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LA VITAMINE D
Par Christophe BERNARD
PODCAST "DE BONNE NATURE"
Activateur de l'immunité
Dans les poumons, nous avons des cellules qui tapissent l’intérieur des
alvéoles pulmonaires. C’est au travers de ces cellules qu’un virus comme le
COVID va pénétrer. Sur la surface de ces tissus respiratoires, vous avez des
macrophages qui patrouillent. Ce sont de gros globules blancs qui ont la
capacité de repérer les pathogènes, de les englober et de les détruire. On
appelle ce processus la phagocytose.
Afin de reconnaître un intrus et faire son travail, le macrophage a besoin de
vitamine D. Par exemple, la vitamine D permet au macrophage de relâcher
certaines substances qui vont perturber le fonctionnement d’un virus ou
d’une bactérie. Certaines substances vont venir littéralement percer un trou
dans l’enveloppe du virus pour le détruire. Et il faut donc que le virus soit
enveloppé pour que ça fonctionne, ce qui est le cas du COVID.
S’il n’y a pas assez de vitamine D en circulation, les macrophages ne peuvent
pas faire ce travail.
La vitamine D va permettre aux macrophages de sécréter des substances
inflammatoires qui vont appeler d’autres globules blancs, les neutrophiles,
pour venir en aide aux macrophages. La vitamine D va activer les
lymphocytes B et les lymphocytes T.
Les lymphocytes B vont fabriquer des anticorps lorsqu’ils ont reconnu
l’intrus. Les lymphocytes T détruisent les cellules infectées. Et il y a toute
une orchestration très complexe qui se déroule. La vitamine D est essentielle
pour tous ces processus. Imaginez ces globules blancs qui ont un récepteur
à la vitamine D, comme un interrupteur, et qui sont activés grâce à la
vitamine D.
Orage cytokinique
Parfois, le système immunitaire s’emballe. Dans le cas du COVID, vous avez
peut-être entendu parler de l’orage cytokinique, qui décrit un processus de
un cercle vicieux avec les globules blancs qui produisent de plus en plus de
substances inflammatoires, qui fait qu’un organe comme les poumons se
trouve complètement débordé, en état d’hyperinflammation, ce qui va créer
beaucoup de lésions pulmonaires.
Fourchettes idéales
Le résultat du bilan sera en général exprimé en ng/ml. Dans la plupart des
pays, aujourd’hui, on vous dira qu’il vaut mieux avoir un taux supérieur à
30 ng/ml. Mais certains experts dans le monde médical nous disent que ce
n’est pas suffisant. De nombreux médecins préconisent des taux beaucoup
plus élevés.
Par exemple, un médecin américain (Dale Bredesen) que j’apprécie beaucoup
pour son travail sur la maladie d’Alzheimer, recommande des taux
supérieurs à 50 ng/ml. Il est loin d'être le seul. Et je peux vous dire
qu’aujourd’hui, ce n’est pas gagné pour atteindre ces niveaux, car sur les
bilans sanguins on est souvent beaucoup plus bas.
Déjà, si vous arrivez à vous situer entre 30 et 50 ng/ml, c’est bien. Et notez
qu’au-delà de ces valeurs, il n’y a pas consensus. Plus n’est pas
nécessairement mieux. La vitamine D a une zone de toxicité sanguine,
certains conseillent fortement de rester en dessous des 80 ng/ml.
Et puis tout ceci ne se fait pas au hasard, travaillez avec votre médecin,
idéalement il faudrait faire un bilan à l’entrée de l’hiver pour voir où on en
est, puis refaire un bilan au plus froid de l’hiver, fin janvier peut-être, pour
faire un deuxième point et voir si on est arrivé à faire bouger les choses si on
prend une supplémentation par exemple.
Supplémentation en vitamine D
Que faire si vous avez un taux de vitamine D trop bas ? Le plus simple et le
plus efficace, ce n’est pas l’alimentation, c’est de passer par un complément
alimentaire sous forme de gouttes que vous allez trouver dans votre
pharmacie ou dans de nombreuses boutiques de produits naturels.
Bien sûr, prenez de bonnes marques et travaillez avec un laboratoire sérieux.
Je ne vais pas rentrer dans les marques, je veux juste vous expliquer le
pourquoi et le comment, ensuite je vous laisserai faire les recherches de
produits par vous-même.
Dosages journaliers
Pour les dosages, pour revenir au médecin américain que j’ai mentionné
précédemment, il donne une règle assez simple et pratique : vous prenez le
taux que vous voulez atteindre, vous allez soustraire votre taux actuel, le
tout en ng/ml, et vous multipliez par 100 pour obtenir la quantité
journalière en UI.
Par exemple, supposons que le bilan sanguin dévoile un taux de 18 ng/ml.
Définitivement trop bas. Supposons que je veuille atteindre 50 ng/ml. Je fais
50 – 18, cela me fait 32, je multiplie par 100, cela me fait 3200 UI par jour.
Et vu que les produits délivrent en général 1000 UI par goutte, ici on
arrondit à 3000, donc 3 gouttes par jour.
Attention, je suppose que le produit est dosé à 1000 unités par gouttes. Cela
peut varier en fonction du produit. La supplémentation se fait pendant
plusieurs mois, ou jusqu’au prochain bilan sanguin si votre médecin est
ouvert à cela.
Ces plages de dosages correspondent bien à ce que d’autres médecins
recommandent, le docteur Menat par exemple du côté français parle de 3000
à 5000 UI par jour du 15 septembre au 15 mai, voir tous les jours en
fonction de la carence.
Si vous ne connaissez pas vos taux sanguins, là encore certains médecins
estiment qu’une supplémentation journalière qui varie entre 2000 et 4000 UI
par jour à partir de l’automne ne présente pas de problème de toxicité. Je
dirais même que dans de nombreuses études, il ne semble pas y avoir de
risque à prendre jusqu’à 10 000 UI par jour (4). Une méta analyse confirme
ce point-là (5).
Pour information, on estime que s’exposer 15 minutes au soleil pendant le
mois de juillet en maillot de bain chez une personne de peau claire va
produire de 10 000 à 20 000 UI de vitamine D. Et même si la personne
s’expose tous les jours, on n’a jamais noté de cas d’intoxication à la vitamine
D à cause du soleil, un phénomène qui produit la même molécule que l’on
prend sous forme de goutte, le cholécalciférol.
Références
(
1) Williams C. On the use and administration of cod-liver oil in
pulmonary consumption. London Journal of Medicine. 1849;1:1–18.
(2) Ginde AA, Mansbach JM, Camargo CA Jr. Association between serum 25-
hydroxyvitamin D level and upper respiratory tract infection in the Third
National Health and Nutrition Examination Survey. Arch Intern Med. 2009
Feb 23;169(4):384-90.
(3) Entrenas Castillo M, Entrenas Costa LM, Vaquero Barrios JM, et al.
"Effect of calcifediol treatment and best available therapy versus best
available therapy on intensive care unit admission and mortality among
patients hospitalized for COVID-19: A pilot randomized clinical study". J
Steroid Biochem Mol Biol. 2020;203:105751.
(4) Heaney RP. Vitamin D in health and disease. Clin J Am Soc Nephrol.
2008;3(5):1535-1541.
(5) Hathcock JN, Shao A, Vieth R, Heaney R. Risk assessment for vitamin D.
Am J Clin Nutr. 2007 Jan;85(1):6-18. doi: 10.1093/ajcn/85.1.6.
(6) Quesada-Gomez JM, Bouillon R. Is calcifediol better than cholecalciferol
for vitamin D supplementation? Osteoporosis International : a Journal
Established as Result of Cooperation Between the European Foundation for
Osteoporosis and the National Osteoporosis Foundation of the USA. 2018
Aug;29(8):1697-1711.
(7) Kaufman HW, Niles JK, Kroll MH, Bi C, Holick MF (2020) SARS-CoV-2
positivity rates associated with circulating 25-hydroxyvitamin D levels. PLoS
ONE 15(9): e0239252.
(8) Watson KE, Abrolat ML, Malone LL, Hoeg JM, Doherty T, Detrano R,
Demer LL. Active serum vitamin D levels are inversely correlated with
coronary calcification. Circulation. 1997 Sep 16;96(6):1755-60.
(9) Wang J, Zhou JJ, Robertson GR, Lee VW. Vitamin D in Vascular
Calcification: A Double-Edged Sword?. Nutrients. 2018;10(5):652. Published
2018 May 22.
(10) Bolland MJ, Grey A, Avenell A, Gamble GD, Reid IR. Calcium
supplements with or without vitamin D and risk of cardiovascular events:
reanalysis of the Women's Health Initiative limited access dataset and meta-
analysis. BMJ. 2011 Apr 19;342:d2040.
(11) Maresz K. Proper Calcium Use: Vitamin K2 as a Promoter of Bone and
Cardiovascular Health. Integr Med (Encinitas). 2015;14(1):34-39.
(12) Bruno, E. “The Prevalence of Vitamin K Deficiency / Insufficiency , and
Recommendations for Increased Intake.” (2016).