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MANUSCRITS
DE 1844
(ÉCONOMIE POLITIQUE & PHILOSOPHIE
L'économiste nous dit que tout s'achète avec du travail et que le capital n'est que du travail
accumulé. Mais il nous dit en même temps que l'ouvrier, loin de pouvoir tout acheter, est
obligé de se vendre lui-même et de vendre sa qualité d'homme. 17
Le travail n'apparaît, en économie politique, que sous la forme de l'activité en vue d'un gain.
19
Mais l'économie politique ne connaît l'ouvrier que comme bête de travail, comme un animal
réduit aux besoins vitaux les plus stricts. 20
Aliénation selon Marx : l'objet que le travail produit, son produit, l'affronte comme un être
étranger, comme une puissance indépendante du producteur. 56
Marx emploie ici le terme Entfremdung. Mais il utilise aussi, avec une fréquence presque égale, celui de
Entäusserung. Étymologiquement, le mot Entfremdung insiste plus sur l'idée d'étranger tandis que Entdässerung
marque plus l'idée de dépossession.
Le produit du travail est le travail qui s'est fixé, concrétisé dans un objet, il est l'objectivation
du travail. L'actualisation du travail est son objectivation. Au stade de l'économie, cette
actualisation du travail apparaît comme la perte pour l'ouvrier de sa réalité, l'objectivation
comme la perte de l'objet ou l'asservissement à celui-ci, l'appropriation comme l'aliénation, le
dessaisissement.56 – 57
Plus l'homme met de choses en Dieu, moins il en garde en lui-même. L'ouvrier met sa vie
dans l'objet. 57
L'aliénation de l'ouvrier dans son produit signifie non seulement que son travail devient un
objet, une existence extérieure, mais que son travail existe en dehors de lui, indépendamment
de lui, étranger à lui, et devient une puissance autonome vis-à-vis de lui, que la vie qu'il a
prêtée à l'objet s'oppose à lui, hostile et étrangère. 57
L’homme ne peut rien créer sans la nature, sans le monde extérieur. Donc c’est la nature qui
fait l’activité intellectuelle et morale des hommes :
L'ouvrier ne peut rien créer sans la nature, sans le monde extérieur sensible. Elle est la matière
dans laquelle son travail se réalise, au sein de laquelle il s'exerce, à partir de laquelle et au
moyen de laquelle il produit. 57
Si donc le produit du travail est l'aliénation, la production elle-même doit être l'aliénation en
acte, l'aliénation de l'activité. 59
De même que, dans la religion, l'activité propre de l'imagination humaine, du cerveau humain
et du cœur humain, agit sur l'individu indépendamment de lui, c'est-à-dire comme une activité
étrangère divine ou diabolique, de même l'activité de l'ouvrier n'est pas son activité propre.
Elle appartient à un autre, elle est la perte de soi-même. 59
C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à
faire réellement ses preuves d'être générique. 62
L'objet du travail est donc l'objectivation de la vie générique de l'homme. 62
Comment cette aliénation est-elle fondée dans l'essence du développement humain ? Nous
avons déjà fait un grand pas dans la solution de ce problème en transformant la question de
l'origine de la propriété privée en celle du rapport du travail aliéné à la marche du
développement de l'humanité. 66 :
Pour Marx, à ce stade de la formation de sa pensée, ces conclusions sont particulièrement importantes.
L'aliénation du travail est un stade nécessaire du développement humain, mais elle a une origine dans l'histoire.
La propriété privée est issue de l'aliénation du travail, elle est donc elle aussi historique. Cela signifie qu'elles
sont toutes deux des phases du développement de l'humanité qui seront un jour dépassées
LE COMMUNISME
L'aliénation religieuse en tant que telle ne se passe que dans le domaine de la conscience, du
for intérieur de l'homme, mais l'aliénation économique est celle de la vie réelle - sa sup.
pression embrasse donc l'un et l'autre aspects. 82
L'activité sociale et la jouissance sociale n'existent nullement sous la seule forme d'une
activité immédiatement collective et d'une jouissance immédiatement collective, bien que
l'activité collective et la jouissance collective (…) Mais même si mon activité est scientifique,
etc., et que je puisse rarement m'y livrer en communauté directe avec d'autres, je suis social
parce que j'agis en tant qu'homme. Non seulement le matériel de mon activité (…) m'est
donné comme produit social, mais ma propre existence est activité sociale ; l'est (ce que je
fais de moi est social) en conséquence ce que je fais de moi, ce que je fais de moi pour la
société et avec la conscience de moi en tant qu'être social. 83
L'individu est l'être social. La manifestation de sa vie - même si elle n'apparaît pas sous la
forme immédiate d'une manifestation collective de la vie, accomplie avec d'autres et en même
temps qu'eux - est donc une manifestation et une affirmation de la vie sociale. La vie
individuelle et la vie générique de l'homme ne sont pas différentes, malgré que (…) le mode
d'existence de la vie individuelle soit un mode plus particulier ou plus général de la vie
générique ou que la vie du genre soit une vie individuelle plus particulière ou plus générale.
En tant que conscience générique l'homme affirme sa vie sociale réelle et ne fait que répéter
dans la pensée son existence réelle ; de même qu'inversement l'être générique s'affirme dans la
conscience générique et qu'il est pour soi, dans son universalité, en tant qu'être pensant.
L'homme s'approprie son être universel d'une manière universelle, donc en tant qu'homme
total. Chacun de ses rapports humains avec le monde, la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût, le
toucher, la pensée, la contemplation, le sentiment, la volonté, l'activité, l'amour, bref tous les
organes de son individualité, comme les organes qui, dans leur forme, sont immédiatement
des organes sociaux, [VII] sont dans leur comportement objectif ou dans leur rapport à l'objet
l'appropriation de celui-ci, l'appropriation de la réalité humaine. 84 rapport à l'objet est la
manifestation de la réalité humaine. 85
A la place de tous les sens physiques et intellectuels est donc apparue la simple aliénation de
tous ces sens, le sens de l'avoir. L'être humain devait être réduit à cette pauvreté absolue, afin
d'engendrer sa richesse intérieure en partant de lui-même. 85
L'abolition de la propriété privée est donc l'émancipation totale de tous les sens et de toutes
les qualités humaines ; mais elle est cette émancipation précisément parce que ces sens et ces
qualités sont devenus humains, tant subjectivement qu'objectivement. L'œil est devenu l'œil
humain de la même façon que son objet est devenu un objet social, humain, venant de
l'homme et destiné à l'homme. Les sens sont donc devenus directement dans leur praxis des
théoriciens. 85
Mais, pour l'homme socialiste, tout ce qu'on appelle l'histoire universelle n'est rien d'autre que
l'engendrement de l'homme par le travail humain. 91
Hegel : Le Savoir absolu : L'idée essentielle est que l'objet de la conscience n'est rien d'autre
que la conscience de soi ou que l'objet n'est que la conscience de soi objectivée, la conscience
de soi en tant qu'objet. (Poser l'homme conscience de soi.) 121
HEGEL : Dans leur existence réelle, leur essence mobile est cachée. Celle-ci n'apparaît, ne se
révèle que dans la pensée, la philosophie, et c'est pourquoi ma véritable existence religieuse
est mon existence dans la philosophie de la religion, ma véritable existence politique est mon
existence dans la philosophie du droit, ma véritable existence naturelle est mon existence dans
la philosophie de la nature, ma véritable existence artistique est mon existence dans la
philosophie de l'art, ma véritable existence humaine est mon existence philosophique. De
même, la véritable existence de la religion, de l'État, de la nature, de l'art, c'est la philosophie
de la religion, la philosophie de la nature, la philosophie de l'État, la philosophie de l'art. 127
HEGEL : De même que la qualité dépassée égale quantité, la quantité dépassée égale mesure,
la mesure dépassée égale essence, l'essence dépassée égale phénomène, le phénomène dépassé
égale réalité, la réalité dépassée égale concept, le concept dépassé égale objectivité,
l'objectivité dépassée égale idée absolue, ridée absolue dépassée égale nature, la nature
dépassée égale esprit subjectif, l'esprit subjectif dépassé égale esprit moral, objectif, l'esprit
moral dépassé égale art, l'art dépassé égale religion, la religion dépassée égale savoir absolu.
128
L’athéisme et le communisme Ils sont bien plutôt, pour la première fois, le devenir réel, la
réalisation devenue réelle pour l'homme de son essence, et de son essence en tant qu'essence
réelle. 129
Les relations, dans le monde capitaliste, sont celles de force, ou de forts et de faibles. En
réalité il n’y a pas fort car la force ou la faiblesse est une aliénation de celui qui se l’estime,
soit par rapport à son pouvoir, son titre, sa richesse, etc. selon Marx, il faut dépasser le
principe de jugement personnel qui se fait à partir de l’avoir pour devenir tous libres ; celui
qui se croit fort c’est nécessairement pour quelque chose qu’il a un pouvoir de contrôle que
l’autre n’a pas, et celui qui se soumet c’est parce qu’il cherche à avoir quelque choses qu’il
n’a pas encore.
Dans une relation chacun exerce sa force pour se conserver ; la force de dominer et la force de
se laisser dominer. En réalité la chose que nous disposons pour dominer, ou que nous ne
disposons pas, et que nous nous faisons être dominé, doit trouver sa fin par suppression de
l’avoir. Il n’y a pas suppression, il faut se confronter ; c’est-à-dire, se libérer de la aliénation
selon laquelle l’autre à le droit d’exercer son autorité ou son pouvoir moi parce qu’il est ou a
ceci ou cela. Il faut t’estimer hautement par rapport qui nécessite ton aliénation pour avoir ; et
lorsque tu l’as eu tu demeure un être aliéné parce que cela t’est du par aliénation.
Pour se libérer de son aliénation, celui qui fonde sa personnalité humaine sur son avoir, doit
retrouver sa vraie personnalité en se qualifiant non par rapport à son avoir.