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INTRODUCTION GENERALE

A. L’intitulé et l’importance du cours

L’enseignement sous examen a pour intitulé :  Philosophie. Il se dispense en


Première Licence, Filière de Droit et vaut deux (2) crédits. Ces deux crédits traduisent 50 heures
de travail pour l’apprenant dont 20 heures lui sont consacrées à suivre le Cours Magistral
Interactif (CMI) dispensé par l’enseignant, 10 heures de Travaux Dirigés (TD), 5 heures de
Travaux pratiques (TP) et 15 heures de Travaux personnels de l’étudiant (TPE).

Il est donc question dans ce cours, de maîtriser la portée des notions fondamentales
de la philosophie, leur évolution à travers le temps et l’espace et enfin, envisager leurs
imbrications avec le domaine juridique. L’importance de cette discipline académique est
indéniable pour la formation de l’homme en général et du juriste en particulier.

B. Les objectifs du cours


1. Les Objectifs généraux

Ce cours n’est qu'un instrument pédagogique d'initiation aux données fondamentales


à la philosophie. Il vise à apporter à l’étudiant, juriste en herbe ou en devenir, des notions de base
en rapport avec les connaissances philosophiques, pour autant que le progrès de la pensée
philosophique repose sur les questions qu’en quête de sagesse, l’homme pose au monde.
2. Les Objectifs spécifiques

A l’issue de l’enseignement, l’apprenant sera capable de :

- De se familiariser avec le langage philosophique ;


- De s’habituer à l’abstraction ;
- D ’éveiller dans leur chef un esprit critique ;
- De leur donner une mémoire susceptible de les aider à tendre vers la sagesse comme
vers un objet désiré, à attiser en eux la soif de la vérité et la conscience de la
responsabilité
- De maîtriser le sens exact de la philosophie et son importance dans leur formation
juridique.
C. La Méthodologie d’enseignement, le calendrier et l’observation des mesures
barrières contre la COVID-19

Dans cet enseignement qui est un CMI (Cours Magistral Interactif), on fait
recours à la méthode interactive, laquelle fait participer l’étudiant à sa formation à travers les
échanges avec l’enseignant (le facilitateur). Cette méthode se justifie pour autant que nous
entrons dans le système LMD (Licence-Master-Doctorat), dans lequel l’enseignant n’est pas
seul, maître du savoir. Les étudiants sont censés être présents dans l’auditoire chaque fois que le
cours est programmé à l’horaire. Il s’agit donc d’un enseignement présentiel et non à distance.
2

C’est pourquoi, les présences au cours seront régulièrement prélevées soit au début de la séance,
soit à la fin.
L’enseignant met à la disposition des étudiants un support didactique polycopié du cours.
L’enseignement est dispensé au premier semestre de l’année académique en cours (pendant 20
heures de CMI).
Les dispositifs en rapport avec les mesures barrières contre la COVID-19 doivent être
scrupuleusement observées par les étudiants.
D. Les activités d’apprentissage et d’évaluation

Dans le cadre de ce cours, l’enseignant et ses collaborateurs ont l’obligation de


procéder à une évaluation des étudiants à travers des Travaux dirigés (10 heures de travail), des
Travaux pratiques (5 heures), des interrogations et examens qui déterminent l’adaptation et la
compréhension de chaque enseigné. Précisons que pour les interrogations et examens, les
étudiants seront prévenus d’avance. Les travaux pratiques et de descente à la bibliothèque seront
réalisés individuellement ou en groupe selon le cas. Les questions d’évaluation sont en style
traditionnel ou en QCM (Question à Choix Multiples) selon le cas.
E. Les lectures recommandées

L’étudiant trouvera dans la bibliographie de ce cours, les ouvrages de référence ainsi


que les cours, articles et documents divers en rapport avec cet enseignement. Toutefois, le
recours à la webographie (internet) est aussi recommandé.
F. Le plan détaillé du manuel

Outre l’introduction et la conclusion, ce cours regorge deux chapitres :


Chapitre I. Notions fondamentales de philosophie 

Section1. De la portée du concept philososphie


§1. L’origine lointaine du concept « philosophie »
§2. Le sens étymologique de la philosophie
§3. La philosophie au sens vulgaire ou populaire
§4. Le sens technique ou académique de la philosophie

Section 2. L’importance de la philosophie

Section 3. Des branches de la philosophie

Section 4. L’histoire en philosophie

Chapitre II. Des problèmes ou questions philosohiques

Section 1. La cosmologie ou la philosophie de la nature


3

Section 2. La métaphysique ou la philosophie première


Section 3. L'histoire de la philosophie
Section 4. La théodicée ou la philosophie de la religion
Section 5. Le problème pédagogique
Section 6. Le problème politique et social
Section 6. La Logique
Section 7. L’ éthique ou philosophie morale
Section 9. La question de Droit.
4

CHAPITRE I. NOTIONS FONDAMENTALES DE LA PHILOSOPHIE

Il est successivement développé dans ce chapitre, d’abord la portée du concept


philosophie, son rôle social, ses branches et ses doctrines respectives.

Section 1. De la portée du concept « philosophie »

§1. Origine lointaine du concept « philosophie »

Pythagore de Samos (570-480 av. J.C.) est peut-être l’inventeur du concept


« philosophie ». Il aurait été le premier à revendiquer la paternité du mot « philosophe » lors
d’une discussion avec Tyran Léon.

Dans beaucoup de livres que vous lirez, on vous fera croire que la philosophie est
née en Grèce. Cela va dans le sens de la « citation du feu président sénégalais Léopold Sédar
Senghor lorsqu’il déclara que « la raison est hellène et l’émotion est nègre ». Mais lorsque vous
lisez les livres des historiens notamment Cheick Anta Diop, Nations nègres et culture  ;
Antériorité des civilisations nègres, mythe ou réalité; L’unité culturelle de l’Afrique noire et de
son disciple Théophile Obenga, La conscience historique africaine ; L’Egypte, la Grèce et
l’école d’Alexandrie ; Le sens de la lutte contre l’africanisme eurocentrisme, La philosophie
africaine de la période pharaonique ; vous comprendrez que la plupart de grands philosophes
avant Socrate appelé communément les pré socratiques ont étudiés en Egypte antique ou Egypte
pharaonique tels que Pythagore de samos, Thales de Milet, Héraclite d’Ephese, Parménide
d’Elee etc.

En Egypte antique, la science était ésotérique, c’est à dire réservée aux initiés et
les grecs se sont appropriés les théories et les ont rendues publiques.
§2. Le sens étymologique de la philosophie

La Grèce antique avait de l’admiration pour les sages, c’était des hommes fort
doués intellectuellement et qui se consacraient à connaître Dieu, l’origine et les causes de tous
les phénomènes. Ils étaient rares et se comptaient au bout des doigts.

Conscient des limites intellectuelles et spirituelles de l’homme, Pythagore de


Somos, sage et mathématicien grec du sixième siècle (570 -490 avant J.C) estima que le mot
sage ne convenait qu’à Dieu, seul Etre capable de posséder la sagesse et la vérité. C’est ainsi
qu’il inventa pour l’homme, le mot philosophia qui signifie amour de la sagesse à partir de trois
mots grecs philia-tes -sophia. Il voulait marquer une différence entre l’homme et Dieu. Dieu
possède la sagesse et il est la sagesse elle-même, tandis que l’homme peut la rechercher ou
s’approcher d’elle sans jamais la posséder. C’est pourquoi on dit que, dans son origine, le mot
philosophie a un sens privatif, c’est -à-dire il nie dès le départ la prétention de posséder la
sagesse. En créant ce mot, Pythagore invite tout philosophe à un aveu d’humilité. Le philosophe
n’est pas celui qui possède la sagesse ou la vérité, c’est plutôt celui qui se fait ami à la vérité et
qui consacre sa vie à la rechercher.
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§3. La philosophie au sens vulgaire

Les philosophes sont unanimes pour dire que c’est l’étonnement qui déclenche
le philosopher. A ce sujet, Aristote écrit : « ce fut l’étonnement qui poussa comme aujourd’hui,
les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Au début leur étonnement porta sur les
difficultés qui se présentaient les premières à l’esprit ; puis s’avançant ainsi peu à peu, ils
étendirent leur exploration à des problèmes plus importants… ». Mais comment l’étonnement
déclenche-t-il le philosopher ? Par exemple, les différentes guerres, l’apparition de la bombe
atomique, le mariage pour tous, le réchauffement climatique, l’apparition de la COVID-19
peuvent déclencher l’étonnement et donc philosopher.

Il existe un rapport entre l’étonnement, l’aporie et l’ignorance. S’étonner, c’est apercevoir une difficulté
(aporie), et donc un problème. Or apercevoir une difficulté, un problème, c’est reconnaître son ignorance. Ainsi, est
capable de s’étonner l’homme qui aperçoit une difficulté ou un problème. Or le propre d’un problème, d’une
difficulté, c’est de mobiliser la raison, la pensée pour trouver une solution. Karl Popper a raison de proclamer que
« toute vie est résolution des problèmes »1. La difficulté engendre une souffrance intellectuelle qui pousse à la
reconnaissance de l’ignorance. C’est autant comprendre avec Paulin Hountondji commentant Aristote, que
l’étonnement génère des problèmes2. Car les problèmes eux-mêmes ne vont pas de soi. Les ignorants satisfaits sont
donc des gens pour qui les problèmes ne se posent pas. Le propre de l’étonnement, le propre de l’embarras
théorique, c’est de faire prendre conscience d’une ignorance, de faire que cette ignorance ne soit pas seulement
vécue dans l’insouciance, mais ressentie comme une souffrance, un manque, de sorte qu’elle essaie elle-même de se
supprimer dans le savoir. Ainsi, pour certains philosophes, l’étonnement, l’émerveillement, le doute et le
questionnement de l’homme sont les éléments originels ou déclencheurs de la philosophie.

A la différence des autres êtres vivant, l’homme est avide du savoir, il cherche
toujours le pourquoi des choses. Il cherche à donner réponse aux grandes interrogations que
l’humanité s’est depuis toujours posée. Certaines de ces questions sont entre autres : Qui suis-
je ? D’où est ce que je viens et où est ce que je vais ? Quel est le sens de mon existence ? Etc.
L’homme, comme on le dit, est naturellement philosophe, c'est-à-dire, un être avide du savoir.

On entend parfois les gens dire : tout homme est philosophe, j.ai ma philosophie ou
encore, nos ancêtres étaient de grands philosophes. Dire tout cela, c’est affirmer une réalité
semblable à celle-ci : « tout cultivateur est agronome », et ce serait alors confondre un charlatan
d’un spécialiste, un amateur d’un professionnel, un opportuniste avec un homme de sciences.

On serait alors tenté de croire que les philosophes poussent comme des champignons
et qu’il suffirait d’une belle tournure de pensée pour être appelé philosophe.

L’affirmation : « tout homme est philosophe » est acceptable, mais simplement pour
signifier que tout homme a sa manière de voir les choses ou de donner sens à ce qui lui arrive.
C’est que les allemands appellent weltanschauung, c’est-à-dire une vision du monde. C’est cela
le sens large du mot philosophie.

La philosophie élémentaire (commune à tous les hommes), est la forme littéraire de


la philosophie qui est essentiellement narrative et qui s’exprime à travers les mythes. Le mythe
constitue la première réponse de l’humanité aux phénomènes de la nature et de la vie, car il

1
POPPER Karl, La logique de la découverte sceintifique, éd. Payot, Paris, 2007, p.462
2
HOUNTONDJI, P., « Le particulier et l’universel », in Bulletin de la Société française de Philosophie, n°4, 1988,
pp.145-189.
6

contient une dense signification soit religieuse, soit philosophique. Sous ces formes, elle est
présente dans toutes les civilisations.

§4. Le sens technique ou académique de la « philosophie »

A. Le sens technique donné

Les définitions que nous proposons ici ne sont pas ni les plus correctes, ni les plus
complètes, elles sont données à titre indicatif, pour nous aider à comprendre ce qu’est la
philosophie au sens strict, c’est donc quelques définitions parmi tant d’autres.

Thibaudet définit la philosophie non comme la science de tout, mais comme la


science du tout.

Tshiamalenga Ntumba quant à lui, définit la philosophie comme l’ensemble des


philosophies historiquement attestées.

Pour les sophistes et Socrate lui-même, la philosophie est un savoir théorique et


systématique portant sur n'importe quel domaine de la réalité.

Aristote la définit comme une science certaine qui se base sur les principes
premiers et les causes premières.

Pour Maurice Merleau-Ponty, le philosophe est celui qui a le goût de l'évidence et de


ses ambiguïtés3.

Karl Jaspers, pour sa part la définit comme la recherche passionnée de la vérité.

Pour De Reimacker, la philosophie est l'ensemble des connaissances naturelles,


méthodiquement acquises et ordonnées qui tend à fournir l'explication fondamental de toute
chose.

Pour Emmanuel Banywesize, la philosophie peut être pensée comme une étude
critique des savoirs passés et présents qu’elle synthétise pour anticiper ce qui est à connaître et à
faire. Il en découle que si la philosophie est une rationalité de la secondarité, elle ne vaut la peine
d’être étudiée que si elle annonce ce qui est à connaître et à faire aux fins d’une vie autre.
Philosopher, c’est anticiper ; c’est efforcer d’indiquer ce qui advient et ce qu’il faut faire. Le
dessein de la philosophie secondée par la logique, consiste à contribuer à l’invention d’une
société autre, un vivre-ensemble-autre que nos habitudes de penser empêchent de voir, ou ont
empêché de voir4.

Or pour Mutuza Kabe, la philosophie, c’est l’effort de l’homme pour reprendre le


réel de chaque jour de mieux l’expliquer, le schématiser ». Selon Kasongo Yambo, cette
définition de Mutuza nous aide à comprendre que la tâche du philosophe n’est ni celle de
3
MERLEAU-PONTY, M., Eloge de la philosophie et autres essais, Gallimard, Paris, 1952, p.22 ; HADOT, P., Eloge de
la philosophie antique, Editions Allia, Paris, 2013, p.55.
4
BANYWESIZE Emmanuel, ., « Cours de  Philosophie et logique », G1, 2018, p. 4. V. aussi WAGNER Pierre,
Logique et philosophie, Ellipses, Paris, 2014, pp.10 et s.
7

déterrer les choses passées, ni celle de prédire l’avenir ; c’est une tache actuelle et même
quotidienne : penser sa vie ou penser les drames de son temps dans un discours rationnel et
cohérent5.

Toutes ces définitions, comme on le remarque contiennent une part de vérité. Les
philosophes ne sont pas et n'ont jamais été unanimes sur ce qu’on entend par le terme
philosophie. Ce désaccord a comme conséquence qu'il y a autant de définitions de la philosophie
qu'il y a de philosophes.

Nonobstant tout ce qui précède, nous pouvons proposer une définition technique qui
a le mérite de contenir l'idée centrale et les caractéristiques générales qu'on trouve dans les
différentes définitions.

La philosophie est un effort rationnel, méthodique et systématique, portant sur le


sens de l'existence humaine et sur la totalité du réel, et visant à une synthèse globale.

Elle est alors une réflexion sur le sens de la vie humaine, sociale, morale, politique,
économique tant individuelle que collective.

Cette définition a l'avantage d'être précise pour que l'on sache de quoi l'on parle. Elle
a le mérite d'être ouverte pour pouvoir désigner une réalité historiquement et socialement située
mais toujours évolutive en tant qu'effort, et qui contient des réalités plus ou moins achevées de ce
que l'on définit.

1. Effort : La philosophie suppose une décision consciente, un travail ardu, acharné.


Il n'y a pas de philosophie spontanée, sauf quand on parle de vision du monde
(Weltanschauung) ou de la philosophie au sens populaire.
2. Rationnel : intellectuel. Ce n'est pas un effort physique, mais un effort de la
raison, par la raison et pour la raison, autrement dit, c'est un effort de l'esprit. Cet
effort exclut une quelconque illumination ou une révélation divine. Il s'agit plutôt
de la raison humaine qui s'applique aux choses et qui aboutit à un savoir humain.
La raison est à l'égard du philosophe ce que la grâce est à l'égard du chrétien. La
grâce détermine le chrétien à agir, la raison détermine le philosophe.
3. Méthodique : qui s'accompagne d'une méthode, c'est le chemin, la voie par
laquelle on passe pour arriver à un résultat. Mais on peut se poser la question de
savoir s'il existe une méthode propre à la philosophie, c'est la méthode réflexive,
c'est-à-dire, celle qui consiste à partir du sujet vers les choses et revenir au sujet.
C’est en cela que la philosophie se distingue des autres sciences. En effet, pendant
que les sciences se posent la question sur le comment les choses sont faites, la
philosophie quant à elle, se pose la question du pourquoi des choses, autrement
dit, sur la signification des choses pour elles-mêmes. Mais la méthode réflexive
varie d’un philosophe à un autre.
4. Systématique : C'est à dire que la philosophie explore tout sans rien laisser.
Autrement, la recherche de la vérité se fait avec rigueur et les fruits de la
recherche sont mis dans un système, c’est dans un ensemble cohérent d’idées.

5
KASONGO YAMBO François-Stéphane, Initiation à la philosophie, MediasPaul, Kinshasa, 2011
, p. 15.
8

5. Le sens de l'existence humaine : tout ce que la philosophie étudie est orienté


vers la réalisation d'une certaine idée de l'homme, vers la promotion,
l'émancipation ou le développement de l'homme et de la société.
6. La totalité du réel : tel est l'objet propre à la philosophie ; c'est, en fait comme
nous l'avons dit plus haut, son objet matériel. Le terme « totalité » englobe
l'homme, l'univers, Dieu, les idées et les connaissances, les relations entre les
idées et la réalité. C'est ici encore une fois que la philosophie se distingue des
sciences qui s'occupent chacune d'une partie du réel. La philosophie s'occupe de la
totalité du réel. Ainsi, Piaget distingue la philosophie de la science comme suit :
la philosophie a pour objet la totalité du réel, de la réalité extérieure comme de
l'esprit et des relations entre eux (...). Une science se donne, au contraire, un objet
limité.
7. Une synthèse globale : C'est ce que vise toute philosophie, même si elle n'y
arrive qu'imparfaitement. La philosophie ne se contente pas des connaissances
éparses, dispersées, elle veut les unifier en une synthèse.

De ce qui précède, l’homme doit utiliser sa tête pour raisonner sur Dieu, l’homme,
la nature ou l’univers. Cet homme doit être préparé par la société grâce à
l’éducation affirme Mwenze wa Kyungu6.

Au demeurant, on peut autrement dire que la philosophie est une recherche critique,
autocritique, méthodique, personnelle et systématique de la vérité sur l’homme et sur le monde.

B. Eléments majeurs
Trois éléments donnent tout le pèsent d’or à la définition susvisée :

1. La recherche de la vérité 

Par rapport à cet élément, Socrate a essayé de tourner l’intelligence des hommes vers la
vérité ou la connaissance du vrai bien, car selon lui, l’intelligence de l’homme est faite pour la
vérité.

René Descartes, lui, aussi cherche la même vérité, il veut aboutir à une vérité
indiscutable.
2. La réalité dans sa totalité 

Pour les existentialistes, la vérité consiste à comprendre la réalité dans sa totalité, réalité
sur l’homme existant dans ce monde ; il s’agit de comprendre la situation de l’homme ainsi que
le sens de sa vie.

3. L’esprit critique

6
MWENZE WA KYUNGU, E. J-P., Philosophie de l’éducation, pour une école authentique et un développement
nouveau en RDC, Editions universitaires, Lubumbashi, 2018, p.23.
9

Un esprit critique n’accepte aucune assertion sans interroger d’abord sa valeur. Le philosophe
ayant un esprit critique at autocritique n’accepte jamais d’emblée les opinions et les certitudes, il
remet en cause les opinions traditionnelles reçues, les opinions d’autres penseurs et même ses
propres opinions. Ainsi, l’attitude d’esprit propre à la recherche philosophique est bien l’esprit
critique. L’esprit de liberté intérieure, l’autonomie morale et l’honnête intellectuelle sont des
vraies valeurs en philosophie. Pour preuve :

- Socrate a adopté une attitude libre et critique envers des traditions.


- Descartes est radical car il met tout en doute,
- Les existentialistes demandent à l’homme de prendre son destin en mains.

Section 2. L’importance de la philosophie

Le philosophe était considéré et certains continuent encore aujourd’hui à le


considérer comme n'ayant aucun sens pratique, un rêveur, un spéculateur qui a ses pieds en l'air
et la tête en bas et à la limite un malade mental (Ex. de Thalès de Millet qui était tombé dans un
trou pendant qu'il spéculait).

La philosophie est jugée obscure à cause de son langage ésotérique, de ses


expressions héritées de la scolastique, de la mésentente entre philosophes.

Or, la philosophie est d’une importance aussi bien pour la vie individuelle que pour
la vie en société. Le philosophe est celui qui veille à ce que la vérité soit connue, respectée et
vécue ; et aide l’homme et la société à rechercher ce qui est raisonnable et digne d’être vécu.
C’est pourquoi les philosophes Heidegger et Nietzsche avaient dit que « le philosophe est le
médecin de la civilisation » c’est-à-dire celui qui soigne non seulement le raisonnement, mais
aussi l’agir des hommes pour un meilleur épanouissement de la société. Ils soulignaient par là
même le rôle du philosophe en tant qu'éclaireur de la société.

De plus, un philosophe au sens complet, socratique, du mot est un penseur qui ne


sépare pas la recherche de la vérité de la vie réelle de l’homme et de la société . Il y a certes
une bonne et une mauvaise façon de faire de la philosophie : cas des sophistes qui, du temps de
Socrate, égaraient les hommes dans la recherche de la vérité et du véritable bonheur. La bonne
philosophie se soucie du bien de l’homme et de la société ; elle entraine les hommes sur les de la
vérité et de la responsabilité ; elle délivre de fausses certitudes et des opinions incontrôlées ; elle
développe en l’homme l’esprit critique et le goût de l’effort dans le discernement. La philosophie
plaide en faveur de l’homme, de son épanouissement et de sa liberté, de sa dignité et de ses
droits inaliénables ; elle aide à apprécier chaque chose à sa juste valeur7.

Pour Platon, le philosophe est le meilleur, il est le visionnaire dans la société.

En fin pour Gabriel Marcel, « le philosophe est l’homme de vigilance, soucieux
des autres ».

7
KASONGO YAMBO, Fr., Initiation à la philosophie, op. cit., p.16
10

Section 3. Les branches de la philosophie

En tant que discipline dont l'objet est le tout, la philosophie ne peut être étudiée qu'à
travers les branches qui la composent. En effet, au cours de l'histoire de la pensée, il a été
distingué plusieurs branches qui constituent la philosophie.

Dans l'antiquité, étaient alignées comme branches de la philosophie : la logique, la


physique, la métaphysique et l'éthique.

Il n'y a pas longtemps, au programme de philosophie, en France, figuraient comme


branches : la logique et la philosophie des sciences, la psychologie, la morale, la sociologie et la
métaphysique.

Etant donné que la sociologie (XVIIIème siècle) et la psychologie (XIVème siècle) sont
devenues des sciences autonomes, il n'y a plus de raison de les faire figurer parmi les branches
de la philosophie. La logique quant à elle, tout en se maintenant comme branche de la
philosophie, se situe aujourd'hui au carrefour des sciences.

En bref, on précise que la philosophie regorge plusieurs branches dont voici les
principales : la métaphysique, l’éthique ou philosophie morale, la logique, l’épistémologie (la
critique de la connaissance, étude de la validité et les bases de la connaissance), la méthodologie
(réflexion philosophique sur les méthodes de chaque science).
Section 4. L'histoire en philosophie

L’histoire en philosophie étudie les différents courants ou doctrines philosophiques


en les plaçant dans le temps et dans l'espace. Elle se subdivise en :

 Histoire chronologique qui étudie la philosophie en suivant les différentes époques de


l'évolution de la pensée.

 Histoire régionale ou géographique envisage l'étude de la philosophie d'après les régions.


Exemple : la philosophie grecquo-romaine, la philosophie anglo-saxonne, occidentale,
orientale, africaine (afrocentrisme), etc.

 Histoire régionale-chronologique, qui consiste à combiner les deux précédentes.


Exemple, la philosophie africaine contemporaine, la philosophie occidentale antique etc.
11

CHAPITRE II. DES PROBLEMES OU DES PREOCCUPATIONS PHILOSOPHIQUES

Bien que toute chose est susceptible d'enquête philosophique, dans les faits, les
philosophes ont étudiés, de préférence certains problèmes : la cosmologie ou le problème de
l'univers, la métaphysique ou la philosophie première qui étudie l'existence des choses ultimes et
des principes suprêmes c'est-à-dire examine le fondement des choses, l'histoire de la philosophie,
la théodicée ou la philosophie de la religion qui s'occupe de l'étude de la connaissance de Dieu
par la raison humaine, l'éthique ou le problème moral, le problème de la relation avec le sacré ou
la théologie, l'anthropologie ou le problème de l'homme, la philosophie du langage,
l'épistémologie ou le problème de la connaissance, l'esthétique ou le problème du beau,
l'axiologie ou le problème des valeurs, les problèmes politique, culturel, pédagogique, la logique
ou le problème de la cohérence et de la validité du raisonnement etc.
Section 1. La cosmologie ou la philosophie de la nature

Les philosophes d'avant Socrate communément appelé les présocratiques, avaient


comme préoccupation majeure de rechercher le premier élément qui est à l'origine de toute chose
et donc de l'univers.

Certains d'entre eux comme ceux de l’Ecole de Milet : pour Thalès, la matière
originelle c’est l’eau ; pour Anaximandre c’est l’infini ou l’illimité et pour Anaximène, c’est
l’air.

A cette école succède l’important mouvement du pythagorisme. Selon Pythagore de


Samos, chef de file du mouvement, c’est le nombre qui explique tout dans l’univers.

Vient après Héraclite d’Ephèse avec son école. Ce philosophe est connu pour sa « loi
du devenir », c’est-à-dire une conception selon laquelle tout se meut et se transforme. Par contre,
Parménide et ses disciples, tout est statique et le mouvement n’es qu’apparent.

La philosophie pendant la période présocratique consistait à rechercher le premier


élément qui est à l'origine de toute chose.

Plus de Socrate, la sophistique ouvre la porte au scepticisme intellectuel et au


subjectivisme moral. Il a fallu attendre Socrate pour jeter les bases d’une morale rationnelle,
rompre avec le dogmatisme des physiologues et l’éristique des sophistes.

Avec Socrate, la philosophie cesse d’être l’étude de l’univers pour devenir la science
de l’homme et de son bonheur.

Contrairement à ses prédécesseurs, Aristote préconisa que le philosophe devait


s'occuper à interpréter le monde car la connaissance de la nature du monde ne servirait à rien.

En revanche, Karl Marx dira plus tard que le malheur des philosophes, est d'avoir
interprété le monde au lieu de le transformer.

Certaines positions de l'Eglise catholique avaient déconsidéré purement et


simplement la philosophie, du fait que cette dernière ne respectait pas les dogmes de la foi.
12

Ainsi donc, dans un sens populaire, la philosophie serait une vision du monde, d'un
individu ou d'un groupe d'individus, autrement dit, que chaque individu ou chaque peuple aurait
ses idées propres, ses principes propres auxquels il se référerait et qui expliquerait son agir, son
comportement.
Section 2. La métaphysique ou la philosophie première

Elle est une branche de la philosophie qui étudie les premières causes et les premiers
principes, autrement dit, elle examine le fondement des choses, l'essence même de l'Etre. Par
exemple, qu'est ce qui fait que la table soit table ? Qu'est ce qui fait que l'homme soit homme ?
Qu’est ce qui fait que le droit soit droit ?

Aristote définit la métaphysique de deux façons. Premièrement, la métaphysique est


une science qui étudie les premiers principes et les premières causes. Deuxièmement, la
métaphysique est une science qui étudie l’être en tant qu’être. La métaphysique apparaît donc,
dans la division des sciences, comme la science suprême ou philosophie première. La théorie
capitale concerne d’abord les couples Forme et Matière, Acte et Puissance.

La forme c’est ce qui fait que la chose est ce qu’elle est. La matière est le support de
la forme. La matière est donc essentiellement indétermination et elle est le sujet du changement.
Aristote est un bon observateur : il part de la constatation que toute vie est essentiellement
changement, mouvement et devenir incessant. Il explique ce mouvement et ce changement par
les concepts d’Acte et de Puissance, c’est-à-dire par le passage de la « puissance à l’acte ».
L’acte est la réalisation définitive, ou ce qu’une chose est actuellement : l’acte est donc la
réalisation, la concrétisation définitive de la puissance. La puissance ou la virtualité, quant à elle,
est ce qu’une chose tend à devenir.
Section 3. La théodicée ou la philosophie de la religion

La théodicée, étude philosophique de l’être suprême, s'occupe de l'étude de la


connaissance de Dieu par la raison humaine. La religion s'impose comme une constante de l'être
humain qui a caractérisé le genre humain de tous les temps et dans toutes les cultures.

La difficulté du phénomène religieux réside dans le fait que l'activité religieuse


s'adresse à un objet dont l'existence même est mise en question. La question religieuse a
fortement intéressée la pensée classique médiévale et moderne. Dans la culture contemporaine, il
est à relever deux orientations qui se dessinent, l'une tendant à dépouiller la religion de sa valeur
objective, autrement dit, tendant à démystifier la religion et l'autre tendance qui la défend.
§1. La démystification de la religion

L'initiateur de cette tendance est Ludwig Feuerbach qui a soustrait de la religion


toute valeur objective. Pour lui, la religion n'est qu'une simple projection de certains besoins que
l'homme détient du fond de son être. Dieu n'est autre qu'une idée qui exprime ce que l'homme
aspire à être.

A la suite de Feuerbach, Karl Marx, radicalise l'interprétation en affirmant que la


religion est une superstructure produite par une structure économique déterminée, et dont la
classe hégémonique s'est toujours servie pour maintenir l'état de soumission de la classe
13

prolétaire. La solution de la question socio-économique projetée par le communisme décrète la


disparition de la religion.

Auguste Comte, l’un des pères du positivisme lie l'expérience religieuse à la phase
primitive de l'histoire de l'humanité, qui, dans sa phase mure (celle du progrès industriel et
scientifique) est appelée à s'exprimer dans un culte unique, celui de soi-même : le culte de
l'humanité.

Le psychiatre Freud pour sa part considère le fait religieux comme l'idée d'un père
que l'inconscient porte en soi.

Nietzsche en arrive à décréter même la mort de Dieu, avec référence particulière au


Dieu des chrétiens, dans un monde où le super homme ne laisse pas d'espace à la réalité des
misérables, des faibles, des humbles, des pauvres.

Les existentialistes comme Sartre et Heidegger nient toute valeur à la dimension


religieuse parce que engagés totalement sur la dimension de l'immanence et de l'existentialité de
l'homme.

Les néo-positivistes comme Carnap et Ayer, quant à eux retiennent seulement


comme valide, les propositions dont le contenu est vérifiable par l'expérience.

Le russe Gargarine, après son parcours dans l'atmosphère affirme n'avoir rencontré
Dieu nulle part et arrive à la conclusion selon laquelle ce dernier n'existe pas.
§2. Les défenseurs de la religion

Pour Gabriel Marcel, dans sa philosophie d’existentialisme chrétien, Dieu est un Etre
absolu qui permet à l’homme d’accomplir et d’achever son être, d’atteindre la plénitude et
l’achèvement de son existence. La relation de l’homme à Dieu est une relation personnelle. Dieu
est un autrui qui connait l’homme et à qui il ne peut rien cacher. L’homme devra s’engager
envers Dieu dans la confiance, la fidélité et la sincérité.

Kierkegaard attribue à l'état religieux le degré le plus élevé de l'existence humaine,


qui confie le sens à la foi et à l'adoration.

Bergson arrive à l'existence de Dieu à travers l'expérience des mystiques qu'il


considère comme des experts de la chose divine.

Blondel cherche à fonder le phénomène religieux sur l'analyse du dynamisme humain


considéré dans sa structure essentielle, l'action, qui trouve seulement en Dieu la justification de
sa poussée vers l'Infini.

La valeur objective de la religion a été surtout soulignée par les penseurs allemands
comme Sceller et Otto. Scheler affirme le caractère absolu de l'expérience religieuse. Le
fondement ultime de la religion est l'automanifestation personnelle de Dieu qui advient à travers
les hommes religieux, culminant dans le Christ.
14

Pour Otto, Dieu se manifeste chez l'homme comme un mysterium Tremendum (un
mystère qui fait trembler, tressaillir) et en même temps comme un mysterium fascinendum (- un
mystère qui attire l'homme vers lui) en tant que ce dernier a soif de celui qui l'a créé. L'aspect
irrationnel s'accompagne toujours de celui rationnel qui confère au sacré un caractère de doctrine
rigoureuse, objectivement valide.

Section 4. Le problème pédagogique ou de l’éducation

La pédagogie indique l'art de conduire l'enfant. Elle est fondée sur l'exigence selon
laquelle l'enfant né avec une multiplicité des capacités, mais qu'il a besoin d'être aidé pour
réaliser toutes ses capacités tout au long de sa croissance. L'éducation est un fait proprement
humain. Le discours pédagogique est lié à celui anthropologique et éthique.

Dans l'antiquité, la pédagogie faisait partie des systèmes philosophiques. L'idéal


gréco-romain portait sur la formation de l'homme en tant que citoyen.

Au Moyen Age, la pédagogie était devenue un chapitre de la théologie en raison du


primat atteint par le problème éthico-religieux où l'on visait à former un citoyen Saint.

A l'époque de l'humanisme et de la renaissance, à l'âge de la lumière, l'idéal était


celui de former un homme cultivé ainsi que la formation intégrale de ce dernier, la formation
humaine, spirituelle etc. Pour atteindre cet objectif, il fallait recourir aux sciences auxiliaires, à
savoir, la biologie, la psychologie, l'anthropologie, la sociologie, l'histoire, la philosophie,
l'éthique, l'esthétique etc.

A l'époque contemporaine, la pédagogie est orientée vers la révolution


copernicienne. La cheville centrale de l'action educatrice n'est plus, comme dans le monde
classico-medieval, le maître, mais plutôt l'apprenant. Puisque l'éduqué est le protagoniste de
l'action educatrice, l'éducation aura comme finalité la formation de la personnalité de celui-ci. La
personnalité étant la résultante des éléments originaires, héréditaires et acquis.

L'apprenant est un sujet doté d'activités, de personnalité et de créativité. L'éducation


doit promouvoir la personne et la rendre capable d'autopromotion. La lecture de l’ouvrage de
Mwenze wa Kyungu sur la philosophie de l’éducation est recommandée par rapport à ce
problème philosophique précis.
Section 5. Le problème politique et social

Le caractère politique et social de la nature humaine, déjà mise en évidence par


Aristote dans le Politique a atteint aujourd'hui une importance capitale et dominant. L'homme est
un être politique mais également un être social.
§1. La nature sociale de l'homme

Depuis l'origine de son histoire, l'homme est un être vivant en société en


commençant par sa propre famille, sa tribu, son clan, son village, sa nation etc. Renan parlait à
15

ce sujet du vouloir vivre collectif qui caractérise tout homme. L'homme, en tant que tel, ne peut
satisfaire ses besoins et réaliser ses aspirations sans être en relation avec ses semblables.

Et Platon ajoute que l’homme doit accomplir sa tâche dans la société dans la
condition où l’appellent ses capacités.

La philosophie sociale de Platon distingue trois classes sociales, en tenant compte


des capacités des hommes. Ces classes sociales sont subordonnées les unes aux autres :

1. La classe des Magistrats-philosophes qui gouvernent ;


2. La classe du Guerriers-Gardiens qui maintiennent l’ordre dans la Cité et
protègent les institutions ;
3. La classe des Producteurs, Agriculteurs et Artisans : ceux qui produisent les
biens dont la société a besoin.

Selon Platon, la justice dans la Cité est la subordination hiérarchique des classes : la
sensualité (matérialisme vulgaire) des producteurs est subordonnée au courage, des guerriers, qui
est lui-même subordonné à la sagesse des magistrats-philosophes. Cette juste hiérarchie n’est pas
totalement bloquée : une mobilité sociale existe, qui résulte de l’éducation. Les âmes des êtres
humains ne sont pas toutes de même valeur, de même qualité : les unes sont d’or, d’autres sont
d’agent, d’autres encore de fer. Le juste sera de permettre à ceux qui ont des âmes d’or de
devenir magistrats, à ceux qui ont des âmes d’argent d’être gardiens, et à ceux qui ont des âmes
de fer d’être producteurs. Les magistrats sont tenus de faire respecter la hiérarchie au moyen de
la sélection par l’éducation.
§2. La fin ultime de l’homme et la nature politique de l'homme

La fin ultime de l'homme qui vit en société, est, selon Aristote, le bonheur. Cette
recherche du bonheur est facilitée par l'Etat. Pour ce philosophe, le problème politique investit
l'origine et le fondement de l'Etat, sa meilleure forme, son action politique, sa finalité, la nature
de son action politique, ses rapports avec l'Eglise, avec les Partis politiques etc.

Selon Hegel, l'Etat a comme origine la volonté de l'esprit absolu. Pour Hegel,
Spinoza et Jean Jacques Rousseau, le contrat social est à la base de l'Etat. Ce contrat implique
que chaque individu renonce librement à une partie de sa liberté pour se donner à tous, sans
pourtant se donner à personne. « Le contrat social est pour JJ Rousseau la meilleure des
conventions possibles, parce qu’il garantit, plus que toute autre forme d’association, les libertés
individuelles ». Il est l’expression de la volonté générale, et comme fruit de l’intérêt commun, il
traduit la volonté générale. Aussi, il permet au peuple de se gouverner, mais par l’intermédiaire
des représentants qu’il se choisit librement.

Pour Karl Marx, l'Etat naît du besoin des hommes de satisfaire leurs besoins
élémentaires, à travers l'aide réciproque. Toutefois, les diverses formes qu'assument
successivement l'Etat sont dues à l'arbitraire de l'homme en rapport avec la distribution de trois
éléments constitutifs de l'Etat, à savoir, le Capital, le travail et les moyens de production.
16

§3. Le rôle de l'Etat


En considérant l'Etat en relation avec l'accomplissement du bien commun, Platon et Aristote
distinguent les formes de gouvernement justes et celles injustes. Parmi les formes dites justes,
nous pouvons énumérer la monarchie, l'aristocratie et la Démocratie et parmi celles injustes,
nous avons la tyrannie, l'oligarchie et la Démagogie. La monarchie est un gouvernement d'une
seule personne qui protège le bien de tous ; l'aristocratie, est le gouvernement des vertueux qui
protègent le bien de tous sans s'attribuer des privilèges et la République, un gouvernement
populaire qui protège le bien de toute la communauté. En outre, la tyrannie est le gouvernement
d'un seul individu qui poursuit ses propres intérêts ; l'oligarchie, le gouvernement des riches à la
recherche de leur bien économique personnel. La démocratie c’est le pouvoir du peuple, par le
peuple et pour le peuple. Dans la démocratie, c'est qui compte, c'est la voie de la majorité au
détriment de celle de la minorité. Quid alors de la meilleure forme de gouvernement celui qui
répond le mieux à l’ordre naturel, en théorie et en pratique ? Dans l'Antiquité et le Moyen Age,
c'était la monarchie, l'aristocratie et la République qui étaient regardées comme la meilleure
forme. Aujourd'hui, c'est la forme Républicaine qui est considérée comme la plus adaptée à la
protection des droits et à l'accomplissement du bien commun.
Aussi le gouvernement idéal, celui qui assure la vie parfaite et idéale, est-il pour Aristote
celui qui répond le mieux aux exigences de la démographie, de la géographie et de la hiérarchie
naturelle des êtres.
Section 6. Le problème de logique

« Il n’y a pas de philosophie qu’on puisse apprendre, il faut apprendre à


philosopher ». Cette pensée de Kant oriente en quelque sorte tout le problème logique ou de
raisonnement.

La faculté de raisonner est le don le plus précieux par lequel on définit l’homme, cet
animal à la fois politique et raisonnable. Mais, on apprend plus surement à raisonner en suivant
les règles que les personnes instruites ont tracées d’avance, c’est-à-dire en s’initiant à la
« science des conditions à priori de la validité de la pensée » ou la logique.

Elle est cette partie de la philosophie qui étudie la cohérence et la validité des
raisonnements sur le plan de la forme et celui du contenu. Retenons que Aristote, alors biologiste
et philosophe, est l’inventeur de la logique ou art de raisonner pour arriver à la vérité. On
l’appelle parfois le père du syllogisme.

Il y a lieu de distinguer la logique formelle ou mineure ; la logique matérielle ou


majeure et la logique informelle.

La logique formelle a pour objet la détermination de la validité des raisonnements,


des formes pures de la pensée considérées en elles-mêmes. Cette partie de la logique met
l’accent sur la forme des raisonnements au grand dam de leur contenu ou de leur valeur
gnoséologique.

La logique matérielle étudie le contenu des raisonnements dans les sciences


particulières et est devenue épistémologie. Elle se divise en deux : l’épistémologie ou l’étude
17

critique de la constitution des connaissances valables et la méthodologie des sciences, l’étude


critique des méthodes et procédés de production des connaissances jugées valables.

La logique informelle, qualifiée aussi de logique du quotidien, porte sur les


performatifs argumentatifs, les fallaces ou les paralogismes et leur valeur persuasive.
Section 7. Le problème éthique ou philosophie morale

Le problème éthique se ramène à l'étude de la conduite morale de l'homme. L'éthique


est une discipline normative, c'est-à-dire qui fixe des normes, des règles à observer. Elle ne dit
pas ce qui est, mais impose ce qu'il faut.

L'éthique se subdivise en éthique générale et en éthique spéciale. L'éthique générale


dégage les principes généraux qui régissent toute conduite morale et l'éthique spéciale réfléchit
sur l'application de ces principes à des situations concrètes. C'est ainsi qu'elle étudie par exemple,
la morale familiale, la morale professionnelle, la morale internationale etc. Les commentaires qui
suivent vont nous éclairer davantage.
§1. Portée

Etymologie : du grec ethikos, moral, de ethos, mœurs. L'éthique est la science de


la morale et des mœurs. C'est une discipline philosophique qui réfléchit sur les finalités, sur les
valeurs de l'existence, sur les conditions d'une vie heureuse, sur la notion de « bien » ou sur des
questions de mœurs ou de morale.
En philosophie, l’éthique c’est la science des principes de la morale. Les principes
éthiques sont de règles morales qui régulent les interactions sociales.
C’est la science qui a pour objet le jugement d’appréciation sur les actes
qualifiés bons ou mauvais. Elle se distingue de l’éthologie et de la morale.
L’éthologie quant à elle est la science ayant pour objet la conduite des hommes
abstraction faite de tout jugement et de toute appréciation.
L’éthique n’est pas tellement la même chose que la morale. L’éthique est plus
théorique que la morale ; elle se veut davantage tournée vers une réflexion sur les fondements de
la morale. Elle s’efforce de déconstruire les règles de conduite qui forment la morale, les
jugements de bien et de mal qui se rassemblent au sein de cette dernière.
La morale, au contraire, est un ensemble de règles propres à une culture ; elle
s’impose à l’individu de l’extérieur, même si elle est ensuite intériorisée. Exemple : tu ne tueras
pas, tu ne voleras pas, … Ces règles varient d’une culture à une autre, d’une société à une autre.
Et on dit, ce sont des règles fluctuantes, changeantes selon une époque à une autre.
On peut inférer que l’éthique est l’ensemble des principes qui sont à la base de
la conduite de chacun, alors que la morale est l’ensemble des règles de conduite socialement
considérées comme bonnes.
Ou encore l’éthique est la partie théorique qui dégage les principes relatifs à la
conduite humaine, et la morale est l’application de ces principes à une époque ou dans une
société donnée.
18

De ce fait, la morale comprend les normes et valeurs sociales qui guident à la fois
les personnes et leur interaction avec leurs semblables, leur communauté et avec leur
environnement. Dans tous ces types d'interaction, il y a d'importantes valeurs en jeu; il y a des
règles et des normes de nature à protéger ces valeurs; des devoirs attachés aux rôles et situations
sociaux qui peuvent stimuler ces valeurs et renforcer ces règles; et des vertus humaines ou
aptitudes qui nous permettent d'agir en conséquence. Ces facteurs moraux sont généralement
indissociables des pratiques religieuses et des structures sociales du pouvoir.
Et L'éthique devient une analyse systématique et critique de la morale et des
facteurs moraux qui orientent la conduite humaine dans une société ou une activité donnée. A
titre d’exemple, la pêche représentant une interaction entre l'être humain et l'écosystème
aquatique, l'éthique de la pêche porte sur les valeurs, règles, devoirs et vertus pertinents à la fois
pour le bien-être de l'être humain et le bon état de l'écosystème, et elle fournit une analyse
normative critique des questions d'éthique qui sont en jeu dans ce secteur d'activités humaines.
Lorsque les valeurs morales, règles et devoirs effectifs sont assujettis à une
analyse éthique, leur relation avec les intérêts humains essentiels communs à tous, quel que soit
leur contexte culturel, est particulièrement importante. Les valeurs morales peuvent évoluer et le
raisonnement moral pose la question de savoir si les pratiques qui sont légitimées
traditionnellement ou de fait par la religion, le droit ou la politique valent la peine d'être
reconnues. En effet, l'évolution de l'éthique depuis 100 ans a été caractérisée par une tendance à
réexaminer et renverser les conventions morales qui présidaient à l'interaction entre les sexes,
entre les êtres humains et les animaux et entre les êtres humains et leur environnement. Plus
récemment, l'éthique s'est attachée à résister aux tendances de la mondialisation et de la
technicisation qui érodent à la fois la biodiversité et les aspects de valeur de l'identité culturelle
et peuvent même avoir des effets qui menacent les droits de l'homme. Ces tendances sont
souvent présentées comme neutres au point de vue des valeurs, mais elles reposent sur des
hypothèses implicites qui sont sources potentielles d'inégalités et d'abus.

En bref, l’éthique a pour objet le monde moral, les valeurs morales, les lois
générales et particulières que doit suivre l’agir humain pour être conforme à la vocation de
l’homme. Il s’agit ici des qualités que doivent revêtir nos actes libres pour répondre aux
exigences profondes de notre nature et de nos relations avec le monde, avec les autres hommes,
avec Dieu.

Il s’agit des principes généraux et universels (éthique générale), soit des principes
particuliers (éthique spéciale ou éthique professionnelle). Tout homme normal doit cultiver en lui
le sens moral, c’est-à-dire le sens du bien et du mal, le sens du permis et du défendu. Le sens
moral se résume finalement dans la recherche des vertus et du sens de la responsabilité.
§2. Les domaines du Droit, de la Morale et de la philosophie morale

Le Droit renvoie à la régulation des comportements par la loi alors que l’éthique
renvoie plus largement à la distinction entre le bien et le mal, à ce qu’il convient de faire
indépendamment ou au-delà de nos obligations strictement légales. Malgré cette distinction
apparemment claire des deux champs, force est de constater que le droit se tourne fréquemment
vers l’éthique et l’éthique vers le droit. Le droit s’appuie sur l’éthique lorsqu’il s’agit d’opérer
des jugements au cas par cas dans un cadre plus souple et moins formellement contraignant. A
19

l’inverse, certains mouvements associatifs attendent que le droit mette au service de leurs
revendications éthiques sa force contraignante pour donner corps à leurs aspirations. Cela
conduit à se demander jusqu’où le droit est marqué par l’éthique et jusqu’où l’éthique peut
suppléer le Droit ?
A. Déclinaisons de ces concepts

Pour grand nombre d'observateurs, la question des relations tripartites entre droit,
morale et éthique, ne se pose même pas car ils télescopent la morale et l'éthique. Tantôt, « Il
n'existe en effet aucune différence entre le mot 'éthique' et le mot 'morale' ». Ou encore, « La
quasi-disparition du discours moral a aujourd'hui laissé le champ libre à l'éthique ». D'autres
réduisent l'éthique à l'obéissance à la loi.

S'agissant du rôle du droit dans cette conjugaison tripartite, il est traditionnellement


pris dans la littérature française comme une donnée positive. Le droit correspond aux normes
adoptées selon la constitution. Pour Lévi-Strauss, le droit n'est qu'une « forme assez basse de
technologie ». Le débat, courant dans les cercles juridiques anglo-américains sur les valeurs
susceptibles d'influencer les contenus du droit a ainsi été esquivé jusqu'à récemment.

Quand les commentateurs ont cherché un fondement au droit au-delà du respect des
impérieuses règles de la nature, le plus souvent ils ont invoqué la raison. Mais, la confusion naît
de l'interposition entre le droit et la raison de la morale ou de l'éthique. Par exemple, selon Kant,
la raison détermine la moralité qui inspire le droit.

D’après Kant, dans Métaphysique des mœurs, les lois se divisent en deux catégories :
le droit et l’éthique.

DROIT ETHIQUE

Rapport entre individus Rapport entre soi et soi

Action Intention

Liberté extérieure Liberté intérieure

B. La proposition de modèle de rapport

On peut arriver à proposer un modèle de conjugaison du droit, de la morale et de


l'éthique, en partant de définitions laissant à chaque notion une part d'indépendance des deux
autres.

Suivant la proposition de John Stuart Mill, le domaine du droit est caractérisé par
l'imposition de sanctions de la violation de ses règles par des mesures de limitation de la liberté
20

ou par la confiscation de biens. La gravité des sanctions entraîne que les règles de droit doivent
être fondées dans la « raison » (« reason ») et qu'elles ne s'appliquent qu'aux comportements
préjudiciables pour autrui.

Le recours à la « raison » implique une argumentation logique appliquée à des


situations de fait. La « raison » est infusée d'une objectivité susceptible d'attirer l'adhésion.

Une règle de droit doit être « nécessaire » ou « utile » pour la gestion rationnelle de
la société. Elle est appréciée téléologiquement à l'aune de critères tels que la proportionnalité.

La punition d'un meurtre est clairement justifiable car l'acte porte atteinte à autrui,
celle d'un suicide le serait de manière moins systématique. Le trafic d'opium est pour Mill
répréhensible par la loi, alors que sa consommation pourrait être envisagée comme un acte ne
concernant que le consommateur. Si un comportement peut être entrepris sans préjudice pour
autrui, même s'il déplaît à certains, il n'y a pas lieu de l'interdire par la loi. Le nudisme dans un
camp établi pour accueillir les adhérents de cette pratique peut être isolé, mais cette même
attitude adoptée en public se transforme en exhibitionnisme ou d’attentat à la pudeur interdit par
la loi congolaise (Code pénal Livre II).

La morale est animée par l'émotion, la croyance, ou d'autres facteurs, mais pas
nécessairement par la raison, et peut même être contraire à ses exigences. Corrélativement, la
panoplie des sanctions morales ne comprend pas la privation de liberté ou la confiscation de
biens, mais au pire diverses formes d'ostracisme. Les exigences de la morale, qui ne sont pas
appréciées à la lumière de la raison, ne justifient pas en soi l'application de sanctions légales. Le
domaine de la morale couvre toutes les relations sociales. À supposer la consommation de
l'alcool légale, rien n'interdit à ceux qui estiment ce comportement comme insupportable
d'exprimer leur point de vue en évitant les rencontres fêtées à la Bacchus. La pornographie est
rarement défendue pour sa valeur morale, mais de moins en moins de sociétés en interdisent la
consommation ou la circulation dans des cadres limités.

Pour bien saisir l’évolution des relations entre droit et morale, il nous semble
nécessaire de distinguer deux niveaux où peuvent se jouer ces interactions. Le premier serait
celui des références normatives, le second celui de ce que nous appellerons les formes
d’interprétation de l’action. C’est d’ailleurs sur ce dernier que s’appuie la distinction kantienne
puisque ce qui fait question chez Kant c’est bien la possibilité d’opérer deux lectures de
l’activité, l’une morale et l’autre juridique. Un acte peut ainsi être juridiquement conforme tout
en étant guidé par de mauvaises intentions et donc moralement douteux.

Au premier niveau des chevauchements entre droit et morale seraient en jeu des
contenus moraux substantiels, par exemple lorsque est mise en évidence une discrimination dont
serait l’objet telle ou telle catégorie sociale, le droit étant appelé à la condamner. Au second
niveau seraient en jeu les formes dans lesquelles est interprété l’acte litigieux, objet du recours
juridique. Dans ce second cas, il s’agit bien aussi de relations entre droit et morale dans la
mesure où l’enjeu de l’interprétation juridique est de savoir si l’acte incriminé sera ou non
interprété selon une grille de lecture faisant appel aux catégories morales, intention,
responsabilité, volonté, faute, culpabilité… Cela mérite quelques éclaircissements.
21

En reprenant l’hypothèse aujourd’hui classique de Michel Villey, on peut admettre


que le droit moderne s’est construit autour d’un processus de « subjectivisation », c’est-à-dire
d’un processus au terme duquel les notions morales d’intention, de volonté, etc., mais aussi de
faute et de culpabilité sont devenues constitutives du droit. Ce qui différencie fortement le droit
moderne du droit romain par exemple. D’une certaine façon, il serait d’ailleurs possible de suivre
l’évolution du droit moderne et bien sûr particulièrement du droit pénal moderne, à travers
l’évolution des formes de problématisation de l’intention. Il faut d’ailleurs se rappeler que
l’expérience du droit que connaît Kant est en réalité dominée par une perception de la faute dans
laquelle l’objectivité de la « faute » conduit bien plus naturellement qu’aujourd’hui les juges à
« présumer » l’intention ; ce qui explique par exemple qu’à l’époque les « fous » ou les
« animaux » soient condamnés à l’égal des « normaux », précisément parce que la folie est alors
présumée résulter d’un abandon volontaire aux « passions ». L’histoire ultérieure du droit se
caractérisera par une problématisation plus complexe des intentions. Que cela soit à travers par
exemple la prise en compte des circonstances atténuantes (intégrées en général dans les corpus
juridiques durant la première moitié du dix-neuvième siècle) ou à travers les divers discours
produits par les sciences humaines à propos de l’autonomie de la volonté et, en particulier, le
discours psychopathologique.

Ces dernières remarques invitent d’ailleurs à une reconsidération des positions


kantiennes, qui se situent très certainement en deçà des pratiques juridiques effectives. Le droit,
loin de ne s’occuper que de la conformité externe des actions au devoir, comme le suggère Kant,
s’emploie aussi très certainement à percer les intentions des acteurs. Bref, la question de la
surcharge du droit par la morale et de leur « nécessaire » séparation mérite sans doute quelques
nuances et problématisations.

Les domaines du droit et de la morale certes se recoupent, mais, en cas de règle


morale rétrograde ou anachronique, la règle du droit fondée dans la raison doit prévaloir. Telles
sont par exemples les positions de Von Ihering ou de Jean Dabin.

Par contre, l'éthique relève de la conscience et se distingue des deux autres


domaines par son intériorisation, sa totale subjectivité. Ce qui peut travailler l'esprit ne saurait
être limité à la raison, à l'émotion ou à toute autre cause.

Les appréciations éthiques ne sauraient se porter au-delà de l'individu. Une règle


d'éthique est personnelle, elle ne s'impose pas en tant que telle aux autres. Les
manquements par autrui à ses propres règles d'éthique ne sauraient justifier l'application à
leurs auteurs de sanctions morales ou légales.

Ceci n'exclut pas l'application de sanctions morales ou, le cas échéant, légales
lorsque les comportements contraires à l'éthique violent par la même occasion les croyances, les
coutumes, les règles d'étiquette, les tabous, etc. de tout groupe social et/ou les règles de la raison
articulées dans la norme juridique. C’est le rapport entre ces notions.

En bref :

Le Droit, la morale et l'éthique couvrent des domaines qui se recoupent, mais que
partiellement.
22

En distinguant leurs domaines d'application, chacun peut adopter des comportements


mesurés en fonction de leur nature.

Le droit se caractérise par son recours à la raison pour régir les comportements
ayant des effets sur les droits d'autrui ainsi que par la force obligatoire de ses règles et la
possibilité de sanctions privatives de liberté ou de droits de propriété.

La morale est inspirée par l'émotion ou les croyances et la violation de ses règles ne
doit pas entraîner des atteintes à la personne ou à ses biens.

L'éthique étant totalement subjective, l'individu ne répond qu'à lui-même de ses


choix dans ce domaine.

La réflexion éthique est indispensable pour :

1. Appliquer le droit,

2. Agir lorsqu’il se tait,

3. Le remettre en question et le faire évoluer.

Elle est possible en confrontation, mais en assumant les lucidement conséquences.


L’opposition doit être basée sur une bonne raison.
§3. De la prise en compte de l’éthique par le Droit positif

Il s’agit en fait du domaine de l’éthique juridicisée. Georges Ripert avait autrefois


montré à quel point la règle morale irriguait et vivifiait le droit des obligations. Aujourd’hui,
l’intégration des valeurs éthiques dans le système juridique se manifeste à beaucoup d’égards,
nous pouvons citer :

1. A tous les stades de l’existence du contrat s’impose une éthique contractuelle


qui s’exprime essentiellement dans une exigence de loyauté, strictement
sanctionné par la loi et la jurisprudence dans la conclusion comme dans
l’exécution du contrat. Aux obligations traditionnellement imposées par le code
civil livre III, le droit moderne a ajouté à la charge des parties un certain
nombre de devoirs moraux, telle la coopération, la collaboration, la
minimisation du dommage subi, l’information, qui concourent à définir une
certaine justice contractuelle au regard d’une éthique moins individualiste, axée
sur un intérêt contractuel commun ;
2. Une éthique sociale impose aux acteurs de la vie professionnelle le respect de
diverses règles morales. La jurisprudence fait une large application dans les
relations d’affaires de la notion de fraude, dont l’illicéité a été érigée en principe
général du droit, et peut être étendue de manière extensive dans les cas qui lui
paraissent excéder les limites de la simple habileté ou même de l’abus. Par
exemple, l’interdiction ou la restriction d’importation de certains biens pour la
défense se «la morale publique », rentre dans cette éthique sociale.
23

3. Une éthique économique s’efforce de moraliser le déroulement de la


compétition économique et d’assurer entre ses protagonistes les conditions
d’une concurrence équitable et loyale : c’est le rôle de la théorie de la
concurrence déloyale et des règles légales veillant du respect d’un marché
financier équitable et transparent par la sanction des opérations d’initiés et de
manipulation de cours.   L'éthique libérale est la reconnaissance de l'autre
comme son égal. Elle se garde bien de lui dicter une marche à suivre. Elle
comprend que tout ce qu'elle peut exiger de l'autre est de ne pas être agressé et
de ne pas être volé, car il y a réciprocité 8. Elle considère l'homme pour ce qu'il
est, car c'est dans son intérêt.  

Beaucoup de domaines du droit sont donc aujourd’hui imprégnés de considérations


éthiques.

§4. Ethique, Déontologie et Droit

Les juristes formés au sein de la Faculté ont vocation à exercer plusieurs fonctions
juridiques (ou seulement judiciaires) au sein des institutions nationales qu’internationales
(magistrats, avocats, conseillers juridiques, parlementaires, agents de l’Etat, diplomates,
fonctionnaires internationaux, animateurs des associations civiles, etc.), de ce fait ils doivent
intégrer la dimension éthique dans l’exercice de leur fonctions, tel est le bien-fondé de cette
section qui analyse les fondamentaux de cette éthique professionnelle. Il s’agit en fait d’une
éthique autonome.

A. De la déontologie et éthique professionnelle

Le mot déontologie désigne l'ensemble des devoirs et des obligations imposés aux


membres d'un ordre ou d'une association professionnelle. ... Il n'est pas nécessaire, pour se
conformer à la déontologie, de réfléchir aux valeurs qui ne la sous-tendent ni même de partager
ces valeurs. Le concept « déontologie » a été créé par le philosophe anglais Jeremy
Bentham dans son livre intitulé « Deontology or the Science of Morality »9. En effet, la
déontologie (du grec deon, -ontos, ce qu'il faut faire, et logos, discours) est la science morale qui
traite des devoirs à remplir.

On l'emploie principalement dans deux contextes différents :

1) Le premier, d'ordre philosophique, pour désigner une approche ou une théorie morale qui
insiste sur le devoir, l'obligation (par exemple chez Kant) par opposition à une morale
centrée sur le bonheur, les valeurs ou sur la seule utilité; 
2) le second contexte, plus commun, pour désigner les règles et devoirs propres à
l'exercice d'une profession ou au fonctionnement d'une entreprise. On parle alors

8
Pour plus de deatials, voir DUPRE, D., Ethique et Capitalisme, Economica, Paris, 2002, p.53.
9
Voir aussi CHAMPS, E. ,  La déontologie politique  ou la pensée constitutionnelle de Jeremy Bentham, Paris,
2008 ; COMMAILLE, J., « Éthique et droit dans l'exercice de la fonction de justice », in Sociétés contemporaines,
N°7, L’Harmattan, Paris 1991, pp.87-101 ; GENARD, J-L., « Droit, éthique et responsabilité », in Éthique
publique, vol. 3, n° 2 | 2000, en ligne, URL : http://journals.openedition.org/ethiquepublique/2507(le 22 janvier
2022).
24

communément de déontologie professionnelle, déontologie médicale, déontologie des


affaires, déontologie des avocats, déontologie des magistrats, etc.

Sous cette section, l'éthique est une compétence professionnelle. Alors que la


morale définit des principes ou des lois générales, l'éthique est une disposition individuelle à
agir selon les vertus, afin de rechercher la bonne décision dans une situation donnée.
L'éthique au contraire n'a de sens que dans une situation10.

L'Éthique déontologique ou déontologisme (dérivé d'un mot grec signifiant


« obligation » ou « devoir ») est la théorie éthique qui affirme que chaque action humaine doit
être jugée selon sa conformité (ou sa non-conformité) à certains devoirs.

Le déontologisme s'oppose ainsi au conséquentialisme, qui affirme que les actions


humaines sont à juger uniquement en fonction de leurs conséquences.

Le déontologisme moniste fait dériver toutes nos obligations d'un unique principe,
comme l'impératif catégorique dans la doctrine de Kant.

Le déontologisme pluraliste refuse un tel réductionnisme et affirme que les actions


humaines sont à juger en fonction de plusieurs principes distincts, comme le devoir de ne pas
faire de mal à autrui inutilement (principe de non-malfaisance), le devoir de se conformer aux
engagements librement donnés (principe de fidélité), le devoir de remercier ceux et celles qui
nous ont aidés (principe de gratitude), le devoir de compenser les personnes à qui nous avons fait
un tort (principe de justice restauratrice), etc.

B. Code d’éthique et code de déontologie

Un Code d'éthique définit ce qui est considéré comme étant une conduite acceptable


et un comportement correct. ... Ces valeurs sont généralement organisées en une série de
principes de base qui définissent les normes de comportement attendues des membres dans
l'accomplissement de leurs fonctions.

Un Code de déontologie c'est un ensemble de droits et devoirs qui régissent une


profession, la conduite de ceux qui l'exercent, les rapports entre ceux-ci et leurs clients ou le
public.

Le Code de déontologie est un des mécanismes mis en place pour garantir au public
que le professionnel agira de façon compétente et intègre. On y retrouve l’ensemble des devoirs
et obligations imposés aux professionnels dans l’exercice de leur profession. Ces devoirs et
obligations sont autant de règles dont le respect est impératif ; le défaut de s’y conformer
entraîne une sanction, s’il est porté à la connaissance des autorités compétentes (en l’occurrence,
ici, le syndic de l’ordre auquel appartient le professionnel fautif, le bâtonnier pour les avocats).
Dans ce contexte, la déontologie consiste donc en une codification qui se rapproche du modèle
juridique où sont énoncées des règles contraignantes et où sont mis en place des mécanismes
d’enquête et de sanction.

10
LEGAULT, G., Professionnalisme et délibération éthique. Manuel d’aide à la décision responsable, Sainte-Foy,
Presses de l’Université du Québec, 1999, p.31.
25

Évidemment, on souhaitera que le professionnel se conforme aux règles qui


s’imposent à lui par souci de bien servir ses clients et le public en général. On souhaitera
également qu’il soit animé par des motifs autres que la simple crainte de subir des sanctions s’il
lui arrivait de contrevenir à ces règles. Toutefois, il est essentiel de le souligner, la déontologie
est animée par une visée de conformité comportementale. Ce qui importe par-dessus tout, pour
ce mode de régulation des actions, c’est que le destinataire de la règle – le professionnel – se
comporte de la façon dont l’exige la règle. La déontologie pense donc le rapport de l’agent moral
à la règle selon un modèle que l’on qualifie de command and control. Il n’est attendu et exigé
qu’une seule chose : l’obéissance à la règle.

En deçà, ou au-delà, de la déontologie se posent des questions d’éthique


professionnelle. C’est là que les règles de la déontologie se voient interrogées de façon à en
dégager le sens, la pertinence et la validité. L’éthique professionnelle se présente comme la
discipline qui propose une réflexion sur les règles de la profession et sur les pratiques
professionnelles de façon, dans la mesure du possible, à les rendre meilleures. De façon
analogue, on parlera aussi de l’éthique des professionnels en référence aux valeurs auxquelles ils
adhèrent et qui les motivent à agir dans un sens ou dans un autre. On attendra ainsi de l’agent
moral, de manière générale, qu’il décide d’agir non par simple obéissance à la règle qui s’impose
à lui, mais parce qu’il valorise certaines manières d’être et de faire les choses. Pour le dire
autrement, l’éthique fait appel à la capacité de réflexion et à l’autonomie des agents qui devraient
dès lors être en mesure de choisir les actes qu’ils poseront en fonction des valeurs que ces
comportements incarnent. Ainsi comprise, l’éthique est animée par une visée d’autonomie et
d’expression des capacités réflexives des agents moraux ; d’autre part, le rapport de ces agents à
la règle est pensé en fonction d’une médiation par des valeurs. Dans une perspective éthique, en
effet, s’il y a obéissance à la règle, c’est parce que celle-ci ou les comportements qu’elle exige
actualisent une ou plusieurs valeurs qui sont jugées importantes par l’agent.

On voit par-là que la déontologie et l’éthique (professionnelle) ont des visées


différentes, mais qu’elles ne sont pas pour autant d’emblée incompatibles. La première vise une
conformité comportementale à la règle énoncée et s’en remet à l’autorité de la règle et à la
menace de sanction pour arriver à ses fins. La seconde vise une adhésion librement consentie à
des valeurs qui donneront sens aux comportements de l’agent moral et aux règles qu’il
respectera. Elle s’en remet pour cela à l’autonomie et aux capacités réflexives des agents
moraux. Ces visées ne sont pas d’emblée incompatibles dans la mesure où il est possible qu’un
agent moral se conforme à la règle (visée déontologique) parce qu’il considère que ces règles
font sens et qu’elles rejoignent ce qu’il juge être valable de faire compte tenu de son rôle et de sa
fonction sociale (visée éthique). Elles ne sont pas incompatibles, également, dès lors que l’on
reconnaît le fait que les règles – aussi précises et détaillées puissent-elles être – ne parviennent
pas à prévoir et à baliser toutes les situations problématiques, ambiguës et complexes que
peuvent être appelés à vivre les agents moraux dans l’exercice de leurs fonctions. Pour ces
situations, il doit être fait appel au jugement de l’agent moral que l’on souhaitera suffisamment
autonome et réflexif.

Rien n’assure, cependant, qu’une infrastructure de régulation misant à la fois sur la


déontologie et l’éthique aura pour résultat que les agents s’engageront dans des actions se
conformant aux règles déontologiques qui y sont énoncées. On verra toutefois plus loin que le
26

seul recours à la déontologie n’est pas plus probant. Pour l’instant, il faut surtout retenir que la
cohabitation de la déontologie et de l’éthique est possible. Si l’on compte miser sur l’une et
l’autre dans une infrastructure de régulation des comportements, on se doit de bien comprendre
ce qui distingue l’éthique de la déontologie et se donner les moyens de faire en sorte que leurs
visées respectives puissent être atteintes.

Mais, on peut difficilement envisager en effet que des agents de l’Etat ou


professionnels privés (avocats par exemple) soient soumis à un code d’éthique et de déontologie
dans une perspective dissuasive et punitive et en même temps qu’il leur soit demandé de
s’engager sur une base volontaire et avec enthousiasme par rapport à un énoncé de valeurs dont
la qualité éthique est présentée sous un mode préventif et participatif.

Ce n’est certainement pas la façon la plus judicieuse de penser l’équilibre entre


l’éthique et la déontologie dans les infrastructures de régulation des comportements.

Dans la vie professionnelle et économique se sont multipliés les codes de conduite,


d’éthique ou de déontologie, que ce soit dans le secteur libérale, le secteur de la distribution et
des services, le secteur financier et boursier ou dans le commerce international. Tous visent à
bannir l’emploi de procédés ou de comportements incompatibles avec la morale professionnelle
ou commerciale ou financière, et ainsi, à fortifier la légitimité de l’économie de marché.

En fin, lorsque que ces règles éthiques et déontologiques sont coulées en termes de
normes juridiques c’est législation ou codification du moins dans cette matière précise : c’est du
droit objectif, tel est encore la relation entre l’éthique, la déontologie et le Droit.

Ainsi, on met en général l’accent sur la complémentarité de l’éthique et du Droit,


mais soit en leur assignant des zones d’intervention distinctes, ce qui maintient l’éthique en
position d’auxiliaire du droit, soit en faisant de l’élaboration des règles éthiques une
manifestation de pluralisme juridique susceptible de prendre place dans le système juridique
général et d’acquérir une valeur juridique au sein de cet ordre.

A l’instar du droit congolais, pour les magistrats, on cite le Code d’éthique et de


déontologie des magistrats du 26 mai 2011 ; pour les avocats, l’ordonnance du 29 sept 1979 ;
pour les agents publics de l’Etat, le Décret-loi n° 017/2002 du 03 octobre portant Code de
conduite de l’agent public de l’Etat, etc. Et ces codes font allusion aux concepts : intégrité,
égalité, impartialité, probité, dignité, etc. Ces concepts riment bien avec les principes éthiques.

Section 8. Problème de Droit : De l’apport de la réflexion sur la philosophie au Droit

Il convient de préciser que le droit et une partie de la philosophie ont pour objet
l’analyse des normes et à ce titre, ces deux disciplines semblent avoir vocation à se rencontrer. Et
aussi, ces deux disciplines peuvent se rencontrer dans le cadre de l’interdisciplinarité qui régule
les questions scientifiques actuellement. Elle suppose le recours à une perspective plus générale
que particulière, capable d’accommoder plusieurs discours.
27

Ce rapport est possible à travers une méthodologie du croisement qui porte sur les
implications politiques, sociales et morales des normes juridiques.

Ainsi, les philosophes ont parfois tendance à se saisir de la question de la norme pour
la critiquer ou la prescrire, indépendamment de la manière dont elle s’incarne en droit. A cet
égard, la philosophie a pu apparaître à certains comme trop abstraite, utopique et sans connexion
directe avec l’ordre normatif réel. Alors, comment les approches abstraites de la philosophie
peuvent-elles être traduisibles dans le droit positif ?

Michel Villey dit à ce sujet qu’il faut une philosophie appliquée au droit. Une
philosophie qui s’applique à discerner les structures générales du monde est en mesure
d’apporter au droit ce complément : une définition.

Discipline « architectonique », elle joue le rôle de berger de la multitude des


sciences ; apte à mettre chacune à sa place, à régler entre elles les conflits de frontières ; à
distinguer entre leurs sources de connaissance respectives ; à leur assigner leurs limites.

Cet office, la philosophie le tient envers la science du droit, du même coup qu’envers
les autres. Il lui appartient de déterminer le domaine du droit par rapport à la morale, la
politique et l’économie  ; de définir le droit (quid jus), la fin de l’activité juridique. A-t-elle
encore de discerner les sources spécifiques du droit, et qu’a de propre la méthode de la science
juridique, relativement à d’autres sources et d’autres méthodes11.

Nous disons que, déjà certains des plus grands juristes du siècle dernier, Georges
Ripert, François Gény, André Hauriou, Henri Batiffol, Hans Kelsen, Paul Roubier, ont perçu, à
un certain stade du développement de leur pensée, la nécessité de prises de position
philosophiques, encore que leur positivisme foncier les ait retenus de s’engager trop dans cette
voie.

Le droit est aussi l’une des sciences humaines où la réflexion philosophique devrait
amplement s’exercer. L’élucidation du concept général de droit ressortit de la philosophie, a-t-on
justement écrit : lorsque les juristes scrutent l’essence juridique, ils éprouvent le besoin de
vérifier que leurs hypothèses sont corroborées par la démarche philosophique. Ensuite, lorsqu’ils
analysent, aux deux pôles du juridique, la règle et les jugements, ils ne sauraient trouver de
réponses à leurs interrogations dans le droit seul, en s’abstrayant de la philosophie « le droit a
besoin d’une lumière extérieure pour fixer le rôle de la loi par rapport au droit et aux valeurs qui
l’inspirent dans la société contemporaine », de même que la conception du procès s’inscrit dans
une réflexion philosophique, car en dernière analyse, la justice a toujours été une finalité du
droit : celui-ci ne se ramène pas à un simple social engineering. Et c’est à ce niveau qu’il y a
nécessité « d’une métaphysique juridique ».

Ce problème de métaphysique est indissolublement lié à la question de finalité, quels


que soient l’échelon et la catégorie de faits où elle se pose. Le législateur qui élabore une règle
de droit (loi de but) doit avoir pris parti sur la valeur du but poursuivi, il doit avoir une doctrine
sur la famille, la propriété, le contrat, sur le sens dans lequel les sociétés doivent normalement

11
VILLEY, M., Philosophie du droit. Définitions et fin du droit. Les moyens du droit, Dalloz-Sirey, Paris, 2001, p.
23.
28

évoluer, il soit s’être fait une conception du progrès social ; sans quoi comment se permettrait-il
d’employer la contrainte juridique pour imposer à l’activité humaine certaines directions et lui
interdire d’autres ?

Edicter une loi de but sous-entend évidemment que l’on conçoit une hiérarchie des
buts à atteindre. Edicter une loi de but c’est formuler, implicitement tout au moins, un jugement
de valeur sur le but choisi et imposé et sur les buts dédaignés et défendus. Ce jugement de
valeur, est-ce autre chose qu’une affirmation d’ordre transcendantal sur ce que l’on considère
comme le bien et le mal social, comme le bien et le mal individuel ?

C’est en fait, la ratio legis de la loi. Et le Professeur Bompaka Nkey parle à ce sujet
dans ses enseignements de l’introduction au droit de « l’élément philosophique du droit »12,
lequel est lié à la justice, au droit naturel, la loi non écrite.
§1. Missions de la réflexion philosophique au Droit

Les approches abstraites de la philosophie peuvent-elles servir d’horizon pour


éclairer les juristes sur et dans leur pratique ou sur la production et le sens des normes
juridiques actuelles ou futures ? Cette question ramène ces missions sous l’angle théorique que
pratique.

Sur le plan théorique, la mission la plus évidente de la réflexion philosophique au


droit est d’ordre spéculatif, de manière générale la philosophie se préoccupe de l’essence du
juridique et s’efforce de cerner les fins et donc le fondement du droit.

Sur le plan pratique, la philosophie apparaît comme un besoin pour nombre de


praticiens du droit.

Ainsi, pour Camus et Dupin, héritiers de la grande tradition des juristes anciens, le
bon juriste est un praticien humaniste, un technicien philosophe et orateur, indissociablement et
historien aussi parce que, dans la culture gallicane du droit, le droit est d’abord histoire, le juriste
comme orateur. Le juriste doit être vrai orateur, c’est-à-dire un homme vertueux expert dans l’art
de la parole, compris ici comme art de la pensée. C’est la nature fondamentale du droit qu’il
s’agit de sa méthode et non d’un art auxiliaire et ornemental pour le juriste. Le juriste agit dans la
société par la parole ou par l’écrit en ayant élucidé son office, d’une part dans une pratique
réfléchie, d’autre part dans la fréquentation des philosophes enfin dans l’intelligence historique
de la dogmatique légale.

Pour preuve, les juges ont ressenti ces dernières années, dans un certain nombre de
domaines, les limites du syllogisme judiciaire : la légalité formelle ne fournit pas toutes les
réponses à toutes les questions. Par exemple, à l’occasion des débats judiciaires touchant à la
bioéthique et aux maternités de substitution : plusieurs juridictions n’ont pas hésité à ce propos à
évoquer le droit naturel. Il en est de même des questions d’avortement, d’euthanasie, etc. De
plus, l’ascension devant les cours et tribunaux de tous ordres de la notion de principes généraux
du droit et de celle de droits fondamentaux est inséparable d’une réflexion sur les finalités du
droit et de sa philosophie.

12
BOMPAKA NKEYI MAKANYI, « Cours d’introduction générale à l’étude du Droit », G1 Droit, 2004-2005.
29

En outre, les avocats et arbitres sont très souvent conduits dans l’accomplissement de
leurs taches à mettre en œuvre des procédés qui relèvent des méthodes de philosophie. Ainsi, en
va-t-il de leur travail herméneutique, ou de l’utilisation de la rhétorique dans l’argumentation et
la démonstration d’une thèse ; en outre, dans beaucoup d’affaires de dimension géopolitique ou
économique, notamment en matière internationale, une approche purement technicienne des
problèmes s’avère insuffisante. Il y faut aussi une approche métaphysique ou philosophique.

Par ailleurs, plusieurs concepts développés par l’analyse économique contemporaine


ainsi, la théorie des jeux, impliquent pour leur mise en perspective le recours à la philosophie,
par exemple à la notion de rationalité, et conduisent au réexamen de quelques grandes questions
de philosophie juridico-politique et sociale abordées par Thomas Hobbes et Jean-Jacques
Rousseau (contrat social, équité sociale). Aussi, le nouveau courant de l’analyse économique du
droit, si en vogue aux Etats-Unis, met directement en cause la nature et la spécificité du droit, au
cœur de la réflexion des philosophes. En fin, théoriciens de l’économie et de la gestion
retrouvent aujourd’hui l’éthique, souci égal dans le dialogue des juristes et des philosophes.
§2. Finalités du Droit

Nous avons dit que le problème de métaphysique est indissolublement lié à la


question de finalité, quels que soient l’échelon et la catégorie de faits où elle se pose. C’est sous
cet angle que nous allons analyser quelques fins du droit, lesquelles ont un soubassement
philosophique.

Ainsi, toutes les philosophies liées au droit (à l’exception du courant formaliste et


normativiste) admettent que l’élaboration du droit suppose que certains résultats doivent être
recherchés, et un auteur, Ihéring a pu affirmer avec éclat que le but donnait la clef de la
formation du droit.

Trois types de fins peuvent être développés : la justice, les fins individuelles et celles
collectives.
A. La justice

La recherche de la justice apparaît de l’Antiquité à ces jours, comme la constante


majeure parmi les diverses fins du droit.
1. Portée

Par définition, la Justice s’inscrit dans trois domaines distincts : d’abord, le terme
renvoie à une idée, à un idéal d’égalité qui peut être fondé soit sur une égalité arithmétique, soit
sur une égalité proportionnelle ; ensuite, la justice désigne une vertu, une disposition de l’homme
juste et enfin une institution qui concerne les tribunaux, les juridictions, qui rendent des
décisions de justice.

Déjà à son temps, Platon est habité par le désir de trouver une cité idéale, modèle de
société qui échappe au désordre, à la corruption et à l’usure du temps. Pour Platon, la mission de
l’homme politique est la découverte du Droit, c’est-à-dire du Juste, et les lois ne peuvent être que
justes : « une loi injuste, une loi mauvaise, n’est pas une loi, n’est pas du droit » (Platon, Les
lois).
30

Pour Platon le Droit ne peut être l’ensemble des règles positives émanant de l’Etat.
Bien au contraire, le Droit c’est le Juste. Dans la République, la justice est conçue comme la
vertu qui attribue à chacun sa part. Et ce sont les gouvernants qui savent ce qui appartient à
chacun, en ce sens qu’ils sont sages, qu’ils raisonnent justement, qu’ils ont une sorte
d’inspiration de ce qui est juste parce qu’ils sont philosophes. De plus, ces sages se soumettent à
la justice pour ce qui est de leur vie intérieure, ce qui signifie qu’ils soumettent leurs instincts à
leurs sentiments et leurs sentiments à la raison, de même dans la cité, ils sauront faire des lois
justes, ils sauront dire le Droit. Cela consistera à faire en sorte que l’homme accomplisse sa
tache dans la condition où l’appellent ses capacités. Selon Platon, la justice dans la Cité est la
subordination hiérarchique des classes (magistrats-guerriers-producteurs).

En égard, le dernier projet du code civil français de Mr Cambacérès, déjà connaisseur


de Kant, plus proche par le fait d’un jusnaturalisme avoué, avait comporté un livre introductif ;
l’on y retrouvait les accents de Cicéron : « il existe un droit universel et immuable, source de
toutes les lois positives  : il n’est que la raison universelle, entant qu’elle gouverne les
hommes ».

C’est pourquoi Friedrich August Hayek a choisi l’expression « règles de juste


conduite » pour désigner ces règles indépendantes de tout objectif, qui concourent à former un
ordre spontané, par opposition aux règles d’organisation qui sont ordonnées à un but 13. Les
premières sont le nomos qui est à la base d’une société privée et qui rend possible une Société
Ouverte ; les secondes, dans la mesure où elles sont la loi, constituent le droit public qui définit
l’organisation du pouvoir. Ainsi, lorsqu’Aristote dit que le juste repose dans la conformité à la
loi et à l’égalité, il ne donne rien d’autre que des critères du juste 14. Et Magali Bessonne,
d’estimer que « la justice est relative à des significations sociales » prédéterminées par la
manière avec laquelle les personnes sont liées les unes aux autres15.

La notion de justice est une des idées force guidant l’humanité. A toutes les périodes
de l’histoire, les philosophes et les théologiens se sont heurtés à ce concept de droit naturel.

Si l’on se rallie à l’idée que le droit est recherche du juste, encore convient-il de
s’accorder sur le contenu du terme : or, en dépit de l’absolu qu’il évoque, il est susceptible d’être
entendu de manières diverses selon la conception que l’on se fait de la vie en commun et de
l’articulation de l’individuel et du social.

S’agit-il d’instaurer une justice individuelle ou une justice sociale ? Une justice
commutative ou une justice distributive ? Une justice idéale ou une justice concrète ? Une justice
générale ou une justice particulière ?

Les Ecoles de pensée directement issue de la philosophie grecque enseignent que


l’art juridique vise simplement à attribuer à chacun le sien, car il n’est pas dans sa vocation de
poursuivre l’utilité, le bien-être des hommes, leur enrichissement, le progrès : il s’efforce
seulement d’assurer le partage des biens selon une proportion adaptée à notre état social réel.
13
HAYEK Friedrich A., Droit, législation et liberté. Une nouvelle formulation des principes libéraux de justice et
d’économie politique, P.U.F., Paris, 2013, p. 376.
14
ARISTOTE, Éthique à Nicomaque, reéd. Garnier, Paris, 1983.
15
BESSONE Magali, La justice, éd. Flammarion, Paris, 2011, p.22.
31

En ce sens, John Rawls, philosophe de renom du XX e siècle, dans sa théorie de la


justice, dégage deux principes fondamentaux de la démocratie libérale. Ces principes supposent
un large accord entre les citoyens d’une société démocratique pour toute action juste. Premier
principe : le principe de liberté est le principe fondamental. Il consiste en un droit égal pour tous
à un certain nombre de libertés fondamentales au niveau le plus élevé qui puisse être garanti de
manière égale à tous. Selon lui, la défense des libertés prime toujours, le traitement des inégalités
est subordonné au respect des libertés. Deuxième principe : ce principe de différence et du
principe d’égalité des chances.

Selon Rawls, il est impossible de rêver une abolition des inégalités dans la société.
Mais, certaines inégalités sont inacceptables, il est donc nécessaire de faire quelque chose. Pour
lui, les inégalités sociales et économiques doivent satisfaire à deux conditions : elles doivent être
liées à des fonctions et à des positions ouvertes à tous, dans des conditions d’égalité équitable
des chances pour y accéder, et elles doivent procurer le plus grand bénéfice aux membres les
plus désavantagés de la société. Lorsque ces deux conditions sont remplies, la société peut être
considérée comme « à peu près juste » selon l’expression de l’auteur. Le principe d’égalité
équitable des chances demande qu’à talent égal et motivation égale, les personnes aient les
mêmes perspectives d’éducation et de réussite, les mêmes possibilités d’accéder aux diverses
positions sociales. Le principe de différence demande que les inégalités d’avantage socio-
économique contribuent à améliorer les perspectives de ceux qui appartiennent à la classe de
revenu dont les attentes sont les plus faibles.

Mais l’individualisme et le rationalisme ne se contentent pas de cette justice relative


à l’échelle humaine : ils prônent une justice idéale, utopique, la justice-égalité administrée selon
des normes uniformes, qui, pour les tenants de l’art juridique, ne serait qu’une contrefaçon de
justice.

C’est pourquoi pour certains philosophes, le concept « justice » ne renvoie à aucune


donnée vérifiable et se trouve dépourvue de signification : c’est la position d’auteurs se prévalant
du mouvement scientifique moderne, qui dénoncent le concept de justice comme obscur,
idéologique, illusoire, ou encore d’adeptes du formalisme juridique, qui estiment qu’un tel
concept est métajuridique et ne saurait donc entrer dans la notion de droit.

Voyons le contenu de la notion de justice.


2. Quelques types de justice

D’une manière classique, on distingue trois sortes de justice.


a. La justice commutative

La justice commutative est une justice à base d’égalité arithmétique. Elle s’exerce
surtout dans les échanges de choses ou de services qui ont lieu entre les hommes à la suite des
contrats.

Ainsi, si dans un échange, l’une des parties reçoit une chose de valeur supérieure à
celle qu’elle a donnée, elle se trouve avoir quelque chose qui appartient à l’autre et devra le
restituer afin de rétablir l’équilibre rompu.
32

A titre d’exemple : l’emprunteur devra rembourser au prêteur la chose empruntée.

Cette forme de justice règle ce qui revient à chacun dans ses rapports avec les autres.

b. La justice distributive

Elle vise la distribution des ressources, des honneurs ou des autres avantages de la
société à chaque citoyen suivant une égalité proportionnée ou l’équité (l’exemple de l’énoncé de
l’article 58 de la Constitution du 18 février 2006). L’équité est donc ici une égalité
proportionnée au mérite ou aux imperfections subis (ou égalité géométrique).

Autrement dit, c’est une justice particulière qui vise à repartir entre les citoyens les
droits, obligations, charges et avantages dans le respect des critères de mérite. Et le critère de
mérite est fonction des régimes politiques et donc des valeurs auxquelles ils sont attachés.

Il ne serait pas équitable que tous les hommes soient traités suivant une égalité
arithmétique alors qu’ils n’ont pas tous ni les mêmes facultés, ni les mêmes besoins, ni les
mêmes capacités. L’égalité doit donc être réalisée par une proportion. On dit alors : à chacun son
rag, ses mérites, ses besoins et ses actions.

Ainsi, ceux qui rendent le plus de services à la communauté doivent recevoir


davantage ou ceux qui ont le plus de ressources doivent contribuer aux dépenses communes dans
une large mesure que les moins fortunés.

Précisons qu’actuellement, la justice distributive désigne couramment la notion de


justice sociale qui vise à réduire les inégalités matérielles entre membres de la société.

A ces deux typologies d’Aristote, on ajoute une autre justice, dite sociale et qui peut
être commutative ou distributive.
c. La justice sociale

La justice sociale est une construction morale et politique qui vise à l’égalité des
droits et conçoit la nécessité d’une solidarité collective entre personnes d’une société.

Autrement dit, c’est le principe politique et moral qui a pour objectif une égalité des
droits et une solidarité collective qui permettent une distribution juste et équitable des
richesses, qu’elles soient matérielles ou symboliques entre les différents membres de la société
(ex. les dispositions des articles 58 et 59 de la Constitution).

La justice sociale peut aussi se définir de manière négative : est injuste ce qui n’est
pas acceptable socialement. Par exemple, les inégalités de rémunérations entre métiers de
qualifications différentes sont le plus souvent considérées comme justes, parce qu’elles sont
socialement acceptées par la majorité. Ou encore le fait d’accorder aux handicapés, une
législation de travail aménagé ou des allocations spécifiques du fait de leur situation…
33

La justice sociale est une notion subjective qui présuppose une réflexion sur les
inégalités, en particulier sur celles considérées comme injustes et devant être corrigées par l’Etat
pour faire à ce que toutes les composantes de la société puissent se développer tant sur le plan
économique que culturel (v. égalité des chances).

Le concept de justice sociale est donc apparu au milieu du XIXe siècle afin d’aboutir
à une répartition équitable des biens sociaux et d’offrir aux différentes classes sociales des
opportunités de développement.

Elle est une notion qui évolue dans le temps, ce qui est juste socialement aujourd’hui
peut devenir injuste si le contexte change.

C’est ainsi que dans son ouvrage sur la Théorie de la justice (1971), John Rawls
précise qu’une société est juste si elle respecte trois principes suivants :

- La garantie des libertés de base égales pour tous ;

- L’égalité des chances ;

- Le maintien des seules inégalités qui profitent aux plus défavorisés.

Il sied de préciser que la justice sociale referme les notions des justice commutative
et distributive. La justice sociale commutative est fondée sur l’idée que la pure réciprocité doit
exister entre les membres et la société (donc chacun reçoit en contrepartie mesurée d’un effort
fourni). Alors que la justice sociale distributive ou redistributive est celle qui vise à donner à
chacun la part qui lui revient pour vivre décemment, en se réservant de préciser quels critères
seront utilisés pour élaborer cette distribution (économiques, sociale, cultuelle...). Les actions
ayant pour objectif de rétablir une justice sociale visent à élaborer un meilleur système de
répartitions, où chaque individu a et conserve les mêmes chances de réussite tout au long des
situations de sa vie d’individu. Ainsi, on parle d’égalité des chances. Les corrections nécessaires
peuvent être sociales, financières ou culturelles.
B. La finalité collective : le bien commun

Déjà l’Antiquité grecque a souscrit à l’idée que l’homme est essentiellement le


membre de la Cité : Platon vise d’abord à l’harmonie de la cité comme on l’a dit ci-haut, et
Aristote situe lui-même l’individu par rapport à la collectivité comme la partie dans le tout.

D’ailleurs, la thèse aristotélicienne de l’antériorité de la Société sur les individus, du


tout sur les parties, sera diversement reprise par les sociologues organicistes et holistes, tandis
qu’elle sera discutée, relativisée par d’autres sociologues, dont ceux de la complexité, comme
Edgar Morin dans son livre de Sociologie.

De même, les juristes romains ont affirmé la primauté de l’utilité publique sur les
intérêts individuels.

Au moyen-âge, le christianisme n’a pas exclu l’absorption de l’individu par le tout.


Pour preuve, Saint Augustin revendique la thèse qui oppose deux cités : la civitas terrena et la
civitas Die. La cité terrestre est, selon lui, caractérisée par le vice, le péché, l’injustice et la
34

violence ; elle rassemble des individus qui se détournent de Dieu et qui l’excluent de leurs vies.
Au contraire, la cité de Dieu est une cité qui réunit ceux qui vivent dans l’amour de Dieu qui leur
procure la paix, la justice, l’amour et la tranquillité. L’on peut lire sous la plume de Saint
Augustin que deux amours ont bâti deux cités opposées. L’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu
a bâti la cité terrestre, la cité des hommes. L’amour de Dieu jusqu’au mépris de soi a bâti la cité
céleste. L’une se glorifie en elle-même ; l’autre dans le Seigneur. Estimant que les hommes ne
peuvent guère faire de bien sans l’aide de la Grâce, Saint Augustin va envisager le dépassement
de tout Etat où Dieu n’est pas inclus dans la volonté de la justice ou encore une collaboration
entre les hommes d’église et les hommes d’Etats.

Il y a donc chez Saint augustin une conception dichotomique de la société, avec une
préférence pour la cité de Dieu, tant il qu’il est vrai qu’il postule l’origine et la fin divine de la
société. Il considère que la cité de Dieu bénéficiera d’une juste récompense de la félicité.

Affinant la démarche, plus tard, la notion de bien commun figurera au centre de la


philosophie thomiste de la loi, exprimant une certaine subordination de la partie au tout.
Toutefois, contrairement à Saint Augustin dont la théorie de la société comporte une réelle
filiation avec celle de Platon, Saint Thomas d’Aquin s’inspire d’Aristote. Comme pour Aristote,
pour saint Thomas d’Aquin, l’homme est naturellement sociable et il est un animal politique.
Pour vivre et se réaliser, il est porté à s’unir aux autres personnes humaines pour former une
société. En conséquence, la société humaine est née des exigences naturelles de l’homme. Aussi
l’Etat est-il une société, un rassemblement de plusieurs personnes dont la visée est, selon
Thomas d’Aquin, la réalisation du bien commun. Comme tel, il a les moyens suffisants pour
réaliser un régime de vie tel qu’il permet à tous les citoyens d’avoir ce qui est nécessaire pour
vivre en hommes. Il est à noter que l’Etat, la société est au service de l’homme, de la personne
humaine : il est l’instrument de sa pleine réalisation.

Dans la même occurrence, la réaction anti-individualiste s’est manifestée contre


l’individualisme triomphant du siècle des Lumières. L’organisme tant scientifique, se substituant
à l’hypothèse atomistique du XVIIe siècle, que romantique et contre –révolutionnaire rejetant le
contrat social et le volontarisme au profit du communautarisme, n’est pas étranger à ce
glissement de la finalité du droit. Monsieur Hegel, après moult retournements dialectiques,
débouche au terme de sa philosophie sur la conclusion que la fin du droit n’est plus le profit de
l’individu, mais le service de la communauté : le droit de l’Etat prime les droits subjectifs des
particuliers ; l’Etat n’est plus un produit du contrat social : il résulte d’un dépassement de
l’individu sur lui-même ; il n’est plus un instrument au service des individus : il est devenu la
plus haute des réalités, « en soi et pour soi », même si l’Etat n’est pas conçu comme oppressif et
s’il intègre les libertés individuelles plus qu’il ne les détruit. Plus tard, l’anti-individualisme de
caractère sociologique inspirera l’œuvre de Léon Duguit, et d’autres grands juristes, tels Maurice
Hauriou ou Emile Durkheim, enseigneront la suprématie des buts collectifs dans les finalités du
droit .

Mais, cette proclamation de la primauté des fins collectives ou de l’intérêt général


dans l’élaboration du droit a été elle-même exposée au reproche d’avoir frayé la voie aux divers
totalitarismes du XXe siècle, et ce courant de pensée a connu à son tour un reflux.
35

C. La finalité individuelle

Le droit est généralement défini comme l’ensemble de règles de conduite. Mais


certains philosophes du droit, tel Michel Villey, partisans d’une conception relationnelle du droit,
craignent alors que la science des rapports de droit ne soit éclipsée par une science des
comportements, qui semble relever plutôt de la morale, si l’on assigne une telle finalité au droit,
celui-ci risquerait de perdre sa spécificité et d’apparaître comme un simple instrument de la
morale.

Par ailleurs, la tradition individualiste, qui assigne au droit comme objectif ultime
la protection de l’individu, est particulièrement forte en philosophie, spécialement depuis le
XVIIIe siècle. Elle part de l’idée de l’antériorité de l’homme à la société et de ce que celle-ci est
faite par l’homme et pour l’homme et pas l’inverse. Le droit a donc pour première mission
d’assurer l’épanouissement et la sauvegarde de libre volonté de l’homme : le contrat devient la
seule base acceptable des règles de droit (qui dit contractuel dit juste). On peut voir aussi le
courant de Grotius, avec la règle de « pacta sunt servanda ».

Le spiritualisme s’est ancré au cœur de la pensée juridique moderne : le droit n’existe


par nature, car il n’y a pas d’état de nature, le droit est pour l’individu qui seul est réel : le droit
est création volontaire de l’homme. La notion de droit conçu comme l’attribut d’un sujet et non
plus comme rapport aux autres s’exprime à travers les concepts de droit subjectifs et de droits
humains, dont on sait la fortune dans le monde actuel. On parle de plus en plus de la
fondamentalisation des droits (subjectifs) aujourd’hui.

Cependant, si la philosophie du sujet occupe une place majeure dans la philosophie


contemporaine, certains estiment qu’une telle doctrine n’épuise pas la mission du droit et qu’à
côté ou même au-dessus de l’individu il convient de considérer les intérêts de la communauté.

C’est donc ces débats et controverses sur les fins du droit qui nous permettent
d’envisager quelques courants philosophiques sur l’essence du droit.
§3. Quelques courants de la réflexion philosophique sur le Droit

Il s’agit des courants de pensée philosophiques qui ont marqué leur influence sur la
conception du droit. Il s’agit d’une catégorisation jugée indispensable pour essayer de
comprendre l'essentiel de la diversité de pensées. Généralement il y en a deux qui s’affrontent,
l’idéalisme et le positivisme, auxquels s’ajoute le courant médian à ces deux.
A. L’idéalisme ou le rationalisme

Ce courant correspond à la démarche la plus ancienne et la plus philosophique de la


philosophie du droit, qui a connu de riches illustrations de la part de plus célèbres penseurs et
aussi de multiples formes d’expression ; le courant idéaliste voit dans le droit une œuvre de
l’esprit et de la raison : mais l’accent est mis, selon les écoles, sur la raison au service d’un art
juridique de répartition et d’une justice concrète, comme chez les gréco-latins (Aristote, Platon,
Cicéron, …), ou sur la ratio scolastique, comme dans la doctrine thomiste (Thomas d’Aquin), ou
sur la raison spéculative, comme dans l’école du droit de la nature et des gens (Grotius et
Pufendorf), ou sur la raison pure, comme dans le Kantisme (E. Kant) ou encore sur la raison
36

absolue, comme dans la philosophie hégélienne (Hegel, 1770-1831). Et une œuvre récente sur le
renouveau de l’idéalisme est recommandé16.

Le Droit idéal ou rationnel est synonyme du droit naturel. On vise par droit naturel,
un ensemble des règles fondamentales et non écrites supérieures au droit objectif, modèles
auxquels les lois positives devraient s’efforcer de ressembler. Le droit naturel apparait ainsi
comme un ensemble d’aspirations à l’harmonie sociale.

On peut encore dire que le Droit naturel est, l’ensemble des règles découlant de la
raison, de la morale ou de la nature des choses. Il est conçu comme un droit supérieur devant
s’imposer et inspirer le Droit positif ou le droit des hommes.

Les vocabulaires de philosophie sont unanimes que la raison :

(au Sens subjectif) c’est la Faculté de connaître, de bien juger, de discerner


le vrai et le faux ou le bien et le mal ; (au Sens objectif) c’est l’Élément posé comme cause ou
motif de quelque chose17.

La  raison est donc généralement considérée comme une faculté propre de


l'esprit humain dont la mise en œuvre lui permet de fixer des critères de vérité et d'erreur, de
discerner le bien et le mal et aussi de mettre en œuvre des moyens en vue de l'atteinte d'un
objectif donné. Elle repose sur la capacité qu'aurait l'être humain de faire des choix en se basant
sur son intelligence et en faisant abstraction de ses préjugés, ses émotions ou ses pulsions. Elle
permet donc de diriger (par exemple la volonté). Cette faculté a donc plusieurs
emplois : scientifique, éthique  et technique .

Selon l’idéalisme, la raison est conçue ici soit comme une valeur de portée
universelle traduisant un modèle de connaissance qui gouverne l’activité de l’esprit et du monde,
soit comme une composante de la nature même de l’homme par laquelle ce dernier se trouve en
mesure d’accéder à la vérité et à la justice, d’organiser la société et de raisonner selon les lois qui
régissent la conduite humaine.

Quant à la nature, elle est conçue comme l’expression d’une nécessité relevant de
forces cosmiques, soit comme la mesure de tout jugement normatif permettant la révélation de
vérités, soit comme la conformité à l’état de nature dont les morales et les législations humaines
ne donnent qu’une imitation imparfaite. L’ouvrage de Xavier Dijon est éloquent à ce sujet18.

Ainsi, se reconnaissent de l’idéalisme, les courants rationaliste, volontariste,


naturaliste, l’école du droit naturel, etc. et parmi les tenants du droit naturel on citera dans la
Grèce antique, Aristote (385-322) ; Saint Thomas d’Aquin (1225-1274) au moyen-âge et , plus

16
GIOVANNI Dotoli et UCCIANI, L., Le renouveau de l’idéalisme, L’Harmattan, Paris, 2018
17
Voir BAEAQUIN, N. (dir), Dictionnaire de philosophie, Paris, 2007 ; GODIN, Ch., Dictionnaire de philosophie,
Paris, 2004  ; LALANDE, A., Vocabulaire philosophique et critique de la langue française, PUF, Paris, 2002 ;
ARNAUD André-Jean, Critique de la raison juridique, L.G.D.J, Paris, 1981 ; ALLAND, D. et RIALS, St. (dir.),
Dictionnaire de la culture juridique, P.U.F, Paris, 2003 ; CANTO-SPERBER M.(dir.), Dictionnaire d'Éthique et de
Philosophie Morale, P.U.F, Paris, 1996 ; etc.
18
DIJON, X., Droit naturel. Les questions du droit, PUF, Paris, 1998, pp. 7 et s.
37

tard en Hollande, Hugo de Groot dit Grotius(1583-1645) ; en Angleterre, Thomas Hobbes(1588-


1679) et John Locke(1632-1704) ; France, Jean Domat(1635-1695).
B. Le positivisme

Selon Paul Cuche, le positivisme juridique peut s’entendre en deux sens différents.
Selon le premier, on appelle positivistes « les juristes qui prétendent tirer de l’expérience et sans
aucune suggestion métaphysique, les règles qui doivent servir de base à l’ordonnancement
juridique ». Mais on désigne aussi ainsi « ceux qui affirment qu’il n’y a pas de véritable droit en
dehors du droit positif ».

Le positivisme est une réaction antirationaliste et antinaturaliste. Il est né, il y a trois


siècles. Il fonde le droit sur des données extérieurs à la raison : il revêt plusieurs acceptions,
selon que l’accent est mis sur les faits comme dans les doctrines d’inspiration sociologique
(positivisme factualiste : Montesquieu, Léon Duguit, Gurvitch…), ou sur les règles posées,
comme dans les diverses variétés de positivisme légaliste, formaliste ou logique (Hans Kelsen
1881-197319, Chaïm Perelman20, Paul Roubier...).

Ce courant rejette donc l’abstraction et l’irréalisme des théories idéalistes, conteste


l’universalité et la pertinence de l’idée de justice comme fondement du droit au spectacle de la
diversité des systèmes juridiques et de la contingence de leurs règles. Le positivisme n’entend
fonder le droit que sur les données qui sont extérieurs à la raison : de la raison, il ne peut
connaître que la raison expérimentale et, de la nature observable et causale.

Le positivisme philosophique se distingue du positivisme juridique en ce qu’il se


présente comme une philosophie générale, envisageant tous les problèmes de l’homme, alors que
le positivisme juridique postule la séparation de la philosophie du droit, du positif et de l’idéal,
du réel ou de la métaphysique, des faits et de la morale, sans nier l’importance du système des
valeurs dans le droit. Pour le positivisme, seul doit être objet de science le droit effectivement
posé et appliqué. Le juspositivisme est souvent opposé au jusnaturalisme.

Par exemple, pour le positivisme formaliste, il existe un droit positif formé par
l’ensemble des règles de droit en vigueur dans un pays à un moment donné ; le droit tout entier
s’identifie à ces règles, et il n’y a pas à aller au-delà pour pénétrer le phénomène juridique21.

Et pour le positivisme factualiste ou sociologique, il est ouvert sur le fait. Il


considère que c’est dans le milieu social qu’il convient, soit de découvrir les règles de droit
(usages, coutumes, règles corporatives), soit de puiser les sources de l’inspiration du législateur,
soit de vérifier l’effectivité de l’application du droit formel et par la même son adéquation aux
besoins de la société. Le droit n’est rien d’autre qu’un produit social, un phénomène : toute autre
considération idéaliste liée à sa finalité, telle la référence au droit naturel, à la justice ou à la
raison, ne constitue qu’un épiphénomène, un reflet du phénomène juridique22. On peut encore
aligner dans cette école sociologique, Auguste Comte (1798-1857) et Emile Durkheim (1858-
19
KELSEN, H., La théorie pure du droit, trad.fr. Ch. Eisenmann, Dalloz, Paris, 1962.
20
PERELMAN, Ch., Éthique et droit, éditions de l’Université de Bruxelles, 1990 ; Justice et raison, P.U,
Bruxelles, 1963 ; Logique juridique. Nouvelle Rhétorique, Dalloz, Paris, 1976.
21
V. KELSEN H., La théorie pure du droit, trad.fr. Ch. Eisenmann, 1962 ; ROUBIER Paul, Théorie générale du
droit, Sirey, Paris, 1951 ; Perelman Chaïm, Logique juridique. Nouvelle Rhétorique, Dalloz, Paris, 1976, p.12
22
GURVITCH, G., L’idée du droit social, Paris, 1932.
38

1917), pour qui le droit apparaît comme une manifestation de la solidarité sociale. Pour Karl
Marx (1818-1883), le droit est un produite de l’économie et apparait comme un instrument de la
lutte des classes.
C. Les courants transversaux

Il s’agit en fait d’un certain nombre de tendances doctrinales, caractéristiques des


efforts de la pensée juridique moderne pour tenter de maitriser une réalité juridico-sociale de
plus en plus complexe et insaisissable et pour échapper à la perpétuelle alternative de l’idéalisme
ou du positivisme.

Du point de vue méthodologique, les démarches sont très diverses, selon les
sensibilités, les perceptions et les références culturelles des auteurs :

- Certains récusent purement et simplement les deux courants majeurs comme dépassés
et inadéquats à la prise en compte du phénomène juridique dans sa vérité existentielle (on
cite ici le courant humaniste par ex.) ;

- D’autres estiment que chacun des grands courants trouve sa place dans l’élaboration du
droit, et ils en proposent un savant mixage selon des proportions variables au gré des
tempéraments (ex. le transpositivisme avec Ripert, Dabin) ;

- D’autres encore, sans se couper des grandes écoles de pensée du passé et en précisant la
mesure des liens qui les y rattachent, développent une conception du droit qui se veut une
approche originale de la modernité (ex. l’éclectisme avec Gény ; l’institutionnalisme
avec Hauriou). On y retrouve les tenants de l’humanisme, de la phénoménologie
juridique (Paul Amselek23), de la justice comme équitabilité (Jonh Rawls) ; le courant
éthique ( Jurgen Harbermas24) ;etc.

23
AMSELEK, P., « La phénoménologie et le droit », in Archives de Philosophie du droit, T. XIVII, Sirey, Paris,
1972, pp. 256-275
24
HABERMAS Jürgen, Droit et morale, éd. du Seuil, (trad. fr.), Paris, 1977.
39

CONCLUSION GENERALE

La philosophie est le garant d’un sens critique, d’une capacité de réflexion, compris
comme éléments essentiels pour lutter contre la pensée unique et les doctrines aveugles.

Pour ce faire, tout système éducatif, en stimulant l’enseignement de ces matières,


donne la possibilité aux apprenants, cadres futurs, d’atteindre l’autonomie de la pensée, de façon
à ne pas se laisser entraîner ni par les préjugés ni par l’ignorance.

Et les interrogations sur les rapports de philosophie et l’éthique et du droit portent


tout à la fois sur l’essence de l’un et l’autre concept et sur leurs relations spécifiques. D’un côté,
les deux sphères se situent dans le domaine du devoir-être et, à ce titre, possèdent de nombreux
traits communs, liés à leur commune normativité. D’un autre côté leurs différences existent, tel
qu’il a été renseigné dans cet enseignement.

ANNEXES : SUJETS DES TD ET TP


40

REFERENCES ET LECTURES RECOMMANDEES

A. OUVRAGES

1. ARNAUD, A-J., Critique de la raison juridique, LGDJ, Paris, 1981.


2. ALLAND, D. et RIALS ? St. (dir.), Dictionnaire de la culture juridique, PUF,
Paris, 2003.
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1983.
4. BACHOFEN, B., Le libéralisme au miroir du Droit : L’Etat, la personne, la
propriété, ENS éditions, Paris, 2008.
5. BAEAQUIN, N, (dir), Dictionnaire de philosophie, Armand-Colin, Paris,
2007.
6. BERGEL, J.J, La théorie générale du droit, 5e éd., Dalloz, Paris, 2012.
7. BESSONE, M., La justice, Flammarion, Paris, 2011.
8. BOISVERT, Y. (dir.), L’intervention en éthique organisationnelle : théorie et
pratique, Montréal, 2007.
9. BONTE, P. et allii, Sociétés contemporaines : Ethique professionnelle, L’
Harmattan, Paris, 1991.
10. BRAS, A. et alii, Enseigner la philosophie et l’éthique, Eusko Jaurlaritzaren,
2008.
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12.  CANTO-SPERBER M.(dir.), Dictionnaire d'Éthique et de Philosophie
Morale, PUF, Paris, 1996.
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14. CARPENTIER, M., Norme et exception. Essai sur la défaisabilité en droit,
Institut univ. Varenne, Paris, 2014.
15. CHAMPS, E., La déontologie politique ou la pensée constitutionnelle de
Jeremy Bentham, éd. Droz, Paris, 2008.
16. CUGNO, A., Vivre en philosophe, Bayard, Paris, 2020.
17. DABIN, J., Philosophie de l’ordre positif, Paris, 1929.
18. DIJON, X., Droit naturel. Les questions du droit, PUF, Paris, 1998.
19. DUPRE, D., Ethique et Capitalisme, Economica, Paris, 2002.
20. FERRY, L. et RENAUT, A., Philosophie politique (I. Le droit. La nouvelle
querelle des Anciens et des Modernes. ; II. Le système des philosophies de
l'histoire. ; III. Des droits de l'homme à l'idée républicaine.), PUF, Paris,
2007.
21. FORTIN, R., Comprendre la complexité. Introduction à La Méthode d'Edgar
Morin, L’Harmattan, Paris, 2000.
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22. GACHOUD, Fr., La philosophie comme exercice du vertige, Paris, 2019.


23. GAUCHET M. et SWAIN G., La pratique de l’esprit humain, Gallimard,
Paris, 1980.
24. GIOVANNI Dotoli et UCCIANI L., Le renouveau de l’idéalisme,
L’Harmattan, Paris, 2018.
25. GIROUX G. (dir.), La pratique sociale de l’éthique, Bellarmin, Montréal,
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26. GODIN, Chr., Dictionnaire de philosophie, Fayard, Paris, 2004.
27. HABERMAS, J., Droit et morale, éd. du Seuil, (trad. fr.), Paris, 1977.
28. HADOT, P., Eloge de la philosophie antique, Editions Allia, Paris, 2013.
29. HAYEK Friedrich, A., Droit, législation et liberté. Une nouvelle formulation
des principes libéraux de justice et d’économie politique, PUF, Paris, 2013.
30. JUFFE, M., A la recherche d’une humanité durable, L’Harmattan, Paris,
2018.
31. KANT, E., Métaphysique des mœurs, Vrin, Paris, 1986.
32. KASONGO YAMBO Fr-St., Initiation à la philosophie, MediasPaul,
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33. KELSEN, H., La théorie pure du droit, trad.fr. Ch. Eisenmann, Dalloz, Paris,
1962.
34. LALANDE, A., Vocabulaire philosophique et critique de la langue française,
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35. LEGAULT, G., Professionnalisme et délibération éthique. Manuel d’aide à la
décision responsable, Sainte-Foy, Presses de l’Université du Québec, 1999.
36. LENOIR, Fr., La Sagesse expliquée à ceux qui la cherchent, éd. Seuil, Paris,
2018.
37. MAI Lequan, La philosophie morale de Kant, éd. Seuil, Paris, 2001.
38. MORFAUX, L-M, et LEFRANC, J. (dir.), Nouveau vocabulaire de la
philosophie et des sciences humaines, Armand-Colin, Paris, 2005.
39. MORIN, E., Où va le monde, l’Herne, Paris, 2007.
40. MORIN, E., Sociologie, Fayard, Paris, 1994.
41. MWENZE WA KYUNGU, E. J-P., Philosophie de l’éducation, pour une
école authentique et un développement nouveau en RDC, Editions
universitaires, Lubumbashi, 2018.
42. PEPIN, Ch., Les Vertus de l'échec, Pocket, Paris, 2018.
43. PERELMAN, Ch., Éthique et droit, éditions de l’Université de Bruxelles,
1990.
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47. REVAULT D'ALLONNE, M., La faiblesse du vrai. Ce que la post-vérité fait
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48. RIPERT, G., La règle morale dans les obligations civiles, LGDJ, Paris, 1949.
49. ROUBIER, P., Théorie générale du droit, Sirey, Paris, 1951.
50. VILLEY, M., Philosophie du droit. Définitions et fin du droit. Les moyens du
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51. WAGNER Pierre, Logique et philosophie, Ellipses, Paris, 2014.

B. ARTICLES, COURS ET DOCUMENTS DIVERS

1.AMSELEK, P., « La phénoménologie et le droit », in Archives de Philosophie


du droit, T. XIVII, Sirey, Paris, 1972, pp. 256-275
2. BANYWESIZE, E., « Cours de Philosophie et logique », G1, 2018
3. BEGIN, L., « Légiférer en matière d’éthique : le difficile équilibre entre éthique
et déontologie », in Éthique publique, vol. 13, n° 1, Québec, 2011, en ligne :
http://journals.openedition.org/ethiquepublique/361,
4. BEGIN, L., « Titulaires de rôle(s) et acteurs moraux : tension et paradoxe de
l’éthique organisationnelle », in Pyramides, no 16/1, Québec, 2008, pp. 63-81
5. BOISSEAU-SOWINSKI Lucille et THARAUD Delphine, « Les liens entre
éthique et droit… », in Travaux de colloque, Université de Limoges, 2016
6. BRUNET, P., « Aspects théoriques et philosophiques de l’interprétation
normative », in Revue Générale de droit International Public, 2011, pp.311-327 ;
8. COMMAILLE, J., « Éthique et droit dans l'exercice de la fonction de justice », in
Sociétés contemporaines, N°7, L’Harmattan, Paris 1991, pp.87-101
9. GENARD J-L, « Droit, éthique et responsabilité », in Éthique publique, vol. 3,
n° 2 | 2000, en ligne,URL :
http://journals.openedition.org/ethiquepublique/2507
10. GENARD J-L, « Le retour de l’éthique », in La pratique sociale de
l’éthique (dir. G. Giroux), Montréal, Bellarmin, 1997, p. 77-101.
11. HAURIOU, M., « Aux sources du droit. Le pouvoir et la liberté », in
Cahiers de la nouvelle journée, Paris, 1933, pp. 88 et s.
12. HIEZ, D., « L’éthique coopérative et le droit », in Chaire de coopération
Guy-Bernier, Montréal, 2009
13. HOUNTONDJI, P., « Le particulier et l’universel », in Bulletin de la
Société française de Philosophie, n°4, 1988, pp.145-189
14. JEANNENEY, J., « Le recours à l’intention du législateur face aux
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Michel Villey, Vol. 9-1 : droit et indétermination, nov. 2017, pp.69-104
15. LAPRES, D., « Approche juridique des rôles de la morale et de l'éthique
dans la gestion des entreprises », in Cahier de la Recherche de l'ISC Paris, N°
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16. LE PILLOUER, A., « Indétermination du langage et indétermination du


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17. NKWANDA MUZINGA, S., « Cours de logique et argumentation
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Denis Dupré), Economica, Paris, 2002, pp. 37et s.
21. VILLEY, M., « Morale et droit », in Seize essais de philosophie du droit,
Paris, Dalloz, 1969, pp. 107-120.
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Table des Matières

INTRODUCTION GENERALE...........................................................................................................1
A. L’intitulé et l’importance du cours.........................................................................1
B. Les objectifs du cours............................................................................................1
1. Les Objectifs généraux...............................................................................................1
2. Les Objectifs spécifiques...........................................................................................1
C. La Méthodologie d’enseignement, le calendrier et l’observation des mesures barrières
contre la COVID-19..............................................................................................................................1
D. Les activités d’apprentissage et d’évaluation.........................................................2
E. Les lectures recommandées....................................................................................2
F. Le plan détaillé du manuel.....................................................................................2
Chapitre I. Notions fondamentales de philosophie..........................................................2
Chapitre II. Des problèmes ou questions philosohiques....................................................2
CHAPITRE I. NOTIONS FONDAMENTALES DE LA PHILOSOPHIE...........................................4
Section 1. De la portée du concept « philosophie »...........................................................4
§1. Origine lointaine du concept « philosophie »...................................................................................4
§2. Le sens étymologique de la philosophie..........................................................................................4
§3. La philosophie au sens vulgaire.......................................................................................................5
§4. Le sens technique ou académique de la « philosophie »..................................................................6
A. Le sens technique donné............................................................................................................6
B. Eléments majeurs.......................................................................................................................8
1. La recherche de la vérité............................................................................................................8
2. La réalité dans sa totalité...........................................................................................................8
3. L’esprit critique.........................................................................................................................8
Section 2. L’importance de la philosophie........................................................................9
Section 3. Les branches de la philosophie.......................................................................10
Section 4. L'histoire en philosophie.................................................................................10
CHAPITRE II. DES PROBLEMES OU DES PREOCCUPATIONS PHILOSOPHIQUES...............11
Section 1. La cosmologie ou la philosophie de la nature.................................................11
Section 2. La métaphysique ou la philosophie première..................................................12
Section 3. La théodicée ou la philosophie de la religion..................................................12
§1. La démystification de la religion...............................................................................12
§2. Les défenseurs de la religion.....................................................................................13
Section 4. Le problème pédagogique ou de l’éducation..................................................14
Section 5. Le problème politique et social.......................................................................14
§1. La nature sociale de l'homme....................................................................................14
§2. La fin ultime de l’homme et la nature politique de l'homme.....................................15
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§3. Le rôle de l'Etat.........................................................................................................16


Section 6. Le problème de logique..................................................................................16
Section 7. Le problème éthique ou philosophie morale...................................................17
§1. Portée........................................................................................................................17
§2. Les domaines du Droit, de la Morale et de la philosophie morale............................18
A. Déclinaisons de ces concepts..........................................................................................................19
B. La proposition de modèle de rapport...............................................................................................19
§3. De la prise en compte de l’éthique par le Droit positif.............................................22
Section 8. Problème de Droit : De l’apport de la réflexion sur la philosophie au Droit...26
§1. Missions de la réflexion philosophique au Droit.......................................................28
§2. Finalités du Droit.......................................................................................................29
A. La justice..............................................................................................................29
1. Portée.......................................................................................................................29
2. Quelques types de justice.........................................................................................31
a. La justice commutative............................................................................................31
b. La justice distributive...............................................................................................................32
c. La justice sociale......................................................................................................32
B. La finalité collective : le bien commun................................................................33
C. La finalité individuelle.........................................................................................34
§3. Quelques courants de la réflexion philosophique sur le Droit...................................35
A. L’idéalisme ou le rationalisme....................................................................................35
B. Le positivisme............................................................................................................36
C. Les courants transversaux...........................................................................................38
CONCLUSION GENERALE..............................................................................................................39
REFERENCES ET LECTURES RECOMMANDEES.......................................................................40
A. OUVRAGES........................................................................................................40
B. ARTICLES, COURS ET DOCUMENTS DIVERS.............................................42
Table des Matières...............................................................................................................................44

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