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La recherche sur la littérature chinoise moderne au cours des quinze dernières années

Author(s): Yan Jiayan, 嚴家炎, Angel Pino and Isabelle Rabut


Source: Revue Bibliographique de Sinologie , 1995, NOUVELLE SÉRIE, Vol. 13 (1995), pp.
417-430
Published by: EHESS

Stable URL: http://www.jstor.com/stable/24631313

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YAN JIAYAN晨象炎

LA RECHERCHE SUR LA LITTÉRATURE CHINOISE MODERNE


AU COURS DES QUINZE DERNIÈRES ANNÉES

Né en 1933,critique littéraire, Yan Jiayan est originaire de la région de Shanghai. Il a


entrepris ses études à 1,Université populaire révolutionnaire de l'est de la Chine en
1950, avant d'intégrer, en 1956,le département de chinois de l'Université de Pékin où
il poursuit sa formation en théorie littéraire comme étudiant-chercheur. En 1958, une
fois diplômé, il reste à F Université de Pékin, mais en qualité d'enseignant cette fois.
C'est là qu'il accomplira sa carrière, franchissant tous les grades jusqu'à celui de pro
fesseur et assurant même un temps la direction du département (1984-1989). Non
obstant, ce parcours, résumé ici en quelques mots, ne fut pas sans soubresauts : critiqué
dès le milieu des années soixante pour les positions adoptées dans certains articles, Yan
Jiayan sera sévèrement pris à partie au cours de la “Révolution culturelle".
Yan Jiayan est maintenant vice-président de l'Association des lettres et des arts de la
municipalité de Pékin et directeur de la Société de recherche sur la littérature chinoise
moderne. Il est en outre rédacteur en chef adjoint de la revue Zhongguo xiandai wenxue
yanjiu congkan マ)SIW 文令巧見汰 (“Collection de recherche sur la litté
rature chinoise moderne").
Entre autres travaux, réalisés seul ou en collaboration, on relèvera l'ouvrage signé
par Tang Tao \ ザl (1913-1992), dont il a aidé à superviser le dernier tome : Zhong
guo xiandai wenxue shi マ® ネJL ィ く(摩之,“Histoire de la littérature chinoise
moderne,,. Beijing : Renmin wenxue chubanshe, 3 vol., 1979-1980 *. Lui-même est
l'auteur, notamment, d'une Zhongguo xiandai xiaoshuo liupai shi '卜
シ氣政 (“Histoire des courants dans le roman chinois moderne”. Beijing : Renmin
wenxue chubanshe, 1989), ainsi que de plusieurs recueils d'essais sur la littérature
moderne, et l'éditeur de : Zhongguo xiandai ge liupai xiaoshuo xuan ^ ir
抓 a,钱暮("Choix de nouvelles chinoises modernes appartenant à différents
courants,’). Beijing : Beijing daxue chubanshe, 4 vol., 1988.
Membre du comité de rédaction du tome consacré à la littérature chinoise de la
Zhongguo da baike quanshu 彳 © ベ ë 利全書(Grande Encyclopédie chinoise),
publiée en 1986 (Beijing, Shanghai : Zhongguo da baike quanshu chubanshe), Yan
Jiayan s'est occupé de la section qui concerne la littérature moderne. Il dirige actuel
lement la Ershi shiji Zhongguo xiaoshuo shi ニ -r 技棄已彳闼 0、ぞt t ("Histoire
du roman chinois au XXe siècle”),dont le premier volume est paru en 1988 (Beijing :
Beijing daxue).
Les lignes qui suivent, inédites aussi bien en français qu'en chinois, forment le texte
d'une communication présentée en mai 1994 à la VIe assemblée annuelle de la Société
de recherche sur la littérature chinoise moderne, laquelle s'est tenue à Xi'an. Les notes,

* Dont il existe une version abrégée, qui fut disponible en langue castillane avant d'être traduite en
anglais : Historia de la literatura china moderna, Beijing : Ediciones en languas extranjeras, 1989 ;
History of Modem Chinese Literature. Beijing : Guoji chubanshe, 1993. Cette dernière version ne
signale pas la part prise par Yan Jiayan à la composition de l'œuvre, pas plus que celles de Fan Jun ou
de Wang Pingjin.

Revue Bibliographique de Sinologie, 1995/XIII

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sauf indication contraire, sont des traducteurs, de même que tout ce qui figure entre
crochets [...]. Pour l'essentiel, notre intervention s'est bornée à des indications biblio
eraDhiaues. Les intertitres sont également de notre fait.
ANGEL PINO et ISABELLE RABUT

Si l'on prend pour point de départ le IIIe plénum du XIe Comité central[12 au 1
décembre 1978], voilà donc plus de quinze ans que nous sommes entrés dans
ère nouvelle. La création de la Société de recherche sur la littérature chinoise
moderne et le lancement de la Zhongguo xiandai wenxue yanjiu congkan
[Collection de recherche sur la littérature chinoise moderne] remontent, quant à
elles, à quinze ans tout juste. Quinze années, ce n'est pas grand chose, et pour
tant, la recherche sur la littérature chinoise moderne a connu des bouleversement
saisissants, engrangé des résultats importants et opéré des avancées indéniables.
On peut affirmer sans exagération qu'il a été accompli au cours de ces quinze
dernières années plus de progrès qu'au cours des trente années précédentes.

INTRODUCTION

La recherche sur la littérature chinoise moderne, en tant que discipline sensible


qui touche à nombre de problèmes politiques pratiques, a été sujette longtemps à
des turbulences. Si les bases de la discipline ont été jetées au début des années
cinquante, avec la publication de la Zhongguo xin wenxue shi gao マ!^
sC.譽之喷[Esquisse d'une histoire de la nouvelle littérature chinoise] [1951
1952] de Wang Yao i 確[1914-1989] et autres monographies ou manuels, elle
n'a cessé, à compter de la Campagne de critique contre Hu Feng ^ [1955],
d'être attaquée, dans son contenu comme dans ses structures.
L'ouvrage de Wang yao, le premier, a subi une attaque en règle : on l'a taxé
cT"objectivisme” et (^“apolitisme,,,contraignant l'auteur à obtenir de son éditeur
qu'il stoppe la réimpression. Puis ce fut le tour des Zhongguo xin wenxue shi
chugao ^ ‘ [Eléments pour une esquisse de la nouvelle
littérature chinoise] de Liu Shousong %i\ 嫂松[1912-1969], dont le manuscrit
révisé venait de voir le jour 一 leur publication date de 1956 一 et qui ne circu
lèrent qu'un peu plus d'un an, du fait de la Campagne anti-droitière. Sans doute
Liu Shousong avait-il encore l'intention de corriger son texte, et c'est pourquoi
peu de temps après, en se conformant à l'esprit de la Conférence élargie des
responsables du Parti à l'inteneur de l'Association des écrivains de Chine et sur
la suggestion de certain dirigeant, il écrivit ce célèbre article où il critiquait les
prises de position adoptées par Feng Xuefeng 7% ^ [1903-1976] au cours
des années trente, à 1,occasion des ‘‘débats sur la liberté dans les lettres et les
arts” et de la “controverse sur les deux mots d'ordre". Par un retournement inat
tendu, au cours de la Révolution culturelle cet article se transformera précisé
ment en pièce à charge contre son auteur et l'on fera grief à Liu Shousong
d'avoir “aidé Zhou Yang )f\ 搞[1908-] à falsifier rhistoire”,ce qui aura pour
conséquence de le pousser à emprunter, en compagnie de sa femme, le chemin
tragique du suicide.
On avait beau réécrire au fur et à mesure l'histoire de la littérature, il était
impossible de coller à une situation politique qui évoluait à tout allure. Dès lors
que pour satisfaire aux exigences de l'heure on acceptait de travestir la vérité et
de raturer l'histoire 一 à l'heure où même des écrivains comme Lu Xun | 通,
mort depuis plusieurs décennies, n'échappaient pas au destin commun et où leur

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correspondance était confisquée et leurs œuvres censurées 一,de quelle indépen


dance scientifique la recherche sur la littérature chinoise moderne aurait-elle pu
se prévaloir ? Comment cette discipline qu'est l'histoire de la littérature aurait
elle pu véritablement accéder au statut de science ?

Une discipline scientifique, indépendante du politique

Depuis que nous sommes entrés dans l'ère nouvelle, le changement le plus
important survenu dans le domaine scientifique a consisté à faire table rase du
passé, de sorte que la recherche sur la littérature chinoise moderne est revenue à
ce qu'elle n'aurait jamais dû quitter 一 la littérature proprement dite, devenant
ainsi une discipline autonome dotée d'un statut et d'une valeur scientifiques. Ce
que Fan Jun ず臭 S复 résume dans un article :
D'une façon générale, le changement le plus fondamental survenu ces
dernières années dans la recherche sur la littérature chinoise moderne réside dans
le rait qu'elle est parvenue enfin à s'affranchir de sa subordination mécanique
aux tâches qu'impose la lutte politique, pour se lancer dans des recherches objec
tives fondées sur la raison historique. Non seulement on explore désormais, de
manière systématique, le processus historique dans son ensemble et ses liaisons
internes, mais on en dresse un bilan consciencieux, et on opère la synthèse
scientifique des leçons de l'histoire et des lois qui président à son développe
ment. C'est assurément un tournant capital et d'une portée immense pour la
discipline l.
Au fil des études, on assiste à une réévaluation objective d'écrivains ou
d'œuvres qui avaient été jadis brutalement rejetés ou simplement dénigrés sous
des prétextes divers.
Cette réévaluation qui passait en premier lieu par la réhabilitation des écri
vains concernés a d'ores et déjà dépassé de loin le cadre qui lui avait été
assigné : non seulement on a épinglé les erreurs de Lin Biao et de la Bande des
quatre, mais également celles de la tendance “gauchiste,’ qui sévissait depuis le
milieu des années cinquante, voire celles de l'idéologie “gauchiste,,apparue dans
les années trente. De sorte que beaucoup de choses ont recouvré leur vrai visage
ou peu s'en faut.
Des questions littéraires liées aux grandes affaires historiques longtemps lais
sées en suspens qui entouraient les noms de Wang Shiwei i す味[1900
1947], Xiao Jun % 革[1907-1988], Hu Feng IL [1902-1985], Pan Hannian
潘キ[1906-1977], Ding Ling ゴ冷[1904-1986], Chen Qixia ?束仑衮
[1913-1988], Feng Xuefeng ou Ai Qing 又身[1910-],ont été progressivement
réglées.
Un grand nombre d'écrivains ont fait l'objet d'une relecture plus scientifique,
dont : Hu Shi n 通[1891-1962], Zhou Zuoren 同作人[1885-1967], Xu
Zhimo 徐 h 冷[1896-1931], Lin Yutang 秣符 Î [1895-1976], Liang Shiqiu
球-f 牧[1903-1987], Shen Congwen 迷忟文[1902-1988], Mu Shiying
料崎免[1912-1940], Zhang Ailing 银玄跨[1921-]’ Xu Yu [1908
1980], Chen Quan 辣餘[1903-1969]. Il en a été de même pour des œuvres
telles que Bao ma 交兔,[“Les Chevaux précieux" (1937) ; Sun Yutang
对激嚷(1910-1985)], Sishui weilan 死扎イ汉ラ聞[Rides sur les eaux

1 FAN Jun ンら& , « Lun Zhongguo xiandai wenxue yanjiu de dangdaixing » 徐中 fil多1i 代_ 文•令对
見的 % イ〜、'吐[入 propos de l'actualité de la recherche en littérature chinoise moderne], Lun
Zhongguo xiandai wenxue yanjiu -f 画...バ/ 文.や件兒[À propos de la recherche en littéra
ture chinoise moderne], Shanghai : Shanghai wenyi chuoanshe, 1992’ p. 150.

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dormantes (1937) ; Li Jieren イ、人(1890-1962)] 2, Ke'erqin qi caoyuan


斜调シじづ女鼻森[La Plaine de la bannière de Horqin (1939) ; Duanmu
Hongliang 热r ^■裁 i (1912-)], Yuan'e 砵对[La Plaine sauvage (1937);
Cao Yu 看あ(1910-)],Hulan he zhuan ^ 免ぅ町傳[Récits de la rivière
Hulan (1942) ; Xiao Hong 藏系ニ (1911-1942)], Guoyuan cheng ji 幕 W ^ iL
[Souvenirs de la Cité des vergers (1956) ; Shi Tuo 例 ft (1910-1988)], Han ye
% 救[Nuit glacée (1947) ; Ba Jin t 食(1904-)]3,Wei cheng lé 4 [La
Forteresse assiégée (1948) ; Qian Zhongshu 供 ft 書(1910-)] 4,Si s hi long
tang w fTi'f [Quatre générations sous le même toit (1944) ; Lao She 先
令(1899-1966)], Chang ye 長 [Longue Nuit (1947) ; Yao Xueyin ‘
令イく (1910-)],Caizhu de ernumen 对主;?s 兄女ィrj [Gosses de riche
(1948) ; Lu Ling 於挪(1913-)], Jiu ye ji 九 H [Recueil des neuf feuilles
(1981);Xin Di 齐窟(1912-) et autres]5. Il est permis de dire que les uns et les
autres ont été revus à la lueur d'une réflexion lucide.
Tout cela a contribué dans une large mesure à libérer la pensée dans le
domaine de la recherche littéraire, à mettre fin aux campagnes artificielles de
dénigrement ou de sacralisation qui avaient eu cours trop longtemps et à fixer
scientifiquement les normes de la critique historique et de la critique esthétique
en nourrissant un climat de respect strict des faits, de réflexion rigoureuse et de
recherche courageuse.
En réalité, un certain nombre de questions n'ont pu être soulevées au cours
de ces dernières années que parce que régnait précisément ce climat de libre
réflexion propice au respect des laits :la question de révaluation du courant
"Canards mandarins et papillons” [yuanyang hudie pai 嚷兔玄切 WE celle
de l'évaluation du courant Xueheng 终 ou du néo-humanisme, la ques
tion de l'influence de l'existentialisme dans la littérature chinoise moderne, et
même la question de la réécriture de l'histoire littéraire, etc.

Le champ de la recherche a été a élargi, les problématiques enrich正s,


LES THÈMES DE RECHERCHE MULTIPLIÉS

Ce qu'il convient d'observer en second lieu, c'est l'élargissement du champ de la


recherche, r enrichissement des problématiques, et la multiplication des Aèmes
de recherche.
Bien que la littérature chinoise moderne ne couvre qu'une période d'un peu
plus de trente ans, la recherche accusait de longue date des points faibles et des
lacunes. En outre, les problématiques étaient étroites et la méthodologie uni
forme. Par exemple, pour s'en tenir aux nationalités, on se bornait à étudier la
littérature moderne des Han, sans faire aucun cas de la littérature des minorités
nationales. ‘‘On ne s'est jamais penché sur Lao She, dont chacun sait pourtant

2 Li Tiej'en [Li Jieren], Rides sur les eaux dormantes, trad, par Wan Chunyee. Paris : Gallimard, 1981.
(coll. “Du monde entier").
3 Pa Kin [Ba Jin], Nuit glacée, trad, par Marie-José LALITTE, préface d'ÉTIEMBLE Paris : Gallimard,
1978 (coll. “Du monde entier") ; rééd. Gallimard, 1983. (coll. "Folio").
4 QIAN Zhongshu, La Forteresse assiégée, préface de Lucien BIANCO, trad, par Sylvie SERVAN
SCHREIBER et WANG Lou. Paris : Christian Bourgois, 1987.
5 Ce recueil renferme les œuvres d'un groupe de poètes des années quarante, qui conjuguent poésie
traditionnelle et modernisme occidental.

6 Groupe littéraire qui tire son nom du titre de la revue fondée en 1932 à Nankin et dont les membres
furent critiqués par Lu Xun (1881-1936) pour leur traditionalisme. Liang Shiqiu, notamment, y fut
très actif. Le « néo-humanisme » dont la revue Xueheng se fit l'écho, est une notion empruntée à
Irving Babbitt.

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qu'il était d'origine mandchoue, ni sur son œuvre, pour tenter d'y déceler
d'éventuelles spécificités mandchoues. Au lieu de cela, on l'a rangé sans autre
forme de procès parmi les écrivains Han,’7. Quant à Shen Congwen, ses origines
miao ont été encore plus négligées.
Pour ce qui est des tendances de la création, on ne se souciait jusqu'alors que
de la littérature réaliste, au détriment de la littérature romantique dont les études
étaient réduites à la portion congrue. La littérature moderniste, elle, fut long
temps décriée : on refusait de la comprendre car on ne voulait pas la prendre au
sérieux. En matière de littérature régionale, la littérature des régions sous con
trôle nationaliste pendant les années quarante avait été mise de côté - pour
reprendre les termes de Wu Zuxiang 灰令在細[1908-],les préjugés empê
chaient qu'on la juge à sa juste valeur - et la littérature des zones occupées par
les Japonais, Taiwan y compris, nous était presque totalement étrangère.
En ce qui concerne la problématique, on n'accordait jusqu'alors qu'une atten
tion très faible aux écoles ; pour ne rien dire de la stylistique ou de la narra
tologie, pratiquement inexistantes.
Ces dernières années, la situation s’est améliorée à des degrés diveçs. Des
écrivains issus des minorités nationales, tels que [Li] Mutalifu 等.辞务 t 南:
[1922-1945, poète ouighour] ou [Na] Saiyinchaoketu 束内.务到免 ÉI [1914
1973,poète mongol], ont fait leur entrée dans les histoires de la littérature. Les
traits mandchous des œuvres de Lao She et les traits miao des œuvres de Shen
Congwen ont fini par s'imposer à rattention de certains chercheurs, qui ont
décidé de les analyser. Les recherches sur la littérature des minorités donnent
lieu à des publications spécialisées.
Les recherches sur la littérature romantique se sont multipliées et des ouvrages
assez exhaustifs et sérieux sont désormais accessibles. Les recherches sur la
littérature moderniste, qui partaient de zéro, ont démarré par la mise au jour de
documents puis ont avancé à pas de géant. Qu'il s'agisse des marques symbo
listes dans les nouvelles ou les poèmes en prose de Lu Xun,des marques expres
sionnistes et des emprunts au courant de conscience dans les premières œuvres
de la société Création, des poèmes symbolistes de Li Jinfa 考* 金焚:[1901
1976] et autres, des romans néo-sensualistes de Mu Shiying ou Liu Na,ou 割
M [1900-1939], des romans psychanalytiques de Shi Zhecun 说对而"
[1905-], Shen Zufen ;t, [1909-1977], Zhang Ailing et Li Tuozhi
之[1914-1983], des poèmes modernistes de Dai Wangshu 菜;髮針[1905
1950] ou d'autres, de la couleur expressionniste des pièces de Cao Yu,des
nouvelles où Wang Zengqi ラi 耆样[1920-],dans les années quarante, s'est
essayé au courânt de conscience avec un certain bonheur, ou des poèmes des
auteurs regroupés dans le “Recueil des neuf feuilles”,tous ces sujets ont attiré
l'attention des chercheurs, suffisamment en tout cas pour que certains leur
consacrent des monographies relativement pointues. Les recherches concernant
les écoles littéraires sont prises en considération : plusieurs maisons d'éditions
ont publié des ouvrages à ce propos ainsi que des anthologies représentatives des
écoles ou des groupes. Enfin, les recherches en narratologie, elles aussi, ont
abouti à des résultats encourageants.
S'agissant de la littérature régionale, les études sur la littérature des zones
libérées ont été encore approfondies, tandis que les études portant sur la littéra
ture des regions sous contrôle nationaliste pendant les années quarante connais
saient un développement remarquable : à signaler, à cet égard, les travaux

7 FAN Jun, « Guanyu Zhongguo xiandai wenxue yanjiu de kaocha he sisuo >補すす 戎ィ〜'文冷
石,徒)々? % 療和 fci 笨[La Recherche en littérature chinoise moderne : examen et réflexion],
Lun Zhongguo xiandai wenxue yanjiu, op. cit., p. 30. (Note de l'auteur.)

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consacrés à Lao She, Ba Jin, Cao Yu, Lu ling, Sha Ding ?;^ [1904-],Shen
Congwen, Li Jieren, Qian Zhongshu ou Mu Dan 传旦[1918-1977]. Pour s'en
tenir au seul Lao She, non seulement des textes comme Gushu yiren tL 書
瞽 /、[Le Conteur au tambour] ou "Quatre générations sous le même toit,,ont
fait l'objet d'une approche relativement scientifique mais on s'est attelé à
explorer la mentalité de l'écrivain dans sa dimension culturelle et dans son
rapport à la création, ce qui eût été inimaginable auparavant.
De la même manière, les études sur la littérature de rilot,’ de Shanghai8,sur
Taiwan au temps de la domination japonaise, et sur la littérature des zones occu
pées ont porté leurs premiers fruits : Zhongguo xiandai wenxue yanjiu congkari
[Collection de recherche sur la littérature chinoise moderne] a consacré deux
livraisons entières à la littérature des zones occupées.
Les recherches vouées aux différents genres littéraires étaient autrefois très
déséquilibrées. Elles portaient essentiellement sur le roman sans que nous dispo
sions pour autant d'une histoire complète du genre. Ces dernières années, les
investigations sur ce thème ont conservé leur suprématie mais on a vu paraître
pas moins de quatre histoires du roman moderne, dont plusieurs travaux indivi
duels d'envergure.
Parallèlement, un certain nombre de chercheurs se sont appliqués à l'analyse
des autres genres et ont publié des histoires de la poesie nouvelle, des histoires
du théâtre ou des histoires du sanwen そ文え.D'autres histoires sont parues, sur
la théorie et la critique littéraires, sur les courants de pensée littéraires ou sur la
littérature comparée. Ces approches spécialisées s'efforcent de dresser un bilan
de l'expérience historique, tant du point de vue de révolution des styles que de
celui des courants de pensée.
Ainsi, nous sommes passés de la critique ‘‘transversale’,,qui ne considérait
que les œuvres d'une même génération, à une critique "longitudinale".
Ces travaux administrent la preuve que la recherche sur la littérature chinoise
moderne s,est élevée de la critique simple à la synthèse historique, et en ce sens
ils ouvrent bien des perspectives.

Notre conception de la littérature moderne a évolué

Autre changement, du point de vue de l'orientation de la discipline cette fois, et


qui dépasse sans doute en importance ceux relevés précédemment : notre
conception de la littérature moderne a évolué.
Dans les années quarante, déjà, nous traitions cette période de l'histoire
littéraire sous l'angle politico-révolutionnaire, la littérature chinoise moderne
passant alors pour une littérature anti-impérialiste et anti-féodale, à vocation
prolétarienne. À partir du milieu des années cinquante, lorsque 1,accent a été
placé sur la maturation progressive des germes socialistes, nous avons considéré
que la littérature chinoise moderne se résumait dorénavant au réalisme socialiste,
à son avènement et à son développement. Cette perspective fondamentale a
déterminé la façon dont nous concevions le contenu de la littérature moderne, sa
nature, ses caractéristiques ou ses limites, voire nos critères d'évaluation.
Depuis un peu plus de dix ans, de nouvelles idées circulent sur cette période
de l'histoire littéraire. Nous nous sommes mis à penser cette période dans le
processus de modernisation global de la littérature chinoise, comme un moment
particulier de la modernisation. La littérature chinoise issue du “4 Mai” est une

° « L'îlot » [gudao] : quartier des concessions étrangères à Shanghai qui, au contraire des quartiers
avoisinants, n'était pas encore occupé. Il tombera à son tour le 8 décembre 1941, lorsque les Japonais
déclarent la guerre à l'Angleterre et aux États-Unis.

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Yan Jiayan 423

littérature nationale qui évolue vers des formes plus modernes en liaison avec la
littérature mondiale : elle marque une étape déterminée dans le processus de
modernisation de la littérature chinoise depuis la fin des Qing (c'est-à-dire
depuis le début du siècle).
La modernisation dont nous parlons n'est pas un simple concept de
périodisation, au-delà le mot recèle des significations précises bien plus riches.
Outre la dimension historique, laquelle renvoie aux deux grands courants du
nationalisme et du socialisme mondiaux qui se sont développés au cours des
cinquante dernières années, il intègre aussi une dimension esthétique inextrica
blement liée à l'époque. Certes, les luttes anti-impérialistes et anti-féodalistes,
qui furent des tâches essentielles de la révolution sociale dans la Chine moderne,
constituent un aspect important de la modernisation littéraire. Toutefois, celle-ci,
en soi, va bien au-delà. La modernité de la littérature, ou sa modernisation,
suppose une réforme de la littérature traditionnelle et des innovations complètes
et profondes dans des domaines aussi variés que le langage littéraire, la torme
artistique, les modes d'expression, la pensée et les goûts esthétiques. Dès lors, il
devient clair qu'on ne saurait se contenter d,envisager un écrivain ou une oeuvre
uniquement sous l'angle politique ou révolutionnaire mais qu'il faut rappré
hender dans tous ses aspects. Mieux, une telle démarche permet de mettre en
évidence les caractéristiques propres de la littérature de cette période et d'en
dégager la signification profonde.
En ce sens, si l'on souhaite étudier correctement la littérature chinoise mo
derne, il ne faut pas se limiter à elle, mais s'intéresser aussi à la littérature des
périodes qui la précèdent et la suivent, en remontant, d'une part, jusqu'à la fin
des Qing ; en embrassant, d'autre part, la littérature contemporaine, dont on situe
le point de départ au début des années cinquante. Autrement dit, il faut saisir
l'évolution de la littérature chinoise dans le cadre général du développement de
la littérature mondiale du XXe siècle. Dès lors s'instaure un débat sur le pro
blème de la périodisation en matière d'histoire littéraire, d'où ressort le concept
de "littérature chinoise du XXe siècle", avec tout ce qu'il suppose de profondeur
et d'ampleur dans l'approche scientifique9. La littérature moderne conçue de
cette façon ouvre naturellement des perspectives élargies au travail scientifique.
En réalité, il n'a pas fallu attendre les années quatre-vingts pour qu'on consi
dère la littérature chinoise issue du “4 Mai” comme une littérature moderne.
L'idée avait été exprimée il y a quelques décennies par Yu Dafu
[1896-1945], Xiao Qianf % [1910-], Zhu Ziqing % 名[1898-1948] ou
Feng Xuefeng 10. Et si Lu Xun n'a pas directement évoqué la modernisation de
la littérature, sa compréhension de la nouvelle littérature du "4 Mai” et sa
conception de la modernité rejoignent peu ou prou celle des auteurs susnommés.
Ainsi, loin d'être une idée neuve apparue au cours des dix dernières années, cette
idée marque un retour, au terme de quelques décennies d'une expérience scien
tifique tortueuse et éprouvante, à une conception ancienne et rationnelle. Un

9 Ce concept, qui abat les barrières entre littérature moderne et littérature contemporaine, est apparu
en 1985, à rinstigation de Cheng Pingyuan et de quelques autres. CHENG Pingyuan est l'auteur du
premier tome de la Ers hi shiji Zhongguo xiaoshuo shi [Histoire du roman chinois au XXe siècle],
supervisée par Yan Jiayan.
10 YU Dafu Sp逢 ,« Xiaoshuo lun » 小 [À propos du roman], première partie ; « Guanyu
xiaoshuo de hua » 紐十'1、列兮& [Quelques mots sur le roman]. XIAO Qian, « Xiaoshuo » [Le
Roman]. ZHU Ziqing 束名5/常,« Xin shi zahua : zhen shi » 軒•許教沐「责年[Propos mêlés sur
la nouvelle poésie :la poésie authentique]. FENG Xuefeng, «Zhongguo wenxue cong gudian
xianshizhuyi dao shehuizhuyi xianshizhuyi de fazhan de yige lunkuo » f、61、文,伐古灰先1
i裊到.紅會汍サà義《焚"散令9 zパ®.絲承[Le Passage, dans la littérature
chinoise, du réalisme classique au réalisme socialiste : un aperçu]. (Note de l'auteur.)

Revue Bibliographique de Sinologie, 1995/X1II

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424 LITTÉRATURE

retour qui, malgré tout, traduit un besoin du temps et répond aux nécessités de la
discipline en gestation.
Bien des avancées, ces dernières années, sont imputables à cette conception
nouvelle de la littérature moderne. Par exemple, longtemps nous avons porté au
pinacle le caractère révolutionnaire de A-Q, or le camarade Zhi Kejian 良久智
a montré dans un article 11 que cette lecture ne correspondait pas à l'intention
premiere de l'auteur : idéologiquement, Lu Xun réagit en homme moderne et le
regard qu'il jette sur la révolution d’ A-Q est critique pour ne pas dire négatif. On
peut considérer cela comme une étape décisive dans la recherche sur A Q
zhengzhuan ?a sL ^ [La Véridique histoire d'A-Q]12. Elle nous incite à
réfléchir à la richesse de l'idée de révolution chez Lu Xun, laquelle repose
véritablement sur une conscience moderne. Quant à l'importance que Lu Xun
accorde à la critique du caractère national, elle revêt elle aussi une tout autre
signification si on la juge du point de vue de la conscience moderne. Aujour
d'hui, on ne la condamne plus en bloc, comme dans les années cinquante, en la
réduisant à une conception idéaliste de l'histoire.
La réévaluation de certaines œuvres de Ding Ling comme Shafei niishi de riji
务昨そ:t Vj B 犯[Le Journal de Mademoiselle Sophie], Zai yiyuan zhong
À 沒说彳[À rhôpital] ou Wo zai Xiacun de shihou 我 À 戴み今'ヲ時娘
[Quand j'étais à Xiacun];la reconnaissance de la série de figures de la “femme
moderne,’ qui se trouvent dans les romans de Mao Dun 导娘[1896-1981];la
redécouverte et l'appréciation positive de l'humour tempéré et voilé qu'on
rencontre dans les œuvres de Ding Xilin ブ伯体[1893-1974], Lao She, Liang
Shiqiu, Li Jianwu 令ィ走音[1906-1982], Qian Zhongshu ou Yang Jiang
[1911-],sont également en rapport étroit avec l'intérêt que suscite chez les
chercheurs la notion de modernité.
En un mot, la modernité littéraire est devenue le point focal de bien des
critiques et des recherches.

Le retour de l'historicisme

Autre chose n'a pas moins compté que le changement intervenu dans not
conception de la littérature moderne : c'est l'abandon, dans la recherche lit
raire, de la théorie longtemps en vigueur du double critère et le retour à un pr
cipe scientifique, qui est celui de l'historicisme. Comme l'a dit Lénine : "Lo
qu'on analyse une question sociale, la théorie marxiste exige expressément qu
la situe dans un cadre historiquement déterminé"13. Ou encore : "On juge
mérites historiques des grands hommes non pas d'après ce qu ils n'ont pa
donné par rapport aux exigences de notre époque, mais d'après ce qu'ils o
donné de nouveau par rapport à leurs devanciers,’14.

11 ZHI Kejian え免雙,《 Guanyu A Q de "geming" wenti »H§ J 巧Û 对寒命 趙[À propos d
Q et de la « révolution »], Wenxue pinglun congkan [Collection de critique littéraire], 1981/4. (Not
de l'auteur.)
じ Pour un inventaire des traductions françaises de ce texte, cf. Michelle LOI, Luxun, Histoire d'A Q :
véridique biographie. Paris : Presses Universitaires de France, 1990,p.118 sq. (coll. "Études
littéraires").
13 LÉNINE, « Lun minzu zijuequan » ♦倚 次樣[Du droit des nations à disposer d'elles
mêmes » (1914)],Lienin xuanji [Œuvres choisies de Lénine], vol.2, Renmin chubanshe, octobre
1972, 2e édition, p. 512. [Trad. fr. in : Lemne, Œuvres choisies en trois volumes, Éditions du
Progrès, Moscou, vol.1,1982, p. 600. Souligné dans le texte.] (Note de l'auteur.)
14 LÉNINE, « Ping jingji langmanzhuyi » fそ找斤浪,曼主義[Pour caractériser le romantisme
économique » (1897)], Lienin quanji 列努令集[Œuvres complètes de Lénine], vol.2, Renmin
chubanshe, 1960,p. 150. [Trad. fr. in : Lénine, Pour caractériser le romantisme économique,

Revue Bibliographique de Sinologie, 1995/XIII

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Yan Jiayan 425

Analyser quoi que ce soit en dehors de tout cadre historiquement déterminé et


de conditions historiques concrètes, c'est se priver de fondements objectifs et
justes. Le principe de l'historicisme est le seul principe qui permette d'envisager
correctement un individu ou une réalité historique. Or, à partir des années
cinquante, nous avons à plusieurs reprises effectué le cheminement inverse.
Nous nous sommes volontairement abstraits du "cadre historiquement déter
miné" et des conditions historiques concrètes dont dépendaient les phénomènes
observés, et au lieu de juger du mérite historique d'un individu d'après ce qu'il
avait "donné de nouveau par rapport à [ses] devanciers” nous avons, en nous
fondant sur les besoins ultérieurs, attendu de lui qu'il satisfasse ‘‘aux exigences
de notre époque,,. Ce qui revenait de fait à substituer au critère historiciste la
norme militariste.
L'exemple le plus représentatif de cette tendance est cette déclaration de Yao
Wenyuan ▲ il元[1う31-],à propos du roman de Ba Jin, Jia 赛[Famille]15,
en 1958 :
‘‘Nous vivons aujourd'hui une période historique radicalement nouvelle. La
révolution anti-féodale et anti-impérialiste de démocratie nouvelle est dépas
sée depuis longtemps et la révolution socialiste a d'ores et déjà remporté une
victoire décisive (et elle poursuivra sur sa lancée). Nous sommes entrés dans
l'ère grandiose où l'édification socialiste s'accélère et où l'on prépare active
ment les conditions pour la transition au communisme. Sur le sol chinois, il
n'y a plus de famille Gao et les gens de l'espèce de Keming, soumis à la
réforme par le travail, ne peuvent plus se permettre de parler ou d'agir à leur
guise. Dans ces conditions, le rôle positif et progressiste de “Famille,,n'est
plus d'actualité et n'a plus dorénavant d'autre signification qu'historique, tan
dis que ce que le roman contient de négatif et d'erroné ressort en pleine
lumière. Comme, de surcroît, l'œuvre du camarade Ba Jin a été écrite sous
l'emprise d'une pensée systématiquement bourgeoise et qu'elle renferme tout
un ensemble d'idées contraires à l'idéologie prolétarienne 一 qu'il s'agisse de
la philosophie de la vie, de la pensée et des convictions, de l'éthique ou de la
morale 一,idées qui influencent certains jeunes gens dans la conduite de leur
existence, elle exerce une action très nuisible” 16.
À en croire cette citation, une œuvre progressiste au cours de la période de la
Révolution démocratique devenait réactionnaire sous le socialisme : jaugée à
l'aune de rhistoire elle était positive, jaugée à celle du présent elle devenait né
gative. C'est pourquoi il fallait critiquer Famille de Ba Jin, de même qu'il fallait
critiquer l'adaptation cinématographique du roman de Rou S hi % 石[1901
1931],Zao chun eryue 耳冬 - 舄[Au seuil du printemps], ainsi que le film
Lin jia puzi 林泰销手[La Boutique de la famille Lin], d'après la nouvelle de
Mao Dun, ou bien Ziye 今夜[Minuit]17. Quant à ‘‘Quatre générations sous le

éditions sociales, éditions du progrès, Paris-Moscou, 1973,p. 86. Souligné dans le texte.] (Note de
l'auteur.)
15 PA Kin [Ba Jin], Famille, roman, trad, par Ll Tche-Houa et Jacqueline ALÉZAÏS, présentation de
Marie-José LALITTE, Flammarion-Eibel, Paris, 1979 (coll. “Lettres étrangères", diffusé par la suite
sous jaquette de relais, coll. "Aspects de l'Asie"). Réédition en 1989,LGF, coll. “Le livre de poche".
16 YAO Wenyuan 如 k 叉元,《 Lun Ba Jin xiaoshuo “Jia” zai lishi shang de jiji zuoyong he tade xiaoji
zuoyo”》瑜で舍'丨• Hべ乐》又上巧传ネÎ作尚如*&的领極ィ令巧[À propos du
rôle positif et négatif dans l'histoire du roman de Ba Jin Famille], Zhongguo qingnian [Jeunesse de
Chine], n° 22,1958. (Note de l'auteur.)
口 MAO Dun, Minuit, trad, fr.,Éditions en Langues Étrangères, Pékin, 1962 (3e tirage :1984). La
même version a été donnée en 1979,aux éditions Robert Laffont, à Paris. Une nouvelle traduction,
par Jean JOIN et Michelle LOI, est annoncée pour paraître.

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426 LITTÉRATURE

même toit,,de Lao She, qui avait été publié au temps de la collaboration entre le
Parti communiste et le Guomindang, sa réimpression ne pouvait qu'être interdite
sous la Chine nouvelle, et il était encore moins envisageable de porter sur ce
livre la moindre appréciation laudative dans une histoire de la littérature.
Les exemples abondent : il s'agit là d'une logique typiquement militariste,
dérivée d'une conception politique simpliste. La réalité nous enseigne qu'une
approbation historicisante n'est pas une approbation inconditionnelle, qu'elle
demeure liée à des conditions historiques précises et qu'à ce titre elle constitue
un garde-fou. Lu Xun, du reste, a comparé rhistoricisme en soi aux barrières
derrière lesquelles on enferme les tigres et les panthères 18.
Les propos de Yao Wenyuan, inspirés par le double critère d'évaluation, en
fonction de l'histoire et en fonction du présent,sont une absurdité théorique. Du
point de vue politique, ils ne poursuivaient pas d'autre objectif que celui d'épau
ler ceux qui prétendaient : "couper les ponts après que le Parti communiste eut
franchi la rivière.” Leur influence a été totalement pernicieuse. Depuis la fin des
années soixante-dix les milieux scientifiques dénoncent cette “théorie” qu'ils ont
rejetée, et leurs publications, et plus généralement les recherches en littérature
moderne, ont repris leur cours normal en réintégrant les rails de rhistoricisme.

LES PROGRÈS ACCOMPLIS EN MATIÈRE DOCUMENTAIRE

La recherche sur la littérature chinoise moderne, pour finir, peut se targuer de


résultats remarquables en matière documentaire.
Si la documentation ne se confond pas avec la recherche, elle n'en constitue
pas moins la condition préalable et le fondement, tout en reflétant l'esprit d'une
époque. Depuis les années cinquante, dans un contexte où la politique, non con
tente de dominer les activités professionnelles, se substituait à elles et les rédui
sait à néant, le travail de documentation n'a pu recevoir l'attention qu'il méritait.
Au cours de la période du Grand Bond, des recueils ont paru contenant des
articles originaux, des "documents de référence pour l'histoire de la littérature
chinoise moderne”,dont le texte primitif avait été, au nom de prétendues "néces
sités politiques”,impitoyablement défiguré par les coupes ou les altérations. Ces
dernières années ont inauguré une saison faste en matière documentaire pour la
littérature chinoise moderne. À cette question, Fan Jun a consacré une étude
exhaustive sous forme d'un long article de soixante-dix à quatre-vingt mille
caractères. Je me contenterai ici d'en résumer la substance.
La période a vu surgir un nombre sans précédent de recueils documentaires de
base de toutes sortes. Le Zhongguo xiandai wenxue shi ziliao huibian 彳圓見
ィく 欠吟 i 嚯斜藤讀[Recueil de matériaux pour l'histoire de la littérature
chinoise moderne], toujours en cours de parution, est un ouvrage monumental,
gros de plus de 180 tomes et qui totalisera cinquante à soixante millions de
caractères. L'entreprise est due à l'initiative de l'Institut de recherches en litté
rature de l'Académie des sciences sociales, elle engage la participation de plus
de soixante-dix établissements supérieurs du pays.
Localement, on a aussi édité de nombreux matériaux, tels que : Shanghai •
"gudao,,shiqi wenxue ziliao congshu [Collection de matériaux sur la littérature à

18 LU Xun, « Guanyu fanyi » ftS "î"《对言事[À propos de la traduction], Zhun feng yue tan 准底
月 [Propos autorisés du vent et de la lune] [1933]. [La citation n'est pas tout à fait exacte : d'une
part, il ne s'agit pas de tigres et de panthères mais de tigres et de loups ; d'autre part, ce que Lu Xun
compare à des barrières, ce n'est pas l'historicisme mais la critique qui guide le lecteur dans son
approche d'œuvres virtuellement dangereuses. Cf. Lu Xun quanji 、省•也 (Œuvres complètes
de Lu Xun). Beijing : Renmin wenxue chubanshe, t. 5,1982, p. 296.] (Note de l'auteur.)

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Yan Jiayan 427

Shanghai au temps de "l'îlot"], Kangzhan shiqi Guilin wenhua yundong shiliao


congshu祝科^1别技体又ノ/じ逸如艾4炎着[Collection de documents
historiques sur le mouvement culturel à Guilin pendant la Guerre de résis
tance] l9, Jiangsu geming genjudi wenyi ziliao huibianî/'L^^ 命娘爆-純
文餐 f 料 ® 摘[Recueil de matériaux sur la littérature et les arts dans la
base révolutionnaire du Jiangsu]. En certains endroits, même, on a créé des
publications spécialisées, comme : Dongbei xiandai wenxue shiliao
束せ視べ文冷艾料[Documents historiques sur la littérature moderne du
Nord-Est], Kangzhan wenyi yanjiu 枕?^ 又趁ズヤ % [Recherches sur la
littérature et les arts pendant la Guerre de resistance], Yan 'an wenyi yanjiu
地寄文聲巧戈[なcherches sur la littérature et les arts à Yan'an], Jinchaji
weriyi yanjiu 秦黑又發对克[Recherches sur la littérature et les arts dans
la région frontière de JincnajiJ 20.
Déjà trois ou quatre collections de biographies ou d'études critiques sur des
écrivains proposent une trentaine ou une quarantaine de volumes. Mais de
nombreuses collections d,œuvres proprement dites sont nées à leur tour. Dans les
années trente il était paru un Zhongguo xin wenxue daxi 彳 執文冷尺豕
[Panorama de la nouvelle littérature chinoise] qui couvrait la première décennie.
L'entreprise a été poursuivie par la publication d'anthologies couvrant la
deuxieme et la troisième.
On a pareillement lancé des collections d'œuvres de l'époque centrées autour
de Yan’ an,Shanghai et Chongqing, comme cette imposante Zhongguo kang Ri
zhanzheng shiqi da houfang wenxue shuxi 介 S]就好对爭時舜べ後ガ
又學秦萍[Série sur la littérature des zones arrières durant la Guerre de résis
tance chinoise contre le Japon].
Si l'on ajoute à ces collections la compilation et l'édition des œuvres
complètes ou choisies de plusieurs écrivains, on peut affirmer que pour la
première fois dans l'histoire le corpus de la littérature moderne a fait l'objet d'un
classement systématique.
L'acquis le plus remarquable de ce travail aura été de colliger ou d'exhumer
une grande masse de matériaux précieux et d'œuvres perdues. S'agissant de Wen
Yiduo IVÎ - ,[1899-1946], d'après un chercheur : “Les œuvres retrouvées,
préparées pour l'édition et publiées 一 poésie, prose, correspondance et essais 一
représentent environ sept cent mille caractères,,21.L'ouvrage intitulé Zhao Shuli
wenji (xubian)效樹 it 文、集(钱搞0 [Œuvres de Zhao Shuli (1906-1970),
suite] ne contient que des œuvres autrefois perdues, plus de cent au total, soit
quelque deux cent mille caractères. Rien que les Xiaoshuo ji waiji ベ、说褒
外泰[Œuvres romanesques hors recueil] de Lao She rassemblent seize pièces
égarées, ce qui représente plus de cent mille caractères 22,et pour Ding Ling, il
semble que "quatre-vingts de ses textes au moins n'aient jamais été réunis
auparavant” 23. Grâce à la découverte d'écrits perdus, on possède à présent la
preuve manifeste que Lu Xun fut le premier à s'essayer au poème en prose, un

19 Guilin était, avec Chongqing, Kunming et Yan'an, un des quatre pôles ou s'étaient regroupés les
intellectuels et les écrivains désireux de participer à la résistance contre le Japon.
20 Jin-cha-ji : Shanxi, Chahar et Hebei.
21 JIANG Xiquan ラt 辟泣,« Wen Yiduo yanjiu sishi nian » Sf]- 多对兄ぬィ拜[Quarante ans
de recherches sur Wen Yiduo], in Ji Zhenhuai (éd.), Wen Yiduo yanjiu sishi nian. Beijing : Qinghua
daxue chubanshe, 1988, p. 528-529. (Note de l'auteur.)
22 Voir Paul BAD Y, « Les Portes du temps : Lao She perdu et retrouvé ». Journal asiatique 272,1-2,
1984, p. 132-166.
23 YUAN Liangjun, postface à Ding Ling jiwai wenxuan 丁 玲集外文避^[Choix de textes de Ding
Ling hors recueil]. (Note de l'auteur.)

Revue Bibliographique de Sinologie, 1995/XIII

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428 LITTÉRATURE

genre importé de l'étranger. Quant à Ba Jin et à Lao She, leur carrière littéraire
s'est trouvée prolongée de plusieurs années.
Les discours retrouvés de Zhu Ziqing, Lao She, Zhou Yang,Zhou Libo [1908
1979], Li Guangtian サ难祖[1906-1968] et autres, à propos de l'histoire de la
littérature ou de la théorie littéraire, ont enrichi notablement le fonds documen
taire sur la théorie et la critique littéraires chinoises modernes.
Si l'on considère les mouvements littéraires, l'apport de nouveaux documents
de première importance a clarifié certains débats et même modifié les points de
vue. Ainsi, nous savons maintenant, grâce à l'organe du Comité central, Hongqi
ribao 者:c 雄ぢ级[Quotidien Drapeau rouge], en date du 10 octobre 1930,que
Jiang Guangci 於先泰[1901-1931]a été bel et bien exclu du Parti, ce qui
témoigne de la brutalité de la ligne ‘‘gauchiste’’. Les Lu Xun he Sinuo tanhua
zhengli gao 養べn 知新 %% 錄、f&、螯?I、精[Conversations entre Lu Xun et
(Edgar) Snow, texte corrigé en vue de l'édition], conservées par Helen Snow,
nous révèlent les précieuses opinions de Lu Xun sur toutes sortes de problèmes.
Quant au numéro 30 de Douzheng 顧奢[Combat] (3 novembre 1932), publica
tion du Comité central du Parti communiste chinois, il contient un article intitulé
"Wenyi zhanxian shang de guanmenzhuyi"ん舉お辟、ム巧M バ主我[La
Politique de fermeture sur le front des arts et de la littérature], écrit Dar Zhang
Wentian 痕閎 K sous le pseudonyme de Ke Te サ印[1900-1976], dont
l'importance est capitale et nous éclaire sur bien des points.
Au-delà des matériaux mis au jour, la valeur inestimable du travail docu
mentaire réside dans ce qu'il a contribué à forger de bonnes habitudes parmi les
chercheurs, permettant ainsi de former toute une pléiade de professionnels
remarquables tels que Zhu Zheng 矛、正,à qui l'on doit d'avoir rectifié un
certain nombre d'erreurs figurant dans les souvenirs de Xu Guangping ff ^ -f
[1898-1968], ou Cheng Zhongyuan,樣彳夜 qui avec une méthode scientifique
rigoureuse a prouvé de manière irréfutable que le texte signé Ke Te était de
Zhang Wentian. La lecture de Xin qingnian 新ぞそ[La Jeunesse] effectuée
par Wang Jingshan ï 索山 à la lumière de certaines correspondances offre un
autre exemple de réussite.
Il va sans dire que la Maison de la littérature chinoise moderne [Zhongguo
xiandai wenxue guan 寸 .洗ノA'、义等对],fondée sur la proposition de Ba
Jin 24,témoigne des succès remarquables du travail documentaire récent, en
même temps qu'elle contribue à le promouvoir.
Enfin, on ne manquera pas de porter le Xin wenxue ziliao yinlun 务f 叉冷 ノ/、
料多1 ‘ [Introduction aux ressources sur la littérature nouvelle] de Zhu
Jinshun 朱金"[瓦 au crédit du travail de documentation.

Conclusion

Lorsqu'on jette un regard rétrospectif sur les progrès rapides qui ont été
enregistrés par notre discipline au cours des quinze dernieres années on se sent à
la fois porté par l'enthousiasme et habité d'une certitude très forte :la recherche
sur la littérature chinoise moderne se trouve en ce moment à la veille de
développements et de bouleversements encore plus importants. Un pas décisif va
être franchi dans les cinq ou dix années à venir. Un délai qui dépend de nous, des
efforts que nous allons produire, mais qui ne saurait être très long. Bien de
signes, bien des preuves l'attestent.

24 Cf. PA Kin [Ba Jin], « La Maison de la littérature [moderne] » et « De nouveau sur la Maison de l
littérature contemporaine [sic] », in Au gré de ma plume, trad, du chinois par PAN Ailian, Éditions
Littérature Chinoise, coll. “Panda”, p. 115-120 et 136-139.

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Yan Jiayan 429

1.Notre discipline est sortie de l'enfance pour s'engager sur la voie de la


maturité. S'il est vrai que le débat sur la périodisation 一 littérature pré-moderne
[jindai m ],littérature moderne [xiandai 規ィて]et littérature contempo
raine [dangdai 菜べ] 一 constitue un préalable à une transformation complète
et radicale de la discipline, l'idée d'une "littérature du XXe siècle" devrait servir
à plus forte raison de catalyseur à cette révolution inévitable. Dès lors qu'un
certain nombre de spécialistes se laissent persuader de consacrer leurs forces à
étudier en profondeur la littérature chinoise de ce siècle (principaux phénomènes
littéraires,grands courants littéraires et auteurs ou œuvres représentatifs), et dès
lors que cette entreprise commencera de produire ses premiers résultats, le pas
peut être franchi très rapidement.
2. La révolution dont nous parlions plus haut est en train de s'accomplir dans
nos méthodes de recherche. La méthode historique traditionnelle25 et la méthode
positiviste occidentale démontrent à plein leur fécondité. La méthode marxiste de
critique historique et de critique esthétique est elle aussi appliquée de façon plus
subtile et plus souple. Si l'on y ajoute rintroduction au cours des dernières
années de diverses méthodes nouvelles en recherche littéraire ainsi que les
multiples applications pratiques qui en ont découlé, nos problématiques et nos
méthodologies s,en trouvent renouvelés et enrichis. La synthèse de ces diffé
rentes méthodes est à même de produire des résultats scientifiques de haute
valeur. Les formes de recherche ultérieure seront encore plus diversifiées et
encore plus individualisées. C'est là une autre marque de la maturation de la
discipline.
3. Un cadre nouveau se forme pour la recherche littéraire. L’essor récent de la
littérature comparée permet de traiter plus en profondeur les relations entre litté
rature chinoise et littérature étrangère. En même temps, les recherches sur les
relations entre littérature moderne et littérature traditionnelle, entre nouvelle
littérature et littérature populaire, n'ont cessé de faire l'objet d'une attention
grandissante. Dans ces domaines, les résultats obtenus sont évidents. Depuis
quelques années nous commençons en outre à nous intéresser aux liens qui unis
sent écrivains modernes, courants littéraires modernes et cultures régionales :
ainsi, au Hunan, on s'apprête à faire paraître une collection intitulée Ershi shiji
Zhongguo wenxue yu quyu wenhua
[La Littérature chinoise du XXe siècle et les cultures régionales]. Tout cela nous
permettra de comprendre mieux et plus intimement, par F exploration de toutes
les dimensions, les différents facteurs qui ont contribué à la formation de la
littérature chinoise moderne. Dès lors, nous aurons une vision plus précise et
plus ample de la littérature chinoise du XXe siècle.
4. Depuis quelques années, les recherches sur l'histoire de la discipline
connaissent un développement notable. Outre toute une série d,ouvrages succes
sifs traitant de l'histoire de la recherche sur Lu Xun, Lao She, Ba Jin, Ding Ling
ou Cao Yu - même si le mot “histoire’’ ne figure pas forcément dans le titre 一,il
existe dès à présent trois ou quatre histoires de la recherche portant sur la
discipline en général, parues ou sur le point de paraître. L'apport scientifique de
gens comme Li Helin 今バ外[1904-1988], Tang Tao ou Wang Yao, qui a été
essentiel pour la recherche en littérature moderne, fait l'objet en ce moment
d'études spécifiques. Cela a considérablement enrichi et fait progresser l'histoire
de la discipline. Que la discipline ait une histoire qui peut s'écrire est une preuve
en soi que la recherche sur la littérature chinoise moderne arrive à maturité et
que cette marche est inéluctable.

25 Yan Jiayan désigne par là l'école des études critiques en honneur sous Qianlong (1736-1796) et sous
Jiaqing (1796-1821) et illustrée en particulier par Dai Zhen 農(1723-1777).

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430 LITTÉRATURE

5. Les bases documentaires relativement solides dont on commence à disposer


préparent elles aussi la maturation de la discipline. De monumentaux livres de
référence sortent des presses un à un :le Zhongguo xiandai wenxue qikan mulu
huibian 彳 @ 視令賴 ^'J 曰辟嚷搞[Recueil des sommaires des
revues de littérature chinoise moderne], en quatre millions de caractères, dont on
ne peut aeja plus se passer ou l'énorme Zhongguo xiandai wenxue zong shumu
す阅龙バ’ i 摩成.3 [Catalogue général de la littérature chinois mo
derne]. Quand nous serons parvenus à constituer un recueil des sommaires des
suppléments littéraires des principaux journaux, notre travail documentaire aura
radicalement changé de face.
Dans cinq ans, nous entrerons dans le XXIe siecle. En ces années-charnière
d'où nous embrassons l'avenir, nous sentons plus que jamais le poids de notre
responsabilité. Travaillons d'arrache-pied pour que la recherche sur la littérature
chinoise moderne franchisse un pas décisif en accueillant ce nouveau siècle plein
d'espoir.
Avril 1994

Traduit du chinois par


Angel Pino et Isabelle Rabat

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