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FICHE 7 : LE REFUS DU TRAVIL A-T-IL UN SENS

INTRODUCTION :

• Le travail est censé être une activité épanouissante qui permet à l'homme de se
distinguer du règne animal et de s'élever vers l'humanité. Cependant, on observe
souvent des conséquences néfastes du travail, telles que la déshumanisation et la
valorisation de l'argent et de la rentabilité. En société, le travail semble être un
dilemme : travailler pour se libérer du travail ou ne pas travailler et être en marge de
la société.

• Le travail : une activité épanouissante


◦Le travail apporte des connaissances et des compétences
◦Le travail est source d'estime de soi
◦L'otium dans l'Antiquité romaine : un temps libre précieux dédié aux loisirs, à la
méditation, aux activités intellectuelles

• Les conséquences néfastes du travail


◦Déshumanisation
◦Remplacement de la valeur humaine par l'argent et la rentabilité
◦La difficulté de refuser le travail pour des raisons de survie

• Le dilemme du travail en société


◦Travailler pour se libérer du travail (week-end, vacances, retraite)
◦Ne pas travailler et être en marge de la société (chômage, dépression)

• L'histoire du mot "travail"


◦L'étymologie du mot "travail" vient du latin populaire "tripalium", qui signifie
"instrument de torture"
◦Dans la Genèse, le travail est imposé comme une punition pour avoir mangé le
fruit de l'arbre de la connaissance
◦"Travail, famille, patrie" était la devise du régime de Vichy
◦"Le travail libère" : inscription à l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz

I. L’acceptation du travail : condition indispensable à la survie aussi bien qu’à la vie


A) La vision des grecs

• Les Grecs de l'Antiquité refusaient le travail car ils considéraient que cela les
rabaissait au niveau animal. Le travail était réservé aux esclaves et était considéré
comme une activité méprisable. Les Grecs cherchaient à s'élever au-dessus de la
nécessité par des activités nobles telles que la philosophie, l'art, le sport et la
politique.

B) L’utilité collective du travail

• L'union et la division du travail


◦L'homme, animal le plus faible, trouve la force dans l'union et la division du
travail.
◦La division du travail permet un gain de temps et de qualité, garantit une
meilleure compétence dans chaque domaine et réalise l'autosuffisance de la
communauté.

• Le travail comme facteur de liberté


◦Le travail apporte des connaissances, un perfectionnement constant et
construit l'autonomie de l'individu.
◦Le travail bien fait nourrit une forme de rigueur, de détermination et d'auto-
satisfaction.
◦Rousseau encourage à s'appuyer sur ses passions pour trouver sa voie
professionnelle.

• La relation entre travail et société


◦Le travail est intimement lié à la vie sociale de l'homme.
◦Philosophes et économistes considèrent la division du travail comme naturelle
et nécessaire.
◦La division des métiers est liée à la différence des aptitudes et des
compétences.
◦Le travail est facteur d'adaptation à son milieu et de satisfaction des besoins de
la communauté.

• La vision de Rousseau sur le travail et la société


◦L'homme est naturellement bon, mais a été corrompu par la société.
◦Le travail libère l'individu en lui apportant des connaissances, une autonomie et
une satisfaction personnelle.
◦Faire de sa passion son travail est encouragé pour trouver une voie
professionnelle heureuse et libre.

C) La vision positive du travail chez Marx

• Pour Marx, le véritable travail est le fondement des valeurs et permet de changer le
monde.

• Selon Marx, ce n'est pas la raison qui distingue l'homme de l'animal, mais le travail.
L'homme est un "animal laborans".

• Le travail est ce qui crée l'homme et le distingue des autres animaux, mais dans la
société, il est souvent source d'oppression et de souffrance.

• Marx analyse l'aliénation du travailleur au XIXème siècle.

II. La réalité du travail : oppression et aliénation


A) Marx et l’aliénation

• Vision idéale du travail chez Marx :


◦Le travail humain est une activité naturelle qui nécessite l'usage de la
conscience.
◦Les connaissances acquises au travail forment la conscience du travailleur du
monde et de lui-même.
◦Le travail est un apprentissage qui peut changer la nature de l'homme.

• Concepts clés de la pensée de Marx :


◦Aliénation : perte de soi-même, de la nature humaine et du sens du travail, qui
rend l'homme étranger à lui-même.
◦Exploitation : acte par lequel le capitaliste s'approprie une partie de la valeur
produite par le travailleur, laissant le travailleur sous-rémunéré.
◦Prolétaires : individus qui doivent vendre leur force de travail pour vivre,
s'opposant aux bourgeois qui disposent d'un capital pour générer des revenus.

• Aliénation chez Marx :


◦L'aliénation signifie être dépossédé de soi-même et perdre ce qui fait la nature
de l'homme.
◦Le travailleur aliéné devient une simple marchandise qui ne peut jouir du fruit de
son travail.
◦Il est alors séparé du produit de son travail et entretient une forme d'hostilité
envers lui.

• Exploitation chez Marx :


◦L'exploitation désigne l'acte par lequel le capitaliste s'approprie une partie de la
valeur produite par le travailleur.
◦Le travailleur est forcé de vendre sa force de travail pour celui qui possède les
moyens de productions (le capitaliste).
◦Sa rémunération est inférieure à la richesse qu'il produit pour le capitaliste,
permettant à ce dernier de réaliser une plus-value qu'il ne rétrocède pas au
travailleur.

• Prolétaires chez Marx :


◦Les prolétaires sont ceux qui doivent vendre leur force de travail pour vivre, car
ils n'ont aucun bien d'où tirer un revenu.
◦Ils s'opposent aux bourgeois qui disposent d'un capital duquel ils tirent des
revenus.

B) De Simone Weil à Hannah Arendt : un tableau sombre du monde du travail

• Simone Weil, enseignante de philosophie, a décidé d'arrêter son activité pour


devenir ouvrière à l'usine par solidarité envers les travailleurs.

• Dans L'Expérience de la vie d'usine, Weil décrit la vie des ouvriers et dénonce
l'aliénation que subissent les travailleurs à l'usine.

• Paragraphe 1 : L'usine n'est pas le lieu de la vie collective où l'homme domine la


machine, car l'ouvrier n'est jamais libre.
• Paragraphe 2 : La vie de l'ouvrier est perçue de façon mécanique, et il n'y a aucune
place laissée au hasard. L'ouvrier doit se débrouiller pour que les ordres soient
toujours respectés.
• Paragraphe 3 : L'ouvrier souffre de la monotonie du travail et doit subir le
changement imposé brutalement sans préparation ni réplique. L'artisan, à l'inverse,
détermine d'avance l'emploi de ses heures et de ses journées.
• Paragraphe 4 : L'ouvrier est soumis à une cadence toujours plus rapide et doit
supprimer tout éclair de pensée, d'immobilité et d'équilibre. La seule motivation de
l'ouvrier est la crainte des réprimandes et du renvoi, ainsi que le désir avide
d'accumuler des sous.

• Les analyses faites par Marx et par Weil du milieu ouvrier peuvent être appliquées à
tous les métiers menacés de déshumanisation.

• Face aux conséquences désastreuses du travail moderne, la tentation serait grande


de le refuser, mais le travail est souvent un élément important de l'identité et de la
définition de soi.

• Exemple de la violence du travail moderne : les bullshit jobs.

III. Comment redonner du sens au travail ?


A) Sens collectif et sens individuel du travail : la vision nietzschéenne

• Le fait de constamment travailler trouverait selon Nietzsche un sens sociétal et


collectif : épuiser et, de fait, contrôler les individus, leur enlevant ainsi toute velléité
de contestation.

B) Travailler à notre bonheur

• Le travail est la meilleure et la pire des choses selon qu'il est libre ou serf.

• Le travail libre est celui qui est réglé par le travailleur lui-même, d'après son savoir
et son expérience.

• L'exemple d'un menuisier qui fait une porte montre la différence entre un travail libre
et un travail serf.

• Un homme est heureux quand il peut continuer son travail sans autre maître que la
chose.

• La construction d'un bateau peut être une expérience encore plus gratifiante, car
chaque coup de barre rappelle les efforts fournis.

• Tout homme préfère un travail difficile, où il peut inventer et se tromper, à un travail


monotone et ordonné.

• Le pire travail est celui qui est interrompu ou perturbé par le chef.

• Les plus énergiques des travailleurs conquièrent l'empire sur leurs travaux et en font
un bonheur.

• L'agriculture est le plus agréable des travaux, en particulier lorsqu'on cultive son
propre champ.

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