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Document- Etudiant

COURS 1
Introduction à l’étude du thème « Le travail »

1. Qu’est-ce que le travail ?

Le terme « travail » n’est simple qu’en apparence tant il désigne des réalités multiples :
- le travail c’est l’acte de travailler, mais c’est aussi le produit qui en résulte.
- on emploie un seul et même terme pour désigner des réalités différentes : le métier, ce qui
définit sa vie professionnelle (et permet d’accéder au monde adulte ?), « le travail scolaire »,
« le travail manuel » (NB : Rousseau veut faire d’Emile un artisan III), « le travail
intellectuel » (penser par soi-même) «le  travail de l’artiste » (création), le « travail de
l’accouchement » (souffrance, effort !), « le travail de la terre », le « travail du deuil » (càd
effort mental pour surmonter la perte d’un être cher ; idée d’élaboration aussi : de l’affect brut
à la pensée structurée et libératrice). On peut aussi faire un « travail sur soi » (transfigurer la
souffrance, l’épreuve, la sublimer pour créer autre chose)
- sans compter les expressions paradoxales : on entend parler de « bon travail », de « beau
travail » comme de « sale boulot ». cf. éditorial d’A. Lacroix (résumé)

Si on s’en tient au domaine purement professionnel, une constante : le travail se définit comme un
socle de nos sociétés (cf. texte de Dominique MEDA et citation de Habermas) mais il n’a eu de cesse
d’évoluer et continue de le faire (avant 2020 et le Covid, qui parlait de « télétravail » ?). Retenons
notamment les nombreuses mutations au cours de l’Histoire liées à la Révolution Industrielle de la fin
du XIXè siècle , le fordisme et le taylorisme (dont parle S. Weil) , les usines, les deux guerres
mondiales (femmes au foyer soudain dans les usines), la crise de 1929, la crise pétrolière de 1973  …et
sans doute la guerre actuelle en Ukraine  (pb de l’exportation du blé, craintes de famines…) Tous ces
bouleversements créent une image mouvante, entre aliénation, oppression et construction de soi,
épanouissement, libération….
On parle désormais autant de travail que de « réduction de temps de travail », on voit se développer
des espaces de « co-working « , des « micro-entreprises », on craint la précarité grandissante,
l’ « ubérisation » de la société
Et depuis 2019, on s’interroge sur le télétravail, et avec le COVID, on redécouvre des métiers du
« care » : importance de l’humain, d’un travail qui ne peut être robotisé. Au même moment,
développement de « l’intelligence artificielle » ? cf Elon Musk et Neuralink.

Qui dit travail, dit travailleur…Là encore, des éléments multiples. Le travailleur moderne fait partie
d’un ensemble plus vaste, il est lié au patron, à la direction, à un groupe, à un syndicat. Hiérarchie et
confrontations, rapports de forces (manifestations, grèves… et actions collectives qui sont menées).
L’auto-entrepreneur est-il alors la figure de l’homme libre ? quelles sont les limites d’une plateforme
comme « Uber » ? pourquoi la création du premier syndicat chez Starbucks en 2021 a-t-elle été vue
comme historique ?

A RETENIR : malgré les nuances et évolutions du terme, plusieurs constantes :


- Le travail n’est pas un choix mais ………………………………………………. On parle du
travail comme d’un « gagne-pain » : une activité utile à sa conservation et à celle du groupe,
au regard de laquelle tout le reste est amusement ou comme le dit ARENDT « passe-temps »
(c’est l’injonction sociale qui le dit)
- il demande des efforts pour vivre, survivre face à une nature hostile,
…………………………………………………….
- LIRE le texte 1 du corpus (MARX) c’est une activité ………………………….. (alors que
l’animal agit par instinct). Le processus est pensé en amont et le travailleur a la claire
conscience du travail visé. MARX distingue donc :

1
- il suppose une transformation, une modification de l’objet initial, de la nature. Il est un
………………………………………………………… de la nature par l’homme mais aussi de
l’homme lui-même (MARX : « il modifie sa propre nature et développe les facultés qui y
sommeillent » I,3, 7). Et pour cela, idée de lutte, de combat : c’est ainsi que MARX présente
l’homme : un être dont la nature se crée sans cesse dans le combat avec la nature. (=> rapport
dialectique de l’homme avec la nature) Transformer la nature, c’est aussi se transformer soi et
se libérer de son animalité. Alors le travail nous rend libres en nous rendant vraiment humains.
NB : cela peut passer par labourer le sol, l’irriguer, sélectionner les semences, arroser les plantes, les
soigner contre les maladies et les insectes, domestiquer les animaux, les sélectionner et les élever…
- il vise une fin …………………………………: un salaire, la satisfaction, l’accomplissement
d’un tâche, la création d’une oeuvre…la liberté ? le bonheur ?
NB : dans l’action, distinguons comme le fait l’anglais deux notions : doing et making ; praxis et
poiesis (distinction de ARISTOTE dans son Ethique à Nicomaque) ; agir (ici la finalité est dans
l’action elle-même et dans celui qui agit) et fabriquer (ici la finalité est dans le résultat). Pour Aristote,
le travail relève de la poeisis car il suppose un savoir-faire permettant une production et vise un bien
qui lui est extérieur.

- une activité qui ne cesse d’évoluer, en même temps que l’homme et les sociétés. VS
l’activité animale, identique de tous temps : cf PASCAL, préface du Traité du Vide : « les
ruches des abeilles étaient aussi bien mesurées il y a mille ans qu’aujourd’hui. ».

LIRE le texte 2 du corpus : HEGEL, « la dialectique du maître et de l’esclave » :


Le pouvoir est chez l’esclave, chez celui qui travaille : pourquoi ? ……………

Noter toutefois l’évolution de la notion au cours des siècles : aujourd’hui vu comme une nécessité, et
valorisé dans la société (avoir un « bon travail » ; rejet de celui qui ne travaille pas, déclassement
social…), il n’en a pas toujours été ainsi :

 chez les Grecs dans l’Antiquité :

 chez les Romains :

2
 dans la civilisation judéo-chrétienne : le travail est ………………………………………. Cf
Genèse, III, 1-19. Le travail est la conséquence du péché. « Tu travailleras à la sueur de ton
front » dit Dieu à Adam. Alors que le paradis était le lieu de l’abondance, la terre est rendue
stérile et ne porte que de maigres fruits. Cf. plus loin.

2. L’homme au travail : une source de souffrance et d’aliénation ? un risque de


déshumanisation ?

a. Le travail : la souffrance dès l’origine…


En général, l’image du bonheur est aux antipodes de celle du travail ; on a bien plus coutume de lier
bonheur et « farniente », càd l’art de ne rien faire et, en parallèle, d’associer le travail à la peine, la
souffrance. Il faudra attendre le XVIè siècle pour que les mots « travail » et « travailler » portent l’idée
d’une transformation positive. (cf. « travailler le style », puis au XVIIè, « faire travailler son argent »).
Preuve de l’évolution : le terme « labeur » (synonyme d’effort, de pénibilité, de souffrance) est peu à
peu remplacé par « travail » qui gagne un sens plus positif de transformation.
Au XIXè siècle, le communiste Paul LAFARGUE écrit une réfutation au Droit du Travail (1848) : Le
droit à la paresse (1880), ouvrage dans lequel on peut lire : « Ô paresse, mère des arts et des nobles
vertus, sois le baume des angoisses humaines ! »
Il imaginait une humanité débarrassée du fardeau de travailler.

L’idée de souffrance est présente dans l’étymologie même du mot (tripalium, qui désigne un
instrument de torture fait de trois pieux : tri/palis, permettant d’immobiliser l’esclave ou le condamné.
Par extension « tripalare » en latin populaire signifiait infliger des souffrances en bloquant l’individu).

La souffrance est inscrite aussi dans le texte biblique : LIRE le texte 3 du corpus – la Genèse
Commentaires :

3
NB : ROUSSEAU, dans son Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité imagine l’Etat de
Nature comme un état d’abondance, la nature nourricière pourvoyant aux besoins des hommes ; mais
dans la seconde partie de l’ouvrage il reconnaît que l’accroissement du nombre d’hommes a rendu le
travail indispensable en raison de la raréfaction des ressources disponibles.
b. les moyens d’alléger la souffrance au travail  : libération ou asservissement?
Comment diminuer la contrainte que représente le travail ?

 se décharger du besoin de travailler sur un autre homme. C’est la voie antique de


l’esclavage, reformulée par MARX à travers le thème de l’exploitation.

NB : le concept d’exploitation est plus tardif que celui d’ « aliénation » et complètement abouti dans
Le Capital seulement en 1867.Marx considère que toute l’histoire de l’humanité n’est qu’une longue
histoire de l’exploitation : exploitation de la nature par l’homme, et par conséquent de l’homme par
l’homme (puisque la tentation de faire travailler autrui à sa place a toujours existé : d’un côté les
exploiteurs qui ne travaillent pas mais vivent du travail d’autrui ; de l’autre les exploités qui travaillent
pour tous. Après l’esclavage, le servage au Moyen-Age, Marx voit dans le salariat le mode
d’exploitation le plus dissimulé. En apparence le travailleur salarié s’engage librement par contrat à
vendre sa force de travail au patron en échange d’un salaire. Mais pour Marx, ce contrat dissimule une
tromperie cachée : pour que le travail du prolétaire soit rentable pour le bourgeois, il faut qu’il travaille
réellement plus que ce qu’il est payé ; Marx nomme la différence « le surtravail », dont le patron tire
son profit (plus-value) grâce à la revente des produits fabriqués.
Cf schéma :

Ouvrier à son compte :


__________________________________________________________________________________

Ouvrier salarié :
__________________________________________________________________________________

L’aspect pernicieux de l’exploitation par le salariat est que le travailleur salarié a l’impression, comme
le travailleur à son compte, de « gagner sa vie » grâce à son travail. Mais le travailleur à son compte
peut décider de travailler plus pour espérer s’enrichir, alors que le travailleur salarié offre son
surtravail au patron pour que ce dernier fasse une « plus-value », il est condamné à ne faire que
survivre en enrichissant son patron.
La richesse produite s’accumule entre quelques mains, les capitalistes, incapables de consommer à eux
seuls toute leur production. La nécessité de l’écouler engendre de la concurrence entre eux, ce qui les
conduit à rechercher sans cesse l’abaissement des coûts de production. Le nombre de prolétaires
grandit, leur appauvrissement s’accentue. Et ce décalage entre richesse de quelques-uns et misère
généralisée des autres conduit à la révolution abolissant la propriété privée qui a permis à cet ordre
injuste de s’installer.

NB : l’analyse marxiste n’a pas été confirmée par les faits : au XXè siècle, on assiste surtout à l’essor
d’une classe moyenne majoritaire et le capitalisme a survécu par l’avènement de la société de
consommation qui invente sans cesse de nouveaux besoins, de nouveaux biens à proposer à la
consommation. Le niveau de vie s’élève pour tous, la masse tolère alors l’enrichissement au cœur du

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grand capital. Mais l’exploitation sur la base du salariat reste une réalité et aujourd’hui nous
travaillons moins pour vivre que pour consommer. Pour preuve, des travailleurs ayant un rôle vital
pour nous (infirmiers, agriculteurs, pêcheurs..) gagnent bien moins que certaines professions sans
utilité vitale (chanteurs, sportifs) ; pensons aussi aux « parachutes dorés » que s’octroient de grands
patrons là où les ouvriers sont licenciés…

Prolongement : « l’ubérisation », nouvelle forme d’exploitation ? sous couvert de laisser autonomie et


liberté au travailleur qui décide des modalités de son travail, ce système instrumentalise le travailleur  :
payé à la tâche, il ne bénéficie pas de la protection du statut du salarié. Cf. documentaire «  Jusqu’où
ira Uber ? » + cf. Cynthia FLEURY, La fin du courage (2010) : « en falsifiant les idéaux et en
travestissant les principes d’émancipation en principe de dominaion, [le monde du travail] est le
nouveau monde en guerre. »

 Mettre de la technique dans le travail pour démultiplier les forces de l’individu, développer
des outils qui allègent sa peine et réduisent la durée de travail. L’idéal serait-il alors une
machine remplaçant l’homme pour qu’il échappe totalement au travail ? (plus que discutable
et discuté !)

Le terme de « technique » vient du mot grec « technè » qui désigne l’art en général : artisanat, beaux-
arts, technique. Si les distinctions entre ces domaines sont peu sensibles chez les Grecs, l’évolution de
la technique rend plus nettes les différences : le technicien ressemble à l’artisan par son activité
pratique mais il se distingue de lui qui a un simple savoir-faire par un savoir théorique qui le rapproche
du savant.
La technique est ………..

Deux autres éléments de définition :

Lire le texte 4 : PLATON, Protagoras, le mythe de Prométhée et Epiméthée : la naissance de la


technique.
Lecture et commentaire de l’extrait :
Comment le mythe présente-t-il l’homme originel ? Comment explique-t-il la naissance de la
technique ?

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NB : ARISTOTE s’oppose à la vision de PLATON sur le supposé dénuement originel. Dans Les
parties des animaux (cf texte 5) l’homme a une richesse, sa main, qui est son premier outil,
puisqu’elle a une fonction préhensile, elle sert à prendre et est cet « outil qui tient lieu de tous les
autres ». L’ours ne peut jamais ôter ses griffes, ni le taureau ses cornes alors que la main peut devenir
corne, griffe, lance, en fonction de l’outil qu’on lui fera tenir Cette fonction abstraite est une richesse
incomparable dans tout le règne animal, à condition de savoir s’en servir et d’inventer les outils à
placer dedans. L’intelligence humaine permet de développer les fonctions de la main.

On peut prolonger cette réflexion sur l’indétermination générale de l’homme qui est une richesse
potentielle pour la survie : le corps nu peut être habillé ou déshabillé selon le climat ; son régime
alimentaire omnivore peut s’adapter facilement à son environnement.

L’outil et la machine : la seconde est le prolongement du premier.


L’outil est la matérialisation du savoir technique, simplifie le geste en accroissant sa puissance. Plus
l’outil évolue, plus le geste est facilité.
Ex 1 : produire de la lumière. Usage des silex et du feu, invention des lampes à combustible et du
briquet, interrupteur électrique (une simple pression du doigt suffit désormais pour obtenir ce qui jadis
coûtait efforts et temps)…et idéal de suppression même du geste avec les détecteurs de présence et la
domotique : les lumières s’allument et s’éteignent automatiquement ; l’outil effectue ici le geste que
l’homme n’a plus qu’à penser.
Ex 2 : toutes les tâches accomplies par les téléphones, « smartphones »….téléphone « intelligents » !

La machine est le prolongement naturel de l’outil : là où l’outil nécessite la main pour le tenir, la
machine adapte l’outil à une force motrice autre qu’humaine (la pelle est un outil, le tractopelle est une
machine : creuser devient encore moins pénible, plus facile, la machine supprime l’’effort).

Les machines se développent tendent à supprimer l’homme de plus en plus : alors que les premières
machines remplacent simplement la force humaine par une force artificielle, les machines plus récente
intègrent une force de calcul (ordinateurs, capteurs) qui leur permet de réagir elles-mêmes à
l’environnement en fonction de tâches définies…les machines peuvent alors travailler seules pour
l’homme, mais sans lui.

Travailler, est-ce alors essayer de se libérer de la nécessité de travailler  ?


La technique semble en effet accroître notre liberté : elle accroît notre pouvoir d’action, elle libère du
temps et offre du loisir ; rend possible l’impossible (communiquer à l’autre bout du monde, aller sur la
Lune, avoir un enfant malgré la stérilité…). Elle étend aussi le savoir : par exemple la lunette
astronomique a permis de découvrir de nouvelles planètes.

MAIS cela n’est pas sans limites :


- pour ROUSSEAU (DOI) la force de la technique fait perdre sa force naturelle à l’homme
civilisé et le rend dépendant. La force de nos outils nous affaiblit car nous prenons l’habitude
de nous reposer sur eux.

- …………..

- ……………..

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- Le rapport de l’homme au monde est aussi complètement bouleversé au XXè siècle :
perfectionnement des techniques qui conduit à brûler en qq décennies des stocks d’énergie
fossile constitués en des millions d’années, perturbations des écosystèmes, gaz à effet de serre,
production énorme de déchets…et avec la découverte de l’énergie nucléaire, le pouvoir
technique atteint un degré jamais connu : l’homme peut détruire la planète tout entière (cf
Tchernobyl en 1986, Fukushima en 2011). Voir à ce sujet le philosophe allemand Hans
JONAS, Le principe responsabilité, une éthique pour la civilisation technique : il insiste sur le
fait que la terre et la nature sont un patrimoine dont nous avons hérité et que nous devons
léguer aussi intact que possible ; face à la puissance de la technique, c’est la peur des
conséquences qui devrait guider nos actes, autrement dit le principe de précaution.

 Diviser le travail pour le rendre plus efficace. Dans les sociétés les plus anciennes déjà on
trouve une distinction entre tâches féminines (cueillette, foyer, enfants) et masculines
(chasse).

La division la plus ancienne est une division …………………………. en fonction des métiers à
mettre en œuvre. Cf. PLATON, La République, II : le philosophe explique la naissance des cités
en disant que c’est la nécessité qui force les hommes à se réunir ; seul l’homme ne peut subvenir à
ses propres besoins. Donc toute cité naît du besoin d’entraide ; mais pour cela l’idéal est que
chacun des premiers citoyens (imaginons une cité de 4-5 hommes) se spécialise dans un métier
permettant de parer au plus urgent (se nourrir, se vêtir, se loger). « on produit toutes choses en plus
grand nombre, mieux et de façon plus aisée, lorsque chacun, en fonction de ses aptitudes et dans le
temps qu’il convient, exerce un seul travail, en étant dispensé de tous les autres. » La première
division du travail est donc la spécialisation en métiers. Elle suppose en même temps la naissance
d’une économie puisque chacun devra échanger avec les autres ce dont il a besoin et qu’il ne
produit pas lui-même.

Une autre division apparaît à la Révolution industrielle. C’est la division moderne, la division
……………………………. du travail. Désormais ce ne sont plus les métiers qui sont divisés,
c’est chaque métier qui est divisé jusque dans ses gestes les plus élémentaires. Une étude restée
célèbre est celle d’Adam SMITH à la fin du XVIIIè siècle dans Recherche sur la nature et les
causes de la richesse des nations, avec l’exemple dune fabrique d’épingles. Le fabricant
traditionnel, l’artisan, doit réaliser 18 opérations pour fabriquer une épingle. Dans la manufacture
qu’observe Smith, ces opérations sont réparties entre une dizaine d’ouvriers qui font chacune une
ou maximum deux, trois opérations. Il observe des différences de rendement énormes : l’artisan
peut fabriquer seul 20 épingles, là où les 10 ouvriers réunis en produisent ensemble 48000 par jour
soit 480 par ouvrier ( = 240 fois plus !)

Ce type de division du travail est à relier très spécifiquement au développement de la technique qui a
fait naître la Révolution industrielle au XIXè siècle. Elle a bouleversé durablement le monde du
travail : développement des machines, taylorisme et fordisme, mécanisation et automatisation….
En apparence, tout ceci a été bénéfique aux travailleurs et aux entreprises :
- …………
- ……………
- …………….

MAIS l’ouvrier perd en savoir-faire et en intérêt pour son travail de même qu’il perd en estime de soi
(la question de la « dignité » chère à S. Weil):

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- il doit accomplir un geste simple, donc….
- les ouvriers deviennent interchangeables ; de ce fait : ……….

- l’ouvrier accomplit une tâche sans voir d’aboutissement, d’accomplissement ; de ce fait,….

- la répétition machinale du geste ne permet plus ……………..

Ce mode de travail inaugure ce que MARX nommera …………………………. du travail (concept


élaboré dans Les Manuscrits de 1844) : un travail qui abrutit l’esprit au lieu de le cultiver ; un travail
qui au lieu de donner une véritable existence au travailleur lui nie cette identité ; le travailleur se sent
déconsidéré, le travail demandé lui nie toute compétence, mais aussi tout enrichissement de l’esprit
(travail à la chaîne, répétition des gestes) ; d’où le dégoût de ce qu’il fait. Le travail est alors la mort de
toute vie, pour ce travailleur-là, la « vraie vie » ne peut commencer qu’en dehors du champ du travail.
Il travaille uniquement par besoin (« il faut bien vivre ») et est ramené à ce qu’il a de plus animal.

Notons aussi que ce travail dévalorise l’objet produit lui-même : l’épingle produite en abondance est
moins chère, on peut la gaspiller, on peut la remplacer facilement et elle est d’une qualité
standardisée…à l’inverse de l’objet artisanal, objet unique qui prouve le savoir-faire unique de
l’artisan.

c. l’homme au travail, un homme nié ?

Lire et commenter le texte 6 (NIETZSCHE)

Le travail non seulement écrase, abrutit le travailleur mais il l’oblige encore à se fondre dans le
conformisme et au lieu d’être un outil de liberté, sert à maintenir l’ordre public et à discipliner
l’individu jusqu’à la négation de lui-même. (peut-être faire un parallèle avec les « TIG » aujourd’hui :
ces travaux d’intérêt général sont destinés à de petits délinquants comme une alternative à la prison.
Ici encore travail et discipline sont liés…et à une échelle plus effrayante encore, c’est bien la même
idée dans les camps de travail, le goulag, les camps de concentration, le bagne…réduire l’individu par
les travaux forcés. « Arbeit macht frei » sur le fronton d’Auschwitz est une terrifiante antiphrase…

Lire et commenter les textes 7-9 (Camus/Carrère)


NB : Sisyphe, dans la mythologie grecque, fut condamné, dans le Tartare, à faire rouler éternellement
jusqu’en haut d’une colline un rocher qui en redescendait chaque fois avant de parvenir au sommet.
On peut interpréter cela comme une métaphore de la vie elle-même où cette punition signifiait qu’il
n’y avait de châtiment plus terrible que le travail inutile et vain, qu’un homme aussi astucieux soit
condamné à s’abrutir à rouler un rocher éternellement.

NB : L'Absurde
Dans le langage courant, ce mot désigne ce qui n'a pas de sens (par exemple, une décision
absurde). Ce concept a été défini par Camus dans Le Mythe de Sisyphe (1942), repris dans
L'Etranger (1942), puis au théâ tre dans Caligula et Le Malentendu (1944).

8
L'Absurde commence avec la prise de conscience du caractère machinal de l'existence et de la
certitude de la mort à venir au bout d'une vie où le temps fait succéder inexorablement chaque
jour l'un à l'autre (« Sous l'éclairage mortel de cette destinée, l'inutilité apparaît. Aucune morale,
aucun effort ne sont a priori justifiables devant les sanglantes mathématiques de notre
condition »). L'Absurde naît aussi de l'étrangeté du monde qui existe sans l'homme et qu'il ne
peut véritablement comprendre.
L’absurde est ainsi la conséquence de la confrontation de l’homme avec un monde qu'il ne
comprend pas et qui est incapable de donner un sens à sa vie (« Ce divorce entre l'homme et sa
vie, l'acteur et son décor, c'est proprement le sentiment de l'absurdité. »)

Commentaires des textes :

DONC « il faut imaginer Sisyphe heureux » (fin du texte de Camus) : comment le travail peut-il
participer de la joie et du bonheur humains ? Lire le texte 8.

NB : La Révolte
Pour Camus, il n'est pas question de renoncer face à l'absurdité de la vie. La révolte, concept
développé par Camus dans L'Homme révolté en 1951, est une réponse à l'absurde.
Il s'agit pour Camus de dépasser l'absurde avec des moyens purement humains, sans chercher le
secours d'une quelconque transcendance (par exemple, dans la religion) ou d'une quelconque
idéologie (par exemple, le marxisme ou l'existentialisme). Camus ne propose pas de solution
toute faite et préétablie mais considère que cette révolte doit prendre la forme d'une action
collective où l'homme est pleinement conscient de sa condition (« Je me révolte donc nous
sommes », dira-t-il dans L'Homme révolte).
C'est ainsi que la solidarité entre les hommes devient une valeur fondatrice dans La Peste et
qu'elle permet de faire face à l'Absurde, comme en témoigne la lutte du docteur Rieux et des
formations sanitaires à ses cô tés. Rieux est alors l'exemple de l'homme révolté dont
l'engagement individuel et collectif, avec des moyens uniquement humains, vient à bout de
l'absurdité de la vie, symbolisée par le fléau de la peste.

3. Le travail, sens de l’existence ?


Prise de notes en classe.
Lecture commentée des textes 10 et 11.

Prolongement - Présentation succincte des œuvres :


VIRGILE WEIL VINAVER

9
Quel travail ?

Travail et Virgile parle de lui, de sa Travail de la création : mise


création création poétique, il en abyme, Passemar, figure
artistique s’adresse à Mécène et à du dramaturge 
Auguste, invoque les
divinités

Spécificités Homme et la nature Organisation de l’entreprise ;


(thème) Comment vivre en harmonie vente, marketing, vie de
avec elle et comment la bureau, publicité…
transformer hiérarchie, réussite, argent,
Eloge du retour à la terre. pouvoir.
Ambition, concurrence,
Absurdité aussi, dérives,
violence.

Ecriture Poésie et lyrisme Argumentation directe Comédie (ironie, parodie)


Poésie didactique (lettres, articles…) Argumentation indirecte.
Aspects épiques aussi Ecriture musicale aussi :
(annonce épopée de mouvements, art de la
L’Enéide) fugue !
Entre le trivial et le terrible :
mélange des tons // comme
la vie elle-même dit MV
Veut montrer le capitalisme
comme un « cannibalisme »
joyeux et féroce
Repérer images de
GUERRE.
Points communs Quelle que soit l’époque, quel que soit le type de travail, les œuvres nous interrogent sur
l’homme face à la nature, l’homme face à la société, l’homme face à soi.

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