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Citations Simone Weil 1

1 « Lettre à Simone Gibert », p 66


« C'est ça le « contact avec la vie réelle » dont je vous parlais. »

2 « Trois lettres à Albertine Thévenon », p 52


« Cette expérience, qui correspond par bien des côtés à ce que j'attendais, en diffère quand même par un abîme : c'est la
réalité, non plus l'imagination. »

3 « Lettre à Simone Gibert », p 68


« J'ai le sentiment, surtout, de m'être échappéed'un monde d'abstractions et de me trouver parmi des hommes réels... »

4 « Trois lettres à Albertine Thévenon », p 51


« Mais ce n'est pas seulement ça qui me retient : c'est la multitude des choses à dire – et l'impossibilité d'exprimer
l'essentiel. Peut-être, plus tard, les mots justes me viendront-ils : maintenant, il me semble qu'il me faudrait pour
traduire ce qui importe un autre langage. »

5 « Lettres à Victor Bernard », p 217


« J'étais, il est vrai, très inférieure en résistance physique à la plupart de mes camarades, – heureusement pour eux. »

6 « Lettres à Auguste Detoeuf », p 285


« Conserver la lucidité, la conscience, la dignité qui conviennent à un être humain, c'est possible, mais c'est se
condamner à devoir surmonter quotidiennement le désespoir. Du moins, c'est ce que j'ai éprouvé. »

7 p 286
« C'est presque impossible, je le sais bien. »

8 « Lettres à Victor Bernard », p216, 217


« Je me suis juré de ne pas sortir de cette condition d'ouvrière avant d'avoir appris à la supporter de manière à y
conserver intact le sentiment de ma dignité d'être humain. Je me suis tenu parole. Mais j'ai éprouvé jusqu'au dernier jour
que ce sentiment était à reconquérir parce que toujours les conditions d'existence l'effaçaient et tendaient à me ravaler à
la bête de somme. »

9 « Lettre à Simone Gibert », p 67


« Les femmes, elles sont parquées dans un travail tout à fait machinal, où on ne demande que de la rapidité. »

10 « La vie et la grève des ouvrières métallos », p 269


« Des scènes de paie. On défile comme un troupeau devant le guichet, sous l'oeil des contremaîtres. »

11 p 266
« Personne ne lève la tête, jamais. Personne ne sourit. Personne ne dit un mot. Comme on est seul ! Je fais 400 pièces à
l'heure. Savoir si c'est assez ? Pourvu que je tienne à cette cadence, au moins... La sonnerie de midi, enfin.Tout le
monde se précipite à la pendule de pointage, au vestiaire, hors de l'usine. »

12 « Expérience de la vie d'usine », p 336


« Les pièces circulent avec leurs fiches, l'indication du nom, de la forme, de la matière première ; on pourrait presque
croire que ce sont elles qui sont les personnes, et les ouvriers qui sont des pièces interchangeables. »

13 p 336
« Ceux-là sont des choses. »

14 « Lettre à Simone Gibert », p 67


« Quand je dis machinal, ne croyez pas qu'on puisse rêver à autre chose en le faisant, encore moins réfléchir.Non, le
tragique de cette situation, c'est que le travail est trop machinal pour offrir matière à la pensée, et que néanmoins il
interdit toute autre pensée. Penser, c'est aller moins vite ; or il y a des normes de vitesse, établies par des bureaucrates
impitoyables, et qu'il faut réaliser, à la fois pour ne pas être renvoyé et pour gagner suffisamment (le salaire étant aux
pièces). »

15 « Lettres à Auguste Detoeuf », p 285


« La seule ressource pour ne pas souffrir, c'est de sombrer dans l'inconscience. C'est une tentation à laquelle beaucoup
succombent, sous une forme quelconque, et à laquelle j'ai souvent succombé. »
16 « Lettres à Victor Bernard », p 240
« D'un autre côté, je ne puis accepter les formes de subordination où l'intelligence, l'ingéniosité, la volonté, la
conscience professionnelle n'ont à intervenir que dans l'élaboration des ordres par le chef, et où l'exécution exige
seulement une soumission passive dans laquelle ni l'esprit ni le cœur n'ont part ; de sorte que le subordonné joue
presque le rôle d'une chose maniée par l'intelligence d'autrui. »

17 p 234
« Jamais ils n'ont droit à une récompense morale de la part d'autrui ou d'eux-mêmes : remerciements, éloge, ou
simplement satisfaction de soi. C'est là un des pires facteurs de dépression morale dans l'industrie moderne... »

18 p 213
« Rien ne paralyse plus la pensée que le sentiment d'infériorité nécessairement imposé par les atteintes quotidiennes de
la pureté, de la subordination, de la dépendance. »

19 p 223
« La seconde, c'est que l'humanité se divise en deux catégories, les gens qui comptent pour quelque chose et les gens
qui ne comptent pour rien.Quand on est dans la seconde, on en arrive à trouver naturel de compter pour rien... »

20 p 228
« L'an dernier, la privation la plus insignifiante par elle-même me rappelait toujours un peu que je ne comptais pas, que
je n'avais droit de cité nulle part, que j'étais au monde pour me soumettre et obéir. »

21 « Expérience de la vie d'usine », p 340


« L'ouvrier, quoique indispensable à la fabrication, n'y compte presque pour rien... »

22 « La rationalisation », p 303
« Enfin, à notre époque, vers la fin du siècle dernier, on a songé à appliquer la science non pas seulement à l'utilisation
des forces de la nature, mais aussi à l'utilisation de la force humaine de travail. »

23 p 303
« On parle souvent de la révolution industrielle pour désigner justement la transformation qui s'est produite dans
l'industrie lorsque la science s'est appliquée à la production et qu'est apparue la grosse industrie . Mais on peut dire qu'il
y a eu une deuxième révolution industrielle. La première se définit par l'utilisation scientifique de la matière inerte et
des forces de la nature. La deuxième se définit par l'utilisation scientifique de la matière vivante, c'est-à-dire des
hommes. »

24 p 304
« Les théoriciens étaient peut-être mal placés pour traiter ce sujet, faute d'avoir été eux-mêmes au nombre des rouages
d'une usine. »

25 « Lettres à Auguste Detoeuf », p287


« P.S. --Vous avez vu « Les Temps modernes », je suppose ? La machine à manger, voilà le plus beau et le plus vrai
symbole de la situation des ouvriers dans l'usine. »

26 « La rationalisation », p 316
« La chaîne, originellement, c'est simplement un procédé de manutention mécanique.Pratiquement, c'est devenu une
méthode perfectionnée pour extraire des travailleurs le maximum de travail dans un temps déterminé. »

27 p 316
« Dés son origine, la rationalisation a été essentiellement une méthode pour faire travailler plus , plutôt qu'une méthode
pour travailler mieux. »

28 « Lettres à Victor Bernard », p 239


« Quelle puissance donne à vos chefs de service cette responsabilité de désigner , parmi les ouvriers polonais, ceux qui
sont à renvoyer comme étant les moins utiles ! »

29 « La rationalisation », p 316
« C'est un perfectionnement du système de Taylor qui aboutit à ôter à l'ouvrier le choix de sa méthode et l'intelligence
de son travail, et à renvoyer cela au bureau d'études. Ce système des montages fait aussi disparaître l'habileté naturelle
nécessaire à l'ouvrier qualifié. »

30 p 316
« Le système des montages à la chaîne a permis de remplacer les ouvriers qualifiés par des manœuvres spécialisés dans
les travaux en série, où, au lieu d'accomplir un travail qualifié, il n'y a plus qu'à exécuter un certain nombre de gestes
mécaniques qui se répètent constamment. »

31 « La vie et la grève des ouvrières métallos », p 278


« Le pli de la passivité contracté quotidiennement pendant des années et des années ne se perd pas en quelques jours,
même en quelques jours si beaux. »

32 « Deux lettres à Jacques Lafitte », p 263


« La quantité se change en qualité. »

33 « La rationalisation », p 319
« Il explique qu'il est parvenu à trouver le moyen idéal pour supprimer la lutte des classes, parce que son système repose
sur un intérêt commun de l'ouvrier et du patron, tous les deux gagnant davantage avec ce système, et le consommateur
lui-même se trouvant satisfait parce que les produits sont meilleur marché. »

35 « Lettres à Victor Bernard », p 228 ces deux sentiments, mais c'est se dégrader. »

36 « Trois lettres à Albertine Thévenon », p 59 « j'ai pris pleinement conscience de l'abaissement où je tombais. »

37 p 57 « une usine, cela doit être ce que tu as senti ce jour-là à Saint-Chamond, ce que j'ai senti si souvent, un endroit
où on se heurte durement, douloureusement, mais quand même joyeusement à la vraie vie. Pas cet endroit morne où on
ne fait qu'obéir, briser sous la contrainte tout ce qu'on a d'humain, se courber, se laisser abaisser au-dessous de la
machine. »

38 Platon « La parole est le dialogue de l'âme avec elle-même. »

39 « Lettres à Victor Bernard », p 235 « Il est interdit de causer sous peine d'amende. En est-il bien ainsi ? Si c'est le
cas, j'aurais bien des choses à vous dire sur la dure contrainte que constitue pour un ouvrier un tel règlement, et, plus
généralement, sur le principe que, dans une journée de travail, il ne faut pas gaspiller une minute. »

40 p 218 « Ce que vous m'avez raconté du silence observé par tous ceux qui assistaient à la dernière assemblée générale
de la coopérative ne confirme que trop, il me semble, mes suppositions. Vous n'y êtes pas allé, de peur de leur ôter le
courage de parler et néanmoins personne n'a rien osé dire. »

41 « Un appel aux ouvriers de Rosières », p 209 « Exprimez-vous bien sincèrement. N'atténuez rien, n'exagérez rien, ni
en bien ni en mal. Je pense que cela vous soulagera un peu de dire la vérité sans réserves. »

42 « Expérience de la vie d'usine », p 337 « cet éclair de pensée, d'immobilité et d'équilibre, c'est ce qu'il faut apprendre
à supprimer entièrement dans l'usine, quand on y travaille. »

43 p 337 « presque comme le tic-tac d'une horloge, sans rien qui marque jamais que quelque chose est fini et qu'autre
chose commence. Ce tic-tac dont on ne peut supporter d'écouter longtemps la morne monotonie, eux doivent presque le
reproduire avec leur corps. Cet enchaînement ininterrompu tend à plonger dans une espèce de sommeil, mais il faut le
supporter sans dormir. »

44 Héraclite « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. »

45 « Expérience de la vie d'usine », p 337 « plus un paysan fauche vite et bien, plus ceux qui le regardent sentent que,
comme on dit si justement, il prend tout son temps Au contraire, le spectacle de manœuvres sur machines est presque
toujours celui d'une précipitation misérable d'où toute grâce et toute dignité sont absentes. »

46 p 333
« Si la pensée veut éviter cette monotonie, imaginer du changement, donc un ordre soudain, elle ne peut pas voyager du
moment présent à un moment à venir sans passer par une humiliation. Ainsi la pensée se rétracte. Ce repliement sur le
présent produit une sorte de stupeur. »

47 p 332 « Le travail nouveau est imposé tout d’un coup, sans préparation, sous la forme d’un ordre auquel il faut obéir
immédiatement et sans réplique. Celui qui obéit ainsi ressent alors brutalement que son temps est sans cesse à la dispo-
sition d’autrui. »

48 p 332 « c’est lui qui détermine d’avance l’emploi de ses heures et de ses journées. »
49 « Trois lettres à Albertine Thévenon », p 60 « Il y a deux facteurs dans cet esclavage : la vitesse et les ordres. La vi -
tesse : pour « y arriver » il faut répéter mouvement après mouvement à une cadence qui, étant plus rapide que la pensée,
interdit de laisser cours non seulement à la réflexion, mais même à la rêverie. »

50 « Expérience de la vie d’usine », p 337 « La succession de leurs gestes n’est pas désignée, dans le langage de l’usine,
par le mot rythme, mais par celui de cadence et c’est juste, car cette succession est le contraire d’un rythme. »

51 « Deux lettres à Jacques Lafitte », p 273 « On est une chose livrée à la volonté d’autrui »

52 « Expérience de la vie d’usine », p 341 « Il faut que la vie sociale soit corrompue jusqu’en son centre lorsque les ou-
vriers se sentent chez eux dans l’usine quand ils font grève, étrangers quand ils travaillent. Le contraire devrait être vrai.
»

53 « Lettres à Victor Bernard », p 228 « Au cours des dernières années, on a bien senti qu’en fait les ouvriers d’usine
sont en quelque sorte déracinés, exilés sur la terre de leur propre pays. »

54 « Expérience de la vie d’usine », p 339 « Le temps lui a été long et il a vécu dans l’exil. » « Un ouvrier, sauf
quelques cas trop rares, ne peut rien s’approprier par la pensée dans l’usine. Les machines ne sont pas à lui ; il sert l’une
ou l’autre selon qu’il en reçoit l’ordre. Il les sert, il ne s’en sert pas... »

55 « La vie et la grève des ouvrières métallos », p 267 « Aucune maison étrangère n’est si étrangère que cette usine où
on dépense quotidiennement ses forces pendant huit heures. »

56 « Expérience de la vie d’usine », p 336 « De nos jours, ce n’est pas seulement dans les magasins, les marchés, les
échanges, que les produits du travail entrent seuls en ligne de compte, et non les travaux qui les ont suscités. »

57 p 336 « Les choses jouent le rôle des hommes, les hommes jouent le rôle des choses ; c’est la racine du mal. »

58 « La rationalisation », p 305
« La société bourgeoise est atteinte d’une monomanie : la monomanie de la comptabilité. Pour elle, rien n’a de valeur
que ce qui peut se chiffrer en francs et en centimes. Elle n’hésite jamais à sacrifier des vies humaines à des chiffres... »

59 p 321 « Ce système a aussi réduit les ouvriers à l’état de molécules, pour ainsi dire, en en faisant une espèce de
structure atomique dans les usines. »

60 « Lettres à Victor Bernard », p 232 « Je me demande si vous vous rendez compte de la puissance que vous exercez.
C’est une puissance de dieu plutôt que d’homme. Avez-vous jamais pensé à ce que cela signifie, pour un de vos
ouvriers, d’être renvoyé par vous ? »

61 p 220 « Je vous ai raconté comment un chef, en me contraignant à risquer, deux heures durant, de me faire assommer
par un balancier, m’a fait sentir pour la première fois combien au juste je comptais : à savoir zéro. »

62 « Expérience de la vie d’usine », p 334 « le sentiment de la dépendance, de l’impuissance et de compter pour rien
aux yeux de qui on dépend... »

63 « Lettres à Victor Bernard », p 213 « Commander ne rend pas facile de se mettre à la place de ceux qui obéissent. »

64 p 219 « On est très mal placé en haut pour se rendre compte et en bas pour agir. »

65 « Expérience de la vie d’usine », p 347 « On emploie de préférence un homme parce que l’homme est une machine
qui obéit à la voix et qu’il suffit à un homme de recevoir un ordre pour substituer en un moment telle combinaison de
mouvements à telle autre. »

66 « La rationalisation », p 323 « Par les moyens les plus grossiers, en employant comme stimulant à la fois la
contrainte et l’appât du gain, en somme par une méthode de dressage qui ne fait appel à rien de ce qui est proprement
humain, on dresse l’ouvrier comme on dresse un chien, en combinant le fouet et les morceaux de sucre. »

67 « Lettres à Victor Bernard », p 228 « Mais cette ressource est interdite aux esclaves de l’industrie moderne. »

68 « Deux lettres à Jacques Lafitte », p 259 « J’imagine une économie décentralisée où nos bagnes industriels seraient
remplacés par des ateliers disséminés un peu partout. »

69 p 222 « On se trouve, sans aucun recours, sous le coup d’une force complètement hors de proportion avec celle
qu’on possède, force sur laquelle on ne peut rien, par laquelle on risque constamment d’être écrasé – et quand,
l’amertume au cœur, on se résigne à se soumettre et à plier, on se fait mépriser pour manque de courage par ceux même
qui manient cette force. »

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