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Université Ibn Zohr

Ecole Supérieure de Technologie, Agadir


Filière :
Licence professionnelle en Génie de l’Eau et de L’Environnement (GEE)

Support du cours :

Culture d’entreprise

Professeur : Lahcen Benbihi, Docteur en sciences de gestion et du management

Plan de cours

Chapitre 1 : Le concept d’entreprise : définitions, missions et typologie

Chapitre 2 : l’environnement de l’entreprise

Chapitre 3 : L’organisation des entreprises

Chapitre 4 : culture d’entreprise et entrepreneuriale

Année universitaire : 2022/2023

L. Benbihi
Chapitre 4 : Culture d’entreprise et entrepreneuriat

Après avoir présenté l’entreprise, son organisation et son environnement, ce chapitre porte sur la culture
d’entreprise et entrepreneuriale. Etant donnée la formation de base des étudiants en Licence
professionnelle en génie environnement et de l’eau, ce chapitre vise à favoriser chez l’étudiant une
organisation évolutive et constructive de sa vision du monde (environnement socio-économique), de son
identité (personne et potentiel) et de son pouvoir d’action (projet entrepreneurial). Il explique les
concepts mobilisés sur lesquels la culture entrepreneuriale se base.
En effet, l’entreprise et l’entrepreneuriat sont devenus deux facteurs clés de la compétitivité et de la
croissance durable des économies dans le monde. Tous les pays se sont penchés à la recherche des
meilleures façons de promouvoir et de faciliter une culture d’entreprise et une dynamique
d’entrepreneuriat vibrante et éveilleuse de potentialités pour stimuler plus d’activités génératrices de
revenus.
Ainsi, ce chapitre est organisé en deux sections qui sont logiquement liées. Dans une première section,
sont présentés les concepts d’entreprise, d’entrepreneur et d’entrepreneuriat. Dans un deuxième temps
sont présentés les notions de culture et culture d’entreprise en passant en revue de la culture
entrepreneuriat.
Section 1 : Les 3 E : entreprise, entrepreneur et entrepreneuriat
Les trois termes en E viennent du verbe entreprendre qui peut signifier :
- Se mettre à faire une chose ;
- Commencer la réalisation ou l’exécution (de quelque chose), Synonyme : engager ;
- « Prendre entre » : notion d’intermédiation.
Entreprendre ne correspond ni à une position ni à un statut social (être chef d’entreprise, CEO, PDG, ne
suffit pas pour être entrepreneur), mais une fonction que l’on oppose souvent à celle de management.
Entreprendre peut s’envisager à un niveau individuel ou collectif (groupe, organisation, etc.). Il
correspond à une diversité de situations et de pratiques : entreprendre pour son propre compte ;
entreprendre pour le compte d’une entreprise (intraprendre) ; entreprendre pour le compte de la société
en général (actions humanitaires et de bénévolat, associatives, …etc.).
Bref, entreprendre ne s’applique pas uniquement qu’aux activités d’affaires, mais aussi à toute activité
humaine.
1. L’entreprise
L’entreprise a été définie selon les différentes approches dans le chapitre 1. Dans ce chapitre, les
éléments qui nous semblent pertinents pour la définir sont :

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- Projet, action ou réalisation plus ou moins complexes. Elle est synonyme de : Tentative,
aventure, manœuvre, essai. Le succès est une entreprise de longue haleine.
- Travail : opération, œuvre
La notion d’entreprise est liée à celle du risque, de l’initiative et celle de l’utilisation nouvelles de
ressources et de capital (recombinaisons de ressources).
Le terme d’entreprise est utilisé aussi dans « le monde de l’entreprise » pour décrire l’ensemble
représentatif des entités autonomes productrices de biens et de services marchands.
2. L’entrepreneur
L’entrepreneur peut être défini (selon le grand dictionnaire) comme étant :
« Une personne ou groupe de personnes qui crée, développe et implante une entreprise dont
il assume les risques, et qui met en œuvre des moyens financiers, humains et matériels pour
en assurer le succès et pour réaliser un profit ».
L’entrepreneur est un individu capable de percevoir (identifier, sélectionner) et saisir une opportunité.
Pour ce faire, il doit s’organiser seul ou en collaboration avec d’autre personnes pour l’exploiter et créer
de la valeur.
Entrepreneur, est une fonction, et non pas un statut social. La fonction d’entrepreneur s’acquiert à travers
les activités qu’elle exerce. Par conséquent, l’entrepreneur est celui qui entreprend.
L’entrepreneur a un rôle irremplaçable dans l’économie et la société. Il est son ferment, puisque, d’une
part, il crée des entreprises et des emplois, ensuite, il introduit des innovations de rupture comme des
innovations incrémentales, et enfin, il participe au renouvellement et à la restructuration du tissu
économique.
L’entrepreneur est souvent étroitement associé aux termes de prise de risque, d’innovation, et de
proactivité (anticipations des événements), et chasseur d’opportunités d’affaires. Il est un agent de
changement.
3. L’entrepreneuriat
Etymologiquement, le terme de l’entrepreneuriat est dérivé du terme d’entrepreneur (entrepreneurship
en anglais).
L’entrepreneuriat peut être défini comme étant la « fonction d’une personne qui mobilise et gère des
ressources humaines, financière et matérielles pour créer, développer et implanter des entreprises ».
L’entrepreneuriat est aussi un phénomène socio-économique, ses apports à l’économie et à la société
sont considérables et ils portent essentiellement sur :
- La création d’entreprises et le développement économique ;
- La création d’emploi comme une réponse aux problèmes de chômage ;
- L’innovation et les opportunités innovantes ;

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- le développement de l’esprit d’entreprendre dans les entreprises et les organisations (prise
d’initiative, prise de risque, orientation vers les opportunités, réactivité ou flexibilité…)
- L’accompagnement de changements structurels au niveau de l’environnement politique,
technologique, social ou organisationnel (exemple du secteur tertiaire, l’internet, les TIC…).
Section 2 : De la culture d’entreprise à la culture entrepreneuriale
Dans le but de faire la distinction entre la culture d’entreprise et la culture entrepreneuriale, il apparait
essentiel de définir d’abord le concept de culture.
1. La notion de culture
Le terme culture ne fait pas l’objet d’une définition communément admise par les chercheurs.
La culture est définie comme étant un ensemble d’informations partagé et transmis entre des individus
et des générations d’individus. C’est un socle de références portant sur des valeurs, des aspirations, des
croyances, des modes de comportement et des relations interpersonnelles.
- Les croyances, valeurs et normes
Ils définissent un certain nombre de règles de comportement auxquels les membres du groupe doivent
se soumettre sous peine de sanctions, voire d’exclusion.
- Les mythes et histoires
Ils font référence au passé et se transmettent sous la forme de récits idéalisés basés sur des faits réels. Le
mythe joue un rôle sécurisant. Il est le reflet d’un passé, mais aussi le garant d’un avenir.
- Les rites collectifs
Il s’agit d’actes qui se répètent permettant de manifester un consensus. Le respect du rite correspond à
une volonté de se rassurer, en manifestant son appartenance à un groupe.
Toute technique de gestion est susceptible de devenir rituelle dès le moment où les détenteurs du pouvoir
la singularisent, voire la théâtralisent.
- Les tabous
Ce sont des sujets qui constituent les manifestations d’une peur collective. Les tabous peuvent se
matérialiser sous la forme « d’événements-catastrophes pouvant affecter les produits de l’entreprise et
que les dirigeants sont incapables de prévoir parce qu’un tel exercice est pour eux trop anxiogène ».
La culture crée du sens pour tous ceux qui y adhèrent !
2. La culture d’entreprise
La culture d’entreprise est définie comme étant « un ensemble de valeurs, croyances et attitudes
communément partagées dans la société et étayant la notion de « manière de vivre » entrepreneuriale
désirable et favorisant la poursuite d’un comportement entrepreneurial effectif par des individus ou
groupes d’individus ».
La culture d’entreprise est un ensemble complexe, qui permet à chaque individu de s’identifier à son
organisation.

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La culture d’entreprise est son identité collective et la manière dont elle se traduit dans ses actions. Elle
reflète le passé de l'entreprise et elle s'impose à tous les membres qui sont obligés de s'y conformer.
La culture d'entreprise est la composante interne de l'entreprise, l'image que l'entreprise se projette à elle-
même. Les publics extérieurs n'en perçoivent que les reflets.
On peut dire alors que l’identité collective de l’entreprise est vécue en interne en tant que culture, et se
projette à l'extérieur entant qu'image
2.1. Les fonctions de la culture d’entreprise
La culture d’entreprise permet de :
▪ Concilier les parties prenantes (salariés, syndicats, direction, actionnaires...) :
La culture d’entreprise permet la réconciliation entre les différentes parties prenantes, ayant des intérêts
divergents, autour d’un projet commun. Par conséquent, elle assure la cohérence du groupe en améliorant
notamment la communication (s’intéresser au partage des valeurs communes au lieu d’insister sur les
divergences d’intérêts)
▪ Améliorer l’adaptation à l’environnement
La culture d’entreprise améliore l’adaptation à l’environnement pour assurer la survie du groupe,
notamment en constituant un groupe plus soudé et en réagissant plus vite aux changement grâce à une
vision commune de l’avenir.
▪ Impliquer pour motiver les salariés
Lorsque tous les membres de l’entreprise adoptent des valeurs communes, ils s’identifient à leur
entreprise. Cela permet une meilleure motivation dans la mesure où les salariés intègrent les objectifs
de l’entreprise.
L’idée clef de la culture d’entreprise est que le personnel défendra d’autant mieux l’entreprise qu’il la
considérera comme une collectivité à laquelle il appartient
▪ Augmenter la compétitivité et la performance des entreprises.
En effet, une forte culture d’entreprise renforce la performance économique d’une société en réduisant
ses coûts. Les convictions, pratiques, et mythes communs qui définissent la culture d’entreprise
constituent un mécanisme de contrôle informel coordonnant les efforts des salariés. De plus, cette culture
n’est pas tant imposée aux salariés que construite socialement par eux. Par conséquent, leur motivation
et leur moral sont meilleurs que lorsque les contrôles sont exercés par un supérieur selon la voie de
l’autorité hiérarchique. Le coût du travail est aussi moins élevé. Les économies ainsi réalisées grâce à
une forte culture d’entreprise peuvent donc permettre à cette firme d’espérer de meilleures performances
financières.
2.2. Éléments constitutifs de la culture d'entreprise
Chaque entreprise a sa culture propre, façonnée à partir d’un ensemble de facteurs qui peuvent être

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▪ Les valeurs : Se sont des idées et croyances partagées par les différents acteurs de l’entreprise qui
apparaîtront dans les discours des dirigeants, les supports de communication écrits ou visuel. Il s’agit
des normes qui fournissent le cadre de référence et de fonctionnement d’un groupe social (ce qui est
bon, ce qui ne l'est pas). Les normes qui définissent les façons d’agir et de penser. Plus concrètement,
les valeurs forment la philosophie de l’entreprise. Elles déterminent sa charte de conduite exprimée
par le règlement intérieur, les descriptifs des postes, ainsi que par le système de récompense et de
sanctions adoptés.
▪ Les mythes :
Ce sont les croyances communes, la personnalité du fondateur, les événements marquants de l'histoire
de l'entreprise (création, privatisation, fusion) qui créent sa légende. Autrement, les mythes sont les
légendes, les histoires associées au passé de l’entreprise. Ils servent à renforcer les valeurs communes.
Le mythe du fondateur, du père de l’entreprise, est très exploité, en particulier dans les PME.
▪ Les symboles :
Ce sont des objets possédant une signification organisationnelle et se sont des Signes chargés
d’informations culturelles
- Le logo de l’entreprise : le lion de Peugeot, symbole de force
- Le style et la tenue vestimentaire
- Les récompenses : voyage, distinction honorifique
- Les signes distinctifs de statut : le parking personnel, la voiture de fonction, la taille du
bureau...
▪ Les rites :
Ce sont des pratiques qui découlent des valeurs partagées. Il s’agit des ensembles d'activités consolidant
diverses formes d'expressions culturelles dans un événement, effectués par des interactions sociales. Il
s’agit des rituels qui rythment la vie de l’entreprise.
Citant par exemple :
- Manières de commencer le travail : au Japon, gymnastique, hymne à la gloire de l’entreprise
- Pause, détente : la pause-café
- Repas : en commun, sans distinction de grade
- Façon de communiquer : usage du prénom
- Façon de terminer la semaine : synthèse de la semaine
- Façon de terminer l’année : fête...
3. La culture entrepreneuriale
La culture entrepreneuriale serait en effet constituée de qualités et d’attitudes exprimant la volonté
d’entreprendre et de s’engager pleinement dans ce que l’on veut faire et mener à terme. Elle se veut être

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comme une culture du projet, une culture toute particulière puisqu’elle vise à produire de la nouveauté
et du changement. Elle se veut aussi être une culture de création et de construction.
La culture entrepreneuriale ne doit plus être considérée uniquement comme un moyen de créer de
nouvelles entreprises, mais plutôt comme une attitude générale qui constitue un atout précieux dans la
vie quotidienne et professionnelle de tout citoyen, compte tenu de la portée des caractéristiques qui la
définissent.
Dans « La culture entrepreneuriale, un antidote contre la pauvreté », Fortin propose que la création de
richesse passe par le développement d’une culture entrepreneuriale qui est préférablement endogène en
priorisant le développement de valeurs comme l’autonomie, la responsabilisation, la créativité et la
solidarité.
Avant de passer la troisième section, il s’agit à ce stade de définir d’autres concepts dérivés comme par
exemple : L’esprit d’entreprise vs esprit entrepreneurial. L’esprit d’entreprise concerne la connaissance
de l’entreprise et de l’entrepreneur, alors que l’esprit entrepreneurial consiste essentiellement en une
volonté d’agir pour créer du changement, de la nouveauté, pour fixer des buts et réaliser des projets.

L. Benbihi

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