La réalité dans sa totalité...........................................................................................................8
3. L’esprit critique.........................................................................................................................8
Section 2. L’importance de la philosophie........................................................................9
Section 3. Les branches de la philosophie.......................................................................10
Section 4. L'histoire en philosophie.................................................................................10
CHAPITRE II. DES PROBLEMES OU DES PREOCCUPATIONS PHILOSOPHIQUES...............11
Section 1. La cosmologie ou la philosophie de la nature.................................................11
Section 2. La métaphysique ou la philosophie première..................................................12
Section 3. La théodicée ou la philosophie de la religion..................................................12
§1. La démystification de la religion...............................................................................12
§2. Les défenseurs de la religion.....................................................................................13
Section 4. Le problème pédagogique ou de l’éducation..................................................14
Section 5. Le problème politique et social.......................................................................14
§1. La nature sociale de l'homme....................................................................................14
§2. La fin ultime de l’homme et la nature politique de l'homme.....................................15
45