Vous êtes sur la page 1sur 21

1

COURS D’ETHIQUE CMAMCI-UMECI L2

ETHIQUE DU TRAVAIL

RÉV. Jonas ZAMÉ.


2

INTRODUCTION

Les critiques de la société moderne sont si acerbes qu’elles donneraient


à croire que le troisième millénaire est celui de la décadence et de
l’effondrement des valeurs. Pourtant, cette chute des valeurs rencontre
conséquemment le souci du retour aux valeurs. C’est le cas de signaler
la multiplication des organisations des droits de l’homme et le regain
de l’éthique dans tous les secteurs d’activité.

En effet, l’homme, n’ignorant pas l’inclination au mal, crée les


conditions du rachat de la société par des dispositions normatives dans
tous les domaines de l’action humaine. C’est dans ce contexte qu’il
nous faudra comprendre le sens de l’éthique professionnelle comme
expression des valeurs dans le contexte du travail. Parler ainsi
d’éthique du travail à des étudiants, c’est éveiller leur conscience sur
les conditions sine qua non d’émergence plus juste et plus humaine où
le cri du manifeste marxien ne sera plus nécessaire ; où l’exploitation
de l’homme par l’homme ne sera plus qu’un souvenir. C’est pourquoi
une juste approche du travail sera plus que nécessaire : Qu’est-ce que
le travail ?
3

PREMIERE PARTIE : LA FIN DU TRAVAIL


4

Chapitre I : Définition

1. Le travail

Le terme travail dérive du latin Tripalium qui signifie instrument de


torture qui aidait à maitriser certains animaux. Le travail évoque ainsi
la douleur, la fatigue, la souffrance, la peine. Travailler donc, c’est
éprouver de la peine à faire quelque chose, et souvent avec dextérité.
Si nous nous referons à la Bible, en Genèse3 :19a, nous pouvons nous
rendre compte que le travail, même s’il est souvent source de douleur,
il est consubstantiel à l’existence humaine. Autrement dit, l’homme ne
peut pas ne pas travailler s’il veut vivre : « C’est à la sueur de ton
front que tu mangeras… ». Les circonstances de cette parole indiquent
clairement que le travail est comme une malédiction. Toutefois, cette
malédiction n’est pas non plus loin d’être une bénédiction car c’est de
lui que l’homme tire toute sa valeur.

2. L’outil

Un outil désigne l’ensemble de tout ce qui est utilisé pour atteindre une
fin. C’est un instrument de travail. L’outil s’interpose entre l’artisan et
l’objet de travail. Il peut aller du plus simple au complexe. L’outil
n’est ni le sujet, ni l’objet de travail mais le moyen opérationnel. C’est
par le moyen de son outil que l’artisan parvient à sa fin. Mais qu’est-ce
qu’une fin ?

3. La fin

Selon le dictionnaire Littré, la fin est « celle de deux extrémités où


une chose cesse d’exister » 1 . C’est le terme, le but que l’on poursuit
dans une action, l’intention que l’on vise.

1
Dictionnaire Littré, cf fin
5

De tout ce qui précède, il faut retenir que le travail implique un rapport


entre artisan, objet la fin et l’outil qui permet d’atteindre la fin. C’est
cela le procès du travail. Mais qu’elle est alors la fin de procès ?

Chapitre II : le procès de travail

1. La question de la qualification

Le procès du travail, comme procès engage un réseau de relations : le


sujet (celui qui travail), le besoin (les attentes), l’objet (la matière),
l’outil (le moyen) et le procédé (la manière de travailler). Ce procès de
travail, tel qu’indiquer fait appel à un autre procès : celui de
l’apprentissage, mieux de la formation professionnelle. En effet, la
formation professionnelle est un cadre d’équipement à la fois
intellectuelle et technique. Entendons par là qu’elle transmet non
seulement le savoir mais aussi et surtout le savoir-faire.

Il en résulte que le sujet doit apprendre et maitriser la méthodologie du


travail. Ce qui signifie que non seulement il a la connaissance de
l’objet de travail mais il maitrise aussi et surtout le procédé de la
transformation de cet objet. C’est tout cela qui conduit à la satisfaction
du besoin qui est le préalable au procès.

2. L’impact du travail

Le texte de genèse que nous avons évoqué plus haut indique que si
Dieu a sanctionné l’homme et la femme après la faute dans le jardin,
cette sanction n’a pas été moins source de bénédiction dans la mesure
où l’effort est facteur de bonheur. C’est pourquoi l’Apôtre Paul peut
dire : « Car, lorsque nous étions chez vous, nous vous disions
expressément: Si quelqu'un ne veut pas travailler, qu'il ne mange pas
non plus. » 2 . Il faut que celui qui travaille puisse jouir de son labeur

2
2Thes.3 :10
6

3
avec sa famille. Ainsi Jésus dit : « Car l’ouvrier mérite son salaire ».
S’il est récompensé en deçà de son effort, il est donc exploité. Dans le
cas contraire, c’est lui qui exploite.

Le travail doit en outre avoir des incidences positives sur l’entreprise.


Tout ouvrier doit se préoccuper du développement de l’entreprise qui
l’emploie. Sa vie en dépend.

Enfin, la société toute entière doit bénéficier des retombées de


l’entreprise qui ne doit rien faire qui puisse nuire à la vie des humains.
Le travail en entreprise est ainsi un facteur d’épanouissement pour
tous. C’est pourquoi le procès de travail fait appel à une série de
valeurs dont le respect valorise chaque bénéficiaire. Parlons donc de
valeurs d’éthique professionnelle.

3
1Tim. 5 :18
7

DEUXIEME PARTIE

LES VALEURS D’ETHIQUE PROFESSIONNELLE

CHAPITRE I. Les valeurs sociales


8

Les valeurs sociales sont celles qui permettent à l’homme de connaitre


un épanouissement social. En voici quelques-unes.

1. L'éducation

C’est un processus d’intégration sociale qui permet à l’homme


d’atteindre son plein épanouissement. C’est un moyen de formation de
l’homme dans toutes ses dimensions. C’est le cadre d’édification de la
culture de l’esprit humain.

2. Le travail

Le travail est l’effort fourni pour atteindre un résultat. Sans le travail


l’homme ne peut rien produire ni en lui encore moins hors de lui. Il est
si important pour l’édification de l’humanité que le sage Salomon a pu
dire : « Celui qui se relâche dans son travail est frère de celui qui
4
détruit. » Autrement dit, le paresseux est un destructeur, car qui
n’avance pas recule comme dit l’adage.

3. La santé

Entendons par santé l’état d’épanouissement de notre corps. Il y a


bonne santé quand on est à l’abri de la maladie. Pour l’homme, la
santé est un préalable. La mauvaise santé ne permet ni de travailler ni
d’être heureux.

4. Le bien-être

4
Prov. 18 :9
9

Il s’agit d’un état de satisfaction par rapport aux besoins de la vie,


d’un point de vue à la fois matériel, social, intellectuel, moral etc.

5. La solidarité

La solidarité est la valeur qui donne à l’homme la conscience d’être


membre d’une communauté et d’agir conformément à ce principe,
savoir se rendre disponible non seulement pour le prochain, mais aussi
pour l’ensemble de la communauté tout entière. L’homme ne peut vivre
en autarcie. De là dérivent toutes les valeurs communautaires que
sont :
la loyauté ; le dialogue ; l'engagement ; l'entraide ; la collaboration.
Toute société, depuis la famille à la grande agglomération en passant
par l’entreprise, doit sa prospérité et son épanouissement à ces valeurs
communautaires qui sont l’expression de la solidarité.

Chapitre 2. Les valeurs professionnelles

1. La compétence

Elle est la valeur professionnelle qui témoigne de la qualité d’un agent


dans une entreprise. Elle désigne l’ensemble des connaissances et
aptitudes acquises pendant la formation dans l’accomplissement des
tâches professionnelles. C’est elle qui fait d’un agent l’homme des
situations. Pour conserver sa compétence et même l’accroitre, il faut
encore travailler à la mise à jour des acquis. Elle est facteur
d’efficience.
10

2. L'assiduité et la ponctualité

Etre assidu et ponctuel, c’est être là où l’on doit être et à l’heure où


l’on doit y être. Les absences et les retards en sont respectivement les
antinomies.

3. La propriété intellectuelle

C’est l’ensemble des comportements et les attitudes qui prévalent lors


de l'exécution des travaux d'enseignement, de recherche ou de création
assurent la sauvegarde des valeurs fondamentales liées à la propriété
intellectuelle. C’est par exemple le cas de l’honnêteté intellectuelle.

4. La probité

Comme l’indique le dictionnaire Robert 5 , « la probité est la vertu qui


consiste à observer scrupuleusement les règles de la morale sociale,
les devoirs imposés par la morale et la justice. » 6 Elle répond du
principe du respect de la règlementation d’un milieu social ou
professionnel. Elle s’oppose à la tricherie, la fourberie. Etre probe,
c’est faire, dans l’exercice de ses fonctions, preuve d’ honnêteté, de
justice et d’intégrité, d’où la conformité « aux lois, règlements,
politiques et procédures qui s'appliquent dans l’entreprise » 7 . Il s’agit
d’user de transparence, de désintéressement, de responsabilité.

5. La diligence

La diligence est l’expression du dévouement, de l’empressement, dans


l’exécution du travail. Elle préside à un travail de qualité, c’est- à-dire

6
Dictionnaire Robert, cf Probité
7
idm
11

fait avec dextérité. Le diligent, c’est celui qui ne reste jamais sans rien
faire, mais qui, lorsqu’il fait, il est productif. Ce n’est pas l’activisme.

6. La confidentialité

Toute personne consciente de sa responsabilité communautaire et


soucieuse de la survie de son entreprise, est tenue par le devoir de la
confidentialité. C’est ce qu’on appelle communément le secret
professionnel. Il faut dire ce qui ne met pas en péril ni le collègue, ni
l’entreprise.

A ces deux types de valeurs, il faut ajouter les valeurs individuelles qui
sont le socle des précédentes.

Chapitre 3. Les valeurs individuelles

1. L'égalité

Elle indique la similitude ou l’identité en valeur. Personne ne doit se


croire au-dessus des autres en dignité. Personne ne doit prétendre à
plus de droits qu’un autre. Seuls les rangs et grades séparent, mais
n’autorisent aucunement la domination des uns sur les autres, le chef
étant un animateur d’équipe.

Elle va de pair avec la justice qui est le fait de donner une juste
appréciation des choses dans le respect des droits et mérites de
chacun. C’est le cas d’évoquer l’équité qui veut que chacun de nous
soit traité sans tenir compte de sa race, de sa religion ni de son rang
social. Dans la même veine, l'impartialité qui implique le refus de toute
préférence ou parti pris injustifiés, participe au respect de l’égalité
entre les personnes.
12

2. La dignité

C’est l’honneur et le respect que l’on mérite. Entendons par là la


considération que l’on inspire et qui affecte le jugement de l’autre sur
notre valeur. Elle est solidaire de la courtoisie et de la politesse.

3. La liberté

Etre libre c’est disposer de sa personne en termes d’acte, d’opinion et


d’expression. La liberté est donc la capacité d’agir, de penser et de
s’exprimer sans contrainte extérieure ni inquiétude de répression d’une
part, et d’autre part sans causer préjudice à un tiers à l’intérieur ou à
l’extérieur de l’entreprise.

En définitive, le respect de valeurs dans une entreprise constitue un


faire de lance pour la promotion et de l’entreprise, et de son personnel.
Il faut en effet que l’ouvrier jouisse de son salaire, mais il faut aussi
qu’il mérite son salaire. C’est cette exigence des valeurs qu’il faut
chercher dans l’Ethique protestante.
13

TROISIEME PARTIE

L’ETHIQUE PROTESTANTE DU TRAVAIL


14

Chapitre I. L’éthique protestante

1. L’éthique chrétienne

Ce qu’on a appelé l’éthique chrétienne est la discipline de la vie de


l’homme qui croit selon la foi en Jésus-Christ sur la base la volonté de
Dieu. Elle est aussi plurielle que l’est la foi chrétienne. Si elle trouve
son repère dans la loi Mosaïque accomplie dans l’amour divin selon
la Parole de Jésus, l’institution humaine y a ajouté la tradition des
conciles avec l’église post-apostolique, notamment du moyen âge avec
ce qu’on a appelé la scolastique. En effet, la loi de Moïse dispose ce
qui suit :

« 1 Alors Dieu prononça toutes ces paroles, en disant: 2 Je suis


l'Éternel, ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Égypte, de la maison
de servitude. 3 Tu n'auras pas d'autres dieux devant ma face. 4 Tu ne
te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des
choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et
qui sont dans les eaux plus bas que la terre. 5 Tu ne te prosterneras
point devant elles, et tu ne les serviras point; car moi, l'Éternel, ton
Dieu, je suis un Dieu jaloux, qui punis l'iniquité des pères sur les
enfants jusqu'à la troisième et la quatrième génération de ceux qui me
haïssent, 6 et qui fais miséricorde jusqu'en mille générations à ceux
qui m'aiment et qui gardent mes commandements. 7 Tu ne prendras
point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain; car l'Éternel ne laissera
point impuni celui qui prendra son nom en vain. 8 Souviens-toi du jour
du repos, pour le sanctifier. 9 Tu travailleras six jours, et tu feras tout
ton ouvrage. 10 Mais le septième jour est le jour du repos de l'Éternel,
ton Dieu: tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni
ton serviteur, ni ta servante, ni ton bétail, ni l'étranger qui est dans tes
portes. 11 Car en six jours l'Éternel a fait les cieux, la terre et la mer,
et tout ce qui y est contenu, et il s'est reposé le septième jour: c'est
pourquoi l'Éternel a béni le jour du repos et l'a sanctifié. 12 Honore
ton père et ta mère, afin que tes jours se prolongent dans le pays que
15

l'Éternel, ton Dieu, te donne. 13 Tu ne tueras point. 14 Tu ne


commettras point d'adultère. 15 Tu ne déroberas point. 16 Tu ne
porteras point de faux témoignage contre ton prochain. 17 Tu ne
convoiteras point la maison de ton prochain; tu ne convoiteras point la
femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni
8
son âne, ni aucune chose qui appartienne à ton prochain. » .

Cette loi qui trouve son achèvement dans ce que la tradition biblique a
appelé le sommaire de la loi est la loi de l’amour :

« 37 Jésus lui répondit: Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton


cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. 38 C'est le premier et le
plus grand commandement. 39 Et voici le second, qui lui est
semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. 40 De ces deux
9
commandements dépendent toute la loi et les prophètes. »

Cette éthique de l’amour se veut ainsi un rapport vertical


d’intimité avec Dieu et un rapport horizontal de communion
fraternelle. Telle est la base de l’éthique Chrétienne. Mais la
réforme protestante du XVIème siècle enrichit l’éthique chrétienne
en lui donnant des marques révolutionnaires du retour à la Parole.

2. L’éthique protestante

L’éthique protestante trouve sa source dans la réforme. La reforme


indique le changement de paradigme historique qui opère le
dépassement d’une tradition, d’une culture. C’est ainsi l’expression de
rupture multiple dans plusieurs domaines de connaissance : Physique,
lettres ou humanités, philosophie et théologie etc.

8
Exode 20 : 2-17
9
Mathieu 22 : 37-39
16

Pour ce qui est du domaine de la religion le petit Robert nous rapporte


que la réforme est : le « rétablissement la discipline primitive dans un
monde religieux » 10 . Historiquement, la réforme est un mouvement
religieux du XVIème siècle qui présida à la naissance des obédiences
Protestante et pentecôtiste du christianisme. Martin Luther en fut
l’initiateur. En voici les points fondamentaux

Selon ce texte des Amis du Musée Calvin, qui n'est pas une confession
de foi, faisant autorité, mais un résumé parmi bien d'autres convictions
protestantes :

« 1° A Dieu seul la gloire


Rien n'est sacré ou absolu en dehors de Dieu. Les Protestants
contestent le caractère absolu de toute entreprise humaine. Au nom
d'un Dieu de liberté, ils proclament la liberté de conscience de tous les
êtres.
2° La grâce seule
La grâce est l'amour gratuit et originel de Dieu pour l'humanité.
Indépendamment de ses mérites, l'être humain est déjà sauvé. Cette
confiance de Dieu le rend responsable. Ainsi aimé, l'homme est apte à
aimer son prochain.
3° La Foi seule
La Foi naît de la rencontre de l'être humain avec Dieu. Elle peut être
l'issue - ou aussi le début - d'un chemin difficile mais jamais
inaccessible.
4° La Bible seule
La Bible est la seule autorité reconnue des Protestants qui y voient le
livre d'une humanité juive et chrétienne se voulant reliée à Dieu.
L'intelligence de son message aujourd'hui provient des efforts de
toutes les Eglises dans le respect de leur diversité.
5° Des Eglises toujours à réformer
Les Eglises rassemblent tous ceux qui se reconnaissent dans le Dieu
de Jésus-Christ, notamment par le baptême et la Cène . En tant
qu'institutions, elles n'exercent pas de médiation entre les fidèles et
Dieu. Communautés humaines, elles évoluent sans cesse au rythme de
l'humanité.
6° Le Sacerdoce Universel

10
Le Petit Robert, cf Réforme
17

Chaque baptisé a une place identique dans l'Eglise, qu'il soit laïc ou
pasteur ; ce dernier n'est pas un personnage à part, mais celui ou celle
à qui sa formation théologique permet d'animer la communauté. Le
témoignage de la foi et de l'engagement dans le monde est donc le
devoir de tous les Protestants membres des Eglises. » 1 1
Cette disposition de la réforme dépasse la tradition chrétienne qui tirait
son éthique et de la Bible et de la tradition des pères de l’église
consignée par les conciles. L’éthique protestante repose sur la seule
Bible et poursuit la Gloire de Dieu. Par ces fondamentaux, nous nous
comprendrons le sens du travail dans le Protestantisme.

Chapitre 2. Le Travail dans la pensée protestante

1. Malédiction ou bénédiction ?

Le travail tel que défini étymologiquement se donne comme une


épreuve, condition de possibilité du bonheur de l’homme : « C’est à la
sueur de ton visage que tu mangeras du pain, jusqu’à ce que tu
retournes dans la terre, d’où tu as été pris ; car tu es poussière, et tu
retourneras dans la poussière. » 12 . C’est par le travail donc que
l’homme peut s’épanouir. Si nous trouvons en Dieu et en son fils notre
modèle, nous devons travailler sans cette pour continuer l’œuvre de
création a un degré moindre. De ce point de vue le travail est moins
une malédiction qu’une bénédiction. Il apparait alors comme un
sacerdoce.

1. Le travail : un sacerdoce

Le sacerdoce étant le ministère du prêtre, serviteur de DIEU, voir dans


le travail un sacerdoce, c’est voir dans la personne humaine, le
protestant, un serviteur de Dieu. Ainsi, selon Max Weber, Luther a
révolutionné l’approche du travail par le principe du sacerdoce

11
Texte des Amis du Musée Calvin, https://oratoiredulouvre.fr/index.php/libres-reflexions/le-
protestantisme
12
Gn. 3 :19
18

universel où le travail est un acte de témoignage et de service de Dieu.


Celui qui aime Dieu et son prochain doit travailler et bien travailler
pour plaire à Dieu et secourir le prochain.

« Je vous ai montré de toutes manières que c'est en travaillant ainsi


qu'il faut soutenir les faibles, et se rappeler les paroles du Seigneur,
qui a dit lui-même: Il y a plus de bonheur à donner qu'à recevoir. » 13

Chacun donc rentra compte à Dieu du travail qu’il aura accompli. Il


doit se rassurer comme le christ, au soir de sa vie que tout est
accompli.

Chapitre 3. L’éthique protestante et le Capitalisme

Qu’est-ce que le capitalisme ?

C’est un régime de vie socio-économique qui repose sur le principe du


gain, selon lequel tout acte doit produire du profit. C'est-à-dire que
dans le contexte du travail, tout investissement doit produire des
intérêts à l’investisseur. C’est le principe du capital :

« Toute richesse en tant qu’elle rapporte ou qu’elle est destinée à


rapporter un revenu à son propriétaire ; revenu étant pris ici au sens
large : intérêts, loyer, bénéfices, etc. » 14

Prendre le travail comme sacerdoce donne au protestantisme u


argument qui fonde le développement du XIXème siècle.

« Pour Luther, le travail professionnel séculier est l’expression par


excellence de l’amour du prochain, et son accomplissement serait
agréable à Dieu parce qu’il s’agit de Sa volonté, et c’est pourquoi tous
les métiers licites ont la même valeur aux yeux de Dieu. Il pense qu’il
n’existe pas de bon ni de mauvais travail, mais qu’il existe un travail
assigné par Dieu (Luther 1997 : 131) 15

13
Act. 20 :35.
14
Cf. Dict. Lalande art. capital
19

Cette appréciation de Christel Engman dans une étude faite sur


l’éthique protestante du travail, montre bien que le travail est considéré
chez Luther comme un don de Dieu. Le repli monastique du
catholicisme devrait donc être révoqué.

De ce point de vue, l’oisiveté, la flemme et toute tendance à s’éloigner


du travail devient un péché. L’homme doit travailler avec Dieu qui est
le mandant pour l’épanouissement de l’homme et le développement de
la société des hommes. C’est pourquoi l’homme pieux ne doit pas
perdre le temps selon Weber :

« Gaspiller son temps est donc le premier, en principe le plus grave,


de tous les péchés. Notre vie ne dure qu'un moment, infiniment bref et
précieux, qui devra « confirmer »[festmachen] notre propre élection.
Passer son temps en société, le perdre en « vains bavardages », dans
le luxe, voire en dormant plus qu'il n'est nécessaire à la santé - six à
huit heures au plus -, est passible d'une condamnation morale absolue.
On ne soutient pas encore, comme Franklin, [168] que le temps c'est
de l'argent, mais au spirituel, pareille sentence est pour ainsi dire
tenue pour vraie. Le temps est précieux, infiniment, car chaque heure
perdue est soustraite au travail qui concourt à la gloire divine. Aussi
la contemplation inactive, en elle-même dénuée de valeur, est-elle
directement répréhensible lorsqu'elle survient aux dépens de la
besogne quotidienne. Car elle plait moins à Dieu que
l'accomplissement pratique de sa volonté dans un métier [Beruf]. » 1 6

L’incidence selon Weber est que le développement capitaliste du


XIXème siècle a connu un essor considérable dans les pays protestants
comme l’Allemagne, l’Estonie, l’Angleterre, etc. Que retenir ?

15
. Christel Engman, Quelques aspects de l’éthique protestante du travail et de ses influences dans la culture
du travail des Estoniens, art. https://gerflint.fr/Base/Baltique2/ethique.pdf p.2

16
Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, p. 117, version numérique par
Jean-Marie Tremblay, professeur de sociologie Courriel: jmt_sociologue@videotron.ca
Site web: http://pages.infinit.net/sociojmt
20

Conclusion

L’Ethique protestante du travail est une éthique de la responsabilité


devant Dieu et devant les hommes. Le travail y est un exercice spirituel
au même titre que les autres. Celui qui ne travaille pas est en état de
désobéissance à Dieu. Celui qui travaille mal est ennemi de Dieu, parce
qu’il est en situation de trahison : Il se trahit lui-même ; trahit ses
collaborateurs ; trahit la société et trahit Dieu. Car la vraie grandeur de
l’homme n’est ni dans le poste qu’il occupe, ni dans le gain qu’il en
tire, mais dans la sainte et saine attitude qu’il entretient, sachant que
toute œuvre passera devant Dieu.
21

Vous aimerez peut-être aussi