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Marine Gasnier T6 DM de philo

1/ Afin de répondre à la question “le travail est-il en perte de sens”, il serait


important de commencer par analyser les termes principaux. Le travail
représente l'ensemble des activités humaines professionnelles rémunérées.
Depuis plusieurs siècles, l'être humain transforme ce qui l'entoure pour
satisfaire ses besoins. D'un autre côté, le sens symbolise la représentation
d’une chose en fonction d’un point de vue. Cependant, dans le thème actuel, il
peut aussi représenter le besoin de satisfaire : en effet, en l’absence de sens,
l’homme n'éprouve plus d'intérêt et perd l'idée de raison, qui s’associe au
sens. Pour se rapprocher des textes, le premier de David Graeber évoque
l'apparition d'emplois qui, justement, perdent du sens. Il part donc du principe
que le travail à l'origine avait du sens. Il instaure donc le concept de “bulllshit
jobs” qui caractérise les métiers “qui reposent sur des tâches ingrates et sans
réelle utilité”. L’auteur explique qu’il s’agit ici d’un problème politique et
sociétal, car, comme Keynes l’avait annoncé dans les années 30, la société
aurait dû évoluer en diminuant le temps et la quantité de travail, car la
technologie aurait dû remplacer en partie la main d'oeuvre de l’homme. À
l'inverse, les Hommes se sont inventés du travail supplémentaire en créant de
nouveaux métiers dits inutiles. Cependant, pour se rapprocher du texte 2 écrit
par la sociologue D. Meda, on peut comprendre que les individus veulent
continuer à travailler car le travail représente le lien social et l’estime des
individus. Ceux-ci considèrent que le travail est le seul accès à la sociabilité et
ont tendance à le sacraliser: ils ont de trop fortes attentes. Par ailleurs, il est
dans la nature humaine de rencontrer et entretenir des relations entre
individus. Mais la sociologue interroge sur la place du travail :ne serait-il pas
préférable de réduire ce temps de travail pour instaurer d’autres modes de
sociabilités dans l’espace public par exemple?
2/ Pour commencer, l'étymologie latine du travail “tripalium” signifie instrument
de torture. En effet, le travail est souvent lié à la souffrance et a une
connotation négative. On peut rapprocher cela avec le roman “Changer l'eau
des fleurs'' de F.Perrin. En effet, l'héroïne voit sa vie se ternir lorsqu'elle
devient garde cimetière. Elle est impactée par cette atmosphère et réduit son
travail à sa vie, avec pour rencontre uniquement les personnes en deuil
venues se recueillir. Sa vie, rythmée par les enterrements, prend une tournure
grise, où elle s'enferme dans son travail dans lequel elle s'investit
complètement et sans limite. Elle perd ainsi toute notion de temps, de
vacances et de distraction. Ce n'est qu'au bout de longues années qu'elle sort
de ce quotidien triste et morose pour enfiler des vêtements de couleur et
afficher un sourire sur son visage. De surcroît, c'est autour de différentes
tombes qu'elle remettra les valeurs de sa vie en question. En outre, comme
l'annonce Platon dans “Apologie de Socrate”:” une vie sans examen ne vaut
pas la peine d'être vécue” ; Cependant, selon Kant , toute vie est digne d'être
vécue . Toute vie doit alors être respectée et honorée. En effet, l'homme n'est
pas un objet conçu pour avoir une utilité puis ensuite être remplacé quand il
ne correspond plus aux besoins. Quelle place occupe donc le travail dans une
vie digne d'être vécue ?Le travail doit-il prendre du sens pour les individus ou,
au contraire, mérite qu’on le désacralise ? Nous verrons dans un premier
temps qu'il occupe une place primordiale : il est donc ainsi essentiel qu'il ait
un sens pour l'individu puis, dans un second temps, nous verrons qu’il peut ne
symboliser qu’un rouage afin d’atteindre la vie souhaitée.
Tout d'abord, le travail semble avoir une place primordiale dans la vie des
individus: il semble essentiel afin de vivre car il est l’une des rares sources de
revenus durable et légale. C’est donc en travaillant que l’homme obtient des
récompenses matérielles telles que de l’argent, afin de subvenir à ses
besoins. Aujourd’hui dans le monde, il est très difficile de vivre et survivre
gratuitement que ce soit au crochet des autres par du bénévolat ou par ses
propres moyens . L’argent offre des libertés tels que le pouvoir d’achat ou
encore la possibilité de choisir, que ce soit son loyer ou sa nourriture.
Cependant,dans certaines situations, les Hommes sont prêts à accepter tous
les postes proposés car ils sont dans l’urgence. En effet, l’inquiétude de ne
pas pouvoir subsister avec ses propres moyens poussent les individus à
accepter toutes les propositions d’emplois, sans réel intérêt ou sans
connaissances des valeurs à défendre dans ce métier. C’est dans cette
situation que certains emplois dits”inutiles” apparaissent, comme évoqués
dans le texte de David Graeber en 2013. Ces individus présentent alors le
travail comme une contrainte afin d’obtenir des revenus car celui-ci est
imposé par la société et ils n’ont pas d’autre choix que de s’y soumettre.

Par la suite, le travail procure une identité. En effet, l'individu acquiert un statut
et une place dans la société dans laquelle il vit. Il est ainsi connu et reconnu: il
existe socialement. Selon André Gorz, malgré le fait qu'il soit une contrainte
sociale, le travail confère cette identité qui donne aux individus le sentiment
de valeur et de reconnaissance. Comme sous-entendu dans le texte de
Dominique Méda publié en 1995, le travail et l'unique accès à “la sociabilité,
l'utilité social ou encore l'intégration” : beaucoup de facteurs qui semblent
essentiels au bonheur et à l’épanouissement d’un individu tout au long de sa
vie. Par ailleurs, selon Marx, le travail est l'essence de l'homme: c'est en
fonction des autres que nous existons. De même, comme l'évoque Sartre
dans le roman “L'existentialisme est un humanisme”, “ ce n'est que par ses
actes qu'on peut définir un homme”. On peut alors dire qu’autrui est révélateur
de notre identité comme l'évoque Descartes à travers ses réflexions
stoïciennes. C’est donc grâce à la place dans l’entreprise ou plus largement
dans la société que le travail nous offre le moyen d’exister à travers le regard
des autres.

Enfin, le travail présente un intérêt pour les hommes. En effet, il est essentiel
qu'il ait un sens pour l’individu qui sait reconnaître sa valeur. Il est dans la
nature de l’Homme de vouloir évoluer et faire le bien autour de lui. On peut
citer par exemple l'enseignement ou encore le soin, qui procurent de
l'épanouissement pour certaines personnes en fonction de leur caractère et
de leurs principes moraux. Je me permettrais par exemple de rapprocher cela
au film “ Le cercle des poètes disparus” réalisé par P. Weir en 1990. Le
professeur de poésie J.keating, dont le héros est fasciné, présente un
enseignement peu conventionnel. Celui-ci aura su procurer une envie de
libération et d'émancipation dans l’université austère de Welton.Le professeur
va ainsi à l'encontre de l'éducation voulue par le doyen et annonce:”je veux
forger des esprits libres”. Chez lui , l’envie de transmettre est innée et serait
prêt à sacrifier sa vie pour son métier qui le stimule.

Dans un second temps, nous pouvons voir que le travail n'est qu'un rouage
pour atteindre la vie souhaitée. Il faut donc le désacraliser afin qu'il ne garde
qu’une place secondaire dans la vie des individus. En effet, le travail n'est
qu'une contrainte sociale. Il est infligé à l'homme par des individus qui lui sont
supérieurs. Dès sa création, le travail possède cette dimension pénible et
négative. Tout bien considéré, c'est une action dictée par l'extérieur et qui
pèse sur l'être humain. On peut faire référence à certaines références
religieuses telles que Prométhée, qui a doté l'être humain de la technique lors
de sa création. Ainsi l'homme se doit de travailler, puisque l'être humain est le
fabricant d'outils qui lui permettent de maîtriser la nature. Dans ces deux cas,
le travail est infligé aux êtres humains par des êtres supérieurs et c'est le seul
moyen qu'ils ont pour survivre. Depuis le 19em siècle, la société vante la
réussite de certains hommes qui appartiennent à l'élite.D’un autre côté,les
ouvriers ne sont plus considérés comme des Hommes mais comme des
forces de travail utilisés par la société pour produire des richesses.Le travail
est alors vidé de son sens, il en devient même déshumanisant et aliénant.
C’est de là que proviennent les théories marxistes qui présentent le travail
comme une nécessité afin de survivre dans une société capitaliste.

Par la suite, on peut se demander si l’homme ne s’impose pas cela à


lui-même. L'homme n'est t-il pas libre de se faire ses propres choix et donc de
décider librement lui-même ? Selon Jean-Paul Sartre, l'homme est libre et
responsable de ce qu'il fait. Toutes les activités qu'il fait sont donc réalisées en
pleine conscience et avec réflexion. Dans ce sens, le travail est aussi symbole
de vertu, qui est primordiale et en constante recherche chez les Hommes. En
effet, ne pas devoir dépendre des autres peut être considéré comme une
réussite et une fin en soi. De la même manière,comme l’évoque Kant, le
travail permet de se libérer de la nature en soi. Dans la plupart des cas, quel
que soit le métier, le travail apporte de la confiance en soi et permet de
conserver ses capacités intellectuelles. Cependant, cet argument ne rentre
pas dans l'exemple du texte de David Graeber qui évoque de son côté le
phénomène des “jobs à la con”, termes qu’il emploie.

Par ailleurs, le travail permet de mieux apprécier son temps libre. Celui-ci
structure le temps et permet de vaincre l’ennui.On peut citer l’adage” Le travail
a été inventé par Dieu pour vaincre l'ennui".En contraste, le temps libre prend
tout son sens et semble précieux: c’est un temps de libertés totales. L'ennui
peut cependant advenir aussi lors du travail. Pour reprendre l’exemple du
texte de David Graeber, le bore out signifie que certains salariés sont “rongés
par l’ennuie” au travail et perdent intérêt en celui-ci. Ils sont conscients
d'effectuer des tâches sans réelle utilité. Pour aller plus loin, on peut citer
B.Pascal :”le travail est un divertissement qui occupe une grande partie de la
vie et qui masque les problèmes essentiels de l’existence humaine.” On peut
comprendre dans ses mots que le travail symbolise une distraction face aux
méandres de la pensée. Dans ce cas cité, la distraction permet à l’esprit de se
détourner des pensées déplaisantes que l’homme peut s’infliger. Ainsi, le
travail peut se montrer libérateur et non comme une obligation.

En définitive,le travail ne peut pas être considéré comme une simple


contrainte mais il s'agit aussi d'une obligation qui permet à l’Homme de sortir
de sa condition de nature afin d'atteindre sa condition humaine. Il occupe
donc une place importante dans la vie des individus de manière positive ou
non. Par exemple, il peut influencer la santé mentale des individus, avec dans
certains cas des burns out dans le cas où ils avaient des attentes trop fortes,
ou quand ils s'investissent trop sans résultats notables. Mais on peut se
demander si la dignité passe toujours par le travail. Suffit-il de trouver sa
vocation profonde et de s'abandonner dans ses passions pour vivre une vie
digne?

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