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travail" publié en 1988, soulève l'idée selon laquelle notre appartenance à la sphère
publique, notre existence sociale et notre identité sont principalement déterminées
par le travail rémunéré, en particulier le travail salarié. Selon Gorz, c'est à travers le
travail que nous nous insérons dans un réseau de relations et d'échanges, où nous
nous comparons aux autres et obtenons des droits sur eux en échange de nos
devoirs envers eux. Cette affirmation interroge le rôle du travail rémunéré dans la
construction de notre identité et de notre place dans la société. Nous pouvons donc
nous demander : Dans quelle mesure le travail rémunéré, détermine-t-il notre
appartenance à la sphère publique, notre existence sociale et notre identité, tout en
suscitant des contradictions et des limites qui remettent en question cette affirmation
? Nous parlerons dans un premier temps du travail rémunéré comme fondement de
l’existence sociale, puis nous verrons l’insertion dans un réseau de relations et
d’échanges, et enfin nous discuterons des limites et des contradictions du travail
rémunéré. Pour explorer cette question, nous mobiliserons les œuvres "Les
Géorgiques" de Virgile,"Par-dessus-bord" de Michel Vinaver et "La condition
ouvrière" de Simone Weil. Dans cette discussion, nous analyserons les différentes
perspectives de ces auteurs sur le travail rémunéré et son influence sur l'existence
sociale et l'identité.
Dans l'œuvre "Les Géorgiques" de Virgile, l'auteur aborde la relation entre l'homme
et la terre cultivée. Virgile met en évidence le rôle essentiel du travail agricole dans la
construction de la civilisation et de la société. Il décrit le travail des agriculteurs
comme un acte sacré qui permet de maintenir l'ordre social et d'assurer la prospérité
collective. Ainsi, le travail rémunéré, représenté ici par le travail agricole, est perçu
comme une condition nécessaire à l'appartenance à la sphère publique et à la
construction d'une société équilibrée.
Dans "Les Géorgiques" de Virgile, le travail agricole est également présenté comme
un moyen de tisser des liens sociaux et d'entretenir des relations interpersonnelles.
Les agriculteurs se regroupent, partagent leurs connaissances et s'entraident
mutuellement dans leurs activités agricoles. Ainsi, le travail rémunéré devient un
vecteur de solidarité et de cohésion sociale, permettant aux individus de se mesurer
aux autres et de trouver leur place dans la communauté.
Lubin critique les employés qui dans la concurrence perdent toute fraternité et sont prêts à
tuer « leur propre mère si ça pouvait servir leur carrière »
B. Les droits et devoirs dans les relations professionnelles
Simone Weil, dans "La condition ouvrière", met en évidence les déséquilibres de
pouvoir existant dans les relations de travail. Les travailleurs sont souvent confrontés
à des devoirs rigoureux envers leurs employeurs, mais leurs droits sont souvent
limités et peu protégés. Weil souligne la nécessité d'établir un équilibre entre les
droits et les devoirs dans les relations professionnelles afin d'assurer une justice
sociale.
Dans "Par-dessus-bord" de Michel Vinaver, les employés sont soumis à des pressions
constantes pour atteindre des objectifs de productivité, mettant en évidence la
prédominance des devoirs envers l'entreprise et la hiérarchie. Les droits des travailleurs sont
souvent relégués au second plan, ce qui peut entraîner des injustices et des frustrations. Ex :
Lubin : « C'est vrai que je passe plus de temps avec vous qu'avec ma femme »
Dans "La condition ouvrière", Simone Weil met en lumière les exclusions et les
inégalités sociales qui peuvent découler du travail rémunéré. Certains individus
sont marginalisés et privés de l'accès à un emploi décent, ce qui compromet
leur appartenance à la sphère publique et leur existence sociale. Weil souligne
ainsi les limites du travail rémunéré en tant que fondement de notre identité et
de notre place dans la société, mettant en évidence les inégalités structurelles
qui en découlent.