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Le travail peut-il rendre heureux ?

THESE

Le travail est ce qui permet à l'homme de réaliser ses plus profondes aspirations. Grâce à lui, il
s'affranchit de son animalité première et construit un monde qui est le reflet de ce que son esprit
conçoit.

Le bonheur est la réalisation de tous nos penchants

Pour Kant, le bonheur est la «satisfaction de toutes nos inclinations» (Critique de la raison pure).
Le travail, à lui seul, peut permettre à l'homme d'être pleinement heureux. Freud considère qu'il est
possible, grâce à lui, de sublimer les pulsions sexuelles. Ainsi, l'artisan qui donne naissance à un
objet satisfait autant son esprit que ses sens. Il féconde la matière et il accouche d'une œuvre
sortie de ses mains.

Pour être heureux, il feint se libérer de la nécessité

L'animal se contente de vivre. Le propre de l'homme est de refuser ce «minimum vital». Voilà qui
fait sa particularité. En travaillant, il se libère peu à peu des nécessités naturelles. N'étant plus
directement soumis à ses instincts, l'homme peut s'élever au-dessus de sa condition première et
s'occuper du monde qui est véritablement le sien, à savoir le monde de l'esprit.
«S'il est librement choisi, tout méfier devient source de joies particulières.» (Freud, Malaise dans la
civilisation)

Le travail est la réalisation de l’esprit

Hegel a longuement développé cette idée : l'histoire de l'humanité est l'histoire de l'esprit qui, sans
en avoir conscience transforme la nature, se projette dans ses œuvres, puis comprend que tout ce
qui est réel est identique à tout ce qui est rationnel c'est-à-dire à tout ce que l'esprit peut concevoir.
Grâce au travail, l'homme se sent partout chez lui.

Le travail peut faire le bonheur de l'homme, Grâce à lui, il peut améliorer sa condition, humaniser le
monde qui l'entoure. Il est la réalisation de ses désirs. En tant que tel, il est source de satisfactions.

ANTHITHESE

Le travail n'échappe jamais aux impératifs de la nécessité. Il relève du domaine de la contrainte et


de la peine. Si cette contrainte n'est pas dictée par la nature, elle est dictée par des impératifs
sociaux.

L’homme est condamné à travailler

Rousseau met en évidence ce paradoxe : si l'homme travaille tant, c'est qu'il est naturellement
fainéant. Conscient de sa situation au sein de la nature (il est un être démuni), conscient
également d'être perpétuellement insatisfait, il n'a d'autre solution que de travailler. Or, le travail
contredit son désir de liberté. Il lui rappelle sans cesse qu'il existe un fossé entre ce dont il rêve et
la réalité.
«lntroduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu tout ce qui fait la vie belle et
digne d'être vécue." (Paul Lafargue, Le Droit à la paresse)

L’homme est le seul animal laborieux

On ne peut pas dire que le castor travaille. Il obéit à ses instincts. Une fois son habitat construit, il
ne lui reste qu'à se livrer à des activités vitales : se nourrir, se reproduire. L'homme, quant à lui, ne
peut pas se satisfaire de ce «strict minimum». Sa nature désirante lui impose le travail : tel est son
malheur.

Le travail est nécessairement une contrainte

Si le travail n'est plus soumis aux seules nécessités naturelles (se nourrir, se protéger...), il ne
cesse pas pour autant d'être une contrainte. Toute activité laborieuse exige l'acquisition d'un
savoir-faire, donc le respect de certaines règles. Par ailleurs, en tant qu'activité sociale, le travail
impose la soumission à des horaires, une hiérarchie, des impératifs de productivité.

action imposée par la nécessité est naturellement fâcheuse.» L'homme


Comme le dit Aristote, «toute
serait heureux s'il pouvait se passer de travailler. Le travail est toujours une peine.

Synthèse

Dans la Bible, il est dit qu'Adam, après avoir désobéi à Dieu en mangeant la pomme de l'arbre de
la connaissance, a été condamné au travail. L'homme, depuis, doit gagner son pain à la «sueur de
son front». Le travail apparaît donc comme une fatalité. Les Grecs méprisaient tout ce qui dépend
de la nécessité. Jusque dans la première partie du XX è siècle, on condamnait les criminels aux
travaux forcés. Voilà qui montre bien que le travail est davantage une source de malheur que de
bonheur.
D'un autre côté, le travail, en tant qu'acte libre, en tant que création, en tant que réalisation des
désirs et des volontés de l'individu, est à l'origine d'inépuisables satisfactions. C'est aussi grâce à
lui que les hommes sont parvenus à agir sur la nature afin de la rendre moins hostile. Ils ont
amélioré leur condition, à défaut de conquérir un bonheur absolu et éternel.

« Travail est toute dépense d’actes qui tend à rendre les choses, les êtres, les circonstances
profitables ou délectables à l'homme ; et l’homme lui-même, plus sûr et fier de soi. » (Paul Valéry,
Regards sur le monde actuel)

Travail : Les langues européennes modernes et anciennes possèdent deux mots distincts pour
désigner ce qu'aujourd'hui nous appelons «travail». Ainsi, par exemple, le latin distingue
laborare, «travailler», et facere, «faire quelque chose de nouveau». L'allemand, de même,
possède le verbe arbeiten et le verbe wirken ; l'anglais, les mots labor et work... Dans tous les
cas, le langage est explicite : il y a, d'un côté, le travail qui n'est qu'une pure contrainte et, de
l'autre, le travail qui réalise les plus profondes aspirations de l'homme.2

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