PHILO INTRDUCTION A L’ETUDE DES ŒUVRES AU PROGRAMME DE 2023 BCPST

Remarques : Certes il y a peut-être quelque chose comme le travail mais, outre le fait que cette notion est apparue
tardivement dans l’histoire de l’humanité, et qu’elle est une construction historique et sociale. On ne peut pas
penser le travail sans penser aux conditions de travail. Est-ce que c’est le travail qui est inhumain ou n’est-ce pas
l’organisation et les conditions du travail ? Selon Simone Weil, c’est le travail sous la modélisation de l’industrie. Le
mot travail vient de tripalium qui signifie torture. Chez Virgile, le travail ne rime pas avec torture.

L’espace et le temps du travail, à quelle heure vivons-nous ? Il y a une exceptionnelle pluralité des types de travails.
Comment on se représente le travail, qu’est-ce qu’on y connait ? Le travail peut nous être invisible. Le même mot
« travail » regroupe des choses complètement différentes. Le travail c’est toujours une réalité socio-historique.

Le travail n’est pas là simplement pour subvenir à nos besoins. Il peut aussi être là pour nous accomplir. Le travail
asservit-il ou m’accomplit-il ? Un métier c’est aussi une reconnaissance sociale et humaine. Le travail c’est un statut
social.

David Graeber, anthropologue américain parle de « bullshit job ». Il y a une différence entre métier, emploi, job. Un
métier est un accomplissement, ça engage la maitrise d’une technique. Les bullshit job sont des fonctions plutôt
valorisées, ils sont apparus récemment, les personnes qui exercent ces jobs ne savent pas concrètement ce qu’ils
font.

Lettre du 31 janvier 1936, Simone Weil à Victor Bernard, p.94 : « j’ai eu tout le mal du monde à conserver le
sentiment de ma dignité ». Dans la même lettre, quelques lignes plus loin, p.95 « me transformer en bête de somme
docile ». Il y a un vocabulaire de l’animalisation. Bête de somme ce n’est plus de l’humain mais de la force de
production. Quelqu’un qui ne se voit que par son salaire est complètement aliéné. Qu’est-ce qu’on vaut vraiment ? Il
y a des cadres qui sont des bonnes bêtes de somme dociles car on a acheté leur silence en les payant bien. Un
travailleur peut-il avoir conscience de lui-même ou est-il complètement aliéné ? « Le dimanche seulement je prenais
conscience de moi-même ». Est-ce le travail qui est aliénant ou les conditions de travail qui le sont ? L’aliénation est
un phénomène psychique, c’est quad je suis devenu étranger à moi-même, je ne sais plus qui je suis, ce que je veux.
Cela donne quelqu’un qui souffre dans sont travail. L’exploitation c’est un phénomène économique en théorie
marxienne, chez Marx, l’exploitation c’est la part de travail effectuée qui n’est pas payée par son salaire. L’idée du
salariat c’est que l’homme se transforme en marchandise.

Dans quelle mesure le travail construit ou détruit-il la dignité humaine ?

Qui sommes-nous quand nous travaillons ? Quelle est cette forme d’humanité que rend possible l’activité du travail ?
La souffrance ou la pénibilité du travail accorde-t-elle un surcroit d’humanité ou rend-elle inhumain ? Chez Simone
Weil ce sont les conditions du travail qui font perdre la dignité et pas le travail en lui-même. Simone Weil veut
penser le travail en travaillant. Si l’humain est toujours un animal qui pense, alors le travail a du sens. Il y a une
grande joie que déprouver un bon épuisement. En travaillant, suis-je reconnue tant qu’être singulier.

Qu’est-ce que je travaille ? Est-ce qu’on travaille du bois ou ce bois ? A partir de n’importe quelle matière est-ce
qu’on peut faire n’importe quoi ? Travailler est-ce imposer une forme préalablement déterminée sans être attentif à,
ou au contraire être à l’écoute, se soucier de la richesse intrinsèque de cette matière.

« La forme qu’il voulait créer était étoffée dans la matière. »

Est-ce qu’on impose la force de sa volonté ou est-ce qu’on met toute sa volonté à embrasser le possible.