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Dissertation de philosophie

Le travail dans notre société actuelle représente un aspect de la vie d’une importance capitale et est une des
bases de notre société. Il est autant une nécessité qu’un marqueur social. Le terme travail est utilisé pour décrire
une grande variété d’activités très différentes les unes des autres. Dans nos sociétés occidentales
principalement, toutes activité consiste généralement en une forme de travail, par exemple un loisir comme
l’apprentissage d’un instrument de musique devient une tache, on “travaille son piano”. Les études constituent
également une forme de travail, lorsqu'on “travaille à l’école”. Or ce travail ne correspond pas réellement à la
définition qu’on lui donne habituellement, soit celle d’une activité de production. Et si on ne considère que le
travail de production, alors il peut lui-même être divisé en deux catégories distinctes. Le travail concret qui est
une activité technique de production qui donne naissance à un objet utile ayant une valeur d’usage, soit une
propriété intrinsèque de l’objet de satisfaire des besoins, et le travail abstrait, qui crée des biens qui n’ont pas
nécessairement de but d’utilité matérielle mais dont la valeur appelée valeur d’échange est définit
arbitrairement entre les hommes et par rapport aux autres marchandises Ainsi le travail se pose comme une
nécessité pour l’homme moderne, et donc comme une contrainte. La servitude, du latin “servos” qui signifie
servir, contient l’idée de dépendance. Par la servitude on est donc obligé par nos besoins qui en dépendent de
servir quelqu’un ou quelque chose. Or pour ceux dont la subsistance dépend de leur travail, et dès lors que le
travail devient la seule façon de subvenir à ses besoins, ne devient-il alors pas une forme de servitude pour le
travailleur ? Si le travail est donc bel et bien devenu cette contrainte pour les ouvriers, il est tout naturel de se
demander si le travail pourrait être libéré de toute servitude.

Il est facile de penser que le travail peut être libéré de plusieurs de ses aspects de servitude. En effet on peut
par exemple citer l’abolition de l’esclavage. Cette pratique qui est en son essence la servitude poussée à son
paroxysme est en effet aujourd’hui abolie dans la plupart des pays. Cela veut donc dire que personne ne peut
travailler contre son gré, rendant ainsi le travail une propriété du travailleur, éloignant donc cette pratique de la
servitude.

De plus aujourd’hui de plus en plus d’états créent des lois pour protéger les travailleurs de la servitude. En effet
une multitude de pays créent des lois du travail ainsi que des régulations vision à défendre les intérêts des
travailleurs, notamment vis-à-vis de ceux qui pourraient les asservir, afin qu’ils conservent leur souveraineté sur
leur travail.

Les différents travailleurs peuvent aujourd’hui s’unir pour défendre leur intérêt au travers des syndicats et
autres organisations. De ce fait ils peuvent défendre eux même leurs intérêts notamment lorsque ceux-ci sont
menacés, sans dépendre de l’état vu la lenteur relative de faire passer une loi par rapport à la rapidité avec
laquelle les travailleurs peuvent manifester leur mécontentement vis-à-vis de leur condition de travail
notamment, à travers ces organismes. La servitude permettrait-elle vraiment à ces ouvriers de s’exprimer de la
sorte ?

L’éducation semble également être un moyen efficace de libérer le travail de sa servitude. En effet il est souvent
dit que l’éducation s’est fortement améliorée au cours des derniers siècles, et son accessibilité nouvelle a toutes
les classes sociales est vu comme un moyen de limiter le travail dit abusif. En effet il est souvent décrit qu’un
travailleur éduqué aura plus tendance à défendre ses libertés, notamment vis-à-vis du confort de son travail. On
peut en guise d’exemple citer les travailleurs de pays pauvres ayant reçu peu d’éducation qui une fois arrivés
dans des pays développés ne rechignent pas à travailler pour des employeurs peu scrupuleux les faisant travailler
pour un salaire anormalement bas.

Le contrôle du bon fonctionnement de l’économie et de l’échange équitable par l’état semble également être
un moyen de protéger le travail de la servitude. D’après le philosophe Adam Smith, la concurrence entre les
entreprises, si elle est contrôlée par l’état, permet de limiter les abus et d’obtenir une économie profitable au
consommateur comme au travailleur.

Or du point de vue traditionnel du travail, celui-ci n’est qu’outil a la servitude. Par exemple dans la société
grecque le travail est considéré comme une tache indigne réservé aux esclaves. Cette pratique du travail n’avait
que pour but la subsistance ou le gain financier, mais qui ne devait pas être pratiqué par les hommes libres. En
aucun cas une Grecque n’aurait pu considérer par exemple la pratique d’un instrument comme un travail.

Le travail quel qu’il soit, prend un temps au travailleur qu’il aurait s'il n’avait pas eu le besoin de travailler, aurait
surement utilisé d’une autre façon. Le philosophe Nietzsche disait "Tous les hommes se divisent. Et en tout
temps et de nos jours. En esclaves et libres : car celui qui n'a pas les deux tiers de sa journée pour lui-même est
esclave, qu'il soit d'ailleurs ce qu'il veut : homme d'état, marchand, fonctionnaire, savant.” Cette façon de penser
réduirait tout travail quel qu’il soit en servitude, dont la seule façon de s’en libérer serait l’arrêt de ce même
travail.

Aujourd’hui beaucoup d’ouvriers ne profitent pas de la production. Le travailleur a la chaine n'est qu’une pièce
d’une grande machine qu’il ne comprend pas et qu’il n’a pas choisi. En effet l’ouvrier qui ne participe pas à
l’élaboration de ce qu’il produit. Au sens de Marx il n’est qu’agréable de “produire quelque chose à laquelle on
a réfléchi auparavant". L'ouvrier est constamment soumis à des impératifs de rendement, et sa force de travail
est exploité pour accumuler du capital. Il finit par devenir lui-même une marchandise

Il convient de chercher en quel sens le travail asservit le travailleur, parce que le sentiment qu'on a d'être aliéné
ne peut pas suffire à déterminer la nature de l'aliénation. Il n'est a priori pas impossible que certains êtres se
sentent écrasés par la tâche la plus légère, ou, inversement, que des travailleurs exploités se disent heureux
dans leur travail et croient s'y épanouir. Or dans ces deux formes il semble que l’asservissement du travailleur
par son travail soit une caractéristique essentielle de celui-ci

De nombreux philosophes ont essayé de trouver un vrai moyen de libérer le travail de l’asservissement.
Karl Marx, qui a beaucoup écrit sur le sujet, a proposé une solution à ce problème : l'émancipation du travail,
qui permettrait le développement de la créativité de l'individu et la formation d'un nouvel ordre social dans
lequel le travailleur ne serait plus un outil du système capitaliste. Marx affirmait que la véritable liberté ne
pouvait venir que de la fin de l'exploitation du travail, et que la seule façon d'y parvenir était d'abolir le système
capitaliste et de le remplacer par un système socialiste dans lequel les travailleurs auraient leur mot à dire sur
leur travail et leur vie. Il décrivit également que seul un travail qui utilisait la pensée du travailleur et qui lui
demandait de réfléchir était un bon travail.

Adam Smith soutenait toutefois que la seule façon d'assurer une véritable liberté était de mettre en place un
système de marché libre, dans lequel le travail de l'ouvrier est échangé contre un salaire et où l'ouvrier a le
pouvoir de déterminer ses propres conditions de travail et les produits qu'il fabrique. Smith pensait qu'en
l'absence d'intervention gouvernementale, un système de marché libre pouvait permettre aux travailleurs d'être
créatifs et productifs, et il affirmait qu'un système de marché libre apporterait le plus de richesse et de prospérité
à la société dans son ensemble.

On remarquera que la question présuppose que le travailleur subit une certaine servitude. On demande s'il est
possible de faire que toute servitude née du travail disparaisse. Cependant il faudrait savoir si la servitude est
impliquée par l'essence même du travail, ou, au contraire, si la servitude est liée à certaines formes
malheureuses du travail ou à des formes historiques qui seraient maintenant révolues.

Pour répondre à cette question, il est nécessaire de s'interroger plus profondément sur la nature du travail. A
première vue, on pourrait dire que le travail est une sorte de servitude parce qu'il implique une certaine
contrainte, une certaine obligation ; on doit travailler, on doit obéir à certaines règles, on doit être soumis à
certaines conditions. Il s'agit donc d'une servitude du corps et de l'esprit.

Cependant, on remarquera que cette servitude n'est pas nécessairement négative. Il ne s'agit pas d'un
asservissement de la personne, mais d'une servitude qui peut être transformée en un vecteur d'émancipation
et de libération.

Le travail peut être considéré comme un moyen de réalisation de soi, d'expression de soi et d'accomplissement
de soi. Il nous permet ainsi de nous élever au-delà des préoccupations matérielles et financières et de donner
un sens à notre vie. C'est un moyen de se former, de s'exprimer et d'affirmer sa liberté. C'est par le travail que
nous pouvons participer à la vie collective, à la vie de la société, que nous pouvons construire une société plus
juste et plus humaine. C’est ce qui poussera Marx à dire que le travail fait l’homme.

De plus, le travail peut être considéré comme un moyen de développement des individus. Il peut être vu comme
un moyen de créer notre propre destin, de prendre en main notre propre sort, d'être les maîtres de notre vie.
Il peut être vu comme à travers le mythe de Prométhée comme le moyen pour les hommes, a default d’avoir
des griffes ou de la force, de survivre et de s’épanouir grâce a la technique comme par exemple celle de la
maitrise du feu, au service du travail.

En conclusion, s'il est vrai que le travail conduit souvent à la servitude et à l'exploitation, il est également possible
de le libérer de ces contraintes. Les points de vue de Marx et de Smith nous offrent plusieurs voies différentes
pour atteindre cet objectif. Marx affirme que la seule façon de parvenir à une véritable liberté est d'abolir le
système capitaliste et de le remplacer par un système socialiste, tandis que Smith soutient qu'un système de
marché libre peut donner aux travailleurs la possibilité d'être créatifs et productifs. En fin de compte, ces voies
ont le potentiel de mener à une liberté et une prospérité accrue pour la classe ouvrière. On peut donc dire qu'il
est possible de libérer le travail de la servitude. Il appartient à chacun d'entre nous d’œuvrer à sa libération.
Mais si on choisit de voir le travail comme une activité essentielle pour les hommes qui ne constitue pas une
servitude dans sa forme véritable la plus pure, alors on peut dire que le travail peut être considéré comme une
libération. Tout dépend de la manière dont il est vécu et interprété. Il appartient à chacun de nous d'en tirer le
meilleur parti.

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