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Par la suite, le travail procure une identité. En effet, l'individu acquiert un statut
et une place dans la société dans laquelle il vit. Il est ainsi connu et reconnu: il
existe socialement. Selon André Gorz, malgré le fait qu'il soit une contrainte
sociale, le travail confère cette identité qui donne aux individus le sentiment
de valeur et de reconnaissance. Comme sous-entendu dans le texte de
Dominique Méda publié en 1995, le travail et l'unique accès à “la sociabilité,
l'utilité social ou encore l'intégration” : beaucoup de facteurs qui semblent
essentiels au bonheur et à l’épanouissement d’un individu tout au long de sa
vie. Par ailleurs, selon Marx, le travail est l'essence de l'homme: c'est en
fonction des autres que nous existons. De même, comme l'évoque Sartre
dans le roman “L'existentialisme est un humanisme”, “ ce n'est que par ses
actes qu'on peut définir un homme”. On peut alors dire qu’autrui est révélateur
de notre identité comme l'évoque Descartes à travers ses réflexions
stoïciennes. C’est donc grâce à la place dans l’entreprise ou plus largement
dans la société que le travail nous offre le moyen d’exister à travers le regard
des autres.
Enfin, le travail présente un intérêt pour les hommes. En effet, il est essentiel
qu'il ait un sens pour l’individu qui sait reconnaître sa valeur. Il est dans la
nature de l’Homme de vouloir évoluer et faire le bien autour de lui. On peut
citer par exemple l'enseignement ou encore le soin, qui procurent de
l'épanouissement pour certaines personnes en fonction de leur caractère et
de leurs principes moraux. Je me permettrais par exemple de rapprocher cela
au film “ Le cercle des poètes disparus” réalisé par P. Weir en 1990. Le
professeur de poésie J.keating, dont le héros est fasciné, présente un
enseignement peu conventionnel. Celui-ci aura su procurer une envie de
libération et d'émancipation dans l’université austère de Welton.Le professeur
va ainsi à l'encontre de l'éducation voulue par le doyen et annonce:”je veux
forger des esprits libres”. Chez lui , l’envie de transmettre est innée et serait
prêt à sacrifier sa vie pour son métier qui le stimule.
Dans un second temps, nous pouvons voir que le travail n'est qu'un rouage
pour atteindre la vie souhaitée. Il faut donc le désacraliser afin qu'il ne garde
qu’une place secondaire dans la vie des individus. En effet, le travail n'est
qu'une contrainte sociale. Il est infligé à l'homme par des individus qui lui sont
supérieurs. Dès sa création, le travail possède cette dimension pénible et
négative. Tout bien considéré, c'est une action dictée par l'extérieur et qui
pèse sur l'être humain. On peut faire référence à certaines références
religieuses telles que Prométhée, qui a doté l'être humain de la technique lors
de sa création. Ainsi l'homme se doit de travailler, puisque l'être humain est le
fabricant d'outils qui lui permettent de maîtriser la nature. Dans ces deux cas,
le travail est infligé aux êtres humains par des êtres supérieurs et c'est le seul
moyen qu'ils ont pour survivre. Depuis le 19em siècle, la société vante la
réussite de certains hommes qui appartiennent à l'élite.D’un autre côté,les
ouvriers ne sont plus considérés comme des Hommes mais comme des
forces de travail utilisés par la société pour produire des richesses.Le travail
est alors vidé de son sens, il en devient même déshumanisant et aliénant.
C’est de là que proviennent les théories marxistes qui présentent le travail
comme une nécessité afin de survivre dans une société capitaliste.
Par ailleurs, le travail permet de mieux apprécier son temps libre. Celui-ci
structure le temps et permet de vaincre l’ennui.On peut citer l’adage” Le travail
a été inventé par Dieu pour vaincre l'ennui".En contraste, le temps libre prend
tout son sens et semble précieux: c’est un temps de libertés totales. L'ennui
peut cependant advenir aussi lors du travail. Pour reprendre l’exemple du
texte de David Graeber, le bore out signifie que certains salariés sont “rongés
par l’ennuie” au travail et perdent intérêt en celui-ci. Ils sont conscients
d'effectuer des tâches sans réelle utilité. Pour aller plus loin, on peut citer
B.Pascal :”le travail est un divertissement qui occupe une grande partie de la
vie et qui masque les problèmes essentiels de l’existence humaine.” On peut
comprendre dans ses mots que le travail symbolise une distraction face aux
méandres de la pensée. Dans ce cas cité, la distraction permet à l’esprit de se
détourner des pensées déplaisantes que l’homme peut s’infliger. Ainsi, le
travail peut se montrer libérateur et non comme une obligation.