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Sam Gadois T°6

Commentaire de texte

Ce texte écrit par Simone Weil, une philosophe française humaniste, est un extrait de
La rationalisation, un texte qui traite de la condition des travailleurs dans les usines.
Ce texte soutient une thèse qui est que le travail est une aliénation qui réduit les
travailleurs à l’état d’outil et d’objet pour l’entreprise et les patrons ; et non plus à
l’état de personne. L’aliénation par le travail est un phénomène qui consiste à
déshumaniser les travailleurs, il les éloigne de leur nature humaine. Dans ce texte, la
notion de travail est centrale, et notamment le fait qu’il est un mécanisme qui porte
atteinte aux personnes.
À première vue, le travail est une activité source d’humanisation ; en effet, le travail,
bien que parfois fatiguant, transforme la nature hostile pour en faire quelque chose de
valeur, et donc c’est une activité qui valorise le temps passé, et la fatigue accumulée
par le travailleur. Mais n’est-il pas vrai que le travail, bien que valorisant, soit une
entrave au développement personnel des travailleurs ? Dans ce texte, Simone Weil
soutient que les travailleurs sont la propriété des patrons et de l’entreprise et qu’il faut
les dresser à la manière d’un chien, dans le but de l’utiliser à la manière d’un outil.
Elle soutient également que de ce fait, les travailleurs sont privé de tout ce qui fait
leurs humanité, à quelques exceptions près.
Après avoir vu que les ouvriers n’étaient pas maîtres d’eux-mêmes (l.1-3), nous
verrons que les travailleurs n’ont plus grand-chose qui caractérise leur humanité
(l.3-5). Puis, nous analyserons les mécanisme de la rationalisation du travail et en
quoi c’est aliénant (l.6-9) . Enfin, nous montrerons quelles sont les défaillances de ce
système (l.9-12).

Dans cette première partie, nous allons voir que les travailleurs ne sont pas maîtres
d’eux-mêmes.
Tout d’abord, il faut prendre en considération la position hiérarchique des travailleurs
pour comprendre comment leur situation s’explique. En effet, les travailleurs sont
tout en bas de la pyramide et ont donc peu de choses ; à la différence des patrons, tout
en haut qui jouissent de tout ce qu’ils ont : « le patron a non seulement la propriété
de l’usine, des machines, le monopole des procédés de fabrication et des
connaissances financières et commerciales concernant son usine, [...] » on voit ici la
multiplicité des propriétés du patron, et on voit surtout le fait que cette propriété ne
s’étend pas uniquement sur le domaine du physique : il possède l’usine et les
machines, donc des biens matériels ; mais également les procédés de fabrication, les
connaissances financières et commerciales, donc plutôt du domaine mentale. Le
patron est comme omnipotent vis-à-vis de ces propriétés. Il est dit ensuite : « il
prétend encore au monopole du travail et des temps de travail », et cette phrase,
indirectement montre que les travailleurs sont la propriété du patron. En effet,
l’expression « temps de travail » réfère au temps passé par les employés sur le lieu de
travail ; sauf que ce temps que les travailleurs passent, c’est une majeure partie de la
vie des travailleurs, donc en fait le temps de travail c’est synonyme du temps de vie
des travailleurs, et donc le patron à le monopole du temps de vie des travailleurs, il a
une emprise sur ce temps de vie. La patron est une contrainte vis-à-vis des employés
dans le sens où le pouvoir qu’il a grâce à sa supériorité hiérarchique agit de manière à
contrôler le temps de vie des employés de manière nécessaire. Il y a donc des
contraintes qui pèsent sur les travailleurs, et surtout sur la source la plus primaire de
leur humanité, c’est-à-dire leur temps. Le fait de ne pas être capable de maîtriser
même les plus élémentaires fondements de leur humanité montre que les travailleurs
ne sont pas maîtres d’eux-mêmes dés lors qu’ils ont une personne au dessus d’eux
capable de maîtriser leur temps. C’est le principe de l’exploitation de l’Homme par
l’Homme, un principe très présent dans le régime économique du capitalisme. Le
capitalisme est principe économique dans lequel les moyens de production sont privé,
et donc l’objectif premier est de faire du profit.
Ici, Simone Weil blâme justement l’omnipotence des patrons et le fait qu’ils puissent
facilement contrôler la vie des travailleurs ; mais également, le capitalisme et
notamment les méthodes employés par les capitalistes : typiquement, la
rationalisation du travail. Elle critique le fait qu’un humain puisse avoir la possibilité
de contrôler la vie d’un autre à la manière d’un dieu : c’est comme si le patron avait
un pouvoir divin capable de voler du temps de vie à ses employés. Comme c’est
expliqué dans Le mythe de Prométhée, celui-ci vole le feu d’Héphaïstos, alors dieu
des forgeron et symbole du travail, et le donne aux humains. Ce mythe permet de
rapprocher le travail à une capacité divine, et que donc le patron qui contrôle les
travailleurs, se place véritablement en Dieu maîtrisant leur vie. Mais dans les faits,
qu’est-ce qui différencie d’un point de vu biologique un travailleur d’un patron ? En
un sens, les deux sont humains, donc pourquoi l’un aurait le droit de priver l’autre de
son humanité mais pas le contraire ?

Dans un second temps, nous allons voir que les travailleurs n’ont que peu de choses
qui caractérise leurs humanité.
Tout d’abord, Simone Weil commence par faire un bilan de ce qu’il reste de
l’humanité des travailleurs : « Que reste-t-il aux ouvriers ? ». Cette phrase possède
deux modes d’actions assez différent en fonction de qui est la personne visé par le
propos on l’adresse : si on considère qu’elle s’adresse aux ouvriers, c’est une manière
de dénoncer leur conditions déplorables et de nous faire éprouver de la pitié envers
eux ; cependant, si elle s’adresse aux patrons, c’est limite une question rhétorique qui
vise à juger et blâmer les patrons, dans le sens : « après leur avoir tout prit, vous leur
laissez quoi ? ». Ensuite, elle continue par expliciter ce qu’il reste aux ouvriers : « il
leur reste l’énergie qui permet de faire un mouvement, l’équivalent de la force
électrique ; ». En disant cela, Weil dénonce eux choses : premièrement, il reste aux
travailleurs uniquement de la force physique, mais il ne reste rien de mental. En fait,
les travailleurs ne peuvent pas avoir la force mental après une journée de travail car le
travail que font les ouvriers les empêche justement de développer leur culture. Selon
les systèmes capitalistes, les travailleurs subissent l’oppression sociale des patrons
qui décident de leurs conditions de travail, donc on les cantonne à des tâches
purement physique pour ne pas qu’ils se cultivent et comprennent que le système
n’est pas juste. Secondement, elle compare la main d’œuvre des ouvriers à de
l’énergie électrique : « et on l’utilise exactement comme on utilise l’électricité. ».
Cette phrase montre bien le fait que les ouvriers ne sont plus considérés comme des
personnes mais bien comme des outils, ou plutôt comme des sources de carburant
pour l’usine. C’est à la fois méprisant à l’égard de l’humanité des travailleurs, comme
quoi ils ne valent pas plus dans l’entreprise que de l’électricité ou de l’essence ; mais
c’est également aliénant, ce ne sont plus des humains, ce sont des moyens d’accéder
au profit .
Sur cette partie, Weil se place en juge et juré pour plaider la cause des ouvriers, et elle
montre bien qu’en fait, il ne reste rien qui différencie le travailleur en tant
qu’Homme, et le travailleur en tant qu’outil. Aristote déclare que : « l’Homme est un
animal rationnel », et dans cette thèse il dit que ce qui nous distingue de l’animal,
c’est l’usage de notre raison. Or, le travail étant une activité aliénante qui ne permet
pas aux travailleurs de se développer culturellement et donc d’utiliser leur raison, il
n’y a finalement plus rien qui différencie le travailleur de l’animal : la travail a causé
la perte de l’humanité des travailleurs. Le problème est que le système capitaliste se
base sur une quête de profit au détriment du bien-être des travailleurs, et la
rationalisation du travail est justement un mécanisme capitaliste, on peut donc se dire
que si le système se durcie, que va-t-il se passer ? Qu’est-ce-que les ouvriers vont
perdre de plus si l’aliénation est de plus en plus forte? Donc maintenant on pourrait se
demander comment fonctionne la rationalisation du travail, par quels procédés cela se
met-il en place ?

Dans un troisième temps, nous allons voir comment est mit en place cette
rationalisation du travail.
Weil commence ce paragraphe avec une formule qui montre directement qu’elle
désapprouve ces méthodes : «Par les moyens les plus grossiers ». on voit clairement
que la suite du texte en engagée à la défaveur de ces méthodes. Elle nous explique
ensuite en vulgarisant les traits, comment fonctionne la rationalisation du travail :
« en employant comme stimulant à la fois la contrainte et l’appât du gain, en somme
par une méthode de dressage qui ne fait appel à rien de ce qui est proprement
humain ». ici on voit bien l’ambivalence des méthodes utilisés, mais le principe reste
toujours le même, les patrons utilisent leurs supériorités hiérarchique et le pouvoir
qu’ils ont sur les employés pour les oppresser, et les formater au moule que
l’entreprise désire. De plus comme Weil le dit, les méthode n’ont pas l’air très
éthiques ; elle utilise le mot « dressage » et non pas « apprentissage » ou encore
« formation », et elle dit que cela n’a rien d’humain. Le fait d’utiliser le mot dressage
renforce ce que nous avons montré en deuxième partie : on ne dresse pas un humain,
on dresse un animal ; et cela constitue alors une preuve du non-respect et de la non-
considération des travailleurs comme des personnes à parts entières. Elle continue en
disant : « on dresse l’ouvrier comme on dresse un chien, en combinant le fouet et les
morceaux de sucre. ». Ici, plus de doute possible, les ouvriers sont considérés comme
des animaux, donc les patrons les traitent comme des animaux. Bien que les
expressions « fouet » et « morceaux de sucre » restent des images, elles n’en sont pas
moins équivoquent : le coup de fouet symbolise l’oppression et la menace de la
hiérarchie, alors que le morceau de sucre incarne la récompense, bien que mauvaise,
qu’est le salaire. La rationalisation du travail est en fait un procédé qui vise à retirer
l’humanité des travailleurs ; attention, ce n’est peut-être pas l’effet voulu, mais
incontestablement, en rationalisant le travail et en voulant à chaque fois augmenter le
profit, on néglige la personne qu’est le travailleur et donc on ne regarde pas les effets
indésirables, ici l’aliénation.
Weil critique alors les méthodes employés par les capitalistes pour rationaliser le
travail. Dans la suite du même texte La rationalisation, elle fera également une
critique du taylorisme en en exposant les limites et les points faibles. Le taylorisme
est une méthode de rationalisation de travail inventé par l’ingénieur américain Taylor,
et cela consiste en changer l’organisation du travail pour en faire quelque chose
d’absolument scientifique. Dans cette méthode, Taylor ouvre des laboratoire dans les
entreprises, et ces laboratoires ont pour objectif de trouver comment rendre le travail
encore plus efficace. C’est pourquoi à partir de ce moment là, chaque action faite par
les employés est quantifié, mesuré et comparé à une mesure de référence. Ensuite, il y
a un principe de prime sur le mérite, si l’ouvrier fait moins que la mesure de
référence, une partie de son salaire lui ai enlevé ; à l’inverse, une meilleur
performance augmente le salaire. Le problème est que la mesure de référence se
bases également vis-à-vis des autres travailleurs, et donc pour garder un semblant de
salaire normal, il y a une compétition permanente entre les employés, ce qui crée une
atmosphère totalement malsaine. Cette méthode est certes plus ou moins efficace
pour augmenter la productivité, elle n’en reste pas moins physiquement et
mentalement éprouvante, et peu humaine car elle se fiche de savoir si l’employée est
fatigué ou non, et si son salaire lui permet de vivre décemment ou non. Mais est-ce
vraiment faisable complètement ? Est-il possible d’appliquer cette rationalisation du
travail de manière totale ?

Finalement, on remarque que le système de la rationalisation du travail n’est pas


infaillible.
En effet, Weil montre que ce système est pourvu d’erreur et que comme tout système,
il n’est pas parfait : « Heureusement qu’on n’en arrive pas là tout à fait, parce que la
rationalisation n’est jamais parfaite et que, grâce au ciel, le chef d’atelier ne connaît
jamais tout. » . Ici, Weil démontre les défaillance de ce système, et surtout elle
montre que le tableau qu’elle a dressé tout le long du texte est une légère
extrapolation de la véritable situation. Lorsqu’elle dit « Heureusement qu’on n’en
arrive pas là tout à fait » elle insiste sur le fait que la situation est certes un peu moins
poussée, elle n’en reste pas moins une réalité qu’il faut prendre en compte et contrer.
Ensuite, lorsqu’elle dit « le chef d’atelier ne connaît pas tout », c’est une preuve qu’il
y a toujours des secrets au sein de l’entreprise, et surtout au sein des travailleurs
envers la hiérarchie. Cela nous permet de comprendre qu’il reste tout de même
quelques libertés aux travailleurs, et qu’ils ne sont pas totalement contrôlée par la
hiérarchie. Ensuite, on voit qu’il reste des solutions pour les travailleurs, et qu’ils ne
sont pas condamnés à suivre ce système liberticide : « il reste des moyens de se
débrouiller, même pour un ouvrier non qualifié. ». Le fait que même un employé non
qualifié puisse s’en sortir montre bien qu’il n’y a pas de pré-requis, et que donc
n’importe quel travailleur peut échapper à la rationalisation du travail et donc à
l’aliénation. Weil termine en disant : « Mais si le système était strictement appliqué,
ce serait exactement cela. ». Ici, lorsqu’elle parle de système strictement appliqué,
elle fait référence au tableau qu’elle a dressé tout le long du texte, et donc cela permet
de comprendre que si la rationalisation du travail venait à être appliqué comme la
définition l’exige, la situation des travailleurs serait quelque peu dystopique.
Weil, dans cette dernière partie a montré que ce système n’était pas parfait et que
justement, il comporte de nombreuses failles, et le bien-faits des travailleurs en fait
partie. En fait, Weil dit fait comprendre qu’il faut changer les modes de
commandement des entreprises, et surtout le fait qu’il faut laisser les travailleurs
définir leurs propres conditions de travail pour que ce travail soit humain et non pas
aliénant et dégradant. Le fait que même un travailleur pas qualifié puisse s’échapper
de cette aliénation montre que le travail peut être vu autrement et surtout peut être
dirigé autrement, notamment par les travailleurs directement.

En conclusion, nous avons vu que le travail était certes une nécessité humaine qui
était valorisante, il n’en reste pas moins inégale et injuste envers certaines personnes.
En effet, les travailleurs étant en bas de la pyramide hiérarchique, souffrent des
conséquences de la quête de profit, et donc de la rationalisation du travail. Ce travail
vient entraver leur développement dans le sens où il est aliénant, et il les rend moins
voir plus humain. Les travailleurs ne sont que des outils pour l’entreprise, et méritent
autant de considération que les animaux. Enfin, comme tout système, la
rationalisation est défectueuse et donc permet aux travailleurs de s’en sortir.

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