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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Ont participé à l’élaboration de ce document :

Commandant Dominique BONJOUR


Lieutenant Colonel Bernard FRANOZ
Commandant Patrice GERBER
Commandant Jean Paul MONET
Commandant Jean Luc QUEYLA
Capitaine Christine SALUDAS

RISQUES CHIMIQUES

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Sommaire

1.Caractéristique du risque p4
1.1. Risques Incendie Explosion p4
1.1.1. Généralités physico- chimiques appliquées aux combustions p4
1.1.2. Généralités physico- chimiques appliquées aux explosions p 22
1.1.3. Généralités sur les extinctions p 24
1.1.4. Phénoménologie des explosions p 31
1.2. Risques toxiques p 35
1.2.1. Généralités et typologie p 35
1.2.2 Voies de pénétration dans l’organisme p 37
1.2.3. Dispersion p 50
1.3. Risques de pollution p 79
1.3.1. Généralités et typologie p 79
1.3.2. Phénomènes de dispersion – Dilution p 86
1.3.3 Eutrophisation p 133
2. Réglementation appliquée aux risques p 138
2.1. Le transport routier p 138
2.1.1. Les réglementations p 138
2.1.2. La conduite à tenir en cas d’accident p 168
2.2. Directive “ Seveso ” p 173
2.2.1. Principes généraux p 173
2.2.2. Traduction réglementaire p 173
2.2.3. Organisation prévisionnelle p 175
2.3. Recherche de la réglementation applicable p 175
2.4. Réglementation pyrotechnique p 187
2.5. Maîtrise de l’urbanisme p 188
2.5.1. Définition des zones Z1 et Z2 p 188
2.5.2. Les scénarios de référence p 190
3. Traduction prévisionnelle p 192
3.1. Risques industriels : PPI p 192
3.1.1. l’étude des dangers p 192
3.1.2. Le Plan d’opération interne p 193
3.1.3 Le P.P.I. p 193
3.2. Risques mobiles et / ou spéciaux p 193
3.3. Effet sur les personnes p 194
3.4. Le plan d ‘établissement répertorié p 194
3.4.1. Présentation sommaire de l’établissement p 194
3.4.2. Organisation des départs p 194
3.4.3. Itinéraire d’accès p 195
3.4.4. Plans géographiques p 195
3.4.5. Identification des risques p 195
3.4.6. Points d’eau – alimentation en eau p 195
3.4.7. Fiches réflexes p 195
3.4.8. Scénarii types p 195
3.4.9. Réseaux divers p 195
3.5. Information du public p 196

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3.5.1. Contexte juridique p 196


3.5.2. Les moyens p 197
3.5.3. La mise en œuvre p 199
4. Mise en œuvre opérationnelle p 200
4.1. Traitement des pollutions p 200
4.1.1. Préparation à la lutte p 200
4.1.2. Constatation p 204
4.1.3. Alerte p 205
4.1.4. Premières mesures p 205
4.1.5. Evaluation p 205
4.1.6. Intervention p 215
4.2. Le zonage p 224
4.2.1. Généralités p 224
4.2.2. Détermination des zones p 225

3.1 - Caractérisation des risques

3.1.1. Risques Incendie Explosion

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3.1.1.1- Généralités physico-chimiques appliquées aux combustions

1 - Rappels de thermodynamique
La thermodynamique a pour but l'étude de l'évolution des réactions chimiques
en fonction de divers paramètres tels que les concentrations des réactifs et des
produits de réaction, la pression, etc. (le temps est la seule variable qui ne soit
pas prise en considération en thermodynamique chimique).

La thermodynamique permet en outre de calculer les quantités de chaleur


échangées lors d'une réaction et d'accéder à la détermination des pouvoirs
calorifiques des produits combustibles.

a) Les trois principes thermodynamiques :


1er principe :
l'Energie de l'univers est constante ;

2ème principe :
le désordre (appelé entropie) d'un système isolé ne peut qu'augmenter ;

3ème principe :
à une température de O K, l'ordre est parfait. L'entropie est nulle pour
tous les corps.

Conséquence :
à - 273,16°C, la matière est à l'état solide, elle est figée, il n'y a pas de
mouvements.

b) La notion de système
En thermodynamique, on appelle système un espace de matière, isolé ou
ouvert, constitué d'une certaine quantité d'un ou plusieurs corps chimiques et
défini par un nombre suffisant de variables (T, P, concentrations pour les
solutions). Tout ce qui n'est pas inclus dans le système est appelé "extérieur".
Un système isolé n'échange ni travail, ni chaleur ni matière avec l'extérieur.
Exemple : une bouteille Thermos parfaite. Le 1er principe de la
thermodynamique affirme que l'énergie d'un système isolé est constante. Un
système fermé échange du travail et/ou de la chaleur avec l'énergie. Exemple :
un circuit frigorifique. Un système ouvert échange du travail et/ou de la chaleur
et de la matière avec l'extérieur. Exemple : Un homme, un récipient qui
s'évapore ou qui fuit.

Un système qui évolue à température constante est le siège d'une


transformation isotherme. Un système qui n'échange pas de chaleur avec
l'extérieur au cours de son évolution subit une transformation adiabatique.

c) Les fonctions thermodynamiques


H l'enthalpie : énergie totale du système à pression constante.
U l'énergie : énergie totale du système à volume constant.

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G l'enthalpie libre : énergie utilisable à pression constante.


A l'énergie libre : énergie utilisable à volume constant.
S l'entropie : mesure du désordre du système.

Ces fonctions thermodynamiques sont des fonctions d'état, elles ne dépendent


pas du chemin suivi pendant la transformation.

d) La chaleur spécifique
Si on apporte au système, une quantité de chaleur infiniment petite dQ, les
vibrations augmentent et la température du solide s'élève d'une quantité dT. Le
rapport dQ/dT est appelé chaleur spécifique.

Si le système est constitué par une mole de solide (exemple : 18 g. de glace) et


que la pression demeure constante durant l'élévation de température, le rapport
(dQ/dT) est noté Cp = chaleur spécifique molaire à pression constante. (Si c'est
le volume qui reste constant durant le changement de T ce rapport est noté Cv.
Pour les solides et les liquides les Cp sont proches des Cv). Les valeurs de Cp
et de Cv d'un solide donné sont légèrement dépendantes de la température ;
toutefois avec une marche d'erreur qui n'excède pas 10 %. On peut admettre
que les valeurs de Cp et de Cv sont constantes dans une large gamme de
température et écrire que Q = Cp ∆T.

(Exemple : Cp de la glace = 36 J/K.mole. Si on apporte 360 J à 18 g. de glace


la température augmentera de 10°C (ou de 10° K).

e) L'Enthalpie
Les réactions chimiques engendrent des échanges d'énergie. A pression
constante, l'énergie d'un système est appelée Enthalpie (H). Il est possible de
mesurer des variations d'énergie ∆H.

La thermodynamique énonce que pour qu'une réaction chimique soit possible, il


faut une diminution d'énergie.
C + O2 → CO2

L'étude de cette réaction à pression constante nécessite de connaître H, G, S


de formation des réactifs et des produits.

Au cours de la réaction :
∆H = HCO2 - Hc - HO2
∆G = GCO2 - Gc - GO2
∆S = Sco2 - Sc - So2

Par convention, pour tous les corps simples, à 25°C et 1 atm on a


H°298 = 0 et G°298 = 0 : Ce sont les conditions standards.

A 25°C et 1 atm = ∆H°298 = H°298CO2 - H°298 C - H°298O2


∆H298 = H°298CO2 car H°298 C et H°298O2 égalent zéro

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∆H°298 = - 94 kcal/mole = - 393 KJ/mole


Le signe - signifie que l'état final est plus stable que l'état initial. Par convention
en thermodynamique, on se déplace par rapport au système (ici le système a
perdu de l'énergie en fournissant de la chaleur).

De la même façon : ∆G°298 = ∆G°298 CO2

Exemples :
H2 + 1/2 O2 -> H2O (liquide) ∆H = - 68 Kcal/mole
H2 + 1/2 O2 -> H2O (vapeur) ∆H = - 58 Kcal/mole
C + O2 -> CO2 ∆H = - 94 Kcal/mole
CH4 + 2 O2 -> CO2 + 2H2O ∆H = - 214 Kcal/mole

La différence entre les deux vapeurs pour H2O liquide et vapeur est le ∆H de
vaporisation qui est de 10 000 cal.

Une réaction qui libère de la chaleur vers l'extérieur est dite exothermique.
Une réaction qui absorbe de la chaleur est dite endothermique.
La grande majorité des réactions et en particulier toutes les réactions de
combustion sont exothermiques.

f) Le pouvoir calorifique :
Le pouvoir calorifique d'un corps correspond à la quantité maximale de chaleur
que peut dégager au cours d'une combustion complète un solide ou un liquide
3
par unité de masse (kg) ou un gaz par unité de volume (m ), dans les
conditions normales de températures et de pression (O°C et 760 mm Hg).

Le pouvoir calorifique d'un produit est égal à :

Pc = - ∆H (combustion) x 1 000 KJ/kg


M(g)

(Le signe négatif est justifié par le fait qu'un pouvoir calorifique est positif et que
le ∆H d'une réaction exothermique est négatif).
3
Pour les gaz, on exprime souvent Pc en KJ/m et on a à 25°C
3
Pc = - ∆H298 x 1 000 KJ/m
24

PCH2O vapeur est appelé Pc inférieur.


PCH2O liquide est appelé Pc supérieur.

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Exemples :
-1
PcH2 = 68 x 1 0000 = 34 000 Kcal kg
2
-1
Pc C = 94 x 1 000 = 7 830 Kcal kg
12

(L'hydrogène est le corps qui a le plus grand pouvoir calorifique par kg d'où son
utilisation comme combustible de fusée).
-1
Pour les hydrocarbures, le Pc est compris entre 32 750 et 142 500 Kcal kg

Exemples :
1- Le pouvoir calorifique de CH4 dans les conditions standards est égal à

CH4 + 2 O2 ∆H (combustion) > CO2 + 2H2O

-1
∆H formation du CH4 = - 18 Kcal.m

-1
Etat initial 2O2 + C + 2H2 -18Kcal.mol ’ CH4 +2O2

-1 -1
- 94 kcal.mol -68 Kcal.mol

Loi de Hess
-1
- 18 k cal.mol
-1

Etat initial 2 O2 + C + 2 H2 CH4 + 2 O 2


- 94 Kcal.mol -1 - 68 Kcal.mol
-1

Etat final CO2 + 2H O 2 ∆ H combustion

La loi de HESS indique que le ∆H de combustion est égal à


∆H comb= -∆H formation + Σ∆H formation des produits de combustion.

d'où ∆H comb = + 18 -94 - (2 x 69)


-1
= - 214 kcal.mol
-1
Pc = 214 x 1000 = 13 375 Kcal.mol
16

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Notion d'équilibre chimique


Une réaction chimique peut être :
- soit totale ce qui se traduit par une seule flèche entre les réactifs et les
produits

exemples :
NaOH + HCl -> NaCl + H2O
Na + H2O -> NaOH + 1/2 H2
CH4 + 2O2 -> CO2 + 2H2O

- soit tendre vers un équilibre ce qui se traduit par une double flèche entre les
réactifs et les produits.
Exemples :
Acide carboxylique + Alcool < > Ester + eau

2 < 2+
Cu + + Zn > Zn + Cu (Pile DANIEL)

2 - Cinétique chimique
La cinétique chimique a pour objet l'étude des vitesses des transformations des
produits chimiques et de l'influence des différents facteurs comme la
concentration des réactifs, la température ou la concentration des catalyseurs.

Une réaction qui est thermodynamiquement spontanée peut cependant avoir


une vitesse infiniment lente à une température ambiante. Cela est dû au fait
que bien que la variation d'énergie entre les réactifs et les produits soit
négative, les molécules de réactifs doivent subir un choc très énergétique (dit
choc efficace) pour donner les réactifs. Le choc sera d'autant plus efficace que
les molécules auront une grande énergie cinétique (molécules chaudes).

Expression de la vitesse de réaction Loi d'ARRHENIUS


Soit la réaction A + B --> C +D

Si la réaction s'effectue en phase gazeuse, la vitesse est proportionnelle aux


pressions partielles de A et B.
V = k.PA . PB

Exemple de la réaction H2 + 1/2 O2 --> H2O


1 1/2
on obtient une vitesse V = k. [PH2] . [PO2]

La théorie d'ARRHENIUS précise la valeur de k

Ea
k = Ae -
RT

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A dépend du nombre de chocs ; c'est le facteur de collision


Ea est l'énergie d'activation (énergie pour avoir un choc efficace)
T température.
La vitesse augmente lorsque T augmente ou Ea diminue

La réaction est représentée par le schéma suivant :

Energie

Ea
Ea = Energie d'activation

Energie initiale A + B

Energie finale C + D

A+B C+D Déroulement de la Réaction

Pour que la réaction ait lieu, il faut que les molécules passent lors du choc par
un état énergétique supérieur à celui du départ. (Cet excédent d'énergie
s'appelle l'énergie d'activation). La vitesse est d'autant plus lente que l'énergie
d'activation est élevée.

On peut illustrer cela par l'exemple de la bille sur le plan incliné. Si initialement
la bille est calée par un obstacle, il faut d'abord lui fournir de l'énergie pour
qu'elle franchisse l'obstacle (Énergie d'activation) afin qu'elle puisse rouler
jusqu'au bas du plan.

Plus la température est élevée, plus le pourcentage de molécules "chaudes" est


important et plus les chocs efficaces sont nombreux d'où l'augmentation de la
vitesse.

La vitesse de la réaction est d'autant plus grande que la température est


élevée.

Dans le cas d'une réaction de combustion, la température à partir de laquelle la


réaction s'initie puis s'autoaccélère pour donner une explosion s'appelle la
température d'autoinflammation.

Dans le cas où les produits combustibles sont gazeux, on peut augmenter la


température pour initier la réaction en comprimant brutalement le mélange
gazeux (en comprimant une pompe, la température s'élève).

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Influence de la température

n 25° C
100°C
450°C
H2

Vitesse

n Température d'auto-inflammation
25° C
100°C
450°C
O2

Vitesse

A 450°C, le nombre de molécules de H2 et O2 ayant une vitesse suffisante pour


donner un choc efficace, est assez grand pour initier la réaction en tout point de
la masse gazeuse.

Effet de la pression
On peut obtenir une auto inflammation par compression adiabatique. Le travail
de compression sert uniquement à augmenter la température du mélange (il n'y
a pas d'échange de chaleur avec l'extérieur).

Influence des catalyseurs


Les catalyseurs sont des corps qui ont pour effet d'augmenter la vitesse de la
réaction en diminuant l’énergie d’activation (Ea). En effet, le catalyseur permet
une absorption des réactifs à sa surface. Ceci à pour effet de rapprocher les
réactifs, favoriser les chocs et abaisser la valeur de Ea. La limaille de fer
accélère l’oxydation de l’hydrogène (H2) qui devient explosive.

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Ea

Ea' (catalyseur)

Déroulement de la réaction

Influence des radicaux libres :

Les radicaux libres sont des atomes avec un électron célibataire ce qui lui
confère une grande réactivité. Ils peuvent être créés de différentes manières et
en particulier par l’action d’une étincelle sur des molécules.

Exemple : si une molécule d’hydrogène H2 est coupée par une étincelle pour
donner 2 radicaux libres H•. Ces radicaux vont pouvoir réagir avec O2 à basse
température car l’énergie d’activation de la réaction est extrêmement faible par
rapport à celle de H2.

Les radicaux libres augmentent la vitesse de réaction en diminuant l’énergie


d’activation.

Les radicaux libres provoquent d’autres réactions, des réactions en chaîne. Le


mécanisme est le suivant :

H + O2 Ea1 HO 2
Ea2
H 2 O + H2 H2 O + OH

Ea3
OH + H 2 H O +H
2

2 H 2 + O2 2 H2 O

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2 – La combustion

a) Energie thermique, température, chaleur

a.1 Energie thermique

Selon l’état de la matière, l’énergie thermique revêt différentes formes


d’énergie cinétique. Elle est nulle pour tous les corps à O K soit – 273,16 °C.
Pour les solides, l’énergie thermique est essentiellement de l’énergie de
vibration, pour les fluides c’est presque exclusivement de l’énergie de
translation ( ½ de mv2).

a.2 Température

La température est une manifestation de l’énergie thermique. Si l’on met


en contact un doigt sur un solide chaud, la vibration des atomes se transmet
aux extrémités nerveuses ce qui donne une appréciation très relative de la
température du solide.
Il est toutefois préférable d’utiliser une manifestation physique de
l’énergie thermique qui est son effet sur les distances interatomiques. Les
solides et les liquides se dilatent lorsque la température augmente (sauf l’eau
dont le volume diminue entre 0 et 4 °C). Cette propriété est mise à profit pour
évaluer le température d’un fluide. Pour cela, il est nécessaire de fixer
arbitrairement des repères. Pour l’échelle Celsius, on fixe la valeur “ 0 ” de
l’échelle pour le changement d’état de la glace en eau à la pression
atmosphérique et à la valeur 100 de l’échelle pour l’ébullition de l’eau à la
pression atmosphérique

Deux thermocouples constitués par la soudure de deux métaux différents


(exemple ; fer et cuivre) permettent d’évaluer l’écart de température entre une
valeur de référence (T1) qui est en général la température ambiante et un corps
qui se trouve à température T2. L’intensité présente dans le circuit est
proportionnelle à cet écart de température.

a.3 Chaleur

La chaleur correspond à un transfert d’énergie thermique.


La chaleur est toujours transférée d’un point qui se trouve à la température la
plus élevée vers un point qui a la température la plus basse. Ce transfert a pour
effet d’augmenter l’énergie thermique et par conséquent la température du
corps le plus froid.
Il existe trois processus de transfert de chaleur : la conduction, la
convection, le rayonnement.

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La conduction

La conduction est un moyen privilégié de transfert de chaleur dans le cas des


solides.

On met en contact deux blocs métalliques identiques. L’un est initialement à


60°C et l’autre à 20 °C. L’amplitude des vibrations des molécules du bloc à
60°C est plus importante que celle du bloc à 20 °C. Les vibrations se
transmettent de proche en proche. Au bout d’un certain temps, l’amplitude
moyenne sera identique dans les deux blocs ce qui signifie que leur
température sera égale à 40°C.

On définit le flux thermique comme le rapport de la quantité de chaleur (∆Q) qui


est transférée du bloc chaud vers le bloc froid pendant l’intervalle de temps ∆T.
Ce flux thermique est proportionnel à la surface de contact entre les blocs, à
l’écart de température et à la conductivité thermique (λ). La conductivité
thermique du cuivre, qui est l’un des corps les plus conducteurs, est égale à
0,93 cal.sec-1.cm-1.

Autres exemples : fer la conductivité est de 0,14


verre la conductivité est de 2. 10-3
plâtre la conductivité est de 10-3
bois la conductivité est de 4.10-4

La convection
La convection correspond à un transfert d'énergie thermique consécutif à un
mouvement d'ensemble du fluide. La convection est exclusivement réservée
aux fluides.

Quand on chauffe un liquide ou un gaz, leur densité devient moindre. Ils vont
donc s'élever dans l'enceinte qui les contient en entraînant dans un mouvement
tourbillonnaire l'ensemble du fluide qui se réchauffe en passant à proximité de
la source de chaleur. La convection était autrefois utilisée dans les installations
de chauffage central basées sur le principe du thermosiphon.

Le rayonnement.
Le transfert thermique par rayonnement s'applique à tous les états de la
matière. En effet, quelle que soit leur température et dès qu'elle est supérieure
à 0°K tous les corps émettent même dans le vide, une onde électromagnétique
sinusoïdale dont la longueur est inversement proportionnelle à la fréquence des
vibrations longueur d'onde :

longueur d'onde λ en m : λ=C


γ
Avec :
8 -1
C = Vitesse de la lumière = 3.10 m.S
γ = fréquence en kiloHertz

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Rγ Rx U.V Visible IR ondes radio


>
-2 -1
10 A° 10 A° 0,4µ 0,8µ 2000 m

(1µ = 10-6m)

Si la température est inférieure à 400.-500°C, le solide émet des rayonnements


infrarouges (IR) dont la longueur d'onde est supérieure à 0,8µ.

A partir de cette température et jusqu'à 2 000°C environ, le solide émet en plus


des rayonnements visibles dont la longueur d'onde baisse progressivement de
0,8 à 0,4µ .

A 2000°C (filament de tungstène d'une lampe à incandescence) la lumière


émise est blanche.

A partir de 2 000°C environ le solide émet en plus des rayonnements ultra


violets (UV) de longueur d'onde inférieure à 0,4µ dangereux pour la rétine.

Il faut remarquer que la plage des rayonnements électromagnétiques perçus


par notre vue (le spectre visible) est extrêmement réduite. Toutes les couleurs
de l'arc en ciel qui vont du bleu au rouge ont des longueurs d'onde comprises
être 0,4µ et 0,8µ. (Si toutes les ondes électromagnétiques des rayonnements γ
jusqu'aux ondes radio étaient représentées par un fil de la longueur du tour de
la terre, la partie visible occuperait 1 cm).

Le flux thermique dQ/dt s'exprime en Watt par mètre carré (w/m²) de surface
rayonnante.
Loi de STEFAN-BOLTZMANN :

dQ = K σT4
dt

où K représente la constante de STEFAN-BOLTZMANN


-11 -2 -4
K= 3,67 10 W.m K
σT est l'émissivité
T la température absolue en Kelvin.

L'émissivité du corps dépend de sa nature et de sa couleur. Un corps


parfaitement noir a un σ proche de 1 alors que l'aluminium poli ou un miroir à
un
σ = 0,05. Ce qui signifie qu'un poêle noir émet à température identique, un flux
thermique presque 20 fois supérieur à celui émis par un poêle en aluminium
poli.

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Cette loi est valable pour tous les états de la matière. Exemple : une fumée
noire de fuel rayonne un flux thermique beaucoup plus grand que les gaz de
combustion translucide, comme CO2 ou H2O portés à la même température.

Un corps qui est un bon émetteur est un bon absorbant de la chaleur. Une
voiture noire absorbe mieux les rayonnements solaires qu'une voiture blanche
c'est-à-dire que dans les mêmes conditions sa température intérieure s'élève
davantage.

application : La bouteille Thermos

Une bouteille Thermos sert à conserver des liquides à une température


supérieure ou inférieure à la température extérieure. Ce qui prouve que les trois
processus de transmission de la chaleur peuvent être observés dans un sens
comme dans l'autre.

4. La réaction de combustion
Définition
La combustion est une réaction physico-chimique exothermique rapide entre un
réactif réducteur appelé COMBUSTIBLE (comportant du C et de l'H) et un
réactif oxydant appelé COMBURANT, déclenchée par une énergie d'activation
donnant des produits de combustion gazeux portés à haute température.

L'équation générale est :


Energie
d'activation
combustible + comburant > gaz + fumée (résidus) + lumière + chaleur

Le comburant, c'est-à-dire l'oxygène de l'air dans un incendie ou une explosion,


est un capteur d'électrons c'est donc un oxydant.

Lorsqu'il se fixe sur la molécule d'un corps, il lui enlève des électrons, et par
conséquent, entraîne une augmentation de la charge électrique positive de la
molécule oxydée.

L'énergie indispensable à l'abandon des électrons est appelée "énergie


d'ionisation". Sans entrer dans le détail des réactions chimiques, il faut toutefois
signaler que les halogènes tels que le brome, l'iode, le chlore, le fluor sont de
puissants oxydants.

Le combustible est un libérateur d'électrons, c'est donc un réducteur. Lorsqu'il


réagit avec une molécule en lui cédant certains électrons, il provoque
l'augmentation de la charge électrique négative de la molécule réduite.

Pour exemple, mettons en présence de deux atomes d'oxygène, un atome de


carbone qui abandonnera ses 4 électrons à chacun des atomes d'oxygène en
cause selon la réaction :

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L'oxygène, capteur d'électrons, a été réduit tandis que le carbone, libérateur


d'électrons a été oxydé.

Nous pouvons donc compléter la précédente définition de la combustion et dire


qu'elle est une réaction provoquée entre réducteurs et oxydant. D'où son
appellation de "réaction REDOX".

Une réaction de combustion est obligatoirement exothermique (H négatif), elle


doit être suffisamment rapide pour que les produits de combustion gazeux
soient portés à haute température et donne une flamme visible. C'est la
combustion vive. Si la température des gaz de combustion n'atteint pas 500°C,
la flamme est invisible, on parle de combustion lente.

Les combustions les plus usuelles contiennent essentiellement du carbone, de


l'hydrogène et de l'azote (les oxydes d'azote ne se formant qu'à des
températures très élevées, on n 'en tient pas compte dans les équations de
combustion).

Dans la majorité des cas, une combustion a lieu dans l'air et c'est l'oxygène de
l'air qui est le comburant (on convient de prendre comme composition de l'air
1/5 de O2 et 4/5 de N2).

Remarque : il ne faut pas oublier que certains corps très avides d'oxygènes
comme les métaux alcalins (Na) sont capables de brûler dans CO2 ou H2O qui
sont pourtant des produits de combustion.

La stoechiométrie
La stoechiométrie est atteinte lorsque la répartition du combustible et de
l'oxygène est exactement proportionnelle à celle écrite lorsque l'on équilibre la
réaction de combustion. C'est le mélange donnant le meilleur rendement. On
l'appelle aussi oxyéquilibre

1 s = Nb de moles de combustible x 100


Nb total de moles figurant dans
l'équation de combustion

Exemple : combustion de l'air (1 s : % du mélange stoechiométrique)

• Hydrogène = H2 + 1 O2 + 2N2 → H2O + 2N2


2

1s= 1 x 100 = 28,6 %


1+1 +2
2

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• Méthane : CH4 + 2O2 + 8N2 → CO2 + 2H2O + 8N2

1s= 1 x 100 = 9,1 %


11

• Vapeur de benzène
C6H6 + 15O2 + 3ON2 → 6 CO2 + 3 H2O + 3 N2
2
1 s = 2,6%

• Vapeur d'alcool
C2H5OH +3 O2 + 12 N2 -> 2 CO2 + 3 H2O + 12 N2
1 s = 6,2 %

Moyens d'initier une réaction de combustion


• On peut initier (on emploie parfois les termes de mise à feu ou d'amorçage)
une réaction en élevant la température sans que la flamme soit en contact
direct avec les réactifs. C'est la température d'auto inflammation. Cette
température est en général relativement élevée.
Exemple :
H2 = 450°C ; CH4 = 55°C

Vapeurs de benzène = 560°C


Vapeur d'alcool éthylique : 365°C

En ce qui concerne les produits usuels, c'est le sulfure de carbone (S2C) qui a
la température d'auto inflammation la plus basse avec 90°C.

• On peut augmenter la température d'un mélange gazeux combustible et


atteindre la température d'auto inflammation en augmentant brutalement la
pression.

• On peut aussi initier une réaction de combustion en abaissant l'énergie


d'activation de la réaction soit en utilisant un catalyseur soit en créant des
radicaux libres à l'aide d'une étincelle (quelques microjoules sont suffisants) et
à fortiori à l'aide d'une flamme.

Différents types de flammes

Flamme de diffusion
Le combustible et le comburant ne sont pas mélangés avant la mise à feu.
C'est le cas d'un bec Bunsen avec la virole fermée, de la vapeur au dessus d'un
liquide combustible, d'un morceau de bois ou de charbon…

La vitesse de la combustion est directement liée à la vitesse de diffusion de


l'oxygène vers le combustible.

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C'est la flamme des incendies classiques auxquels sont confrontés les


pompiers. Le phénomène étant relativement lent on peut envisager l'organiser
des moyens de lutte contre la flamme de diffusion.

Flamme de prémélange
Le combustible et le comburant sont prémélangés avant la mise à feu. C'est le
cas du bec Bunsen avec la virole ouverte, d'un mélange Méthane /Air ou
vapeur d'essence / air et même d'un explosif du type de la nitroglycérine
C3H5(NO2)3 où le combustible et le comburant sont déjà rassemblés dans la
même molécule.

Comme nous le verrons la flamme de prémélange est un phénomène


extrêmement rapide. Aucun moyen de lutte n'étant envisageable, seule la
PREVENTION est efficace.

Flamme de décomposition
Nous savons que certains composés ont une chaleur de formation
endothermique (Acétylène, azoture de plomb, oxyde d'éthylène). Si pour une
quelconque raison ces corps se décomposent, ils émettent un fort dégagement
thermique et des gaz. Ce qui correspond bien à la définition d'une flamme sans
que pour cela il y ait eu une combustion.

Azoture de Pb (N3)2 Pb exothermique> 3 N2 =Pb (flamme de décomposition)


rapide

Acétylène sans air C2H2 exothermique> 2C + H2 (flamme de décomposition)


rapide

La plupart des explosifs et des poudres donnent des flammes où interviennent


simultanément le prémélange et la décomposition car il s'agit très souvent de
corps dont la formation est endothermique.

Les limites de l'inflammabilité


On rencontre deux notions aujourd'hui confondues : les limites d'inflammabilité
et d'explosivité. S'agissant des limites de propagation de la flamme, on
comprend que l'on ne différencie pas déflagration et inflammabilité dans ce cas.

Les limites de déflagration sont des grandeurs expérimentales. Après avoir mis
dans un tube différentes proportions de méthane et d'air (par exemple) on
détermine que seuls les mélanges comprenant au minimum 5 % de méthane et
au maximum 15 % de méthane (le complément étant de l'air) sont susceptibles
de propager la flamme.

5 % correspond à la Limite inférieure d'inflammabilité LΙΙ du méthane dans l’air


ou la Limite inférieure d'explosivité LΙE

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15 % correspond à la Limite supérieure d'inflammabilité (LSΙ) ou limite


supérieure d'explosivité (LSE) du méthane dans l'air.

Les mélanges de moins de 5 % ne contiennent pas assez de combustible et les


mélanges de plus de 15 % ne contiennent pas assez de comburant. Certaines
LSE atteignent 100 % (acétylène, oxyde d'éthylène). Cela s'explique car après
la flamme de prémélange on est en présence d'une flamme de décomposition.

Évaluation du risque et définitions

L’auto inflammation est la température suffisante pour déclencher


spontanément des réactions d’oxydation, provoquer leur accélération et
atteindre l’explosion. Elle affecte l’ensemble des mélanges gazeux. La
température d’auto inflammation est caractéristique d’un mélange gazeux.
C’est une température assez élevée, le plus souvent entre 250°C et 650°C

Exemples :
H2 : 450°C alcool vapeur : 365°C
CH4 : 550°c CS2 : 90°C

Le point éclair est la température minimale à laquelle un liquide donne des


vapeurs qui, en présence d’air, peuvent être enflammées dans les conditions
normales de température et de pression. Il est voisin de la température à
laquelle la PVS permet d’atteindre la concentration correspondant à la limite
inférieure d’explosivité (LΙE)
Du point de vue sécurité, il faut avoir à l’esprit que l’inflammation des vapeurs
de ces mélanges peut se produire à des températures inférieures aux points
éclairs publiés du fait notamment, des conditions d’évaporation variables des
composants du mélange.

Le point de flamme : Afin que la chaleur dégagée par la combustion soit


suffisante pour entretenir l’évaporation, il faut que la température soit de 2° à 3°
supérieure au point éclair (qui correspond au premier flash) : c’est le point de
flamme.
On s'accorde à penser que seule la LΙE est importante. En effet, une enceinte
se trouvant au dessus de la LSE est potentiellement dangereuse dès que l'on
ventile.

En cas de fuite d'une bouteille de gaz combustible dans une enceinte fermée,
on peut évaluer grossièrement le pourcentage de gaz combustible en faisant le
rapport des volumes. Il ne faut cependant pas oublier que d = M
29
et que l'atmosphère risque de ne pas être homogène.

Dans le cas d'une vapeur en équilibre avec son liquide, on peut prévoir la
concentration de la vapeur à partir de la PVS. Le pourcentage de la vapeur
PVS x 100
P Total

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Ce pourcentage est une valeur maximale car on suppose que l'on se trouve à
l'équilibre et que l'enceinte est presque étanche. On va donc dans le sens d'une
sécurité maximale.

En fonction de la température de l'enceinte contenant un solvant donné on doit


savoir si l'on se trouve au-dessus ou au-dessous de son point d'éclair.

Définition du point d'éclair


C'est la température à laquelle il faut porter un liquide pour que la concentration
de ses vapeurs dans l'air corresponde à la LIE.

En connaissant ou en calculant la LIE on peut obtenir immédiatement n'importe


quel point éclair à partir de la courbe PVS correspondant au liquide.

Exemple:
LIE des vapeurs de Benzène = 1,3 % dans l'air.
On cherche sur la courbe PVS à quelle température la pression partielle du
Benzène est égale à 0,013 Bar. La pression de l'enceinte étant de 1 Bar cette
valeur correspond à 1,3 % .
La température correspondante est de - 12°C.

Le point éclair correspond au premier flash. Afin que la chaleur dégagée par la
combustion soit suffisante pour entretenir l'évaporation il faut que la
température soit de 2 à 3° supérieure au point éclair : c'est le point de flamme.

L'auto inflammation est la température suffisante pour déclencher


spontanément des réactions d'oxydation, provoquer leur accélération et
atteindre l'explosion. Elle affecte l'ensemble des mélanges gazeux. La
température d'auto-inflammation est caractéristique d'un mélange gazeux.

C'est une température assez élevée, le plus souvent entre 250°C et 650°C.

Exemple : H2 : 450°C alcool vapeur : 365°C


CH4 : 550°C CO2

Le tétraèdre du feu :
La réaction de combustion est représentée par un schéma appelé tétraèdre du
feu.

COMBUSTIBLE

TEMPERATURE

Energie Comburant
d'activation

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Le tétraèdre est applicable aux flammes de prémélange, de diffusion, mais pas


aux décompositions.
3.1.1.2 Généralités physico-chimiques appliquées aux explosions

Définitions générales :

• Explosions homogènes : Explosions pour lesquelles la réaction prend


naissance simultanément en tous points du mélange.

• Explosions chimiques par réaction : incluant le cas général des explosions par
combustion résultant de l'interaction comburant - combustible.

• Régime d'une explosion : suivant les qualités du mélange, les conditions


d'allumage et les circonstances extérieures, l'explosion en phase gazeuse se
développe suivant deux régimes principaux, expérimentalement définis et
vérifiés ; à savoir :

a) Déflagration
Il s'agit du régime le plus fréquent de l'explosion, la vitesse de propagation de la
flamme dans le milieu reste inférieure à quelques centaines de m/seconde. Ce
sont les radicaux libres qui font progresser la frange réactionnelle dans le
mélange combustible-comburant. Une déflagration est donc arrêtée par tout
inhibiteur des radicaux libres, la surpression incidente reste modérée bien que
liée à l'environnement et aux contraintes volumiques, de l'ordre de la dizaine de
bars.

b) Détonation
Régime à apparition aléatoire, la détonation nécessite un mélange
stoechiométrique. Très souvent elle est initiée par une déflagration ou un
phénomène hautement énergétique.

Schématiquement, on peut résumer le phénomène par une accélération telle de


la vitesse de propagation dans le milieu, que les gaz de combustion ne peuvent
plus s'éliminer par l'arrière dans la zone brûlée. Il se produit alors une zone de
surpression à l'avant de la flamme, résultant du "coincement" de ce gaz.

L'explosion progresse alors très vite, comme par sauts après atteintes
ponctuelles de la température d'auto inflammation.

On observe des vitesses de propagations très importantes (plus de 1 000 m par


seconde) supérieures à la vitesse du son, d'où le nom du régime. La
surpression est une véritable onde de choc dépassant quelquefois dans des
conditions extrêmes les 1 000 bars. Rarissime dans les explosions en phase
gazeuse accidentelles (3 ou 4 cas décrits) la détonation est expérimentalement
réalisable. Elle reste la règle pour les explosions des substances condensées
(T.N.T. par exemple).

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c.1 Effets des explosions

La surpression
Effet majorant des explosions en phase gazeuse, l'effet mécanique (ou onde de
pression) génère les principaux dégâts. Il est mesuré en millibars (mb),
l'expression chiffrée correspondant au pic de surpression incidente. Ce nombre
n'est pas exactement illustratif de l'importance des effets.

D'autres facteurs interviennent en effet,


notamment la dépression suivant le pic de l'onde
( ∆P) de choc et qui est éminemment destructeur,
même s'il reste faible en valeur absolue.

c.2 L’équivalent TNT


Méthode simple de modélisation de l'effet mécanique des explosions.

3.1.1.3 Généralités sur les extinctions

Pour les besoins de l'exposé, nous allons définir dans un premier temps les
classes de feu :

Feu classe A ........................... bois, papier


Feu classe B............................ hydrocarbures, solvant solaires
Feu classe C............................ gaz
Feu classe D............................ métaux

Pour éteindre une flamme de diffusion, il faut évidemment tenir un


raisonnement opposé à celui que l'on tient pour la mise à feu. En effet pour
avoir une combustion, il faut que le combustible et le comburant soient dans de
bonnes proportions.

Pour éteindre, on peut utiliser les moyens suivants :

- diminuer la température (utilisation de l'eau)


- éliminer ou séparer le comburant du combustible
- maîtriser l'énergie d'activation

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- modifier la proportion de combustible et de conburant soit en enlevant


le combustible (si cela est possible) : déblai par exemple, soit en diminuant le
pourcentage d'oxygène par l'introduction d'un gaz inerte dans l'atmosphère :
c'est l'inertage.
a) Diminuer la température
Pour réduire l'intensité de la température, on utilise l'eau qui est un excellent
agent de refroidissement.
Pour sa vaporisation, 1 mole d'eau soit 18 g passe de l'état liquide à l'état
vapeur en absorbant 10 k cal (ou µ 40 kilo Joules) au foyer.
on a

H20 liquide 10 k.cal H20 vapeur

C'est cette consommation d'énergie qui agit.

Agent extincteur le plus connu, il ne s'adresse pourtant qu'à un éventail restreint


de type de feu (qui constitue il est vrai, la majorité des feux domestiques).

L'eau est utilisée par les engins de sapeurs-pompiers. L’eau est aussi utilisée
pour les seaux pompes et les extincteurs à eau pulvérisée.

L'eau permet l'extinction de foyers de type A (bois et papier) sans restriction.


Elle peut éteindre des feux d'hydrocarbures par action de la vapeur d'eau dans
une enceinte métallique. L'eau est par contre incompatible entre les feux de gaz
et les feux de métaux.

Les dégâts dus à l'utilisation de l'eau sont parfois plus importants que ceux dus
au feu.

Utilisée dans un endroit clos, il peut y avoir formation d'une quantité importante
de vapeur qui nécessitera de ventiler le local concerné.

L'utilisation de l'eau à proximité d'appareillage ou d'installation électrique peut


être la source de court-circuit mais aussi de décharge électrique à l'encontre du
porte lance.

Les lances incendies peuvent également agir, lorsque l'on utilise le jet "bâton",
par désorganisation du foyer.

Par mouillage, l'eau permet d'éviter les reprises de feu après extinction totale.

L'eau peut-être accompagnée d'additifs tels que les tensioactifs qui améliorent
la pénétration de l'eau dans les résidus.

b) Éliminer le comburant (ou le séparer du combustible)

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La réparation du combustible et du comburant peut se faire par l'utilisation de


mousse ou de films flottants dans le cas des feux d'hydrocarbures le but étant
de couper l'accès à l'air.

Mousse chimique

Agent extincteur utilisé rarement et seulement en extincteur (autrefois)


Le principe est de mettre en contact :
solution acide + solution basique + émulsifiant

Le mélange est autopropulsé du fait de la fabrication de dioxyde de carbone


lors de la réaction.
La mousse chimique est utilisé sur les feux de classe A et B

Mousse physique

* Caractéristiques et définitions

Ce sont les mousses les plus courantes (mais on ne les rencontre jamais en
extincteur).
Le schéma général est le suivant

Eau + Émulseur → mélange ou prémélange


+
air → mousse

La concentration est le taux d'émulseur utilisé pour constituer le mélange


moussant, généralement de 1 à 6 % (souvent à 3 %)

Le foisonnement est le pouvoir émulsifiant : f = nb de litres de mousse


nb de litres de mélange
bas foisonnement 0 ≤ f = 20
moyen foisonnement 20< f ≤ 200
haut foisonnement f > 200

On définit également le rendement ................r = nb de litres de mousse


nb de litres d'émulseur

Le taux d'application représente la quantité de solution moussante nécessaire


pour permettre une extinction complète. En effet, la mousse est en partie
détruite au fur et à mesure de son déversement (chaleur, instabilité des
émulsions, action des solvants). Il faut donc apporter un débit supérieur à la
quantité de mélange détruite par unité de temps. Le taux d'application s'exprime
en litres de mélange par mètres carrés et par minutes.

Un bon émulseur sert à faire de la mousse ayant comme propriété soit de


couler soit de rester compacte.

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La mousse doit retenir beaucoup d'eau ; elle est également caractérisée par le
temps qu'elle met à relâcher son eau (c'est la demi-vie).

La mousse est utilisée pour les foyers de type A (mousse coulante) et dans les
foyers de type B.

L'utilisation de mousse coupe le rayonnement thermique.

Le voile surfactant (cas des mousses formant des films flottants) bloque
l'arrivée de vapeurs (en dessous du voile liquide est en équilibre avec ses
vapeurs).

L'extinction est garantie : il n'y a pas de remise à feu.

La mousse doit arriver avec une vitesse verticale nulle pour ne pas brasser le
combustible.

* Matériel utilisé
injecteur ou doseur : c'est un mélangeur eau/ émulseur
utilise le système du cône de VENTURI
(on trouve également des doseurs à vanne pour une arrivée d'émulseur sous
pression.)

ASPIRATION

DEPRESSION

DEPRESSION MELANGE

Générateur de mousse : procède également du cône de venturi, il s'agit cette


fois d'injection d'air.

Lance à mousse : Si le générateur est indépendant, il doit être proche de la


lance, (on peut transporter la mousse à bas foisonnement que sur 20 m
maximum) il existe également des lances génératrices.

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On trouvera les montages suivants :

EMULSEUR

EAU M G L MOUSSE

AIR

DISPOSITIF

OBLIGATOIRE
EMULSEUR
POUR HAUT

ET MOYEN

FOISONNEMENT
EAU M MELANGE G L MOUSSE

AIR

EMULSEUR AIR

EAU M MELANGE G MOUSSE L MOUSSE

(l< 20 m)
EMULSEUR

EAU M G MOUSSE L MOUSSE

( l < 20 m)

AIR

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Anhydride carbonique ("neige carbonique")


Agit en séparant le combustible du comburant mais aussi par refroidissement. Il
s'agit de CO2 liquéfié donc propulsé (vu sa tension de vapeur à température
ambiante).
Seul agent utilisable, avec la poudre, sur l'électricité. Convient à tous types de
feux hormis ceux de la classe D.

c) Maîtriser l'énergie d'activation. Diminuer la vitesse de réaction

Pour qu'une réaction soit thermodynamiquement possible, il faut pour l'initier,


augmenter sa vitesse en élevant sa température ou en baissant son énergie
d'activation par l'intermédiaire de catalyseurs et surtout de radicaux libres.

Inversement pour ralentir une réaction de combustion, il faut soit abaisser la


température comme nous l'avons vu précédemment, soit piéger les radicaux
libres qui sont les moteurs de la combustion.

On explique le piégeage par le fait que les composants des agents extincteurs
ont une énergie d'ionisation inférieure à celle de l'oxygène.
Ces composants s'ionisent préférentiellement et interrompent ainsi l'oxydation
en chaîne.

Les poudres

Les poudres piègent les radicaux libres en les absorbant.


Ce sont des produits généralement inertes : phosphate mono ou diamonique,
carbonates et bicarbonates de sodium et potassium.
Les grains sont entourés de silicones ou de stéarates ce qui évite la sensibilité
et l'humidité et le phénomène de brassage des poudres.

La poudre est propulsée par un gaz (dioxyde de carbone ou azote) contenu


dans un sparklet.
Elle agit également par la formation d'un vernis : en effet, au delà d'une certaine
température (si >ou= 193° C ) la poudre fond sur le substrat et forme un vernis
(Na H CO3 ) peu soluble dans l'eau, qui ignifuge ce substrat.

Les poudres peuvent agir sur des foyers de type A B et C.


Sur les foyers de type B et C leur mode d'action est spécifiquement le piégeage
des radicaux libres.
Certaines poudres très spéciales peuvent éteindre des foyers de type D.

Les hydrocarbures halogénés

Les halons, sous l'effet de la température donnent des radicaux libres inactifs
pour entretenir la réaction de combustion mais qui par contre, piègent les
radicaux libres actifs.

Les halons sont des composés symbolisés par un nombre dont le premier
chiffre indique le nombre d'atomes de carbone, le deuxième le nombre

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d'atomes de fluor, le troisième le nombre d'atomes de chlore et le quatrième


celui de brome. Exemple 1301 correspond à CF3 Br.

Au contact d'une flamme, CF3 Br donne 2 radicaux libres CF3• et Br• qui ègent
les radicaux libres actifs pour la réaction de combustion, tel que H• , pour
donner CF3 H et BRH.

Les plus connues : Halon 1301 CF3 Br


Halon 1211 CF2 QBr

Les halons sont utilisés dans des locaux fermés. Ce sont des gaz qui peuvent
être dangereux pour l'homme et qui nécessitent une bonne ventilation après
leur utilisation.

Par leur action, toute flamme en activité est arrêtée. Tant qu'il y a du halon dans
l'atmosphère, les produits de pyrolyse émis par les braises ne peuvent
s'enflammer.

Les halons sont utilisés sur les foyers de type A, B, C, et D (sauf dans certains
cas particuliers).

d) L'inertage

Nous avons vu que pour que la combustion ait lieu, il faut que le combustible et
le comburant soit dans de bonnes proportions. Pour éteindre on peut donc
modifier ces proportions en diminuant le pourcentage d'oxygène par
l'introduction de gaz inertes dans l'atmosphère tels que CO2, H2O, Ne, etc.

Dans un local fermé, la pression partielle du comburant baisse.


L'inertage est inefficace sur des foyers de type A et C. Utilisé spécifiquement
pour les foyers de type B.
La protection de salles informatiques peut être assurée par une installation de
CO2.
Le CO2 est un gaz toxique pour l'homme et les locaux concernés doivent être
évacués avant que soit libérée le CO2. Il est également très employé sur les
installations électriques.

e) Conclusions
On peut résumer tous les procédés d'extinction que nous venons de voir sur le
tétraèdre du feu.

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COMBUSTIBLE
DEBLAIEMENT

SEPARATION

- MOUSSE
- FILM
TEMPERATURE - FLOTTANT(HYDROCARBURES)
- EAU (SOLIDE/AIR)

Vaporisation de l'eau

- CO2
COMBURANT - Vapeur d'eau
RADICAUX LIBRES - Poudres
- Haions

3.1.1.4 Phénoménologie des explosions

a. B.L.E.V.E.

• B.L.E.V.E. est un acronyme anglo-saxon signifiant : Boiling liquid expanding


vapor explosion. Une traduction rapide pourrait en être "Explosion
pneumatique(1) des vapeurs d'un liquide en ébullition".

• Cette traduction étant évidemment imparfaite et trop restrictive, nous nous


attacherons à décrire le plus simplement possible le phénomène de B.L.E.V.E.,
synthétiquement et chronologiquement :

- Chauffe, voire surchauffe d'un liquide ou d'un gaz liquéfié(2) en un


réservoir clos (confiné).

- Elévation importante et proportionnelle à la chauffe de la pression de la


phase gazeuse (tension de vapeur saturante), dans le réservoir.

- Création d'une brèche dans le réservoir, due soit à une fragilisation


accidentelle (poinçonnement par exemple), soit à un dépassement de
résistance mécanique (à 500°C, l'acier perd 50 % de sa résistance).

- Cette ouverture oblige un déplacement des équilibres en place : l'intérieur


de la citerne voit de fait sa pression passer de plusieurs dizaines de bars
à un bar (pression atmosphérique). Le liquide surchauffé se retrouve, lui
dans les conditions normales (de température et de pression) de son
ébullition. Celle-ci s'installe donc immédiatement avec une grande
violence, d'autant plus qu'elle est la seule expression de toute l'énergie
thermique accumulée.

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- Cette ébullition dégage très soudainement de très grandes quantités de


vapeurs rendant en quelque dixièmes de secondes le contenant inadapté
à son nouveau contenu gazeux. Survient alors une explosion que nous
qualifions de pneumatique générant onde de choc et projection de
missiles.
(1) Au sens donné par VALLAND et DAMEL In incendie et produits chimiques, S. Alpine de public , Grenoble 1982
(2) On peut remarquer que de l'eau à 120°C, dans un autocuiseur, peut être considérée comme un gaz liquéfié

- Le phénomène spectaculaire de boule de feu sera observé dans le


cas de gaz liquéfiés inflammables. Il n'est pas obligatoire puisque le
B.L.E.V.E. peut survenir sur des réservoirs de gaz liquéfiés non
inflammables.

Exemples de B.L.E.V.E.S. accidentels : Mexico, Feyzin, Kansas city…

b. Boil Over

• Boil over est un mot anglais qui pourrait être traduit par "bout débordement
par ébullition".

• D'autres phénomènes, ayant des cinétiques de déclenchement voisines sont


également décrits : froth over, slop over, nous nous limitons à leur citation pour
mémoire. La description du "boil over" correspond à celle du phénomène
présentant la plus grande ampleur.

• Ce type d'accident survient pour certains liquides inflammables, présentant


une viscosité élevée. Il ne peut concerner, par exemple le supercarburant.

• La chronologie de déclenchement simplifiée en est la suivante :

- Incendie d'un réservoir d'hydrocarbures liquides (à forte viscosité)

- Présence, en fond de bac, d'eau de provenances diverses (pluie,


extinction, fuite de réchauffeur).

- Dans le temps (plusieurs heures), la combustion s'exerçant sur les


fractions légères du liquide inflammable, il se crée une accumulation de
fractions lourdes sous la surface enflammée. Ce qui peut être imagé par
une "galette de goudrons" flottant sous la surface en feu, va en
s'épaississant au fil des heures.

- Avec la consommation de combustible, le niveau s'abaisse dans le


réservoir. Ce phénomène, conjugué au précédent, crée une onde de
chaleur progressant vers le fond.

- Lorsque cette onde de chaleur atteint l'eau résiduaire, celle-ci se


transforme quasi instantanément en vapeur, multipliant ainsi son volume
par 1 500 à 2000. Ce piston-vapeur est d'autant plus efficient que la
"galette de fractions lourdes" assure une certaine étanchéité, un pourtour
avec les parois du réservoir.

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- S'en suit un débordement très violent du liquide inflammable, avec un


phénomène de boule de feu, pouvant durer plusieurs dizaines de
secondes.

• Très souvent, les débordements occasionnés par les "boil-over" entraînent


une extension géographique du sinistre

• Exemples de "boil-over" accidentels : Port Hudson, Port Edouard Herriot


Lyon,…

c U.V.C.E.
Cet acronyme signifie "Unconfined vapor cloud explosion", ce qui signifie
explosion de nuage gazeux du milieu non confiné. La littérature de sécurité
actuelle semble consacrer la disparition progressive du "U" transformant ainsi le
mot en V.C.E. Les différents retours d'expérience ont témoigné, en effet, de
nombreux cas de "pseudo confinement" des nuages explosant librement dans
l'atmosphère, liés à l'encombrement spatial (installations, bâtiments, accidents
de terrain, etc.)

• La chronologie de déroulement en est relativement simple :

- Genèse d'un nuage de gaz de vapeur inflammable provoquée par une


fuite, en phase liquide ou gazeuse. Ce nuage peut dériver au gré des
conditions météorologiques.

- Allumage de ce nuage sur un point chaud, flamme ou étincelle. La


vitesse de flamme sera éminemment variable en fonction des
concentrations (taux de mélange) et des obstacles. Elle pourra être
extrêmement lente dans les zones de haute “concentration” en
combustible, proches de la L.S.E., voire non explosive. A contrario, dans
les zones proches de la stoechiométrie, elle pourra être rapide, voire très
rapide (proche de la détérioration) si elle se heurte à des phénomènes
de confinement locaux.

- les conséquences de cette explosion sont une onde de surpression à la


puissance très liée à la vitesse de propagation de flamme, et
éventuellement une propagation géographique de l'incendie.

• Il est à noter que le retour de la flamme vers la capacité (ou canalisation)


émettrice de la fuite est absolument facultative et ne contribue en rien à la
définition du phénomène.

• L'U.V.C.E. ,à l'opposé de B.L.E.V.E., est difficilement modélisable par le calcul


de l'équivalent T.N.T., car la masse de combustible réellement réagissant est
souvent très faible par rapport à celle relâchée.

Exemples d'U.V.C.E.s accidentelles : Flixborough, Feyzin, La Mède…

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d. Explosions de poussières

• Les explosions de poussières reposent sur un facteur principal : la division du


combustible. C'est elle qui permet la création d'un mélange combustible-
comburant, relativement stable, au sein duquel la réaction d'explosion va se
développer.

Les différentes conditions à remplir pour observer une explosion de poussière


sont :
- la réalisation d'un nuage stable (par agitation, process industriel, ou
incident). La stabilité du mélange est liée à la finesse granulométrique
des poussières. Cette finesse renforcera l'inflammabilité du milieu par
augmentation de la surface spécifique des poussières (interface
combustible-comburant).

- les produits concernés sont des matières organiques : sucre, cacao,


farine, charbon, matières plastiques …; ou des matières non organiques
: métaux par exemple. (aluminium, magnésium…).

- l'ignition du nuage formé, par une étincelle ou une source de flamme nue
suffisamment énergétique pour surpasser l'énergie d'activation du produit
en présence. Ceci peut se produire également par atteinte de la
température d'auto inflammation.

- l'explosion est la genèse d'une onde de surpression, généralement


d'autant plus destructrice qu'elle se produit à l'intérieur d'un bâtiment.
Très souvent ce type d'explosion n'est pas suivi de feu.

Quelquefois, le souffle de la première explosion recrée un nouveau nuage de


mélange combustible. Dans ces situations, une deuxième explosion survient
très souvent immédiatement après. Elle est appelée explosion secondaire.

Ce mécanisme est parfaitement transférable aux explosions d'aérosols, de


liquides pour lesquelles les poussières sont remplacées par de fines
gouttelettes (exemple : moteur diesel).
Explosions de poussières accidentelles : corps de poussières dans les mines,
explosion de silos (Metz - 1981).

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3.1.2 : Risques toxiques

3.1.2.1 Généralités et typologie

La toxicologie est la science qui traite des poisons ou toxiques, de leur


propriétés, leur mode d’action, des moyens de détection et de dosage.
Le but est de définir
les moyens de lutte contre les effets toxiques
les conduites à tenir pour traiter les intoxications et surtout les
prévenir

a. Notions de danger et de risque :

Le danger d’une substance chimique correspond à sa toxicité intrinsèque


(capacité de produire un effet délétère sur l’organisme)
Le risque toxique est la probabilité de survenue d’un effet toxique à partir
d’une substance donnée, dans des conditions d’exposition bien définies.
b. Facteurs influençant l’action d’un toxique sur l’organisme
. la quantité introduite dans l’organisme = dose
. la toxicité intrinsèque du produit
. la voie de pénétration
. l’état du sujet : âge, fatigue, stress, aptitudes métaboliques, grossesses
. l’introduction d’autres produits dans l’organisme : aliments, alcool,
tabac, drogues, médicaments, autres toxiques
. la quantité de toxiques ou de métabolites actifs au niveau du site
d’action ou récepteur
la toxicocinétique : absorption
distribution
transformation
élimination
b.1. La quantité introduite dans l’organisme :

est rarement connue

Elle dépend de : la durée d’exposition


la concentration du produit
la fréquence d’exposition

“ Rien n’est toxique, tout est toxique. Tout est fonction de la dose ! ”

Les différents types d’intoxication :


. aiguë ou suraiguë : l’exposition est de courte durée et l’absorption est rapide.
La dose est absorbée en une seule fois ou en plusieurs fois très rapprochée
(<24 h). Les signes d’intoxication apparaissent rapidement et peuvent être
suivis de la mort selon la dose et le toxique.
Ces intoxications peuvent être volontaires ou accidentelles.
. Subaiguë : il faut parfois attendre des expositions répétées sur plusieurs jours
pour que la symptomatologie apparaisse.

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. Chronique : Les intoxications chroniques correspondent à des expositions


répétées pendant toute la vie ou une partie importante de la vie d’un individu.
Des signes cliniques peuvent apparaître après un temps variable, après
plusieurs années.

b.2. La toxicité d’un produit :

est influencée par :


. l’état physique du produit (solide, poussière, liquide, gaz)
. les facteurs d’ambiance (température, humidité, vent)
. les facteurs de dose

En France :

DTA Dose Toxique Adulte


DTE Dose Toxique Enfant
DL50 Dose Létale 50 = dose ingérée ou injectée provoquant la mort de
50% de la population testée
CL50 Concentration Létale 50 = concentration provoquant la mort de
50% de la population testée
VLE Valeur Limite d’Exposition = concentration maximale pouvant être
atteinte pendant au plus 15 mn (en milieu professionnel)
VME Valeur Moyenne d’Exposition = concentration moyenne maximale
admissible sur 8 h de travail, 4à h par semaine (en milieu
professionnel)

Aux USA

IDLH Immediately Dangerous to Life or Health = concentration


statistique tolérable, sans effet irréversible pendant 30 mn
TLV Threshold Limit Values
TLV-TWA Time Weighted Average= concentration moyenne à ne pas
dépasser sur une durée de 6 h, 40 h par semaine
TLV-STEL Short Time Explosure Limit = concentration à ne pas dépasser sur
15 mn
TLV-C Ceiling = valeur plafond de concentration à ne jamais dépasser

En Allemagne

MAK Maximum Arbeitsptatzkonzentration = concentration moyenne à


ne pas dépasser sur 8 h de travail

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3.1.2.2. Les voies de pénétration dans l’organisme, les principes généraux de


prévention et la conduite à tenir

A. les voies de pénétration dans l’organisme

a. La voie respiratoire (pulmonaire) :

La respiration est une fonction vitale.


L’inhalation de : gaz, vapeurs, aérosols, fumées, poussières peut entraîner des
effets toxiques
Les gaz et vapeurs pénètrent facilement au niveau des alvéoles pulmonaires
pour passer dans le sang qui les véhicule jusqu’aux organes.
Les poumons représentent une grande surface d’échange (90 m2, 400 millions
d’alvéoles à paroi mince, intense circuit d’échange avec le réseau sanguin)

Les poussières se déposent, selon la taille des particules, au niveau des fosses
nasales, bronches , bronchioles, et alvéoles.
(Rôle de filtre des voies aériennes supérieures – poils, cils, mucus,
macrophages)

b. La voie cutanée :

La peau d’un adulte = 1,8 m2


Elle est perméable à de nombreux produits liquides, gazeux et solides.

La pénétration à travers la peau varie selon :


la zone concernée (épaisseur, pilosité)
l’âge
la chaleur (sueur)
le temps de contact
c. La voie oculaire :
projection dans l’œil
muqueuse très sensible

d. La voie digestive :

Voies d’absorption pour l’alimentation ou intoxication accidentelle par confusion,


ou manque d’hygiène, ou intoxication volontaire.
Voie de déglutition d’un toxique inhalé

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e.1 La distribution

Le transport :

Le toxique est véhiculé par le sang et diffusé dans les tissus en fonction du taux
d’irrigation sanguine,
Sous forme dissoute (petite molécule hydrosolubles)
Ou fixé sur les éléments figurés du sang (albumine, hémoglobine)

La fixation tissulaire :

Les toxiques vont se localiser préférentiellement dans certains tissus ou


organes cibles

Trois localisations :
. Tissu de stockage : les organochlorés er organophosphorés se fixent
dans les graisses du tissu adipeux (stockage inactif) ils peuvent être libérés lors
d’un amaigrissement et provoquer une intoxication retardée.

. récepteur au niveau de l’organe cible


→ action toxique
. Tissu de métabolisation : le foie est l’organe au niveau duquel s’effectue
la majorité des biotransformations

e.2 La transformation :

Les toxiques sont transformés par des réactions métaboliques en composés


plus facilement éliminables et moins toxiques mais certains métabolites
intermédiaires peuvent être plus toxiques.
Ces biotransformations ont lieu dans divers tissus (foie, reins, muscle, intestin,
poumons)

e.3 L’élimination :

Les substances étrangères ou leurs produits de transformation sont éliminés


par
. l’urine
. la bile
. l’air expiré
. les phanères
. la salive
. les selles
. le lait

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f . Modes d’action des toxiques :

f.1 Action locale

à l’endroit de contact : peau, yeux, tractus digestif, voies respiratoires

Information sensitive : symptôme d’alerte


. odeur
pomme (acétaldéhyde)
amande amère (ac. cyanhydrique, nitrobenzène)
ail (acétylène)
œufs pourris (hydrogène sulfureux)
. goût
sucré (oxyde d’éthylène)
. chaleur (alcool)
. couleur de la peau ou des muqueuses
peau jaune fluorescente

Action caustique, corrosive, irritante :

Les produits de PH extrêmes provoquent une destruction cellulaire pouvant


aller jusqu’à la nécrose.
Cette action est liée au
. PH (acidité ou basicité)
. pouvoir oxydant ou réducteur
. pouvoir déshydratant (=> irritation)

Action inflammatoire :

Réaction de défense de l’organisme au point de contact avec le toxique


caractérisé par 4 signes locaux :
Rougeur
Chaleur
Douleur
Œdème ( gonflement par accumulation de liquides cellulaires et
plasmatiques)

g. Action générale :

Au niveau des sites éloignés de l’endroit de contact initial. L’action sur un


organe particulier est favorisé par :
. le degré de perfusion entraînant une concentration importante de la
substance dans certains organes
. la composition chimique de l’organe

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. sa situation particulière sur la voie du transport toxique


. les caractéristiques biochimiques de l’organe atteint

Quelques exemples :

Les solvants (trichloréthylène, acétone, alcool, essence …) sont facilement


inhalés et transportés au niveau du système nerveux central. Ils provoquent
une dépression de l’activité du système nerveux (fatigue, troubles de l’équilibre,
céphalées, baisse de la vigilance, somnolence, anesthésie)

Le monoxyde de carbone CO, se fixe sur une protéine de transport circulante,


l’hémoglobine à la place de l’oxygène et entraîne une anoxie (manque
d’oxygène au niveau cellulaire)

Certains toxiques se fixent électivement sur une enzyme en provoquant :


. une inhibition : Les organophosphorés bloquent l’acétylcholinestérase et
entraînent des troubles neurologiques. Les cyanures se fixent sur la
cytochrome oxydase et bloquent la chaîne respiratoire.
. une induction ou stimulation : le benzopyrène de la fumée de cigarette stimule
les enzymes hépatiques, et donc les transformations métaboliques des autres
toxiques au niveau hépatique.

B . Principes généraux de prévention :

a. Les moyens individuels de protection :

a.1 Protection de la peau et des muqueuses :


. les gants : le modèle et le matériau doivent être choisis en fonction du toxique
manipulé.
Gants en néoprène ou en PVC, à manchettes pour acides, bases,
phénols…
Gants en polyvinyle alcool pour les solvants organiques
Gants en nylon ou en polyéthylène pour les substances solides à
forte pénétration (pesticides, médicaments)
Certains gants peuvent entraîner des réactions allergiques
. Les crèmes barrières : à base de polymères cellulosiques réalisent un film
plastique et anti-adhérent à la surface de la peau. Elles évitent l’incrustation des
salissures (cambouis) et permettent de prévenir les dermites au niveau du
visage provoquées par les vapeurs de formaldéhyde, de résines époxydiques
ou acryliques…
L’application doit être répétée sur peau saine et séchée
. Vêtements de travail adaptés
. les lunettes de sécurité : le port s’impose lors de manipulation de substance
caustiques ou irritantes pour éviter les graves conséquences d’une projection
oculaire.

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a.2 Protection des voies respiratoires :

. Appareils filtrants :
Masques anti particulaires

Identifiés par une bande blanche


Efficace contre les poussières, aérosols et brouillards lorsque les
particules ont un diamètre > 5 µm ( masques P2 et P3)

Masques à cartouche filtrante

Ils possèdent un filtre à charbon actif spécifique, plus ou moins


volumineux, sous forme de galette, cartouche ou bidon.
Identifiés par un code et une bande de couleur.

Code Couleur Toxiques

A brune gaz et vapeurs organiques


B grise gaz et vapeurs inorganiques :
Ac. Cyanhydrique, chlore, hydrogène
sulfuré
E jaune dioxyde de soufre et vapeurs acides
K verte ammoniac et composés aminés
CO monoxyde de carbone
Hg P3 rouge et blanc vapeurs mercurielles
NO P3 bleu et blanc vapeurs nitreuses

Appareils isolants : ARI

Assurent une protection totale quelque soit la nature de l’atmosphère


toxique.

b. Evaluation et surveillance de l’exposition :

b.1 La métrologie : est l’ensemble des méthodes d’identification et ou de


dosage du toxique dans l’atmosphère de travail, en vue d’une comparaison
avec des valeurs de référence (VLE,VME)

Les dosages atmosphériques nécessitent une méthodologie complexe et


rigoureuse de prélèvement et de dosage.
Analyseurs portables à mesure directe
Tubes colorimétriques Draeger
Détecteurs de gaz

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b.2 La biométrologie : correspond aux méthodes de recherche et ou de dosage


du toxique (molécule mère ou métabolites) dans les milieux biologiques, pour
évaluer la dose interne. Souvent, on mesure les effets biochimiques réversibles,
spécifiques et corrélés avec la dose interne (activité cholinestérasique pour les
organophosphorés)

b.3 La surveillance biologique des sujets exposés : vise à détecter un impact


précoce du toxique sur ses organes cibles.

c. Protection collective :
Réglementation concernant la fabrication, la distribution, la manipulation
et le stockage et l’élimination des matières dangereuses
Etiquetage des produits
Réglementation des TMD (signalisation, étiquetage, documents de bord)
Fiches de données de sécurité des produits
Remplacement des produits dangereux par des substances moins
nocives (Toxicovigilance)
Plans d’organisation des secours (POI,PPI,SDACRP)

C. Conduite à tenir en cas d’intoxication collective :

Il est très important de :


. se protéger systématiquement avant de pénétrer dans l’ambiance toxique
(scaphandre, ARI)
. noter :
. le nombre de victimes
. leur répartition dans l’espace pour connaître la capacité de diffusion du
toxique
. la gravité des signes cliniques
. soustraire les victimes de l’ambiance toxique
. donner les premiers soins :
. bilan des fonctions vitales
. gestes élémentaires de survie
. laver à grande eau (décontamination cutanée et oculaire 15 mn avec
eau à 15 degrés à 15 cm)
. Prévenir les secours médicaux de la nature et des risques du produit.

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3.1.2.3. DISPERSION

3.1.2.3.A. GRANDS PRINCIPES DE PROPAGATION

1. INTRODUCTION

Le but est de faire comprendre les conditions de stabilité d'une masse d'air, en
vue d'estimer rapidement le type de diffusion et pouvoir éventuellement divers
modèles du marché.

Il s'agit donc de présenter les échelles des mouvements atmosphériques, les


notions de turbulences ; puis les conditions de stabilité ou d'instabilité seront
expliquées, pour arriver ensuite à examiner les diverses formes de diffusion
dans l'atmosphère.

Quelques phénomènes locaux influent à petite échelle seront abordés.

Ainsi l'on sera en mesure de définir quelques règles "réflexes " à connaître pour
mieux appréhender un accident ou un risque chimique du point de vue du
météorologiste dans les conditions opérationnelles.

2. NOTION D'ECHELLE EN METEOROLOGIE

Les mouvements de l'atmosphère existent à toutes les échelles (ou longueur


d'onde).

La plus grande : les mouvements planétaires comme l'anticyclone des Acores,


les grandes dépressions circulant dans l'Atlantique Nord (plusieurs milliers de
kilomètres) ; à une échelle légèrement plus petite on trouve les cyclones
tropicaux (+/- 1000 km) ; puis les perturbations (fronts), les gros systèmes
orageux ; les gros nuages (cumulo-nimbus) qui sont des entités assez
autonomes (jusqu'à plusieurs dizaines de kilomètres de diamètre) ; puis les
systèmes de plus en plus petits, comme les trombes, les rafales, les tourbillons
entraînant les feuilles d'arbres derrière les coins de bâtiment, et des
mouvements à échelle de plus en plus réduite jusqu'à l'échelle moléculaire.

Les mouvements aux échelles les plus grandes intéressent directement les
météorologistes qui essaient de les prévoir. Les plus petits (rafale et échelle
inférieure) sont par contre imprévisibles actuellement. On ne peut que
connaître leur état "statistique moyen " : la température par exemple renseigne
sur l'agitation moléculaire moyenne (cela en est même la définition en
thermodynamique).

Pour la diffusion d'un nuage de polluant, nous nous placerons à une échelle
intermédiaire : pour un nuage toxique en effet, la dilution est en général telle
qu'au bout de plusieurs dizaines de kilomètres le nuage n'est plus très
dangereux en général. Pour un nuage radioactif, par contre l'échelle des
phénomènes à retenir peut être plus grande.

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Quel est le lien entre ces diverses échelles, ou ces divers phénomènes qui
semblent indépendants ?

L'énergie de l'atmosphère est concentrée sur toutes ces longueurs d'onde de


façon continue (mais non homogène bien sûr). Les apports d'énergie et les
dissipations se font à toute petite échelle. C'est par exemple la condensation
d'une goutte d'eau qui va apporter de la chaleur latente à l'air, c'est le
frottement sur un caillou qui va absorber de l'énergie cinétique, c'est le
rayonnement du soleil qui échauffe localement, ...

Puis la turbulence "fondamentale " va regrouper tous ces petits quanta


d'énergie et les "transporter " vers les longueurs d'onde plus grandes : ainsi le
vent sur la mer ne fait que créer les toutes petites rides ; ces rides vont ensuite
s'organiser progressivement, se regrouper pour former des vagues de plus en
plus grandes ; c'est pourquoi les très grosses vagues n'apparaissent que
longtemps après le début du vent. Une autre image de ce transfert serait dans
l'adage "les petits ruisseaux font les grandes rivières ".

En général, comme indiqué plus haut, le météorologiste modélise globalement


ces échanges avec une échelle (dite synoptique) pratiquement presque
toujours supérieure à 10 kilomètres.

Ici, nous nous intéressons à l'échelle inférieure, vu les vitesses de diffusion


(dilution).

3. NOTION DE TURBULENCE

Ce sont les mouvements à petite échelle qui vont brasser la masse d'air et
permettre sa dilution. Les mouvements à plus grande échelle vont eux assurer
son transport.

Une turbulence faible voudra dire que les transferts des petites vers les grandes
longueurs d'onde ne se font que lentement. Les polluants resteront bien
concentrés.

Une turbulence forte sera synonyme d'une plus grande dilution.

Quels sont les paramètres influant sur cette turbulence ?

• le frottement avec le sol : il entraîne le brassage mécanique par "viscosité ".


• la nature du sol : d'elle va dépendre le frottement, faible en cas d'herbe rase
et de terrain plat, plus fort en cas de forêt, plus irrégulier encore en cas de
bâtiments, usines, agglomération...
• l'échange de chaleur avec le sol : la densité de l'air variant avec la
température, un sol plus chaud par exemple va entraîner l'ascension de
petites particules d'air (plus légères) qui vont être remplacées par d'autres
plus froides.

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3.1. CLASSES DE TURBULENCES

La turbulence peut aussi être schématisée selon deux origines : mécanique


(frottement) et thermique.

Un sol chaud, un vent fort, des bâtiments vont donc augmenter la turbulence et
le brassage de la masse d'air, comme indiqué sur les schémas intitulés
turbulences/rugosité.

Lorsque la turbulence est très faible, l'écoulement peut être qualifié de


laminaire.

3.2. NOTION DE COUCHE LIMITE ATMOSPHERIQUE

C'est la "tranche " d'atmosphère dans laquelle les phénomènes décrits ci-
dessus d'échange avec le sol sont les plus sensibles ; au-dessus, l'écoulement
n'est que lentement influé par ce qui se passe au voisinage du sol : c'est
l'atmosphère libre.

Cette couche limite a une épaisseur estimée de 500 à 1500 mètres. Au-dessus
de cette couche on note peu de différences entre le jour et la nuit, la différence
de rugosité du sol n'est pas sensible,...

Cette couche limite est plus épaisse l'été que l'hiver, les phénomènes radiatifs
(échanges de chaleur) étant plus prononcés.

4. VARIATIONS DU VENT

Le vent varie en permanence : il est l'illustration même de la turbulence.

4.1. EN DIRECTION :

La direction du vent est fluctuante : une petite girouette est rarement stable. Elle
suit les mouvements de l'air d'échelle supérieure à sa taille, en y apportant son
inertie mécanique et des phénomènes dynamiques (sillage).

En général d'ailleurs, plus le vent est fort, plus ces mouvements sont rapides,
importants et désordonnés.

Mais il y a en plus des variations de direction à toutes les périodes


(correspondant à toutes les longueurs d'onde des mouvements
atmosphériques) : changement de direction dominante d'un jour à l'autre, entre
le matin et l'après-midi en cas de brise côtière, et surtout, pour ce qui nous
intéresse, fluctuations de l'ordre de 20 degrés (au minimum et en terrain plat)
autour de la direction dominante avec des périodes inférieures à quelques
minutes.

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Ce sont ces fluctuations de directions qui amènent l'élargissement des zones


menacées par les nuages de polluants. Cet angle de fluctuation de direction est
fonction de la turbulence (plus faible en cas de faible turbulence, ...).

4.2. EN VITESSE :

On retrouve les mêmes fluctuations, avec les mêmes périodes, avec les mêmes
origines, que pour la direction : c'est l'origine des rafales.

Et même en cas de vent "faible mais établi " et non "turbulent ", la vitesse du
vent fluctue.

4.3 AVEC L'ALTITUDE :

Le frottement fait que la vitesse du vent est nulle au niveau du sol. La vitesse
du vent va donc augmenter avec l'altitude, au fur et à mesure que l'influence du
sol diminue. On adopte habituellement un profil logarithmique de croissance du
vent ; au-delà de 50 mètres, en terrain plat et dégagé, le vent n'augmente plus
que très lentement.

La forme du profil sera fonction de l'intensité du frottement, donc de la "rugosité


" du sol. Elle sera aussi différente selon que l'écoulement est "presque
laminaire " ou "très turbulent ".

C'est d'ailleurs pour ces raisons que les météorologistes ne s'intéressent qu'au
vent moyen sur 10 minutes, en terrain plat et bien dégagé (rugosité faible) et à
10 mètres au-dessus du sol.

5. STABILITE / INSTABILITE

Nous avons vu que la turbulence a deux aspects : mécanique et thermique.


C'est le vent qui va imposer la turbulence mécanique en fonction de la nature
du sol.

C'est la structure de la masse d'air et la température du sol qui vont régler la


turbulence thermique, selon que l'atmosphère sera "faible " ou "instable ", la
dilution sera faible ou importante.

5.1. DEFINITION :
Une atmosphère sera dite "stable ", si une particule d'air écartée pour quelque
raison que ce soit de sa position d'équilibre a tendance à y revenir, "instable "
dans le cas contraire.

5.2. PRINCIPE :
Si on élève une particule d'une altitude dZ, elle va subir une chute de pression
dP, et donc une chute de température dT (on suppose les transformations
adiabatiques).

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5.2.1. CAS STABLE :

Si la courbe d'état de l'atmosphère est telle que la particule est plus froide que
le milieu environnant, elle sera plus lourde, et donc redescendra à son niveau
de départ. De même si elle est déplacée vers le bas, elle sera plus chaude,
donc plus légère et elle remontera. Dans ce cas on dit que l'atmosphère est
stable.

5.2.2. CAS INSTABLE

L'atmosphère sera instable lorsque la particule d'air subissant une élévation


sera plus chaude et plus légère que le milieu environnant.
On voit donc que la stabilité va dépendre de la vitesse de la croissance de la
température avec l'altitude, la limite étant la pente adiabatique. En réalité on
distingue deux cas, selon que l'air est saturé en vapeur d'eau ou non : en effet,
en cas de saturation, les phénomènes liés aux échanges de chaleur latente
modifient la pente de cette courbe adiabatique.

Air non saturé :

Décroissance plus rapide que - 1°/100 mètres = instabilité


Décroissance moins rapide que -1°/100 mètres = stabilité

Air saturé :

Décroissance plus rapide que - 0.65°/100 mètres = instabilité


Décroissance moins rapide que -0.65°/100 mètres = stabilité

Inversion :

On utilise ce terme lorsque la température augmente avec l'altitude (au lieu de


diminuer usuellement) ; nous sommes dans ce cas en position de stabilité très
forte.

Isothermie :

Ce terme est employé lorsque la température ne varie pas avec l'altitude. C'est
pour nous le début de la forte stabilité.

Instabilité absolue :
Lorsque la température décroît plus vite que l'adiabatique sèche.

Instabilité sélective :
Lorsque la décroissance est entre -0,65 et -1 degrés par 100 mètres.

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5.2. CONCRETEMENT

On ne peut dire l'instabilité ne commence qu'à partir de telle ou telle valeur


théorique : l'atmosphère est par essence même inhomogène (voir turbulence).
Le gradient vertical n'est qu'un gradient moyen, ...

De plus, il faut pour rester très pratique, ne retenir que quelques valeurs
caractéristiques.

Il est habituel, dans ces questions de diffusion de polluants de ne considérer


que DEUX CLASSES de stabilité !

5.3. STABILITE

Température décroissant moins vite que -0.5° par 100 mètres (incluse donc
évidemment l'inversion). Ce cas est généralement appelé DIFFUSION FAIBLE.

5.4. INSTABILITE

Température décroissant plus vite que -0.5° par 100 mètres. C'est la
DIFFUSION NORMALE.

6. DIFFUSION DE PANACHES ET STABILITE

Nous présenteront ici les formes visuelles de panaches de cheminées,


éléments malheureusement facilement observables dans notre environnement.
Il est évident que des nuages de gaz ont le même comportement.

L'illustration diffusion de panache présente les divers cas selon la structure de


l'atmosphère :
• une atmosphère stable donne des panaches restant très concentrés. La
turbulence thermique est faible. De plus, le vent est faible, donc la turbulence
mécanique l'est aussi.
• une atmosphère instable élargit très rapidement les panaches : la turbulence
à petite échelle entraîne le mélange des polluants avec l'air "pur "
environnant.

Le schéma intitulé gradient thermique vertical et diffusion montre diverses


possibilités, selon la hauteur des cheminées.

On voit bien qu'une couche d'inversion bloque la diffusion (vers le haut ou vers
le bas).

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6.1. SURHAUTEUR DE CHEMINEE

Un phénomène en limite de ce cours est quand même à signaler ; : la surhateur


d'un panache.

Quelle que soit la structure de l'atmosphère, une fumée chaude commencera


toujours par s'élever avant de s'étaler (sauf s'il s'agit d'un gaz très lourd). En
effet la différence de température fait que le gaz "polluant " est plus léger que
l'air ambiant. Il va donc s'élever tant que les phénomènes mécaniques et
thermiques ne l'auront pas ramené à la température de l'air.

Ces phénomènes dépendent un peu de la vitesse de sortie des gaz, mais


surtout du débit de chaleur à "neutraliser " et de la vitesse du vent (qui règle les
phénomènes turbulents d'échange).

Cette surhauteur est d'ailleurs très visible sur les fumées d'incendie de forêts.

Elle permet aussi à certaines fumées de dépasser les inversions de


températures : par exemple, la cheminée de Gardanne (300 mètres) a une
surhauteur de l'ordre de 150 mètres, ce qui lui permet de "crever " l'inversion
tant que cette dernière ne dépasse pas 450 mètres, ce qui est très rare.

6.2. CONSEQUENCES OPERATIONNELLES POUR LES SAPEURS


POMPIERS :

Les explications théoriques ayant maintenant été données, il reste à voir si l'on
peut, en arrivant sur les lieux d'un éventuel accident, estimer la structure de
l'atmosphère, de façon à prévoir la nature de la diffusion (NORMALE ou
FAIBLE) et donc l'étendue potentielle des zones menacées.

Pour cela nous allons voir dans quels cas l'atmosphère a de grandes chances
d'être stable, sachant que dans les autres cas, elle sera considérée comme
instable.

Le chapitre suivant va donc présenter l'origine des inversions de température


susceptibles de se produire dans les basses couches de l'atmosphère.

7. ORIGINE DES INVERSIONS AU VOISINAGE DU SOL

Ce sont, comme indiqué précédemment, les situations d'inversion au niveau du


sol qui vont entraîner des diffusions lentes, et donc favoriser les fortes
concentrations loin des sources, en ayant en petite contrepartie des zones
menacées plus limitées latéralement.

Comment ces inversions peuvent-elles se former ?

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7.1. PRINCIPE DES PHENOMENES DE RAYONNEMENT

Tout corps rayonne en permanence de l'énergie en fonction de sa propre


température. La température de ce corps résulte donc de l'équilibre entre le
rayonnement émis et le rayonnement reçu de l'ensemble des corps voisins (et
éventuellement de transfert de chaleur par conduction...).

7.2. APPLICATION A L'INTERFACE SOL/ATMOSPHERE

De jour le rayonnement (visible et infrarouge) reçu du soleil compense


largement le rayonnement (infrarouge) du sol : la température du sol augmente
donc au cours de la journée. Le sol chaud réchauffe par conduction et
convection l'air situé au-dessus.

De nuit, le rayonnement du sol, qui se poursuit, n'est plus compensé ; la


température du sol basse jusqu'à ce que le soleil revienne et soit suffisamment
haut pour compenser à nouveau les pertes par rayonnement du sol. C'est
pourquoi le minimum de température se situe en général une demi-heure après
le lever du soleil.
En cas de nuage pendant la nuit, une partie du rayonnement issu du sol est
réfléchie par la vapeur d'eau du nuage : le refroidissement est donc moins
intense (effet de serre). Les nuits à ciel couvert sont "moins fraîches" que les
nuits à ciel étoilé, toutes choses égales par ailleurs.

L'influence du vent sera vue dans le paragraphe suivant.

7.3. FORMATION DES INVERSIONS DE RAYONNEMENT

Ce sont ces phénomènes de refroidissement par rayonnement qui sont à


l'origine de la plupart des inversions au voisinage du sol.

Le schéma intitulé "formation des inversions de rayonnement " présente


l'évolution de la variation de la température avec l'altitude au cours de la nuit.
Les conditions de validité de ce rayonnement seront vues au fur et à mesure
des explications.

Le sol se refroidit donc par rayonnement, s'il n'y a pas de nuage. L'air situé
juste au-dessus est refroidi par contact. Le froid se propage ainsi vers le haut.
Plus le sol va se refroidir, plus l'air froid va gagner en altitude. La formation de
l'inversion va donc durer jusqu'au matin.

S'il y a du vent, la turbulence mécanique va créer un brassage des basses


couches de l'atmosphère. L'air relativement plus chaud en altitude va venir se
mélanger avec l'air froid en cours de formation au voisinage du sol : l'inversion
n'aura donc pas lieu. C'est la raison pour laquelle les nuits ventées sont
toujours relativement plus chaudes.
Du brouillard peut aussi se former : il faut que le ciel soit dégagé et le vent
faible ou nul, bien sûr ; de plus, si le refroidissement est tel qu'il amène la
masse d'air à une température inférieure à son point de rosée, nous arriverons
obligatoirement à la saturation de l'atmosphère, et donc à l'apparition de

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brouillard. Le lecteur pourra consulter l'annexe pour plus de renseignement sur


l'humidité.

Le brouillard (sur terre, par nuit calme) est donc lié à ces inversions.

7.4. DESTRUCTION DE CES INVERSIONS

Pour la destruction, les phénomènes inverses se produisent.

Le soleil va réchauffer le sol directement. Ce dernier va transmettre sa chaleur


à l'atmosphère par conduction et surtout par convection. L'énergie en jeu étant
plus importante, les transferts par convection plus rapides que par contact, la
destruction de l'inversion sera très rapide.

La présence de nuages ralentira la destruction d'une inversion. Le brouillard,


en empêchant le soleil de réchauffer le sol, pourra maintenir l'inversion (et donc
le brouillard associé) pendant toute la journée.

7.5. EPAISSEUR DE CES INVERSIONS

Pas de règles générales : la hauteur dépend :


• de la longueur de la nuit
• de la couverture nuageuse
• de la vitesse du vent
• du relief avoisinant (descente d'air froid, brises de pente)
• éventuellement de l'humidité de l'air ...

Néanmoins, les inversions en zone de plaine, ont des hauteurs de l'ordre de la


centaine de mètres. En zone montagneuse, on peut observer des inversions de
plusieurs centaines de mètres de hauteur.

7.6. AUTRES INVERSIONS

On rencontre d'autres inversions dans l'atmosphère, notamment les inversions


de subsidence liées à une présence d'air chaud en altitude. Elles n'influent pas
directement sur la diffusion des polluants, sauf lorsqu'elles sont situées à des
altitudes basses et qu'elles se combinent alors aux inversions de rayonnement.

8. PHENOMENES LOCAUX

Certains phénomènes locaux peuvent influer sur la diffusion des polluants.

8.1. BRISES COTIERES


Rappelons qu'elles se produisent dans les régions voisines du bord de la mer,
en l'absence de vent synoptique, par ciel bien dégagé de préférence. Elles se
manifestent par un vent venant de la mer l'après-midi, et de la terre pendant la
nuit et le début de la matinée.

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Elles sont dues de jour à l'échauffement de l'air situé au-dessus de la terre, qui
fait baisser la pression et crée donc un courant de la mer vers la terre. L'air
marin entrant doit être considéré comme instable.

De nuit et jusqu'à la renverse de la brise, il s'agit de l'écoulement d'air froid créé


par rayonnement ; cet air doit donc être considéré comme stable.

8.2. BRISES DE PENTE ET VALLEE


Nous avons les mêmes phénomènes thermiques que pour les brises côtières.

De nuit, l'air descendant par gravité des flancs des montagnes et s'accumulant
dans le fond des vallées provoque de très fortes inversions de températures.
Cet air est stable.

De jour, l'échauffement le long des pentes crée un courant remontant les


vallées et flancs de montagne. Cet air est instable en général.

8.3. RELIEF
Il ne faut pas oublier que la direction dominante de l'écoulement synoptique est
très influencée par le relief : déviations, contournement, accélération, tourbillons
d'accumulation, ... On ne peut ici détailler tous ces phénomènes ; on peut
simplement rappeler que l'atmosphère se comporte comme l'eau dans une
rivière lorsqu'elle rencontre un caillou, des gorges, ...

8.4. AGGLOMERATION
Un premier effet lié aux agglomérations est la formation d'un îlot de chaleur qui
réduit l'importance de l'inversion de température au-dessus des grandes
agglomérations ; c'est d'ailleurs la raison pour laquelle le brouillard est plus rare
en ville qu'à la campagne.

Le deuxième effet des dynamiques, les bâtiments, les rues et boulevards


perturbent tant l'écoulement de l'air qu'il est toujours très difficile de prévoir la
direction du vent en un point donné. Prévoir le déplacement de polluants dans
une agglomération relève du casse-tête ou plutôt du hasard.

8.6. OBSTACLES
Nous arrivons à la dernière échelle perceptible : les simples obstacles (murs,
maison, ...) peuvent modifier l'écoulement de l'air (en direction et vitesse) et la
concentration des polluants (hausse de la concentration en amont, baisse en
aval...).

9. CONCENTRATION : ASPECTS QUANTITATIFS

Il s'agit d'étudier les bases des théories permettant de calculer les


concentrations de polluants, même si d'un point de vue opérationnel la
quantification des polluants est toujours difficile à évaluer. Un cône ellipsoïdal
représente généralement l’aspect quantitatif de la diffusion atmosphérique.
Cette forme est due au fait que la turbulence horizontale est isotrope : la vitesse
de diffusion est supposée être la même dans la direction du vent et dans la
direction perpendiculaire.

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A cette diffusion que l'on peut presque qualifier de moléculaire, il faut rajouter le
déplacement horizontal dû au vent moyen.

Dans le plan vertical, on trouve aussi une diffusion, mais la différente dans la
direction du vent (donc horizontale) est différente liée à la stabilité de l'air. De
plus la présence du sol provoque une dissymétrie évidente.

De nombreux auteurs proposent diverses formules pour estimer les


concentrations en tout point de l'espace, selon que l'on a affaire à une émission
continue ou instantanée, à un gaz léger ou lourds, ... Elles permettent d'estimer
les zones où les doses reçues par les populations dépassent une valeur
donnée, ...

La stabilité de l'air intervient directement dans les vitesses de diffusion selon les
directions concernées. Les modèles les plus simples doivent prévoir au moins
deux types de stabilité (stable et instable).

Malheureusement personne ne sait pour l'instant intégrer automatiquement le


relief dans ces simulations numériques.

Les résultats de ces modèles sont donc à utiliser avec précaution en zone à
relief perturbé, en cas de vent très faible, de situation météorologique non
stationnaire, en zone où les obstacles sont nombreux, ...

10. CONCLUSION

Relief, obstacles, caprices de l'atmosphère, effets thermiques locaux, sont


malheureusement là pour empêcher toute modélisation "parfaite ". Les modèles
théoriques ont leurs limites. Pour nous Sapeurs-Pompiers quelques règles
simples de bon sens à retenir peuvent être d'une aide considérable sur le
terrain :

• le vent moyen dominant va décider du déplacement moyen de la masse de


polluant. Il ne faut pas oublier de se renseigner sur son évolution (prévision)
lorsque l'accident "dure".

• la vitesse moyenne du vent peut être mesurée sur place (mais il est toujours
difficile d'avoir une mesure pas trop influencée par les obstacles voisins) ; il
est peut-être préférable de se renseigner sur une vitesse moyenne
"météorologique " dont l'imprécision sera compensée par l'absence de
phénomènes très locaux.

• la stabilité de l'atmosphère va régler la vitesse de dilution du polluant.

Comment approcher cette stabilité ? stable ou instable ?

Il y a de fortes chances pour que l'écoulement soit stable :

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lorsque le vent est faible et que nous sommes en fin de journée (début du
refroidissement), la nuit ou en tout début de matinée. De même lorsqu'il y a du
brouillard.

Il y a de fortes chances pour que l'air soit instable lorsque le vent est modéré ou
fort (plus de 5 mètres par seconde), ou lorsqu'il fait chaud au cours de la
journée, ou que le ciel est couvert.

L'observation des fumées voisines (elles sont nombreuses dans certaines


régions) permet de conforter une opinion.

3.1.2.3.B LE REJET GAZEUX

Le rejet gazeux qu’il soit toxique ou inflammable est un des phénomènes


physiques les plus difficiles à appréhender dans son évolution et donc
dans ses conséquences tant les paramètres mis en jeux sont nombreux et
complexes. Aucun modèle mathématique disponible à ce jour ne permet
d’intégrer l’ensemble des données. Les modélisations obtenues
constituent au mieux des scénarios enveloppes sur lesquels peut
s’appuyer l’action réflexe. Dans tous les cas, elles devront être affinées
rapidement en cours d’intervention au regard d’une étude systématique
de la zone d’accident et validées, chaque fois que possible, par des
mesures et des constations de terrain.

Ce préalable posé, l’approche globale d’un accident de ce type peut être


abordée dans une démarche classique, articulée autour :

d’une étude du terme source


d’une analyse du (ou) des flux
d’une évaluation des conséquences en terme de cibles

a - L’ETUDE DU TERME SOURCE

Elle regroupe :

L’identification du (ou des) produit mis en cause


L’analyse des conditions de stockage
L’analyse des conditions d’accident

a.1) L’identification des produits mis en cause :

Elle est essentielle car à chaque produit correspondent des caractéristiques


physico-chimiques propres induisant des risques spécifiques en terme de
toxicité, d’inflammabilité, etc...

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exemple :

Ammoniac (NH3)
Température d’ébullition : - 33°C à pression atmosphérique
Limites d’inflammabilité dans l’air : 16 % - 25 %
IDLH : 500 ppm
Propane C3H8
Température d’ébullition : - 44°C à pression atmosphérique
limites d’inflammabilité dans l’air : 2,2 % - 9,5 %
Non toxique

a.2) Les conditions de stockage :

Les produits gazeux à pression atmosphérique peuvent être stockés

Liquéfiés cryogéniques à la pression atmosphérique :

Dans ce cas, la pression de la phase gazeuse est généralement négligeable


(quelques centaines de millibars) par rapport à la pression hydrostatique au
fond du réservoir qui elle même varie en fonction de la nature du produit stocké

En cas de fuite, la dépressurisation est très faible et très peu de liquide est
vaporisé instantanément. La quasi-totalité du produit s’écoule sous forme d’un
liquide froid qui se répand sur le sol.

Estimation du débit à la brèche : il est lié à la pression hydrostatique du liquide


et à la surface de brèche.
Les formules et les calculs correspondants sont développés dans les exemples
et annexes figurant en fin du présent chapitre.

Bien qu’au cours de la vidange il diminue au fur et à mesure que la hauteur de


produit baisse ans le réservoir, les conséquences sont généralement évaluées
dans une approche maximaliste en considérant le débit initia.

Formation du nuage

Le nuage gazeux émis dans l’atmosphère est dû essentiellement à la


vaporisation du liquide froid liée aux échanges thermiques avec milieu
environnant extérieur (sol, atmosphère).

Au cours du rejet, le débit de vaporisation augmente durant toute la phase


d’extension du produit cryogénique sur le sol puis diminue au fur et à mesure
que le sol se refroidit pour atteindre un débit constant dû aux seuls apports
thermiques liés au rayonnement solaire, à l’air et à l’effet du vent.

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Les calculs d’évaporation correspondants sont complexes ce qui justifie


parfois le recours à des valeurs globales moyennes déterminées à partir
de résultats expérimentaux. Voir annexes et exemples développés à la fin
du présent document.

Liquéfiés sous pression :

A l’inverse des stockages cryogéniques, dans le cas des stockages


liquéfiés à température ambiante, la pression de la phase gazeuse est
nettement plus importante (plusieurs bars) que la pression hydrostatique qui
peut être négligée en première approche.

Sur ce type de stockage deux cas de fuite peuvent être envisagés : une
fuite en phase liquide ou une fuite en phase gazeuse

fuite en phase liquide :

Estimation du débit à la brèche :

Là encore, la modélisation du phénomène est très complexe, un calcul


approché simple permet toutefois d’évaluer le débit gazeux initialement émis.
Concernant la quantité totale de produite rejeté aucune formule mathématique
simple ne permet de l’évaluer. Quelques chiffre sont proposés dans la littérature
ainsi, l’association française du froid indique dans son guide technique à l’usage
des industriels qu’en cas de fuite en phase gazeuse sur une capacité de
stockage d’ammoniac liquéfié sous pression à température ambiante,
seulement 30 % du produit stocké est restitué à l’atmosphère (voire annexes et
exemples joints)

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3 Gazeux :

Le débit de fuite en phase gazeuse, est très inférieur à celui d’une fuite
liquide ou biphasique dans des conditions de pression et de dimension de
brèche équivalentes. Pour cette raison, les fuites en phase gazeuse sont
rarement retenues comme accident majeur.

La méthode de calcul préconisée figure en annexes et exemples à la fin


du présent document.

a.3 Les conditions d’accidents

Ce sont les conditions particulières découlant de l’analyse du sinistre qui,


intégrées à la réflexion, doivent permettre d’effectuer les calculs théoriques
et/ou de moduler les résultats obtenus.

A titre d’exemple, dans le cas d’un rejet gazeux, il faudra s’attacher à connaître
:

Les conditions météorologiques du moment : température extérieure,


température du sol, vent, conditions d’atmosphère
Le type de rejet : rejet instantané ou fuite alimentée
Le taux de remplissage et de la capacité de stockage
Le positionnement et le diamètre de la brèche ou de la conduite endommagée
La présence ou non d’une rétention (cuvette ou rétention naturelle)
La possibilité ou non d’obturation (partielle ou totale)
La forme du jet
La présence d’obstacles
Etc...

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La détermination des données relatives aux conditions de stockage et aux


conditions d’accident doit permettre d’évaluer au plus prêt :

- soit une masse de produit émise à l’atmosphère en cas de rejet instantané


- soit une débit massique en cas d’émission prolongée

b L’ANALYSE DU FLUX :

Le flux peut être défini comme le vecteur d’interface entre la source et la


cible, le phénomène qui relie la cause à l’effet. Dans le cas d’un rejet
gazeux ce phénomène est un phénomène physique appelé dispersion
atmosphérique.

b-1 La dispersion atmosphérique

La dispersion atmosphérique résulte de la combinaison de deux phénomènes


physiques principaux, le transport et la diffusion qui agissent simultanément sur
les molécules du nuage gazeux et conduisent à sa dilution. D’autres
phénomènes secondaires interviennent également il convient de citer :
l’appauvrissement du nuage par dépôts secs ou humides, les transformations
physico-chimiques, les phénomènes de condensation et de vaporisation

Le transport :
C’est le déplacement des particules du nuage sous l’effet du vent.

La diffusion :
C’est l’expansion du nuage sous l’effet de la turbulence.

On distingue :
La diffusion moléculaire
La diffusion turbulente
Dans l’atmosphère la diffusion turbulente est prépondérante. Elle résulte
de la superposition de tourbillons qui coexistent naturellement et agissent
simultanément dans les deux dimensions verticale et horizontale.

Comparés à la dimension du nuage :


Les plus petits ne font pas grand chose, ils contribuent au déplacement des
molécules à l’intérieur du nuage. Les plus grands déplacent le nuage dans la
globalité et contribuent au transport.
Seuls les moyens contribuent réellement à la diffusion.
Dès sa naissance le nuage rencontre un tourbillon, il grossit et cette expansion
se poursuit jusqu’à ce qu’il atteigne la taille des plus gros tourbillons.

b-2 Principaux paramètres agissant sur la dispersion

Ils sont au nombre de cinq :

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La direction et la force du vent : Elle induit l’orientation et la vitesse de


déplacement du nuage et joue un rôle essentiel dans l’évolution du gradient de
concentration

La stabilité de l’atmosphère : Elle se définit en fonction de la variation du


gradient de température verticale et traduit la nature du régime tourbillonnaire

Lorsque la chute de température verticale est :

- supérieure ou égale à 5 degrés Celsius pour 100 mètres d’élévation, les gaz
chauds montent facilement vers les couches froides supérieures, le régime
tourbillonnaire est important et la diffusion turbulente est bonne. Les conditions
d’atmosphère sont dites instables et la diffusion est dite normale.

- inférieure à 5 degrés Celsius pour 100 mètres d’élévation, le mouvement


ascensionnel des gaz chauds es contrarié, le régime tourbillonnaire est faible et
la diffusion est réduite. Dans ces conditions les conditions d’atmosphère sont
dites stables et la diffusion est dite faible.

Les précipitations : par effet mécanique elles entraînent les molécules


gazeuses qui se déposent au sol et conduisent à un appauvrissement du nuage
par dépôts humides

L’humidité : la vapeur d’eau présente dans l’air peut interagir avec le produit
rejeté par divers processus physico-chimiques (hydrolyse, etc...)

La rugosité du sol : la rugosité du sol que constituent les obstacles naturels ou


artificiels (couvert végétal, habitations, falaise, vallée, irrégularité de terrain...)
modifie ponctuellement les paramètres tels que le vent, le régime
tourbillonnaire, la température...
Les effets associés sur l’écoulement dépendent de l’importance de l’obstacle,
sa hauteur, sa longueur et sa forme.
A titre d’exemple, dans une agglomération, la hauteur et la géométrie des
immeubles, la largeur des rues, participent de manière importante à la
modification du flux par canalisation ou accélération des masses gazeuses.

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b-3 Approche mathématique du phénomène

Il existe de nombreux modèles mathématiques informatisés traitant de la


dispersion atmosphérique, toutefois, aucun, même le plus complexe, ne prend
ne compte tous les phénomènes décrits précédemment.
Pour une estimation pratique en phase opérationnelle, l’utilisateur devra
veiller à :

. disposer de données concrètes et fiables


. avoir accès à des méthodes de résolution simples et rapides d’emploi,
. avoir une bonne connaissance du processus de simplification utilisé
afin de pouvoir appréhender les limites du modèle
. éviter l’accumulation des facteurs de sûreté pouvant conduire à des
surestimations extravagantes

Choix du modèle

Suivant les circonstances et les objectifs visés, trois niveaux de choix sont
possibles:

L’utilisation d’abaques, simple et rapide sur le terrain


L’utilisation de logiciels tournant sur micro informatique embarquée. De délai de
mise en oeuvre plus long, ils peuvent permettre d’affiner les résultats
L’utilisation de gros calculateurs dans les unités de recherche. Délais longs
(plusieurs heures), coût élevé.

Parmi les modèles les plus simples, le modèle le plus utilisé est celui proposé
par le CEA dit modèle de DOURRY.

Il s’agit d’un modèle gaussion dans lequel les molécules de gaz sont supposées
se comporter comme des molécules d’air dans l’air se déplaçant à la vitesse du
vent, ce qui interdit toute analyse du comportement du nuage à proximité de la
source (d< 50 mètres) où la concentration et la densité en produit sont trop
élevées.

De plus, les modifications de diffusion consécutives à la présence d’obstacles


ne sont pas, non plus, prises en compte par ce modèle et faute d’avoir à
disposition un outil plus performant l’utilisateur devra toujours essayer de
moduler les résultats obtenus au regard des effets prévisibles liés à la
configuration du terrain et à l’occupation des sols dans l’axe de dispersion.

Ces préalables posés le modèle permet de traiter simplement par utilisation


d’abaques deux types de rejet suivant que l’émission est :

instantanée (modèle bouffée)


prolongée (modèle panache)

Il est communément admis qu’une émission peut être assimilée à un panache


lorsque sa durée est au moins quatre fois supérieure au temps de transfert au

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point d’observation (ce temps étant défini comme la valeur du rapport : distance
à parcourir (séparant la source du point d’observation) divisé par la vitesse de
déplacement du nuage.

Le modèle bouffée

C’est le cas d’une émission instantanée de produit

La formulation mathématique générale de la concentration en un point du


nuage s’écrit :

C (x,y,z,h) = Q exp {- 1 [(x- ut)7 + yz ]} [ exp (-1 (z-h)2)+ exp ( -1 (Z + h)7]


3/2
(2π) σxσyσz 2 σx2 σy2 2 σx2 2 σ z2

Avec : Q = quantité de produit émis (kg)


U = Vitesse du vent en m/s
x, y, z: distance au point d’observation
σx, σy, σz : Ecarts types de distribution exprimés en mètres

L’expression des écarts types diffère selon les auteurs. Dans la méthode
DOURRY :

Les écarts types sont fonction du temps de transfert du polluant de la


source au point d’observation et deux classes d’atmosphère (diffusion normale
DN et diffusion faible DF)).

La diffusion horizontale est supposée isotrope d’où :

σx = σy = (Ah t) kh
σz = (Azt) kz

avec A h et A z = paramètres de diffusion horizontale et verticale


Kh et Kz = exposants de diffusion horizontale et verticale

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Temps de transfert (secondes) Ah Kh Az Kz

DIFFUSION NORMALE

0 à 2,4 10 2 4,05 10-1 0,859 0,42 0,814


2,4 10 2 à 3,28 10 3 1,35 10-1 1,13 1 0,685
3,28 103 à 9,7 10 4 1,35 10-1 1,13 20 0,5
9,7 104 à 5,08 10 5 4,63 10-1 1 20 0,5
5,8 105 à 1,3 10 6 6,5 0,824 0,2 0,5
Sup à 1,3 106 210 5 0,5 20 0,5

DIFFUSION FAIBLE

0 à 2,4 102 4,05 10-1 0,859 0,2 0,5


2,4 102 à3,28 10 3 1,35 10-1 1,13 0,2 0,5
3,28 103 à 9,7 104 1,35 10-1 1,13 0,2 0,5
9,7 104 à 5,08 105 4,63 10-1 1 0,2 0,5
5,8 105 à 1,3 106 6,5 0,824 0,2 0,5
Sup à 1,3 106 2105 0,5 0,2 0,5

Dans le cas du modèle bouffée

- la concentration maximale au centre du nuage, dans l’axe du vent


peut s’écrire :
Q (kg)
C max (kg/m 3) = ___________
(2π) ”/é σh2

Cette valeur maximum pourra être utilisée pour définir un scénario enveloppe.

- la durée du temps d’exposition est calculée sur la base d’une exposition à


Cmax/2 est égale à :

t = 2,4*σh
U

Exemples et Calculs voir Fiche N°4

Le modèle Panache

Ce modèle est utilisé pour quantifier les émissions à débit continu constant. Elle
s’appuie sur le fait que l’air se comporte comme un filtre dont la valeur est
fonction de la distance au point de rejet, des conditions d’atmosphère et de la
vitesse du vent. Cette valeur est appelée coefficient de transfert atmosphérique
(χ CTA).

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Dans ces conditions la concentration s’écrit :

C - LA CIBLE

Face à un rejet gazeux toxique, l’homme et son environnement vivant (faune et


flore) constituent les cibles les plus vulnérables. Les effets induits les plus
conséquents sont liés aux intoxications respiratoires et sont fonction de la
nature du produit rejeté, de sa concentration et du temps d’exposition (voir
cours sur la toxicité).

Le confinement des individus assure souvent, dans un premier temps du moins,


compte tenu des dynamiques rapides d’accident, une action efficace et
incontournable.

La protection offerte par un local dépend du taux de renouvellement de l’air qui


lui même est fonction de l’étanchéité du local et à un niveau moindre, de la
différence de température entre l’intérieur et l’extérieur et de la vitesse du vent.

Ce taux peut varier de manière importante (0,1 à 3) pour des locaux et des
conditions différentes. Les taux très importants, très supérieurs à 1 par heure,
sont généralement caractéristiques d’une ventilation forcée ou de condition de
vent et d’étanchéité très défavorables (vent violent et fenêtres entrouvertes).
L’évolution de la concentration du gaz toxique à l’intérieur d’un confinement en
fonction de la concentration extérieure peut être calculée en supposant un
mélange parfait à l’intérieur de celui-ci à partir de la formule suivante :

CINT = CEXT (1 - e-nt)

- n est le taux de renouvellement d’air


- t est le temps

Lorsque la concentration extérieure redevient nulle, la concentration intérieure


Cmax en fin d’accident dans le bâtiment évolue suivant la relation :

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C = Cmax.e-nt (voir calcul fiche n° 5)

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DIAGRAMME DE MOLLIER

Le diagramme de Mollier constitue une représentation de l’état d’équilibre


liquide vapeur d’un produit dans un référentiel pression -enthalpie

EXEMPLE : Evaluation du taux de vaporisation de l’ammoniac stocké à 20°


Celsius sous 9 bars à partir du diagramme de Mollier à l’ammoniac.

Le point A représente l’état d’équilibre liquide vapeur à 20° Celsius.

Le point B représente l’état du produit rejeté lors de la perte de confinement.


L’analyse du diagramme montre qu’en B le produit se trouve sous forme
biphasique et que la partie du liquide vaporisée instantanément (flash
thermodynamique) est égale à 17 % - 18 %

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3.1.3 RISQUES DE POLLUTION

3.1.3.1 Généralité et typologie

3.1.3.1.A LA NOTION DE POLLUTION

La notion de pollution est ainsi définie dans le Larousse : Polluer, c'est "rendre
malsain ou dangereux, en répandant des matières toxiques; dégrader
l'environnement humain".

Cette notion appliquée aux eaux continentales a fait l'objet de plusieurs


définitions scientifiques et juridiques. Il est en effet très difficile de définir le
terme de pollution, étant donné la multiplicité de ses sources, des polluants
eux-mêmes et enfin des milieux récepteurs qui peuvent avoir un degré de
pureté très variable dans les conditions naturelles.

Un séminaire d'experts européens réunis à Genève en 1961 donne la définition


suivante "Un cours d'eau est considéré comme étant pollué lorsque la
composition ou l'état de ses eaux sont, directement ou indirectement modifiés,
du fait de l'action de l'homme, dans une mesure telle que celles-ci se prêtent
moins facilement à toutes les utilisations auxquelles elles pourraient se prêter
dans leur état naturel".

On notera qu'il est possible d'étendre cette définition à toutes les eaux
continentales (plans d'eau et eaux souterraines).

La loi n° 64-1425 du 16 Décembre 1964, relative au régime et à la répartition


des eaux et à la lutte contre leur pollution définit plus précisément les faits de
pollution dans son article I. Il s'agit de : "déversement, écoulements, rejets,
dépôts directs ou indirects de matières de toute nature et plus généralement
tout fait susceptible de provoquer ou d'accroître la dégradation des eaux en
modifiant leurs caractéristiques physiques, chimiques, biologiques ou
bactériologiques".

L'article L 232-2 (ancien 407)(1), du Code Rural, définit la pollution comme


l'action de "jeter, déverser ou laisser écouler dans les eaux, directement ou
indirectement des substances quelconques, dont l'action ou les réactions ont
détruit le poisson, ou nuit à sa nutrition, à sa reproduction ou à sa valeur
alimentaire".

La pollution de l'eau est ainsi envisagée en fonction d'un usage particulier qu'en
fait l'homme : la pêche. Les atteintes à la faune piscicole citées dans cet article
lui donnent néanmoins une grande portée.

Enfin, citons la définition adoptée par la Communauté Économique


Européenne, dans la Directive du Conseil n° 84/360/CEE. Cette définition
concerne la pollution atmosphérique, mais est aisément transposable aux
milieux aquatiques :

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

"La pollution est l'introduction dans l'atmosphère par l'homme, directement ou


indirectement, de substances ou d'énergie ayant une action nocive de nature à
mettre en danger la santé de l'homme, à endommager les ressources
biologiques et les écosystèmes, à détériorer les biens matériels, à porter
atteinte ou nuire aux valeurs d'agrément et aux autres utilisations légitimes de
l'environnement".

(1) Nota : Initialement numéroté 434-1, cet article est devenu "art. 4.7", avec la
loi Pêche (loi n° 84-512 du 29 Juin 1984), puis récemment "art. L 232-2". Un
décret émanant du Ministère de l'Environnement (N° 89-209 du 27 Octobre
1989, J.O. du 04 Novembre) a en effet transformé la numérotation du Code
Rural sans en changer le contenu.

Les définitions citées ici sont très générales, la pollution au sens large
regroupant en effet une multitude de pollutions. On distingue trois idées clés
dans la notion de pollution :

- le fait matériel : apports, déversements, écoulement, etc.... dont l'homme


est directement ou indirectement à l'origine,

- les polluants : substances quelconques, mais aussi énergie,

- les conséquences : elles sont définies de deux façons :


- dégradation intrinsèque des eaux, affectant, quelles
qu'elles soient, une ou plusieurs de leurs caractéristiques,
- modifications portant atteinte aux différents usages qu'en
fait ou pourrait en faire l'homme.

Enfin, les notions de seuil et d'état initial ne sont pas précisées étant donné la
diversité des déversements et des milieux visés. Les formulations adoptées
pour les conséquences sont cependant assez larges pour qualifier de pollution
une dégradation même infime des eaux.

3.13.1-B LA NOTION DE POLLUTION ACCIDENTELLE

Différentes classifications sont adoptées pour la pollution des eaux. On en


distingue classiquement deux grands types :

- les pollutions chroniques,


- les pollutions accidentelles.

Il s'agit en fait de deux extrêmes entre lesquels on peut faire figurer de


nombreuses pollutions "intermédiaires".

Les pollutions chroniques proviennent de déversements plus ou moins


permanents entraînant une modification progressive du milieu : changements
d'aspect de l'eau, envasements, dégradation de la faune et de la flore. Les
apports en cause peuvent être issus d'industries, de collectivités humaines
(eaux usées directement déversées), ou agricoles, par ruissellement direct ou

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

par infiltration et restitution via les nappes d'eaux souterraines. Ces apports ont
pour caractéristique de s'inscrire dans la durée.

La notion de pollution accidentelle est définie dans la circulaire interministérielle


du 18 février 1985. Il convient d'entendre par pollution accidentelle des eaux "la
constatation fondée sur l'observation directe ou sur les examens de laboratoire,
d'un effet nuisible non permanent souligné sur les eaux superficielles ou
souterraines provenant soit d'un événement imprévisible, soit d'un événement
provoqué plus ou moins consciemment.

Un rapport au secrétaire d'État à l'environnement concernant le financement


des actions d'urgence en cas de pollutions accidentelles établit que le terme de
pollution accidentelle "s'applique à tout événement de caractère inhabituel,
prévisible ou non , conduisant à une pollution d'eaux superficielles ou
souterraines pendant une durée limitée".

Dans ces deux définitions, c'est la notion d'événement origine d'un impact
transitoire, qui prédomine. Pourtant, au sens large, toute pollution justifiant,
outre des mesures d'évaluation et de suivi, des interventions immédiates et
exceptionnelles adaptées à chaque cas est considérée comme une pollution
accidentelle.

Or ces mesures, que nous appellerons "mesures d'urgence", se révèlent être


mises en œuvre dans des cas où la cause de la pollution n'est pas un
événement au sens strict, par exemple lorsqu'un ou plusieurs rejet(s)
chronique(s) provoque(nt) un impact transitoire et aigu dans des circonstances
particulières (faible débit temporaire pour un cours d'eau).

De même, une pollution durable (ex. Fuite continue et non localisée), peut
prendre le caractère de pollution accidentelle au bout d'un certain temps,
lorsqu'on découvre ses impacts. C'est la notion de cas fortuit ou pollution
graduelle qui est définie par les assureurs.

A l'inverse, des accidents ayant le caractère d'un événement de par leur


soudaineté et qui justifient des mesures d'urgence, peuvent être à l'origine des
impacts durables et parfois irréversibles (contamination d'une nappe d'eau
souterraine nécessitant la condamnation de captages destinés à l'alimentation
en eau potable, pollutions radioactives, etc....).

La notion d'impact non permanent est également à nuancer dans le cas de


rejets accidentels de métaux lourds ou de toxiques, qui s'évacuent ou se
dispersent plus ou moins rapidement dans l'eau, mais qui peuvent s'accumuler
dans les sédiments et les organismes vivants. Par libération, relargage ou
remise en suspension, ces substances peuvent ainsi provoquer une pollution
différée.

La frontière entre les pollutions accidentelles et les pollutions chroniques est


difficile à tracer. La distinction entre ces deux types de pollutions est fondée sur:

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- d'une part la durée de la cause de la pollution (rejet continu, discontinu,


ponctuel),

- d'autre part sur la durée de l'impact et d'une certaine façon, sur sa


gravité. En effet, selon la gravité de cet impact et sa perception par l'homme, il
y aura ou non déclenchement de mesures d'urgence.

Il s'agit là d'un critère objectif qui permet de faire une distinction nette entre
“ pollutions accidentelles ” et “ pollutions chroniques ”. Ce critère permet
également d'appréhender les pollutions citées plus haut : celles dont la
soudaineté de la cause et la non permanence des effets sont à nuancer.

3.1.3.1.C LES DIFFERENTS TYPES DE POLLUTION

Une classification complémentaire est généralement adoptée pour les pollutions


des eaux continentales. Elle consiste à différencier les pollutions accidentelles
par substances, ce terme devant être pris au sens large, afin de recouvrir :

- les pollutions énergétiques (pollutions thermiques et radioactives)


- les pollutions mécaniques (apports massifs de matières en suspension)
- les pollutions organiques (eaux usées domestiques, industrielles et
épandages agricoles)
- les pollutions par hydrocarbures
- les pollutions chimiques (métaux lourds, phytosanitaires, toxiques
divers)
- les pollutions bactériologiques (contamination de nappes lors de crues
importantes, effluents de pisciculture)

Enfin, les milieux récepteurs pris en compte sont les eaux continentales qui
regroupent les eaux souterraines et les eaux de surface.

Les pollutions accidentelles d'eaux souterraines sont les plus rarement


évoquées, mais elles peuvent également avoir des conséquences graves, étant
donnée la lenteur de leur résorption. A priori, on considère que les pollutions
accidentelles n'affectent que les eaux souterraines les plus superficielles
(nappes alluviales et phréatiques).

3.1.3.1.-D LES ORIGINES POTENTIELLES

On distingue quatre origines principales pour les pollutions accidentelles.


Celles-ci sont potentiellement issues :

- du secteur industriel
- des transports
- des activités agricoles
- des collectivités

a. LE SECTEUR INDUSTRIEL

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Qu'il s'agisse de transformation de matière première, de production ou de


stockage, les établissements industriels constituent la première source de
pollutions accidentelles à la fois en nombre et en importance.

La loi du 19 Juillet 1976 sur les installations classées pour la protection de


l'environnement, ainsi que plus récemment, la directive n° 82/501/CEE du 24
Juin 1982, dite "SEVESO" visent spécifiquement la réduction de ces risques.

Les accidents à l’origine des pollutions issues d'industries sont presque toujours
imputables à des erreurs humaines et/ou défaillances de matériel. Il s'agit le
plus souvent de :

- débordements de bidons ou de cuves


- fuites sur canalisations ou stockages
- incendie occasionnant des pollutions par l'intermédiaire des eaux d'arrosage
- explosions

On assiste également assez souvent à des dysfonctionnements ou à des


surcharges de stations d'épuration et de traitement d'effluents industriels
(lorsqu'elles existent). Ces incidents, suivant la nature des produits véhiculés
par l'effluent et leur charge, peuvent occasionner des pollutions accidentelles.

b. LES TRANSPORTS

Parmi les trois voies de transports classiques (route, chemin de fer, voies
navigables), c'est la route qui représente plus des trois quarts des transports de
matières dangereuses.

C'est également la route qui, proportionnellement, génère le plus grand nombre


d'accidents. Les pollutions dues aux transports trouvent donc le plus souvent
leur origine dans les collisions ou des renversements des poids lourds.

Par ruissellement ou infiltration, les matières transportées peuvent rejoindre la


nappe phréatique ou le cours d'eau lorsque celui-ci est proche du lieu de
l'accident.

Le risque lié aux transports routiers est, à priori, plus difficilement maîtrisable
que celui généré par des établissements fixes.

L'expérience montre toutefois que les fréquences maximales d'accidents se


localisent en des points particuliers dits "points noirs routiers", situés en général
sur des tronçons à fort trafic.

Des mesures de prévention sont de plus en plus souvent mises en place (pour
les autoroutes notamment). Il s'agit de cuvettes de rétentions et de déshuileurs
destinés à recevoir les polluants éventuels et mis en place près des

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

franchissements de points sensibles (ponts, passages proches de champs


captants).

Des déviations sont également prévues pour le transport de matières corrosives


ou inflammables.

Enfin, parmi les risques liés aux transports, citons le cas des oléoducs, sur
lesquels des fuites peuvent intervenir et ne pas être détectées immédiatement,
malgré des systèmes de télésurveillance.

c. L'AGRICULTURE

Les risques liés aux cultures

Le développement de l'agriculture intensive s'est caractérisé par la


généralisation de l'emploi d'engrais et des produits phytosanitaires (pesticides
et herbicides).

Surdosages au traitement, accidents en cours de préparation, stockages


défaillants, jets d'emballages vides ou rinçage de cuves sont le plus souvent à
l'origine des pollutions accidentelles en milieu rural.

Le ruissellement sur des surfaces nouvellement traitées, lors de forts


événements pluvieux, peut également provoquer un lessivage des produits
épandus, qui rejoignent alors en masse un cours d'eau.

Les conséquences de ces pollutions sont d'autant plus graves que les cours
d'eau en milieu rural ont, en général, conservé une bonne qualité et leurs débits
sont faibles.

Les risques liés à l'élevage

Les élevages "hors-sol" produisent des déchets particulièrement concentrés en


matières organiques azotées, mais également en bactéries pathogènes.

Leur stockage et leur épandage sont souvent mal contrôlés.

Lorsque survient un déversement massif en rivière ou un épandage trop proche


de captages d'eau potable, on assiste à des pollutions qui peuvent prendre un
caractère accidentel.

Les abattoirs produisent également des effluents riches en matières organiques


(sang) et quelquefois en matières en suspension (plumes par exemple), qui
peuvent rejoindre les cours d'eau lors de défaillance en station d'épuration.

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d. LES COLLECTIVITES

Dans la plupart des cas, c'est un dysfonctionnement de station d'épuration qui


est à l'origine de déversements accidentels d'eaux usées (voire de boues) au
cours d'eau.

Il existe également un risque lors événements pluvieux importants. Des eaux


ayant ruisselé sur des surfaces imperméabilisées (revêtements bitumineux,
toitures, etc), se chargent en effet de différents polluants accumulés pendant la
période sèche, avant de rejoindre le milieu naturel directement (réseau
séparatif), soit par des déversoirs d'orage (réseau unitaire). Ce phénomène
s'accompagne, en outre, d'un effet de chasse dans les canalisations
encrassées.

e. LES RISQUES DIVERS

Les décharges sont à l'origine des risques importants vis à vis des pollutions
accidentelles. Contrôlées, elles sont, en principe implantées sur des sites pour
lesquels ces risques sont maîtrisés (terrains imperméables, collecteurs de
lixiviats).

Il en va tout autrement des décharges sauvages qui se développent dans des


zones de relief accidenté ou dans d'anciennes carrières. Ces situations
favorisent, dans un cas de lessivage et dans l'autre infiltration de "jus" douteux
issus de déchets parfois industriels.

Les vidanges de retenue et les travaux de curage ou de recalibrage de rivières


engendrent elles aussi, des pollutions accidentelles qui ont la particularité d'être
prévisibles et autorisées.

Ces types de travaux provoquent des apports massifs de matières en


suspension (pollution mécanique), une remobilisation des sédiments (avec, le
cas échéant, leur cortège de polluants antérieurs), ainsi qu'une augmentation
de la charge en matières organiques.

Enfin, parmi les pollutions accidentelles issues de particuliers, citons :

- des vidanges sauvages


- des rinçages de cuves
- des déversements délibérés de substances polluantes
- des actes de vandalisme.

L'origine exacte de ces pollutions volontaires est en général très difficile à


établir. Leurs conséquences, bien que modestes, ne doivent pas être sous-
estimées, en raison de leur nombre élevé.

Ce rapide tour d'horizon met en évidence la multiplicité des sources potentielles


de pollutions accidentelles, et donc la difficulté de la lutte contre leur
survenance.

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Dans ce domaine, la seule réponse possible est la prévention.

Cette prévention s'appuie sur un certain nombre de textes législatifs et


réglementaires, qui visent à réduire les plus importants, mais elle doit
également passer par une prise de conscience des enjeux des pollutions
accidentelles, afin que chacun soit responsable des conséquences possibles de
ses actes sur l'environnement.

3.1.3.2 PHENOMENES DE DISPERSION - DILUTION

A. Les pollutions par les substances chimiques dangereuses

Introduction :

Il faut bien se garder d'assimiler sommairement "chimie" et "danger". Sur


les 80 000 substances fabriquées en grande quantité par l'industrie chimique
seules quelques milliers sont classées dangereuses, leur fabrication et leur
utilisation faisant l'objet de précautions particulières, à la hauteur des risques
encourus.

Les activités en cause sont très variées et répandues sur l'ensemble du


territoire : fabrication, transformation, transport et utilisation des produits
chimiques : sidérurgie, traitement de surface, agro-alimentaire, agriculture......

3.1.3.2.A PARTICULARITES DE CE TYPE DE POLLUTION

CONTEXTE DE LUTTE COMPLEXE

La complexité des situations auxquelles peuvent être confrontées les


autorités face aux pollutions accidentelles par substances chimiques tient :

- au nombre élevé de ces substances et à leur grande diffusion sur le territoire,

- à la multiplicité des réactions possibles dans l'eau et entre substances,

- à la diversité des risques engendrés pour l'homme et l'environnement.

LE RISQUE CHIMIQUE EST MULTIFORME ET EVOLUTIF

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L'exemple de l'accident de l'usine PROTEX le 8 juin 1988 à AUZOUER


en TOURAINE, illustre bien l'étendue du problème puisque les comptes rendus
d'accident faisaient état de 800 produits présents sur site et de 100 à 150
produits impliqués dans l'accident.

Il faut également considérer que nombre des produits incriminés peuvent


engendrer des nuages gazeux explosifs ou inflammables. En outre, si les effets
ne sont pas visibles comme pour les hydrocarbures ils n'en sont pas moins
dangereux pour l'environnement du fait de leur toxicité et /ou persistance. Alors
qu'un déversement d'hydrocarbures n'aura qu'un impact limité sur les
ressources vivantes, le déversement d'une même quantité de produit chimique
pourra conduire à des mortalités massives avec impact écologiques durable.

Plus que pour les hydrocarbures et matières organiques biodégradables,


une phase de préparation à l'intervention est donc nécessaire.

En cas de pollution la maîtrise de l'information et la justesse des


évaluations sont déterminantes.

Les moyens d'intervention, lorsqu'ils existent, sont actuellement très


limités, notamment pour les produits qui s'évaporent, qui coulent et se
mélangent à la masse d'eau.

3.1.3.2-B. IDENTIFICATION, REPERAGE DU POLLUANT

La connaissance du ou des produits incriminés est le paramètre


fondamental de la mise en place d'une réponse appropriée. Dans le cas où la
nature de la pollution est inconnue, les moyens analytiques mis en oeuvre
doivent par conséquent être rapidement opérationnels.
L'observation expérimentale sur site du comportement du produit déversé dans
l'eau permet cependant de prendre les premières mesures.

De plus, les produits chimiques dangereux sont généralement incolores,


leur repérage est alors visuellement impossible. Le suivi de la pollution à l'aide
des techniques "globales" (mesure du ph, de la conductivité, etc....) ou à l'aide
de traceurs, doit être vite entrepris.

De même un recours a des colorants ou marqueurs (rhodamine B,


fluoresceine ou autres) compatibles avec le produit et neutres pour
l'environnement peut-être envisagé.

Si rien d'autre n'a pu être mis en oeuvre, on procédera à un prélèvement,


suivi d'une analyse.

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3.1.3.2.C1 CONFINEMENT ET RECUPERATION

PRODUITS QUI FLOTTENT

Les produits qui flottent sont, en principe, les plus faciles à retirer du milieu
aquatique. Il faut cependant garder en mémoire que les produits chimiques qui
se comportent comme des hydrocarbures sont rares. Nombre d'entre eux ont
des comportements mixtes : ils flottent et s'évaporent, ils flottent et se
dissolvent....

Les produits chimiques ont aussi une viscosité très faible (< 1 centistoke
pour la plupart) et une tendance naturelle à la dispersion (étalement,
émulsification....), que l'on peut rapprocher du comportement des fractions
légères des hydrocarbures (essence, fuel).
Le temps dont on dispose pour intervenir est donc très court.

La mise en œuvre des équipements destinés à la lutte contre les


hydrocarbures peut-être envisagée, sous réserve de la compatibilité de leurs
matériaux constitutifs avec les produits polluants. D'autant que les produits
chimiques confinés en surface sont le plus souvent peu concentrés.
Il y a un risque que certains équipements ne seront plus utilisables après
une opération de ce type.

.
PRODUITS QUI COULENT

Le premier problème, lorsque des produits ont coulé, est de les localiser.
Selon la vitesse des courants et la densité des substances, celles-ci se
déplaceront plus ou moins sur le fond. Le cas idéal de l'accumulation dans une
zone restreinte ne doit être escompté qu'en l'absence de courant (étendue
d'eau calme) ou si un confinement naturel ou créé le permet.

CONFINEMENT

Les moyens pour y parvenir reposent sur l'utilisation de quelques


dispositifs mécaniques et hydrauliques simples.

Il s'agit de : barrages, retenues, digues, fosses, élargissements, etc...,


toute configuration qui, entraînant une perte de vitesse de l'écoulement,
favorise le dépôt des matières transportées.
A défaut de pouvoir profiter d'une telle configuration naturelle ou artificielle à
proximité du déversement, on pourra envisager de la créer.

Sur des cours d'eau de faibles dimensions et débit, des barrages à déversoirs
improvisés peuvent être établis.
La section de cours d'eau soumise à la décantation sera limitée au minimum
nécessaire à une décantation (ce qui limite les difficultés de la récupération).

La confection de digues sub-aquatiques (à l'aide de sacs de sable ou de


remblais par exemple) peut également être envisagée en eau calme ou dans

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les zones à faible courant sous réserve qu'elle n'accélère pas sensiblement
l'écoulement. Elles trouveront leur utilité lorsque l'on aura à faire à un produit
nettement plus dense que l'eau et peu ou pas soluble, qu'il soit solide
(dichlorophénol, naphtalène...) ou liquide (plombtétraéthyl, trichloréthilène...)

La réalisation de tranchées ou fosses lorsqu'elle est possible peut permettre


d'obtenir un résultat identique sans perturber l'écoulement.

Les dispositifs improvisés ne peuvent être envisagés que sur des cours d'eau
particulièrement accessibles aux engins de terrassement et lorsque le polluant
sédimente rapidement.

ENFOUISSEMENT

L'enfouissement pourra s'envisager pour une pollution très localisée, bien


repérée et en l'absence de courant.

La méthode consiste à recouvrir le polluant d'une couche de matériaux pour


l'isoler du milieu. On peut utiliser :

- des matériaux inertes à faible granulométrie (sables, graviers)


- des matériaux inertes imperméables (argiles,...)
- des matériaux de scellement (béton)
- des matériaux chimiquement actifs (neutralisants)
- ou une combinaison de ces matériaux

Une telle opération sera généralement considérée comme provisoire pour


préserver le milieu dans l'attente de l'organisation d'un chantier de récupération.
En effet, la "couverture" risque d'être enlevée naturellement par affouillement ou
dégradation biologique sous l'effet du courant et de l'érosion.

Les produits solides peuvent assez facilement faire l'objet d'un enfouissement.
Les liquides mêmes très denses et très visqueux risquent de se disperser sous
la pression des matériaux destinés à les enfouir.
Une première couche de matériaux granulaires peut permettre de les fixer
avant recouvrement par une couche imperméable en matériaux fins (argiles).

RECUPERATION

La récupération de polluants coulés fait appel aux techniques et moyens utilisés


habituellement en dragage.

On évitera l'emploi de matériels susceptibles de remettre le polluant et les


sédiments en suspension ou d'affecter trop sévèrement les fonds, dragues à
godets notamment.

On préférera les dragues pneumatiques aux dragues suceuses.

Pour l'organisation du chantier, il conviendra de prendre en compte :

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- la nécessité de bien délimiter la surface à draguer (balisage flottant)

- les contraintes de sécurité relatives à la substance polluante

- les exigences concernant le stockage, le transport et l'élimination des


matériaux dragués

- les quantités de matériaux manipulés (à réduire au minimum)

- l'impact de l'opération de dragage sur l'écosystème et, notamment, les risques


liés à la remise en suspension du polluant

- le suivi du rejet des eaux de décantation des boues récupérées.

PRODUITS SOLUBLES OU DISPERSES

Il sera rarement envisageable de confiner et de récupérer un polluant disséminé


dans un cours d'eau. Dans certains cas on peut envisager de faire couler le
produit. On est alors ramené aux méthodes de confinement et de récupération
précédemment décrites.

Dans quelques rares cas, limités à des petits cours d'eau à très faibles débits,
on peut envisager :

- de recourir à un barrage total improvisé du cours d'eau donnant le temps


nécessaire à une récupération par pompage des produits polluants ou de
mettre en place un traitement "in situ" (cela suppose une capacité de rétention
à l'amont du barrage);

- de court-circuiter la section de rivière polluée par constitution d'un lit provisoire


ou par pompage à gros débits.

Par ailleurs, un barrage destiné à contenir une pollution par produit chimique
depuis la surface jusqu'au fond de l'eau a été étudié au U.S.A. Il fonctionne
grâce à une jupe pendant jusqu'au fond sous un boudin flottant.

Un lest rempli d'eau assure l'étanchéité sur le fond.

Les cas d'utilisation d'un tel barrage sont peu nombreux et en tout cas limités à
la circonscription d'une pollution d'ampleur très limitée dans un plan d'eau
calme.
COLIS

Les dangers que peuvent présenter les fûts, bidons de substances chimiques,
et la nécessité de prévenir les autorités en cas de découverte de tels colis
méritent une large publicité.

Emportés par les crues, tombés accidentellement ou déposés clandestinement,


les fûts peuvent transporter dans le milieu et sous forme concentrée des
produits dangereux pour ceux qui seraient tentés de les manipuler sans

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précaution (enfants en particuliers). D'autre part les produits peuvent se


répandre et provoquer des pollutions accidentelles si les fûts se dégradent par
choc ou par usure.

LE CAS DE COLIS QUI FLOTTENT

Le repérage et le suivi de colis flottant à la surface d'un cours d'eau à fort


courant n'est pas toujours aisé. Le problème est plus ardu encore lorsqu'il s'agit
de fûts flottants entre deux eaux.

Lorsqu'un fût flottant est repéré, il faut mettre en place un dispositif de


surveillance et de récupération (avec l'aide de filets par exemple).

LE CAS DE COLIS QUI COULENT

Le repérage et la récupération de colis sur le fond peuvent nécessiter des


moyens lourds d'intervention et l'utilisation de plongeurs.

Dans tous les cas les manipulations devront être effectuées par du personnel
entraîné, disposant d'équipements de protection adaptés et d'appareils
portables d'analyse.

Ramenés en surface ou sur la rive les colis récupérés devront être soumis à un
examen permettant de vérifier leur état. Les fûts peuvent être endommagés et
fuir à la suite de chocs, d'usure. S'ils fuient, plusieurs techniques d'intervention
peuvent être envisagées:

- L'obturation ou le colmatage (obturateur de surface, produits et joints de


colmatage)
- Le transvasement (pompes, flexibles et récipients adaptés)
- Le surconditionnement (fût d'intervention ou surfût)

L'IDENTIFICATION

L'un des problèmes majeurs posé par les colis est l'identification du ou des
produits qu'ils contiennent.

Si l'étiquetage est intact, l'identification du produit en découle. On procédera


cependant à une vérification systématique par prélèvement d'un échantillon
aussi rapidement que possible, en particulier si le colis est endommagé ou fuit.

Si l'identification directe n'est pas possible (absence d'étiquetage par exemple),


on procédera à une identification analytique, soit sur le terrain, soit en
laboratoire. Ceci permettra d'évaluer les risques et de définir les procédures de
transport et de stockage et, surtout, les filières d'élimination possibles.

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C. TRAITEMENT IN SITU DES POLLUTIONS CHIMIQUES

TRAITEMENT DES PRODUITS QUI FLOTTENT

Les polluants flottants dispersés en surface pourront être traités par des
produits absorbants et dans des cas très spécifiques, par des gélifiants,
plastifiants, ou solidifiants, ces techniques facilitant leur récupération ultérieure.

L'usage d'absorbants ou absorbants flottants peut être envisagé dans le seul


objectif de fixer un produit et de limiter temporairement sa dispersion sur ou
dans une masse d'eau localement sensible. Les produits absorbés devront être
ensuite rapidement récupérés.

Les difficultés d'application des produits de traitement sont telles que ces
méthodes ne peuvent actuellement s'appliquer que sur des quantités modestes
de polluant (quelques mètres cubes maximum).

Dans le cas des absorbants, il faut utiliser des produits compatibles avec le
polluant. Dans le doute on aura recours à des absorbants non combustibles
(terre, sable, vermiculite....).

Les dispersants ou agents coulants sont à proscrire sur des produits toxiques.

TRAITEMENT DES PRODUITS QUI COULENT

Les produits coulés peuvent être recouverts voire même ensevelies sous des
matériaux neutralisants.

Le matériau polluant doit être bien localisé et le produit de traitement doit


pouvoir être stabilisé sur la zone polluée.

TRAITEMENT DES PRODUITS DISSOUS DISPERSES

De nombreuses recherches et expérimentations ont été menées (en particulier


aux États-Unis) sur l'utilisation des procédés industriels classiques de
traitement des eaux dans le cadre de la lutte contre les pollutions accidentelles,
en particulier par les procédés suivants :

- Ultrafiltration
- Osmose inverse
- Absorption
- Complexation
- Extraction par solvants
- Échanges d'Ions
- Neutralisation
- Oxydation/Réduction

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MODE DE TRAITEMENT IN SITU

Globalement, on peut classer les procédés en deux catégories :

- les traitements en centrales mobiles qui permettent de reproduire sur le terrain


des traitements similaires à ceux des centrales fixes, dans un cadre contrôlé et
optimal sur le plan des rendements et de l'efficacité.

Leur limite d'emploi est liée à :

- un débit relativement faible de l'ordre de quelques dizaines ou centaines de


m3 par jour.

- un problème de disponibilité des centrales lorsque survient l'accident.

- les traitements dans la masse qui permettent théoriquement de s'affranchir


largement des contraintes de débits et de volumes à traiter et sont mieux
adaptés à une réponse globale face à une pollution accidentelle. Cependant, ils
sont pour la plupart, encore en phase expérimentale et de plus, ils supposent la
mise en œuvre de produits de traitement dans l'eau polluée, donc dans le milieu
naturel. Cela peut poser des problèmes de nocivité pour l'environnement
aquatique mais aussi de mise en œuvre (épandage) et de récupération.

Dans tous les cas l'efficacité des traitements physico-chimiques et d'autant plus
grande que la concentration du polluant est importante.

LIMITE DES TRAITEMENTS IN SITU

Le contexte des pollutions accidentelles est loin d'offrir les conditions contrôlées
du milieu industriel pour l'application des procédés :

- phénomène imprévu et non localisé,


- produit polluant inconnu ou mal connu,
- dispersion dans l'environnement,
- mobilité du polluant (propagation),
- personnel non spécialisé,
- état de crise

L'objectif de la lutte ne peut donc que rester modeste, à la hauteur des


possibilités offertes par les circonstances.

Avant d'envisager un éventuel traitement in situ, il conviendra de se poser un


certain nombre de questions sur sa faisabilité en tenant compte :

- de l'existence d'un procédé adapté au problème,


- de sa disponibilité dans un délai acceptable,
- de la compatibilité débit/volume à traiter,
- de la nocivité du traitement pour le milieu,
- du coût relativement aux enjeux.

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Ceci restreint les possibilités d'utilisation des procédés :

- à des quantités limitées d'eau polluée,


- de préférence à des volumes confinés.

CENTRALES MOBILES : DOMAINES D'APPLICATION

- Traitement limité à un usage particulier de l'eau :

Le cas le plus fréquent concerne le traitement de l'eau polluée en vue de sa


potabilisation, d'une utilisation industrielle ou agricole ...

Le problème se pose lorsque l'usage particulier n'est pas protégé ou lorsque la


capacité des installations de traitement est dépassée, sans solution de secours.

- Traitement d'un volume confiné :

Lorsque la pollution s'est confinée ou l'a été dans un volume limité (étang,
section de canal, réservoir tampon, bassin de stockage, de déchets récupérés
...), l'installation d'une centrale mobile peut être envisagée.

LES PROCEDES UTILISABLES

Les produits insolubles en suspension ou en émulsion pourront subir des


traitements mécaniques de rétention ou de séparation de phase avec
adjonction ou non de substances actives (coagulants, floculants,...).

Les produits solubles peuvent être soumis à divers types de traitement :

- Extraction du milieu par rétention physique (ultrafiltration, osmose inverse,


adsorption, extraction par un solvant);

- Rétention chimique par complexation;

- Destruction par action physique ou chimique (échanges d'ions, précipitation,


oxydation, réduction, neutralisation, destruction aux ultraviolets,....).

Des recherches sont en cours au plan international sur les possibilités d'utiliser
ces procédés in-situ. Le tableau suivant fait le bilan des résultats actuels qui
semblent les mieux adaptés à la lutte contre les pollutions accidentelles.

TRAITEMENT DANS LA MASSE

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Domaines d'application

Les recours aux traitements dans la masse sont actuellement rares, bien qu'un
tel traitement puisse s'avérer plus rapide qu'un traitement en centrale mobile, à
la fois sur le plan logistique et sur le plan de l'importance du volume traité dans
un temps donné.

Sous réserve d'une évaluation préalable de l'impact sur l'environnement, on


peut concevoir son utilisation dans quelques cas particuliers.

D'une manière générale, les traitements dans la masse nécessitent encore


beaucoup de recherches.

- Traitement d'un volume confine

Les possibilités de recours aux traitements dans la masse sont d'autant plus
larges que :

- l'importance de la pollution est restreinte

- la masse d'eau est statique

- l'écosystème est peu fragile (espèces opportunistes et résistantes, absence


de zones vulnérables)

- la récupération du produit traité est envisageable

- la concentration en polluant est forte.

- Traitement d'une masse d'eau non confinée

Une intervention rapide à proximité de la source polluante peut-être envisagée


directement dans un milieu ouvert statique ou en mouvement pour limiter la
diffusion ultérieure d'un produit si celui-ci menace gravement le milieu.
Le traitement d'un panache de volume relativement délimité suivant un
écoulement lent, régulier et accessible est un concept crédible.

Cela suppose une préparation soigneuse et la mise en place d'un dispositif


d'action adéquat à proximité de la source (dans le site industriel par exemple).

LES PROCEDES UTILISABLES


La neutralisation :

Pour traiter des déversements acides ou basiques, on peut recourir à des


agents neutralisants sans effet sur l'environnement :

- le dihydrogénophosphate de sodium pour les bases,


- le bicarbonate de sodium pour les acides.

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En cas de mauvaise application, ils n'entraînent pas de brusque inversion de


pH dans le milieu. Ils sont faciles à stocker et à manipuler, peu onéreux. Le
tonnage appliqué est généralement multiple du tonnage déversé.

La chélation :

Complexation entre un produit chimique et un ligand organique soluble, la


chélation permet de neutraliser un produit à traiter en fixant sa composante
toxique (ion, métallique généralement).

L'EDTA (éthylène diamine tétraacétic acid) et le NTA (nitrilo triacétic acid) sont
des agents chélatants couramment utilisés dans l'industrie (pharmacie, agro-
alimentaire). Ils n'ont pas d'effets sur la vie aquatique.

L'oxydation : Les traitements à l'ozone et au peroxyde d'hydrogène sont


envisageables et ont déjà été mis en oeuvre occasionnellement sur des
déversements de cyanure, phénols et formaldéhydes. Il y a possibilité de
nuisance pour la vie aquatique.

L'adsorption sur charbon actif, fibres polypropylène, polyuréthanne ou argiles

La mise en oeuvre de ces procédés, encore expérimentaux doit faire l'objet de


réflexions sur la faisabilité, préalablement à l'accident et sur le montage du
dispositif. Des expérimentations sur site sont souhaitables.

La réoxygénation du milieu : elle peut être obtenue par aération (mécanique ou


hydraulique) ou par oxygénation directe du milieu.

D. DECONTAMINATION, NETTOYAGE ET RESTAURATION

En cas de déversement accidentel de substances dangereuses l'accent sera


mis sur la décontamination des lieux affectés.

Les produits étant généralement incolores et fluides, leur repérage dans le


milieu pollué sera délicat (surface, sols) et pourra nécessiter une recherche par
prélèvements - analyses.

E. TRANSFERT, STOCKAGE, ELIMINATION DES DECHETS

Les dangers particuliers des matières en cause, déterminent les conditions de


sécurité à mettre en œuvre sur l'ensemble de la filière de traitement des
déchets.

F. DISPERSION DES POLLUANTS LIQUIDES DANS LES SOLS

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L'enjeu majeur dans la pollution des sols est l'atteinte de la nappe phréatique.

Les cas de pollution des sols concernant les services de secours sont deux :

- les pollutions chroniques liées à des déversements plus ou moins importants


sur des longues durées, liées généralement aux anciennes activités
industrielles.

- les pollutions aiguës correspondent, elles, à des déversements importants,


souvent accidentels sur de brefs intervalles temporels.

La propagation s'effectue, dans un premier temps dans le substrat terrestre


avec un axe de développement principal vertical. Au contact de la nappe, l'axe
suit, dans un deuxième temps une direction et un sens induit par la pente de
l'écoulement (profil piézomètrique). Le substrat continuant à interagir, il
conditionne l'élargissement de la zone polluée dans la nappe. Les différents
paramètres influents sur ces deux temps de propagation - dispersion sont :

- les qualités du substrat terrestre

- les qualités du produit (viscosité, solubilité...)

- le profil piézométrique de la nappe

- d'éventuelles précipitations accélèreront la percolation (transfert vertical)

En cas d'épandage accidentel, l'officier commandant les opérations de secours,


prendra les mesures suivantes :

- étancher, colmater la source de la fuite

- endiguer l'écoulement et éviter l'atteinte du milieu naturel

- faire évacuer en urgence le cas échéant, si le sol est atteint

- bâcher la zone polluée en cas de précipitation

- passer le témoin à une société de dépollution si la nappe est atteinte.

2ème PARTIE

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B. LES POLLUTIONS PAR LES HYDROCARBURES

INTRODUCTION

Sous le terme d'hydrocarbures pétroliers, on groupe des composés chimiques


essentiellement constitués de carbone et d'hydrogène. Dans les faits, cette
définition recouvre un ensemble très vaste (entre 105 et 106 espèces
chimiques) et on a l'habitude pour caractériser un pétrole d'utiliser ses
propriétés physiques telles que : densité, viscosité, point d'écoulement...

On peut néanmoins dégager trois grandes classes chimiques :

- les hydrocarbures proprement dits (alcanes, naphtènes, aromatiques,...)

- les résines, fractions intermédiaires d'un produit pétrolier, constituées


essentiellement de molécules hétérocycliques incorporant un atome d'oxygène,
d'azote ou de soufre. Cet hétéroatome leur confère un caractère légèrement
tensioactif à l'origine de la formation des émulsions inverses avec l'eau,

- les asphaltènes, les fractions les plus lourdes d'un pétrole brut. Ils
représentent une partie importante du résidu d'un produit pétrolier vieilli.

Peu solubles, les hydrocarbures sont, par leurs fractions dissoutes, des
micropolluants gênants, faiblement biodégradables.

La toxicité des hydrocarbures cycliques est à craindre, le risque étant accru en


présence d'autres composés (tensioactifs par exemple).

Les hydrocarbures peuvent perturber gravement le fonctionnement des stations


de potabilisation de l'eau et créer, par imprégnation des filières de traitement,
une rémanence de goût de longue durée. En effet, les hydrocarbures affectent
les qualités organoleptiques de l'eau à des teneurs variant de 0,5 µg/l pour
l'essence à 1000 µg/l pour certaines huiles.

A. PARTICULARITES DE CE TYPE DE POLLUTION

Les produits raffinés constituent la cause principale des pollutions recensées,


mais les pollutions pétrolières peuvent aussi concerner les produits bruts
provenant des oléoducs ou de transports maritimes et fluviaux.

A l'image des autres substances chimiques dangereuses, les hydrocarbures


présentent une gamme très étendue de comportements. Ils peuvent flotter,
s'évaporer, se dissoudre, voire même couler.

Le caractère flottant reste cependant largement dominant.

Leur comportement dans le temps est également complexe.

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La spécificité de la pollution par hydrocarbures tient à ses propriétés :

- flottabilité et tendance à l'étalement (nappe, film d'hydrocarbure contrariant


l'oxygénation du milieu et son éclairement).

- viscosité du produit (engluage des espèces vivantes - faune et flore - et de


tout support)

- pouvoir émulsifiant (micro-goutellettes de produit qui peuvent soit être


ingérées, soit colmater les systèmes respiratoires de la macrofaune).

Les émulsions inverses "eau dans l'huile" (mousse au chocolat) sont gênantes
par leur stabilité et par l'augmentation de volume du polluant à collecter et à
traiter.

- évaporation des fractions légères (risques d'inflammabilité ou d'explosivité


atmosphérique)

- dissolution des fractions solubles (fractions aromatiques en particulier à


caractère toxique,

Composé Nombre de carbones Solubilité (ppm)


n-octane 8 0,66
n-décane 10 0,052
n-dodécane 12 0,0037
benzène 6 1 780
toluène 7 515
éthybenzène 8 152
naphtalène 10 31,3
méthylnaphtalène 11 25
diméthylnaphtalènes 12 2 - 2,7
phénantrène 14 1
chrysène 18 0,002

Solubilité des composés d'hydrocarbures en eau douce (source IFP)

La solubilité des essences et gas oil est variable, on l'évalue généralement à


quelques dizaines de ppm.

B. EVALUATION ET SUIVI

L'évaluation et le suivi sont facilités par le comportement flottant, les irisations et


l'odeur des hydrocarbures.
OBSERVATION - SUIVI DES NAPPES

Sauf s'ils sont rapidement retenus, la plupart des hydrocarbures répandus


s'étalent, en quelques minutes, en un film mince (de 1 mm d'épaisseur à
quelques microns).

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1. Évaluation visuelle de l'épaisseur d'un film d'hydrocarbure

Relation entre apparence et épaisseur d'un fil d'hydrocarbures flottants

Apparence du film Épaisseur du film Litres d'hydrocarbures/


hectare
à peine visible en lumière rasante 0,04 µm 0,4
visible comme un film argenté 0,08 µm 0,8
premières traces de couleur 0,15 µm 1,5
bandes de couleurs brillantes 0,30 µm 3
couleurs devenant ternes 1,00 µm 10
couleurs devenant très sombres 2,00 µm 20
nappe épaisse 0,5 mm 5 000

2. Détection des hydrocarbures à l'odorat :

Cette méthode donne une réponse du type tout ou rien mais Zoetman * a
montré que les seuils de détection étaient tout à fait comparables aux meilleurs
seuils de détection analytique.
Seuils de détection à l'odorat

PRODUIT SEUIL
Huile moteur 100 µg/l
Fuel lourd 100 µg/l
Fuel léger 20 µg/l
white spirit 100 µg/l
essence 10 µg/l
gas oil 0,5 µg/l
brut koweit 10 µg/l
brut léger nigéria 0,5 µg/l

PRELEVEMENTS

On procédera à des prélèvements à la source et en section courante, en


surface (flottants) et sous la surface (fractions émulsionnées et dissoutes). Pour
les flacons et bouchons, éviter les matières plastiques , ne pas laisser d'air,
protéger de la lumière, ajouter dès que possible quelques gouttes d'acide
chlorhydrique, conserver à 4 °C.

ANALYSES

Elles auront pour but de déterminer essentiellement :

- son identité

- sa viscosité

- sa solubilité

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- sa teneur en eau (émulsion)

- son point d'écoulement

- son point éclair

- sa densité.

C. CONFINEMENT ET BARRAGES

Parmi les moyens employés dans la lutte contre la pollution des eaux, le
barrage constitue le premier maillon d'une chaîne de récupération dont la mise
en œuvre doit être aussi rapide qu'efficace. Malgré le grand nombre et la
diversité des modèles rencontrés, les barrages se heurtent tous à une limite
d'efficacité qui peut parfois être repoussée grâce à un déploiement bien adapté.
Chaque nature de sites appelle une technique différente nécessitant une bonne
connaissance de l'environnement et une pratique des matériels qui ne
s'acquiert qu'au cours d'exercices de mise en oeuvre dans des situations
proches de la réalité.

Placé sur un plan d'eau, le barrage est un dispositif destiné à limiter l'étalement
de débris et de nappes polluantes. Ce confinement contribue à épaissir la
nappe ou à la dévier vers des zones plus calmes afin d'en faciliter la
récupération. En employant ce terme générique, ce sont presque toujours les
barrages commercialisés qui sont évoqués, mais il serait imprudent d'écarter
les barrières et barrages improvisés, qui, surtout sur les eaux intérieures, pour
des déversements de moindre importance, trouvent leur application en
attendant l'arrivée de matériels plus élaborés.

1. BARRAGES FLOTTANTS COMMERCIALISES

Les barrages flottants se distinguent par leur type, leur taille et la


technologie de construction qui leur donne une plus ou moins grande
souplesse.

Les barrages de type "barrière" sont formés d'un écran vertical semi-rigide ou
rigide, maintenu à la surface de l'eau par des flotteurs latéraux.

Les barrages de type "rideau" sont formés de cylindres compartimentés


(gonflables ou remplis de mousse expansée) sous lesquels pend une jupe
lestée.

Les barrages flottants se distinguent en trois tailles :

- hauteur inférieure à 0,50m : barrages légers

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- hauteur comprise entre 0,50 et 1m : barrages moyens


- hauteur supérieure à 1m : barrages lourds

La souplesse d'un barrage favorise son comportement sur un plan d'eau agité.
Un barrage peut être flexible, semi-flexible ou rigide.

Cette souplesse est liée aux possibilités d'articulation des flotteurs ou au


dosage de la pression d'air dans les cylindres gonflables.

En eaux intérieures, le type peut être indifférent et le barrage léger est


généralement suffisant. La technologie de construction d'un barrage a
également une conséquence sur sa mise en œuvre, particulièrement dans son
stockage et sa rapidité de déploiement.

Un barrage se compose :

- d'éléments de flottaison sous la forme de volumes gonflables, auto-gonflables


ou remplis de mousse expansée.

- d'un écran de rétention ou d'une jupe insensible à l'action des hydrocarbures

- d'un lest (chaîne continue, chambre à eau, ou poids indépendants) destiné à


maintenir la jupe verticale.

- d'un ou plusieurs éléments de tension (câbles, chaînes ou sangles) qui


reprennent les efforts longitudinaux transmis dans le barrage.

- de pièces de raccordement qui assurent la continuité de l'étanchéité et la


transmission des efforts de tension

L'élément de flottaison peut être choisi selon la durée et la fréquence de séjour


(intervention rapide de courte durée ou protection permanente), les possibilités
de conditionnement (volume de stockage et moyens de mise à l'eau) et la
nature du site à protéger (zone à marée déterminant une durée d'échouage,
agitation du plan d'eau).

La jupe doit être de nature à résister aux abrasions et de préférence ne pas


servir à la transmission des efforts.

Les éléments de raccordement doivent être simples car l'assemblage et le


désaccouplement d'éléments de barrages doivent pouvoir s'effectuer sur le plan
d'eau ou à bord d'embarcations légères.

2. PRINCIPALES CARACTERISTIQUES

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Les caractéristiques d'un barrage sont déterminés pour optimiser sa limite


d'efficacité, pour faciliter sa mise en œuvre et favoriser son adaptation aux
autres éléments de la chaîne de récupération.

Les notices de constructeurs et les différents catalogues de barrages font


apparaître quatre sortes de caractéristiques :

- caractéristiques dimensionnelles

- caractéristiques mécaniques et physico-chimiques des matériaux constitutifs

- caractéristiques de mise en œuvre

- caractéristiques de retenue (vitesse limite d'efficacité)

Les caractéristiques de mise en œuvre permettent d'évaluer l'importance


des moyens nécessaires à une intervention et les délais de mise en œuvre
auxquels il faut ajouter l'éloignement du chantier de récupération et la
compétence des opérateurs

Les caractéristiques dimensionnelles se vérifient au cours de recettes de


matériel. Les caractéristiques physico-chimiques suivent généralement des
normes de fabrication des matériaux
Ces dernières sont plus rapidement altérées à la suite d'utilisation fréquentes et
des entretiens qui s'en suivent
La résistance d'ensemble à la traction est la résistance particulière du
composant la plus faible (manille) ou de son assemblage au reste de la
structure (collages ou coutures moins résistants à l'arrachement).

Sans mettre en cause la valeur des performances annoncées, il faut


admettre qu'un contrôle des caractéristiques de retenue présente quelques
difficultés car il existe peu de moyens d'essais mondiaux permettant de vérifier
rigoureusement ces performances et les essais en milieu naturel - sans
déversement d'hydrocarbures - se limitent à l'évaluation des qualités techniques
et opérationnelles recherchées par l'utilisateur

3. QUALITES REQUISES POUR UN BARRAGE

Un barrage pour être efficace et opérationnel doit :

- suivre les mouvements de la surface de l'eau

- dévier les courants de surface

- éviter les fuites par dessus et par dessous

- résister aux efforts de tension

- résister à l'action des produits pétroliers et des intempéries

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- résister à l'abrasion et à l'action des débris flottants

- être peu encombrant au stockage et facile à transporter

- être de manipulation facile et sûre

- être modulable et compatible avec d'autres types de barrages

- être facile à entretenir

- avoir une durée de vie d'environ 10 ans dans les conditions normales
d'utilisation.

Les barrages n'ont pas toutes ces qualités à la fois. L'utilisation orientera son
choix vers le modèle qui présente les qualités les plus proches de ses
impératifs techniques et des conditions locales d'utilisation.

4. MISE EN OEUVRE

L'efficacité d'un barrage dépend pour beaucoup de la qualité de sa mise


en œuvre.

Un recensement préalable des sites favorables et leur étude détaillée


permettront d'optimiser l'achat des équipements adéquats et la préparation à la
mise en œuvre du chantier (accès, aires de travail et ancrages). Les services
opérationnels ont ainsi l'opportunité d'améliorer le dispositif et leur rapidité
d'intervention lors de manœuvres d'entraînement.

L'équipement de chantiers fixes prédéterminés est une mesure à


encourager fortement pour améliorer l'efficacité d'une réponse face à un risque
connu.

Déploiement et mise à l'eau

Les efforts de mise en œuvre pouvant être importants, il faut s'assurer de


disposer de la puissance de traction suffisante (bateau, tire fort ou treuil....). Le
déploiement de 200m de barrages dans un courant moyen nécessite, par
exemple, une embarcation équipée d'un moteur de 100ch.

Avec des moyens nautiques il vaut mieux mettre un barrage à l'eau en


amont de ses points d'amarrage plutôt que d'essayer de remonter le courant.
Avec des moyens de traction terrestre on peut s'affranchir de cette sujétion.

5. ANCRAGES

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- A terre

Un ancrage à terre doit reprendre la tension exercée sur le barrage afin


que celui-ci respecte la configuration désirée. L'ancrage peut être doublé par un
deuxième point fixe sur lequel l'amarre est raidie à l'aide d'un tire-fort. L'emploi
d'un camion équipé d'un treuil peut faciliter la reprise de tension et servir
d'ancrage pendant une intervention limitée. Pour des efforts importants
(plusieurs tonnes), les pieux métalliques battus sont très efficaces.

Les ancrages sur berges doivent assurer la meilleure étanchéité


possible.

- Sous l'eau

Sur de larges cours d'eau, la disposition du barrage peut nécessiter un


ou plusieurs points d'ancrages éloignés des rives (ancres, corps morts, pieux
battus....) qui devront être reliés à un flotteur de surface (bouée, coffre.....). Les
ancrages étant généralement délicats à improviser ; l'équipement préalable des
sites est souhaitable.

Il existe des embarcations spécifiques de type catamaran pour le


mouillage des corps morts ; elles ont un tirant d'eau de 0,80m, nécessitent un
remorquage et peuvent poser des masses de 6 tonnes, ce qui est
généralement supérieur aux valeurs des efforts de tension transmis dans des
barrages utilisés en eaux intérieures.

- Amarrages

L'amarrage d'un barrage conditionne son positionnement sur le plan


d'eau, et particulièrement sa stabilité verticale à proximité des berges ou des
coffres d'amarrage. La plupart des constructeurs proposent des systèmes qui
se fixent aux extrémités pour stabiliser le barrage et reporter les efforts de
tension.

6. LIMITE D'EFFICACITE

Parmi les contraintes de l'environnement, la vitesse du courant est une


des causes principales de défaillance des barrages. Dès que la vitesse excède
0,35m/s pour un barrage placé perpendiculaire au courant, la nappe
d'hydrocarbures retenue s'échappe sous la jupe par effet de vortex ou par
arrachements de gouttelettes provenant du front de la nappe. Le vent et le
clapot peuvent également réduire leurs capacités.

Cette limite de vitesse peut être repoussée en utilisant le barrage en


oblique de façon que la composante normale de vitesse reste inférieure à
0,35m/s.

Une abaque de calcul de limite d'efficacité des barrages en fonction de la


vitesse du courant et de l'angle de pose existe.

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La perte de l'efficacité peut être réduite par le choix judicieux de


l'emplacement de pose du barrage en fonction de la répartition des vitesses
d'écoulement dans le lit du cours d'eau ou compensée par la disposition de
plusieurs barrages.

7. MODE D'UTILISATION

Un barrage flottant peut être employé en mode statique ou dynamique.

8. MODE STATIQUE (ou stationnaire)

Il consiste à placer le barrage dans une configuration qui favorise la


collecte du produit polluant, en le fixant à des amarrages disposés sur les
berges ou en pleine eau.

Le choix du lieu d'implantation du barrage doit tenir compte de la vitesse


locale du courant et de sa répartition transversale ainsi que des possibilités
d'accès qui favorisent la création d'un chantier de récupération.

Plusieurs barrages peuvent être utilisés simultanément sur un même


site. Cette solution a pour but d'améliorer l'efficacité d'un dispositif de protection
quand la vitesse du courant risque de compromettre l'efficacité du barrage.

La disposition "en série" permet d'éviter la pose d'ancrages en pleine


eau, améliorant ainsi la rapidité d'intervention.

La disposition "en chevrons" permet d'assurer un barrage continu de la


rivière avec un minimum d'ancrages, mais elle entraîne la nécessité d'un double
chantier de récupération et , comme dans le cas précédent, entravent la
navigation.

La disposition "en épi" permet de s'affranchir partiellement de la gêne à


la navigation, mais la double récupération subsiste et l'efficacité du dispositif est
amoindrie.

La disposition "en cascade" permet, tout en gérant des sections de


barrages de longueurs modestes, de rabattre une grande quantité de polluant
vers un seul point de récupération.

9. LE MODE DYNAMIQUE

Il consiste à remorquer le barrage et ne peut être employé que sur des grands
cours d'eau qui permettent aux bateaux d'évoluer dans plusieurs directions afin
de capter les nappes là où elles se trouvent . Il est nécessaire d'associer au
barrage un récupérateur dynamique, ou à défaut, de pouvoir rapprocher la
nappe concentrée vers la berge où sont disposés des moyens statiques de
récupération.

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Sur les eaux intérieures, le mode statique est le plus couramment utilisé car il
répond à la plupart des situations rencontrées. Le mode dynamique doit être
envisagé quand l'importance des cours d'eau (dimension, débit ou trafic qui y
règne) ne permet pas de disposer de façon continue des barrages qui seront
inefficaces ou gêneront la circulation.

L'incidence du coût de l'un ou l'autre de ces modes dépend de l'importance des


moyens que l'on peut y affecter; il semble évident qu'une utilisation en mode
dynamique coûte beaucoup plus cher car elle met en œuvre des matériels de
lutte antipollution et des moyens nautiques dont la spécificité appelle des
compétences qui nécessitent un entraînement particulier de personnels qui ne
sont pas très familiarisés à ces opérations de chalutage. Par ailleurs,
l'expérience montre qu'en mode dynamique, on concentre beaucoup moins le
polluant qu'en mode statique et ceci a son incidence sur le rendement respectif
de ces deux modes d'utilisation.

10. AUTRES BARRAGES COMMERCIALISES

Parmi les barrages commercialisés, il existe des modèles qui ont une
fonction particulière ou une technologie de construction différente.

Barrages Absorbants

Ces barrages sont constitués de matériaux fibreux naturels (paille,


tourbe, etc...) ou synthétiques (déchets de mousse de polyuréthanne)
enveloppés dans des filets à petites mailles.

La sélectivité des matériaux naturels est réduite. Elle se traduit par une
imprégnation d'eau assez rapide et une tendance à couler. Il faut les changer
fréquemment. Les matériaux synthétiques ont un pouvoir d'absorption qui peut
atteindre trois à six fois leur propre poids. Les barrages absorbants sont des
éléments d'appoint utilisés pour l'élimination de traces d'hydrocarbures légers.
En protection permanente, ils peuvent doubler un barrage classique. Ces
barrages ne sont pas toujours recyclables. Leur destruction se fait le plus
souvent par incinération.

Barrages Antifeu

Ce sont des barrages métalliques formant des écrans verticaux,


maintenus par des flotteurs latéraux. Ils résistent quelques heures au contact
des produits enflammés.

Barrages Rigides en béton allégé

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Ils sont insensibles aux intempéries et aux déchets flottants même


importants, et peuvent résister à de nombreuses natures de polluant. Ce type
de barrage semble très bien adapté à la protection fixe des installations
sensibles mais son poids important nécessite un maintien permanent à flot.

Barrières de Ruisseau

Ce sont des barrières souples, manufacturées, non flottantes,


maintenues en position verticale par une série de piquets de contreforts plantés
dans le lit du ruisseau dont l'étanchéité en partie basse est assurée par une
jupe souple rabattue sur le fond du lit côté amont, et chargée de cailloux ou de
sédiments. L'écoulement des eaux se fait par des tuyaux rigides disposés dans
la jupe ou sous celle-ci avant mise en place du dispositif.

11. BARRAGES IMPROVISES

Qu'un déversement accidentel se produise sur le sol ou sur un plan


d'eau, il touche rapidement une zone sensible.

Les hydrocarbures répandus polluent le sol en s'infiltrant vers la nappe


phréatique ou les cours d'eau en contaminant la surface et en se déposant sur
les rives.

La terre, le sable et la neige ont l'avantage de limiter et d'absorber un


déversement. Sur un sol routier, il est relativement facile de créer des talus de
terre, de remplir les fossés, et si possible d'obturer les bouches d'égout
avoisinantes.

Barrages Siphoïdes en planches ou matériaux légers

Simples et faciles à mettre en oeuvre, des cloisons siphoïdes peuvent


être implantées au moyen de planches (bottes de pailles, toiles.....).

Barrages en Terre

Un barrage en terre peut être établi rapidement sur un petit cours d'eau.
Si les conditions l'exigent et le permettent, on pourra dans un premier temps
interrompre tout écoulement dans l'attente de moyens supplémentaires.

Il est cependant préférable que le cours de l'eau soit rétabli par mises en
place de canalisations de décharge en béton ou en acier ou encore par
pompage.

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12. AUTRES TECHNIQUES DE CONFINNEMENT

JETS D'EAU

Cette technique d'appoint consiste à créer à l'aide de lances ou de


rampes d'épandage un vecteur formé par de l'eau sous pression qui dirige le
produit vers un point de récupération. Elle ne peut pas s'appliquer sur des
produits dont la densité les rend proches du coulage ou quand une mise en
émulsion contrarie la récupération.

L'emploi de ces jets est d'une grande utilité quand un barrage placé près
d'un récupérateur statique n'est pas facilement manoeuvrable et qu'il faut
rapprocher le produit vers le point d'aspiration.

BARRAGES A BULLES

Ce procédé consiste à créer en surface de l'eau un courant qui s'oppose


à l'avancement de la nappe. Une tuyauterie placée sur le fond libère un rideau
de bulles d'air dont le volume augmente en remontant en surface. L'agitation
ainsi formée crée un obstacle qui peut limiter l'étalement d'une nappe.

L'efficacité de ce système se limite à des déversements minimes. Son


installation est onéreuse mais sa mise en œuvre est rapide et ne se présente
pas en obstacle au passage des bateaux. Sa maintenance nécessite des
contrôles fréquents afin d'éviter l'obstruction des buses d'éjection ou
l'enfouissement de la tuyauterie dans le sédiment. Ce système s'applique
essentiellement sur des postes fixes (appontements pétroliers, installations
piscicoles, etc) et peut être également envisagé en protection permanente de
prises d'eau destinée à la consommation.

D. RECUPERATION

1. PRINCIPE

En fonction du principe de collecte utilisé, on peut distinguer deux grandes


catégories d'appareils conçus pour leur sélectivité dans les mélanges eau-huile
:

- les récupérateurs mécaniques font appel à des propriétés d'écoulement ou de


densité du pétrole.

- les récupérateurs oléophiles font appel aux propriétés d'adhérence du pétrole


sur les surfaces amenées au contact de l'eau et du polluant.

2. CHOIX D'UN RECUPERATEUR

Le choix sera guidé d'une manière générale par :


- la nature du polluant (surtout sa viscosité)
- le volume à récupérer (épaisseur de la nappe , débits)

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- les contraintes locales d'utilisation (accès, écoulement, tirant d'eau, débris


transportés)
- le souci de la simplicité de fonctionnement et d'entretien (gage de rapidité et
d'efficacité).

Nature du polluant

Un pétrole visqueux s'écoule difficilement à la surface de l'eau, il est


difficilement pompable.

On aura de préférence recours pour le récupérer à des systèmes à bande


transporteuse, courroie, tambour ou disques oléophiles. On choisira une pompe
de transfert adaptée à la viscosité du produit (pompe à vide, à queue de
cochon, etc).
La présence de macrodéchets flottants (feuilles, bois...) gène le fonctionnement
normal des récupérateurs ou des pompes de transfert. Une protection à l'amont
du récupérateur est envisageable. Un système filtre protégeant le système de
pompage peut également convenir (il devra être de fonctionnement rapide et ne
pas limiter la fonction transfert).

L'inflammabilité des polluants et des vapeurs produites doit être prise en


compte dans le choix des matériels mis en œuvre.

L'ampleur de la pollution conditionne bien entendu le choix du matériel mis en


oeuvre. En cas de grand déversement on envisagera le recours possible aux
moyens de lutte sur le littoral (moyens Polmar).

Nature du site pollué

Les conditions d'accès offertes par les berges, leur déclivité, la vitesse du
courant, la profondeur, la largeur du cours d'eau etc..., sont autant de facteurs a
intégrer à la définition du matériel à mettre en cause.

On utilisera au mieux les particularités locales du cours d'eau (confinement


naturel, léger courant...) pour choisir l'implantation du chantier de récupération.

On essaiera de préférence, de travailler à terre plutôt qu'avec des moyens


nautiques, bien qu'il en existe (barges de récupération, automotrices ou non;
stockages flottants...) qui soient tout à fait opérationnels.

Leurs capacités sont en effet limitées par le volume de stockage, et un chantier


de transvasement à terre est indispensable à proximité.

Depuis la terre il est recommandé de travailler autant que possible en aspiration


directe dans des capacités de stockage ( camion d'assainissement, tonnes a
lisier), de limiter les hauteurs d'aspiration et de refoulement et toute manœuvre
pouvant favoriser la création d'émulsion.

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3. MISE EN OEUVRE

Un confinement préalable est souhaitable pour améliorer les rendements, en


concentrant les produits polluants.

La mise en œuvre de produits de traitement des hydrocarbures (absorbants,


gélifiants, plastifiants, etc) peut faciliter la récupération en améliorant la
sélectivité des matériels disponibles.

La conception d'un chantier de récupération intégrera l'échelon "transfert" du


polluant du récupérateur vers les stockages de berge ou les stockages
flottants.

Débris flottants

Il est intéressant de protéger les chantiers de confinement - récupération au


moyen d'un barrage rustique en grillage ou filet, laissant passer les
hydrocarbures mais permettant de retenir et d'extraire de l'eau un maximum de
déchets flottants à l'amont immédiat du chantier de récupération
d'hydrocarbures.

4. LES RECUPERATEURS MECANIQUES

A ASPIRATION DIRECTE

° une buse reliée à un système d'aspiration prélève la


couche superficielle de l'eau.

° d'une mise en œuvre très simple, ces systèmes sont très


pratiques pour travailler dans de très faibles hauteurs d'eau
et en bordure de berge associés à un pompage à
dépression.

° bien que peu sélectif, c'est le système le plus utilisé,


notamment sur les petites pollutions.

A DEVERSOIR
° le réglage d'un seuil sous la surface permet en principe de
ne prélever que la couche de polluant qui se déverse dans
une cuvette avant reprise par une pompe quelconque.

° également d'une mise en œuvre simple, ces appareils plus


élaborés que les précédents sont plus sélectifs. Leur
efficacité dépend étroitement du type de pompe qui leur est
associé.

° très nombreux, ces appareils sont bien adaptés à des


interventions sur plans d'eau abrités.

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A VORTEX
° le polluant moins dense que l'eau se concentre au centre
d'un tourbillon permettant ainsi un pompage sélectif.

° ces appareils conviennent surtout pour des utilisations sur


produits fluides et en eau calme.

A BANDE TRANSPORTEUSE

° une bande équipée de palettes remonte le polluant dans


une goulotte vers une cuve de stockage-décantation.

° particulièrement adaptés à la récupération de polluant très


visqueux, ces appareils voient leur sélectivité accrue par la
possibilité de décanter dans leur cuve.

° ce sont généralement des engins autonomes qui ont déjà


été utilisés avec succès sur des pollutions majeures,
notamment sur le littoral français.

PAR SUBMERSION

° le polluant est entraîné sous l'eau par un plan incliné ou


une courroie jusqu'à un puits de récupération où il remonte à
la surface avant reprise par une pompe.

° plus efficace sur produits légers et d'une bonne sélectivité,


ces appareils nécessitent pour bien fonctionner un léger
courant, éventuellement généré par l'appareil lui-même.

5. LES RECUPERATEURS OLEOPHILES

A DISQUES
° des disques à axe horizontal tournent dans le liquide puis
dans l'air ou des racleurs permettent le décollement du
polluant.

° très sélectifs ces appareils ont cependant un débit


généralement faible.

° il existe de nombreux appareils plus ou moins sophistiqués


qui sont surtout intéressants pour la collecte sélective de
petites pollutions.

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A TAMBOUR
° le matériau oléophile, situé à la périphérie du tambour, se
charge du polluant au contact de la nappe qui est ensuite
décollé dans la partie émergée du tambour.

° très sélectifs, ces appareils ont une efficacité qui croît avec
la viscosité du polluant.

° ce sont généralement des équipements lourds pour leurs


performances qui méritent d'être accrue par un
fonctionnement en dynamique.

A COURROIE
° une courroie perméable fonctionne comme une bande
transporteuse tout en permettant d'éliminer l'eau avant
prélèvement du polluant par essorage.

° très sélectifs, ces appareils ont également une efficacité


accrue sur produits visqueux.

A CORDE
° la corde tourne en continue entre une poulie motrice et une
poulie de renvoie. A la poulie motrice sont associés des
rouleaux essoreurs qui extirpent le polluant avant reprise par
une pompe.

° très sélectifs, ces appareils sont certainement les moins


gênés par le clapot. Leur emploi est limité par leur faible
mobilité, mais ils se prêtent bien à une utilisation en eaux
intérieures.

E. PRODUITS DE TRAITEMENT

1. ABSORBANTS FLOTTANTS

L'utilisation d'absorbants pour fixer et agglomérer le pétrole ou certains autres


polluants en cas de déversements accidentels est une technique efficace
couramment employée à terre et sur l'eau pour récupérer des petites pollutions.

On a alors souvent recours à des produits peu onéreux et disponibles


rapidement tels que la sciure de bois, des déchets de cotons, de la paille etc.

Dans le cas de pollution sur l'eau il est nécessaire d'utiliser des produits
absorbants qui soient :

- flottants pour pouvoir être récupérés ultérieurement à la surface de l'eau;

- suffisamment sélectifs, c'est à dire des produits oléophiles et hydrophobes afin


d'éviter la fixation et la récupération de l'eau (*).

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Il s'agit alors généralement de produits absorbants commercialisés comme tels.

On trouve sur le marché ces produits sous différentes présentations.

* : Il est a noter que pour certaines applications, il peut être concevable d'utiliser
des produits plus rustiques, peu ou pas hydrophobes (paille, sciure de bois, ...)
si on peut le mettre en œuvre de telle sorte qu'ils n'aient pas contact avec l'eau
avant absorption.

Les produits en vrac

Nature et type de produit :

Ces produits sont composés de particules sans lien entre elles et qui n'ont pas
de forme propre.

Il s'agit de poudres, de fines particules ou de fibres courtes minérales ou


organiques qui proviennent souvent de déchets industriels à l'état brut ou traités
et conditionnés en vue de cette application particulière. Il existe aussi quelques
produits de synthèse.

Il sont souvent répartis en trois classes :

- les minéraux traités : perlite expansée, vermiculite...


- les végétaux traités : tourbe...
- les polymères : polyuréthanne, polypropylène, polystyrène, époxy...

Description du phénomène :

A) Mises au contact du polluant, ces particules s'en imprègnent : c'est


l'absorption.

Ce processus rapide (quelques minutes au plus) dans le cas de polluants


fluides , peut prendre beaucoup de temps (parfois plus d'une heure) dans le cas
de polluants visqueux ce qui pose des problèmes opérationnels lorsque la
nappe n'est pas confinée.

B) Dans le même temps les particules imprégnées de polluants ont tendance à


s'agglutiner : c'est l'agglomération.

Les agglomérats formés sont d'autant plus faciles à récupérer qu'ils sont gros et
résistants. La formation de tels agglomérats intervient surtout lors du traitement
de polluants visqueux; dans le cas des polluants fluides (ex. : raffinés légers),
les agglomérats n'ont qu'une faible cohésion et l'agitation naturelle (vague et
courant) est souvent suffisante pour les briser.

Dans des conditions optimales (évaluation en laboratoire) , les absorbants


peuvent généralement fixer entre 0,5 et 1 fois leur volume apparent selon les
produits.

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Lors d'opérations réelles où les conditions de contact absorbant - pétrole ne


sont pas toujours favorables, il est souvent nécessaire de doubler les doses
d'absorbant; il apparaît alors que les volumes de produits de traitement peuvent
être importants et poser des problèmes opérationnels (pour traiter 1 m3 de
pétrole, 2 m3 de produits au moins sont nécessaires) : les absorbants
s'adressent surtout aux pollutions de petites et moyennes ampleurs jusqu'à
quelques dizaines de m3 au plus.

Par ailleurs, le traitement de nappes d'émulsion inverse est souvent difficile : du


fait de sa forte densité (très voisine de celle de l'eau) l'émulsion inverse
n'émerge que très peu à la surface de l'eau; et est alors généralement
recouverte d'une pellicule d'eau qui fait écran à l'absorbant.

Épandage de l'absorbant :

Manuellement : pour assurer la répartition de l'absorbant sur une pollution, la


méthode la plus employée à terre est le déversement des sacs à la main. Cette
méthode n'est applicable qu'à partir d'un bateau que pour les nappes de faibles
dimensions et par beau temps.

A l'eau : pour les nappes importantes, les hydroéjecteurs sont autrefois apparus
comme les mieux adaptés en raison de leur débit, de leur portée (dix à trente
mètres) et de leur précision. Cependant ces systèmes nécessitaient une
importante alimentation en eau à forte pression (ex. : 60 m3, 6 bar).

De plus, l'absorbant n'étant généralement pas parfaitement hydrophobe


l'épandage à l'eau provoque une chute de performance des produits
(imprégnation partielle de l'eau à la place du polluant), ce qui a conduit à
rechercher des systèmes d'épandage à l'air.

A l'air : un système d'épandage à air a été développé ; constitué d'un canon


absorbant et alimenté par un ventilateur, il est adapté aux absorbants légers
(densité apparente < 0,4) et de texture pas trop grossière (<3cm) ni trop
fibreuse. Ces performances sont les suivantes :

* débit projeté : 200-500l/mn


* portée (vent arrière) : 10m
* surface couverte : < 300m²/mn

Ce système peut être monté sur une embarcation pneumatique afin de


permettre des interventions rapides même sur des zones de petits fonds.

La récupération des agglomérats

Pour de petites pollutions bien circonscrites, les agglomérats sont souvent


récupérées manuellement à l'aide d'épuisettes.

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Dans les mêmes conditions sur des pollutions importantes ont peut avoir
recours à des récupérateurs aptes à la collecte de déchets très visqueux (à
bande, à vis, ....).

Dans le cas de pollutions non confinées sur grand plan d'eau, on utilise des
filets.

Il est souhaitable d'utiliser un maillage de taille inférieur à la granulométrie


moyenne de l'absorbant pour être sûr de bien récupérer le polluant même
lorsque l'agglomération est médiocre (cas de polluant léger).

Un système adapté aux embarcations pneumatiques utilisant deux petits filets


de quelques centaines de litres a été développé en complément du système de
projection à air pour des interventions rapides sur des pollutions d'ampleur
limitée.

2. LES PRODUITS CONDITIONNES

Les coussins et barrages

Ce sont des produits dont le matériau absorbant est contenu dans un sac très
perméable aux hydrocarbures. Selon la forme on distingue les coussins de
petites dimensions (< 1 m) et les barrages, longs cylindres (sans jupe) de
plusieurs mètres de long.

En dépit de leur appellation "barrages", ces produits n'ont que de bien piètres
performances en matière de confinement : du fait de leur très faible tirant d'eau
(absence de jupe), ils ne sauraient contenir efficacement une nappe
d'hydrocarbure hormis en l'absence de courant et d'agitation de surface.

Ces produits sont plutôt à considérer comme étant de grosses éponges


capables de se gorger de polluant.

Ces produits sont beaucoup plus faciles à manipuler manuellement (mise en


place et récupération) que les absorbants en vrac.

Pour ces raisons leur usage semble plutôt adapté à des déversements en eaux
closes ou pour récupérer des nappes déjà confinées par des barrages
classiques ou en aval de chantier de récupération pour piéger d'éventuelles
fuites de polluants.

Les feuilles et rouleaux

Ce sont des produits de faible épaisseur, (quelques millimètres à quelques


centimètres) et qui sont suffisamment résistants pour être manipuler tels quels.
Alors que les feuilles sont généralement carrées, de dimension inférieure au
mètre, les rouleaux peuvent atteindre plusieurs dizaines de mètres de longueur.

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Ces produits sont le plus souvent constitués de fibres non tissées (feutrées).

Comme les coussins et les barrages ils sont faciles à manipuler (mise en place
et surtout récupération manuelle aisée). De plus, sur des hydrocarbures de
viscosité faible à moyenne ces produits ont des possibilités d'imprégnation
nettement supérieures aux barrages et aux coussins grâce à leur grande
surface extérieure qui leur offre un bon contact avec le polluant.

Par contre, ils sont peu adaptés aux polluants visqueux qui les imprègnent
difficilement.

Certains fabricants proposent d'utiliser ces produits plusieurs fois de suite en


les essorant après utilisation pour en extraire le polluant piégé; toutefois dans la
pratique, il est souvent beaucoup plus commode de les considérer comme des
produits à usage unique.

Ils sont utilisables sur de petites pollutions déjà plus ou moins confinée, ou dans
le cas des rouleaux pour récupérer une fuite continue dans un courant faible (<
0,25m/s).

Les filasses et écheveaux

Il s'agit d'assemblages filiformes souples formant une structure légère et très


ouverte propre à piéger les hydrocarbures visqueux (ce sont par exemple
quelques dizaines de fibres longues - 10 à 40cm - liées toutes ensembles à
une extrémité. Ces produits d'un emploi assez marginal sont utilisés
manuellement comme des serpillières principalement pour récupérer du
polluant épais déposé sur des surfaces ou dans des infractuosités.
Le mode de fixation n'est plus l'absorption du polluant dans les fibres mais
plutôt un piégeage grossier entre les fibres ce qui explique que ces produits
sont adaptés aux hydrocarbures lourds.

Ils peuvent être utilisés plusieurs fois de suite en les essorant après utilisation.

Critères d'Evaluation des Produits Absorbants

Pour évaluer correctement un produit absorbant, il faut préciser les


performances du matériau absorbant et répertorier les caractéristiques qui
peuvent influer sur sa mise en œuvre, sa récupération et son élimination.

Celles-ci peuvent se répartir dans les rubriques suivantes :

1 ) Propriétés d'absorption :

Celles-ci sont bien évidemment essentielles, il convient en effet de vérifier


quelle quantité d'hydrocarbures peut fixer l'absorbant (capacité de rétention).
Cette évaluation doit être effectuée sur les hydrocarbures les plus usuels, à

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savoir : le gas-oil, le fuel lourd sont des hydrocarbures de viscosité


intermédiaire.

Pour chaque produit absorbant, il est possible de déterminer le prix théorique


du litre traité en combinant les capacité de rétention avec le prix de l'absorbant.
Ce prix du litre d'hydrocarbure est le seul critère d'efficacité par lequel les divers
absorbants peuvent être économiquement comparés :

- absorbant en vrac en moyenne 2 à 4 F/l d'hydrocarbure traité

- absorbant conditionné en moyenne 2 à 8F/l d'hydrocarbure traité

Par ailleurs, il est nécessaire de vérifier la sensibilité du produit à l'eau, d'une


part en déterminant le taux d'absorption d'eau, et, d'autre part, en évaluant de
combien est diminuée la capacité d'absorption des hydrocarbures du produit
préalablement mouillé à l'eau. Ces deux tests sont très importants car ils
permettent de définir le domaine d'utilisation de chaque produit : utilisation à
terre ou sur plan d'eau.

2) Caractéristiques Géométriques ou Dimensionnelles :

Les dimensions du produit sont des éléments essentiels pour déterminer les
modes de mise en œuvre appropriés (ex: la granulométrie d'un absorbant en
vrac est essentielle pour choisir ses modes d'épandage et de récupération).

3) Caractéristiques Physiques :

Il faut déterminer la densité apparente du produit pour vérifier s'il flotte et


déterminer son domaine d'utilisation (à terre, sur plan d'eau).

4) Caractéristiques Mécaniques :

La résistance mécanique du produit (barrage, rouleaux,...) ou celle des


emballages (sacs d'absorbant en vrac) est également une information utile.

5) Caractéristiques Chimiques :

Un minimum d'informations est à acquérir en ce domaine pour pouvoir :

* prévoir les possibilités d'incinération du produit après usage (ex : type de


fumées résultant de la combustion du produit...).

• estimer, en cas d'utilisation sur pollution chimique, la compatibilité entre le


produit et le polluant.

3. DISPERSANTS

Les dispersants sont des mélanges de tensioactifs et de solvants destinés à


favoriser la mise en émulsion dans la colonne d'eau des produits pétroliers
déversés sur l'eau.

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Ils contribuent à les disséminer dans un large volume d'eau, facilitant leur
entraînement par le courant, réduisant les concentrations ponctuelles et l'impact
sur les berges, améliorant ainsi les possibilités de biodégradation de
l'hydrocarbure par le milieu naturel.

Toutefois, en raison même de leur mode d'action, l'utilisation de dispersant


entraîne localement une augmentation souvent importante de la toxicité aiguë
d'une pollution (toxicité propre induite par entraînement des hydrocarbures
finement divisés dans la colonne d'eau), de plus l'hydrocarbure dispersé à
tendance à se coller sur la charge turbide présente en suspension.

Il existe deux types de dispersants :

- Les dispersants conventionnels (dits de 2ème génération) qui sont des


produits généralement anciens, à faible teneur en tensioactif et qui s'utilisent à
des doses atteignant 30 à 100% par rapport au polluant. Ces produits
s'emploient toujours purs.

- Les dispersants concentrés (dits de 3ème génération) qui sont généralement


plus efficaces et s'utilisent à des doses de l'ordre de 10% par rapport au
polluant. Ces produits ont par le passé été utilisés pré dilués dans l'eau mais
l'utilisation sous forme pure est vivement recommandée. A l'heure actuelle, se
généralise l'usage des produits concentrés qui, à terme, seront les seuls à
subsister.

Domaines d'Application

Les produits dispersants utilisés doivent avoir été préalablement contrôlés du


point de vue de leur efficacité, de leur toxicité, et éventuellement leur
biodégradabilité.

Il existe sur le marché une grande diversité de produits de qualités variables;


seul un examen préalable en laboratoire des dispersants que l'on se propose
d'utiliser permet d'en garantir les performances (principalement : bonne
efficacité/faible toxicité).

A l'instar de ce qui existe déjà, pour le domaine marin, une procédure


d'agrément des produits dispersants pour une utilisation en eaux intérieures est
en cours de mise en place.

Les dispersants y seront examinés selon les critères suivants :

- l'efficacité,
- la toxicité (intrinsèque du dispersants et celle du mélange pétrole -
dispersants, test sur daphnie)
- la biodégradation du dispersant,
- l'effet inhibiteur éventuel du dispersant du la biodégradation du pétrole

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Les dispersants ne sont a utiliser qu'en eau vive : un minimum de


turbulence est nécessaire pour maintenir les gouttelettes de pétrole en
suspension dans la colonne d'eau et éviter ainsi la recoalescence du polluant
en surface; on considère actuellement qu'un courant d'au moins 0,4 m/s est
nécessaire.

De plus, le courant et les turbulences favorisent la dissémination ("dilution") du


polluant dans un plus grand volume d'eau , condition favorable pour permettre
une dégradation rapide du polluant par le milieu.

Les dispersants ne s'adressent qu'aux pollutions ponctuelles d'ampleur


limitée : pour des raisons de toxicité, il ne faut pas que les concentrations de
pétrole dispersé dans la colonne d'eau soient trop importantes (à l'heure
actuelle on considère que ces concentrations ne doivent pas dépasser 100 ppm
immédiatement après le traitement, c'est à dire avant la phase de "dilution" -
dissémination du polluant).

Il faut garder un certain équilibre entre la quantité de pétrole à disperser et le


débit de la rivière.

POLLUTION COURS D'EAU


3 000 l/mn 500 m3/s
300 l/mn 50 m3/s
30 l/mn 5 m3/s

4. ORDRE DE GRANDEUR DE L’IMPORTANCE D’UN DEVERSEMENT DE


POLLUANT A DISPERSER EN FONCTION DE DEBIT D’UN COURS D’EAU

Le polluant dispersé entraîné par le courant va se fixer sur les particules


sédimentaires et se répartir progressivement en aval dans le lit du cours d'eau
(sédimentation).

On interdira donc le recours au dispersant dans le cas de pollution chronique


pour qu'on puisse se constituer en aval un enrichissement en hydrocarbure trop
important de certaines parties du lit du cours d'eau (si l'apport en polluant est
localement plus rapide que la dégradation naturelle).

L'utilisation de dispersant est prohibée à proximité et à l'amont de sites


sensibles tel que prise d'eau potable ou à usage agro-alimentaire,
établissement piscicole et aquacole, et bien souvent les zones protégées
(marais, réserves naturelles).

Les dispersants ne sont utilisables que sur des polluants légers et peu
visqueux. Les dispersants sont efficaces sur les polluants épais, de viscosité
supérieure à 2000 cst (pétrole brut vieilli, fuel lourds et hydrocarbures
paraffiniques en dessous de leur point de figeage).

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Dans les cas de raffinés légers très volatils (essence,...), il est préférable de
laisser s'évaporer naturellement le polluant, si aucune raison de sécurité ne s'y
oppose.

Enfin, il faut savoir que : les dispersants efficaces en eau de mer s'avèrent
souvent inopérants en eau douce (c'est le cas de la plupart des produits agréés
pour une utilisation en mer). Les tensioactifs contenus dans les dispersants de
bonne qualité sont peu toxiques par eux-mêmes : CI 50 Daphnies = plusieurs
milliers de ppm.

Conditions de mise en œuvre

A l'origine, les dispersants concentrés étaient appliqués sur l'huile après avoir
été pré dilués dans l'eau. Diverses études ayant montré que cette façon de faire
est préjudiciable à l'efficacité du traitement (surtout sur des polluants de
viscosité supérieure à 500 cst), la tendance actuelle est à utiliser les
dispersants purs.

Pour qu'un traitement soit efficace, il faut que le dispersant soit épandu sur
l'huile :

- en quantités correctes pour limiter les pertes de produit


- sous une forme pulvérisée pour obtenir un bon contact dispersant-huile.

Un tel résultat ne peut être atteint qu'en utilisant des matériels spécialisés de
pulvérisation, préalablement contrôlés et bien entretenus. Les quantités de
dispersants concentrés nécessaires sont proportionnelles à celles de polluant à
traiter : le rapport dispersant-huile, est de l'ordre de 10 %.

Après avoir appliqué le dispersant, une agitation de la nappe d'hydrocarbures


est nécessaire pour briser la nappe en une multitude de gouttelettes en
suspension dans l'eau : cette agitation peut être réalisée à l'aide de lance à
incendie, de dispositifs spéciaux maintenus fixes dans le courant (ex :
panneaux de bois) , ou simplement par la présence d'une cascade ou d'une
chute d'eau immédiate en aval.

Dans le cas de cours d'eau de faibles profondeurs (< 1,5m), des précautions
spéciales doivent être prises notamment pour éviter que le brassage à la lance
incendie ne mette en suspension les sédiments présents dans le fond de la
rivière : l'usage des lances à incendie est déconseillé par fond inférieur à 1 m.

5. AUTRES PRODUITS DE TRAITEMENT

Gélifiants et solidifiants

La récupération du pétrole sur l'eau peut être facilitée par l'utilisation de produits
provoquant sa gélification ou sa solidification.

Ils se présentent soit sous la forme de deux liquides à épandre simultanément


soit sous celle de poudre. Le dosage appliqué varie de 15 à 50 %.

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Le temps de prise augmente avec la viscosité du polluant : il varie de quelques


minutes pour un produits raffiné léger à plus d'une heure pour un polluant épais.
Ces produits s'adressent en effet de préférence à des polluants de type raffiné
léger tel que le gasoil.

L'application de cette technique reste limitée à des petites nappes relativement


confinées, compte tenu des difficultés de bonne mise en œuvre et du coût des
produits gélifiants.

Agents de viscoélasticité

Certains produits permettent de rendre le pétrole viscoélastique et facilitent


ainsi la récupération mécanique.

Agents coulants

Les agents coulants sont des composés neutres qui, s'agglomérant avec le
polluant, accroissent sa masse volumique apparente et le font couler.

Un tel traitement ne fait que déplacer la pollution par transfert du pétrole au


fond de l'eau; le polluant ainsi coulé à tendance à former des agglomérats
pâteux difficilement biodégradables.

L'évolution des hydrocarbures est plus rapide en surface (évaporation,


transport, biodégradation) qu'au fond. Ce procédé ne peut être envisagé que
sur des traces d'hydrocarbures (irisations) de viscosité inférieure à 1500
centistokes.

Agents bio dégradants

L'accélération de la dégradation biologique du pétrole par apport de souches


bactériennes adaptées et de nutriments azotés ou phosphorés représente une
voie de traitement des pollutions pétrolières encore peu exploitée.

Ce procédé s'adresse essentiellement à la fraction dissoute ou finement


dispersée des hydrocarbures. Mis en œuvre expérimentalement en laboratoire,
en fermenteur ou pour traiter des nappes souterraines polluées, le traitement
par biodégradation du pétrole a un délai d'action incompatible avec les délais
d'intervention habituels en eaux vives.

F. NETTOYAGE - RESTAURATION DES BERGES

En fonction de la nature des berges polluées par une pollution d'hydrocarbures,


on pourra recourir à divers type de procédés.

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++ Élimination Ramassage Élagage Ramassage Ramassage Brassage Jets basse Jets haute Solvants et
recommandé naturelle manuel fauchage mécanique mécanique immergé pression pression dispersants
+ peut rendre faucardage engins TP engins
service dans sélectifs
certains cas
0 non
approprié
- déconseillé en
général
--à prohiber
vases + - 0 -- 0 + + -- --
marais + - + -- - -- + -- --
plages + ++ + + + 0 + - --
ou berges
végétalisées
plages (graves, + ++ 0 + ++ + + -- -
sable, limon)
berges en terre + ++ 0 + 0 0 + -- --
berges + ++ 0 + 0 + + -- --
graveleuses
berges + + 0 0 0 0 ++ -- +
rocheuses et
enrochements
ouvrages d'art + 0 0 0 0 0 ++ ++ +

* Berges : dominante verticale; plage : dominante horizontale

COMMENTAIRES

- des engins sélectifs permettent le ramassage mécanique pour le nettoyage


des plages et le fauchage.

- le brassage du substrat suppose que le support pollué est remis en eau. Il


peut être mécanique ou, de préférence, hydraulique. Son objet est de remettre
les hydrocarbures en flottation.

- Il existe des engins très spécialisés pour les travaux en rivières qui peuvent
s'avérer plus souples d'emplois et soulever moins de réserves que les engins
travaux publics courants évoqués ici (tracto-pelle, chargeurs...).

- Les opérations de lavage devront intégrer les précautions concernant la


récupération des produits remis à flot.

- L'élimination naturelle peut être une solution intéressante dans la mesure où la


pollution résiduelle est faible ou que les moyens disponibles s'avèrent difficiles
à mettre en œuvre, trop onéreux ou pénalisants pour le milieu.

Les produits de nettoyage des berges et ouvrages

L'utilisation de produits de lavage sur les rives est à déconseiller en règle


générale. Elle ne doit être décidée que dans le cas où le nettoyage fin de
surface est réellement justifié en raison des effets nocifs du pétrole déversé.

La récupération des effluents doit être systématiquement recherchée.

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Il existe deux types de produits :

- les solvants qui décollent le pétrole de son support, sans le disperser; ils
autorisent la récupération,

- les produits solvants-dispersants qui comprennent une phase solvante et une


phase tensioactive; cette dernière disperse le pétrole décollé, ce qui rend
impossible la récupération.

Comme pour les produits dispersants, on contrôlera l'efficacité et l'écotoxicité


des produits de lavage avant utilisation.

G. TRANSPORT, STOCKAGE ET ELIMINATION DES DECHETS

1. TRANSPORT

Le caractère flottant des hydrocarbures permet d'obtenir assez rapidement une


séparation physique des phases eau/pétrole.

Le recours systématique à la décantation permet de limiter, à tous les niveaux,


les volumes transférés et transportés.

La séparation peut également être accélérée grâce à l'utilisation de produits


démulsifiants.

2. STOCKAGE

Stockage provisoire

Une particularité de la lutte contre les pollutions en eaux intérieures par


hydrocarbures est que la part de déchets liquides est généralement la plus
importante.

La recherche de sites de stockage provisoire ne sera que rarement nécessaire.


En effet les déchets liquides pouvant être recyclés, leur stockage sera organisé
de préférence directement sur le site de traitement.

Pour les déchets solides, les quantités en jeu ne justifient pas, en général, cette
étape intermédiaire.

Cependant, il y a des exceptions comme ce fut le cas lors de la pollution de la


Durance en 1980 où de grandes quantités de déchets (plus de 10000 m3) ont
dû être stockées provisoirement.

Le site retenu peut devoir alors accueillir des volumes de polluants importants
(5 à 20 000m3) pendant plusieurs semaines. Il convient alors de prendre des
précautions pour éviter la pollution des nappes phréatiques par ces déchets.
L'aménagement du site comprend son terrassement et la protection du fond de
fouille par une bâche plastique ou un traitement du sol, en vue de son
imperméabilisation.

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H. TRAITEMENT ET ELIMINATION DES DECHETS

1. PRETRAITEMENT SUR SITE

Les déchets collectés sont liquides, pâteux ou secs. Avant d'être envoyés dans
les filières de traitement définitif, on peut leur faire subir des prétraitements.

2. TRAITEMENTS DEFINITIFS

Les produits issus des opérations de pré-traitement peuvent alors être orientés
vers la filière de traitement la mieux appropriée :

- recyclage
- stabilisation
- élimination

Synthèse des possibilités offertes par différents procédés de traitement.


PROCEDES DECHETS RENDEMENT NUISANCES TRAITEMENT
D'EXPLOITATION DES RESIDUS
Séparation liquides -variable selon l'émulsion - -recyclage des
environ 100 t/j hydrocarbures
pâteux à sec 100 t/j -dues à l'emprise du -recyclage des
eau/hydrocarbure stockage et de la hydrocarbures
hydrocarbures/sédiments manipulation -remise du sédiment sur
site ou en remblai
-traitement boues
stabilisation pâteux à sec -en couches : 1000 m3/j -envol de chaux -matériau inerte (pas de
-en centrale : 100t/j (traitement en couches) recyclage
(chaux vive ou autres d'hydrocarbures) utilisé
liants) pour remblai
-compactage
mise en décharge secs peu pollués - -risque de pollution suite -recouvrement des dépôts
(en site propre à relargage -compactage
-odeurs éventuellement
(végétaux)
incinération liquides à secs -faible : quelques tonnes -fumées -mise en décharge des
par jour -corrosion cendres
-stockage
épandage liquides et solides -très petites quantités -pollution résiduelle dans -labourage réitéré
sol durant quelques
années
-odeur éventuellement

3. ÉTABLISSEMENTS SPECIALISES

Compte Tenu de l'importance et de la spécificité des moyens requis pour


chacune des filières, le traitement final est du ressort de centres, d'organismes
et d'entreprises spécialisées.

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C. LES POLLUTIONS PAR LES MATIERES


ORGANIQUES BIODEGRADABLES

Introduction

Les matières organiques, au sens général habituel, sont les "matières


provenant de tissus vivants, ou de transformations subies par des produits
extraits d'organismes vivants".

Dans le domaine de la pollution, le terme de matières organiques recouvre un


domaine plus vaste, en englobant l'ensemble des matières organiques
naturelles dont la principale caractéristique est d'être rapidement
biodégradables, et d'introduire une pollution mesurable par la consommation
d'oxygène.

La consommation de l'oxygène dissous du milieu pollué entraînée par un


déversement accidentel de matières organiques peut être brutale et totale. Ses
conséquences peuvent être graves et fatales à de nombreuses espèces de
l'écosystème local.

Le caractère biodégradable des pollutions par matières organiques n'enlève


rien à leur gravité et il convient de leur accorder la même importance qu'aux
pollutions par substances chimiques dangereuses ou par hydrocarbures.
3.1.3.2. A PARTICULARITES DES POLLUTIONS ACCIDENTELLES PAR
MATIERES ORGANIQUES

I.1 Origine et fréquence des accidents

Les pollutions accidentelles, mettant en cause des matières organiques, ont


pour origine essentielle les dysfonctionnements des installations liées aux
activités vitales de l'homme, activités agro-alimentaires et domestiques, soit le
plus souvent :

- les stations d'épuration des eaux usées urbaines,


- l'industrie laitière (lait, lactosérum),
- les conserveries et la transformation des fruits et légumes,
- les abattoirs et conserveries de viandes (sang, déjections),
- les brasseries et distilleries (distillats),
- les sucreries (mélasses),
- les féculeries,
- les huileries et savonneries,
- les élevages intensifs (lisiers)
- l'industrie de la pâte à papier (qui produit une charge organique peu
biodégradable)
- les tanneries et mégisserie,
- etc.

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La remise en suspension brutale de dépôts sédimentaires organiques (vases)


est également une cause fréquente d'accidents, que ce soit à l'occasion de
travaux sub-aquatiques, de vidanges de retenues d'eau, ou de purges des
réseaux urbains à l'occasion d'orages.

I.2 COMPORTEMENT PHYSICO-CHIMIQUE

Les matières organiques peuvent être solides ou liquides. Elles peuvent flotter,
couler ou se dissoudre.

Les matières rencontrées sont souvent composites et peuvent avoir des


comportements mixtes.

Il est fréquent que les déversements comportent une quantité notable de


matières en suspension.

Il peut arriver également que des produits chimiques utilisés dans les procédés
industriels soient impliqués dans les déversements accidentels.

La nature composite de ce type de pollution doit être prise en compte et


analysée au plus tôt pour que les mesures de lutte puissent s'y adapter.

I.3 BILAN EN OXYGENE DE LA BIODEGRADATION

DESCRIPTION DU PHENOMENE

La quantité d'oxygène dissous dans le milieu aquatique est fonction


notamment :

- de la température qui réduit le taux de saturation en oxygène dissous (14mg/l


à 0°C, 7,5mg/l à 30°C) et qui favorise le déveleppoement de la vie bactérienne,

- du contact air-eau (agitation de l'eau, profondeur de la lame d'eau).

Le taux de saturation en oxygène dissous est donc variable. Le taux réel


est, en général, inférieur au taux de saturation, puisqu'une partie de l'oxygène
est consommée pour la dégradation de la charge organique présente dans le
milieu.

Lors d'une pollution accidentelle, cette charge organique s'accroît


brutalement. Les agents de la biodégradation (bactéries) se développent
parallèlement et consomment eux-mêmes de l'oxygène.

Cette demande provoque une chute brutale du taux d'oxygène dissous


(qui peut s'annuler totalement), principale cause de mortalité de poissons et du
déséquilibre global du milieu.

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Pour mémoire, rappelons que le test de DBO est relatif à la


biodégradation, alors que la demande chimique en oxygène (DCO) globalise
biodégradation et oxydation chimique.

Il est d'ailleurs difficile de distinguer les réactions purement chimiques


des processus biologiques, sauf en ce qui concerne la demande immédiate en
oxygène. Celle-ci est le résultat de l'oxydation instantanée de matières
fortement oxydables présentes dans le polluant déversé (purges de bassins,
effluents d'orage,....).

CONSEQUENCES DE L'AUGMENTATION DE LA DEMANDE EN OXYGENE

Le manque d'oxygène dissous peut provoquer l'asphyxie de certaines


espèces, notamment des macro-invertébrés, particulièrement sensibles. Il peut
perturber les processus respiratoires, sensibilisant ainsi les individus face aux
agressions externes.

Des déséquilibres graves peuvent survenir avec le développement


préférentiel de certaines espèces résistantes.

I.4 LES BOUES

DEVENIR DES BOUES

Les matières en suspension (MES) se déposent en fonction de la vitesse


du courant; leur remise en suspension dans l'eau est également liée à ce
paramètre.

AVANTAGES DE LA SEDIMENTATION DES BOUES

La sédimentation contribue à l'élimination d'une fraction importante de micro-


organismes (qui utilisent les MES comme support de développement) et de
produits toxiques tels que les micropolluants (fixés par absorption sur les
microparticules).

Ce phénomène permet un certain assainissement apparent de la masse d'eau


tant que les boues sont stables.

DANGERS DE LA SEDIMENTATION DES BOUES

La sédimentation induit également la concentration de certains polluants ou de


certains produits de dégradations toxiques dans les sédiments. A l'issue d'une
sédimentation, ce phénomène devra être soigneusement pris en compte
(récupération, aération). En effet, dans les vases? la décomposition et plus
lente et souvent incomplète comparativement au processus qui a lieu en milieu
aérobie. La remise en suspension des éléments accumulés (méthane, gaz

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carboniques, hydrogène sulfuré, sels d'ammoniaque) peut entraîner des


conséquences proches de celles des pollutions accidentelles.

Par ailleurs, les matières en suspension peuvent agir directement sur


l'écosystème, elles sont considérées comme nuisibles au delà de 15 mg/l :

- effets mécaniques sur les organes respiratoires des poissons (colmatage des
branchies, asphyxie), ou sur la peau (gène de la vision et du déplacement);

- perturbation du cycle de développement des espèces (nutrition, reproduction);

- destruction des invertébrés par étouffement

- affaiblissement des individus rendus plus sensibles aux maladies et aux


toxiques;

- réduction de la photosynthèse.

EFFETS SUR L'HOMME

C'est essentiellement pour la distribution de l'eau potable qu'une pollution


organique peut avoir des répercussions graves. En effet, la contamination des
réseaux par des matières organiques peut y favoriser le développement
d'organismes indésirables provoquant des troubles variés (odeur, toxicité, goût,
colmatage). Le seul remède coûteux est la désinfection totale des installations.

3.1.3.1.B EVALUATION ET SUIVI D'UNE POLLUTION

PARAMETRES SIGNIFICATIFS

L'évaluation d'une pollution par matières organiques est basée principalement


sur :

1) l'analyse du comportement physico-chimique des matières (flottantes,


collantes, solubles) qui guide le choix des méthodes de confinement et de
récupération ;

2) l'analyse des teneurs en matières en suspension, dissoutes ou décantables


qui permet d'apprécier l'impact possible sur le milieu et les possibilités
éventuelles de traitement;

3) les mesures du pH et de la température qui influent sensiblement sur la


biodégradation;

4) les mesures des teneurs en formes azotées toxiques résultant


occasionnellement de la biodégradation.

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SUIVI SUR LE TERRAIN

Les pollutions organiques ayant souvent un effet différé dans le temps, leur
détection est très délicate si elles n'ont pas été signalées très rapidement.

Les indices à prendre en compte sont (chronologiquement) les suivantes :

. la couleur, la turbidité, l'odeur;

. la détection analytique sur une station d'alerte ou un autre point


d'analyse permanent (dès que le développement bactérien est engagé, la
mesure du taux d'oxygène dissous par oxymètre peut être un bon indicateur) ;

. le comportement anormal des poissons (pouvant aller jusqu'à la


mortalité) ; à noter que la mortalité piscicole est un indice dont l'utilisation
requiert une certaine prudence: elle signale plus souvent une pollution passée
qu'une pollution présente.

DIFFICULTES DE LA MODELISATION

La modélisation de la propagation et de l'évolution d'une pollution par matières


organiques est possible, dans la mesure ou un certain nombre de paramètres
sont déterminés ou calculables.

Des modèles a données simplifiés peuvent permettre en effet de déterminer


l'équilibre entre l'offre et la demande en oxygène nécessaire au développement
bactérien assurant la biodégradtion d'une masse connue de matière.

Cependant, le bilan en oxygène peut être sensiblement perturbé par les


conditions réelles de réoxygénation (très variables et difficilement prévisibles),
les alternances diurnes et nocturnes, la photosynthèse, la dispersion
progressive du panache, la sédimentation, les données hydrauliques, etc.,
autant de variables dont l'intégration générale est presque impossible au niveau
d'un modèle mathématique qui doit avoir les qualités primordiales d'être simple
et fiable.

Ces considérations doivent conduire à être très prudent dans l'utilisation des
modèles, dont les résultats seront constamment vérifiés par analyse sur le
terrain.

3.1.3.2.C1 CONFINEMENT

La plupart des techniques évoquées pour les substances chimiques sont


envisageables pour les pollutions par matières organiques.

L'emploi des biefs sur les petits cours d'eau peut permettre "la capture" d'un
polluant par emploi des seuils.

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3.1.3.2.C2 RECUPERATION

La récupération pourra être envisagée en complément d'une opération de


confinement ou si un transvasement est possible. Elle se fera à l'aide des
moyens classiques : pompes à vide ou mécanique, tonnes et citernes. On n'y
aura recours que si le polluant est suffisamment concentré , menaçant pour
l'homme ou l'environnement et que son rejet progressif à faible débit dans le
milieu n'est pas raisonnablement possible.

3.1.3.2.C3 TRAITEMENT DE LA POLLUTION IN SITU

Que l'on soit dans le cas d'un confinement réussi d'effluents organiques dans
un bassin de volume limité ou dans le cas d'un déversement important dans
une masse d'eau faiblement mobile, il pourra s'avérer nécessaire de traiter la
pollution pour en limiter les effets.

Les mesures envisageables sont peu nombreuses : décantation des matières


en suspension, dilution, aération (ou oxygénation).

DECANTATION

Comme indiqué plus haut, la décantation des matières en suspension constitue


un moyen rapide d'élimination provisoire d'une partie de la charge organique
polluante.

Malgré les inconvénients des dépôts de boues et en particulier sous réserve


que les conséquences sur la vie aquatique ne soient pas insupportables on
pourra, si le site s'y prête, organiser et favoriser la sédimentation au moyen
d'aménagements hydrauliques ou en employant des floculants.

DILUTION

Le lâcher à l'amont d'une réserve d'eau contrôlée permet de diluer la pollution


en réduisant le temps de passage et la toxicité tout en entraînant une meilleure
capacité d'oxygénation.

D'autre part, après un confinement réussi on peut envisager un relargage à


faible débit compatible avec les capacités de biodégradation du milieu. Les
dangers de la remise en suspension d'éléments sédimentés sont de deux
ordres :

- action directe sur l'écosystème


- toxicité liée à la concentration de polluants

AERATION , OXYGENATION

La biodégradation des matières organiques est consommatrice d'oxygène; la


capacité de réoxygénation du milieu étant limitée la biodégradation est souvent
freinée naturellement par ce paramètre. La vie microbienne de la phase
aérobie, micro-aérophile peut se satisfaire de teneur en oxygène dissous de

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l'ordre de 1,5 à 2 mg/l. Pour maintenir les conditions d'aérobiose, il faut donc
réoxygéner le milieu au dessus de 2 mg/l.

Si l'on veut de plus, sauvegarder la vie des poissons, il faudra chercher à


maintenir le taux au dessus de 3 à 5 mg/l (cyprinidés ou salmonidés).

L'introduction d'oxygène dans l'eau polluée peut être obtenue de plusieurs


manières :

Aération mécanique

En augmentant la surface de contact air-eau par agitation dispersion d'eau dans


l'air ou d'air dans l'eau, on favorise les échanges gazeux. Les formes d'aération
les plus utilisées en traitement des eaux usées sont :

- la dispersion d'eau dans l'air grâce à des rampes de jets d'eau à basse
pression ou à haute pression (pulvérisation) ou à des agitateurs placés en
surface de l'eau (turbines, balais...)

- la dispersion d'air dans l'eau par insufflation d'air comprimé dans le


liquide à travers des diffuseurs à bulles d'importances variables.

L'utilisation de ces procédés, qui permettent d'obtenir des rendements de l'ordre


de 1,5 à 2 kg d'oxygène/kWh, peut s'envisager in situ.

Oxygénation

L'introduction d'oxygène pur peut se faire de deux manières différentes :

- insufflation du gaz sous pression au travers de diffuseurs à microbulles

- préparation d'une liqueur oxygénée par circulation d'un courant d'eau


brute dans une chambre en surpression d'oxygène.

L'utilisation d'oxygène pure offre l'avantage d'un meilleur rendement


énergétique dans l'insufflation d'air ( la pression partielle de l'oxygène n'est que
d'environ 20%) et d'un meilleur contrôle de la réoxygénation.

Par contre, le problème de l'approvisionnement en gaz se pose et on évitera


difficilement la fuite d'oxygène dans l'atmosphère.

UTILISATION DE CRAIE

Il a été constaté que l'épandage de craie ou d'argile (voire d'absorbants comme


le charbon actif en poudre) dans la masse entraînait une baisse momentanée
de la DBO. Cette baisse peut s'expliquer par la fixation privilégiée des micro-
organismes sur toutes les particules en suspension. Le phénomène est a
rapprocher de la fixation des micro-organismes sur la MES.

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3.1.3.2.C4 ELIMINATION DES DECHETS

Lorsque les circonstances le permettent, les produits "purs" ou faiblement


dilués sont récupérés et remis dans leur circuit de traitement habituel.

A défaut, les matières organiques pourront :

- être transportées directement dans des stations d'épurations


industrielles ou urbaines pouvant les accepter (avec ou sans stockage
intermédiaire pour limiter les éventuelles surcharges pour l'installation)

- être transportées ou stockées dans un bassin pour y être traitées sur


place avant relargage dans le milieu (principe du traitement par lagunage
naturel ou aéré artificiellement),

- être épandues sur des terres agricoles, pour favoriser la biodégradation


(sous réserve de compatibilité),

- être relarguées dans le milieu sans traitement mais à un faible débit


compatible avec la capacité d'auto-épuration du milieu,

- dans le cas de matières organiques solides, la mise en décharge


contrôlée ou l'incinération sont également envisageables

3.1.3.3.Eutrophisation

L'eutrophisation est un phénomène touchant tous les points d'eau à faible taux
de renouvellement.
Il s'étend sur de longues périodes géologiques lorsqu'il est naturel, mais se
trouve fortement accéléré sous l'influence des apports d'origine humaine au
point que certains auteurs ont cru bon de distinguer le processus d'évolution dû
à l'homme en l'appelant dystrophysation.
En tout état de cause, quel qu'en soit le nom retenu, ce phénomène se traduira
par une brutale pullulation des végétaux planctoniques.

Les explications suivantes sont des extraits simplifiés des travaux de Ramade
sur ce sujet.

Les lacs, marais et étangs se caractérisent par de vastes surfaces d'eaux


dormantes dont le volume est considérable par rapport à leur vitesse
d'écoulement.
En conséquence, leur renouvellement et leur oxygénation ne s'effectuent
qu'avec lenteur.

Le Rhône met par exemple dix ans pour remplacer entièrement les eaux du
Léman.
Cette durée est encore plus longue pour certains grands lacs continentaux.
Leurs eaux tendent progressivement à se surcharger en sel dissous apportés

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par les affluents. Les lacs sont inéluctablement appelés à disparaître par
comblement à la suite d'apport de matériaux par l'érosion du bassin versant et
de phénomènes liés à la multiplication des végétaux et autres organismes qu'ils
hébergent.

Ce processus, appelé eutrophisation, résulte d'un accroissement de fertilité des


eaux du lac, par rapport d'éléments nutritifs, en particulier de phosphates et de
nitrates qui favorisent la prolifération du phytoplancton et des plantes
aquatiques.
Peu à peu, ce processus accélère la sédimentation : le lac se rétrécit, se
comble et finit par disparaître. Ce processus est très lent dans les conditions
naturelles. Il s'accomplit à l'échelle des temps géologiques.

Dans la plupart des pays tempérés, les lacs proviennent des époques
glaciaires.
Les jeunes lacs, relativement profonds, sont pauvres en éléments nutritifs. Ils
sont dits oligotrophes. Ils ne peuvent héberger qu'une biomasse végétale
restreinte et leur productivité est faible. Tandis que l'érosion amène
progressivement aux eaux du lac les sels minéraux indispensables, les sols des
terres qui l'entourent se stabilisent par croissance de la végétation.
Pendant que croît la production primaire des eaux et que les espèces présentes
se diversifient, l'apport d'éléments nutritifs aux lacs n'est pas pour autant arrêté
par la stabilisation du bassin versant, mais il s'effectue à un rythme constant.
L'écosystème lacustre est alors entré dans une période d'équilibre qui peut
durer des dizaines, voire des centaines de milliers d'années.
L'apport de matériaux est entièrement par une importante biomasse végétale et
animale.
Cependant, tout au long de cette période, le lac devient de moins en moins
profond par suite de la sédimentation.

Dans un lac à maturité en état d'équilibre, on remarque, pendant la belle saison,


l'apparition d'un thermocline qui sépare deux zones stratifiées, la supérieure
constituée par des eaux chaudes (épilimnion), la couche profonde par des eaux
froides denses (hypolimnion).

Mais peu à peu, la remontée du fond va mettre un terme à cette stratification,


de sorte que les eaux profondes, vont subir d'importants changements.
Il va se produire un accroissement considérable de la surface immergée, sur
laquelle pourront se développer les plantes aquatiques. Lorsque la profondeur
n'est plus suffisante, la stratification deviendra impossible.
L'agitation des eaux due au vent mélangera les couches et homogénéisera leur
température.
Il s'en suivra un accroissement de productivité primaire et une accélération de
la colonisation des eaux lacustres par les macrophytes, tandis que la végétation
terrestre gagnera sur ses bords. Le lac est alors dit eutrophe.

Enfin, au terme de son évolution, il sera comblé et se transformera en une


étendue marécageuse.

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Cependant, avant que ne disparaisse la stratification, le lac présentera


d'importants changements au niveau de l'hypolimnion. La dégradation de la
matière organique, qui s'est accumulée en grande quantité dans les limons, va
consommer d'importants volumes d'oxygène dissous. Les eaux profondes
peuvent même devenir anaérobie et impropres à toute vie animale. Ceci peut
survenir non seulement dans les écosystèmes limniques mais aussi en milieu
marin.
Ainsi, les eaux d'une mer fermée comme la Mer Noire sont entièrement
dépourvues d'oxygène à partir de 200 mètres de profondeur (Newman dans
Denser, 1970).

On appelle eutrophisation, le processus d'enrichissement des eaux lacustres


(ou marines) par des sels minéraux.
L'homme accélère considérablement l'eutrophisation des eaux de nos jours car
il déverse dans les lacs et les mers fermées des quantités considérables de
matières organiques fermentes cibles et d'effluents riches en phosphates
(détersifs, engrais chimiques) et en nitrates.
Aujourd'hui tous les grands lacs alpins et le plus vaste écosystème limnique du
monde, celui des grands lacs Nords-Américains sont menacés ou en voie
d'eutrophisation accélérée.
Au premier stade, le lac exposé à une pollution croissante accumule dans ses
eaux d'importantes quantités de sels minéraux nutritifs amenés par des
effluents d'origine diverses.

La pullulation du phytoplancton au deuxième stade présente une bonne


corrélation avec l'enrichissement des eaux en éléments nutritifs, en particulier
phosphates.
L'augmentation considérable de la biomasse phytoplanctonique se traduit par
un accroissement de turbidité des eaux à cette phase de l'eutrophisation.
Celles-ci se chargent d'une quantité considérable d'algues microscopiques et
filamenteuses qui leur confère une couleur verdâtre. Les eaux paraissent alors
sales.
Elles rejettent sur les bords du lac des masses d'algues qui s'entassent sur les
grèves et dont la composition incommode des riverains.
La surcharge du lac en matières végétales provoque une rapide diminution des
a transparence. Alors que dans un la coligotrophe, l'activité photosynthétique se
poursuit à plus de 30 mètres de profondeur, celle-ci va se concentrer dans les
eaux eutrophes au niveau des premiers mètres au-dessous de la surface, qui
seuls recevront un flux lumineux d'intensité suffisante.
Tous ces phénomènes vont concourir pour accroître les taux d'oxygène dissous
dans les eaux superficielles du lac.
Au troisième stade, la mort de cette masse considérable d'algues va provoquer
la consommation rapide de l'oxygène contenu dans les couches profondes.
Celles-ci subiront d'abord une dégradation aérobie qui sera l'œuvre de
nombreuses saprophytes.
La décomposition de la matière organique morte déterminera l'apparition d'un
net gradient vertical dans la concentration d'oxygène dissous ; celui-ci sera
délimité horizontalement par un chioniocline, au-dessus duquel les eaux sont
riches en oxygène et au-dessous pauvres ou dépourvues de ce gaz.

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On remarque aussi à ce stade, une accélération de la vitesse du dépôt des


limons benthiques, les couches récentes sont stratifiées et de couleur plus
sombres que les sédiments anciens sous-jacents par suite de leur richesse
accrue en matières organiques.

L'ensemble de ces modifications écologiques provoque aussi un


bouleversement dans la zoocenose lacustre.
L'appauvrissement de l'hypolimnionenoxygène se traduit par la disparition de
salmonidés, des poissons nobles d'eaux propres, froides et bien oxygénées.

Au contraire, les cyprinidés, espèces frustes et de régime herbivore vont profiter


de la surcharge des couches superficielles en matières végétales et ils
supplanteront progressivement les salmonidés.

Le déclin des espèces nobles sera à ce stade largement compensé par la forte
hausse de productivité en cyprinidés. L'ultime stade de la dystrophisation est
marqué par l'apparition de fermentations anaérobies après déplétion totale de
l'oxygène dissous dans les couches profondes.

Ce stade se caractérise par l'apparition de fermentations putrides avec


dégagement d'hydrogène sulfuré et d'ammoniac.

Notons que l'hydrogène sulfuré peut être produit spontanément au fond des
baies, voire de mers eutrophes. C'est par exemple le cas de la Mer Noire
(Denser1970).

Au dernier stade, la dystrophisation des eaux prend une allure auto catalytrique.
Les vases et les eaux qui les surmontent, devenues réductrices, décomplexent
les phosphates contenus dans l'ensemble matières organiques-phosphates-fer.
La solubilisation de phosphates minéraux qui s'étaient accumulés dans les
sédiments, va provoquer de nouvelles "explosions" de la flore alguale, avec
nouvelle sur charge en matières organiques.
L'ultime stade de la dystrophisation peut donc conduire un écosystème limniue
à un état septique, à l'image de ce que l'on observe dans les cours d'eau
surchargés d'effluents organiques.

ACCROISSEMENT INCONTRÔLÉ DES ALGUES DU A UN RAPPORT


MASSIF NUTRIANTS EN PROVENANCE DU BASSIN VERSANT

Il s'agit d'un état chronique exacerbé par des conditions météorologiques


particulières.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

1.Phase initiale

EVOLUTION AÉROBIE DE LA MATIÈRE ORGANIQUE


mat.Orga+O2->CO2+H2O+Énergie

2.Phase d'eutrophisation aiguë

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

mat. Orga - CH4 + H2S + Energie

Conduite à tenir
Mesure de l'oxygène dissous
- en surface
- au fond

(Observations visuelles
- du plan d'eau
- des poissons en difficultés

Aération massive sans remettre les dépôts en suspension


Conseils d'un traitement préventif pour l'avenir

3.2. Réglementation appliquée aux risques

3.2.1. Le transport routier

3.2 .1.1. Les réglementations

Historique

- RTMD : “ Règlement pour le transport par chemin de fer, par


voies de terre, et par voies de navigation intérieure des matières
dangereuses ”.
Ce règlement entré en vigueur le 1er juillet 1946 fût abrogé partiellement le 1er
janvier 1993

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

- RTMDR : Règlement pour le transport des matières


dangereuses par route. Entré en vigueur le 1er janvier 1993, à la place
du RTMD, ce règlement à été abrogé le 1er janvier 1997.

Réglementation actuelle

La France a adopté depuis le 1er janvier 1997, l’Accord européen relatif au


transport international des marchandises Dangereuses par Route ou
Convention ADR.
Cette convention a été complétée ou modifiée sur certains points par les
dispositions d’un arrêté relatif au transport des marchandises dangereuses par
route dénommé “ arrêté ADR (ARR. du 5 décembre 1996, JO du 27 décembre).
Cet “ arrêté ADR ” entré en vigueur le 1 er janvier 1997 a abrogé toutes les
dispositions antérieurement applicables (RTMD, RTMDR).

IDENTIFICATION ET CLASSEMENT
1 - Les classes de danger
Toutes les matières ou objets, solutions ou mélanges, préparation ou déchets
répertoriés dans la réglementation sont répartis en treize classes de danger :

- Classe 1 : matières et objets explosibles


- Classe 2 : gaz
- Classe 3 : matières liquides inflammables
- Classe 4.1 : matières solides inflammables
- Classe 4.2 : matières sujettes à l'inflammation spontanée
- Classe 4.3 : matières qui, au contact de l'eau, dégagent des gaz
inflammables
- Classe 5.1 : matières comburantes
- Classe 5.2 : peroxydes organiques
- Classe 6.1 : matières toxiques
- Classe 6.2 : matières infectieuses
- Classe 7 : matières radioactives
- Classe 8 : matières corrosives
- Classe 9 : matières et objets dangereux divers

Numéro d’identité du produit

A l’intérieur de chaque classe de danger, les matières sont affectées d’un


numéro de classement dénommé “ chiffre de l’énumération ”, ainsi que d’une
“ lettre d’énumération ” (sauf classes 1 et 7). Cette lettre est destinée à faire
ressortir :
- la nature des dangers (classe 2)
- le degré de danger (classe3,4.1,4.2,4.3,5.1,6 ;1,6.2,8 et ç)
- ou les caractéristiques des produits (état physique,
concentration …) pour certaines matières des classes 4.1 et pour la
classe 5.2.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

La classe, le chiffre et la lettre d’énumération d’une matière constituent le


numéro d’identité du produit permettant d’accéder rapidement à l’ensemble de
la réglementation.

Nomenclature alphabétique des matières :


C’est la partie du règlement qu’il convient de consulter en premier lieu. On y
trouve :
- première colonne : n° d’identification des matières (n° ONU)
- deuxième colonne : énumération des matières et objets
(dénomination réglementaire, assimilation et synonymes)
- - puis la classe du produit, chiffre et lettre d’énumération,
étiquette de danger, n° code danger et n° code matière.

4 - Nomenclature alphabétique du règlement français


C'est la partie du règlement qu'il convient de consulter en premier lieu pour
connaître le classement des matières à transporter.
- La première colonne : n° identification des produits (n° O.N.U.)
- La deuxième colonne : énumération des matières (dénomination
réglementaire, assimilation et synonymes).

- Puis, la classe du produit, son chiffre et sa lettre d'énumération, les références


des étiquettes de danger, les numéros de codes danger et de code matière
relatifs aux transports en citernes.

- Et une référence de la certification des entreprises de transport.

DEFINITION ET CRITERES DE CLASSEMENT

Classe 1 : Matières et objets explosibles

• Font partie de la classe1 :


- les matières explosibles : matières solides ou liquides, ou
mélanges de matières, qui sont susceptibles par réaction chimique,
de dégager des gaz à une température, à une pression et à une
vitesse telles qu’il peut résulter des dommages aux alentours
- les matières pyrotechniques : matières ou mélanges de
matières destinés à produire un effet calorifique, lumineux, sonore,
gazeux ou fumigène à la suite de réactions chimiques exothermiques
auto-entretenues non détonantes.
- Les objets explosibles : objets contenant une ou plusieurs
matières explosibles et/ou matières pyrotechniques.
- Et les matières et objets qui sont fabriqués en vue de produire
un effet pratique par explosion ou à des fins pyrotechniques.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

* Cette classe 1 comporte six divisions auxquelles sont affectées les différentes
matières répertoriées:

• division 1.1 : Matières et objets comportant un risque d’explosion en


masse
• division 1.2 : Matières et objets comportant un risque de projection sans
risque d'explosion en masse.

• division 1.3 : Matières et objets comportant un risque d'incendie avec un


risque léger de souffle ou/et de projection, mais sans risque
d'explosion en masse.

• division 1.4 : Matières et objets ne présentant qu’un danger mineur en


cas de mise à feu ou d'amorçage pendant le transport.

• division 1.5 : Matières très peu sensibles comportant un risque


d’explosion en masse, avec une très faible probabilité
d’amorçage ou de passage de la combustion à la
détonation.

• division 1.6 : Objets extrêmement peu sensibles ne comportant pas de


risque d’explosion en masse.

De plus, chaque matière explosible doit être affectée à l'un des groupes de
compatibilité suivants : Groupes A, B, C, D, E, F, G, H, J, K, L, N ,S.

Les objets et matières du groupe K (contenant une matière explosible et un


agent chimique toxique) sont interdits au transport.

* Le numéro de la division et la lettre du groupe de compatibilité forme le code


de classement, qui doit figurer sur l’étiquette de danger.

exemple : Trinotrotoluène sec 1.1 D 4° 0209

N°identification
de la matière

classe
Chiffre de l’énumération
Dénomination Division

Groupe de compatibilité

• Les étiquettes de danger à apposer sur les colis sont les suivantes :

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Etiquettes Matières

n°1 01° au 34°


n° 1.4 35° au 47°
n° 1.5 48°
n°1.6 50°
n° 1 et 6.1 4° et 26°
n°1 et 8 21°, 30°, et 43°
n° 1, 6.1 et 8 21° et 30°
n°1.4,6.1 et 8 43°

• Mentions dans le document de transport :


La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication du code de
classement et du chiffre de l’énumération, complétée par la masse nette en kg
de la matière explosible et par le sigle “ ADR ”.

Ex. : 0160 Poudre sans fumée, 1.1C,2°,600 kg, ADR


2 - Classe 2 : Gaz comprimés, liquéfiés ou dissous sous pression

Classe 2 : gaz

• Un gaz est une matière qui :


Est complètement gazeuse à 20°C à la pression de 101,3 Kpa ou à une
pression de vapeur supérieure à 300 Kpa à 50°C.

*Les matières de la classe 2 sont réparties en huit catégories :


- les gaz comprimés : tc < 20°C
- les gaz liquéfiés tc :tc>20°C
- les gaz liquéfiés réfrigérés : gaz qui lorsqu’ils sont transportés, sont en partie
liquide en raison de leur basse température
- les gaz dissous sous pression : gaz qui lorsqu’ils sont transportés sont dissous
dans un solvant
- les générateurs d’aérosols et récipients de faible capacité contenant du gaz
(cartouches à gaz)
- les autres objets contenant un gaz sous pression
- les gaz non comprimés soumis à des prescriptions particulières (échantillons
de gaz)
- les récipients vides et les citernes vides.

• En fonction des propriétés dangereuses qu’ils présentent, les gaz sont


affectés à l ‘un des 9 groupes suivants :
A : asphyxiant TF : toxique, inflammable
O : comburant TC : toxique, corrosif
F : inflammable TO : toxique, comburant
T : toxique TFC : toxique, inflammable, corrosif
TOC : toxique, comburant, corrosif

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Pour les gaz ou mélanges présentant plusieurs risques, le groupe T à


prépondérance sur tous les autres groupes ; les groupes portant la lettre F
l’emportent sur ceux des groupes A et O.

On entend par :
- gaz asphyxiants : gaz non comburants, ininflammables et non
toxiques
- gaz inflammables : gaz qui à 20°C et à la pression de 101,3
Kpa
. sont inflammables en mélange à 13% au plus (volume) avec l’air ou
. ont une plage d’inflammabilité avec l’air d’au moins 12 points de
pourcentage quelle que soit leur LΙΙ

- gaz comburants : gaz qui peuvent par apport d’oxygène,


causer ou favoriser plus que l’air, la combustion d’autres matières
gaz toxiques : gaz qui. sont connus pour être toxiques ou corrosifs
pour l’homme au point de présenter un danger pour la santé
. ou sont présumés toxiques ou corrosifs pour l’homme parce que leur
CL50 pour la toxicité aiguë est < 5000 ppm.

Exemples :

Chiffre et n° Désignation
Groupe identification

1° gaz comprimés 1°A 1006 Argon comprimé


1°O 1072 Oxygène comprimé
1°F 1971 Méthane comprimé
1°T 1612 Tetraphosphate d’hexaéthyle
1°TF 1016 Monoxyde carbone comprimé
1°TC 2198 Pentafluorure de phosphore comp.
1°TO 2451 Trifluorure d’azote comprimé
1°TOC 1045 Fluor comprimé

2° gaz liquéfiés 2°A 1013 Dioxyde de carbone


2°O 1070 Protoxyde d’azote
2°F 1011 Butane
2°T 1062 Bromure de méthyle
2°TF 1052 Sulfure d’hydrogène
2°TC 1005 Ammoniac anhydre
2°TO 3085 Fluorure de perchloryle
2°TFC 2189 Dichlorosilane
2°TOC 1067 Dioxyde d’azote

3° gaz liquéfiés réfrigérés 3°A 1977 Azote liquide réfrigéré


3°O 1073 Oxygène liquide réfrigéré
3°F 1972 Méthane liquide réfrigéré

4° gaz dissous sous pression 4°A 2073 Ammoniac en solution aqueuse


4°F 1001 Acétylène dissous
4°TC 3318 Ammoniac en solution aqueuse
( plus de 50% de NH3)

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• Les colis contenant des matières et objets de cette classe seront munis des
étiquettes suivants :

Groupes Etiquettes
A 2
F 3
O 2 + 05
T 6.1
TF 6.1 +3
TC 6.1 + 8
TO 6.1 + 05
TFC 6.1 + 05 + 8
TOC 6.1 + 05 + 8

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre, complété par le groupe et du sigle “ ADR ”

Exemple :

1072 Oxygène comprimé 2,1° O ADR

N° identification Dénomination Classe chiffre de Groupe de


De la matière l’énumération Danger

Classe 3 : liquides inflammables

• Font partie de la classe 3 les matières liquides inflammables :


- les liquides (Tf < 20°C à 101,3 Kpa) ayant une tension de
vapeur d’au plus 3OO Kpa à 50°C, et un PE > 61°C et qui ne sont
pas complètement gazeux à 101,3 Kpa
- les liquides ou solides à l’état fondu de PE < 61°C, transportés
à chaud à une T > PE
- le carburant diesel, le gazole et l’huile de chauffe de PE > 61°C

• Les matières liquides inflammables sont réparties en huit catégories :


- subdivision A : matières non toxiques, non corrosives de PE <
23°C
- subdivision B : matières toxiques de PE < 23°C
- subdivision C : matières corrosives de PE < 23°C
- subdivision D : matières toxiques et corrosives de PE < 23°C
- subdivision E : Matières de 23 < PE < 61°C avec un degré
mineur de toxicité et de corrosivité
- subdivision F : pesticides de PE < 23°C
- subdivision G : matières de PE > 61°C transportées à chaud à
une température > PE

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- subdivision H : emballages vides.

• Les matières liquides inflammables sont également classées dans l’un des
trois groupes suivants en fonction de leur degré de danger :
- groupe a : matières très dangereuses (liquide de PE < 23°C ,
très toxiques ou très corrosifs ou liquides ayant un point d’ébullition
de 35°C au plus)
- groupe b : matières dangereuses (liquides de PE <23°C non
classés dans a)
- groupe c : matières peu dangereuses, présentant un degré de
danger mineur (liquides de 23°C < PE > 61°C ainsi que certaines
matières visqueuses)

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les colis :

De façon générale : étiquette n° 3 plus :


- étiquette n° 6.1 pour les matières 11° à 19°,32° et 41°
- étiquette n° 8 pour les matières des 21° à 26° et 33°
- étiquettes n° 6.1 et n°8 pour les matières des 27° et 28°

• Mentions dans les documents de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre de l’énumération, complétée par la lettre de groupe de danger et le signe
ADR.

Exemple :

1203 Essence 3,3°b) ADR

N° identification Dénomination Classe chiffre de


De la matière l’énumération

Classe 4.1 : matières solides inflammables

• Le terme “ solide inflammables ” recouvre toutes les matières et objets :


- qui ont un point de fusion supérieur à 20°C
- ou qui sont des liquides auto réactifs.

Font partie de la classe 4.1 :

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- les matières et objets solides facilement inflammables et ceux


qui s’enflamment sous l’effet d’étincelles ou peuvent causer un
incendie (ou le favoriser) sous l’effet d’un frottement
- les matières autoréactives susceptibles de subir une
décomposition fortement exothermique causée par des températures
de transport excessivement élevées ou par contact avec des
impuretés
- les matières apparentées aux matières autoréactives, qui se
distinguent de ces dernières par un point de décomposition
exothermique supérieur à 75°C, qui sont susceptibles de subir une
décomposition fortement exothermique et qui peuvent, dans certains
emballages, répondre aux critères relatifs aux matières explosibles de
la classe 1
- les matières explosibles humidifiées avec de l’eau ou de
l’alcool ou contenant suffisamment de plastifiant ou de flegmatisation
pour que leurs propriétés explosives soient neutralisées.

• Les matières et objets de la classe 4.1 sont subdivisés comme suit :

- subdivision A : matières et objets organiques inflammables


solides
- subdivision B : matières et objets inorganiques inflammables
solides
- subdivision C : matières explosives à l’état non explosif
- subdivision D : matières apparentées à des matières
autoréactives
- subdivision E : matières autoréactives ne nécessitant pas une
régulation de température
- subdivision F : matières autoréactives nécessitant une
régulation de température
- subdivision G : emballages vides

• A l’exception des matières des 5° et 15°, les solides inflammables sont


classés en trois catégories de danger :
- groupe a : très dangereux (lettre d’énumération a)
- groupe b : dangereux (lettre d’énumération b)
- groupe c : peu dangereux (lettre d’énumération c)

• De façon générale étiquettes n° 4.1 plus :


- étiquette n° 6.1 pour les matières des 7°,16°,22° et 25°
- étiquette n° 8 pour les matières des 8° et 17°
- étiquette n° 01 pour les matières des 31°, 32°, 41°, et 42°

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de classe, du


chiffre et de la la lettre d’énumération et du sigle “ ADR ”

Exemple :

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1305 Soufre 4.1 11°c ADR

N° identification Dénomination Classe Chiffre et lettre de


De la matière l’énumération

Classe 4.2 : matières sujettes à inflammation spontanée

• Font partie de la classe 4.2 :


- les matières liquides ou solides qui, au contact de l’air
s’enflamment en l’espace de 5 minutes.
- Et les matières qui, au contact de l’air et sans apport d’énergie
sont susceptibles de s’échauffer( (matières auto-échauffantes)

• Les matières et objets de la classe 4.2 sont subdivisés de la façon suivante :


- subdivision A: matières organiques spontanément
inflammables
- subdivision B: matières inorganiques spontanément
inflammables
- subdivision C : combinaisons organométalliques spontanément
inflammables
- subdivision D : emballages vides

• Les matières de la classe 4.2 sont classées en trois catégories de danger


- groupe a: matières spontanément inflammables
(pyrophoriques) lettre d’énumération a
- groupe b : matières auto-échauffantes – lettre d’énumération b
- groupe c : matières peu auto-échauffantes – lettre
d’énumération c

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les colis :

De façon générale étiquette n° 4.2 plus :


- étiquette n° 4.3 pour les matières du 17° a), du manèbe, du 16°
c° et des matières des 31° au 33°
- étiquette n° 6.1 pour les matières des 7°, 8°, 11°,18° et 19°
- étiquette n° 8 pour les matières des 9°, 10°, 15°, 20°, et 21°

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre de l’énumération, de la lettre et du sigle “ ADR ”.

Exemple :

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1381 Phosphore blanc sec 4.2 11°a) ADR

N° identification Dénomination Classe Chiffre et lettre de


De la matière l’énumération

Classe 4.3 : Matières qui, au contact de l’eau dégagent des gaz inflammables.

• Font partie de la classe 4.3 toutes les matières et objets qui par réaction
avec l’eau dégagent des gaz inflammables susceptibles de former des
mélanges explosifs au contact de l’air.

* Les matières de la classe 4.3 sont subdivisées en quatre catégories :


- Subdivision A: matières organiques, combinaisons
organométalliques et matières dans des solvants organiques, qui au
contact de l’eau dégagent des gaz inflammables
- Subdivision B : matières inorganiques qui, au contact de l’eau
dégagent des gaz inflammables
- Subdivision C : objets contenant des matières qui, au contact
de l’eau, dégagent des gaz inflammables
- Subdivision D : emballages vides

• Les matières de la classe 4.3 sont classées en trois groupes de danger


affectés des lettres d’énumération a, b, c :
- groupe a : matières très dangereuses – lettre a
- groupe b : matières dangereuses – lettre b
- groupe c : matières peu dangereuses – lettre c

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les côtés :

De façon générale étiquette n° 4.3 plus :


- étiquettes n° 8 et n° 3 pour les matières des 1° et 2°
- étiquette n° 3 pour les matières du 3°
- étiquette n° 4.2 pour les matières de 14°
- étiquette n° 6.1 pour les matières des 15°, 18°, 22°et 23°
- étiquette n° 8 pour les matières des 24° et 25°.

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de la classe, du chiffre, de la


lettre de l'énumération et du sigle ADR.

Exemple :

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1428 Sodium 4.3 11°a) ADR

N° identification Dénomination Classe Chiffre et lettre de


De la matière l’énumération

Classe 5.1 : matières comburantes

• Font partie de la classe 5.1 les matières, qui, sans être toujours combustibles
peuvent en général, en cédant de l’oxygène, provoquer ou favoriser la
combustion d’autres matières.

• Les matières de la classe 5.1 sont réparties en trois catégoties :

- subdivision A : matières comburantes liquides et leurs solutions


aqueuses
- subdivision B : matières comburantes solides et leurs solutions
aqueuses
- subdivision C : emballages vides.

• A l’exception des matières des 5° et 20°, les matières comburantes doivent


être affectées à l’un des groupes suivants désignés par la lettre a), b), ou c)
selon leur degré de danger :
- groupe a : matières très comburantes
- groupe b : matières comburantes
- groupe c : matières peu comburantes

• Inscriptions et étiquettes n° 5.1 plus :


- étiquette n° 6.1 pour les matières des 2°, 5°, 29° et 30°
- étiquette n° 8 pour les matières des 1° a), 1° b), 3° a), 5°, 31°,
et 32°

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de la classe, du chiffre et de


la lettre d’énumération et du sigle ADR

Exemple :

1513 Chlorate de zinc 5.1 11°b) ADR

N° identification Dénomination Classe Chiffre et lettre de


De la matière l’énumération

Classe 5.2 : peroxydes organiques

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• La classe 5.2 vise les matières organiques contenant la liaison – O – O – et


pouvant être considérées comme des dérivés du peroxyde d’hydrogène,
dans lequel un ou les deux atomes d’hydrogène sont remplacés par des
radicaux organiques. Les peroxydes organiques sont des matières
thermiquement instables qui se décomposent à température ambiante ou
élevée, sous l'effet de la chaleur, de frottement ou de choc. La
décomposition peut entraîner un dégagement de vapeurs ou de gaz
inflammables ou nocifs. La décomposition peut aussi être explosive. Il faut
éviter tout contact de peroxydes organiques avec la peau ou les yeux
(risques de lésions ou de brûlures).

* Les peroxydes organiques sont répartis en trois catégories :


- subdivision A : peroxydes organiques pour lesquels la
régulation de température n’est pas requise (matières des 1° au 10°)
- subdivision B : peroxydes organiques pour lesquels la
régulation de température est requise (matières des 11° au 20°). Ils
sont interdits au transport ferroviaire.
- Subdivision C : emballages vides (matières du 31°)

• Il existe sept types de peroxydes différents :

- type A : peroxydes pouvant détoner ou déflagrer à grande


vitesse dans leurs emballages : ils sont interdits au transport
- types B, C, D, E, et F : peroxydes ne pouvant pas détoner ou
déflagrer à grande vitesse dans leurs emballages. Le classement
dans l’une des catégories B à F est fonction de la quantité maximale
admise dans un emballage.
- Types G : peroxydes qui ne détonent pas, ne déflagrent pas,
ne réagissent pas au chauffage par confinement et ont une puissance
explosive nulle. Ils ne sont pas assujettis aux prescriptions de la
classe 5.2

• Régulation de température :

Les peroxydes organiques de types :


- B et C ayant une TDAA (température de décomposition auto-
accélérée) < 50°C
- D ayant un effet moyen lors de chauffage sous confinement et
ayant une TDAA < 50°C en manifestant un faible effet lors de
chauffage sous confinement et ayant une TDAA < 45°C
- E et F ayant une TDAA < 45°C
Sont soumis à régulation de température durant le transport.

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les colis :

De façon générale étiquette n°5 .2 plus :


- étiquette n° 01 pour les matières des 1°, 2°, 11°, et 12° à
moins de dispense
- étiquette n° 8 si le peroxyde est corrosif.

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• Mentions particulières dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre et de la lettre de l’énumération et du sigle ADR.

3108 Peroxyde organique : peroxyde de 5.2 8°b) ADR


de type E, solide dibenzoyle

Classe 6.1 : matières toxiques

• Les matières toxiques de la classe 6.1 sont des matières dont on sait, par
expérience, ou dont on peut admettre, d’après les expérimentations faites
sur les animaux, qu’elles peuvent, en quantité relativement faible, par une
action unique ou de courte durée, nuire à la santé de l'homme ou causer la
mort par inhalation, absorption cutanée ou ingestion.

• Les matières toxiques sont réparties en huit catégories :

- subdivision A : matières très toxiques à l’inhalation de PE < 23°C


- subdivision B : matières organiques de PE > 23°C ainsi que les matières
organiques non inflammables
- subdivision C : composés organométalliques et carbonylés
- subdivision D : matières inorganiques qui au contact de l’eau, de
l’humidité de l’air, de solutions aqueuses ou d’acides, peuvent dégager
des gaz toxiques et autres matières toxiques hydroréactives
- subdivision E : les autres matières inorganiques et les sels métalliques
des matières organiques
- subdivision F : matières et préparations servant de pesticides
- subdivision G : matières destinées aux laboratoires et aux expériences
ainsi qu’a la fabrication de produits pharmaceutiques
- subdivision H : emballages vides

• A l’exception des matières des 1° et 5°, les matières toxiques sont attribuées
à l’un des groupes suivants désignés par les lettres a), b) ou c) selon leur
degré de toxicité :

- groupe a) : très toxiques


- groupe b) : toxiques
- groupe c) : peu toxiques

• Les pesticides liquides ou solides sont répertoriés dans la classe 6.1 aux
rubriques 71° à 73°. Les pesticides de PE < 23°C sont affectés à la classe 3.

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les colis :

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De façon générale étiquette n° 6.1 plus :


- étiquette n°3 pour les matières des 1° à 6°, 7° a), 8° a), 9° ,11° a), et b)
2., 13°, 16°, 18°, 20°, 22°, 26° a) 1. et b)1 …
- étiquette n° 3 pour les pesticides inflammables de PE 3 23°C du 72°
- étiquette n° 3 et 8 pour les matières des 7° a) 1., 8° a) 1., 10°, 11° b) 1.
et 28°
- étiquette n° 4.1 pour les matières des 26° a) 2. et b)2. et 54° b) 1.
- étiquette n° 4.2 pour les matières du 66°
- étiquette n° 4.3 pour les matières du 44°
- étiquettes n° 05 pour les matières du 68°
- étiquettes n°8 pour les matières des 24° b) 2., 27° et 67°.

• Mentions dans les documents de transport

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre et de la lettre de l’énumération et du sigle ADR.

2783 Pesticide organophosphoré solide, toxique, (propaphos)


6.1 , 73° c), ADR

Classe 6.2 : matières infectieuses

• La classe 6.2 comprend les matières contenant ou pouvant contenir des


agents pathogènes :
- des micro-organismes viables ( bactéries, virus, parasites, champignons)
- ou des micro-organismes recombinés susceptibles de transmettre des
maladies infectieuses chez l’homme ou l’animal.

Font partie de cette classe :


- les micro- organismes et les organismes génétiquement modifiés
- les produits biologiques
- les échantillons de diagnostic
- les animaux vivants infectés.

• Ces matières infectieuses sont réparties en trois catégories :

- subdivision A : matières présentant un potentiel de risque élevé pour


l’homme ou les animaux (matières des 1° et 2°)
- subdivision B : autres matières infectieuses (des 3° b et 4° b)
- subdivision C : emballages vides

• Classement des matières infectieuses en groupe de risque

- a) groupe de risque 4 (risques individuels et collectifs élevés) : agents


pathogènes provoquant une maladie humaine ou animale grave et qui se
transmettent facilement d’un individu à l’autre et contre lesquels on ne
dispose ordinairement ni de traitement ni de prophylaxie efficaces. Ces
matières sont affectées à la classe 6.2-1°.

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- b) groupe de risque 3 (risque individuel élevé/ risque collectif faible) : agents


pathogènes qui provoquent généralement une maladie humaine ou animale
grave mais qui , en principe, ne se transmettent pas d’un individu contaminé
à un autre et contre lesquels on dispose d’un traitement ou d’une
prophylaxie efficaces. Ces matières sont affectées à la classe 6.2 2°
- c) groupe de risque 2 (risque individuel modéré/ risque collectif limité) :
agents pathogènes pouvant provoquer une maladie humaine ou animale
mais qui, à priori, ne constituent pas un grave danger et contre lesquels il
existe des mesures efficaces de traitement et de prophylaxie, de sorte que
le risque de propagation de l’infection est limité. Ces matières sont affectées
à la classe 6.2 3°b).
- d) groupe de risque 1 ( risques individuel et collectif faibles) : micro-
organismes qui ne présentent guère de probabilité de causer des maladies
chez l’homme et chez l’animal. Ce ne sont pas des matières infectieuses au
sens de la classe 6.2.

• Inscriptions et étiquettes de danger sur les colis :

De façon générale étiquette n°6.2 plus :


- étiquette n°2 pour les matières transportées dans l’azote liquide fortement
réfrigéré.

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre et de la lettre d’énumération et du sigle ADR.

2814 Matière infectieuse pour l’homme 6.2 3° b) ADR

Classe 8 : matières corrosives

• Les matières de la classe 8 sont des produits qui, par leur action chimique,
attaquent la peau et les muqueuses et peuvent provoquer des dommages
aux marchandises et aux engins de transport.

Font également partie de cette classe les matières qui deviennent corrosives en
présence d’eau ou d’humidité.

• Les matières corrosives sont réparties en cinq catégories :

- subdivision A : matières de caractère acide


- subdivision B : matières de caractère basique
- subdivision C : autres matières corrosives
- subdivision D : objets contenant des matières corrosives
- subdivision E : emballages vides.

• Les matières de la classe 8, à l’exception des matières des 6°, 14° et 15°
doivent être attribuées à l’un des trois groupes suivants désignés par les
lettres a), b) ou c) selon leur degré de corrosivité :

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- groupe a) : matière très corrosive


- groupe b) : matières corrosives
- groupe c) : matières présentant un degré mineur de corrosivité

• Inscriptions et étiquettes de dangers sur les colis :

De façon générale étiquette n°8 plus :

- étiquette n°3 pour les matières des 32° b) 2., 33° a), 35° b)2., 37°,
54), 64° b) et 68°
- étiquettes n°3 et 6.1 pour les matières des 44° a) et 45° b) 2.
- étiquette n°4.1 pour les matières des 67°
- étiquette n° 4.2 pour les matières des 69° et 70°
- étiquette n° 4.3 pour les matières des 71° et 72°
- étiquette n° 05 pour les matières des 3° a), 4°, 73° et 74°
- étiquettes n° 05 et 6.1 pour les matières du 2° a) 2.
- Etiquette n° 6.1 pour les matières énumérées ci-dessous :

Chiffre N° identification de la Matière


Matière

1°a) 1831 Acide sulfurique fumant


6° Toutes les matières
7° Toutes les matières
9° b) 1811 Bifluorure de potassium
10° b) 1732 Pentafluorure d’antimoine
12° a) 2879 Oxychlorure de sélénium
14° Toutes les matières
44° b) Toutes les matières
45° b) 1. Et c) 2818 Polysulphure d’ammonium
en solution
53° b) et c) 1761 Cupriéthylènediamine
en solution
75° Toutes les matières
76° Toutes les matières

• Mentions dans le document de transport :

La désignation de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe, du


chiffre et de la lettre de l’énumération, complétée du sigle “ ADR ”

1791 Hypochlorite de solution 8 61° b) ADR

Classe 9 : Matières et objets dangereux et divers.

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* La classe 9 couvre les matières et objets qui, en cours de transport,


présentent pour la santé et/ou l'environnement des risques différents de ceux
des autres classes.

• Les matières de la classe 9 sont réparties en sept catégories distinctes :

- subdivision A : matières, qui, inhalées sous forme de poussière fine,


peuvent mettre en danger la santé.(amiante blanc)
- subdivision B : matières et appareils qui, en cas d'incendie, peuvent former
des dioxines (ex /PCB et PCT)
- subdivision C : matières dégageant des vapeurs inflammables.
- subdivision E : engins de sauvetage
- subdivision F : matières dangereuses pour l’environnement
- subdivision G : matières transportées à chaud
- subdivision H : autres matières qui présentent un risque pendant le transport
mais qui ne correspondent aux définitions d’aucune autre classe
- subdivision I : emballages vides

• Les matières de la classe 9 doivent être attribuées à l’un des groupes


suivants, désignés par les lettres b) et c), selon leur degré de danger :
- groupe b) : matières dangereuses
- groupe c) : matières présentant un danger mineur

Inscriptions et étiquettes de danger sur le colis :

A l’exception des matières du 4° c) : étiquette n°9, plus :


- étiquette n°3 pour les matières du 2° b) de PE < 61°C
- étiquette n°2 pour les matières du 13° transportées dans de l’azote liquide
fortement réfrigéré.

• Mentions dans le document de transport :

La dénomination de la marchandise doit être suivie de l’indication de la classe,


du chiffre et de la lettre d’énumération et complété par le sigle “ ADR ”.

3090 Piles au lithium 9 5° ADR

• Les polluants aquatiques :

Sont considérés comme polluants aquatiques, les matières, solutions,


mélanges, préparations et déchets :
- qui ne peuvent pas être affectés :
. aux classes 1 à 8
. ou aux chiffres d’énumération des 1° au 8°, 13°, 14°, 20°, 21° et 31° de
la classe 9
- mais qui peuvent être classés aux 11° et 12° de la classe 9

Classe 7 : Matières radioactives.

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• Domaines d’application :

Les prescriptions de la classe 7 sont basées sur le principes et les dispositions


suivantes de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Ces
prescriptions s’appliquent aux matières dont l’activité spécifique est supérieure
à 70 kBq/kg et les objets contenant de telles matières, qui sont énumérées au
marginal 2701 et sous réserve des conditions prévues dans les fiches
correspondantes.

• Quelques définitions :
- A1 et A2 :
Par A1, on entend l’activité maximale de matière radioactives sous forme
spéciale autorisée dans un colis de type A.
Par A2, on entend l’activité maximale de matières radioactives, autres que des
matières radioactives sous forme spéciale, autorisée dans un colis de type A.
- Emetteurs alpha de faible toxicité :
L’uranium naturel, l’uranium appauvri, le thorium naturel, l’uranium 235 ou
l’uranium 238, le thorium 228 et le thorium 230 contenus dans des minerais ou
des concentrés physiques ou chimiques ; les radionucléides dont la période est
inférieure à 10 jours.
- Contamination :
Par contamination, on entend la présence sur une surface, de substances
radioactives en quantité dépassant 0,4 Bq/cm2 pour les émetteurs b, g, et a de
faible toxicité ou 0,04 Bq/ cm2 pour les autres émetteurs alpha. Par
contamination fixée, on entend la contamination autre que la contamination non
fixée, c’est-à-dire, celle qui peut être enlevée d’une surface lors des opérations
normales de manutention.
- Matière fissile :
Par matière fissile, on entend l’uranium 233, l’uranium 235, le plutonium 238, le
plutonium 239 ou le plutonium 241, ou toute combinaison de ces
radionucléides.
- Colis :
Par colis, on entend l’emballage et son contenu radioactif tels qu’ils se
présentent au moment du transport.
Chaque colis est classé comme suit :
. un colis excepté est un emballage contenant des matières radioactives,
conçues pour satisfaire aux prescriptions applicables à tous les emballages et
colis.
. un colis industriel de type 1 (IP –1) : emballage, citerne ou conteneur
contenant des matières LSA ou SCO, conçu pour satisfaire aux prescriptions
générales tous les emballages et colis et à des prescriptions spéciales. Idem
pour les colis industriels de type 2 (IP-2) et de type 3 (IP-3).
. un colis de type A est un emballage, une citerne ou un conteneur
contenant une activité maximale A1 ou A2, conçu pour satisfaire aux
prescriptions générales applicables à tous les emballages et colis à des
prescriptions spéciales.
. un colis de type B est un emballage, une citerne ou un conteneur
contenant une activité qui peut dépasser A1 ou A2 conçu comme
précédemment.

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- Matière radioactive sous forme spéciale :


- On entend soit une matière radioactive solide non susceptible de dispersion,
soit une capsule contenant une matière radioactive.
- Activité spécifique :
Activité par unité de masse d’un radionucléide.
- Objet contaminé superficiellement :
Par objet contaminé superficiellement (SCO) on entend un objet solide qui n’est
pas lui-même radioactif, mais sur les surfaces duquel est répartie une matière
radioactive. Deux groupes : SCO (I) et SCO (II).
- Indice de transport (IT)
On entend un nombre unique affecté à un colis, un suremballage, une citerne,
un conteneur, une matière LSA-I ou SCO-I non emballée , qui sert à ,la fois à
assurer la prévention du risque de criticité et à limiter l’exposition aux
rayonnements.

• Les matières et objets de la classe 7 sont répartis selon 13 fiches


différentes :

Fiche 1 Quantités limitées de matières radioactives en colis exceptés


Fiche 2 Appareils ou objets manufacturés en colis exceptés
Fiche 3 Objets manufacturés en uranium naturel, uranium appauvri ou
thorium naturel, comme colis exceptés
Fiche 4 Emballages vides, comme colis exceptés
Fiche 5 Matières de faible activité spécifique (LSA-I)
Fiche 6 Matières de faible activité spécifique (LSA-II)
Fiche 7 Matières de faible activité spécifique (LSA-III)
Fiche 8 Objets contaminés en surface (SCO-I et SCO-II)
Fiche 9 Matières radioactives en colis de type A
Fiche 10 Matières radioactives en colis de type B (U)
Fiche 11 Matières radioactives en colis de type B (M)
Fiche 12 Matières fissiles
Fiche 13 Matières radioactives transportées sous arrangement spécial

• Fiche 1 :

Signalisation et étiquette de danger


- sur les colis : aucune disposition
- sur les conteneurs : aucune disposition
- sur les citernes : symbole du trèfle, illustré, gravé
- sur les emballages : aucune disposition
- sur les véhicules autres que les véhicules citernes : aucune disposition

Le document de transport doit comprendre la désignation : “ 2910, matières


radioactives, colis exceptés, quantité limitée de matières, 7, fiche 1, ADR ”.

• Fiche 2 :

Signalisation et étiquette de danger :

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- appareils ou objets manufacturés : mention “ radioactif ”


- colis, conteneurs, suremballages, véhicules autres que véhicules citernes :
aucune disposition

Document de transport : il doit comprendre la désignation “ 2910, matières


radioactives, colis exceptés, appareils ou objets manufacturés, 7, fiche 2, ADR ”

• Fiche 3 :

Signalisation et étiquette de danger : idem fiche 2.

Document de transport : il doit comprendre la désignation “ 2910, matières


radioactives, colis exceptés, objets manufacturés en uranium naturel, en
uranium appauvri ou en thorium naturel, 7, fiche 3 ADR ”

• Fiche 4 :

Signalisation et étiquette de danger : idem fiche 1

Document de transport : il doit comprendre la désignation : “ 2910, matière


radioactive, colis exceptés, emballages vide, 7, fiche 4, ADR ”

• Signalisation et étiquettes de danger sur les colis, les conteneurs, les


citernes, les emballages et les véhicules autres que citernes :

- colis et suremballages : étiquette n° 7A, 7B ou 7C sur deux cotés opposés.


Chaque étiquette doit indiquer l’activité maximale. Chaque étiquette jaune
doit indiquer l’indice de transport.
Etiquettes supplémentaires : n°4.2, n° 05 et n°8 pour certaines matières.
Indication de masse brute pour les colis dépassant 50 kg.
- conteneurs et citernes : étiquettes n° 7A, 7B, 7C ou 7D. Les étiquettes sont
apposées sur les 4 faces des conteneurs et conteneurs-citernes ou sur les 2
côtés et à l’arrière des véhicules –citernes. Utilisation d’étiquettes
supplémentaires n° 4.2, 05 et 8.
- Véhicules autres que véhicules-citernes : étiquettes 7D sur les côtés et à
l’arrière de l’unité de transport, avec éventuellement les étiquettes n° 4.2, 05
et 8.

Ces prescriptions sont valables pour les fiches 5, 6, 7 et 8.

Pour la fiche 9 : chaque colis de type A doit porter à l’extérieur de manière


lisible et durable la mention type “ A ”

Pour la fiche 10 : chaque colis de type B (U), doit être marqué à l’extérieur de
manière lisible et durable de l’expression “ Type B(U), du trèfle estampé.

Pour la fiche 11 : chaque colis de type B(M) doit être marqué à l’extérieur de
manières lisible et durable de l’expression “ Type B(M) ” et du trèfle.

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Pour la fiche 12 : chaque colis doit être marqué de manière lisible et durable
des expressions : Type A, Type B(U) ou Type B(M) suivant le cas.

Pour la fiche 13 : les envois sous arrangement spécial doivent toujours porter
les étiquettes III – jaune (modèle n° 7C).

• Mentions dans les documents de transport :

- Fiche 5 : n° identification, dénomination, matière radioactive de faible activité


spécifique (LSA-I), 7, fiche 5, ADR
Exemple : 2976 Nitrate de thorium solide, LSA-I,7, fiche 5, ADR

- Fiche 6 : n° identification, dénomination, matière radioactive de faible activité


spécifique (LSA-II),7, fiche 6, ADR
Exemple : 2976 Nitrate de thorium solide, LSA-II, 7, fiche 6, ADR.

- Fiche 7 : “ 2912, matières radioactives de faible activité (LSA-III), n.s.a., 7,


fiche 7, ADR.

- Fiche 8 : “ 2913, matières radioactives, objets contaminés superficiellement


(SCO-I ou II), fiche 8, ADR

- Fiche 9 : n° identification et dénomination complétés par matière radioactive


en colis de type A, 7, fiche 9, ADR
Exemple : 2976 Nitrate de thorium solide, matière radioactive en colis de
type A, 7, fiche 9, ADR.

- Fiche 10 : idem fiche 9 mais à la place de type A : type B(U).

- Fiche 11 : idem fiche 9 mais à la place de type A : type B(M).

- Fiche 12 : le document de transport doit comprendre les indications


suivantes soit : “ 2918 matières radioactives fissiles, n.s.a ;, en colis du type
IF, du type AF, du type B(U)F ou du type B(M)F, 7, fiche 12, ADR ” soit
“ 2977, hexafluorure d’uranium fissile contenant plus de 1% d’uranium 235,
matière radioactive, en colis agréé, 7, fiche 12, ADR ”

- Fiche 13 : n° identification et la dénomination complétés par : matière


radioactive sous arrangement spécial, 7, fiche 13, ADR.
Exemple : “ 2976 nitrate de thorium solide, matière radioactive sous
arrangement spécial, 7, fiche 13, ADR.

• Etiquetage des colis, citernes et conteneurs et des suremballages :


- chaque colis, suremballage, citerne doit porter des étiquettes conformes aux
modèles 7A,7B, 7C.
- Les étiquettes doivent être apposées à l’extérieur sur les deux cotés
opposés ou sur un suremballage et sur les quatre côtés pour un conteneur
ou un conteneur-citerne, et sur les deux côtés et à l’arrière pour un véhicule-
citerne.
- Chaque étiquette doit porter les renseignements suivants :

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a) contenu :
. le nom du radionucléide (sauf LSA-I), le groupe de LSA ou de SCO :
LSA-II ou LSA-III, SCO-I ou SCO-II
. pour les matières LSA-I, l’indication LSA-I est la seule nécessaire.
b) Activité : activité maximale du contenu radioactif exprimé en Bq
c) Indice de transport : sauf pour la catégorie I-Blanche.

• Signalisation supplémentaires des conteneurs pour le transport vrac, des


citernes et des véhicules.

• Etiquetage additionnel des conteneurs, des citernes et des véhicules :


- Les citernes ainsi que les grands conteneurs transportant des colis
autres qu’exceptés doivent porter des étiquettes conformes au modèle
7D. On peut toutefois utiliser une étiquette7A, 7B, ou 7C agrandie plutôt
qu’une étiquette 7A,7B ou 7C plus l’étiquette 7D.
- Les véhicules transportant des colis, des suremballages, des
conteneurs-citernes ou des conteneurs portant une étiquette 7A, 7B ou
7C devront porter l’étiquette conforme au modèle 7D sur les deux côtés
et à l’arrière.

Etiquetage et signalisation des engins de transport

Présentation de la réglementation

L’étiquetage et la signalisation des véhicules sont matérialisés par l’apposition


de signes extérieurs et conventionnels différents :
- les “ plaques-étiquettes ” de danger (carrés posés sur la pointe)
- des panneaux de couleur orange avec ou sans numéro de code.
Les plaques-étiquettes de danger apposés sur les véhicules et conteneurs ont
pour objet d’attirer l’attention des différents intervenants sur la nature de danger
présenté par les marchandises transportées. Ces plaques correspondent aux
étiquettes figurant sur les emballages.
Les étiquettes de risque principal et secondaire doivent toujours être apposées
sur les citernes et sur les engins pour vrac solide . En régime intérieur seules
les étiquettes de risque principal doivent, en principe, être apposées sur les
véhicules transportant des marchandises emballées.
Les panneaux orange doivent être apposés sur les véhicules, ainsi que sur
certains conteneurs. Ils sont de deux types :
- des panneaux orange sans numéro de code destinés à toutes les unités de
transport. Ils ont pour objet d’attirer l’attention des différents intervenants sur
la nature du transport réalisé, à savoir un transport de matières
dangereuses.
- et des panneaux orange comportant des numéros de code de danger et de
code matière des marchandises transportées. Ces panneaux sont destinés
à signaler aux différents intervenants :

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- le type de marchandise transportée (code matière)


- et les risques présentés par la marchandise (code danger).

Plaques – étiquettes

Obligation d’étiquetage

- les conteneurs :
Les conteneurs-citernes, les conteneurs-citernes vids non nettoyés et non
dégazés, les conteneurs pour vrac, les conteneurs secs c’est-à-dire
renfermant des matières sous emballage, les porte-conteneurs-citernes ou
pour vrac solide doivent être munis de plaques-étiquettes correspondant aux
matières transportées.

- les véhicules :
. Les véhicules-citernes (fixes ou d émontables) et véhicules-batteries,
en charge ou vides non nettoyés et non dégazés doivent porter les
étiquettes de danger des marchandises transportées.
. Les véhicules pour vrac, en charge ou vides non nettoyés, doivent être
munis des étiquettes de danger des matières dangereuses transportées.
. Les véhicules pour marchandises emballées :
- transport international : pas d’apposition de plaques-étiquettes
de danger sauf pour les transports d’explosifs et de matières
radioactives
- Transport intérieur : les véhicules en charge transportant des
marchandises sous emballage ou en conteneurs secs doivent
porter des étiquettes de danger dès lors que le chargement
dépasse : les seuils de poids pour les classes 1 et 7 et pour les
autres classes, plus de 3 tonnes de masse brute de matières
par classe.
Seules les étiquettes de danger de risque principal relatives aux
marchandises transportées (sauf pour les classes 1, 2 et 7) doivent être
apposées à l’arrière du véhicule et sur ses deux cotés.

. Les véhicules vides : après déchargement les étiquettes doivent être


enlevées ou masquées.

Description des étiquettes :

- Formats des étiquettes :


. pour tous les véhicules et les citernes, conteneurs-citernes, conteneurs à
usage général de plus de 3m3 : 25cm x 25 cm
. pour les citernes, conteneurs-citernes, conteneurs à usage général de
moins de 3m3 : 10 cm x 10 cm

- Modèles :
Identiques à celles figurant sur les colis : même couleurs, même
pictogrammes.

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- Mentions :
Les étiquettes n°1, 1.4, 1.5, 1.6, 2, 5.1, 6.2, 7A, 7B, 7C, 7D et 9 doivent
obligatoirement porter, dans un coin inférieur, la mention de la classe sous
forme de chiffre.

- nombre d’étiquettes :
Transport intérieurs et internationaux de matières dangereuses en citernes
ou en vrac : étiquettes de risque principal et secondaire.

Transport intérieurs de marchandises emballées : étiquette de risque


principal uniquement

Apposition et emplacement

- Conteneurs
. Conteneurs-citerne et conteneurs pour vrac : les étiquettes de
danger doivent être apposées sous la responsabilité de l’expéditeur
sur les deux côtés latéraux des conteneurs
. Conteneurs secs : sur les deux côtés et à chaque extrémité du
conteneur.
. Porte-conteneurs- citerne et porte conteneurs pour vrac : sur les
deux côtés latéraux et à l’arrière du véhicule dès lors que celles
figurant sur les conteneurs ne sont pas visibles de l’extérieur.

- Véhicules :
Les étiquettes de danger doivent être apposées sur les deux côtés
latéraux et à l’arrière des véhicules citernes et des véhicules pour
vrac.

Panneaux oranges

Obligation de signalisation

- Conteneurs :
Conteneurs- citernes, conteneurs pour vrac, porte- conteneurs
- Véhicules
Véhicules-citernes, véhicules pour vrac, véhicules autres que citernes
ou pour vrac.
- Véhicules vides, conteneurs-citernes vides nettoyés ou dégazés : les
panneaux doivent être enlevés

Description des panneaux

- panneaux orange sans numéro :


Ils ont la forme d’un rectangle de 40 cm x 30 cm, bordé d’un liseré noir de 1,5
cm d’épaisseur.

- panneaux orange avec numéro :

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Même forme et dimension que les panneaux sans numéro, mais ils ont en plus
une séparation horizontale de 1, 5 cm d’épaisseur.

Dans la parie supérieure : numéro de code danger de marchandise

Dans la partie inférieure : numéro de code matière

Ces numéros de code doivent résister à un incendie de 15 mn.

100 mm code danger

300 mm

100 mm Code matière

400 mm

Apposition et emplacement

- Apposition : les panneaux orange avec ou sans numéro peuvent être


apposés par l’expéditeur ou le transporteur
- Emplacement :
. Véhicules pour marchandises emballées : à l’avant et à l’arrière
panneaux orange sans numéro
. Véhicules-citernes :
• transport de plusieurs matières : deux séries de panneaux
orange
+ sans numéro à l’avant et à l’arrière
+ avec numéro sur les côtés de chaque citerne.

Exceptions : pour les transports de plus e “ deux produits ”


pétroliers portant les numéros ONU 1202, 1203 ou 1223 il
n’est pas nécessaire d’apposer sur les côtés de chaque
citerne les panneaux oranges avec numéro dès lors que
ceux placés à l’avant et à l’arrière du véhicule portent les
numéros d’identification de la matière ayant le point éclair le
plus bas.

+ Transport d’une seule matière : dispense des panneaux


orange sur les côtés de la citerne dès lors que ceux placés
à l’avant et à l’arrière comportent les numéros
d’identification de la marchandise.

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• Véhicules pour vrac : toute unité de transport pour vrac solide


doit porter
- des panneaux oranges sans numéro à l’avant et à
l’arrière
- des panneaux orange avec numéros sur les côtés de
chaque unité
- si une seule matière est transportée, l’apposition de
panneaux orange avec numéros sur les côtés de
chaque unité n’est pas obligatoire lorsque ceux apposés
à l’avant et à l’arrière portent les numéros de code de
danger et de code matière.
• Porte-conteneurs : panneaux orange sans numéro à l’avant et
à l’arrière du véhicule
• Conteneurs-citernes : panneaux orange avec numéros sur les
côtés de chaque citerne
• Conteneurs pour vrac : panneaux orange avec numéros sur les
côtés.

Numéros d’identification des produits

• Numéros de code matière :

Il est composé de quatre chiffres et est destiné à identifier chaque matière ou


groupe de matière. Il est en principe identique au numéro ONU attribué par les
experts des Nations Unies et utilisé dans les réglementations aériennes et
maritimes.

• Numéros de code de danger :

Ces numéros sont destinés à identifier la nature de danger présenté par la


marchandise transportée. La base du système consiste à donner à un nombre
une signification claire et précise ne laissant aucune place à l’interprétation en
cas d’accident.

Ils se composent de deux ou trois chiffres. De façon générale, les chiffres


indiquent les dangers suivants :

2 Emanation de gaz résultant de pression ou de réaction


chimique
3 Inflammabilité de matières liquides (vapeurs) ou de gaz ou de
matières liquide auto-échauffante
4 Inflammabilité de matière solide ou matière solide auto-
échauffante
5 Comburant( favorise l’incendie)
6 Toxicité ou danger d’infection
7 Radioactivité
8 Corrosivité
9 Danger de réaction violente spontanée

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Le doublement d’un chiffre indique une intensification du danger afférent.

Lorsque le danger d’une matière peut être indiqué suffisamment par un seul
chiffre, ce chiffre est complété par zéro.

Certaines combinaisons de chiffres ont cependant une signification spéciale :


22, 323, 333, 362, 382, 423, 44, 446, 462, 482, 539, 606, 623, 642, 823, 842,
90 et 99. (*)

La lettre X devant le code de danger indique que la matière réagit


dangereusement avec l’eau.

Significations des numéros d’identification de danger :

20 : gaz asphyxiant ou qui ne présente pas de risque subsidiaire


*22 : gaz liquéfié réfrigéré, asphyxiant
223 : gaz liquéfié réfrigéré, inflammable
224 : gaz liquéfié réfrigéré, comburant
225 : gaz inflammable
226 : gaz inflammable, pouvant produire spontanément une réaction violente
25 :gaz comburant
26 : gaz toxique
27 : gaz toxique, inflammable
28 : gaz toxique, comburant
29 : gaz toxique corrosif
30 : matières inflammable (23°C <PE < 61°C) ou matière liquide
inflammable ou matière solide à l’état fondu de PE >61°C, chauffée à
T3PE, ou matière liquide auto-échauffante
*323 : matière liquide inflammable réagissant avec l’eau en dégageant des
gaz inflammables.
X323 : matière liquide inflammable, réagissant dangereusement avec l’eau
336 : matière liquide très ininflammable et toxique
338 : matière liquide très inflammable et corrosive
X338 : matière liquide très inflammable et corrosive, réagissant
dangereusement avec l’eau
339 : matières liquides très inflammables, pouvant produire spontanément
une réaction violente
36 : matière liquide inflammable (23°C < PE < 61°C), présentant un degré
mineur de toxicité, ou matière liquide auto-échauffante et toxique
*362 : matière liquide inflammable, toxique, réagissant avec l’eau en émettant
des gaz inflammables
X362 : matière liquide inflammable, toxique, réagissant dangereusement avec
l’eau en dégageant des gaz inflammables
368 : matière liquide inflammable, toxique et corrosive
38 : matière liquide inflammable, (23°C <PE < 61°C) présentant un degré
mineur de corrosivité, ou matière liquide auto-échauffante et corrosive
*382 : matière liquide inflammable, corrosive, réagissant avec l’eau en
dégageant des gaz inflammables

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

X382 : matière liquide inflammable, corrosive, réagissant dangereusement


avec l’eau en dégageant des gaz inflammables
39 : liquide inflammable, pouvant produire spontanément une réaction
violente
40 : matière solide inflammable ou auto réactive et auto échauffante
*423 : matière solide réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
X423 : matière solide inflammable, réagissant dangereusement avec l’eau en
dégageant des gaz inflammables
43 : matière solide spontanément inflammable
*44 : matière solide inflammable qui, à une température élevée, se trouve à
l’état fondu
446 : matière solide inflammable et toxique qui, à une température élevée se
trouve à l’état fondu
447 : matière solide inflammable ou auto- échauffante, toxique
*462 : matière solide toxique, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
X462 : matière solide, réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant
des gaz toxiques
47 : matière solide inflammable ou auto- échauffante, corrosive
*482 : matière solide corrosive, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
X482 : matière solide, réagissant dangereusement avec l’eau en dégageant
des gaz corrosifs
50 : matière comburante
*539 : peroxyde organique inflammable
55 : matière très comburante
56 : matière très comburante, toxique
558 : matière très comburante, corrosive
559 : matière très comburante, pouvant produire spontanément une réaction
violente
560 : matière comburante
561 : matière comburante, toxique, corrosive
58 : matière comburante, corrosive
59 : matière comburante, pouvant produire spontanément une réaction
violente
60 : matière toxique ou présentant un degré mineur de toxicité
*606 : matière infectieuse
*623 : matière toxique liquide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
63 : matière toxique et inflammable, (23°C <PE < 61°C)
64 : matière toxique et inflammable, (23°C <PE < 61°C), corrosive
65 : matière toxique et inflammable, (PE <61°C), pouvant produire
spontanément une réaction violente
66 : matière toxique solide, inflammable ou auto-échauffante
*642 : matière toxique solide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
65 : matière toxique, comburante
66 : matière très toxique
67 : matière très toxique inflammable (PE <61°C)

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

68 : matière très toxique, solide, inflammable ou auto-échauffante


69 : matière très toxique, comburante
70 : matière très toxique, corrosive
71 : matière très toxique, pouvant produire spontanément une réaction
violente
68 : matière toxique et corrosive
69 : matière toxique ou présentant un degré mineur de toxicité, pouvant
produire spontanément une réaction violente
70 : matière radioactive
72 : gaz radioactif
723 : gaz radioactif, inflammable
724 : matière liquide radioactive, inflammable (PE < 61°C)
725 : matière solide radioactive, inflammable
726 : matière radioactive, comburante
727 : matière radioactive, toxique
728 : matière radioactive, corrosive
729 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité
X80 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité
réagissant dangereusement avec l’eau
*823 : matière corrosive liquide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
83 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité,
inflammable (23°C < PE < 61°C)
X83 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité,
inflammable (23°C < PE < 61°C), réagissant dangereusement avec l’eau
839 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité,
inflammable (23°C < PE < 61°C), pouvant produire spontanément une
réaction violente
X839 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité,
inflammable (23°C < PE < 61°C), pouvant produire spontanément une
réaction violente et réagissant avec l’eau
84 : matière corrosive solide, inflammable ou auto-échauffante
*842 : matière corrosive solide, réagissant avec l’eau en dégageant des gaz
inflammables
85 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité et
comburante
86 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité et
comburante et toxique
87 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité et
toxique
88 : matière très corrosive
X88 : matière très corrosive réagissant dangereusement avec l’eau
883 : matière très corrosive et inflammable (23°C < PE < 61 °C)
884 : matière très corrosive solide, inflammable et auto-échauffante
885 : matière très corrosive et comburante
886 : matière très corrosive et toxique
X886 : matière très corrosive et toxique, réagissant dangereusement avec
l’eau
89 : matière corrosive ou présentant un degré mineur de corrosivité pouvant
produire spontanément une réaction violente

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

*90 : matière dangereuse du point de vue de l’environnement, matières


dangereuses diverses

3.2.1.2. La conduite à tenir en cas d’accident :

Afin de faire face aux accidents impliquant des matières dangereuses à


l’extérieur de sites fixes, le législateur a prévu un certain nombre d’outils
prévisionnels :
- un plan d’urgence spécifique, le Plan de Secours Spécialisé, Transports de
Matières Dangereuses ( PSS – TMD)
- les conventions d’assistance technique
- la convention TRANSAID.

a) Le plan de secours spécialisé – transport de matières dangereuses (PSS-


TMD)

Le plan de secours spécialisé “ Transport de matières dangereuses ” prévoit les


mesures à prendre et les moyens à mettre en œuvre pour faire face aux
accidents de matières dangereuses non radioactives au cours d’opérations de
transports intérieurs et pour assurer la sauvegarde des populations.
Il prévoit en fait une organisation des secours alors que les conventions
prévoient la collaboration avec le secteur privé pour une aide technique (elles
peuvent lui être annexées ou y être incluses).
Il est élaboré par le Préfet.

Il s’applique pour les accidents de transport par voie


• routière
• ferrée
• navigable
• pipe ou conduites
mettant en jeu des produits en vrac ou en colis.

Il ne s’applique pas aux


• transports de matières radioactives qui sont/seront du ressort du plan
d’urgence “ transport des matières radioactives ”
• transports par voie maritime dans les établissements littoraux qui
sont/seront du ressort du plan “ POLMAR terre ”
• réseaux de distribution publique de gaz à usage domestique en
agglomération.

Le plan prévoit :
1. Le déclenchement par le Préfet selon un modèle de message
2. L’alerte de la population par : sapeurs pompiers, police, gendarmerie
3. L’organisation du commandement avec
- un PC AVANCE qui a pour fonction de mettre en œuvre les moyens de lutte
contre le sinistre. Il est situé à proximité immédiate du site d’intervention

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

- un PC OPERATIONNEL implanté dans une structure équipée (bâtiment ou


PC mobile) proche du lieu des opérations.

Le PCO réalise la synthèse des renseignements recueillis et la transmet au PC


fixe.
Il prévoit et met en œuvre les moyens nécessaires à la lutte contre le sinistre et
ceux utilisés pour la protection des populations et de l’environnement.
Il dirige les opérations de secours en fonction des décisions arrêtées au PC
fixe.

- un PC FIXE réuni à l’initiative du Préfet et qui rassemble le responsable des


services concernés par le PSS TMD
Il est chargé d’informer, de renseigner, mais aussi de coordonner et de
demander si besoin est, des renforts au niveau zonal.

4. Les missions des différents services dont les sapeurs-pompiers qui devront :
- donner l’alerte : aux autorités – DDSIS (CODIS) / Maire / Préfet
aux services – Police – Gendarmerie / SAMU /
DRIRE /DDASS/ DDE
- porter secours aux personnes
- mettre en place les moyens de lutte et de protection incendie
- mettre en place des moyens adaptés (UMIC)
- effectuer le balisage et la délimitation de la zone dangereuse et assurer le
suivi de son évolution
- activer le PC avancé
- participer au PCO et au PC fixe

On trouve ensuite :
5. Un rappel sur :
- les conventions d’assistance
- la convention TRANSAID
- le fichier national des matières dangereuses
- les UMIC
- les UISC (Nogent le Rotrou)

6. Un récapitulatif des produits et des flux de matières dangereuses


susceptibles de se trouver dans le département

7. Une carte des itinéraires et zones sensibles à risques d’accident pour poids
lourds.

8. L’inventaire :
- des points de captage d’eau potable (ainsi que des cartes)
- des établissements hospitaliers (et capacité d’accueil)
- des ensembles mobiles de diffusion d’alerte
- des moyens lourds de levage (privés)
- des moyens sapeurs-pompiers (liste quantitative par type d’engin au niveau
départemental…)

9. Un répertoire téléphonique

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

b) Les conventions d’assistance technique

Ce sont des accords passés entre le Ministre de l’Intérieur (Direction de la


défense et de la sécurité Civile ) et les syndicats professionnels de certaines
branches de l’industrie chimique, et le comité professionnel du butane et du
propane.

Certaines sont antérieures à l’instruction interministérielle du 5 octobre 1973 qui


prescrivait la réalisation d’un plan ORSETOX par département et qui
recommandait une organisation planifiée des moyens de secours publics ou
privés (texte abrogé par la loi du 22 juillet 1987 et le décret du 6 mai 1988)

Elles sont en général passées pour un an et renouvelables par tacite


reconduction.

Leur objectif est l’efficacité opérationnelle . Elles sont basées sur le principe de
la réquisition et de la gratuité.

Elles comprennent donc des listes nominatives de spécialistes (et leur numéro
d’appel) répartis géographiquement et sont établies par les syndicats.

Seuls certains produits sont couverts par des protocoles et il est hors de
question de réquisitionner un technicien pour un produit autre que celui couvert
par le protocole qui le concerne.

Les produits couverts sont les suivants, la date de signature de la première


convention DSC – industrie est indiquée entre parenthèses.

• Industrie chimique :
- acide cyanhydrique (1973)
- chlore (1970)
- plombs alkyles (1973)
- éthylène liquéfié (1977)
- gaz liquéfiés et réfrigérés (oxygène, azote, argon, hélium, hydrogène)
(1974)
• Comité professionnel du butane et du propane :
- GPL (butane, propane) (1974)

Depuis la signature de la convention TRANSAID, certains produits “ couverts ”


par une convention spécifique ont été repris dans TRANSAID – l’acide
cyanhydrique par exemple.

Application :

L’intervention se fait en cas d’accident au cours d’un transport, et ce, quels que
soient l’expéditeur ou le destinataire du produit.

169/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

La réquisition est faite par le Préfet ( ou DSIACEDPC).

Elle s’adresse d’abord à un technicien de la société dont le produit est en cause


si celle-ci est signataire du protocole ou à un technicien d’une autre société du
même protocole ( et uniquement prévue par le protocole).

Le chef de corps, le DDSIS, le Préfet, le DSIACEPC sont obligatoirement


avisés pour confirmation écrite officielle à la société dans les 24 heures.

La direction de l’établissement est seule juge du nombre de personnes qu’elle


doit envoyer ainsi que de l’importance et de la nature des matériels qu’elle doit
engager.

Il faut lui donner le maximum de renseignements lors du 1 er contact.

Le déplacement des personnels peut être facilité pour leur ouvrir la route par la
police, ou pour le déplacement par moyen aérien ou autre.

Personnels et matériels sont placés sous le statut de la réquisition, du moment


où elle les touche jusqu’à leur retour sur les lieux de leur travail. La réparation
d’éventuels dommages incombe à l’administration.

Si la société ne peut répondre à la réquisition, elle se doit d’en informer le


Préfet et de fournir au besoin le nom d’une autre société.

Le technicien est le conseiller du sapeur-pompier qui reste responsable de


l’intervention et donc responsable en cas d’accident en cas de faute lourde
prouvée.

c) Convention TRANSAID

Il s’agit d’une convention signée entre la Direction de la Sécurité Civile et


l’Union des Industries Chimiques pour une durée de deux ans renouvelables.
Elle a pour objet d’apporter l’aide de techniciens connaissant les risques
chimiques aux autorités responsables des secours.

Elle ne s’applique qu’à des matières dangereuses non radioactives qui y sont
définies, pour des accidents de transport routier, ferroviaire ou fluvial. Ne sont
pas considérés comme transports les portions de trajet réalisées à l’intérieur
d’un site industriel ou de stockage.

Elle est compatible avec le plan de secours spécialisé pour accident de


matières dangereuses. Elle peut lui être annexée ou y être incluse. Mais il n’est
pas indispensable de déclencher le “ PSS TMD ” pour obtenir l’aide “
TRANSAID ”.

TRANSAID n’est pas applicable lorsque le producteur, l’expéditeur, ou le


destinataire du produit accidenté sont identifiés et capables de fournir
l’assistance indispensable.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Dans les autres cas, l’assistance sera apportée par les adhérents à TRANSAID
sans discrimination, quels que soient les producteurs et destinataires.

Il est indispensable d’user de la procédure de réquisition pour obtenir cette


assistance (mais la demande d’information téléphonique ne conduit pas à la
réquisition).

Décidée par l’autorité compétente (Préfet, DDSIS, IDA), elle se fera par
l’intermédiaire du PC :
- Par téléphone (ou télécopie de préférence)
- Par écrit à l’entreprise concernée (par le Préfet)

Il faudra annoncer qu’il s’agit d’une procédure TRANSAID et les


renseignements seront donnés en fonction de la fiche réflexe “ mode de
transport ”

Contrairement aux autres conventions d’assistance technique, le principe de la


gratuité ne s’applique pas à TRANSAID.

Dans le document “ TRANSAID ”, les matières dangereuses sont classées en


annexe soit par numéro O.N.U.(annexe 2.1) soit par ordre alphabétique
(annexe 2.2).

On trouve alors les producteurs, utilisateurs ou intervenants concernés sous


forme d’in code numérique. En se reportant à la liste des codes, des entreprises
classées par zone de défense (annexe 2.3) ou liste par ordre numérique
(annexe 2.4), on peut ainsi trouver le nom de la société, ses coordonnées
téléphoniques et son mode d’action dans le cadre de TRANSAID qui peut se
résumer comme suit :
- renseignements téléphoniques exclusivement aux heures ouvrables
- renseignements téléphoniques 24h/24h
- renseignements et intervention sur le terrain aux heures ouvrables
- renseignements et intervention sur le terrain 24 h/ 24 h.

En annexe 3, on trouve le modèle de réquisition ; en annexe 4, une fiche réflexe


“ mode de transport ” et en annexe 5 un modèle de laisser passer “ Sécurité
civile ”.

3.2.2. Application de la future directive européenne de 1982, dite directive


"SEVESO"

3.2.2.1. Principes généraux :

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Après les nombreux accidents industriels des décennies 80 et 90, la directive


des communautés européennes n° 82-501 du 24 juillet 1982, modifiée,
concernant les risques d'accidents majeurs de certaines activités industrielles,
s'inspire notamment, du dispositif français en vigueur ( activité ou stockages,
notion de seuils, concept d'autorisation d'exploitation délivrée par une autorité
administrative après études, etc.).

L'esprit de ce texte supranational a fait modifier les dispositions en place en


instituant, en réglementation industrielle un troisième seuil quantitatif au-delà
duquel on observe :
* l'instauration de plans : un interne - un externe ;
* des servitudes constructives autour des sites industriels ;
* une information des populations concernées : avant la crise et pendant celle-ci
; mais aussi... nécessité est faite d'écrire la nouvelle doctrine de la planification
opérationnelle.

Ainsi, les travaux législatifs directement induits par cette directive se sont
exercés dans deux directions :

Réglementation industrielle : intégrer les contraintes administratives dans


l'appareil législatif ( loi du 19/07/76 ) par des modifications nombreuses de ses
textes d'application.

Organisation prévisionnelle : donner une assise légale rénovée aux plans


d'urgence au moyen d'une loi nouvelle ( loi du 22/07/87 ), les remettant en
perspective avec le dispositif des plans d'organisation des secours préexistants.

La parution en Janvier 1997 de la directive SEVESO II devrait entraîner après


son application en droit Français, quelques modifications suppléméntaires
particulièrement dans le domaine du management (en interne) de la sécurité
industrielle.

3.2.2.2. Traduction en terme de réglementation industrielle ( intégration dans la


loi du 19/07/76 )

a) Stockages :
Les stockages relèvent désormais, de la loi du 19/07/76 modifiée par les termes
de la directive "SEVES0", c'est-à-dire d'un système à trois seuils et à trois
procédures :

*Au-delà du seuil 1 : Déclaration auprès de l'autorité préfectorale


*Au-delà du seuil 2 : Autorisation de l'autorité après études
*Au-delà du seuil 3 : Autorisation, plans d'urgence et restrictions constructives.

Le régime de déclaration procède d'une démarche volontariste du futur


exploitant. Celui-ci déclare sa future activité au représentant de l'Etat, le préfet,
avec un dossier descriptif succinct. L'administration accuse réception de cette
déclaration en y joignant les dispositions réglementaires adaptées à

172/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

l'installation, rédigées à priori ( arrêté type ). Il appartient à l'entrepreneur de les


suivre.

Le régime de l'autorisation relève d'une procédure beaucoup plus lourde. Un


dossier très détaillé est déposé auprès du préfet. Celui-ci diligente alors la
procédure qui aboutira à l'autorisation ( ou à l'interdiction ) :

- affichage à proximité du site

- enquête publique ( recueil des doléances du public par un commissaire


enquêteur )

- consultation des différents services parmi lesquels ceux des sapeurs-


pompiers

- étude fine du dossier, notamment de ses deux études principales :

* l'étude d'impact portant sur les nuisances et pollutions ( auditives, olfactives,


rejets liquides ou gazeux ) lors du fonctionnement normal de l'installation.
* l'étude des dangers étudiant les comportements accidentels de l'installation et
les différents scénario pouvant survenir ( feu, explosion, nuage toxique cf.
paragraphe 3311).

L'acceptation finale est délivrée sous la forme d'un arrêté d'autorisation rédigé
spécialement pour l'installation concernée et définitivement validé, par le préfet,
après avis du conseil départemental d'hygiène ( assemblée constituées des
différents services de l'Etat et autres partenaires ).

Les procédures de plans d'urgence et des restrictions urbanistiques se


surajoutent à la précédente. Ici, l'étude des dangers revêt alors une importance
majeure. Les plans d'urgence sont élaborés par les différents services
concernés (industriel, sapeurs-pompiers, police, etc.) . Les restrictions
d'urbanisme correspondent à des zones inconstructibles ou à coefficient
d'occupation des sols limité, situées à proximité de sites industriels. Ces
servitudes sont annexées au plan d'occupation des sols et donc opposables
aux tiers.

Les stockages pétroliers relèvent de la même loi avec des textes particuliers s'y
rajoutant qui portent essentiellement sur le dimensionnement des moyens
d'incendie ( débit d'eau, émulseur ) et les isolements de capacités.

b) Activités :
La réglementation reste celle présentée avec trois seuils et trois procédures.
Simplement les seuils quantitatifs définis en annexe des textes réglementaires
sont des flux de fabrication (matière par unité de temps )

173/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

3.2.2.3. Traduction en terme d'organisation prévisionnelle ( loi du 22/07/87 )


Le principe de plans par recensement de moyens ( liste ) est aujourd'hui
conservé mais reste restreint aux plans ORSEC départementaux, zonaux et
national. Ils sont respectivement déclenchés par les préfets de département,
de zone et le premier ministre.

Les plans d'urgence, en développement permanent, s'appliquent, quant à eux,


à tous ou presque tous les domaines :
- risques industriels : Plans particuliers d'intervention (P.P.I.)
- effet sur les personnes :plans destinés à porter secours à de nombreuses
victimes ( plan rouge )
- risques mobiles et/ou spéciaux : Plans de secours spécialisés. (P.P.S)

Tous ces plans (ORSEC et urgence) sont regroupés sous le vocable : plans
d'organisation de secours

3.2.3 RECHERCHE DE LA REGLEMENTATION APPLICABLE

A - Généralités

Dans les multiples textes réglementaires, différents termes sont utilisés :


liquides inflammables, hydrocarbures liquides ou produits pétroliers. A chacun
correspond une nature de produit et des réglementations spécifiques précises.

De même, le législateur distingue le stockage, la distribution et l’utilisation de


ces différentes produits.

Pour appréhender correctement la prévision de ces risques spécifiques, il est


important de retenir quatre points essentiels :

- l’état physique du produit,


- le mode de stockage,
- la quantité stockée ou utilisée,
- le lieu de stockage ou d’utilisation.

Pour connaître la réglementation applicable, il convient de procéder par étapes


successives.

En application de la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées, pour


la protection de l’environnement, on compare les quantités stockées au seuil de
classement. En l’espèce, (liquides inflammables) on s’appuie sur la rubrique
1430.

Chaque catégorie est affectée d’un premier coefficient qui, par comparaison
avec la catégorie de référence, détermine les seuils de classement (non classé,

174/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

déclaration, autorisation). Un second coefficient relatif au mode de stockage est


ensuite appliqué.

Le travail du préventionniste et du prévisionniste consistera à transformer le


stockage présenté en un stockage aérien fictif équivalent de liquides
inflammables de 1ère catégorie, puis à comparer les volumes fictifs obtenus
aux différents seuils réglementaires.

En cas de présence de plusieurs produits de catégories différentes dans des


stockages non distincts (voir définition issue de la circulaire du 17 juillet 1973),
les calculs sont basés sur le liquide le plus pénalisant (il faudra considérer que
l’ensemble du stockage est composé du produit le plus dangereux).
De ce fait, il conviendra de procéder comme suit :

critère n° 1 : trouver la catégorie la plus dangereuse représentée par les


différents produits en présence,

critère n° 2 : Application du coefficient n° 1 lié à la catégorie du liquide le plus


pénalisant présent dans le dépôt.

CATEGORIE DEFINITION Coefficient (Rubrique


1430)
A Liquides extrêmement
inflammables
Point Eclair < 0°C et T° 10
ébullition < 35°C
(Ether, sulfure de carbone)
B Liquides inflammables de
1ère catégorie
Point Eclair < 55° C
(les alcools dont le titre est
> 60° Gay Lussac y sont
assimilés) 1
Cet D (essences)
réchauffés
C Liquides inflammables de
2ème catégorie
55°C < Point Eclair <
100°C 1/5
(les alcools dont 40° GL <
titre < 60° GL)
(fuel domestique, gasoil)
D Liquides peu inflammables 1/15
(fuel lourd)

critère n° 3 : Application du second coefficient lié au mode de stockage :


- aérien, coefficient 1,

175/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

critère n° 4 : Comparaison du stockage aérien fictif équivalent obtenu avec le


seuil de référence pour connaître le régime réglementaire applicable :
- inférieur à 10 m3 Non classé
- au delà de 10 m3 Déclaration
- au delà de 100 m3 Autorisation

- Si non classé : (quantités stockées inférieures au seuil de classement), on


applique alors :

- l’arrêté du 21 mars 1968 modifié par l’arrêté du 26 février 1974


concernant les règles techniques et de sécurité applicables au stockage et à
l’utilisation des produits pétroliers (brochure n° 1437),

- sauf si le stockage a lieu dans un établissement recevant du public de


la 1ère à la 4ème catégorie où on applique l’arrêté du 25 juin 1980 modifié,
articles CH.15, CH.16 et CH.17.

- Si déclaration :

- On applique la loi du 19 juillet 1976 relative aux installations classées, pour la


protection de l’environnement, et notamment l’arrêté-type n° 253, en attendant
la parution de celui correspondant à la nouvelle nomenclature (rubrique 12430),
relatif aux dépôts de liquides inflammables.

- Si autorisation :

En plus de l’arrêté d’autorisation,

- on applique la réglementation spécifique des dépôts pétroliers.

On étudie alors la capacité fictive du stockage :

a) Si capacité fictive < 1 000 m3


On applique l’arrêté du 19 novembre 1975

b) Si capacité fictive > 1 000 m3


On applique l’arrêté du 9 novembre 1972 concernant les règles
d’aménagement et d’exploitation des dépôts pétroliers d’hydrocarbures liquides.

Dans le cas de dépôts existants de plus de 1 500 m3, l’instruction technique du


9 novembre 1989 renforce ou modifie certaines prescriptions de l’arrêté du 9
novembre 1972.

B Définitions et règles d’aménagement des dépôts d’hydrocarbures liquides


soumis à autorisation.

REFERENCES REGLEMENTAIRES :

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- Arrêtés du 9 novembre 1972 et du 19 novembre 1975 relatifs aux règles


d’aménagement et d’exploitation des usines de traitement de pétrole brut, de
ses dérivés et résidus.
- Instruction technique du 9 novembre 1989 relative aux dépôts anciens
existants de liquides inflammables
- Circulaire environnement du 17 juillet 1973 relative à la définition des dépôts
distincts
- Circulaire intérieure du 6 juillet 1990 relative aux moyens de lutte contre
l’incendie dans les dépôts anciens de liquides inflammables.

Les dépôts visés par ces règles sont de stockages constitués par un ensemble
de réservoirs qui sont le plus souvent ravitaillés par des trains, bateaux ou des
pipe-lines.

Ces dépôts servent, en général, au chargement de camions-citernes qui vont


livrer leurs produits aux distributeurs locaux et stations-services.
cette réglementation ne concerne que les dépôts, elle n’est dont pas applicable
aux points de ventre d’hydrocarbures pour véhicules routiers.

- Définitions.

Ces textes réglementaires précisent le sens exact des termes ou expressions


employés. trois points méritent de retenir l’attention :

- la classification des hydrocarbures, (cf chapitre 4),


- la notion de “ zone dangereuse ”,
- la typologie des réservoirs et la notion de cuvette de rétention,
- la définition des dépôts distincts.

Zones dangereuses : (article 110).

Les emplacements sensibles sont classés, selon les risques qu’ils présentent,
en 2 types de zones :

- les zones de type 1 sont celles où les vapeurs peuvent apparaître en cours de
fonctionnement normal de l’installation,

- les zones de type 2 sont celles où des vapeurs peuvent se dégager en cours
de fonctionnement anormal de l’installation,

- les orifices de respiration des réservoirs mobiles.

Ces zones ainsi définies, sont déterminées sous la responsabilité de


l’exploitant, mais un certain nombre d’éléments engendrent obligatoirement des
zones classées (soupape de réservoirs, postes de chargement ou de
déchargement, etc.).
A priori Z1 = 3 m si C < 200 m3 en hydrocarbures de catégorie B, C1, D1
Z1 = 5 m si C < 200 m3 en hydrocarbures de catégorie B, C1, D1

Types de réservoirs : (article 114.3)

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- Réservoirs Aériens :

- réservoirs à toit fixe, à charpente autoportante, ou à poteaux,


- réservoirs à toit flottant,
- réservoirs à toit fixe avec écran flottant encore appelés à toit flottant
couvert.

- Réservoirs enterrés :

Un réservoir est dit “ enterré ” lorsqu’il répond aux dispositions à remplir par les
réservoirs souterrains dans lesquels sont emmagasinés des liquides
inflammables. Voir la définition de l’IT du 17 avril 1975, articles 2 et 10 relatifs
aux réservoirs enterrés, article 11 aux réservoirs en fosse, et article 12 aux
réservoirs enfouis.

Cuvettes de rétention : (article 312).

A tous réservoirs aériens d’hydrocarbures doit être associée une cuvette de


rétention. Celle-ci ne peut être affectée à la fois à des réservoirs
d’hydrocarbures de catégorie A et à des réservoirs d’hydrocarbures des autres
catégories.

La capacité de ces cuvettes est fonction de la catégorie de l’hydrocarbure


contenu dans les réservoirs. La capacité réelle d’une cuvette est celle qui est
calculée suivant ses dimensions géométriques sans tenir compte du ou des
réservoirs implantés dans la cuvette. La capacité qui nous intéresse est la
capacité utile qui tient compte des “ souches ” de ces réservoirs et des
différents obstacles à la rétention des produits.

Dans tous les cas, la hauteur minimale des parois des cuvettes doit être de 1 m
par rapport à l’intérieur. La stabilité des murs ou merlons qui les délimitent doit
être au minimum de 4 heurs ou 6 heures selon la réglementation applicable (cf
§ spécifique).

Les cuvettes contenant plusieurs réservoirs doivent être divisés en


compartiments dont le nombre est déterminé en fonction de la capacité totale
des réservoirs (merlons ou murettes de 0,70 m de haut).

2 compartiments si V < 10 000 m3


3 compartiments si 10 000 < V < 20 000 m3
4 compartiments si 20 000 < V < 80 000 m3
si V > 80 000 m3 1 compartiment par réservoir ou 20 000m3

- Lorsqu’il n’y a qu’un seul réservoir dans la cuvette, cette dernière doit être de
capacité utile égale ou supérieure au volume du réservoir.

- Lorsqu’il y a plusieurs réservoirs dans la cuvette, le volume de celle-ci doit


correspondre à la plus grande valeur suivante:

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- 100 % de la capacité du plus grand réservoir ,


- 50 % de la capacité globale des réservoirs contenus.

Remarque : La capacité utile correspond à la capacité réelle diminuée du


volume déplacé dans la cuvette par les réservoirs autres que le plus grand.

Dépôts distincts.

La circulaire du 17 juillet 1973 relative à la définition des dépôts distincts


précise que :
- aucune communication ne devra exister entre les réservoirs de l’un des
dépôts avec ceux de l’autre,
- aucune superstructure telle que bâtiment construit en matériaux combustibles,
poste de chargement susceptible de favoriserla propagation d’un éventuel
incendie d’un dépôt à l’autre ne devra exister entre les dépôts.

C Comparaison et évolution des réglementations applicables.

De grandes modifications sont intervenues depuis 1989, au niveau des


différents textes en vigueur.

Apportées par l’Instruction Technique du 9 novembre 1989 et la circulaire du 6


juillet 1990, elles ont été rendues nécessaires en raison de deux réflexions
principales :

- la nouvelle orientation donnée au “ classement émulseurs ” depuis leur


normalisation à travers les normes AFNOR NF.S.60.220 et NF.S.60.225,
- les nouveaux principes d’attaque des feux d’hydrocarbures qui intègrent
dorénavant la notion de projection immédiate de mousse suivant le principe de
la Temporisation.

L’instruction Technique du 9 novembre 1989 précise entre autre les moyens


dont devra disposer chaque dépôt pour lutter contre les feux de liquides
inflammables susceptibles de s’y produire.

Il s’agit notamment du débit d’eau et de la réserve d’émulseurs que l’exploitant


devra être en mesure de mettre à la disposition des secours, afin d’atteindre les
deux objectifs suivants :

. ETEINDRE en 20 minutes un feu sur le réservoir le plus important, tout en


assurant son refroidissement et la protection des installations voisines
menacées.

. CONTENIR pendant 60 minutes au moins un feu sur la plus grande cuvette,


en projetant de la mousse avec un taux d’application réduit, tout en protégeant
les installations voisines menacées.

Cette Instruction Technique :

- s’applique aux dépôts aériens existants de plus de 1 500 m3,

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- a été élaborée par le Conseil Supérieur des Installations Classée,


- s’appuie sur les enseignements du feu du port Edouard HERRIOT à LYON,
- renforce ou remplace les prescriptions figurant dans l’Arrêté du 9 novembre
1972.

Elle a entraîné des modifications importantes du texte précédent afin de tenir


compte d’une part, de l’avancement des connaissances et des techniques dans
la lutte contre l’incendie, en particulier la normalisation des produits émulseurs,
et d’autre part, de certaines notions tactiques développées par D.S.C. et le
GESIP.

La différence essentielle, aussi bien par rapport au texte réglementaire de 1972,


qu’aux principes jusqu’alors développés par le GESIP[7] réside dans
l’introduction de la notion de “ temporisation ” pour laquelle après l’alerte,
l’exploitant doit faire face seul dans un premier temps, avec mes moyens de
lutte réduits au sinistre, en attendant de recevoir les renforts prévus au scénario
du P.O.I. (Plan d’Opération Interne).

Cette temporisation est maintenue jusqu’à l’arrivée sur les lieux et les
préparatifs de mise en œuvre des moyens suffisant à l’extinction (canons,
pompes, émulseurs, tuyaux), qui permettront la mise en œuvre du taux
d’extinction final.

Par souci de clarté, les modifications apportées au niveau de la sécurité


incendie des dépôts seront résumées sous forme d’un tableau comparatif
permettant d’en apprécier l’évolution.
Le périmètre est institué de façon à limiter ou interdire le droit d’implanter des
constructions ou des ouvrages. Cette augmentation du périmètre de sécurité
est due à une prise de conscience du rayonnement important observé lors de la
combustion d’hydrocarbures et des phénomènes de boule de feu sur les
réservoirs, qui peuvent apparaître lors d’incendies prolongés et difficiles (boil
over).

ARRETE DU 9 NOVEMBRE 1972 INSTRUCTION TECHNIQUE


DU 9 NOVEMBRE 1989

PERIMETRE DE SECURITE

- Distance calculée par rapport aux parois - Distance mesurée du bord des cuvettes
des réservoirs. ou aires de manipulation des liquides
inflammables.
- Distance d’éloignement : - Distance minimale d’éloignement :
. Installations Classées 60 m . Locaux d’habitation 50 m
. E.R.P. selon type 60 à 75 m . voie publique 50 m
- Voies de circulation 30 m . E.R.P. et voie ferrée 100 m

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ARRETE DU 9 NOVEMBRE 1972 INSTRUCTION TECHNIQUE


DU 9 NOVEMBRE 1989
CAPACITE DES CUVETTES
Le volume utile doit être égal à la plus
grande des deux valeurs suivantes :
Hydrocarbures B, C (hors fuels lourds) ou
D1
- 100 % du plus gros réservoir
- 50 % de la capacité globale des
réservoirs contenus
- Compartimentage : - un volume égal au volume du plus gros
v < 10 000 m3 : 2 compartiments réservoir contenu et la capacité totale de
10 000 m3 < v < 20 000 m3 : 3 tous les bacs situés dans la cuvette
compartiments
20 000 m3 < v < 80 000 m3 : 4
compartiments
Règles particulières applicables aux
stockages de fuels lourds :
- pour une capacité inférieure à 10 000
m3 :
50 % de la capacité du plus gros
réservoir
50 % de la capacité de tous les réservoirs

ARRETE DU 9 NOVEMBRE 1972 INSTRUCTION TECHNIQUE


DU 9 NOVEMBRE 1989
COMPORTEMENT AU FEU
- Parois des cuvettes (merlon) stables au - Parois des cuvettes stables au feu 6
feu 4 heures heures

- Imperméabilité des parois des cuvettes - Etanchéité des parois et du fond

- Résistance des parois au choc de


vague lors de rupture de réservoir

- Puits de contrôle (piezomètres) situés


en amont et aval du dépôt

Le problème de l’évacuation des eaux d’incendie est apparu à chaque grand


feu. Ce cas doit être étudié avant le sinistre, à l’occasion des révisions des
P.O.I.

Les derniers incendies ont permis de se rendre compte du mauvais


comportement au feu des cuvettes et de la mauvaise résistance des parois au
choc de vague lors de la rupture de réservoir. La résistance et le comportement
au feu ont donc été modifiés.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

De plus, l’étanchéité réelle des cuvettes doit désormais être systématisée


d’autant que les nouvelles règles d’attaque du feu “ à la mousse ” limiteront les
quantités d’eau déversées. Le maintien en état des piézomètres implantés,
notamment à l’occasion des études hydrogéologiques sera recherché de
manière à assurer une surveillance rapprochée et éloignée de la nappe
circulant sous les dépôts.

ARRETE DU 9 NOVEMBRE 1972 INSTRUCTION TECHNIQUE


DU 9 NOVEMBRE 1989
Débit d’eau nécessaire
L’arrêté du 9 Novembre 1972 prévoyait Les textes prévoient dorénavant que
un débit d’eau ce débit d’eau devra permettre :
Q= Q1 + Q2
- avec Q1 = refroidissement de tous les - la protection de tous les ouvrages
réservoirs contenus dans un cylindre situés à moins de 50 mètres de la
fictif de 2,5 R avec un minimum de R + zone de feu, les rideaux d’eau étant
15 m, calculés au débit forfaitaire de :
- 500 l /min pour une longueur de 30
- avec Q2 = débit correspondant à la m
production de mousse sur le réservoir - 1000 l /min pour une longueur de
supposé en feu 40 m
Ces valeurs dépendaient en partie du - l’extinction en 20’ et le
type et de la capacité des bacs, des refroidissement du réservoir le plis
produits concernés ou encore des gros,
surfaces impliquées retenues pour leur - la temporisation pendant 60’
refroidissement (ex. : quart de la minimum suivie de l’extinction de la
surface des réservoirs ou robe des plus grande cuvette et le
réservoirs, …. Voir tableau page refroidissement de l’ensemble des
suivante) structures exposées
Une réserve d’eau suffisante devra
La réserve d’eau complémentaire aux donc permettre d’assurer le débit
ressources permanentes doit nécessaire pour l’attaque ou la
permettre d’assurer les débits protection des ouvrages. On devra
pendant : donc commencer par calculer les
1h30 pour une capacité de besoins en eau pour le scénario le plus
dépôt<10000 m3 contraignant du P.O.I.
3h00 pour une capacité de dépôt entre
10000 et 100000 m3 Pour la protection, le refroidissement
6h00 pour une capacité de dépôt > sera fonction :
100000 m3 pour les hydrocarbures - du débit des couronnes-1 d’arrosage
B,C ou D1, fixes estimé à 15 l x m x mn-1 de
et de 1h30 pour les dépôts qui ne circonférence
stockent que des hydrocarbures de - du débit des moyens mobiles -2
de
-1
catégorie C2 ou C2 et D2 quel que soit protection estimé à 10 l x m x mn
leur volume de surface

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Débit d’eau réglementaire ( calculs intermédiaires)

Réservoir en feu Débit ( l / mn) Débit ( m3 / h)

Extinction Mousse q2 (l / mn) Q2 (m3 / h)


q2 = TAppl x Surf (toit du q2 = TAppl x 3,14 x d2 /4 Q2 = q2 x 0,06
bac)

REFROIDISSEMENT Eau q’ (l /mn) q’ = Q’ (m3 / h)


q’ = 15 l / mn par m de q’ = 15 x 3,14 x D Q’ = q’ x 0,06
circonf.

Réservoirs Toit ou écran


exposés flottant toit fixe
< 7 500 m3 >7500 m3 Cat B Cat C ou D1

TA sur le ¼ de 3 l x m-2 x mn-1 2 l x m-2 x mn-1 5 l x m-2 x mn-1 2 l x m-2 x mn-1


la surface de la
jupe

Débit q’’ (l /mn) 2,36 x D x H 1,57 x D x H 3,93 x D x H 1,57 x D x H


Débit Q’’ ( m3 / Q’’ = q’’ x 0,06 Q’’ = q’’ x 0,06 Q’’ = q’’ x 0,06 Q’’ = q’’ x 0,06
h)
• L’eau peut être mise en œuvre par :

- des installations fixes de refroidissement,


- des lances monitor fixes,
- des matériels mobiles (lances à main, lance monitor remorquables),
- une combinaison des différents moyens.

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ARRETE DU 9 NOVEMBRE 1972 INSTRUCTION TECHNIQUE


DU 9 NOVEMBRE 1989
Volume d’émulseur nécessaire
La quantité d’émulseur sur site équivalait Cette réserve devra permettre :
à la plus grande des deux valeurs
suivantes :
- une couche de solution moussante de - l’extinction en 20’ du plus gros
0,40 m. d’épaisseur sur la plus grande réservoir et la protection des abords,
cuvette d’hydrocarbure de 1 ère
catégorie,
- une couche de 0,20 m. sur la plus
grande cuvette d’hydrocarbure de 2ème
catégorie, et

Ces valeurs peu expressives étaient


respectivement évaluées à 2 litres / m2 de
surface de cuvette pour les - la temporisation pendant 60’ minimum
hydrocarbures de 1 ère catégorie, et 1 de la plus grosse cuvette (TA = 50%
litre / m2 de surface de cuvette pour les du taux d’extinction) et la protection
HC de 2 ème catégorie. des abords. Cette réserve devra être
en conteneurs de 1 000 litres
Le débit de mousse et les canons utilisés minimum.
devaient alors permettre de recouvrir en
10 mn maximum la surface du toit du plus Les taux d’application retenus par le
gros réservoir Ministère de l’Intérieur sont reportés dans
les tableaux ci-dessous (circulaire du 9
juillet 1990)

Il y a donc une modification des moyens maintenus sur le site, notamment en


ce qui concerne la réserve en émulseur et sa mise en œuvre qui devra
permettre l’extinction en 20’ du plus gros réservoir et la temporisation de la plus
grosse cuvette.

Ces nouveaux moyens devront être opérationnels jusqu’à l’arrivée d’aide


extérieure avec un minimum de 1 heure.

La temporisation à la mousse de la plus grande cuvette devra être effectuée


avec un taux réduit égal à la moitié des taux d’application définis en fonction
des produits à éteindre et de la qualité des émulseurs utilisés pour l’extinction.

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TAUX D’EXTINCTION
( en l x m-2 x mn-1)

Classe Hydrocarbures Liquides


liquides Polaires

B, C1, D1 C2 Oxygénés
NF S 60 220 I 2,5 2 3 non
II 3,75 2,5 5 utilisables
III 5 3,75 7
NF S 60 225 I Polaire Non recommandés 3,75 7
II Polaire 5 10

Taux de temporisation : c’est un taux d’application réduit destiné à contenir le


feu sans pour autant l’éteindre. Il est pris égal à la moitié du taux d’application
théorique d’extinction.

TAUX DE TEMPORISATION
( en l x m-2 x mn-1)

Classe Hydrocarbures Liquides


liquides Polaires

B, C1, D1 C2 Oxygénés
NF S 60 220 I 1,25 1 1,5 non
II 1,75 1,25 2,5 utilisables
III 2,5 1,75 3,5
NF S 60 225 I Polaire Non recommandés 1,75 3,5
II Polaire 2,5 5

La réserve en émulseur sera disponible en conteneurs de 1000 l. minimum afin


de faciliter l’attaque, sachant qu’une lance à mousse de 3 000l /mn consomme
180 litres d’émulseur à la minute pour une concentration réglée à 6%.

Les capacités en fûts de 200 litres devront être remplacées dès que possible.

Cependant, un problème de manutention se pose. Les émulseurs pour


hydrocarbures n’étant pas utilisables lors des feux de produits polaires, il n’est
pas souhaitable de disposer d’émulseurs des 2 classes sur un seul dépôt. Pour
éviter toute confusion lors d’un sinistre, des émulseurs polyvalents devront être
utilisés.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Ces nouveaux textes définissent de nouveaux principes de base de la lutte


contre le feu :

a) Lutte contre un feu de réservoir :


- extinction du réservoir à la mousse,
- protection du réservoir en feu et des réservoirs ou installations voisines, à
l’eau projetée (canons et lances) ou par rideaux d’eau et/ ou couronnes
d’arrosage sur la robe des réservoirs

b) Lutte contre un feu de cuvette et du feu du réservoir contenu s’il est en feu :

- dans la cuvette en feu :


- l’extinction de la cuvette (et des réservoirs en feu) se fait à la mousse,
- la protection des réservoirs contenus dans la cuvette se fait à la mousse.
- dans le cas de réservoirs et/ ou d’installations à l’extérieur de la cuvette en
feu, la protection se fait à l’eau (canon, lances, rideaux d’eau, etc …).

c) Dans le temps nécessaire au rassemblement des secours prévus au


scénario du P.O.I., le dépôt doit disposer des moyens (eau, mousse, …)
pour contrôler le feu, c’est à dire, pouvoir appliquer sur le feu un débit de
mousse correspondant au taux de temporisation.

Ceci n’exclut pas la possibilité d’éteindre le feu dans le cas où celui-ci est d’une
importance faible. L’introduction de cette temporisation de 60’ minimum avec un
taux d’application réduit permet de limiter la propagation du feu et de mettre en
place les secours, afin d’assurer l’attaque finale avec un taux d’application
normal. L’Arrêté du 9 novembre 1972 n’avait prévu aucune temporisation. La
tactique employée consistait à refroidir les installations menacées alentour dans
un premier temps, en évitant de traiter l’incendie, tandis que l’on rassemblait les
moyens permettant une offensive à la mousse.
Cette dernière pouvait nécessiter plusieurs heures de préparation pendant
lesquelles l’incendie progressait, des bacs explosaient, ou répandaient leur
contenu enflammé.

Ce nouveau principe d’attaque à donc paru nécessaire.

3.2.4. - Réglementation pyrotechnique


Parmi l'ensemble du dispositif réglementaire régissant les poudres et explosifs,
quelques textes importants peuvent être mis en avant.

Historiquement,

- la Loi du 8 Août 1929 qui fixait les servitudes autour des magasins et
établissements servant à la conservation, à la manipulation ou la fabrication des
poudres, munitions, artifices ou explosifs,

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- la Loi 70575 du 3 juillet 1970 qui réformait le régime des poudres et


substances explosives,

- le Décret 79846 du 28 septembre 1979 relatif à la protection contre les risques


pyrotechniques,

- l'Arrêté interministériel du 26 septembre 1980 et sa circulaire d'application du


8 mai 1981.

Cet arrêté signé par les ministres de l'Intérieur, du Travail, de l'Environnement,


de l'Industrie, du Transport et de la Défense est le fruit d'une réflexion
transversale sur les différentes réglementations que coordonne la commission
des substances explosives.

Il a introduit en France des distances d'isolement précises qui sont déterminées


par une étude de sécurité pyrotechnique, les étapes successives de cette étude
de sécurité sont les suivantes :

- classement des produits par groupes de compatibilité et par division de


risques

- détermination précise de zones de dangers, en principe 5 zones de


dangers décroissants sont définies autour du siège potentiel d'explosion
(Z1 à Z5).

- évaluation de la probabilité d'occurrence

- détermination de niveaux de risque pyrotechnique

- Inventaires des zones et installations à protéger.

3.2.5. - Maîtrise de l'urbanisme

3.2.5.1. - Définition des zones Z1 et Z2

La politique française de réglementation de l'urbanisation autour des sites à


risques industriels repose sur la protection des personnes contre les effets
directs d'un accident (brûlure, intoxication par inhalation, etc.) et indirects
(effondrements, projection d'éclats, etc.).

L'approche des ministères est une approche déterministe basée sur les
résultats de l'étude des dangers fournie par l'industriel, elle conduit à la
délimitation de deux zones d'effets centrées sur l'installation à risque.

- La zone Z1, la plus proche du risque qui correspond aux premiers effets
mortels.

- La zone Z2, plus éloignée du risque qui correspond à la limite des effets
réversibles et irréversibles pour la santé des personnes exposées.

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2
Dans la zone Z1, sont autorisées les extensions mesurées et limitées à 20 m
hors œuvre sans création d'un logement et les modifications des constructions
existantes à usage d'habitation ou de bureau qui n'entraînent pas d'extension,
sans changement de destination.
Dans cette zone, il est interdit d'implanter des maisons d'habitation et des
établissements recevant du public, ou des immeubles de grande hauteur.

En zone Z2, en plus des constructions autorisées en Z1, il est possible


d'implanter des habitations avec limitation du COS (coefficient d'occupation du
sol) et des aires de sport sans structures destinées à l'accueil du public. Mais là
encore sont interdits les ERP et les IGH.

Détermination des zones Z1 et Z2 en fonction des effets

• Effet thermique :
En fonction de différentes études menées sur l'impact du flux thermique
pouvant être reçu accidentellement, la maîtrise de l'urbanisation repose sur les
2 valeurs suivantes :
2
- 5 KW/m correspondant au début des risques mortels pour un temps
d'exposition inférieur à 60 secondes.
2
- 3 KW/m correspondant au début des risques de brûlures significatives
pour un temps d'exposition supérieur à 60 secondes.
2
Pour mémoire, sous un flux thermique reçu supérieur à 5 KW/m , il y a risque
de flambage des ossatures de bâtiment suivi de l'effondrement de ces
structures.

• Effet mécanique :
Les effets sur les personnes de l'onde de choc consécutive à une déflagration
ou une détonation sont essentiellement liés à la surpression.
Cette dernière occasionne des lésions au niveau d'organes cibles
particulièrement vulnérables qui sont :
- l'oreille,
- le larynx, et
- les poumons.

Les seuils définis pour la maîtrise de l'urbanisation sont de :

* 140 mb correspondant à l'effondrement partiel des murs et toits des maisons


et aux premières victimes décédées.

* 50 mb correspondant aux dommages mineurs aux structures des maisons et


aux atteintes tympaniques.

Les effets des missiles n'ont pas été pris en compte mais les études
bibliographiques permettent d'estimer que 80 % des éclats retombent dans un
rayon de 400 m autour de leur point d'émission.

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• Effets toxique :
L'inhalation est la voie d'intoxication préférentielle lors du relâchement
accidentel d'un gaz toxique ou lors d'un incendie, c'est donc ce mode
d'intoxication qui a été retenu par le législateur en matière de maîtrise de
l'urbanisation.

Les deux seuils retenus sont respectivement :

- la courbe de seuil fatal correspondant à l'apparition des premiers effets


mortels (concentration létale 1 % - CL 1%)

- la courbe correspondant à la limite entre les effets réversibles et irréversibles


(concentration IDLH).

L'IDLH (pour Immediatly dangerous to life or health concentration) correspond à


la concentration maximale dans l'air d'un produit jusqu'à laquelle une personne
exposée pendant ou plus 30 minutes peut fuir sans risque d'effets irréversibles
pour la santé. Cette donnée américaine a été transcrite en France sous
l’intitulé SES (seuil d’effets significatifs)

Les fumées d'incendie n'ont pas été retenues comme risque particulier dans le
cadre de cette réglementation urbanistique.

3.2.5.2. Les scénarios de référence

Afin de permettre une approche uniforme des risques sur l'ensemble du


territoire, le ministère de l'Environnement a édité en Octobre 1990 un guide
intitulé "maîtrise de l'urbanisation autour des sites industriels à haut risque".

Celui-ci indique en fonction de scénarios spécifiques à chaque type


d'installation représentative, les équations à prendre en compte pour le calcul
des zones d'isolement Z1 à Z2.

Ces scénarios sont les suivants : ( cf. chapitre 3114)

Scénario A:
Bleve sur un stockage de gaz combustible liquéfié sous pression
(BLEVE / Boiling Liquid Expanding Vapor Explosion)

Scénario B :
UVCE provenant d'une fuite sur un réservoir ou une canalisation
(UVCE : Unconfined Vapor Cloud Explosion)

Scénario C :
Ruine instantanée d'une petite capacité mobile de gaz toxique avec libération
de son contenu et naissance d'une bouffée importante de gaz toxique.

Scénario D :
Rejet continu de gaz toxique à partir d'une fuite sur un réservoir ou un piquage.

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Scénario E :
Incendie d'un stockage de liquides inflammables de grande capacité.

Scénario F :
Risque pyrotechnique

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3.3 - Traduction prévisionnelle

3.3.1. Risques industriels: plan particulier d'intervention

3.3.1.1. L'étude des dangers


Suivant une méthode d'analyse globale précise, cette étude est la base majeure
des plans d'organisation des secours (interne et externe).

Le particularisme français réside dans le fait que ce document est prescrit par
l'administration dans l'arrêté d'autorisation, mais est réalisé par l'industriel. Le
préfet après prise de connaissance de cette étude, a la possibilité de
l'accepter, de prescrire une expertise ou de la récuser si la démarche
intellectuelle ne lui paraît pas correcte.

Ce document doit étudier différents scénarii préconisés et prédéterminés, en


fonction des risques potentiels présentés par l'établissement. Le tableau suivant
rassemble l'ensemble de ces scénarii. Il va de soi que généralement, d'autres
situations accidentelles sont étudiées dans les études des dangers.

SOURCE Scénarii préconisés (E.d.D.)


EXPLOSION * G.I.L. : B.L.E.V.E. et U.V.C.E.
* L.I. :Explosion de la plus grande phase
gaz d'un bac à toit fixe

* PYRO : Explosion de la masse complète

FUITE DE * Perte instantanée de confinement du


TOXIQUE stockage
* Rupture du plus gros piquage donnant le
plus grand débit massique
FEU OU * Feu de la plus grande cuvette
BOULE DE * Boil-over
FEU * G.I.L. : B.L.E.V.E.

NOTICE
U.V.C.E. : Unconfined Vapor Cloud Explosion
B.L.E.V.E.: Boiling Liquid Expanding Vapor
Explosion
G.I.L. Gaz Inflammable Liquéfié
L.I. : Liquides Inflammables
PYRO : Produits pyrotechniques (Explosifs)
E.d.D : Études des Dangers

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3.3.1.2. Le Plan d'opération interne


Le Plan d'opération interne (noté POI par la suite) est un document organisant
la réponse opérationnelle interne à tout accident industriel.
Ce plan est prescrit généralement aux industries présentant des installations
relevant du troisième seuil quantitatif (crée par la directive européenne de 1982)
appuyé sur l'étude des dangers évoquée plus haut, il est imposé par
l'administration par arrêté préfectoral. Ici encore on rencontre un document
réalisé par l'industriel sous le contrôle validant de l'administration.

Ce plan doit envisager les conséquences potentielles des scénarii retenus et


étudiés dans l'étude des dangers, sur les structures internes à l'établissement. Il
doit également définir les procédures de réaction à ces accidents en exposant
les principes d'organisation et de mise en oeuvre des moyens du site (humains
et matériels). Il prévoit également l'intervention des moyens du service public
dans le site, si les accidents le justifient. Enfin, il doit être validé par des
exercices.

Un POI doit réunir les fiches suivantes :


1- Déclenchement de l'alarme et l'alerte
2- Situation géographique interne et externe
3- Évaluation des risques par zones : scénarii d'accident
4- Recensement des moyens de lutte contre les différents types de sinistres
5- Organisation des secours -> Fiches réflexes
6 - Modalités d'information
7 - Entraînement et exercice.

3.3.1.3. Le Plan particulier d'intervention


Plan d'urgence multiservices, le Plan particulier d'intervention (noté PPI par la
suite) traite de l'organisation des secours publics, lors d'accident dépassant
l'aire géographique de l'usine incriminée par l'accident, et donc mettant en jeu
l'intégrité des personnes, biens ou environnement publics.
Ce type de plan s'adresse aux établissements justiciables de POI et touchés
par le troisième seuil quantitatif de la directive européenne. Son élaboration
intervient généralement après celle du plan interne, puisqu'elle doit intégrer les
moyens engagés préalablement au titre de celui ci.

Ce PPI doit être validé par des exercices. Ce type de plan doit rassembler :
1 - Présentation de l'établissement et du site
2 - Dispositions opérationnelles
3 - Rôle de l'industriel
4 - Organisation des secours
5 - Fiches réflexes pour les mairies et les services
6 - Mesures à prendre pour la protection de la population
7 - Information de la population (préalable et lors de l'accident)
8 - Annexes (itinéraires, OPT,…)

3.3.2. Risques mobiles et/ou spéciaux : Plan de secours spécialisé


Les Plans de secours spécialisés (P.S.S.) sont des plans d'urgence polyvalents
adaptables aux sites fixes comme aux événements particuliers (accidents de
matières dangereuses....). Bâtis sur le modèle des P.P.I, ces plans appliquent

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

la philosophie de ces plans d'urgence à l'exception des restrictions d'urbanisme


et des modalités d'information des populations.

3.3.3. Effet sur les personnes : plan destiné à porter secours à de nombreuses
victimes
Le concept de << plan rouge >>, élaboré lors des attentats terroristes parisiens
de 1986, repose sur le principe du rassemblement sous un commandement
d'opérations de secours unique, d'une chaîne médicale pour le dispositif
sanitaire et d'une chaîne incendie-sauvetage pour la partie non médicale. Ce
type de plan peut être, à l'évidence, associé à chacun des deux autres décrits
plus haut.

La chaîne médicale rassemble trois fonctionnalités principales :


- une médicalisation de l'avant aux côtés de la fonction ramassage
- un tri médicalisé, héritier de la médecine de guerre
- une évacuation dirigée en fonction de l'état des victimes.

3.3.4. Le plan d'établissement répertorié

Applicable au risque non industriel, ce type de plan prévisionnel définit


l'organisation de l’intervention des services d'incendie et de secours en cas
d'incident ou d'accident dans un site présentant des risques particuliers. Le
dossier comprend :

3.3.4.I - Présentation sommaire de l'établissement


(responsable, risque)

Ce chapitre a pour but d’identifier:

* les caractéristiques administratives de l'établissement : Adresse correcte,-


activité du site, coordonnées et noms des responsables, son domaine
réglementaire

• les risques de l'établissement : nature des produits utilisés,- mode de


stockage, quantité

• les renseignements complémentaires pouvant être utiles : nombre de


niveaux, personnel (et public), mode de fonctionnement, - existence d'un POI
ou plan d'urgence

3.3.4.2. Organisation des départs


En fonction du message d'alerte, des moyens à priori doivent être prévus, selon
les scénarii retenus

• Différentes phases
* Phase 1 : accident normal
* Phase 2 : renfort pour situation non maîtrisée
* Phase 3 : accident de grande ampleur (= POI)

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3.3.4.3. Itinéraire d'accès


Il devra être défini en accord avec les responsables de l'établissement :
- Le point d'accueil des sapeurs-pompiers
- L'itinéraire prioritaire pour les véhicules de secours
- Le ou les itinéraires secondaires utilisés dans des circonstances particulières
(vent,…)

3.3.4.4. Plans géographiques (situation, masse)

a/ Plan de situation avec rayons autour de l'établissement


b/ Plan des différents itinéraires
c/ Plan de masse :
d/ Plan de détails ou par niveau

3.3.4.5. Identification des risques


Le plan de masse doit permettre d'identifier les risques les plus importants.
Chaque plan de détail doit permettre de localiser précisément le risque.

3.3.4.6. Points d'eau - Alimentation en eau


Une fiche doit permettre de connaître :
- Les caractéristiques du réseau public, et du réseau interne
- Les autres ressources en eau, et les moyens spéciaux.

3.3.4.7. Fiches réflexes (organisation des secours - produits…)


Ces fiches ont pour but, en fonction du risque :

- D'identifier le produit, couleur, odeur…

- De réaliser des "actions réflexes", protection du public, du personnel, et des


intervenants.

- D'effectuer des actions en fonction de la nature du danger : Feu, fuite,


intoxication, matériel adapté

3.3.4.8. Scénarii types :


Découlant de l'étude des dangers, une étude de "prévision" retient des scénarii
dits "types" . Mis en fiches ils permettent de récapituler :
• Les conséquences (rayon, cône…)
• Les moyens internes et réactions internes
• Les moyens de secours publics
• Les moyens privés extérieurs, aide mutuelle)
Ainsi que les mesures de protection (évacuation - confinement) appelées
contre-mesures.

3.3.4.9. Réseaux divers (Eau, fluides, ordre complémentaire des


transmissions,...)

Pour chaque réseau, un plan de configuration devra préciser : Le tracé, les


organes de coupure, les consignes particulières.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

3.3.5 - Information du public


La volonté de mieux informer la population sur les risques technologiques et
naturels majeurs est née du retour d'expérience des situations de crise. La
prévention des risques ne saurait être conduite sans tenir informées les
populations concernées. La connaissance du risque et l'apprentissage d'un
comportement adapté s'insère naturellement dans une politique globale de
prévention et de prévision des risques.

3.3.5.1 - Contexte juridique


- La notion d'information préventive est apparue dans la Directive Européenne
dite Directive "SEVESO" du 24 juin 1982 qui prévoit que les États membres
veillent à ce que les informations sur les mesures de sécurité et sur les
comportements corrects à adopter en cas d'accident soient fournies d'une
manière appropriée et sans qu'elles aient à en faire la demande aux personnes
susceptibles d'être affectées par un accident majeur provenant d'une activité
industrielle...(article 8)

- La loi du 22 juillet 87, dit loi "Sécurité Civile" donne le droit à tout citoyen à
l'information concernant les risques majeurs auxquels ils sont soumis dans
certaines zones du territoire et sur les mesures de sauvegarde qui les
concernent (article 21) cette loi étend la procédure d'information préventive aux
risques naturels.

- Le décret N° 90-394 du 11 mai 1990 relatif au code national d'alerte prévoit


que le signal national d'alerte constitue la mesure mise en oeuvre par les
autorités pour avertir la population d'une menace grave ou de l'existence d'un
accident majeure ou d'une catastrophe. Si le maire déclenche ce moyen, il doit
en informer sans délai le préfet.

Ce signal permet d'avertir la population qui doit alors:


-> s'abriter immédiatement en un lieu protégé
-> se porter à l'écoute d'un des programmes nationaux émis par Radio France
qui confirmera l'alerte et donnera la conduite à tenir.

Le décret N° 90 - 918 du 11 octobre 1990 relatif à l'exercice du droit à


l'information sur les risques majeurs précise les communes qui sont soumises à
ces mesures. Il s'agit de celles qui disposent:

* d'un plan particulier d'intervention

* d'un plan d'exposition aux risques naturels d'un plan de secours spécialisé
d'un périmètre délimité en application de l'article R 111. 3 du code de
l'urbanisme. (aujourd'hui remplacés par le Plan de Prévention des Risques
Naturels Prévisibles)

* ainsi que les communes situées dans une zone particulièrement exposée à
un risque sismique, d'éruption volcanique, d'incendies de forêts, cyclone et
d'une manière générale, toutes les communes désignées par arrêté préfectoral
en raison de leur exposition à un risque majeur particulier.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

3.3.5.2 - Les Moyens


La démarche d'information préventive relève d'une coordination entre les
services de l'état et les collectivités territoriales. Afin d'améliorer la mise en
commun des connaissances de tous les acteurs travaillant sur la prise en
compte des risques de toute nature, les ministères de l'Intérieur et de
l'Environnement ont crée dans chaque département une Cellule d'Analyse des
Risques et d'Information Préventive (CA RIP). (circulaire du 13 décembre
1993).

Ses missions sont de réunir la documentation sur les risques majeurs, élaborer
les documents réglementaires et conseiller les communes sur les actions à
entreprendre.

La CARIP regroupe un nombre important d'intervenants:


- Préfet - Président,
- Service Interministériel de Défense et de Protection Civile,
- Administrations d'État (DiREN. DRiRE. DDE...),
- Collectivités territoriales (Élus, Pompiers...),
- Services médicaux et sociaux (DDASS, SAMU...),
- Associations de Protection Civile, de défense de l'environnement,
- Industriels,
- Leaders d'opinion: média, éducation nationale...

Cette cellule élabore des "documents réglementaires" qui sont

à l'échelon départemental :
- le dossier départemental des risques majeurs- DDRM,
- l'Atlas départemental des risques majeurs- ADRM,
- les dossiers communaux synthétiques- DCS,

à l'échelon communal :
- les documents d'information communaux sur les risques majeurs - DiCRiM,
- des campagnes d'affichage.

Le Maire met en place une Cellule Municipale des Risques Majeurs et de la


Protection de l'environnement CMRME.

Ces différents documents sont articulés de la façon suivante.

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CONTENU
Informations Informations Celui qui le Les destinataires
recueillies au recueillies au construit
niveau niveau local
départemental
DCS • informations du • Autres La CARIP • Le Maire
DDRM et de informations liées (notification par le • Les citoyens : le
l’ADRM relatives aux spécificités préfet) DCS est
à la commune communales : consultable en
ex. : habitations mairie
en bordures de
mer/risques
sismiques
DICRIM • Informations • Autres mesures Le Maire • Les partenaires
contenues dans de prévention et (+ CMRME) communaux selon
le DCS de protection pris le plan de
au niveau communication :
communal par la Associations,
mairie, les administrations
entreprises … locales, médecins,
médias, relais
d'opinions.
• Citoyens : le
DICRIM est
consultable en
mairie
• Le Préfet, la
CARIP (pour CR)

Affiches + plan A partir des • A partir des Le Maire • Les propriétaires


d'affichage modèles modèles +(CMRME) et exploitants des
nationaux la nationaux la locaux et terrains
CMRME réalise CMRME réalise cités au décret du
l'(les) affiche(s) (les) affiches(s) 11-10 1990
correspondant de la commune. . Le Préfet, la
au(x) risque(s) de • Le maire CARIP (pour CR)
la commune élabore le plan
d'affichage dans
les locaux prévus
au décret d'août
1992 et notifie
aux propriétaires
leurs obligations

DDRM + ADRM Document de La CARIP • Les acteurs


sensibilisation (+ administration) départementaux du
• Toutes les risque :
informations sur - élus
les risques - administrations
naturels et - associations
technologiques - autres partenaires
• Atlas
départemental
ADRM par bassin
de risque avec
une carte de
synthèse

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

3.3.5.3 La mise en œuvre


L'information préventive, adressée à la population a pour objectif :
- de décrire les risques et leurs conséquences prévisibles
- d'expliciter les mesures de sauvegarde à mettre en oeuvre pour limiter les
effets.

En fonction des risques auxquels elles sont soumises, les communes réalisent
des campagnes d'affichages. L'affiche a pour vocation d'informer la population
sur les comportements dits de survie face aux risques et qui doivent être con
formes aux consignes de sécurité. La population doit prendre conscience de
l'existence et de la nature du risque AVANT et adopter spontanément les
réflexes qui sauvent.
Dans ces affiches sont utilisés des pictogrammes
Cette forme graphique permet de :
• s'affranchir du problème des langues. Ils sont compréhensibles également par
des étrangers (utilisés dans les terrains de camping notamment pour signaler
les sorties et voies de dégagement)
• marquer les esprits et permettre la mémorisation d'actes réflexes;

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3.4 MISE EN ŒUVRE OPERATIONNELLE

3.4.1. TRAITEMENT DES POLLUTIONS

3.4.1.1 PREPARATION A LA LUTTE

3.4.1.1.A MOTIVATION ET VIGILANCE

La protection et la conservation d'une ressource en eaux de qualité,


s'apparente au problème ou concept de sécurité en général : "c'est l'affaire de
tous". Cette protection doit englober des actions de SURVEILLANCE et de
PREVENTION mais également de SENSIBILISATION et d'INFORMATIONS.

En effet, il ne s'agit pas seulement de la mise en place d'outils techniques de


prévention et d'alarme (capteurs...) par quelques professionnels mais de
l'acquisition générale d'un certain état d'esprit.

Cette prise de conscience doit donc être effective à tous les niveaux :

• pollueur
• témoin d'une pollution
• administrations
• élus...

L'organisation de séances de sensibilisation, la diffusion régulière de plaquettes


d'informations, les campagnes médiatiques, contribuent largement au maintien
de la vigilance de tous et encourage chacun à jouer un rôle actif dans ce
combat au quotidien que représente la lutte contre les pollutions accidentelles
des eaux intérieures.

3.4.1.1.B ORGANISATION

Lorsque l'on parle d'organisation on a tendance à penser immédiatement à la


mise en place des plans départementaux d'interventions et autres plans
d'urgence, dont l'établissement est une obligation réglementaire.

PLANS PARTICULIERS D'INTERVENTION (PPI)

Couvrant une zone dans laquelle des ouvrages ou installations fixes présentent
des risques particuliers, ils sont établis et arrêtés par les préfets.

PLANS DE SECOURS SPECIALISES


PLANS D'INTERVENTION EAUX INTERIEURES
Généralement départementaux, ils sont préparés et arrêtés par les préfets des
départements. En raison de la nature et de l'étendue des risques des plans
interdépartementaux peuvent être mis en œuvre (PARIS et la petite couronne).
Il existe également des plans régionaux.

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Plans d'urgence :

Décret n° 88-622 du 06 mai 1988 relatif aux plans d'urgence pris en application
de la loi "sécurité Civile " n° 87-585 du 22 juillet 1987

En réalité toutes les pollutions accidentelles, bien heureusement, ne revêtent


pas une ampleur telle qu'elles nécessitent le déclenchement d'un plan
d'urgence réglementaire.

Ceci signifie que des schémas opérationnels seront également utiles au niveau
local (communal et intercommunal).

Deux aspects sont à prendre en considération : la rédaction du Plan en lui-


même et l'établissement des procédures opérationnelles qui lui sont associées.

PLANIFICATION

QUI PREVIENT QUI ?


Alerte et information
QUI COMMANDE ?
Organisation du commandement
QUI FAIT QUOI ?
Responsabilité des services

Les plans ont pour but de structurer les tâches et de répartir les efforts,
permettant ainsi de réduire au maximum les improvisations. Ils définissent la
procédure de transmission de l'alerte déterminent les responsables de la
direction des secours et précisent les mesures à prendre pour pallier les
conséquences de la pollution en matière d'approvisionnement en eau.

En outre les plans rassemblent les informations, que nous appellerons


données résidentes nécessaires à l'intervention et à sa préparation, ainsi que
des consignes à caractère réglementaire et administratif.

Une attention particulière sera portée dans l'établissement des plans aux
procédures et moyens de liaisons (communications). Cet aspect est souvent la
pierre d'achoppement du bon fonctionnement de l'ensemble du système.

PROCEDURE OPERATIONNELLES

Outre l'établissement de plans, la préparation à la lutte doit être envisagée


comme une démarche prospective permettant de définir des procédures

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opérationnelles déterminantes dans la rapidité et l'efficacité de toute la chaîne


d'intervention.

Ce travail peut être mené de la façon suivante :

* Données résidentes - Parmi les données résidentes, on dispose entre autres


d'informations sur :

• les axes de transport des produits polluants


• l'implantation des industries polluantes
• la liste des captages et pompages d'eau
• la carte de vulnérabilité des nappes
• les accidents déjà survenus
• etc.

Inventaire des accidents possibles : L'étude de ses paramètres permet de


dégager un certain nombre de possibilités d'accidents.

Choix des scénarios : L'exercice consiste à choisir un (ou plusieurs)


accident(s) définis dans l'étape précédente parmi les plus probables.

Etude des scénarios : Compte Tenu de l'organisation et des moyens (personnel


et matériel existants, l'étude de scénarios permettra d'imaginer le déroulement
des opérations.

Pour que ce genre de travail soit profitable, il faut essayer de pousser le


raisonnement le plus loin possible, c'est à dire, jusqu'à l'élimination totale du
polluant et le retour du milieu à l'état initial.

INFORMATION - DONNEES RESIDENTES

Lorsqu'une pollution survient, quelle que soit son ampleur, on se trouve dans
une situation d'urgence. De la rapidité de l'intervention dépendent généralement
les chances de succès.

Dans ce contexte, il est indispensable que les personnes qui seront amenées à
prendre des décisions, disposent, le plus rapidement possible, de l'ensemble
des éléments d'appréciation.

Ces informations sont de deux types :

1. des données liées aux circonstances de l'accident appelées DONNEES


CIRCONSTANCIELLES. Elles varient d'un cas à l'autre. Ce sont par exemple :

• le lieu de l'accident
• les conditions de l'accident
• les paramètres météorologiques
• etc.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

Elles doivent être collectées au moment de l'accident.

2. des DONNEES RESIDENTES indépendantes des circonstances de


l'incident. Ces informations peuvent être collectées et traitées avant que
l'accident ne survienne.

Données Résidentes Locales

Les données résidentes peuvent être spécifiquement locales ou


départementales et faire partie des plans.

L'instruction ministérielle relative aux pollutions accidentelles des eaux


intérieures annexée à la circulaire interministérielle du 18 février 1985 précise
l'ensemble des documents annexés aux plans. Cette liste de données
résidentes n'était pas exhaustive dans l'esprit du rédacteur. On pourrait par
exemple y ajouter l'analyse des accidents déjà survenus, les données obtenues
par les réseaux de surveillance automatique...

Autres Données Résidentes

En dehors de l'information recueillie dans les plans, on peut faire appel à


d'autres sources et réseaux d'information :

• des ouvrages spécialisés : livres, revues, guides, manuels, catalogues des


fabricants.
• des banques de données à fiches ou informatisées : en France quatre bases
de données accessibles par Minitel peuvent être utilisées à des fins
opérationnelles :

* SECURICI établie par la Direction de la Sécurité Civile


* FPPA (Fichier de Produits Polluants Accidentels) établi par la fondation de
l'Eau
* SECURLINE, établie par la Société Alpine de Publication. Cette base de
donnée est payante?
* PROLABO mise au point par RHONE POULENC. Base de donnée gratuite .

des organismes d'assistance existant au niveau national et international qui


permettent aux décideurs locaux de trouver de l'aide pour le recueil des
informations et leur interprétation en termes opérationnels directement
exploitables pour les décisions de lutte.

Sur le plan national, il faut notamment citer les administrations et les


organismes suivants :

la Direction de la Sécurité Civile du Ministère de l'Intérieur, COAD 24h/24

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

la Direction de l'Eau et de la Prévention des Pollutions et des Risques du


Secrétariat d'Etat chargé de l'Environnement et de la prévention des risques
technologiques et naturels majeurs

les Agences Financières de Recherche et d'Expérimentation sur les pollutions


accidentelles des Eaux (CEDRE) 24h/24

l'Agence Nationale pour la Récupération et l'Elimination des Déchets (ANRED)

les Services Régionaux d'Aménagement de l'Eau (SRAE).

3.4.1.2. CONSTATATION

La qualité et la précision de la première constatation influent grandement sur la


rapidité et l'efficacité des actions qui seront ensuite entreprises. Le témoin peut
être :

- un détecteur automatique de pollution dans le milieu - Réseau de Surveillance


Automatique des Rivières

• un professionnel (industriel, transporteur, garde-pêche, gendarme, etc.) qui


trouvera dans la formation tous les éléments qu'il est nécessaire de prendre
en considération lors d'un premier constat,
• une personne du public sans formation particulière. Les actions d'information
et de sensibilisation seront d'un grand bénéfice dans ce domaine en
indiquant quels sont les bons réflexes.

QUE FAUT-IL OBSERVER ?

ASPECT GENERAL INHABITUEL

. EN SURFACE
. DANS LA MASSE D'EAU
. AU FOND

LA COULEUR

L'ODEUR

DES MANIFESTATIONS PARTICULIERES

. POISSONS OU ANIMAUX MORTS


. VEGETAUX MORTS
. MOUSSES

L'IMPORTANCE

L'EVOLUTION

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

L'ORIGINE PROBABLE

Des informations d'alerte jouent un rôle capital : elles imposent généralement


une réaction immédiate (donc une prise de décision), sous peine de voir
apparaître dans certains cas des conséquences graves ou catastrophiques.

3.4.1.3. ALERTE

L'alarme étant donnée, le schéma d'alerte établi dans le plan permet de


supprimer toute ambiguïté quant à la circulation rapide de l'information d'alerte.

Le schéma favorise ainsi :

* la remonté de l'alerte au niveau préfectoral


* puis la diffusion de l'information compte tenu de la gravité de la situation à tout
ou partie des services concernés inscrits au schéma d'alerte.

- Priorité sera donnée à l'information des communes et services en aval du lieu


où a été constatée la pollution pour des raisons de sauvegarde bien évidentes.
- si la source de pollution n'est pas identifiée immédiatement, l'alerte devra
également parvenir zen amont du site de constatation de la pollution.

Les vecteurs de circulation de ces informations sont généralement la


gendarmerie, la police (en zone urbaine) ou les services d’incendie et de
secours.

Les personnels armant les standards téléphoniques des divers services


concernés devront être entraînés à réorienter efficacement les appels.

Certains départements ont entrepris des campagnes d'information en


distribuant largement auprès du public des plaquettes indiquant le numéro de
téléphone gratuit ou l'alerte est centralisée.

3.4.1.4 PREMIERES MESURES

Ce sont généralement des mesures de sauvegarde ou de sécurité à caractère


"réflexe ". Elles peuvent être mises en œuvre de façon automatique très
rapidement et être annulées tout aussi rapidement.

3.4.1.5. EVALUATION

" Quel que soit le lieu où il se trouve, dans un bureau confortable à plusieurs
kilomètres de l'incident, avec seulement un téléphone comme moyen
d'information, dans une salle opérationnelle ou sur le terrain, le décideur
potentiel aura d'abord pour tâche de percevoir les informations utiles et
d'imaginer la situation réelle ".

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

La matière première de sa décision sera l'information.

Celle-ci est d'autant plus difficile à identifier clairement que le problème de


pollution du milieu :

. ne sera pas forcément le seul à traiter (accident de circulation, sauvetage de


vies humaines)

. qu'il sera la conséquence d'une première intervention (eaux d'extinction d'un


incendie)

Une analyse préalable permettra d'identifier ce qu'il faut considérer comme


l'information de base. Si elle n'apparaît pas de manière évidente il faudra "aller
la chercher " sans se tromper ni perdre de temps.

Si l'on s'en tient à l'aspect pollution des eaux la phase d'évaluation a


globalement pour objectif de déterminer le plus rapidement possible

. la nature du ou des produits incriminés


. la quantité et la concentration du ou des produits
. la durée de vie du ou des produits dans le milieu

Ces informations permettront la mise en place de mesures de sauvegarde et le


choix des méthodes de lutte.

3.4.1.5.A RECUEIL DES INFORMATIONS

Il peut se faire :

- sur le terrain pour la collecte des données circonstancielles

- à partir des états majors pour l'ensemble des données résidentes

Les éléments fournis par l'alarme et l'alerte devront être vérifiés, recoupés,
voire complétés.

Toutes les informations recueillies doivent être directement utilisables par


l'organe de décision. En cas de pollution importante, un membre de cellule de
crise pourra être spécifiquement chargé de collecter les données et de les
rendre exploitables.

La bonne interprétation d'une information suppose en effet l'utilisation d'un


vocabulaire clair et compréhensible de tous.

Les responsables opérationnels ne perdront pas de vue qu'une pollution


accidentelle se règle aussi sur les plans administratifs et juridiques. Ils veilleront
donc à centraliser les informations susceptibles de contribuer au règlement
contentieux en chargeant un membre de la cellule de crise de rassembler de

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

façon chronologique toutes les informations (écrit, photo, film, vidéo...) sur la
pollution et les opérations de lutte.

En matière de pollution accidentelle des eaux, il faut tenir compte du caractère


évolutif de la situation, et raisonner en terme de suivi de la pollution et donc de
collecte continue des informations.

3.4.1.5.B IDENTIFICATION DIRECTE DU POLLUANT

Elle sera possible dans plusieurs cas :

si l'origine ou la source de pollution est connue :

• accident dans un dépôt ou dans une installation de fabrication ou de


transformation : l'industriel concerné et ses collaborateurs sont en principe
les mieux placés pour fournir rapidement la bonne information. A défaut on
aura recours aux étiquetages visibles
• accident de transport : le chauffeur ou le transporteur est l'interlocuteur
privilégié, mais aussi l'expéditeur ou le destinataire. Les papiers de bord
mentionnent obligatoirement le nom du produit.

Certaines indications sont données par les plaques-danger apposées


obligatoirement sur le véhicule ou par les étiquettes placées sur les colis.

si le produit incriminé est facile à identifier

On peut citer dans ce cas les hydrocarbures raffinés flottants (essence, gazole,
fuel domestique).

Si toutefois cette première démarche n'était pas totalement satisfaisante,


l'examen direct de la substance déversée dans le milieu donne des indications
précieuses pour son identification et sur les moyens de lutte qui devront être
mis en œuvre, en fonction de ses caractéristiques (consistance, capacité
d'étalement, réactivité apparente, production de gaz ou vapeurs, comportement
dans l'eau, ...).

Quoiqu'il en soit, la recherche de l'origine de la pollution reste une priorité.

3.4.1.5.C IDENTIFICATION ANALYTIQUE

Les recherches analytiques sont entreprises en fonction des résultats de


l'identification directe. Une vérification analytique est cependant indispensable.

L'identification d'un produit "pur " ou non dilué ni souillé, est plus facile.
Pour cette raison on cherchera à prélever le plus près possible de la source de
pollution sous réserve du respect des consignes de sécurité.

206/227
Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

L'introduction d'une substance polluante dans l'eau y amène


généralement des perturbations d'ordre physique ou chimique.

L'observation d'écarts sensibles dans la mesure des paramètres physico-


chimiques caractéristiques du milieu, entre la zone polluée et une zone de
référence, peut donc être révélatrice de la présence d'une pollution et donne
des indices sur la nature d'un produit inconnu.

Cette constatation incite à connaître par avance et à intégrer comme


donnée résidente dans les plans départementaux les valeurs normales
habituelles des paramètres significatifs (fourchettes caractéristiques du "bruit de
fonds "). Cette démarche peut également être menée au moment de la
pollution.

LES ANALYSES SUR SITE

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DETECTION ET REPERAGE DE LA POLLUTION

Les mesures intéressantes que l'on peut réaliser et exploiter immédiatement sur
site sont récapitulées dans le tableau :

PARAMETRE METHODE INDICATION OBSERVATION

Couleur examen visuel souvent révélatrice difficile de nuit


marquage artificiel
Odeur odorat souvent révélatrice voir annexe n°10
PH pH-mètre portable souvent le PH influe sur les
révélateur, bon réactions
indice (rapide) chimiques, les
taux de saturation
de gaz, les
procédés de
traitement
Conductimétrie conductimètre révélateur de la
portable présence de sels
(rapide)
Température thermomètre ou réaction exo ou
sonde endothermique ou
température du
rejet pollution
thermique
Matières en décantation dans sédimentation on peut aussi
suspension un flacon de verre noter leur couleur
gradué

Taux de saturation oxymètre portable oxygène dissous incidence sur la


en ou pourcentage de vie aquatique.
oxygène dissous saturation Oxydation
chimique
Substances support papier, présence ou ne prend en
chimiques tubes absence des compte que des
colorimétriques, substances concentrations
etc. testées élevées, peu de
produits
identifiables par
cette méthode

La mise au point de petits laboratoires mobiles montés sur camionnettes et


équipés de matériels d'analyse portables et de kits de détection rend possible la
réalisation rapide de nombreux tests d'analyse sur le terrain. Lorsque l'on a
affaire à des pollutions complexes, mettant en jeu de nombreux produits
différents, un ou plusieurs d'entre-eux, facilement identifiables par des analyses
de terrain, seront choisis comme "tracteurs " de l'ensemble de la pollution.

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LES ANALYSES DE LABORATOIRE

Les analyses précises seront réalisées en laboratoire fixe. Pour certains


produits, la détection de concentrations extrêmement faibles ne pourra être
envisagée que dans ce cadre (pesticides, métaux lourds, molécules organiques
complexes, ...).

L'intervention des laboratoires fixes est difficile à improviser.

La préparation et les contacts préalables avec des laboratoires agréés


permettent de mettre au point des procédures opérationnelles déterminant :

• l'intégration du laboratoire dans le schéma d'alerte


• la connaissance des capacités d'analyse.
• la disponibilité en dehors des heures et jours ouvrables
• les délais de transport et de réponse
• les types d'échantillons nécessaires et les modes de prélèvement requis
• la centralisation et l'interprétation de l'ensemble des analyses

La liste des laboratoires agréés chaque année par le Secrétariat d'Etat à


l'Environnement précise leurs capacités d'investigation. Il faut savoir que ces
laboratoires sont généralement destinés à des analyses de routine et n'ont pas
toujours la possibilité de répondre à des impératifs opérationnels.

Des informations sur les laboratoires (leurs adresses, leurs matériels,


leurs domaines d'action...) sont accessibles par Minitel (36 15 code SUNK).

Il peut arriver qu'aucune indication sur l'origine de la pollution ne soit


disponible et qu'aucun élément d'observation ne permette d'orienter les
analyses. Dans ce cas, seuls quelques laboratoires en France ont la capacité
d'identifier dans un contexte opérationnel des polluants inconnus.

3.4.1.5.D. ECHANTILLONNAGE

L'objet de l'échantillonnage est de recueillir aussi rigoureusement que possible :

des informations à usage opérationnel


des éléments de preuve

Rappelons ici les objectifs de la phase d'évaluation :

Fournir rapidement aux "décideurs " une vision globale et juste de la situation.
La mise en place rapide d'un réseau de mesure constitue, dans ce domaine, un
outil privilégié.

RESEAU DE MESURE D'URGENCE

Il s'agit de définir le nombre et l'écartement de points de prélèvements en


aval et en amont de la source présumée ou connue de la pollution, afin d'en

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estimer l'évolution dans l'espace et dans le temps et d'établir des prévisions


pour la zone d'aval susceptible d'être affectée.

Les distances entre deux points de prélèvements seront fonction de la


gravité de la pollution, de la vitesse de propagation, de la finesse du suivi
souhaité, de la capacité de prélèvement et d'analyse disponible.

Il est recommandé de réfléchir à cette notion de réseau de mesure


d'urgence lors de la préparation à la lutte (et notamment lors de l'établissement
de procédures opérationnelles : étude de scénarios).

Mesures de référence

A moins que ces valeurs ne se trouvent déjà de façon précise et à jour


dans les données résidentes, l'obtention rapide, grâce au réseau de mesure
d'urgence, de valeurs de référence sur la qualité du milieu, permettra par la
suite de connaître précisément l'apport de la charge polluante liée au
déversement accidentel.

REMARQUES

Les affaires récentes (SANDOZ et PROTEX) ont montré qu'il était utile de
maintenir le dispositif de mesure dans le milieu, pendant plusieurs jours après
l'accident. En effet la première vague de pollution fur suivie d'une seconde
quelques jours après (celle-ci d'origine probablement criminelle).

PRELEVEMENT ET CONSERVATION DES ECHANTILLONS

Dans de nombreux cas, le prélèvement d'un échantillon de polluant ou


d'eau polluée constituera donc le geste élémentaire à partir duquel les
décideurs auront la possibilité d'évaluer la situation puis d'établir une stratégie
de lutte.

Cela justifie le soin extrême à porter aux opérations de prélèvement et de


conservation des échantillons. Les recommandations des laboratoires qui feront
les analyses seront par conséquent primordiales.

Il existe par ailleurs de nombreux documents et guides sur ce sujet.

Le Flaconnage

Si l'on ne connaît pas la nature du produit, il vaut mieux utiliser des flacons de
verre munis de bouchons en Téflon ; si l'on connaît le produit polluant, il est
recommandé :

de choisir des flacons en verre pour les hydrocarbures, solvants, pesticides,


BPC, phénols, cyanures, mercure
de choisir des flacons en polyéthylène pour la plupart des métaux et des
produits minéraux en général

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de choisir un flaconnage stérile pour les prélèvements destinés aux analyses


microbiologiques.

L'étiquetage et l'enregistrement

Rappelons que les flacons devront être soigneusement étiquetés en


indiquant clairement sur une étiquette préparée à l'avance, un minimum de
renseignements.

L'enregistrement peut revêtir la forme d'un procès verbal de prélèvement


si une utilisation judiciaire ultérieure est envisagée.

La conservation

Avant de les transporter dans les meilleurs délais au laboratoire


d'analyse, il est indispensable de conserver au mieux les échantillons en
général :

à l'abri de la lumière
à basse température (environ 4°C)

Des stabilisants peuvent être nécessaires pour la conservation de


certains produits. Pour le savoir, il faut contacter directement le laboratoire
agréé qui précise les modalités particulières éventuelles.

PROPAGATION DU POLLUANT

Pour évaluer le devenir d'une pollution, il est nécessaire de connaître les


conditions de sa propagation dans le milieu.

PARAMETRE INFLUANT SUR LA PROPAGATION

Selon le comportement physico-chimique du polluant dans l'eau, sa


propagation sera :

• . horizontale (s'il flotte)


• . verticale (s'il coule)
• . volumique (s'il se disperse ou se dissout dans l'eau)

Outre que ces composantes peuvent se combiner, il faut leur ajouter


généralement l'effet du vent, du courant et des turbulences.

L'effet du vent

Pour les grands plans d'eau, on constate que la résultante de vitesse de la


nappe de polluants flottants est égale à 3% de la vitesse du vent auquel elle est
soumise.

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Le vent favorise l'étalement initial, mais lorsqu'il est fort, il peut pousser les
produits flottants sur une rive où leur avance peut être bloquée. On essaiera
d'en tenir compte dans l'implantation de chantiers de confinement.

L'effet du courant

La répartition des vitesses dans le lit d'une rivière n'est pas homogène : la ligne
d'eau de surface est un peu moins rapide que la ligne d'eau centrale.

Pour un produit qui se dissout ou se disperse, on tiendra compte de la vitesse


maximale du fil d'eau le plus rapide. A défaut de la connaître, on intégrera une
marge de sécurité supplémentaire dans les calculs.

Pour un produit qui coule, la composante verticale du poids et l'effet du courant


détermineront l'image de la trace sédimentaire, qui est difficile à déterminer par
le calcul (recours aux sondages).

L'effet des turbulences

Les turbulences contribuent, parmi d'autres effets, à l'étalement des nappes et


des panaches en retardant l'écoulement.

ACQUISITION DES DONNES

La vitesse de propagation peut être estimée sur le terrain par le temps de


passage d'un objet flottant entre deux repères, en faisant la moyenne de
plusieurs mesures. Cette première approche est cependant insuffisamment
précise, à moins d'être en présence d'un écoulement parfaitement homogène.

Les éléments statistiques nécessaires pour caractériser l'écoulement


(étiage, fortes eaux, ...), ne sont pas faciles à obtenir sur tous les cours d'eau. Il
faudra donc recueillir ces données lors de la phase de préparation à la lutte.

Il faut distinguer deux méthodes pour l'acquisition des données :

le traçage par un colorant (Rhodamine B)


le calcul à partir des données physiques du cours d'eau

Elles permettent d'élaborer, sinon un modèle, du moins un recueil d'abaques et


de tableaux amplement suffisants pour la gestion des petits cours d'eau (on
introduira un coefficient de sécurité suffisant).

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UTILISATION DES MODELES OU ABAQUES

Connaissant :

le lieu de l'accident
l'importance et la durée du déversement
la hauteur d'eau (sur l'échelle limnigraphique la plus proche)
et si possible, la nature du polluant

Il est possible d'utiliser des modèles mathématiques simplifiés permettant de


prévoir l'évolution et la propagation de la pollution.

L'élaboration de modèles devrait être considérée comme indispensable pour les


grands cours d'eau, les zones sensibles et les zones à risques particuliers.

3.4.1.5. F CONSEQUENCES SUR L'ECOSYSTEME

NUISANCES LIEES A LA TOXICITE


Sans pour autant "démonter " les mécanismes complexes qui régissent
l'équilibre écologique du milieu aquatique, quels sont les modes d'actions des
polluants en terme de toxicité pour l'environnement ?

Globalement on peut distinguer :

Les effets à court terme

* effet létaux aigus, se traduisant par une mortalité immédiate, notamment au


voisinage du déversement

*effets létaux différés, lorsque la mort de l'organisme survient au bout de


quelques jours, voire quelques semaines.

Les effets à plus long terme

* bioaccumulation : le produit est accumulé directement par un organisme


filtreur par exemple

* bioamplification : le produit est accumulé au sein de la chaîne alimentaire, se


concentrant davantage à chaque maillon

* effets insidieux, (cancérigènes, mutagènes, tératogènes) dus à l'action du


polluant sur le patrimoine génétique de l'espèce

* effets sublétaux, portant atteinte aux fonctions de relation de l'organisme


(nutrition, locomotion, reproduction)

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Evaluer la toxicité d'un polluant est un problème complexe. En effet, dans


le milieu, de nombreux paramètres contribuent à accroître ou à diminuer
l'influence d'un produit sur un organisme. Les deux principaux paramètres à
prendre en considération sont la concentration du polluant dans le milieu et la
durée d'exposition de l'espèce à ce dernier.

3.4.1.5.G COMPORTEMENT PHYSICO-CHIMIQUE DES POLLUANTS

Le comportement du polluant déversé dans le milieu naturel influence


directement le choix de la méthode d'intervention à mettre en œuvre. Déversé
dans l'eau, il peut :

• flotter
• couler
• s'évaporer
• se dissoudre
• ou encore, avoir un comportement mixte

Le polluant peut également réagir, sachant que les produits de réaction ont des
caractéristiques propres qui peuvent être tout à fait différentes de celles du
produit initial :

• réaction avec l'eau : hydrolyse ou hydratation


• réaction avec d'autres produits : combustion, explosion
• réaction du produit lui-même : polymérisation, décomposition ...

C'est pourquoi un classement par comportements physico-chimiques a


été mis au point. Il intègre indirectement la réactivité du produit résultant. Il
recouvre les produits en vrac et les produits conditionnés en colis.

Il prend en compte les états de la matière (gaz, liquide ou solide) et le


comportement physico-chimique à une température donnée (10 ou 20°C) en
fonction de trois paramètres :

• la densité par rapport à l'eau


• la pression de vapeur
• la solubilité dans l'eau

Ce classement appelé, système européen normalisé de classification, a


été spécialement conçu pour orienter la prise de décision quant à la mise en
œuvre de moyens d'intervention et de lutte contre la pollution.

3.4.1.6. INTERVENTION

3.4.1.6.A CADRE GENERAL

La phase d'INTERVENTION débute par l'exploitation des informations


collectées lors de la phase d'EVALUATION.

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Lorsque le responsable de l'intervention et son équipe auront analysé la


situation et son évolution probable, qu'ils auront évalué les risques et les
capacités d'intervention, ils devront alors définir des objectifs et décider des
stratégies et tactiques d'intervention qu'elles soient préventives ou correctives.
La figure suivante fournit une représentation simple de ce que peut être une
"approche systématique " à l intervention d urgence.

PARAMETRE DE L'INCIDENT

DONNEES REDIDENTES
La situation se DONNEEES CIRCONSTANCIELLES

stabilise-t-elle
se détériore-t-elle EVALUATION DE LA SITUATION
ou change-t-elle
de toute autre DEFINITION DES OBJECTIFS
façon ?
ANALYSE DE LA DECISION

Mesures de SECURITE Mesures de LUTTE Mesures de SAUVEGARDE

Une approche systématique à l'intervention d'urgence


Cette méthode est applicable que selon l'ampleur du problème.

Le responsable de l'intervention devra veiller à l'animation permanente du


processus

EVALUATION - DECISION - INTERVENTION

compte tenu du caractère généralement évolutif de la situation.

La prise de décision peut être facilitée par le recours à des systèmes


informatisés de traitement d'information :

modèles prévisionnels pour le comportement du produit dans l'environnement,


sa propagation et son évolution.
Systèmes d'aide la décision : en EUROPE le système "seabel " mis au point
pour la mer sera à l'avenir adapté aux eaux intérieures " AQUABEL " permettra
en quelques instants à partir de données de base (nature et quantité de produit,
conditions locales...) de proposer des solutions opérationnelles.

En cas de déversement accidentel de produit chimique en mer, le système


d'aide à la décision SEABEL fournit des informations sur la nature des dangers,
leur durée et leur étendue, ainsi que des renseignements sur les méthodes de
lutte à mettre en œuvre. Il permet, pour des scénarios d'accidents bien définis
(paramètres propres à l'accident et facteurs météoocéaniques) de :
• modéliser le déplacement des nappes et la dispersion des vapeurs (ou des
gaz) dans l'air, en superposant les contours de la pollution sur le trait de côté

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• de visualiser les zones sensibles (aquacultures, pêche) et les structures


marines
• de recenser les adresse les plus pertinentes
• de sélectionner les méthodes d'intervention adaptées

A ce stade, il peut arriver que, compte tenu de l'absence de risque ou du


manque de moyens ou pour tout autre motif, l'intervention ne soit pas jugée
nécessaire.

La décision de ne pas entreprendre d'action de lutte peut donc être


parfaitement justifiée, sous la réserve, cependant, qu'une surveillance
rigoureuse soit organisée et que des explications argumentées soient données
à l'opinion et à la presse.

Les objectifs principaux étant, la protection des vies humaines,


des biens et de l'environnement, trois types de mesures peuvent
être envisagées : -(SECURITE
-(SAUVEGARDE
-(LUTTE

SECURITE PUBLIQUE - SECURITE DES INTERVENANTS

Des mesures de sécurité ou de prudence -( TOXIQUE


devront être appliquées dès l'instant où -( INFLAMMABLE
le polluant sera reconnu comme : -(CORROSIF
Cependant les dangers immédiats les plus redoutables pouvant affecter les
populations ou les intervenants proviennent des composants atmosphériques
de l'incident (produits d'évaporation, de combustion, d'explosion ou de
réaction).

Bien que sortant du cadre de la lutte contre les pollutions accidentelles des
eaux, il est bon de rappeler successivement les mesures susceptibles d'être
prises si ce genre de situation l'exigeait car leur importance peut conditionner la
mise en œuvre des méthodes de lutte décrites dans les chapitres suivants.

PROTECTION DE PROTECTION DES


LA POPULATION INTERVENANTS

DELIMITER LA ZONE DANGEREUSE DELIMITER LA ZONE DE SECURITE

INTERDIRE L'ACCES ( BARRAGES LIMITER L'ACCES

ENLEVER LES VEHICULES UTILISER DES VETEMENTS


DE PROTECTION ET DES
APPAREILS DE DETECTION
EVACUER OU CONFINER
LES HABITATIONS

UTILISER UNIQUEMENT DES MATERIELS ANTIDEFLAGRANTS

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DECONTAMINER EVENTUELLEMENT

Protection des populations, protection des intervenants

MESURES DE SAUVEGARDE

Quelque soit la rapidité d'intervention et compte tenu des limites actuelles des
technologies et du savoir-faire en matière de lutte contre la pollution, il est,
hélas, fort probable que dans de nombreux cas le milieu aquatique soit pollué
dans des proportions non supportables pour l'écosystème ou les utilisateurs.

Les mesures de sauvegarde ou mesures " défensives " devront alors être
envisagées et si possible mises en œuvre pour se protéger des effets de la
pollution, parmi celles-ci nous pourrons citer :

INTERDIRE

L'USAGE POUR LES HOMMES ET LES ANIMAUX DOMESTIQUES

MESURES A PRENDRE PAR QUI ?

DECIDER L'INTERDICTION LE PREFET


SOUS-PREFET
LE MAIRE

ARRETE LE POMPAGE SERVICES MUNICIPAUX


-( OU SOCIETE DE DISTRIBUTION
ARRETER LA DISTRIBUTION

PREVENIR LES USAGERS


ET RIVERAINS -( LE MAIRE
LE PREFET

PRELEVER LES ECHANTILLONS


d'eau et poissons morts -(AGENTS ASSERMENTES

ANALYSER et LABORATOIRES

DISTRIBUER DE L'EAU POTABLE -( SERVICES MUNICIPAUX


OU SOCIETES DE DISTRIBUTION
Jusqu'à décision de levée de l'interdiction

LEVEE DE L 'INTERDICTION -(DDASS

Mesure de sauvegarde

Les mesures de sauvegarde peuvent également prendre les formes suivantes :

des opérations de "sauvetage " de l'écosystème :

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* organisation du déplacement des ressources vivantes (aquaculture)

. oxygénation du milieu

. pêches électriques préalables

. organisation de la fuite de la macrofaune dans les espaces sains, etc. ;

* ou d'autres mesures opportunes visant à limiter l'impact :

. abaisser ou élever un plan d'eau pour concentrer les salissures dans une zone
moins sensible,

. détourner l'écoulement sur des zones moins sensibles

. accroître la vitesse d'écoulement

. retenir la pollution en un endroit donné pour la relarguer, diluée à des doses


tolérables

Elles peuvent être impératives et prioritaires dans leur mise en œuvre.

3.4.1.6. B PARTICULARITES DE LA LUTTE EN EAUX SUPERFICIELLES

Les eaux de surface sont :

accessibles

Leur propagation est :

prévisible
occasionnellement contrôlable

L'accessibilité favorise la mise en place des moyens de lutte, qu'ils soient


spécialisés ou non.

Le caractère prévisible permet d'anticiper sur la propagation du polluant dans


les eaux.

Le contrôle que l'on peut exercer sur les écoulements (barrages, biefs,
écluses...) peut être mis à profit en tant que méthode de lutte occasionnelle.

L'efficacité de la lutte en eaux superficielles peut encore être améliorée en


recourant le plus possible à des dispositions préventives :

mise en place de stations de surveillance automatique

reconnaissance préalable des sites propices à l'installation de chantier de lutte

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aménagement préventif de ces sites favorables (ancrages, corps morts, accès,


...)

mise en place de dispositifs fixes de lutte ou de protection en des points


particuliers.

Les eaux de surface et les eaux souterraines ne constituent pas deux milieux
totalement indépendants. Dans certains secteurs, vallées alluviales notamment,
les échanges sont permanents : il faut en tenir compte.

3.4.1.6. C PARTICULARITES DE LA LUTTE EN EAUX SOUTERRAINES

Les eaux souterraines sont difficilement accessibles, leurs limites naturelles


sont difficiles à déterminer et les conditions de leur propagation nécessitent des
études spécifiques.

Compte tenu de la difficulté de lutter contre une pollution ayant atteint les eaux
souterraines, tout doit être fait pour éviter que les nappes soient atteintes.

L'urgence à ce stade de l'intervention est donc au moins similaire à celle que


nécessite la protection des eaux superficielles.

L'importance des moyens à mettre en œuvre pour éviter la contamination de


l'eau souterraine est justifiée par la complexité, le coût et la longueur des
opérations de dépollution des nappes.

3.4.1.6.D MESURES DE CONFINEMENT A TERRE

Le déversement accidentel direct dans la masse d'eau est une exception,


compte tenu de la localisation essentiellement terrestre des activités humaines.
De plus, les interventions à terre sont incompatiblement plus efficaces que les
interventions sur l'eau ou dans l'eau. Tout doit donc être tenté, dans le respect
des règles de sécurité imposées par ailleurs, pour utiliser au mieux la période
de temps et l'espace séparant le lieu de l'accident de la masse d'eau.

Les mesures de confinement à terre ont donc pour objectifs :

de stopper ou diminuer la source de pollution


d'empêcher ou de restreindre la propagation du polluant dans le milieu aqueux

et seront entreprises en gardant à l'esprit le principe suivant :

-( A TERRE
TRAVAILLER -( AU PLUS TOT
-( AU PLUS PRES DE LA SOURCE

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3.4.1.6.E DECONTAMINATION, NETTOYAGE, RESTAURATION

Pour éviter que des reliquats diffus de produit flottant ne présentent,


ultérieurement, des dangers pour l'homme ou l'environnement, les opérations
de décontamination et de nettoyage seront entreprises dès que possible.

Ces opérations peuvent recouvrir divers types d'interventions selon la


nature du polluant et celle des lieux affectés : berges, fonds de lit, ouvrages,
marais ...

Il n'existe pas de matériel spécifique pour ce type d'opérations.

Une contrainte est à prendre en compte dès la conception du chantier :


limiter au strict minimum le retour de polluant dans le milieu.

ENLEVEMENT DES TERRES POLLUEES


Les sols contaminés constituent souvent un réservoir de polluant qu'il faut
étudier avec soin, par sondages, par carottages et analyses, pour en apprécier
l'importance.

Les risques de relargage ou de percolation seront évalués, de même que les


quantités de matériaux à enlever (les problèmes de stabilité des berges devront
être pris en compte) et les sujétions de traitement et d'élimination finale des
déchets.

ENLEVEMENT DE LA VEGETATION POLLUEE ET SUIVI ULTERIEUR


Imprégnée directement ou non, la végétation locale peut subir des dommages
qu'il n'est pas toujours facile d'apprécier sur le champ.

Il faudra mettre en place un dispositif de surveillance de la végétation que l'on


suppose avoir été affectée par l'effet de la pollution (contact direct ou
contamination du sol) et le sol devra être analysé avant d'envisager toute
replantation.

L'enlèvement systématique de la végétation peut fragiliser les berges, il est


indispensable de conserver les souches.

LAVAGE
Dans le cas de pollution par produit flottant, on peut être amené, comme pour
les hydrocarbures, à envisager des opérations de lavage.

Plusieurs techniques existent à basse ou haute pression, grand ou faible débit,


à eau chaude, froide ou à la vapeur, avec ou sans produits de lavage.

PROCEDES BIOLOGIQUES

Les opérations de restauration et de décontamination sont longues et


interviennent généralement une fois passée la période critique de la pollution
accidentelle.

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Le temps n'est plus alors un paramètre aussi déterminant, cela peut conduire à
rendre opérationnels des procédés de traitement biologiques pour l'élimination
finale des produits in situ, d'autant plus que les quantités et les concentrations
sont moindres.

TRAITEMENT DES EAUX SOUTERRAINES CONTAMINEES


Lors d'une pollution des eaux souterraines, des pompages de fixation peuvent
être entrepris comme mesure de lutte. Dans ce cas, les eaux contaminées
collectées devront faire l'objet d'un traitement.

3.4.1.6.F TRANSFERT, STOCKAGE , ELIMINATION DES DECHETS

Conception globale des chantiers

Les problèmes de transfert, de stockage et d'élimination des déchets se


posent dès qu'une opération de récupération est envisagée.

La décision de récupérer ne peut, en effet, être prise sans connaître la


destination, au moins provisoire, des produits de récupération.

Les difficultés et le coût des opérations de récupération et de traitement


s'accroissent avec la dispersion du polluant dans le milieu aquatique pollué et le
volume d'eau recueilli. Il convient donc de s'attacher à limiter la " création " de
déchets, et à réduire leur volume.

La réflexion sur le devenir des déchets récupérés doit être globale et


intégrer toute la chaîne logistique depuis la récupération jusqu'à l'élimination en
passant par le transfert, le stockage et les traitements éventuels.

Nature des déchets

Les déchets résultant des pollutions accidentelles des eaux comprennent :

• du polluant en concentration variable (souvent faible)


• de l'eau en proportion généralement forte
• des produits neutres et des macrodéchets souillés (boues, vases, galets,
sable, terre, faune ou flore, matériaux divers)
• des agents de traitement (absorbants, gélifiants, etc.) plus ou moins saturés
en produits polluants.

TRANSFERT

Tant en matière de prescription d'emploi que d'étiquetage, il n'existe pas


de cadre réglementaire précisément adapté au transport des déchets collectés
à l'issue d'une pollution accidentelle.

Les impératifs de transvasement (article 6 de circulaire du 30 août 1985


relative aux installations classées pour la protection de l'environnement )
semblent apporter une réponse de bon sens à cette question.

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Avant de charger ou de faire procéder au chargement de tout véhicule ; il


est recommandé au responsable du chantier de lutte de s'assurer que :

• l'organisation du chantier est telle que les opérations de chargement et de


transport ne contribuent pas à la dissémination du polluant
• l'étanchéité des bennes ou citernes est satisfaisante
• le matériau constitutif de la cuve ou benne est compatible avec le déchet
devant y être transporté
• le véhicule est apte au transport du déchet et notamment que son circuit
électrique est prévu à cet effet
• le véhicule est propre et que les traces du précédent chargement ont été
nettoyées ou qu'elles ne présentent pas d'incompatibilité
• le mode de chargement est mécaniquement compatible avec ces résidus.

Ceci peut s'appliquer aux produits en vrac ou en colis.

En ce qui concerne l'étiquetage et à moins que la nature exacte du déchet ne


soit connue et ne corresponde qu'à un seul polluant, il est recommandé
d'indiquer le type et le niveau du risque principal mesuré en suivant la
prescription générale du Règlement des Transports de Matières Dangereuses
(RTMD).

STOCKAGE
Dans la mesure du possible, la " chaîne de récupération " sera conçue de la
façon le plus simple possible, l'idéal étant que le moyen de récupération
permette d'évacuer directement les déchets vers une entreprise de traitement
ou de stockage définitif (exemple : utilisation de camions d'assainissement pour
le pompage et le transport des hydrocarbures flottants).

Cependant dans certains cas (nature du polluant inconnue, très grande quantité
de déchets ...) il peut s'avérer nécessaire de recourir à plusieurs niveaux de
stockage.

Stockage intermédiaire

Le stockage intermédiaire se situe généralement à proximité du chantier de


récupération du polluant. Il permet la transition logistique entre le chantier et un
site capable d'accueillir les déchets pendant plusieurs semaines, voire plusieurs
mois, dans l'attente d'un traitement définitif.

La nature des déchets, leur consistance (solide, liquide), leur volume, les
caractéristiques du site (topographie, géologie, météorologie, ...) influeront sur
le choix du type de stockage (fosse étanche, citerne souple ou rigide, ouverte
ou fermée). Ce choix doit garantir la sécurité des intervenants et la protection
du milieu.

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Si le stockage intermédiaire a une importance significative dans l'espace et le


temps, il faudra le considérer comme " provisoire " (voir ci-dessous) et mettre
en place les dispositions correspondantes.

Stockage définitif

Il a pour objet de permettre la réflexion nécessaire à la recherche du traitement


final des déchets, lorsque celui-ci pose problème.

3.4.2. LE ZONAGE

3.4.2.1. GENERALITES

L’équipe d’intervention de sapeurs-pompiers qui doit faire face à un incident ou


accident à caractère chimique, se doit de confiner ou d’évacuer les personnes
incluses dans une zone de danger.

Pour cela, il y a lieu de d éfinir le zonage qui consiste à découper la zone


d’intervention selon le niveau de risque que l’on est susceptible d’y rencontrer.

Cette notion doit tenir compte des différents paramètres qui génèrent des
niveaux de conséquences tels que :
• l’origine et le débit de la brèche
- accident limité (exemple : fuite sur vanne ou canalisation de faible diamètre)
- accident majeur (exemple : fuite sur phase liquide d’un produit tel que le
chlore, suite à la rupture d’un pipage de diamètre supérieur à 50 mm)
• la direction et la force du vent
• la répartition et la densité de la population
• la cinétique de l’accident (lente ou rapide) qui influera sur la réponse de
l’équipe d’intervention en fonction du temps de manœuvre dont elle dispose.
• Les situations envisageables déterminées par la M.R.T.

Cette analyse entraîne :

• la mise en place d’un zonage réflexe à priori, dans un premier temps


• la mise en place d’un zonage affiné, dans un second temps

A partir du point d’émission, la zone d’intervention sera décomposée en :

• une zone d’exclusion dite Rouge


• une zone contrôlée dite Orange
• une zone de soutien dite Verte

a) La zone d’exclusion

C’est la zone la plus rapprochée du lieu d’émission, origine de la fuite,


éventuellement différenciée en deux sous-secteurs :

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

• la ZDL (Zone Danger Liquide)


• la ZDV (Zone Danger Vapeur)

L’accès à la zone d’exclusion impose le port de scaphandre avec A.R.I. car


l’intervenant peut être exposé à des projections, des épandages liquides volatils
ou des vapeurs. Cette zone est dite contaminée.

b) La zone contrôlée (réduction de la contamination)

Elle est placée autour de la zone d’exclusion. Elle permet la création d’un
périmètre de sécurité où sont installés le sas de décontamination et les
bouteilles d’air de réserve pour le personnel intervenant.

L’accès à cette zone nécessite une tenue de protection individuelle adaptée aux
risques présentés. La protection minimale requise est la suivante :
• tenue légère de protection individuelle
• port de l’A.R.I. ou A.R.I. en attente
• gants, lunettes, bottes résistant aux produits en cause

Cette zone, située entre la zone d’exclusion et la zone de soutien permet de


prévenir ou de réduire la contamination.

c) La zone de soutien (non contaminée)

C’est la zone dans laquelle la présence d’une protection n’est pas utile pour les
intervenants et la population concernée. Elle est située à la périphérie de
l’événement. Les intervenants portent la tenue de travail courante adaptée à
leur mission.

Cette zone est non contaminée.

3.4.2.2. DETERMINATION DES ZONES

a) zone d’exclusion

• Cas général :

Elle peut être définie à priori de la façon suivante :


- rayon de 50 mètres autour du point d’émission (R)
- cône de diffusion (plume) de 300 mètres de longueur *(L) dans le sens du
vent dont les côtés forment un angle de 20° avec l’axe du vent.
( La longueur (L) de 300 m est compatible avec les moyens et les délais
d’intervention des sapeurs-pompiers)

Un sondage plus précis peut être défini par le Commandant des Opérations de
Secours en fonction de la nature du produit, du débit de fuite, de la surface
polluée ou des conditions météorologiques.

Les mesures de détection et d’analyse des gaz sur terrain permettent d’affiner
les valeurs définies à priori et de délimiter la zone affinée.

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Préparation au concours d’officier de sapeur-pompier professionnel

La zone d’exclusion est balisée généralement sur l’ensemble de son pourtour


par du ruban de signalisation fixé sur des piquets métalliques, ou tout autre
système équivalent (utilisation d’outils antidéflagrants si risque d’explosion)

Pour des raisons de sécurité, il est souhaitable d’installer un morceau de ruban


à 2 m du sol proche de la source de polluant pour visualiser la direction et
l’intensité du vent.

Une porte d’entrée et de sortie placée au vent sera contrôlée en limite de la


zone d’exclusion de façon à créer un point de passage obligé.

• Cas particulier

. Explosion ou B.L.E.V.E.
Dans ce cas, la zone d’exclusion est dite totale et sa forme représente à priori
un cercle de 500 m de rayon compte tenu des effets thermiques et de
srpression engendrés par l’explosion

. Vent nul

Cette condition météorologique défavorable implique une représentation de la


zone d’exclusion à priori sous forme d’un cercle de 300 m de rayon

b) zone contrôlée

Elle sera matérialisée par une largeur de 50 m à partir du pourtour de la zone


d’exclusion. Le balisage de la zone contrôlée peut se limiter aux voies d’accès.

Les portes d’entrée et de sortie au vent sont matérialisée en limite de zone pour
le contrôle du personnel et des éventuelles victimes. Un sas de
décontamination est nécessaire dans cette zone afin d’éviter la propagation de
substances toxiques ou pathogènes hors de la zone contrôlée. Un couloir
d’accès à la zone d’exclusion peur être défini.

2.3. Zone de soutien

Le poste de Commandement Mobile (P.C.M.), le Centre de rassemblement des


matériels (C.R.M.), le Poste Médical Avancé (P.M.A.) seront implantés dans
cette zone.

Des panneaux de signalisation seront positionnés sur les voies d’accès à la


zone de soutien.

Tout personnel intervenant dans la zone contrôlée transitera par sa porte


d’entrée.

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