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Travail et technique 

: évaluation de la compréhension
Exercice : (à faire sur feuille/copie double libre avec nom, prénom, classe)
Les textes suivants ont été utilisés pour réaliser les diverses parties de votre cours «  Travail et technique », retrouvez quelle(s)
partie(s) du cours ils concernent et justifiez votre réponse en rendant compte précisément de la thèse développée par l'auteur
dans l'extrait proposé ci-dessous en reformulant.

Texte 1 :

« […] en un mot tant [que les hommes] ne s’appliquèrent qu’à des ouvrages qu’un seul pouvait faire, et qu’à
des arts qui n’avaient pas besoin du concours de plusieurs mains, ils vécurent libres, sains, bons et heureux (...)
mais dès l’instant qu’un homme eut besoin du secours d’un autre ; dès qu’on s’aperçut qu’il était utile à un seul
d’avoir des provisions pour deux, l’égalité disparut, la propriété s’introduisit, le travail devint nécessaire et les
vastes forêts se changèrent en des campagnes riantes qu’il fallut arroser à la sueur des hommes, et dans
lesquelles on vit bientôt l’esclavage et la misère germer et croître avec les moissons. La métallurgie et
l’agriculture sont les deux arts dont l’invention produisit cette grande révolution. »
Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité (1755), 2nde partie

Texte 2 :

« Dans la glorification du « travail », dans les infatigables discours sur la « bénédiction du travail– on vise
toujours sous ce nom le dur labeur du matin au soir –, un tel travail constitue la meilleure des polices, il tient
chacun en bride et s’entend à entraver puissamment le développement de la raison, des désirs, du goût de
l’indépendance. Car il consume une extraordinaire quantité de force nerveuse et la soustrait à la réflexion, à la
méditation, à la rêverie, aux soucis, à l’amour et à la haine, il présente constamment à la vue un but mesquin et
assure des satisfactions faciles et régulières. »
Nietzsche, Aurore, § 173

Texte 3:
« A la femme, il dit : « Je ne manquerai pas de multiplier les souffrances de tes grossesses. Dans la souffrance
tu enfanteras. La passion te poussera vers ton époux, et lui te domineras. A l'homme, il dit : « Parce que tu as
cédé à la voix de ta femme et mangé du fruit duquel je t'avais donné cet ordre : « Tu n'en mangeras pas »,
maudit soit le sol à cause de toi. Tu peineras pour en tirer ta nourriture, jour après jour, toute ta vie. […] à la
sueur de ton front, tu mangeras ton pain, jusqu'à ton retour au sol d'où tu as été pris, car tu es poussière et
redeviendras poussière. »
La Bible, Ancien Testament, Genèse, chapitre 3 versets 16 à 19.

Texte 4 :
« [Les lois de la physique] m’ont fait voir qu’il est possible de parvenir à des connaissances qui soient fort utiles à la vie,
au lieu de cette philosophie spéculative qu’on enseigne dans les écoles, on en peut trouver une pratique, par laquelle,(...)
nous les pourrions employer [et] nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n’est pas seulement à
désirer pour l’invention d’une infinité d’artifices qui feraient qu’on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de
toutes les commodités qui s’y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé (…) car même l’esprit
dépend fort du tempérament et de la disposition des organes du corps »
Descartes, Discours de la méthode, VI

Texte 5 :
« Le travail est de prime abord un acte qui se passe entre l’homme et la nature. L’homme y joue lui-même vis-
à-vis de la nature le rôle d’une puissance naturelle. En même temps qu’il agit par ce mouvement sur la nature
extérieure et la modifie, il modifie sa propre nature, et développe les facultés qui y sommeillent. Nous ne nous
arrêterons pas à cet état primordial du travail où il n’a pas encore dépouillé son mode purement instinctif. Notre
point de départ c’est le travail sous une forme qui appartient exclusivement à l’homme. Une araignée fait des
opérations qui ressemblent à celles du tisserand, et l’abeille confond par la structure de ses cellules de cire
l’habileté de plus d’un architecte. Mais ce qui distingue dès l’abord le plus mauvais architecte de l’abeille la
plus experte, c’est qu’il a construit la cellule dans sa tête avant de la construire dans la ruche. »
Marx, Le Capital, 1867
Texte 6 :
« La nature a voulu que l’homme tire entièrement de lui-même tout ce qui dépasse l’agencement mécanique de
son existence animale et qu’il ne participe à aucun autre bonheur ou à aucune autre perfection que ceux qu’il
s’est créés lui-même, libre de l’instinct, par sa propre raison.(...) La nature semble même avoir trouvé du plaisir
à être la plus économe possible, elle a mesuré la dotation animale des hommes si court que c’est comme si elle
voulait que l’homme dût parvenir par son travail à s’élever à la perfection intérieure de son mode de penser
(….) [et au bonheur] »
Kant, Idée universelle au point de vue cosmopolitique, 3e proposition.

Texte 7 :
« Dans ce nouvel état, les hommes jouissant d’un grand loisir l’employèrent à se procurer plusieurs sortes de
commodités inconnues à leurs pères ; et ce fut là le premier joug qu’ils s’imposèrent sans y songer, et la
première source de maux qu’ils préparèrent à leurs descendants ; car outre qu’ils continuèrent ainsi à s’amollir
le corps et l’esprit, ces commodités ayant par l’habitude perdu presque tout leur agrément, et étant en même
temps dégénérées en de vrais besoins, la privation en devint beaucoup plus cruelle que la possession n’en était
douce, et l’on était malheureux de les perdre, sans être heureux de les posséder. »

Rousseau, Discours sur l’origine de l’inégalité, 2nde partie

Texte 8 :
« Chez le sage les richesses sont à son service, chez l'insensé elles commandent. […] chez moi elles n'occupent
qu'une place, chez toi elles ont toute la place ; pour conclure, les richesses m'appartiennent et toi tu leur
appartiens. »
Sénèque, Traité de la vie heureuse.

Texte 9 :
« C’est l’avènement de l’automatisation qui, en quelques décennies, probablement videra les usines et libérera
l’humanité de son fardeau le plus ancien et le plus naturel, le fardeau du travail, l’asservissement à la nécessité.
(...)
Cela n’est vrai, toutefois, qu’en apparence. L’époque moderne s’accompagne de la glorification
théorique du travail et arrive en fait à transformer la société tout entière en une société de travailleurs. (...) cette
société ne sait plus rien des activités plus hautes et plus enrichissantes pour lesquelles il vaudrait la peine de
gagner cette liberté. Ce que nous avons devant nous, c’est la perspective d’une société de travailleurs sans
travail, c’est-à-dire privés de la seule activité qui leur reste. On ne peut rien imaginer de pire. »

Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne (1958)

Texte 10 :
« [En] quoi consiste la dépossession du travail ?
D'abord, dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'il n'appartient pas à son être  ;
que, dans son travail, l'ouvrier ne s'affirme pas, mais se nie ; qu'il ne s'y sent pas satisfait, mais malheureux  ;
qu'il n'y déploie pas une libre énergie physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit.
C'est pourquoi l'ouvrier n'a le sentiment d'être à soi qu'en dehors du travail (...) Il est lui quand il ne travaille pas
et, quand il travaille, il n'est pas lui. Son travail n'est pas volontaire, mais contraint. Travail forcé, il n'est pas la
satisfaction d'un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. La nature
aliénée du travail apparaît nettement dans le fait que, dès qu'il n'existe pas de contrainte physique ou autre, on
fuit le travail comme la peste. Le travail aliéné, le travail dans lequel l'homme se dépossède, est sacrifice de soi,
mortification. Enfin, l'ouvrier ressent la nature extérieure du travail par le fait qu'il n'est pas son bien propre,
mais celui d'un autre, qu'il ne lui appartient pas ; que dans le travail l'ouvrier ne s'appartient pas à lui-même,
mais à un autre. »
Marx, Économie et philosophie, Ébauche d'une critique de l'économie politique,Le travail aliéné.

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