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ATTAL

Adam
TC

Philosophie
Sujet de dissertation : Le travail est-il nécessaire pour se réaliser ?
« Je n’aime pas le travail, nul ne l’aime ; mais j’aime ce qui est dans le travail, l’occasion de se
découvrir soi-même. ». Joseph Conrad, écrivain polonais britannique, nous présentais ainsi le travail,
comme quelque chose de pénible et il ne laisse pas penser le contraire. Malgré cela, il dit que le
contenu du travail permet à une découverte de soi-même. En effet, nous pouvons dire que les choses
peuvent être découvertes que si elles sont préalablement couvertes, autrement dit cachées.

Ainsi, il est important de définir le travail : dans un sens général, le travail est une activité humaine
exigeant un effort soutenu, qui vise à la modification des éléments naturels, à la création et/ou à la
production de nouvelles choses, de nouvelles idées. Philosophiquement, le travail est vu comme le
moyen qui a permis à l’Homme de sortir de son état de nature, c’est par le travail

Aujourd’hui, lorsqu’on pense au « travail », on pense surtout à l’activité rémunérée, le travail


rémunérateur au sens économique. Il est notre moyen de subsistance et d’indépendance, puisque sans
lui il est difficile, si ce n’est impossible, de vivre convenablement. Ainsi, on peut penser à l’expression
« gagner sa vie », qui prend tout son sens dans ce contexte. On rappelle l’origine étymologique du mot
« travail », elle renvoie à l’idée de contrainte, qui vient du latin « tripalium » qui désigne aussi un
instrument de torture et d’immobilisation de la personne condamnée. Cette origine a été de
nombreuses fois contestées, ce qui montre que le travail n’est pas toujours une contrainte, qu’il peut
avoir un but autre que la simple indépendance économique.

En effet, ce travail salarié n’est pas le seul type de travail, le sport, les arts, les études et le ménage
sont du « travail », bien qu’ils ne soient pas toujours rémunérés. On peut alors se demander quel est
son but ? Pourquoi faire du sport ? Pourquoi dessiner ? Pourquoi faire des études ? On veut atteindre
un objectif, se dépasser, se perfectionner.

Le philosophe Michel Lacroix posait que « se réaliser » signifiait deux choses : tout d’abord « se
percevoir comme un réservoir de possibles. « Je suis une promesse de possibilités », écrivait Martin
Heidegger », autrement dit des capacités et des objectifs. Et ensuite, on met en œuvre ce « réservoir
de possibles », on passe de l’idée à l’acte, « du virtuel au concret ». Pour lui, c’est la maxime de
Nietzsche : « Deviens ce que tu es. ».

De ce fait, on constate un point commun entre le « travail » et « se réaliser », puisque l’un et l’autre
représente un mouvement vers l’avant, l’exécution d’une action pour la création d’une chose.
Cependant, cette chose peut être différente selon que ce soit une chose du travail, ou une chose de la
réalisation de soi. Forcément on peut se dire que le travail permet de se réaliser, mais est-il nécessaire
à cet objectif ? Nécessaire, c’est ce qui ne peut pas ne pas être, on l’oppose à contingent : cela désigne
tout ce qui peut être différent.

Ainsi, on peut se poser la question suivante : le travail est-il une activité indispensable afin de parvenir
à cet objectif de la réalisation de soi ?

Pour se faire, nous verrons que le travail, au sens économique, est en effet important afin de se
réaliser, qu’il peut être nécessaire, mais qu’à l’inverse, il peut devenir un obstacle à cette réalisation.
Par conséquent, il faut délaisser la partie économique du travail et s’y intéresser avec plus de « liberté
».
ATTAL
Adam
TC

I/ La réalisation de soi s’effectue obligatoirement avec le travail

Dans un premier temps nous pouvons dire que le travail est nécessaire pour l’aboutissement ainsi que
l’épanouissement de soi. En effet, le travail peut être considéré comme une profession, c’est-à-dire
qu’il permet de se projeter, « pro » voulant dire devant. Un métier permet d’avoir socialement sa place
au sein d’une société et d’appartenir à une catégorie spécifique et à un système de production. Marx
parlerait de « classes sociales ». La profession, l’encadrement de ce travail finalement, nous met en
mouvement et transforme qui l’on est.

Malgré l’origine étymologique du mot, c’est-à-dire la contrainte, le travail permet l’indépendance. En


effet, avoir un travail, autrement dit une source de revenu, permet d’avoir un toit, de quoi manger, de
vivre et ainsi de suite, c’est « gagner sa vie » (nous verrons le revers de la médaille plus tard). Tout
comme il est ce qui a permis à l’Homme de transformer la nature en fonction de ses besoins, nous
faisant sortir d’un état animal/primitif, le travail est aussi ce qui permet à l’enfant de passer à l’âge
adulte. On peut penser au philosophe français Henri Bergson qui disait que l’homme est un homo
faber, c’est-à-dire un homme qui est capable de fabriquer ses outils, ce qui lui permet, par son pouvoir
créateur, de se différencier de l’animal et de faire société. De ce fait, on dit souvent qu’être adulte
c’est être indépendant, après tout, c’est une forme de réalisation de soi. En effet, on passe d’un état
presque passif où tout est censé nous être fourni, à un état où le nouvel adulte doit s’autogérer, et
réaliser des actions ingrates, pourtant nécessaires (comme remplir sa feuille d’impôt ou trouver la
bonne assurance, par exemple). Le travail permet ainsi une première indépendance.

Ensuite, le travail permet une seconde indépendance, vis-à-vis des autres et de la société. Cela relève
plus d’un élément moral/psychologique que la première, qui est plus physique/matérielle. En premier
lieu vis-à-vis des autres, on peut faire référence à la dialectique du maitre et de l’esclave d’Hegel :
l’esclave est celui qui fait tout le travail, tandis que le maitre se prélasse dans l’oisiveté, l’un est
dépendant, et l’autre indépendant. Cependant, cela permet à l’esclave, le dépendant, d’apprendre et
maîtriser les techniques du travail qui lui offriront l’indépendance et la liberté. Le maitre ne sachant
plus rien faire devient alors le dépendant. On peut faire un parallèle avec la robotisation de l’industrie.
De nombreuses personnes rêvent d’un monde où les activités les plus pénibles seraient réalisées par
les robots, ce qui est tout à fait louable en soit. Mais on peut alors questionner et même critiquer les
possibles dérives : et si les robots ne marchent plus, que faisons-nous ? C’est un raisonnement similaire
avec Internet, puisque nous n’avons plus l’habitude de faire des recherches dans les livres. L’activité
qu’est le travail nous permet de conserver ces techniques et, in fine, notre indépendance.

Enfin, pour Emmanuel Kant, le travail est un devoir moral envers société mais aussi envers soi-même.
Contrairement à Rousseau qui disait que le penchant naturel de l’Homme était la paresse, Kant affirme
que le travail est de son essence. Pour lui, même la punition que Dieu aurait infligé à Adam et Eve,
travailler, n’est finalement pas une sanction, parce que sinon ils auraient été en proie à l’ennui. Il pose
que le travail permet à l’Homme d’affiner ses qualités, de donner un but à son existence. Pour lui, se
réaliser, c’est se surpasser dans le travail. Et on peut confirmer une partie de cette pensée, qui n’a
jamais eu la satisfaction d’un travail bien fait ? Pareillement à une nuit de sommeil, cette satisfaction
peut encourager les individus à avancer, à se dépasser, à se surpasser.

Quand le travail a du sens il donne naissance. Il faudrait donc que le travail ait du sens pour qu’ils nous
permettent de nous réaliser et permette la création de quelque chose de nouveau. Mais que veut dire
avoir du sens ? Le sens peut s’apparenter à une direction, un cap que l’on doit suivre et qui nous
mènerait vers la réussite. Le sens peut aussi vouloir dire la signification de quelque chose, quelle est
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sa fonction, à quoi elle sert… Par exemple un homme qui aime son travail pourra évoluer de jour en
jour que ce soit dans sa vie privée ou dans sa profession. De ce fait, pour cet homme, son travail sera
une chance et une possibilité de se surpasser dans ce qu’il aime.

Cependant, il arrive que le travail devienne une plaie, parce qu’il est pris comme un moyen pour en
arriver à un but autre. Et qu’en plus, ce travail soit pénible au point de presqu’aliéner le travailleur :

II/ Le travail peut être un frein à la réalisation de soi

Le fait d’être oisif est mal vu dans la société, on est considéré comme une personne qui ne veut rien
faire de sa vie. Mais en même temps, le travail peut être une corvée, une torture, une activité qui ne
fait que peser sur le dos du travailleur.

A / Le travail, un outil pour éviter l’ostracisme social

Comme nous l’avons vu, le travail permet l’intégration d’une personne dans la société, il est souvent
vu comme un devoir moral.

Cependant, ne pas travailler est très mal perçu par la société en général. Une personne ne travaillant
pas peut être victime de ce qu’on appelle l’opprobre ou l’ostracisme social : c’est une sorte de mise à
l’écart de l’individu par les autres membres de la société pour un comportement ou des actions qui
sont jugées condamnables par ces derniers. Cette sorte de rejet de la société n’est pas supportable
pour beaucoup. La solitude qu’il peut engendrer peut conduire à une dépression, et même aller
jusqu’au suicide.

Le fait de ne pas travailler peut être volontaire, comme involontaire. Par exemple, dans l’œuvre
d’Emmanuel Boves « Mes amis », le personne de Victor Bâton est un rentier qui passe ses journées à
errer dans Paris à la recherche d’amis. Il est très mal vu par ses voisins parce qu’il ne travaille pas. En
général, les personnes gagnant de l’argent sans travailler, selon une définition classique du travail, sont
mal vus, par exemple les rentiers (comme Victor Bâton), les propriétaires immobiliers, et plus
récemment ceux qui sont dans la cryptomonnaie (i.e. une monnaie numérique qui n’a pas besoin d’une
banque centrale, c’est de la pure spéculation). Toutes ces personnes ne veulent pas travailler de façon
classique, et préfèrent passer par d’autres voies pour gagner de l’argent.

Chez les involontaires, on peut aisément penser aux chômeurs, c’est-à-dire des personnes qui ont déjà
travaillé mais qui sont sans emploi. « Le chômeur » est en général vu comme une personne assistée et
ne voulant pas travailler (même si un rapport de 2017 montrait que 86% des chômeurs cherchaient
activement un emploi, les 14% restant étant des personnes en fin de droit). Ces personnes veulent
récupérer un emploi pour les raisons qu’on a vu précédemment, mais surtout pour gagner leur vie. «
Gagner sa vie », dans le sens où pour vivre d’une façon ‘normale’, il faut une source de revenus
suffisante pour vivre, pour la nourriture, pour l’eau, pour une habitation…etc. Ce sont les premiers
besoins qu’un être humain doit remplir avant même de penser à « se réaliser », ce sont les besoins
physiologiques de la Pyramide de Maslow.
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Ainsi, dans cette quête pour sa survie, un individu ira accepter un travail rabaissant, ou même indigne,
avec des conditions de travail bien inférieures :

B. L’aliénation par le travail :

Le travail peut être considéré comme une soumission. On rappelle, qu’étymologiquement, le mot
travail vient de tripalium, un outil de torture. Le travail serait donc une torture, qui ne nous laisse pas
maître ni de notre corps ni notre esprit. L’objectif étant la soumission complète de l’âme. Par exemple,
dans la bible, le travail est une punition divine envers Adam et Eve.

En travaillant on gagne sa vie, mais se faisant on perd une partie de cette vie, puisqu’on est soumis au
travail et qu’on n’est pas maître de soi-même. Ainsi, dans certaines conditions, le travail va aliéner les
individus. L’aliénation est un processus par lequel quelqu’un est dépossédé de ce qui le constitue, il
devient une espèce de coquille vide qui ne réfléchit plus, comme un robot qui n’éprouve plus de
sentiments et que rien ne peut perturber. Marx en parlait déjà dans ses ouvrages, le travail peut ôter
toutes caractéristiques humaines aux individus, ils ne sont plus que des outils. Nous en avons une
illustration dans « Les Temps modernes » de Charlie Chaplin.

Cependant, Karl Marx ne condamne pas le travail en soi, mais une certaine forme de travail qui permet
ainsi au patronat de poser ses conditions, notamment lors que le travail est seulement le moyen de
satisfaire des besoins hors travail.

Lorsque l’homme est dispensé de travailler, car le travail apparait comme une obligation, il est plus
apte à se réaliser et à participer à son épanouissement.

III/ D’autres éléments nécessaires à la réalisation de soi-même

Le loisir est un des éléments nécessaire à la réalisation de soi et au bien-être physique mais il se divise
en plusieurs notions dont l’art et le sport. En effet, le loisir permet de maquiller certaines de nos
pulsions par l’art par exemple en les sublimant. La sublimation est un mécanisme de défense visant à
transformer et à orienter certains instincts ou sentiments vers des buts de valeur sociale ou affective
plus élevée. En effet, l’art permet de transformer la boue de nos pulsions, nos sentiments moralement
discutables en quelque chose de beau, comme dans le roman Les Fleurs du Mal de Charles Baudelaire.
L’art permet de se purifier ou encore de se purger. Il faut savoir qu’il y a toujours quelque chose de
caché que l’art veut nous montrer, l’art nous permet d’extérioriser notre inconscient. Ce qu’il y a de
beau en nous c’est ce qui est laid c’est-à-dire que nos pulsions peuvent, si elles sont transposés dans
la réalité devenir belles aux yeux des autres car elles sont artistiques. Comme disait Freud, « Il s’agit
de la transformation de la tendance sexuelle avec des tendances esthétiques. ». La tendance sexuelle
est la tendance esthétique, la pulsion sexuelle de vie et de mort. L’esthétique n’est pas que quelque
chose de jolie mais c’est ce qui a une valeur d’existence. L’art vient du latin « Ars » qui veut dire
technique. En effet, technique qui vient du grec « technè » fait référence au fait de fabriquer, de
construire… La technique c’est ce qui permet de dépasser notre laideur pour une beauté, ou encore
de dépasser notre difficulté comme aux arts martiaux par exemple. La technique relève donc d’une
exigence. L’exigence c’est la qualité d’une chose qui exige beaucoup.

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