# 381 BALADE

octobre/novembre 2023

MONDIAUX Nice Baie des Anges

● Les plus beaux XC des pros
● La razzia de PFP MATOS
Sram GX
Le dérailleur
sans patte
L’OFFICIEL DU VÉLO TOUT-TERRAIN

MISSILE À L’ESSAI
VTT MAG 381 - OCTOBRE/NOVEMBRE 2023 - FR. MÉTROPOLE : 6,20 €

Nouveau Trek Supercaliber

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N°381 - OCTOBRE/NOVEMBRE 2023

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Le top pour
FACE-À-FACE
FACE À FACE
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1 400 € ?
Gravel Giant Revolt X Giant Reign ou YT Capra ?
 X Édito

Délicieuse audace
l y a un paradoxe assez amusant dans ce numéro. D’un côté, on vous présente dans

I nos essais et actus des nouveautés dont le développement et l’évolution tiennent dans
l’augmentation du débattement et quelques pages plus loin, Pauline Ferrand-Prévot nous fait
rêver en devenant pour la deuxième fois consécutive double championne du monde (de XCC et
XCO) au guidon d’un VTT semi-rigide. On nous explique dans la plupart des communiqués de
presse que le débattement des vélos augmente pour répondre aux contraintes des circuits de XC
de Coupe du monde de plus en plus exigeants et à côté de ça, le modèle le plus performant pour
la meilleure athlète du monde du moment sur la compétition la plus relevée de l’année reste un
Pinarello sans suspension arrière. Étonnant non ? Ça nous amène forcément à nous demander
pourquoi PFP est la seule à utiliser cette option visiblement favorable ? S’il n’y aurait pas une
certaine influence du marketing derrière tout ça ? Est-ce que ça ne dérangerait pas un peu les
marques qui dépensent des fortunes dans le R & D de cinématiques de plus en plus élaborées que
leurs athlètes utilisent des références sans suspensions arrière ? On a beau nous expliquer que les
systèmes de suspensions évoluent pour offrir plus de motricité, limiter l’effet de pompage au
pédalage… cette expérience semble démontrer que la meilleure option pour optimiser le rendement
reste dans certains cas en XC de se passer de suspension arrière. D’ailleurs, on expérimente tous
parfois cette logique à notre niveau. Il n’est pas rare sur une boucle de XC d’évoluer sur une
majorité du circuit avec l’élément arrière verrouillé. Si dans
une optique « loisir », on accepte de déplacer ces 1,5 de
plus qui nous offrent quand même sur certaines sections
un peu de confort, à haut niveau, la question se pose
différemment. Yvan Cloclus, l’entraîneur national, nous
explique dans le débriefing des derniers Mondiaux en
page 94, que cette logique ne s’appliquerait pas à tout le
monde. Elle concernerait surtout les filles dont le rapport
poids puissance différent des garçons implique qu’on se
pose davantage la question sur l’intérêt de se trimballer
le poids de cette suspension. Finalement, il faut surtout
chercher l’explication dans le fait que PFP est une
championne hors catégorie et que peu d’athlètes seraient
capables de telles prouesses. Il faut faire preuve d’une force
mentale incroyable pour viser la victoire sur une compétition

Le vélo le plus à ce niveau en étant la seule au départ à utiliser cette option

atypique. On finit par s’y habituer mais ce qu’elle réalise est
performant pour hors-norme. Le temps qui passe n’a visiblement pas d’effet

la meilleure sur sa forme physique et sa motivation. Alors que les meilleures

filles sont au sommet de leur forme sur ces Mondiaux, affûtées
athlète du monde et motivées comme jamais pour décrocher la timbale, c’est

sur la compét’ de elle qui repart à chaque fois avec les maillots « arc-en-ciel ».
Et toutes disciplines confondues, ça fait 12 fois qu’elle leur fait
XC la plus relevée le coup ! Vous êtes définitivement une légende « Miss PFP » !

de l’année reste
un Pinarello sans
suspension Laurent Reviron
arrière.” Rédacteur en chef

octobre/novembre 2023 3
 octobre/novembre 2023 Abonnez-vous p.57

VTT MAG - Espace Clichy, Immeuble Agena

12, rue Mozart - 92 587 Clichy CEDEX
Tél. 01 41 40 32 32 / Fax 01 47 56 54 02
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X Sommaire
Président du Conseil de surveillance
Patrick Casasnovas Face-à-face 3 Édito
Présidente du Directoire
Sophie Casasnovas
Directeur général
24
Frédéric de Watrigant
Directrice du pôle vélo
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6 Zooms action
Éditeur
Philippe Budillon (32 00)
Valentina Höll
Pour joindre votre correspondant, composez le 01 41 40 Charlie Hatton
suivi du numéro de poste qui figure à la suite de son nom

RÉDACTION
Directeur de la rédaction
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Rédacteur en chef
Laurent Reviron (32 32)
Secrétaire de rédaction
Véronique Charlet 12 Super Bruni
Conception graphique
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Panorama
Maquettiste
Stéphane Prévost (34 03)
Ont collaboré à ce numéro
64 14 Bike News
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Bertrand Thiébault, Auguste Mannoury,
Thomas Faivre 22 Opinion
Photogravure
Responsable : Béatrice Ladurelle (31 57) « Vers un retour du hardtail en compétition
PUBLICITÉ de Cross-Country ? »
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Correspondance
YT Capra Core 3
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60643 Chantilly CEDEX MB Race BH Expert 5.0
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Tarif France : 1 an, 6 numéros en version papier
88 Giant Revolt X Advanced Pro 0
& numérique : 57,07 € Transmission Sram Eagle AXS
Montant du prélèvement trimestriel : 8,50 €
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Les plus beaux VTT XC du monde

VTT MAGAZINE est une

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80 Tests en stock
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SAS au capital de 3 200 000 €.
Dépôt légal : 3e trimestre 2023
Commission paritaire : 0224 K 83221
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N° ISSN : 0299-4208
N° de TVA intercommunautaire : La course la plus dure du monde
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Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus. 104 Découverte
Papier issu de forêts gérées durablement.
Origine du papier : Autriche Nice Côte-d’Azur (06)
Taux de fibres recyclées : 22 %
Certification : PEFC / EU ECO LABEL
Eutrophisation : 0,010 kg/tonne
Diffusion : MLP 114 Ils font bouger le VTT…
Directeur de la publication
et responsable de la rédaction Laurent Delorme
Patrick Casasnovas

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LE MAGAZINE DU VAE
104 Nice Côte-d’Azur

octobre/novembre 2023 5
X Zoom

6 octobre/novembre 2023
Valentina Höll
Höll up !
Sans Myriam Nicole blessée, les chances de
médaille française sur les derniers mondiaux de DH
qui se tenaient à Fort William reposaient sur Marine
Cabirou. Malgré un beau run, elle a dû se contenter
de la troisième place et s’incliner pour la victoire
face à Valentina Höll, imbattable ce jour-là. La pilote
autrichienne empoche pour la deuxième fois
consécutive le maillon arc-en-ciel devant Camille
Balanche. ■ Par Laurent Reviron, photo Red Bull
(Bartosz Wolinski www.wolisphoto.com)

octobre/novembre 2023 7
X Zoom

8 octobre/novembre 2023
Charlie Hatton
Solide exploit !
Dans des conditions rendues de plus en plus difficiles par la pluie et dans un contexte
où il devenait très compliqué d’améliorer les temps accomplis sur une piste plus sèche,
Charlie Hatton a réalisé, sous la pluie, l’exploit de signer le meilleur temps absolu
et de repartir avec le titre de champion du monde. Andreas Kolb et Laurie Greenland
complètent le podium dans cet ordre. Loïc Bruni réalise la meilleure perf tricolore
avec une quatrième place. ■ Par Laurent Reviron, photo Red Bull (Bartosz Wolinski
www.wolisphoto.com)

octobre/novembre 2023 9
X Shopping
g
1 2

Tête
1 Trek fabrique des vélos mais pas que.
Ce casque qui vient de sortirr se destine
à une pratique intensive XC à l’image
des coureurs pros. Look sobre bre et épuré,
aération max pour maintenir la tête
au frais et protection accrue grâce
à l’utilisation de la technologiee MIPS.
300 € quand même ! www.trekbikes.com
ekbikes.com

Parure
2 Décliné dans les tons de vert,t, dark blue
ches courtes
ou marron, ce maillot à manches
Scott Trail Flow est léger. Son tissu
à séchage rapide se veut hautement

3
respirant et anti-humidité. 54,90 €.
www.scott-sports.com

Crevure
3 Trop bête de se retrouver planté au fond
des bois même si la rencontre avec une
belette vous laisserait des souvenirs
impérissables ! Le kit Tubeless Parts 8.3
se présente comme l’outil idéal pour les
réparations tubeless. Il est fourni avec
10 mèches pour vos pneus. 20,90 €.
www.tribesportgroup.com

Panty
4 Des coloris comme s’il en pleuvait (11) 1)
pour ce short long Trail Flow d’inspirationration
rieur
lifestyle. La taille est réglable, l’intérieur
amovible. On trouve deux poches
latérales pour placer smartphone
et mini-accessoires. Quoique pour
le téléphone, on en connaît qui ont
our 4
essayé et… 89,90 €.
www.scott-sports.com

Porte-manteau
5 Issu de la gamme ONOFF, Krypton
propose des cintres en carbone (800 mm
de large) et des potences (de 10 à
5
50 mm de long) en alu CNC compatibles
avec toutes les fourches, notamment les
modèles à double tête. Cintres à partir
de 189,95 €. Potence à partir de 99,95 €.
www.onoffcomponents.com

Séant
6 Selle Italia présente dans sa gamme
Novus la Boost EVO Gravel TM
Superflow et ses rails en manganèse.
La forme « waved » gagne en compacité
tout en améliorant le confort et la
stabilité. C’est appréciable en usage XC
autant qu’en cyclocross ou gravel.
« L’Extra Padding » et le « Shock-
Absorber » entre les rails et la coque
jouent un rôle actif dans ce sens. 141,90 €.
www.tribesportgroup.com 6
10 octobre/novembre 2023
 7 ■ Par Bertrand Sanlaville

Vidéo
Le H5 de Midland table sur un tarif 7
accessible. Le modèle change de look

8 et devient PRO avec une qualité vidéo 4K

30fps ! Wi-Fi intégré, enregistrement 4K,
écran LCD arrière de 2”, stabilisateur
d’image et boîtier étanche. Il peut être
contrôlé à distance avec un smartphone.
119 €. www.midlandeurope.com

Veston
C’est l’été mais peut-être plus pour 8
longtemps. Contre le froid et l’humidité,
cette veste Mavic en stratifié léger avec
sa doublure polaire à l’avant devrait vous
assurer un automne au sec. Elle possède
une matière respirante et extensible.
165 €. Également en jaune et noir.

9 www.mavic.com

Victoire
La gamme XC Victory de Mondraker 9
ne vous fera pas aller plus vite mais vous
aurez la certitude d’être beau sur la ligne
de départ. Une coupe racing et aéro,
trois poches arrière pour le maillot
(79,90 €). Une coupe fit en lycra,
polyester et élasthanne pour le cuissard
(119,90 €). www.mondraker.com

Boulard
Légèreté, ajustement idéal, très bonne 10
ventilation sont les arguments du Tract.
On peut ajouter une visière à trois
positions, la sécurité avec le « MIPS
Evolve », son maintien sur 360° ainsi
que les systèmes de réglage surmoulés
ErgoFit et d’ajustement BioMap Fit.
390 g (M). 140 €.

10 www.cannondale.com

Shoes
Style, technicité et robustesse avec 11
les chaussures Union Canvas de Fox.
Leur conception en toile assure
performances, confort et polyvalence.
La semelle intermédiaire en EVA est
destinée à améliorer adhérence et
les sensations sur les pédales. 120 €.
Dispo aussi en rouge, gris et brun.
www.foxracing.fr

Vue
Le Masque Velocity 5.0 MTB Iriz de Leatt 12
11 12 vous met des couleurs et des petites
étoiles dans les yeux en pleine descente
sous votre casque intégral. Il promet
une excellente ventilation pour ne pas
naviguer dans le brouillard et taper
la première souche venue… 119 €.
www.tribesportgroup.com

octobre/novembre 2023 11
 e ac h
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roulé su

e suis content de vous retrouver à nouveau et je vais profiter

J de cette chronique pour revenir sur mes derniers Mondiaux

à Fort William. Je savais que ça allait être dur. C’est l’une
des pistes que j’aime le moins. Souvent les conditions sont
humides et en général, ça ne me plaît pas trop. C’est en tout cas
dans cet état d’esprit que j’y allais jusque-là. Cette fois, j’avais
envie d’ouvrir mon esprit et d’arriver neutre sans préjugé. La piste
avait vraiment été bien travaillée. Je ne l’avais jamais vu aussi

© Bartek Wolinski/Red Bull Content Pool

bien. Le vélo marchait vraiment et franchement, je me suis régalé
dès les premiers essais. Je n’avais jamais pris autant de plaisir ici.
Il faisait beau et je me suis dit que ça pouvait le faire. Je suis resté
dans cette bonne dynamique. Tout allait bien. J’étais vraiment
en confiance le jour de la qualif’. Je suis tombé le matin, mais rien
de grave ! J’ai fait un run posé, vite en haut, sans trop forcer
physiquement en bas et j’ai réalisé le meilleur temps. J’étais
vraiment content et j’ai commencé à y croire. Je n’avais en fait
jamais vraiment eu cette sensation à Fort William. Il a commencé
à pleuvoir à la fin des recos, mais rien de bien méchant puis…
petit à petit, ça a empiré. Mais je ne me suis pas découragé. On
venait ici en sachant qu’il y avait de grandes chances pour que ça
se passe comme ça. Il n’était pas question de perdre ses moyens
à ce moment-là ! On avait de toute façon tout préparé pour
affronter ces conditions. Mais ça reste Fort William assez
déprimant. Tu es quasi tout
seul en haut au départ. Sur la
première partie, il n’y a pas
un chat, il pleut, il fait froid…
Gagner Fort William sous la pluie,
Mais malgré ça, j’ai essayé
de ne pas perdre la face ! c’était trop beau pour être vrai.”
Avec ces conditions froides
et humides et sur cette piste où il n’y a finalement pas beaucoup
de gros freinages au début, je n’ai jamais réussi à faire
suffisamment chauffer mes freins et je n’ai jamais eu un bon
feeling avec. J’ai raté pas pal de points de freinage, je ne suis pas
passé parfaitement dans les parties où je pensais justement être
meilleur que les autres. Bref, je n’ai pas réussi à rouler aussi vite
que je voulais. Je suis arrivé dans le bois avec un peu de retard
alors que j’espérais arriver en avance. Je me suis battu tout
du long, mais je n’ai pas réussi à faire abstraction de ces freins
qui n’étaient pas comme d’habitude. Mon pilotage manquait
d’efficacité. Je savais bien que ce n’était pas suffisant pour
gagner des Mondiaux. Je suis quand même satisfait d’avoir
eu cet état d’esprit. De ne rien avoir lâché dans des conditions
qui ne me sont vraiment pas favorables. Gagner Fort William sous
la pluie, c’était trop beau pour être vrai. Ça aurait presque été la
concrétisation de toute une vie. C’est un des derniers trucs qu’il
me reste à faire avant de me dire : « Je peux arrêter tranquille ».
D’ailleurs pour rigoler, j’ai dit à mon mécano la veille de la course :
« Si je gagne demain, j’arrête ! ». Mais ça sera dans une autre vie
car je n’aurai plus l’occasion de disputer des Mondiaux sur cette
piste. Quatre c’est quand même pas mal, mais ça fait chier de
perdre le maillot. Mais le champion du monde qui me succède est
vraiment cool et
je suis content que
ce soit un outsider.
Après, je suis allé
chiller en Suède
chez ma nouvelle
copine. C’était bien
cool ! Elle roule un peu à vélo, mais surtout en motocross. Elle
faisait le Mondial, on n’a jamais roulé à moto ensemble, mais je ne
suis pas pressé, je n’ai pas envie qu’elle me dégomme. Puis,
je me suis posé chez moi quelques jours sans rien faire. Ça fait du
bien, c’est finalement la seule semaine complète « off » que j’ai
eue depuis le début de saison. J’ai repris l’entraînement par une
petite semaine de testing à Méribel et j’ai enchaîné à Courchevel
sur l’événement The Cycling Event organisé par Laurent (Delorme,
le manager du team). J’en ai profité pour faire un vol en
parapente. C’était la deuxième fois. C’est calme, reposant…
et trop beau. On a volé pendant une heure. J’ai conduit un peu,
je n’étais pas fier. Je trouve ça vraiment cool comme sport
et j’aimerais vraiment voler seul plus tard. Quand tout le monde
te casse les couilles, tu prends ta voile, tu vas en haut d’une
montagne et là, plus personne ne te saoule. ✦

12 octobre/novembre 2023
 X Bike News
La perf’ du mois

Thomas Griot
Avec les différentes épreuves de Coupe
du monde et surtout les championnats du
monde, la période écoulée a été riche en
performances de haut niveau. Celle réalisée
par Thomas Griot lors de l’épreuve de
Coupe du monde de XC Olympique en
Andorre est magnifique puisque plutôt
inattendue. En montant sur la deuxième
marche du podium, le Haut-Savoyard
de 29 ans réalise la meilleure performance
de sa carrière sur l’échiquier mondial.
© Red Bull

Carton plein
La 6e épreuve de la Coupe du
monde d’enduro qui se tenait
en France, à Loudenvielle,
à particulièrement souri aux
pilotes français qui ont squatté
les trois marches du podium.
Youn Deniaud sur son Giant
en haut de la boîte se paye
sa première victoire de rang
international. Alex Rudeau se
classe deuxième (également à
© UCI

la deuxième place du provisoire

derrière Richie Rude) et c’est Louis Jeandel qui complète le
2 de plus…
podium. Chez les filles, Isabeau repart avec une nouvelle belle La gamme Stumpjumper chez Specialized vient
victoire et un peu plus d’avance à la première place du général de s’enrichir de deux nouvelles versions. Le nouvel
« Expert » est dans cette dernière mouture livré avec
devant Morgane Charre, deuxième de l’épreuve et du provisoire.
la nouvelle transmission Sram GX AXS tout comme
le modèle LTD en tout point identique à l’Expert sauf
au niveau des suspensions puisqu’en lieu et place
Double roulette Le gros modèle
d’éléments Fox, ce dernier reçoit des suspensions
Rockshox Ultimate. Ces deux nouveautés sont
disponibles dès aujourd’hui à 6 000 €. Noter que la
d’enduro chez
version ancienne du Stumpjumper Expert en Sram
Trek a été
XO1 est en solde à 5 000 €.
revisité en
profondeur.
La grosse
nouveauté Planètes alignées
visible reste L’épreuve de Loudenvielle était attendue avec
bien impatience. Les enjeux étaient
évidemment importants pour cette petite
ces deux destination pyrénéenne qui
roulettes placées en haut du plateau et sous la base. La accueillait pour la première
première permet de proposer une cinématique avec un point
fois une Coupe du monde de
© Red Bull

de pivot haut et la deuxième de soigner la ligne de chaîne

en toutes circonstances, le tout permettant d’améliorer
« l’antisquat ». On note également une géométrie qui évolue
avec un angle de direction qui passe à 63,5° et un tube de
selle à 77°. Le débattement reste à 170 mm à l’avant et passe
de 160 à 170 mm à l’arrière, enfin l’option « mulet » ( roues
de 29 à l’avant et 27,5 à l’arrière) fait son apparition.
DH couplée à une épreuve
d’enduro internationale. La
piste de DH aussi magnifique que les traces « enduro »,
une météo aléatoire qui a rendu les courses
passionnantes et les Français qui se sont illustrés dans
toutes les catégories ont permis une réussite sans faille !

14 octobre/novembre 2023
 Daprela au sec
En Andorre, la 4e épreuve des
Coupes du monde de DH a
LA RUMEUR
quelque peu été perturbée par la
pluie. Les pilotes les plus rapides
aux qualifications se sont élancés
après que la piste ait été
copieusement arrosée par une
belle averse. Dans ces conditions,
Thibaut Daprela, passé juste avant

© Red Bull
le déluge, s’adjuge une belle victoire
© Commencal

devant Greg Minnaar et Finn Iles,

le dernier à passer sur une piste
encore praticable. Chez les filles qui
avaient, comme d’habitude, ouvert les débats sur une piste sèche,
GasGas en DH
c’est Nina Offmann qui a fait péter le meilleur temps en course. Quand on a une méthode qui fonctionne,
on a tendance à la dupliquer. Le groupe Pierer
Mobility AG dont le boss Stefan Pierer dirige

Gros chocs
C’est sur le Vivid, son gros amortisseur
destiné à l’enduro, à la DH et à l’e-bike que
Sram a dernièrement planché. Cette version
se veut proche d’un amortisseur à ressort
grâce à sa cartouche TouchDown RC2T.
De nouvelles fonctionnalités permettent
une meilleure gestion de l’hydraulique pour
notamment résister aux gros impacts. Cette
référence se décline en différentes versions de
« L’Ultimate » en haut de la gamme au Select en
entrée de gamme en passant par le Select+.
Le modèle le plus cher est à 874 €. www.sram.com
également KTM, Husqvarna et GasGas dans
la moto a pour principale stratégie marketing
d’investir massivement en compétition pour
mettre ses différentes marques en avant
à travers le sport de haut niveau. C’est le cas
en motocross, en MotoGP, en rallye… On
serait donc surpris qu’ils ne finissent pas par
frapper également fort en compétition de
vélo. On voit mal pour le moment un projet
en XC, en revanche, on les imaginerait plus
volontiers en DH. La présence de Stefan
Pierer sur l’épreuve de Lenzerheide nous
laisse penser qu’il y a peut-être quelque
chose qui se prépare dans ce sens.

Gourmandes Vidal dans les étoiles

Vanille-Macadamia/café-beurre
d’amande/chocolat-noisette/banane- Antoine Vidal est le
pécan, les parfums particulièrement nouveau champion
alléchants des nouvelles barres d’Europe de DH.
énergétiques bio 50 g de chez Baouw Il succède ainsi
à Andreas Kold
© Commencal

nous donneraient presque envie de faire

qui s’était, l’année
une hypoglycémie. Toujours dans le souci de concevoir des dernière, emparé
produits de qualité made in France avec des recettes sans sucres du fameux maillot
ajoutés, ces petits encas devraient garantir un maximum de étoilée. Face à une opposition certes un poil réduite,
réconfort pour les « coups de moins bien ». le pilote Commencal s’impose cette fois devant
www.baouw-organic-nutrition.com Baptiste Pierron et Ethan Craik.
X Bike News

Bruni enfin !
Si Loïc Bruni montrait jusque-là une
certaine satisfaction à faire preuve
d’une belle régularité cette saison, il
ne cachait pas non plus une certaine
Oui Non
déception de ne pas encore avoir
réussi à remporter une épreuve Victor Koretzky
majeure en 2023. Il a fallu attendre
l’épreuve de Loudenvielle pour le voir
. Est-ce que ton geste
à l’arrivée de la course
enfin monter sur la première marche
du podium. Une belle victoire en
XCO des derniers
France devant son public sur une championnats du monde
© Red Bull

piste délicate où bon nombre de ses XCO était bien un bras

adversaires se sont auto-éliminés. d’honneur ? OUI
.
Est-ce que ce geste
était destiné à l’UCI ?
OUI
.
Est-ce que tu regrettes
ce geste ? NON
.
Est-ce que cela va
t’exposer à des sanctions ? OUI
. Est-ce que sans ce changement de règlement
de dernière minute par l’UCI, tu aurais accroché
une médaille sur le Cross-Country Olympique ?
JE PRÉFÈRE NE PAS Y PENSER
. Est-ce que cette manœuvre de l’UCI qui favorise
Encore caché ! clairement les stars de la route est humiliante pour
Il n’y avait pas de doute sur la question, mais on a désormais le VTT ? OUI
bel et bien la confirmation que le nouveau Scott Ransom
suivra la tendance. Malgré la complexité d’intégrer un . Est-ce que tu as retrouvé le niveau qui était
élément de débattement important, la suspension arrière du le tien en VTT avant ton passage à la route ? OUI
prochain gros vélo d’enduro chez Scott sera bien dissimulée
dans le cadre comme c’est déjà le cas sur le Spark, le Genius
. Est-ce que cette parenthèse « routarde » t’a fait
perdre du temps ? NON
et le Patron. On voit bien ici l’emplacement de l’amortisseur
au-dessus du boîtier de pédalier. On a découvert ce . Est-ce que tu vas te concentrer à 100 % sur
prototype à l’occasion de la Coupe du monde d’enduro le VTT jusqu’aux prochains JO ? OUI
à Loudenvielle aux mains d’Émeric Lenzer.
. Est-ce que ton objectif est d’être champion
olympique à Paris ? OUI
LMX se config . Est-ce que tu te verrais donner à nouveau une
Le LMX 56, la nouveauté autre orientation à ta carrière après cette échéance ?
du constructeur français NON
spécialiste du speedbike
(vélo à assistance électrique
assistance jusqu’à 45 km/h) Ça brille
est désormais configurable « Brighter than all », brillant plus que tout ! C’est en ces mots
en ligne. On peut choisir que l’opticien du sport Julbo présente sa nouvelle collection-
librement son coloris, ses capsule de lunettes
équipements et accessoires, en édition limitée
son homologation et Bright Series. Les
configurer en ligne son propre modèle, à partir de 7 800 €, notamment modèles Fury, Edge
avec les nouveaux composants Fox 38 Kashima ou transmission et Density profitent
électrique Sram AXS. Mieux, à l’aide d’un module 3D, il est désormais de ce programme haut en couleur, identifiable à leur écran
possible de visualiser le châssis sous tous les angles, dans le coloris Spectron de catégorie 3 et les coloris bien flashy de leurs
choisi pour se faire une idée précise de son propre LMX avant montures, histoire de ne pas passer inaperçu. Pour sortir du lot,
commande. www.lmxbikes.com/configurer-mon-lmx-56/ rendez-vous sur : www.julbo.com

16 octobre/novembre 2023
X Bike News

Maxiview
Rodolphe Beyer
PDG de Canyon France
L’euphorie autour du vélo à la sortie de la crise Covid s’est vite fait
rattraper par d’autres soucis. D’une pénurie, le marché est passé
presque sans transition à un état de surstock de vélos chez les
revendeurs. À cela s’ajoute une crise énergétique et inflationniste
qui n’arrange rien. Situation d’urgence ou crise passagère ?
Voici l’analyse de Rodolphe Beyer, à la tête de Canyon France.

Quelle est votre analyse sur la situation économique actuelle
du monde du cycle ?
« Le marché du cycle n’est pas en lévitation (!), on est donc
logiquement impacté par ce qui se passe autour de nous.
Différentes choses s’entrechoquent : une situation où il y avait sans
doute un peu trop d’emballement après la période Covid et qui
a créé du surstock, puis d’un autre côté certains modèles ou
composants qui n’étaient pas livrés à temps. Et là-dessus, la crise
énergétique liée au conflit en Ukraine dont les effets se répercutent
sur toute l’activité, sur le coût du transport, sur celui des matières
premières, etc. Le marché souffre et certaines marques se
retrouvent avec un problème de compétitivité et de surstock auprès
de leurs revendeurs. De notre côté chez Canyon (marque dite “pure
player” sur Internet, sans réseau de revendeurs, ndr), on est assez
peu impacté. On l’est en ce qui concerne notre chaîne
d’approvisionnement, les matériaux et coûts de production, mais
pas par le surstock. À part quelques modèles “slow moover”,
lorsque les vélos arrivent, ils partent en une
semaine ! On a sans doute fait des choix
stratégiques qui ont été plus avisés puisqu’à On a fait des choix
ce jour, on est sur une progression de 40 %
sur le marché français. Mais d’autres
stratégiques certainement
souffrent et se trouvent dans des situations
délicates, contraints à brader. Du coup, ça
plus avisés…”
suralimente les sites de discount en ligne… »
Comment Canyon s’adapte à cette situation ?
« Déjà, on s’est progressivement détaché du principe des
millésimes. On lance nos vélos lorsqu’ils sont produits, matures,
en stock. On n’est plus dans cette course à l’armement annuel, nos
lancements de nouveautés sont étalés sur toute l’année en ciblant
le meilleur moment pour la clientèle à laquelle elles s’adressent.
Il y a un travail extraordinaire réalisé au niveau du siège de Canyon
et on est plutôt mieux loti et moins impacté que d’autres marques.
Canyon reste focalisé sur le rapport qualité/prix, mais c’est du
travail, ça reste tendu et compliqué. Alors oui, on fait parfois un
effort tarifaire supplémentaire lorsqu’il y a beaucoup de compétition
et de discount sur le marché, on est obligé de s’adapter. Mais sur
nos modèles phares qui font le gros de nos volumes, on a plutôt un
problème inverse avec une demande qui est supérieure à ce que
l’on est capable de fournir ! Notre problématique est de pouvoir
réussir à garder l’offre intacte d’un point de vue rapport qualité/prix
pour que cette demande ne s’essouffle pas. »
Selon vous, il y a péril en la demeure pour le marché du cycle ?
On est face à une situation d’urgence ?
« Ma vision est la suivante : la crise Covid a redonné une bouffée
d’oxygène à des marques qui étaient déjà en perte de vitesse, ça a
créé une sorte de bulle et on a aujourd’hui un retour de manivelles
avec des effets collatéraux, économiques et financiers. Des sociétés
qui étaient dans des situations un peu fragiles se retrouvent
désormais dans des positions beaucoup plus tendues. On a vu
des politiques de sponsoring s’effondrer complètement chez des
concurrents et ça, c’est vraiment un signe d’état d’urgence. Le mot
n’est pas très heureux, mais ça risque de faire une sorte de
“ménage”… J’espère néanmoins que tout le monde va rester dans
le game car il y a de la place pour tous. À chacun de savoir s’adapter
et se réinventer pour désembouteiller le surstock, puis recréer du
dynamisme, produire et vendre des vélos. Si on commence à voir
le revendeur comme une banque, c’est une mauvaise approche,
vouée à l’échec. »
Alors, quelle sortie de crise et pour quand ?
« À mon sens, il faudra deux saisons pour que les choses se
rétablissent. Il reste de belles opportunités
dans le monde du vélo, notamment autour de
la mobilité qui est en plein boom – et les J.O.
de Paris 2024 en font partie. Il ne faudrait pas
louper ces opportunités en se laissant aveugler
par cette crise, ne pas non plus les laisser
à d’autres marques telles qu’issues de
l’automobile ou la moto. Il ne faut pas
s’apitoyer sur notre sort : le métier est difficile, mais si on l’a choisi,
c’est qu’il est challengeant et motivant. »
Le vélo – et le VTT – est-il toujours un marché porteur,
un marché d’avenir ?
« Quand on voit le nombre de sociétés d’investissement qui ont pris
des parts dans des entreprises et grandes marques de vélos ces
quatre ou cinq dernières années, il est évident que c’est un marché
d’avenir, avec de belles opportunités ! Malheureusement, tout le
monde n’aura probablement pas sa part du gâteau… On note aussi
des changements de comportement avec des gens qui veulent
davantage prendre soin d’eux, de leur santé, profiter de la vie et
le vélo est une réponse à ça. Le marché du VTT, lui, est relativement
stable – du moins chez nous –, mais le VTTAE a sans doute créé
un peu une zone de tension avec une course à l’équipement et la
modernité. Trop d’évolutions technologiques dans un laps de temps
court ont peut-être un peu brouillé les pistes pour les consommateurs,
un peu perdus dans leur décision d’achat. Néanmoins, le marché VTT
se porte bien, les pratiquants sont là et ça reste toujours en
progression pour ce qui est du VTT électrique. Ceci dit, il faut être
clair, ce n’est pas le segment qui nous apporte la plus grande part de
progression chez Canyon. » Propos recueillis par B. Thiébault

18 octobre/novembre 2023
X Bike News

5e round Le calendrier des courses était

chargé ces dernières semaines
et parmi les rendez-vous
majeurs figurait la 5e épreuve
des Coupes du monde XC en
Andorre. Dans des conditions
particulièrement éprouvantes,
froides et humides, Mathias Origine vous surclasse !
© Red Bull

Flückiger est sorti vainqueur Bon anniversaire, Origine ! La marque de cycle basée dans
devant Thomas Griot et Tom
le Nord de la France, spécialiste de la configuration à la
Pidcock. On notera également la belle 4e place de Jordan
Sarrou. Chez les filles dans les mêmes conditions difficiles, carte et uniquement disponible en ligne, souffle sa 10e
Pauline Ferrand-Prévot qui a également souffert du froid a dû bougie. Origine accompagne cette célébration d’une offre
se contenter de la troisième place derrière Alessandra Keller exceptionnelle que l’on peut comparer à un surclassement.
et Mona Mitterwallner qui remporte une première victoire En clair, contre un petit supplément de 200 €, Origine
en Coupe du monde Élite qui en appelle sans doute d’autres. upgrade votre vélo d’une gamme de transmission. Si vous
commandez un Théorème ou Naja en transmission XT,
Origine vous le livre en XTR, idem pour en Sram où le XX1
GRX puissance 12 ne vous coûtera que 200 € de plus face au X01, en AXS
comme en mécanique. Ces conditions anniversaire ne sont
GRX est le groupe de transmission
toutefois valables que pour le mois de septembre et, dans
Shimano destiné au gravel. Jusqu’alors
la limite des stocks disponibles, stocks annoncés comme
limité à 10 ou 11 vitesses, le GRX 2024
« suffisants » d’après Origine. Pour profiter de cette offre,
s’offre quelques canines
c’est ici : www.origine-cycles.com
supplémentaires en passant en
12 vitesses. Avec un ensemble complet
plateau/cassette/dérailleur/commandes
revisité, le japonais rejoint son
concurrent Sram (XPLR 12v) tandis que Campagnolo joue sur un Tous au Bol d’Or… vélo !
registre à 13 vitesses avec son groupe gravel Ekar. Pas de version Si ça ne concerne pas à 100 % le petit monde du VTT,
Di2 (commande électrique) pour ce nouveau groupe, Shimano reste saluons le lancement du 1er Bol d’Or vélo, inspiré de
fidèle à un système mécanique classique. Le dérailleur RX820 l’épreuve moto centenaire et qui existait déjà il y a… 130
adapté à cette configuration est proche d’un XT bien connu à VTT. ans ! L’événement
Il reprend d’ailleurs son système Shadow RD+ (stabilisateur aura lieu les 27 et
de chaîne). La chappe est remplaçable, moyenne ou longue en 28 avril 2024 sur
fonction du choix de cassette 10x45 ou 10x51. Shimano pense le circuit Paul
également aux adeptes du double-plateau avec une version 2x12 Ricard dans
et décline une offre gravel 12 vitesses plus abordable avec le Var près de
le groupe GRX 610 ! Toulon. En plus
du tour d’horloge
en solo ou par
Le pied à l’étrier équipe de 3, 4, 5,
6 et jusqu’à 8
Shimano n’est pas qu’un équipementier majeur de la cyclistes sur la
transmission ou du freinage, la marque japonaise développe piste de 5,8 km,
aussi divers équipements à destination des riders et rideuses.
il y aura
De nouvelles chaussures
typées enduro et gravity font également une
leur entrée, en semelles épreuve de
compatibles SPD et plates. 6 heures « route »
La GE900 (photo, 219 €) est ainsi qu’une
le modèle phare qui se épreuve de
démarque par son maintien 6 heures gravel
souple avec une semelle mixte bitume-terre dans l’enceinte du circuit qui possède
intermédiaire Torbal 2.0, à proximité du dénivelé. Il sera également possible pour
et par son rendement au tout un chacun de profiter de la piste lors de la matinale
pédalage avec une semelle externe EVA renforcé carbone. « découverte », ouverte à tous.
Son laçage est confié à un Boa L6 micrométrique avec un
strap Velcro et sa tige est dotée d’une membrane néoprène Infos et inscriptions sur : boldorvelo.com
limitant les intrusions diverses.

20 octobre/novembre 2023
X Opinion

Vers un retour aux VTT

hardtail sur les Coupes
du monde XC ?
Pauline Ferrand-Prevot surclassant la concurrence sur
son vélo semi-rigide lors des Mondiaux VTT en Écosse,
ça interpelle quand une majorité d’athlètes utilise un tout
suspendu. Le hardtail plus léger et rigide assure parfois
un meilleur rendement. De là à généraliser un retour de
ce type de vélo sur la Coupe du Monde, il y a un pas…

Line Burquier Stéphane Tempier Philippe Chanteau

Pilote du Team Canyon
Collective XCO
« Au vu des vélos tout suspendus
qui sont en train d’être
développés un peu
partout, je pense
que les semi-ri-
gides sont quand
même amenés à dis-
paraître. Le cas de Pau-
line (ndr. Ferrand-Prevot) est un
peu particulier. Elle a grandi sur du
semi-rigide, elle a évolué, elle a
presque appris à faire du vélo sur
du semi-rigide, contrairement à
moi qui arrive d’une génération où
on a depuis toute petite été posé
sur un vélo tout suspendu. Je ne
pense pas passer au semi-rigide,
sauf parcours exceptionnel. On a
quand même des tracés de plus en
plus cassants, avec des gros obsta-
cles donc je ne me vois pas changer
maintenant. Le poids inférieur du
hardtail peut être un avantage dans
les montées, mais il faut aussi peser
le pour et le contre de cet avantage.
Un tout suspendu peut aussi être
un atout dans une montée avec
une bonne motricité. Tout dépend
du profil, du type de terrain. C’est
comme tout : les pneus, les réglages
des suspensions… On ne peut pas
dire comme ça, oui, c’est mieux. Il
y a trop de paramètres qui entrent
en compte. Le retour à du semi-ri-
gide peut éventuellement concer-
ner quelques parcours ciblés dans
l’année. Je ne suis pas du tout
contre utiliser ce genre de vélo, au
contraire si ça peut nous faire pro-
gresser. »
Manager du Rockrider
Racing Team
« Je ne pense pas que le hardtail
puisse revenir chez
les hommes où il
y a un peu plus
de vitesse, où
ça tourne un
peu plus vite et
où l’on se fait plus
secouer. Avec la vitesse et le poids
plus important aussi, on n’est pas
forcément gagnant. Les hommes
mettent plus de puissance. Les
grammes en plus d’un tout suspen-
du sont moins désavantageux que
chez les femmes, plus légères. Elles
ressentent plus les 800 g ou 1 kg
de différence entre un hardtail et
un tout suspendu. Avoir un vélo
très léger peut encore permettre de
faire la différence. Certains
hommes le font sur des circuits
spécifiques. D’ailleurs, je regrette
que les circuits soient de plus en
plus artificiels avec un sol damé.
Ça manque de technique, de cas-
sant. Sur un hardtail, en descente,
on laisse de l’énergie alors que le
but est de récupérer. Si on monte
vite sur un tour mais on baisse de
régime sur la durée, ça ne sert pas
à grand-chose. Sur un tout suspen-
du, dans les descentes, les chocs
sont bien encaissés par l’amortis-
seur, moins par les jambes. Ce
n’est pas qu’une question de rapi-
dité mais de gestion dans le temps.
Je suis un des derniers à avoir fait
la passerelle entre le semi-rigide et le
tout suspendu, je sentais que j’avais
du mal sur les derniers tours. »
Entraîneur au Pôle France
et de Loana Lecomte
« Concernant Loana Lecomte que
j’entraîne, elle a ré-
cupéré un se-
mi-rigide. Elle
l’aura notam-
ment pour le
Test Event des
jeux à la fin du
mois. Les circuits VTT de
X-country sont de plus en plus
artificiels. Pour les gros événe-
ments comme les Jeux ou les Mon-
diaux, c’est à chaque fois un nou-
veau circuit. Il faut pouvoir faire
un tracé roulant sur le sec mais sur
le mouillé aussi. S’il tombe une
grosse averse, il ne faut pas que ce
soit la catastrophe et que faut-il
faire ? Des routes goudronnées ?
J’exagère mais c’est un peu ça, ils
sont obligés de tasser le terrain.
Dans un pierrier, le tout suspendu
sera plus efficace, mais un pierrier,
c’est vingt mètres maxi et une fois
qu’on a la trace avec un semi-ri-
gide, ça passe. Ce n’est pas si
évident. Il faut essayer et surtout
avoir le retour de l’athlète. Certains
coureurs restent crispés dans les
descentes et du coup, ils ne récu-
pèrent pas. Sur un semi-rigide, il
faut une certaine technique, de la
souplesse musculaire et s’ils n’ont
pas récupéré, il n’y aura aucun
avantage dans les montées. Enfin
la question se pose surtout pour les
filles, le rapport poids/puissance
entre en compte et comme elles
sont légères, quand on gagne un
kilo, c’est quand même pas mal. »
L’avis de
Pauline Ferrand-Prevot a
démontré qu’un VTT hardtail
est encore largement dans
le coup et permet toujours
de s’imposer au plus haut
niveau. Mais replaçons les
choses dans leur contexte.
Sur les championnats du
monde en Écosse, le
parcours était techniquement
limité avec une majorité du
tracé sérieusement damée.
Dans ces conditions,
l’utilisation d’un hardtail léger
assurant un rendement idéal
dans les montées devient
intéressant. Mais deux
semaines plus tard en
Andorre sous la pluie, après
un départ canon, elle devra
se contenter d’une troisième
place à plus d’une minute de
l’Autrichienne Mitterwallner.
Le circuit n’étant pas aussi
« lissé ». L’athlète n’était
peut-être pas aussi bien mais
le type de tracé joue un rôle
sur le rendement du vélo. Sur
un parcours truffé de racines
comme à Nové Mesto,
difficile de croire qu’un
hardtail amène un avantage.
De nombreux paramètres
entrent en ligne de compte :
parcours, profil du coureur.
Une descente est souvent
propice à la récupération. La
négocier crispé ne sera pas
bénéfique sur la durée d’une
course. Les constructeurs
proposent des tout
suspendus toujours plus
efficaces, léger, assurant une
excellente motricité dans les
montées quand l’adhérence
est précaire… Un retour
au semi-rigide ? Seulement
à quelques occasions.

22 octobre/novembre 2023
X Face-à-face

24 octobre/novembre 2023
ENDURO GIANT REIGN 1 YT CAPRA CORE 3

Alu ou
carbone ? L’enduro à un prix raisonné, c’est ce que tente
de nous apporter ce duo pourtant bien différents
sur le papier. D’un côté, le Capra s’oriente totalement
vers la performance avec son châssis en carbone, de
l’autre, le Reign en alu joue la carte de la polyvalence.
Lequel se démarque ? ■ Par T. Faivre - Photos L. Reviron

octobre/novembre 2023 25
 Taille L sans pédales

X Face-à-face 16,7 kg
Quels points communs justifient
GIANT Reign 1 4 350 €
une comparaison entre ces vélos ? Agile et maniable,
Ces deux marques bien ancrées dans le Reign met le pilote à son
l’univers gravity se situent sur le devant de aise rapidement et saura
l’accompagner de la
la scène de l’enduro mondial avec toutes
rando-enduro jusqu’en
deux une équipe factory capable de jouer bike-park.
les podiums en EDR (anciennement EWS).
Les deux vélos du comparatif adoptent la
même plateforme que les vélos utilisés par
les pilotes phares, que ce soit le Français
Youn Deniaud pour le Reign ou
l’Australien Jack Moir pour le Capra, le
tout pour un budget avoisinant les 4 000 €.
Ce duo adopte une géométrie moderne
avec des suspensions de gamme
similaire. Le Giant est légèrement plus
long en ce qui concerne l’empattement,
la longueur du tube supérieure et la base
arrière. Les angles du tube de selle et de
direction sont équivalents. Le débattement
à l’avant est de 170 mm avec une Fox 38
Performance sur le Reign pour une Zeb
Ultimate pour le Capra. Au niveau de
l’amortisseur, le Giant s’équipe d’un Float
X Performance et le YT du RockShox
Super Deluxe Ultimate. Ils adoptent
un train roulant en aluminium équipé de
pneus Maxxis Assegei à l’avant et DHR2
à l’arrière, des références sur le marché
du cycle. Idem, les postes de pilotage
sont également composés d’éléments en
aluminium. En bref, ce sont deux
machines qui permettent d’avoir accès à
la qualité et à la performance que peuvent e Giant Reign a vu son cadre se
procurer des enduros de compétition
avec un budget raisonnable. L muscler avec cette toute nouvelle
version 2023. Toujours avec une
cinématique Maestro à point de pivot
Qu’est-ce qui les différencie ? virtuel, signature historique de la marque
Le matériau du cadre est la principale taïwanaise, le débattement adopte
différence. Le Capra est entièrement désormais 160 mm à l’arrière pour
en carbone tandis que le Reign est en accueillir une fourche de 170 mm.
aluminium. La conséquence principale Giant a suivi la tendance actuelle
de ces différents choix est la différence de des vélos d’enduro avec des grosses
poids entre les deux. Le YT pèse 15,5 kg suspensions, un cadre long et un angle
soit 1,2 kg plus léger que son adversaire de direction plutôt couché. Bien plus
Malgré des étriers 4 pistons, les freins Deore montrent
qui lui arrive à 16,7 kg pour une taille L. radical que son prédécesseur, il offre vite leurs limites sur les longues descentes.
L’écart est significatif et peut s’expliquer également la possibilité de modifier
également par un choix de transmission la géométrie en 3 positions différentes
moins haut de gamme pour le Giant avec à l’aide d’un flip-chip sur la biellette
un Shimano SLX. De son côté le Capra et reste compatible pour un montage
a le luxe de s’équiper d’une transmission d’une roue de 27,5” à l’arrière. Cela
électrique Sram GX AXS et le débattement permet de modifier le comportement
à l’arrière est plus conséquent avec du vélo suivant le terrain que l’on roule
170 mm contre 160 mm pour le Giant. et son style de pilotage.
La carcasse Double Down du pneu arrière
est plus résistante pour le Giant, ce qui est
un atout pour ce genre de pratique, mais
plus lourd sur la balance avec sa double
peau. Autre point qui les différencie, Le Float X est une valeur sûre. Plage de réglages,
fiabilité et durabilité, il a tout d’un modèle haut
de gamme.
26 octobre/novembre 2023
 Une peinture sobre et
tendance, on reconnaît le
Reign avec sa silhouette
et sa géométrie propre
aux Giant.

PLUS
▲ Réactif
▲ Rendement
▲ Agilité
▲ Joueur
MOINS Fiche technique
▼ Stabilité
▼ Poids Cadre : Reign 1 aluminium, déb. 160 mm Freins AV/AR : Shimano Deore BR-M6120
(Ø 220/200 mm)
▼ Freinage Fourche : Fox 38 Performance Élite, cartouche
Grip2, déb. 170 mm Guidon : Giant Contact SL TR35, 800 mm
Amortisseur : Fox Float X Performance Élite, Potence : Giant Contact SL 35 S:40 mm
205/62,5 mm Roues : Giant AM 29”
Dérailleur : Shimano SLX RD-M7100, 12v Pneus AV/AR : Maxxis Assegai 29x2.5 Exo+ /
Commande : Shimano SLX SL-M7100, 12v Maxxis Minion DHR II 29x2.4 DD
Cassette : Shimano SLX M7100 (10-51), 12v Tige de selle : Giant Contact Switch dropper 170 mm
Chaîne : Shimano, 12v Selle : Giant Romero
Pédalier : Shimano MT512 170mm, 32 dents Tailles : S, M, L, XL

Géométrie Bilan
En taille L
115

Pratique, la « boîte à gants » se situe sous le POIDS

porte-bidon.
PRIX
mm

620 mm
PRÉSENTATION
P. PILOTAGE
STABILITÉ
VIVACITÉ
450 mm MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
77,7°
63,9° RENDEMENT
1 270 mm FREINAGE
SUSPENSION AR
302 mm
433 mm FOURCHE
Les roues Giant sont équipées de pneus Maxxis ROUES
en carcasse Double Down, appréciable pour un train PNEUS
roulant d’origine.
octobre/novembre 2023 27
 Taille L sans pédales

X Face-à-face 15,50 kg
la présence d’une « boîte à gants » sur YT Capra Core 3 29 3 999 €
le Giant pour embarquer de quoi réparer
ou s’alimenter. Outre le fait que le YT n’est Stable et sécurisant, Le YT
pas prévu pour changer le diamètre Capra excelle à haute
vitesse. Néanmoins, son
de la roue arrière pour passer en Mullet
pilotage reste physique.
MX, il permet moins d’adaptation sur sa
géométrie avec un flip-chip 2 positions
contre 3 pour le Giant.

Lequel est le plus facile à prendre

en main ?
Avec des groupes totalement opposés
et des postes de pilotage de marques
différentes, les commandes tombent
parfaitement sous la main pour ces deux
vélos. Malgré une préférence pour le
poste de pilotage Renthal du YT et les
vitesses électriques du groupe AXS pour
la fluidité de passage, les composants
du Giant sont d’excellente qualité. La tige
de selle du Reign possède plus de
débattement, ce qui est préférable lorsque
l’on se situe à la limite supérieure de la
taille L. Le réglage des suspensions est
accessible pour les deux vélos. Le Giant
demande un SAG de 30 % à l’arrière
quand le YT demande à se régler à 35 %
afin de pouvoir déclencher plus facilement
les premiers centimètres de débattement,
car la sensibilité n’est pas suffisante
et la progressivité de sa suspension nous
permet de le faire. Au jeu de la prise en
main, le Reign est plus facile à dompter
malgré un poids plus important. On sent e Capra IIIe génération sorti
que c’est un vélo polyvalent et maniable
qui conviendra au plus grand nombre
quand le Capra demande plus de finesse
L en 2021 est toujours une
référence sur le marché actuel
de l’enduro avec un rapport tarif/
et d’expérience de pilotage et au niveau équipement très agressif. Le cadre
des réglages de compression et de carbone aux finitions soignées
rebond de l’amortisseur. La position est adopte une cinématique 4 bars
assez similaire, les quelques millimètres linkage appelée par la marque
plus longs du Giant ne se font pas sentir. allemande Virtual 4 Link. Elle promet
plus de progressivité que le
Les roues Crankbrother Synthesis aluminium matchent
précédent modèle. Ce vélo existe
Quelle est la différence dans en version Mulet MX, mais la base
parfaitement avec le vélo en apportant de la souplesse
à une base arrière rigide.
les parties montantes ? est différente de celle du modèle 29,
Ces deux enduros disposent d’un blocage donc il n’est pas compatible pour
facilement accessible sur leurs le montage d’une roue de 27,5”
amortisseurs respectifs et tous deux à l’arrière. L’empattement est plus
se bloquent parfaitement. Leurs plateaux long, la direction plus couchée et le
en 32 dents permettent de monter les boîtier de pédalier plus bas que son
grimpettes les plus sèches à condition prédécesseur. Un flip-chip est
d’avoir le physique. Cela reste de gros intégré sur la prise de l’amortisseur
vélos où monter au train est nécessaire pour passer en position haute
pour ne pas dépenser trop d’énergie. ou basse selon les envies.
Même ouvert, la cinématique Maestro
limite très fortement l’effet de pompage
au pédalage tandis que le YT est plus Facile pour l’entretien mais moins élégant, le passage
capricieux à ce niveau, difficile avec un de la gaine du frein est externe sur la base arrière.

28 octobre/novembre 2023
 Difficile de passer inaperçu avec
le Capra. Une couleur électrique,
un cadre carbone et un
équipement haut de gamme
pour 4 000 €. Époustouflant !

PLUS
▲ Stabilité
▲ Rapport prix/équipement
▲ Aptitudes en descente
▲ Roues

MOINS
▼ Rigidité
▼ Pilotage physique
▼ Freinage
▼ Carcasse pneu arrière Fiche technique
Cadre : Capra Core 3 carbone, déb. 170 mm Freins AV/AR : Sram Code R (Ø 200 mm)
Fourche : RockShox ZEB Ultimate Charger 3, Guidon : Renthal AL2014, rise 30 mm
déb. 170 mm Potence : Renthal Apex 35 mm
Amortisseur : RockShox Super Deluxe Ultimate Roues : Crankbrothers Synthesis Enduro
230/55 mm aluminium 29”
Dérailleur : Sram GX Eagle AXS, 12v Pneus AV/AR : Maxxis Assegai 29x2.5 Exo+/
Commande : Sram GX Eagle AXS, 12v Maxxis Minion DHR II 29x2.4 Exo+
Cassette : Sram GX Eagle, 12v Tige de selle : YT Postman, 150 mm
Chaîne : Sram GX Eagle, 12v Selle : SDG BEL AIR 3.0
Pédalier : Sram GX Eagle, 170 mm Tailles : S, M, L, XL et XXL
Le cadre carbone permet de faire baisser le poids
de plusieurs centaines de grammes.
Géométrie Bilan
En taille L
110

POIDS
PRIX
mm

606 mm
PRÉSENTATION
P. PILOTAGE
STABILITÉ
VIVACITÉ
448 mm MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
77,6°
64,2° RENDEMENT
1 248 mm FREINAGE
SUSPENSION AR
350 mm
438 mm FOURCHE
Un dérailleur GX AXS sur un vélo de cette gamme,
c’est possible chez YT. ROUES
PNEUS

octobre/novembre 2023 29
X Face-à-face Les suspensions sont très
progressives avec la
cinématique Maestro du Giant.
Il reste haut dans le
débattement lui permettant
de garder de l’agilité en toutes
circonstances.
SAG si important. Malgré tout, dès que
tout est bloqué, il prend l’ascendant
sur le Reign avec un poids beaucoup
plus contenu et des composants plus
adéquats pour performer en montée, les
vitesses peuvent se passer plus facilement
en charge avec l’AXS. La différence est
faible, c’est plus au niveau du confort
d’utilisation que le Capra prend
le dessus.

Sur les parties de transition,

le Capra arrive-t-il à se démarquer ?
Non, le Giant demeure très efficace dans
les parties roulantes où l’amortisseur reste
ouvert. Il surclasse son adversaire lorsqu’il
faut appuyer fort sur les pédales, son
principe de suspension permet de rester
haut dans le débattement et il apporte
plus de dynamisme dans les relances
par exemple. De plus, il se montre plus
maniable et inspire la confiance. Le Capra
donne l’impression d’être un plus gros
vélo et brille moins dans ce domaine.
Il se distingue plus lorsque le terrain
commence à être mouvementé et que
le pilote doit utiliser le relief pour faire
accélérer le vélo et il se dévoile lorsqu’il
faut pousser et pomper pour prendre
de la vitesse et que la pente s’inverse.

Qu’en est-il dans les descentes

lentes et sinueuses ?
Deux comportements bien distincts
opposent ces deux vélos. D’un côté, le
Reign est très agile dans le lent, il est facile
à placer et montre plus de dynamisme
que son adversaire. Il demande moins
d’efforts pour tourner, déplacer la roue
arrière dans les épingles et charger l’avant.
En effet, il nécessite un bagage technique
moins pointu que le Capra qui réclame
plus d’engagement et d’efforts pour
déclencher un nose-turn par exemple.
Malgré tout, le caractère plus posé du YT
donne une sensation plus sécurisante
lorsqu’on dévale les traces d’enduro les
plus engagées et pas forcément shapées.
Il se comporte comme un mini DH, très
stable et prévisible permettant de lâcher
plus les freins que le Giant. Beaucoup plus
vivant et plus tonique, le Reign s’en sort
mieux pour tirer au-dessus des obstacles
quand le YT se pilote avec le bas du
corps, demande à enrouler et à faire
un enchaînement de petits bunny-up.

30 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 31
X Face-à-face
Comment ça se passe à plus haute
vitesse ?
Quand tout s’accélère, le YT prend le
dessus. Une fois pris en main, acquérir de
la vitesse est un réel plaisir à son guidon.
En bike-park, les dix centimètres de
débattement se font ressentir et mettent
à l’aise le pilote sans forcément
l’économiser. Il faut clairement être
présent physiquement et charger fort avec
les jambes pour le faire tourner. La base
32 octobre/novembre 2023
arrière est rigide et peut épuiser le pilote
sur des spéciales de plus de cinq minutes
comme on peut en trouver en course ou
en station. Le Giant est quant à lui moins
rassurant et moins performant à haute
vitesse et compense par un pilotage bien
plus facile, ludique et économique et
il se tourne en déplaçant le bassin avec
les jambes plus tendues. Dans les parties
défoncées, le Capra est excellent et
accélère lorsqu’on appuie sur ses jambes,
là où le Reign demande plus de
concentration, bouscule un peu plus le
pilote et oblige à tirer au-dessus des
racines et des cailloux. Les points négatifs
de ces vélos se situent au freinage. Le
manque d’endurance et de puissance,
des Sram codes R ou des Shimano Deore
pénalise les excellentes capacités de ces
enduros. Les roues montées sur ces
machines sont d’excellente facture et ne
nous ont montré aucun signe de faiblesse
lors de ce test. Avantage à la paire de
Crankbrothers Synthesis qui offre un

confort et une précision de haute volée.
Cependant, le pneu arrière du YT a atteint
ses limites dans les parties rapides et
accidentées où la carcasse EXO+ ne suffit
pas pour éviter les crevaisons.
Conclusion
Ce duo fait figure de référence sur
le marché des enduros à 4 000 €, ils
présentent un rapport prix/équipement
compétitif sans négliger le comportement
du vélo. Deux identités bien distinctes
sont proposées par les deux marques.
Le Giant vous offrira de la polyvalence
et un comportement accessible, pouvant
convenir au plus grand nombre du
débutant au pilote confirmé. Joueur,
dynamique et accessible, le Reign pourra
vous accompagner tant sur les randos
qu’en bike-park voire sur les courses sans
forcément être un spécialiste tant il est
facile à prendre en main. Plus tape-à-l’œil
avec son cadre carbone et un équipement
plus haut de gamme, difficile de ne pas
Deux visions opposées de l’enduro
se confrontent à travers ces deux
vélos. Le Capra est idéal dans les
spéciales courtes et intenses tandis
que le Reign se distingue dans les
descentes longues et variées.
craquer pour le YT. Ses aptitudes à rouler
vite en descente pourront ravir les
enduristes confirmés. Pour l’emmener
sur les compétitions, il faudra un bagage
technique et physique suffisant afin de
pouvoir exploiter pleinement son potentiel.
Sa stabilité et le sentiment de sécurité
qu’il procure en font un excellent vélo pour
rouler en station et son poids contenu
lui permet d’exceller en montagne.
Deux salles, deux ambiances, à vous
de choisir ! ✦
octobre/novembre 2023 33
X Essai

NOUVEAUTÉ XC Taille M/L sans pédales

9,95 kg
TREK SUPERCALIBER SLR 9.9 XX 11 499 €

En mode
sniper
Un conseil, si vous n’envisagez pas d’investir
dans ce genre de bolide, le mieux reste
d’éviter d’en essayer. En effet, une fois
que l’on a goûté aux performances assez
incroyables de ce nouveau Trek Supercaliber
dans cette version haut de gamme, on aura
du mal à se satisfaire de vélos « normaux ».
■ Par Laurent Reviron

34 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 35
X Essai
TREK SUPERCALIBER SLR 9.9 XX
Fiche technique
près quatre ans de bons sur les versions les plus chères limite

A
et loyaux services et un titre
olympique en poche aux mains
de Jolanda Neff, la fusée de XC
de chez Trek a été revisitée en profondeur
dans un programme conforme aux
tendances. Au menu : une augmentation
du débattement, une cure d’allègement et
une géométrie revisitée. Dans sa version
SLR la plus élaborée qui équipe
notamment ce modèle 9.9 XX, le cadre
affiche un poids de 200 à 250 grammes
plus léger que la déclinaison SL déjà
annoncée à 2 030 grammes qui équipe
les références plus accessibles. Ce chiffre
alléchant reste comparable à la première
version du Supercaliber. La forme des
deux cadres est évidemment la même, le
gain de quelques centaines de grammes a
été obtenu sur le cadre SLR en optimisant
l’utilisation du carbone. La fibre FAW de
logiquement l’utilité de ces dispositifs
de guidage. L’IsoStrut, ce système
de suspension arrière si particulier
(cf. Comment fonctionne l’IsoStrut ?) qui
caractérise le Supercaliber a également
été repensé en profondeur. Alors que la
suspension a été à l’origine confiée à Fox,
on retrouve sur cette nouvelle version
un élément spécialement développé par
RockShox. Son débattement à 60 mm
à l’origine passe à 80 mm sur le modèle
2023. Le diamètre du plongeur de
32,5 mm sur l’élément Fox est à 40 mm
sur le dispositif RockShox. La manœuvre
vise à augmenter à la fois la sensibilité de
la suspension sur les petits chocs tout en
réduisant encore l’effet de « pompage »
au pédalage. Le passage de l’élément
Fox à RockShox permet également
un entretien facilité. La géométrie qui
Cadre : SLR carbone OCLV Mountain, IsoStrut,
déb. 80 mm
Fourche : RockShox SID SL Ultimate, déb. 110 mm
Amortisseur : Trek IsoStrut, RockShox SIDLuxe
Dérailleur : SRAM XX SL Eagle AXS, Type T 12 v
Commande : SRAM AXS POD Ultimate
Pédalier : SRAM XX SL Eagle, type T, 34 dents
Cassette : SRAM Eagle XS-1299, Type T, (10-52)
Chaîne : SRAM XX Eagle, Type T
Freins AV/AR : SRAM Level Ultimate 4 pistons
(160/160 mm)
Roues : Bontrager Kovee RSL, OCLV Mountain
en carbone
Pneus AV/AR : Pirelli Scorpion XC RC 29x2.2
Cintre/Potence : Combo Bontrager RSL, en carbone
OCLV, 70/750 mm
Tige de selle : Fox Transfer SL, déb. 100 mm (S/M) ;
125 mm (ML/L) ; 150 mm (XL)
Selle : Aeolus RSL, rails en carbone, 145 mm
Tailles : S-M-L-XL
Géométrie

90 m
En taille M/L
qualité supérieure permet de réduire la a évolué pour convenir aux circuits 605 mm

m
matière et un tissage optimisé. Le triangle de Coupe du monde de plus en plus
arrière reste commun aux deux versions. exigeants devrait également permettre
Trek a également gagné quelques à « Mr tout le monde » de se sentir plus
440 mm
grammes sur la déclinaison « SLR » en à l’aise dans les différentes difficultés
retirant le routage des gaines à l’intérieur. d’un parcours de XC. L’augmentation du
L’utilisation de transmissions « sans fil » débattement à l’avant qui passe de 100 à 74,5°
67,5°
Si l’on n’avait peu de doute sur les 1 153 mm
capacités de ce nouveau Supercaliber 327 mm
au pédalage, on a été agréablement 435 mm
surpris par ses aptitudes à la descente.
Bilan
POIDS
PRIX
PRÉSENTATION
P. DE PILOTAGE
STABILITÉ
VIVACITÉ
MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
SUSPENSION AR
FOURCHE
ROUES
PNEUS

36 octobre/novembre 2023
 Les changements sont aussi
discrets visuellement qu’ils se
ressentent en action.

PLUS
▲ Rendement hors-norme
▲ Rigidité optimum
▲ Poids réduit
▲ Stabilité/maniabilité
▲ Sécurisant
▲ Racines « racing »
MOINS
▼ Freinage
▼ Tarif

L’élément de suspension arrière fourni désormais par Cette poignée RockShox qui verrouille les suspensions
RockShox permet une belle progression du vélo. demande un temps d’adaptation.

Plus robuste et plus performant, on gagne sur tous Ce nouveau dispositif « flexible » de frein arrière On ne se lasse pas de cette magnifique cassette
les tableaux avec ce nouveau dérailleur Sram AXS XX. n’apporte pas un gain de performance significatif. Sram.

octobre/novembre 2023 37
X Essai
TREK SUPERCALIBER SLR 9.9 XX

On a rarement autant apprécié

les sections plates sur un VTT.”

38 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 39
X Essai
TREK SUPERCALIBER SLR 9.9 XX
Ce nouveau Supercaliber
qui ne pompe absolument pas
au pédalage invite à se mettre
souvent en danseuse.
110 mm contribue à ouvrir d’angle de
direction désormais à 67,5° (69° sur
la première version). Le tube de selle
se relève de 0,5° pour atteindre 74,5°.
Le nouveau Supercaliber s’allonge un peu
avec un empattement qui passe en taille L
de 1 153 mm à 1 172 mm. Le top tube
désormais à 622 mm (613 avant) et les
bases à 435 mm (430 avant) suivent le
mouvement. Enfin, un dispositif flexible
permet d’optimiser le freinage arrière.
Conformément redoutable
Sept modèles constituent cette nouvelle
gamme de Supercaliber. Le premier
Dans cette nouvelle version,
le Supercaliber a évolué vers plus
de polyvalence.”
40 octobre/novembre 2023
modèle, le 9.6, se négocie à 3 999 €. Cette
version, la plus chère à 11 499 €, que Trek
nous a confié à l’essai présente
inévitablement un équipement de haute
volée. Ce cadre en carbone haut de
gamme reçoit ce qui se fait de mieux à ce
jour en termes de transmission avec un
ensemble Sram XX SL Eagle. Pour preuve,
une grande majorité des vélos de course
que l’on présente dans notre panorama
en p. 64 en sont équipés. Les roues
Bontrager Kovee RSL en carbone
représentent également « un must ».
Comme à l’arrière, on retrouve au niveau
de la suspension avant un élément
RockShox avec une fourche SID SL
Ultimate. Si la fiche technique mentionne
des pneus Bontrager, cette version de test
nous a été livrée équipée de gommes
Pirelli comme le team officiel en Mondial.
Dans cette robe, le modèle est
magnifique. La cassette Sram XX
s’harmonise à merveille avec le gris et
le noir de la peinture. Le combo potence/
cintre en carbone avec cette position en
avant renforce la touche « racing ».
Pressés de réaliser nos premiers tours de
manivelles sur ce bijou, on ne s’éternise
pas trop sur les réglages et l’on adopte les
préconisations du constructeur en termes
de pression d’air dans les suspensions
avec notamment 25 % d’enfoncement à
l’arrière. L’on s’attendait à un vélo efficace
au pédalage et l’on n’est pas déçu. Sur les
premiers mètres en goudron, le Trek se
révèle assez bluffant. Le poids en dessous
des 10 kg de l’ensemble couplé à une
rigidité importante permet de décupler
l’énergie que l’on applique sur les pédales.
Le poste de pilotage très orienté

« course » permet une position optimum
pour pédaler sans se révéler trop
exclusive. Mes 1,83 m trouvent
parfaitement leur place sur ce modèle
de cadre en M/L qui taille normalement.
La transmission Sram XX permet des
changements de vitesse dans une
douceur et un silence jusque-là inédits.
La précision est chirurgicale. Pas la peine
d’alléger la pression sur les pédales pour
changer de rapport. Même à pleine
charge, la manœuvre se fait parfaitement.
Côté gauche, le guidon dispose d’une
poignée RockShox qui enclenche le
verrouillage simultané de la fourche et de
l’amortisseur. De peur de l’actionner par
mégarde, on a dans un premier temps
tendance à tenir le guidon un peu du bout
des doigts. Sur la suite de l’ascension,
dans un chemin bien plus cassant avec
des pierres qui roulent, cette réactivité
globale se révèle plus délicate à dompter.
Ce type de bolide de course tolère mal
les approximations en termes de pression
d’air dans les pneus. Et l’on avait été
un peu trop généreux. La sanction est
immédiate sur ce terrain exigeant. Une fois
cette dernière ajustée à 1,3 bar, le vélo qui
reste très rigide subit moins les
irrégularités du terrain. On gagne alors
également en traction sur ce sol assez
délicat. Certaines zones humides où
le grip se montre aléatoire sur ces pierres
permettent tout de suite d’apprécier
l’excellent comportement des gommes
Pirelli.
Une fois les réglages adaptés au terrain, le
Supercaliber révèle de sacrées aptitudes.
Le débattement réduit de la suspension
arrière et ce nouvel élément RockShox
réduit en effet de manière significative
l’effet de pompage au pédalage. Si bien
que même les utilisateurs qui ont pour
habitude de verrouiller les suspensions
au moindre coup de pédale apprécieront
avec ce vélo de laisser le plus souvent
l’amortisseur actif. Cette configuration
offre en effet plus de confort tout en
conservant 100 % de l’efficacité de
pédalage. Sur cette longue section
montante que l’on connaît bien et qui
nous permet d’avaler 1 000 mètres de
dénivelé positif sur une piste 4X4, on sent
bien que la cadence est supérieure à
l’habitude. Sur le papier, le plateau de 34
d’origine sur ce Trek ne semble pas idéal
pour cette montée assez longue et raide.
Pourtant, grâce au poids contenu de ce
vélo, cette démultiplication plutôt réservée
aux athlètes affûtés se révèle pertinente.
Ce Trek est donc une véritable machine
à faire péter les Kom à la montée. À son
guidon, on grimpe plus vite en se fatiguant
moins et le jus que l’on économise permet
de réaliser dans les portions de relance
des accélérations ébouriffantes.
L’ensemble est si réactif que la moindre
section plate est une invitation à se mettre
debout et à appuyer sur les pédales.
En haut, le chrono permet de constater
que l’on a rarement avalé cette grimpette
exigeante aussi vite. On retrouve ce
mélange de rigidité et d’efficacité à la
descente. Et plutôt que de se transformer
en énergie difficile à contrôler, cette
fermeté offre une précision idéale pour
dévaler. Dans cet exercice, on est
à nouveau agréablement surpris par
l’accroche des pneus Scorpion. Le sol
humide truffé de pierres et de racines
se révèle pourtant piégeux. L’on a plutôt
tendance à se crisper lors des premiers
mètres, mais rapidement, le vélo nous met
dans les bonnes dispositions. On aborde
déjà les sections les plus pentues
sereinement avec la selle en bas, grâce
à cette tige Fox qui offre un débattement
suffisant. Et puis, pour un vélo aussi affûté
au pédalage, ce Supercaliber colle
étonnamment au sol sur ces sections
particulièrement accidentées. Malgré
son débattement réduit, l’ensemble offre
un maximum de sécurité. Ce châssis
qui assure une belle stabilité affiche
également une maniabilité sans faille.
Le poids réduit représente un atout
indéniable dans les secteurs tournants et
la conception du cadre aide également à
se faufiler avec une grande aisance. Avec
cette pression méticuleusement définie
dans les pneus, les roues pourtant hyper
rigides se montrent aussi suffisamment
tolérantes. Cette longue descente
« alpine » n’a pas suffi à mettre ce vélo
en défaut dans les secteurs où on ne
l’attendait pas forcément. C’est en
revanche au niveau du freinage que l’on
a atteint les limites. Et ces Sram Level
Ultimate si jolis en version « chromés »
ne nous ont pas convaincus en termes
de mordant. Dans les conditions humides,
il faut actionner fort les leviers pour obtenir
satisfaction. Si ce Supercaliber reste fidèle
à son positionnement entre hardtail et tout
suspendu avec des caractéristiques assez
exclusives, il a dans cette nouvelle version
évolué vers plus de polyvalence. Pour
un vélo de cette catégorie orienté « pur
pédaleur » et avec assez peu de
débattement, ce Trek s’est révélé assez
surprenant à la descente. Et si dans cette
version haut de gamme, il semble avoir
encore progressé au pédalage, il montre
désormais une belle capacité à aller vite
tout en se faisant incroyablement plaisir
dans les sections de pilotage. ✦
Comment fonctionne
IsoStrut ?
L’IsoStrut est un amortisseur intégré
au cadre. Contrairement à la majorité
des vélos tout suspendus où
l’amortisseur et la tringlerie sont
indépendants, le système a été conçu
en tant qu’élément structurel.
Un concept qui permet d’éliminer
la boulonnerie et certaines pièces
associées. Le dispositif est placé dans
une coque qui évite les torsions tout
en protégeant l’amortisseur. Le pivot
arrière traditionnel disparaît ici au profit
de haubans larges et plats qui se plient
verticalement et non latéralement.
octobre/novembre 2023 41
X Essai
Taille L sans pédales

13,32 kg
BH EXPERT 5.0 1 399,90 €

Expert
modeste
BH remet à jour son XC entrée de gamme
à l’aide de technologies modernes
du plus haut niveau, le tout doté
de périphériques simples et qualitatifs.
Cet Expert 5.0 donne goût à l’aventure
et au cross-country : il est l’arme des
jeunes chasseurs de chronos mais aussi
des vététistes à la recherche d’un vélo
efficace et fiable pour la rando du
dimanche.
■ Par Auguste Mannoury - Photos Bertrand Thiébault

42 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 43
X Essai
BH EXPERT 5.0
A
vec ce BH Expert 5.0, nous
sommes bien loin des bijoux
high-tech approchant les
10 000 €… et ce n’est pas pour
nous déplaire. En effet, les vélos à prix
accessible présentent une belle part des
ventes du marché actuel. Que ce soit de
la simple balade à l’initiation au cross-
country, ce BH Expert 5.0 a de beaux
arguments à faire valoir. Tout d’abord
son esthétique avec ce coloris rouge
légèrement pailleté dans lequel nous
l’avons reçu en essai – trois autres coloris
sont disponibles –, une couleur que l’on
retrouve sur les vélos haut de gamme
de la marque basque. Oui, ce BH a de
l’allure ! Les tubes supérieurs et diagonaux
sont fins, effilés et donnent une agréable
sensation visuelle de légèreté comme de
dynamisme au vélo. OK, notre Expert n’a
pas le prestige d’un cadre carbone mais
les finitions sont soignées à l’image des
cordons de soudures réguliers, sans
bavures, ou encore du passage de
la câblerie en interne. Le câble de
transmission et la durit de frein arrière
entrent dans le cadre sous la douille
de direction, sur le haut du tube diagonal,
pour en sortir sous le boîtier de pédalier
et suivre les bases jusqu’à l’étrier de frein
d’un côté, vers le dérailleur de l’autre.
L’intégration est réussie, simple et
efficace, tout cela sur un VTT à 1 399 €.
Pas mal ! D’autres entrées de gaines sont
disponibles pour une éventuelle tige
télescopique, voire un dérailleur avant
Difficile de résister
à la tentation de quelques
wheeling, ce BH Expert
est bel et bien fun à rouler.
44 octobre/novembre 2023
Fiche technique
pour les amateurs du double-plateau (il en
reste). Sans se plonger dans les tableaux
Cadre : Expert Alu 29
de géométrie, on se rend rapidement
Fourche : RockShox Recon RL, déb. 100 mm
compte que le tube supérieur est long,
Dérailleur : Shimano XT 8100, 12 vitesses
avec des bases et haubans plutôt courts,
Commande : Shimano Deore 6100
des choix que l’on retrouve souvent sur
Cassette : Shimano Deore 6100
des vélos semi-rigides haut de gamme
Chaîne : Shimano Deore
comme le BH Ultimate ou Ultimate RC qui
Pédalier : Shimano MT510, L. 175 mm
sont de vraies bêtes de course XC. Côté
Freins AV/AR : Shimano MT201 (Ø 180/160 mm)
angles, on remarque des choix cohérents,
Guidon : BH Lite Flat 780 mm
en accord avec le programme du vélo
Potence : BH SL Integrated
destiné à une large palette d’utilisateurs.
Roues : Race Face 27 Alu
Rien d’extrême donc : 68° d’angle de
Pneus AV/AR : Maxxis Ikon 2.20
direction, des bases courtes de 435 mm
Tige de selle : BH Lite Ø 31,6 mm, 420 mm
et un reach assez long de 435 mm en
Selle : Prologo Nagos RS
taille L. La structure des bases arrière est
Tailles : S à XL
évasée à ses extrémités pour accueillir un
large axe de 148 mm et en Ø 12 mm afin
d’augmenter la rigidité latérale. Bref, ce
que l’on appelle le format « Boost 148 »
devenu un standard comme sur les VTT Géométrie
120
En taille M/L
haut de gamme est ici présent sur un 622 mm
mm
modèle moins élitiste. Fini les fins axes de
9 mm sur les vélos d’entrée de gamme ?
On l’espère et le Boost 148 permet
également de monter des sections
480 mm
de pneus plus larges, comme on le voit
de plus en plus en cross-country. La 73°
courbure des bases a de plus été étudiée 68°
par BH pour y loger son système EVO 1 136 mm
Brake Mount permettant d’avoir un angle 300 mm
435 mm
idéal pour ce qui est de l’étrier de frein.
Cette technologie permet un freinage Bilan
de qualité tout en réduisant les vibrations
et ainsi augmenter l’efficacité globale du POIDS
freinage. Côté périphériques, la marque PRIX
PRÉSENTATION
P. PILOTAGE
STABILITÉ
VIVACITÉ
MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
FOURCHE
ROUES
PNEUS
 Pourvu d’une magnifique robe
rouge et de finitions soignées,
ce BH Expert 5.0 a de l’allure et
ne laisse pas indifférent.

PLUS
▲ Vivacité
▲ Stabilité
▲ Prix/équipement
▲ Finitions
MOINS
▼ Fourche peu efficace
▼ Pneus fragiles

BH a fait le choix de faire confiance à Shimano avec La potence de 80 mm apporte une vraie position racée,
des freins Deore cohérents avec le reste du vélo. idéale pour la pratique du cross-country.

La RockShox Recon de 100 mm ne nous a pas

séduits sur les singles cassants mais apporte
Le levier de blocage de fourche est peu ergonomique Nous avons bel et bien trouvé du confort sur cette selle tout de même du confort sur des surfaces moins
et difficile à manipuler. Prologo, même après plusieurs heures de roulage. accidentées.

octobre/novembre 2023 45
X Essai
BH EXPERT 5.0

46 octobre/novembre 2023

Cet Expert 5.0 se révèle comme
un véritable grimpeur, nous
prenons bien du plaisir à
transmettre de gros watts.
basque-espagnole n’a pas fait semblant
pour un vélo de cette gamme. Par
exemple, un dérailleur Shimano XT
12 vitesses que nous retrouvons bien plus
souvent sur des vélos à 5 000 € et plus,
certes associé à une plus modeste
commande Shimano Deore moins
prestigieuse que la gamme XT, mais
en accord avec la cible visée. Le mono-
plateau est de rigueur sur cet Expert 5.0,
ce qui permet un gain de poids mais aussi
une simplicité d’utilisation et d’entretien
pour les cyclistes débutants. Shimano
assure aussi le freinage avec un ensemble
Deore MT201 associé à des disques
en Ø 180/160 mm avant/arrière. Notre BH
est doté d’une fourche télescopique
RockShox Recon en 100 mm de
débattement en accord avec le
programme de cet Expert 5.0. BH a choisi
d’y intégrer une commande de blocage
au guidon, sans doute pas indispensable
pour une pratique loisir, mais qui peut
s’avérer plus utile pour ceux qui
recherchent un peu plus de performance
en cross-country. Enfin, les trains roulants
sont assurés par de solides roues Race
Face de 27 mm de largeur interne
associées à des pneus Maxxis Ikon en
29x2.20”. Tout compte fait, ce modèle
Expert 5.0 a tout d’un vrai vélo de
cross-country !
Affûté comme jamais
En s’installant aux commandes de cet
Expert 5.0, il y a comme un air de déjà-vu.
La position est très proche de celle d’un
BH Ultimate 8.0, modèle que nous avons
essayé. La position est racée, très axée
sport avec cette longue potence de
80 mm et un large cintre plat. Les
commandes tombent sous les mains sauf
celle de blocage de fourche dont l’accès
nous paraît peu naturel dans son montage
d’origine (il reste possible de l’inverser,
commande sous le guidon). Posé sur une
selle Prologo Nago RS de qualité et assez
confortable, on attaque nos premiers
tours de manivelle sur notre parcours test
de XC, une boucle vallonnée de 7 km
pour 200 m de dénivelé positif. Du single
track à 90 % avec des dévers vicieux,
sinueux, de multiples racines piégeuses,
des pierriers fuyants, des grimpettes
sèches, mais aussi de plus longues
et usantes montées avant de basculer
sur des descentes franches, sans issue
de secours ! Et pour finir, un sentier
monotrace roulant et dynamique, idéal
pour bien sentir la réactivité du vélo.
Ça débute dans le dur avec de multiples
bosses en forme de toboggans, et le BH
impose un peu de temps avant de s’y
sentir à l’aise en trouvant le bon
placement sur le vélo. Le triangle avant est
long, on se retrouve plutôt couché avec
une position assez racée. En avalant ces
premières bosses, on n’a guère besoin
de pédaler. Toutefois, le p’tit coup de
manivelle en haut est important pour
basculer de l’autre côté. Rapidement, on
constate la nervosité de ce BH qui répond
parfaitement à la pédale, vif et réactif, y
compris à vive allure. On se faufile ensuite
dans les sous-bois sur un single track
roulant et en dévers, sur un sol sec.
La stabilité est optimum pour un vélo de
cette gamme, il tient bien son cap et ne se
laisse pas emporter par les vicieux dévers.
On prend alors du plaisir à piloter ce petit
bolide. Les changements de direction
se font facilement avec une excellente
fluidité. Cependant, il est important de
trouver le coup de main pour bien le faire
slalomer entre les arbres à vive allure sans
se retrouver dans le décor ! Le triangle
avant étant long, le vélo oblige à bien
engager le haut du corps pour entrer
parfaitement dans la courbe. Une fois
engagé, le BH passe aisément, bien aidé
par ses bases courtes permettant de
tourner dans un mouchoir de poche. Nous
poursuivons notre chemin en traversant
les multiples pierriers. Ces passages
déstabilisent un peu le vélo – nous
sommes sur un hardtail, ne l’oublions pas !
-, mais le BH roule franco. Ses bonnes
roues Race Face à profil large (27 mm),
sont ici un atout. Le vélo est bien équilibré,
en recherche permanente de stabilité.
Quelques grimpettes se présentent
à nous, l’Expert grimpe avec une facilité
déconcertante, bien aidé par son
excellente transmission Shimano XT en
12 vitesses idéalement associée à un petit
plateau de 30 dents. Avec de bons
cuissots, on se prend vite au jeu en
cherchant à transmettre les watts au sol
sur ces coteaux bien raides ! Ce BH
Expert ravira les sportifs plus ou moins
affûtés pour grimper à l’économie lors
des longues ascensions en tournant bien
les jambes. Le vélo est nerveux, réactif,
mais ne cabre pas pour autant. Les pneus
Maxxis Ikon sont excellents dans ces
conditions sèches, ils apportent un grip
irréprochable lorsqu’on envoie le pâté
comme lors des freinages d’urgence. La
gomme et la sculpture sont performantes,
octobre/novembre 2023 47
X Essai
BH EXPERT 5.0
Assurément une machine
bien née qui séduira un grand
nombre de pratiquants.
mais la carcasse reste très sensible aux
crevaisons. On regrette qu’ils ne soient
pas tubeless, cela nous aurait évité
quelques soucis. Bien sûr, à un tel tarif, on
ne peut pas tout avoir et passer les roues
en tubeless reste une opération
abordable.
Plein gaz
Après une bonne grimpette, le profil
s’inverse. On s’engage sur une longue
descente rectiligne qui demande de
l’engagement. Il est clair qu’on sort ici du
terrain approprié pour un VTT semi-rigide
comme cet Expert. Les doigts léchant
les leviers de freins, le poids du corps
en arrière, on passe calmement cette
difficulté. Là aussi, le long triangle avant
et les larges roues apportent une bonne
stabilité au vélo sur ce terrain exigeant.
Les freins Shimano assurent leur rôle, le
freinage est sec et suffisamment endurant
pour donner de la confiance dans cette
partie descendante. Même à faible allure,
Fidèle à lui-même, le BH Expert
démarre en boulet de canon et c’est
assez plaisant !”
48 octobre/novembre 2023
on ressent bien les aspérités du terrain.
Avec ces bases courtes, il y a
inévitablement un peu d’inconfort sur
les sections cassantes, mais gardons
à l’esprit que c’est bien là un semi-rigide
typé XC qu’on pilote, pas un VTT
d’enduro ! De ce point de vue, le choix de
l’aluminium apporte certainement plus en
confort qu’il ne fait perdre en rigidité face
à un cadre carbone. La fourche RockShox
Recon en 100 mm manque tout de même
quelque peu de progressivité et de
sensibilité. Parfaitement réglée à notre
poids, elle arrive trop rapidement en fin de
course, limitant le confort lorsque le terrain
est accidenté. Son fonctionnement est un
peu trop on/off… Il est donc préférable
de rester raisonnable et ne pas dévaler
la pente à toute vitesse ! On poursuit notre
chemin sur le single track, le secteur est
sinueux et impose d’effectuer de
nombreuses relances, mais aussi des
phases de sprint pour chasser le chrono.
Fidèle à lui-même, l’Expert démarre en
boulet de canon et c’est assez plaisant !
Il donne un peu la sensation de voler
lorsque le terrain est lisse. Dans ces
conditions, son poids – 13,32 kg en taille L
sans pédales – se fait vite oublier. On reste
loin des poids concours des modèles XC
haut de gamme en carbone mais ce
handicap de masse est bien compensé
par le caractère vif du vélo. Après
plusieurs boucles nez dans l’guidon,
on note que les talons de nos chaussures
touchent beaucoup les bases évasées. Un
frottement qui risque à terme de poncer
la peinture, d’où l’intérêt de protéger son
vélo (film adhésif) avant la toute première
utilisation. Après, c’est trop tard…
Finalement, ce BH Expert 5.0 s’avère être
un outil idéal pour faire ses armes en
cross-country, sans pour autant négliger
l’aspect loisir de la balade du dimanche.
Clairement, vous en aurez pour votre
argent avec ce rapport prix/équipement
des plus intéressant. Ce cadre alu
saupoudré des technologies modernes
des plus grands VTT de cross-country
reste une très bonne base de départ.
Ce VTT pourra facilement être upgradé
en fonction de ses moyens, envies ou
ambitions, avec par exemple une fourche
aux meilleures qualités d’absorption, une
tige de selle télescopique et un montage
tubeless. À moins de 1 400 € à l’achat,
on peut bien se permettre par la suite
ces quelques folies ! ✦
X Essai

GRAVEL

50 octobre/novembre 2023
 Taille M/L sans pédales

9,80 kg
GIANT REVOLT X ADVANCED PRO 0 7 800 €

Mutation
enclenchée
Avec sa tige de selle et sa fourche télescopiques,
cette version de gravel Giant Revolt X se rapproche
de plus en plus d’un VTT. Est-ce que cette orientation
« off-road » se vérifie sur le terrain ?
■ Par Laurent Reviron, photos Élodie Lantelme

octobre/novembre 2023 51
X Essai
GIANT REVOLT X ADVANCED PRO 0

ans le genre gravel, on peut cette même technologie. En plus d’offrir la

D difficilement avoir plus typé

VTT que ce Giant Revolt X. Un
rapide tour d’horizon du bolide
indique que l’ensemble équipé d’une
fourche de 40 mm de débattement et
d’une tige de selle télescopique devrait
offrir de belles aptitudes en tout-terrain. Le
cadre en carbone entièrement réalisé dans
l’usine de composite Giant et assemblé
manuellement selon le procédé Modified
Monocoque Construction soigne le
rapport poids/rigidité. Un système de
cales réversibles au niveau de l’axe arrière
permet de reculer plus ou moins la roue.
Ce flip-chip permet de modifier la
longueur des bases et la hauteur du boîtier
de +/- 10 mm. En fonction du terrain
et de nos envies, on peut ainsi influencer
le caractère du vélo vers plus de stabilité
ou davantage de maniabilité. Dans
la position courte, les bases à 425 mm
possibilité d’abaisser l’assise pour aborder
les portions techniques descendantes,
l’option télescopique permet en position
haute un maximum de moelleux grâce
à une suspension de 30 mm de course.
Cette version haut de gamme du Revolt X
que l’on teste ici présente un très bel
équipement comme des roues en
carbone CXR X1 signées Giant. On est en
terrain connu au niveau de la transmission
avec le très réputé ensemble Sram X01
Eagle AXS que l’on retrouve sur pas mal
de VTT de bonne facture. Les freins sont
également confiés à Sram avec deux
systèmes Force eTap AXS.
Au bon moment au bon endroit
C’est sur l’épreuve gravel de la
Pass’Portes que l’on a effectué nos
premiers tours de roues au guidon
Fiche technique
Cadre : Revolt X Advanced-Grade Composite
Fourche : Fox 32 Float TC Performance Élite,
déb. 40 mm
Dérailleur AR : SRAM X01 Eagle AXS 12 V
Commande : SRAM Force eTap AXS
Pédalier : SRAM Force D1 DUB, 40 dents
Cassette : SRAM XG-1295, 12-speed, (10-52)
Chaîne : SRAM X01 Eagle
Freins AV/AR : SRAM Force eTap AXS,
160/160 mm
Roues : Giant CXR X1 en carbone de 25,8 mm
Pneus AV/AR : Maxxis Rambler, 700x50c, tubeless
Potence : Giant Contact, 8-degree XS : 50 mm, S :
60 mm, M : 70 mm, M/L : 80 mm, L : 80 mm, XL : 80 mm
Cintre : Giant Contact SL XR D-Fuse, 46 cm, flare 16°
Tige de selle : Postmodern, dropper, 415 mm,
30,9 mm, 30 mm de suspension
Selle : Giant Approach SL
Tailles : XS, S, M, L, XL
Géométrie

130
En taille M/L
accueillent des pneus de 42 mm de de ce gravel. Bien que plutôt confortable, 575 mm

section, alors que la position longue,
les bases à 435 mm peuvent recevoir des
gommes allant jusqu’à 53 mm pour plus
de confort et de motricité. On retrouve
également la technologie D-Fuse qui
permet grâce à des éléments en forme
de « D » d’optimiser la flexibilité et donc
le confort au niveau du cintre en carbone.
Ce modèle livré avec une version
télescopique peut également accueillir une
tige de selle Giant D-Fuse qui bénéficie de
mm
*Long
le poste de pilotage nous change
évidemment de nos habitudes
« VTTistes ». Il faut quelques sorties pour
se familiariser à cette position de pilotage 490 mm
en bas du guidon « typé route » qui 73,0/
permet d’accéder aux leviers de freins. 72,9°*
Mais après quelques heures, on n’est 71,9/72,0°*
finalement pas si mal dans cette position 1 031/1 041 mm
pour contrôler le vélo. Le galbe d’origine 295 mm
435/425 mm
de ce Revolt X manque juste d’un peu de
flare. On serait sans doute un peu plus Bilan

Tant que l’on choisit bien POIDS

son parcours, on peut
vraiment se régaler au PRIX
guidon de ce Giant dans
les portions « off-road ». PRÉSENTATION
P. DE PILOTAGE
STABILITÉ
VIVACITÉ
MANIABILITÉ
MOTRICITÉ
CONFORT
RIGIDITÉ
RENDEMENT
FREINAGE
FOURCHE
ROUES
PNEUS

52 octobre/novembre 2023
 Avec sa fourche et sa tige de selle
télescopiques, ce Giant annonce
clairement ses ambitions de sortir
du goudron.

PLUS
▲ Confort optimisé
▲ Pédalage efficace
▲ Freinage au point
▲ Flip Chip
MOINS
▼ Programme off-road limité

En plus d’être télescopique, cette tige de selle offre Pour plus de flexibilité, on retrouve la technologie
30 mm de suspension. D-Fuse avec ce guidon carbone en forme de D.

Il faut s’habituer à cette commande de tige de selle Les roues qui offrent un excellent rendement Avec seulement 40 mm de débattement,
assez mal placée. se révèlent plutôt tolérantes. on ne peut pas espérer avoir les mêmes
caractéristiques qu’un élément en 100 mm.

octobre/novembre 2023 53
X Essai
GIANT REVOLT X ADVANCED PRO 0

54 octobre/novembre 2023
 Ce Giant Revolt X s’épanouit
surtout dans les grands espaces.”
stable avec un modèle plus large. Surtout
que la position de la commande de tige
de selle d’origine placée au milieu de
la courbure du cintre est loin d’être idéale.
Il faut également se faire à la tige
« suspendue » qui permet à la selle
de bouger pour encaisser les chocs.
Optimiser le confort a visiblement été
au centre des préoccupations des chefs
produits qui ont conçu ce vélo. C’est
en partie réussi, mais l’on reste quand
même bien sur un vélo très rigide dont
la vocation première est d’offrir du
rendement aux pédales. Et ce côté très
réactif au coup de pédale se révèle
particulièrement appréciable. La moindre
énergie que l’on applique sur les
manivelles se transforme en capacité
à vous propulser vers l’avant. On apprécie
particulièrement ce rendement bien
supérieur à un VTT (même à une version
hardtail des plus haut de gamme) sur les
portions roulantes. Sur la route au début,
puis sur les premières parties roulantes
en terre, c’est particulièrement agréable
d’évoluer à une belle cadence sans avoir à
trop dépenser d’énergie. Quelques parties
un peu plus raides laissent également
entrevoir une capacité suffisante à
mouliner malgré ce plateau en 40. Certes,
on ne tourne pas les jambes à la même
cadence qu’avec un VTT et son plateau
de 32, mais le dynamisme du cadre et
des roues et le poids réduit de l’ensemble
permettent déjà d’aborder de beaux
pourcentages à la montée sans que cela
ne représente un challenge. On s’est pas
mal questionné quant à la pression idéale
à mettre dans les pneus surtout quand on
ne connaît pas précisément le parcours
qui nous attend. Pour optimiser le
rendement, on aurait tendance à vouloir
gonfler un peu plus si l’itinéraire déroule
majoritairement sur le goudron. 2,5 kg
nous a semblé être un compromis
intéressant pour de bonnes performances
au pédalage sachant que ce vélo assure
un minimum de confort avec ses différents
éléments de suspension au niveau du train
avant et de la selle. Mais attention,
l’ensemble qui reste très réactif n’aime pas
les sections cassantes. Il faut choisir des
itinéraires de préférence lisses et surtout
éviter les zones truffées de cailloux où
vous vous ferez de toute façon secouer.
octobre/novembre 2023 55
X Essai
GIANT REVOLT X ADVANCED PRO 0
Rester dans le programme
La fourche offre une capacité très limitée
à absorber les chocs. Avec ce
débattement réduit, il est difficile d’obtenir
une progressivité optimum. Réglé
conformément aux préconisations du
constructeur, l’élément se révèle assez
ferme et manque de confort. Et si l’on
opte pour une pression inférieure,
on observe un petit déficit en maintien.
Au point de se demander s’il y a un réel
intérêt à disposer d’une fourche sur
un gravel qui augmente quand même
significativement le poids. Avec ou sans
suspensions, ce concept de vélo
ne s’épanouit de toute façon pas sur
les terrains cassants. Et on peut faire
le même type de constat au niveau
de la tige de selle télescopique.
Elle apporte bien parfois un peu de
sérénité dans les descentes, mais sauf
à être un virtuose du pilotage, la géométrie
du vélo n’autorise de toute façon pas
à s’attaquer à des pourcentages
de pentes importants, là où une selle
56 octobre/novembre 2023
en bas représente un vrai intérêt. D’un
point de vue plus général, à moins
de s’appeler Kilian Bron, ce vélo n’offre
de toute façon pas d’énormes possibilités
« Gravity ». À la descente, il faut jouer fin
sur les trajectoires et éviter les parcours
trop accidentés. Même pas trop engagée,
une pure boucle de XC ne permettra pas
à ce vélo de s’exprimer. C’est en Suisse,
sur cette épreuve de la Pass’Portes gravel,
que l’on a trouvé le terrain de prédilection
de ce vélo, sur les larges pistes lisses.
À la montée, on prend du plaisir à évoluer
sur cette surface qui offre un bon
rendement et à la descente, c’est grisant
de filer à toute allure les mains en bas
du guidon. Le vélo se montre stable,
les freins puissants et endurants. Malgré
le diamètre des disques en 160 mm,
les éléments n’ont jamais chauffé.
Et l’on s’est pourtant envoyé des sacrées
dévalées. Sans pour autant souffrir
en termes de maniabilité, ce type de vélo
qui aime les grands espaces reste bien
plus à l’aise dans les courbes rapides que
Pour un tarif qui reste
certes assez élevé,
ce Revolt X présente un
bel équipement.
dans les virages serrés. Les pneus
réservent également de belles surprises.
Déjà parce que ces sections favorisent
le confort. Et puis, la bande de roulement
permet d’offrir un minimum de résistance
sur le bitume. Mais c’est surtout en termes
d’accroche qu’ils se sont montrés assez
bluffants. Ils permettent d’être autant
en confiance sur les pistes sèches à haute
vitesse que dans des sections humides,
plus glissantes et techniques. Et quand
on atteint leur limite, le décrochage se fait
progressivement et l’on peut plus
facilement contrôler les dérobades.
On était impatient de vérifier si ce genre
de concept gravel avec une tige de selle
et une fourche ouvrait davantage
d’horizons « VTT ». Finalement,
les capacités en off-road sont justes
légèrement revues à la hausse. On reste
bel et bien sur un gravel avec
le programme qui va avec. Et à moins
d’être particulièrement au point
techniquement, il conviendra de ne pas
trop s’en écarter. ✦
X Essai

58 octobre/novembre 2023
 SRAM GX AXS EAGLE « TRANSMISSION »

Régime 1 992 g*
1 300 €
*dérailleur/cassette/
pédalier/chaîne/commande

sans patte
Après avoir sorti un dérailleur haut de gamme dans une version
XX Eagle SL sans patte de dérailleur, Sram adapte cette technologie
révolutionnaire sur son modèle AXS GX entrée de gamme.
Le résultat est plus que concluant. ■ Par Laurent Reviron
octobre/novembre 2023 59
X Essai
SRAM GX AXS EAGLE
Quelles sont les différences entre
un ensemble Sram Eagle GX AXS
classique et celui de la série
« Transmission » ?
Les deux modèles présentent la
technologie AXS « sans fil », mais
on retrouve sur toutes les références GX
de la série « Transmission » ce concept
innovant qui permet d’éliminer la patte
de dérailleur. Sram règle ainsi une bonne
partie des soucis de casse, de réglage,
de bruits de fonctionnement… que l’on
rencontre régulièrement avec les
dérailleurs classiques. En plus d’offrir
un gain évident en termes de fiabilité,
cette avancée permet également
un montage et un réglage facilités.
Comment cette patte qui sert
de fusible et qui évite bien souvent
d’endommager le dérailleur dans
les chocs a été compensée ?
C’est évidemment un point crucial que
Sram n’a pas négligé tant en termes de
Que ce soit lors du pédalage ou dans
les changements de vitesse, l’absence
totale de bruit est presque déroutante.”
60 octobre/novembre 2023
conception que de communication. Le
système d’attache sans patte a été étudié
pour offrir un maximum de solidité. Pour
démontrer cette robustesse à toute
épreuve et indiquer à quel point
l’ensemble peut supporter des contraintes
importantes, Sram publie une vidéo sur
son site où l’on voit carrément quelqu’un
marcher sur son vélo au niveau du
dérailleur.
Quels sont les éléments qui constituent
ce nouveau groupe Sram Eagle GX
AXS de la série « Transmission » ?
Le dérailleur Sram Eagle GX AXS
« Transmission » se couple à un pédalier,
une cassette et une chaîne « T-Type ».
Cette appellation identifie tous les
éléments compatibles avec tous ces
systèmes « sans patte de dérailleur ». Le
pédalier en aluminium forgé présente une
forme revue. Le but étant d’offrir dans un
encombrement minimum, un ensemble
plus résistant fiable et robuste. Deux
Dans les terrains les plus
accidentés, on peut procéder
à un changement de vitesse
en pleine charge.
systèmes de protection permettent de
protéger des impacts. Ces deux éléments
en composite sont amovibles. Une version
« VTT AE » est disponible au catalogue.
La cassette également « T-Type » dispose
de la conception X-Sync qui permet
un passage fluide des vitesses même en
pleine charge. Un revêtement en nickel
contribue à la durabilité de l’ensemble
et au passage des vitesses en silence.
La chaîne « Flattop » présente une forme
plate à l’extérieur pour plus de robustesse
et de fluidité dans le fonctionnement.
On retrouve également une nouvelle
commande, la même qui équipe les
groupes « transmission » des gammes
supérieures. Cette dernière offre
la possibilité de changer ses boutons
afin de recevoir des éléments de formes
différentes.
Est-ce que les principales évolutions
concernent le dérailleur ?
Oui, même si les autres éléments évoluent
inévitablement, les grosses avancées
concernent le dérailleur. Comme toutes
les références de la gamme « Eagle
Transmission », le dérailleur GX bénéficie
de la technologie révolutionnaire « sans
patte de dérailleur ». Il se monte
simplement sur le cadre au niveau de l’axe
de la roue et est directement en contact
 Les passionnés de belles
mécaniques ne pourront que
s’extasier devant ce groupe Sram
parfaitement réussi tant
esthétiquement que
technologiquement.

Le dérailleur vient désormais se fixer directement à l’extrémité des haubans. Cette nouvelle commande au design différent ne révolutionne pas la façon
de changer ses vitesses. Il faut également impérativement installer un pédalier compatible.

avec la cassette. Placée différemment
et judicieusement au milieu du dispositif
de façon à ce qu’elle soit à la fois
parfaitement protégée et accessible,
la batterie identifie tout de suite
ce nouveau dérailleur Sram GX. Cette
réserve d’énergie se passe désormais
du petit capot de protection que l’on
retrouvait sur l’ancienne version. Le
montage de la chape se fait désormais
sans outil, avec un élément interne
en acier pour optimiser un peu plus la
robustesse. Si l’on observe attentivement
un dérailleur GX AXS classique et cette
version sans patte de dérailleur, on
remarque que les protections en plastique
du moteur n’ont pas la même forme.
Elles sont un peu plus volumineuses sur
la version « Transmission » et laissent
imaginer un moteur lui aussi un peu plus
imposant. Une information que Sram
n’a pas souhaité commenter ni donc
confirmer.
Bien que plus accessible, le tarif reste
assez élevé…
Pour le groupe complet, le tarif conseillé
par Sram est à 1 300 €. L’ensemble peut
se négocier un poil moins cher sur
certains sites de vente en ligne.
L’enveloppe à consacrer reste importante
mais en comparaison du groupe haut
de gamme le XX SL Eagle AXS à 3 250 €,
le GX juste un peu plus lourd, mais qui
présente la même technologie se présente
quand même comme bien plus
abordable. Le dérailleur seul GX Eagle
AXS Transmission est à 480 € quand la
version « avec patte de dérailleur » est à
406 €. Mais la technologie « AXS » reste
coûteuse. Le prix d’un dérailleur entrée de
gamme de cette série est quasi équivalent
à celui d’un groupe complet à gâble.
Comment s’effectue le montage ?
C’est sur un Canyon Spectral 125 CF 9
équipé d’un groupe GX AXS traditionnel
que l’on a installé ce nouveau dispositif
sans patte de dérailleur. Un vélo qui est
d’ailleurs depuis disponible au catalogue
Canyon avec cette nouvelle transmission.
L’ensemble se monte avec une facilité
assez déconcertante. Le plus long reste
presque de couper la chaîne à la bonne
longueur. Sur notre Spectral, l’opération
a été simplifiée puisque nous n’avons eu
qu’à couper la nouvelle chaîne à la même
taille que celle installée sur le vélo
d’origine. Il faut également veiller à placer
la chaîne dans le bon sens avec le côté
plat à l’extérieur. La seule opération
spécifique consiste à placer une « clé de
réglage » au niveau de la chape dans
la bonne position (il y en a 2) de sorte que
l’espace de chaîne soit correct lorsque
le vélo s’affaisse sur les chocs. Cette
position adaptée à votre vélo est
disponible sur l’application AXS ou le site
Web AXS. En l’absence de vis de réglage,
on a donc vite été au guidon de notre vélo
équipé de son nouveau dérailleur
parfaitement opérationnel.
Qu’est-ce que ça donne niveau poids ?
Le dérailleur traditionnel AXS d’origine
de notre Spectral 125 CF 9 affiche
486 grammes sur la balance (avec la patte
de dérailleur et vis de fixation pour que
ce soit comparable) quand ce nouveau
modèle « Transmission » est à
489 grammes (avec vis de fixation).
Les deux versions sont donc à un poids
comparable. Avec son moteur et sa
batterie, un dérailleur AXS sera forcément
plus lourd qu’un modèle à câble à
290 grammes dans une version GX. Mais
si l’on ajoute le poids du câble et de la
gaine (autour des 80 g), le dérailleur
classique affiche un poids d’environ 100 g
plus léger. Au niveau du pédalier, la

octobre/novembre 2023 61
X Essai
SRAM GX AXS EAGLE
Désormais placée différemment, la batterie, toujours aussi accessible, est bien mieux protégée.
version pédalier XX SL Eagle la plus
évoluée est annoncée à 475 grammes
quand ce modèle GX est à 740 grammes
avec les deux dispositifs de protection
amovibles. On peut donc gagner
81 grammes en enlevant ces deux
accessoires, mais dans sa configuration
la plus légère à 659 grammes, le pédalier
GX reste quand même bien plus lourd
que la version haut de gamme.
On observe également une différence
assez marquée au niveau de la cassette
à 445 grammes qui passe à 350 grammes
sur le groupe le plus cher. Si l’on prend
tout en compte, on observe bien une
différence de poids assez significative
entre la version XX SL et la GX mais pas
forcément proportionnelle à la différence
de tarif qui passe quasiment du simple
au triple.
Est-ce que l’on peut monter ce
dérailleur sans patte sur tous les vélos ?
Non, il faut que votre cadre dispose de
l’interface UDH. C’est le cas de la majorité
des vélos modernes. Vous trouverez la
62 octobre/novembre 2023
liste de tous les modèles compatibles sur
l’outil SRAM UDH Bike Finder repertorie.
La prise en main est concluante
dès les premiers mètres…
On était impatient d’actionner pour la
première fois cette nouvelle commande
dont la forme et la position restent assez
différentes de l’ancienne. Le dispositif
semble un peu plus exposé en cas
de chute, mais on a désormais plus
de possibilités d’ajustement. Chaque
pression sur les boutons déclenche
toujours ce petit bruit électronique qui
indique un changement de vitesse.
On ne met pas longtemps à apprécier
cette commande magique qui permet un
fonctionnement optimum du dérailleur.
Est-ce que ce AXS GX Transmission
est plus performant que la version
« avec patte » ?
La facilité d’installation du dispositif et
l’absence de réglage constituent une
avancée significative. Sur le terrain,
on était déjà convaincu de la transmission
d’origine AXS GX de notre Spectral 125,
mais il semblerait que l’on ait à nouveau
franchi un cap en termes de
fonctionnement. Que ce soit lors du
pédalage où dans les changements de
vitesse, l’absence de bruit est assez
étonnante. Au point que l’on a même
parfois l’impression que la vitesse n’est
pas passée. La progression ne se situe
pas tant au niveau de la rapidité de
passage des vitesses qu’en termes de
fluidité, de douceur et de précision. Pour
garantir une meilleure longévité de votre
transmission, on ne peut que vous
conseiller de garder les bonnes habitudes
qui consistent à réduire la pression sur les
pédales lors des changements de vitesse.
Mais avec cette nouvelle génération de
transmission, ce n’est plus un impératif.
On peut désormais monter ses vitesses
en pleine charge sur les pédales sans
souci. La chape fait également
parfaitement son travail. Elle maintient la
chaîne en tension en toutes circonstances
et sur nos longues sorties alpines, nous
n’avons constaté aucun déraillement.
Est-ce que la fiabilité est bien
au rendez-vous ?
Nous n’avons pas poussé le bouchon
jusqu’à faire volontairement taper le
dérailleur dans des rochers. Néanmoins,
lors de nos longues sorties « alpines »
nous avons rencontré de nombreuses
situations qui ont mis le dispositif à rude
épreuve et ce dernier n’a jamais donné
le moindre signe de faiblesse.
En autonomie ça donne quoi ?
Sram annonce une autonomie de
25 heures avec une batterie entièrement
chargée. Cette notion peut varier en
fonction de la façon dont vous sollicitez
votre dérailleur et des conditions
climatiques. On consomme plus quand
il fait très froid. En pratique, vous pouvez
envisager sereinement une dizaine de
sorties de deux heures sans recharger. ✦
Caractéristiques
Matière : aluminium et acier (chape interne)
Compatible : T-Type et cadre avec interface UDH
Technologie : AXS
Cassette : T-Type 10/52
Chaîne : Flattop
Manette : Pod Controller
Plateau : 30/32 et 34 dents
Manivelles : 165, 170 et 175 mm
Disponibles pour les systèmes motorisés Bosch,
Brose et 104 BCD
X Panorama XC

8 vélos de la Coupe du monde

Bêtes de course
Roulements céramique, selle perforée, roues et cadre carbone, électronique…
Les teams de la Coupe du monde VTT XC mettent le paquet quand il s’agit de préparer
les vélos de leurs champions. Voici une petite sélection détaillée des superbes outils
que vous pouvez apercevoir dans les paddocks ou sur la piste.
■ Par Aro - Photos Rémy Fabregue et Michele Mondini

64 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 65
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde

Scott Spark RC
Pilote Nino Schurter
Mécanicien Yanick Gyger
Poids 10,7 kg
Dix titres de champion du monde
(peut-être onze à l’heure où vous
dévorez ce mag), impossible de
ne pas présenter le Scott Spark
RC de Nino Schurter. Son
mécanicien, Yanick Gyger, nous
a indiqué les principales
informations techniques de ce vélo
résolument « factory ».

Cadre
Le cadre est un modèle Scott Sports SL
Carbon en taille M avec un design et
d’autres détails spécifiques pour Schurter.
La fibre de carbone utilisée est hyper
légère, vous ne trouverez pas l’identique
dans le commerce. La tige de selle
télescopique est une Rockshox Reverb
AXS, une pression et ça monte
ou ça descend pour 100 mm max de
débattement. La selle est une Syncros
Belcarra SL avec rails en carbone.

Poste de pilotage
Nino utilise un cintre à cockpit intégré
Syncros Fraser IC SL. Sa largeur est
de 700 mm, avec potence de 80 mm
inclinée à 40°. On y trouve aussi la
nouvelle manette de dérailleur de chez
Sram.

Suspensions
La fourche Rockshox est le modèle avec
le système électronique Flight Attendant
permettant de peaufiner les réglages en
roulant. L’amortisseur est lui aussi signé
Rockshox, les débattements avant
et arrière sont de 120 mm.
Roues
Les jantes en carbone des roues Syncros
Silverton SL ont une largeur interne
de 30 mm. Elles sont annoncées comme
faisant partie des plus légères du marché.
Les pneus utilisés par le champion sont
des Maxxis Aspen en 2.4.
Freins
Freins Sram version Level Ultimate.
Les leviers Ultimate Stealth actionnent
un étrier à quatre pistons à l’avant, deux
à l’arrière. Le diamètre du disque de frein
avant est 180 mm, 160 mm à l’arrière.
Transmission
Pas de surprise, la transmission est
le modèle haut de gamme Sram SL Eagle
AXs avec le dérailleur sans patte
d’attache. Le pédalier Sram XX est équipé
d’un capteur de couple. Le plateau Eagle
est de 38 dents, 10/52 pour la cassette.
Les pédales HD Components M2 T ont
les axes en titane.

66 octobre/novembre 2023
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde

BMC Fourstroke AMP LT

Pilote Jordan Sarrou
Mécanicien Adrien Prevost
Poids n.c.
Deux saisons chez Specialized,
Jordan Sarrou a fait cette année
son retour chez BMC avec qui
il avait décroché le titre de
champion du monde en 2020. Une
victoire sur l’ouverture de la Coupe
de France, une autre en Coupe
du monde sur le Short Track
de Leogang… Voilà en détail
sa nouvelle monture.

Cadre
Rien de spécial concernant le cadre,
il s’agit bien du Fourstroke 01 Premium
Carbon avec la technologie Autodrop
permettant de monter ou descendre
la tige de selle RAD (Race Application
Dropper). Le cadre de Jordan est une
taille L, la selle est une Prologo Dimension
143 avec les rails en carbone.

Poste de pilotage
Nous n’avons pas eu la marque du
cockpit intégré en carbone. Le guidon de
Jordan fait 710 mm de large avec potence
de 50 mm. Manette de dérailleur (AXS
Controller) et leviers (Level Ultimate) sont
les haut de gamme de chez Sram.

Suspensions
Si le vélo de série est équipé de suspensions
Fox, le modèle officiel utilise des éléments
Öhlins usine. Les débattements avant et
arrière sont de 120 mm. Jordan a choisi
un compromis entre souple et ferme, avoir
une bonne sensibilité en début de course,
plus progressif en fin de course. Chaque en 2.4. « Des super pneus avec lesquels Transmission
pilote du team a ses propres réglages. j’ai rapidement trouvé confiance. » Comme de nombreux teams actuels,
la transmission Sram XX Eagle sans patte
Roues Freins de dérailleur est à l’honneur avec cassette
Ici pas de roues DT Swiss, Jordan fait Les freins proviennent de chez Sram, 10/52. Le système électrique AXS devient
confiance au constructeur français Duke du Level Ultimate avec deux disques HS2 un classique que l’on retrouve sur de
Racing Wheels pour deux modèles Ø 160 mm. Sur le vélo de série, le disque nombreux VTT officiels. Pédales Time,
carbone en 29 pouces. Le choix des avant est un 180 mm mais Jordan a opté modèle XC12, le haut de gamme de
pneus est italien avec des Pirelli Scorpion pour la taille inférieure. la marque.

68 octobre/novembre 2023
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde

Rockrider XC Race
Pilote Joshua Dubau
Mécanicien Théo Mougenel
Poids 10,2 kg
Stéphane Tempier, team manager
de l’équipe, a bien voulu nous
donner quelques indications sur
ce Rockrider qui n’a pas grand-
chose à voir avec le modèle haut
de gamme de chez Decathlon,
pour ça va falloir encore patienter
jusqu’en 2024.
Cadre
Le Rockrider de Joshua Dubau est un
vélo que vous ne trouverez pas dans le
commerce avant le printemps 2024. En
tout cas pour ce qui est du cadre carbone
à la géométrie spécifique (notamment les
pivots d’attache d’amortisseur). Il s’agit ici
d’une taille L. La tige de selle télescopique
provient de chez Manitou, débattement
80 mm. La selle est une Fizik Vento Argo R5.

Poste de pilotage
Pas de cockpit intégré, la potence
et le guidon sont en deux morceaux
et ce sont des éléments FSA. La largeur
du guidon est 720 mm et la longueur
de potence 70 mm. Niveau commandes,
on trouve les leviers de freins, la manette
de dérailleur Sram AXS, celles des
suspensions et de la tige de selle.

Suspensions
Des heures de développement ont été
consacrées pour la mise au point
des suspensions Manitou. Fourche
et amortisseur, il s’agit de prototypes
avec débattement de 120 mm, une
commercialisation est prévue en 2024.
Le team Rockrider est la seule équipe
à utiliser cette marque.

Roues Freins Transmission

Les roues sont des modèles Crossmax
Evo Lite en carbone de chez Mavic.
Elles sont équipées de pneus Hutchinson
Skeleton. Il s’agit là aussi de prototypes
(Racing Lab), les carcasses peuvent être
différentes selon les épreuves et le type
de terrain.
Le choix des freins est plutôt original
puisque le team Rockrider utilise des TRP
qui sont plus connus dans le monde
de la DH. Ce sont les seuls en XC,
il s’agit des modèles Slate Pro.
Le diamètre des disques avant et arrière
est 160 mm.
Pour la transmission là encore, il s’agit
du nouveau groupe Sram XX électronique
12 vitesses avec la cassette 10/52. La taille
du plateau varie en fonction des circuits.
Les pédales sont des Look X-Track Race.
À noter que pour la chasse au poids,
une partie de la visserie est en titane.

70 octobre/novembre 2023
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde

Specialized
Epic World Cup
Pilote Laura Stigger
Mécanicien Peter Felber
Poids n.c.
Le vélo du team Specialized
Factory Racing est ici celui
de l’Autrichienne Laura Stigger,
double championne du monde
Junior en 2017 et 2018.
Du même moule que celui des
autres membres du team, il a
l’amortisseur camouflé dans le
tube supérieur du cadre. Comme
le souligne Jérôme Alix, le chef
mécanicien, un vélo qu’on trouve
dans le commerce.
Cadre
Le cadre est le modèle Fact 11m Carbon
avec câbles intégrés et un débattement
arrière de 75 mm, « le même que
Monsieur tout le monde ». La tige de selle
est la fameuse Rockshox Reverb AXS
et Laura utilise une selle S-Works Power
avec Mimic 143.

Poste de pilotage
Pas de potence et cintre séparés, il y a ici
un cockpit intégré Roval Control SL
en fibre de carbone haut module avec
visserie titane. La manette de dérailleur
électronique Sram Pod AXS est bien
en place, tout comme l’interrupteur pour
la tige de selle télescopique.

Suspensions
Les suspensions sont des Rockshox,
la fourche est la SID Ultimate Brain avec
débattement de 110 mm. L’amortisseur
est un modèle spécialement conçu pour
Specialized, le SIDLuxe WCDI Ultimate
avec un petit débattement de 75 mm.
Roues
On trouve forcément les roues carbone
de la marque Specialized, les Roval
Control SL Carbon en 29 pouces. Côté
pneumatiques, là aussi c’est du Spe avec
un Captain à l’arrière et un Renegade
Control T7 à l’avant, le plus soft de
la gamme.
Freins
Rien de spécial au niveau des freins avec
l’utilisation de Sram Level Silver, les étriers
ont deux pistons et un diamètre de
160 mm, les mêmes éléments que sur
le vélo standard.
Transmission
Utilisation de la nouvelle transmission
Sram XX SL Eagle AXS avec la fameuse
chaîne Flattop XX SL Eagle et
la commande Pod Ultimate. Il y a
12 vitesses avec une cassette de 10/52
et un plateau 34 dents. Les pédales sont
des HT Components M2 T avec axes
en titane.

72 octobre/novembre 2023
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde

Canyon
Lux World Cup CFR
Pilote Line Burquier
Mécanicien Alvaro Dominguez
Poids 10,35 kg
Loana Lecomte, Luca
Schwarzbauer, Samuel Gaze,
Puck Pieterse, Thomas Griot…
Les représentants de la marque
Canyon sont nombreux sur
les grilles de départ des Coupes
du monde… C’est le bolide
de Line Burquier que l’on a choisi
de passer ici au crible.
Cadre/poste de pilotage
Le cadre carbone est une taille S, Line est
grande mais le cadre Canyon taille grand.
La tige de selle télescopique est une
Rockshox Reverb avec selle Ergon SR
Women Saddle Road. Line est la seule
de l’équipe à utiliser l’ancienne manette
de vitesses pour le dérailleur Sram XX.
La Potence (70 mm) et le guidon (740 mm)
forment un cockpit intégré de chez
Canyon.

Suspensions
110 mm à l’avant et 100 mm à l’arrière
pour les débattements de la nouvelle
fourche Rockshox SID32 et du nouvel
amortisseur Rockshox SIDLuxe. Les
roulements des pivots sont des modèles
haut de gamme.

Roues/freins
Roues de série DT Swiss Carbon, pas
les plus légères mais le team n’a jamais
connu de casse. Les pneus Schwalbe
sont des prototypes en 2.25. Les freins
sont les derniers Sram Level Ultimate avec
étrier avant 4 pistons et arrière Flat Mount.

Transmission
Ici aussi transmission Sram XX SL Eagle
avec plateau 34 dents et cassette
12 vitesses 10/52. Un capteur
de puissance est en place sur le pédalier.

74 octobre/novembre 2023
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde
Cannondale Scalpel
Pilote Alan Hatherly - Mécanicien n.c. - Poids n.c.
Cadre/poste de pilotage
Le team utilise un cadre carbone Hi-Mod
avec une tige de selle Fox Racing Shox
Transfer Factory avec commande
mécanique au guidon. La selle est
une Prologo Scratch M5 PAS avec rails
en carbone. Pas de cockpit intégré,
le guidon est un FAS en carbone
et la potence est une FAS SL-K
en aluminium. Équipé en Shimano XTR,
on retrouve toutes les commandes
76 octobre/novembre 2023
au guidon, dérailleur, tige de selle et aussi
la manette de réglage des suspensions.
Suspensions
La fourche Lefty Ocho Carbon est bien
en place, l’amortisseur arrière est signé
Fox, le Flot SL Factory EVOL SV,
débattements 120 mm.
Roues/freins
Vraiment superbes les jantes carbone
des roues FSA ! Les pneus Addix
proviennent de chez Schwalbe.
En ce qui concerne les freins, il s’agit
de Shimano XTR avec des disques
Ø 160 mm.
Transmission
Pas d’électronique sur le Scalpel, mais
l’utilisation d’une transmission Shimano
XTR 12 vitesses. Le pédalier et les
pédales sont aussi Shimano XTR.
Pinarello
Pilote Tom Pidcock - Mécanicien Rune Kristensen - Poids n.c.
Cadre/poste de pilotage
Le cadre en carbone taille S est fait main
et il n’est pas vendu dans le commerce.
Le cockpit intégré est un Most avec
une potence de 100 mm et un guidon
de 700 mm de large. La tige de selle
est une Vertical et la selle une Fizik
Antarès.
Suspensions
Pour les suspensions, le Pinarello de Tom
Pidcock est équipé des dernières
versions Suntour électronique.
Débattement de 110 mm devant
et 100 mm à l’arrière.
Roues/freins
Ce Pinarello est équipé des nouvelles
roues Princeton T1 à jantes carbone
et de pneus Vittoria en 29 x 2.40. Les
freins sont des Shimano XTR avec deux
disques Ø 160 mm.
Transmission
Sur ce Pinarello, on trouve une
transmission mécanique avec le groupe
Shimano XTR 12 vitesses pour
une cassette 10/46 et une taille
de plateau variable en fonction
des circuits. Il est équipé d’un capteur
de puissance. Les pédales sont aussi
du Shimano XTR.
octobre/novembre 2023 77
X Panorama XC
8 vélos de la Coupe du monde
Santa Cruz Silver
Pilote Nadir Colledani - Mécanicien Claudio Conte - Poids 10,5 kg
Cadre/poste de pilotage
Précision importante, le Santa Cruz
présenté est le modèle Silver, le VTT
officiel a évolué en cours de saison et
ce n’est pas la dernière version (le Blue
edition). Le cadre est un Santa Cruz Blur 4
en carbone taille M. Nadir utilise une selle
Fizik Antares avec tige de selle
télescopique Rockshox Reverb. Ici, pas
de cockpit intégré mais une potence FSA
de 110 mm et un guidon carbone Santa
Cruz Falt Bar.
78 octobre/novembre 2023
Suspensions
Du côté des suspensions il s’agit de
modèles Rockshox SID Ultimate, RL pour
l’amortisseur (avec réglage compression
basse vitesse) et RD pour la fourche. Le
débattement annoncé pour celle-ci est
110 mm.
Roues/freins
Les jantes en carbone sont signées
Reserve, du 29 pouces avec des moyeux
DT Swiss 180 24H CL. Les pneus utilisés
sont des prototypes Mezcal de chez
Vittoria en 2.4. Les disques de freins AV
et AR ont un diamètre de 160 mm, il s’agit
de modèles Sram Rotor Centerlock avec
freins Sram Level Ultimate STHL 4P.
Transmission
Pédalier Sram DUB à roulements
céramique pour une transmission de la
même marque XX SL Eagle avec plateau
36 dents. La cassette 10/52 est aussi
signée Sram, du XS 1299 T.
X Tests en stock

80 octobre/novembre 2023
LES PRODUITS
DU MOIS
VTT Mag’ vous propose dans chaque numéro
une série de produits utilisés régulièrement
lors de nos essais et sorties quotidiennes.
Notre sélection…

. CUISSARD UYN
ADVENTUR CARGO &
MAILLOT ALLROAD
. CHAUSSURES FOX
UNION BOA
. CASQUE JULBO
FOREST EVO
. GENOUILLÈRES LEATT
AIRFLEX ULTRALITE

octobre/novembre 2023 81
X Tests en stock

CUISSARD UYN ADVENTUR CARGO & MAILLOT ALLROAD

139 €
Près du corps
Cuissard

Maillot 139 €

pécialiste des vêtements de la même journée ! Ce qu’il en ressort ? ventrale ne remonte pas trop haut. Elle

S sports outdoor, l’équipementier

italien Uyn dispose d’une gamme
MTB et Gravel à l’image de
cet ensemble cuissard Adventur Cargo
et maillot Allroad que nous testons depuis
plusieurs mois. Uyn développe ses
propres produits dans son centre de
recherche d’Asola en Italie et défend une
production européenne (usine en Bosnie).
Le cuissard est un modèle à bretelles et se
destine principalement aux sorties longue
distance avec la présence de 4 poches
filet sur les côtés, d’où son appellation
« cargo ». On l’a mis à l’épreuve tant sur
des sorties XC que gravel, en poussant le
test jusqu’à avaler 280 km de pistes dans
82 octobre/novembre 2023
Un bilan plus que positif ! La coupe de
ce cuissard est très ajustée avec un tissu
élastique agréable au contact de la peau.
La respirabilité des matériaux techniques
employés apporte ici une évacuation
permet donc de se soulager la vessie sans
devoir ôter les bretelles, pratique ! Côté
confort, Uyn utilise une « peau de chamois »
de sa conception nommée Air-LR110.
Elle nous apparaissait bien fine malgré
efficace de la transpiration durant l’effort. ses trois couches superposées, mais
Tout en offrant un parfait maintien avec sa densité de 110 kg/m3 s’avère à l’usage
les larges bretelles élastiques, la ceinture extrêmement confortable, sans la moindre
Confort, respirabilité et aspects
pratiques caractérisent cet ensemble
Uyn bien adapté aux longues sorties VTT.”

irritation après de longues heures de selle.
En plus de ce confort et respirabilité, c’est
le côté pratique des poches cargo que
l’on a apprécié sur cuissard, plus facile
d’accès que des poches dorsales. Faites
de filets élastiques, elles sont superposées,
deux de chaque côté, et permettent
d’emmener pas mal de matériel. Pour un
trip longue distance, on a ainsi pu y loger :
multitool, cartouche de CO2, barres, gels,
gants et couverture de survie, tout ça
sans la moindre gêne au pédalage grâce
à l’élasticité de l’ensemble qui maintient
parfaitement le matériel en place.
Le maillot Allroad au design assez sobre
et à la coupe ajustée s’est avéré lui aussi
très confortable, y compris par les fortes
chaleurs de l’été. Son tissu Aero-LT est
largement aéré, notamment dans le dos,
et très léger à porter. Il s’ouvre entièrement
sur le devant grâce à un zip, avec un petit
cache en haut pour éviter la gêne
ou l’irritation de la boucle. La coupe est
parfaitement adaptée à une position de
conduite racée avec un dos plus long qui
Le cuissard Adventur Cargo dispose
d’une « peau de chamois »
ergonomique faite d’une triple
épaisseur, à la fois fine et
particulièrement confortable. Les
poches cargo superposées et en filet
extensible permettent d’y glisser pas
mal d’affaires, téléphone ou outillage,
toujours accessibles et sans gêne
au pédalage. Le maillot, très léger
et respirant, dispose lui aussi
de nombreuses poches de rangement
à l’arrière. Sa coupe longue en bas
du dos évite les courants d’air.
couvre les reins et le maintien du maillot
est assuré à la taille par une bande silicone
évitant qu’il ne remonte : ça ne bouge pas
en roulant. Les manches courtes, bien
ajustées, tiennent bien en place elles
aussi, sans remonter sur les bras.
De plus, la conception du maillot dite
« Hypermotion » est faite d’une même
surface sans couture d’une épaule
à l’autre dans la partie dorsale qui apporte
confort et mobilité. Les poches dorsales
– cinq en tout, trois grandes et deux
petites – sont bien disposées et étudiées
pour maintenir en place les affaires qu’on
y range. Les petites poches sont d’ailleurs
appréciables pour y glisser les barres
ou gels vitaminés. On aurait tout de même
apprécié d’avoir une poche imperméable
pour y ranger le téléphone à l’abri
des intempéries. Côté résistance des
matériaux, pas le moindre accroc en
plusieurs milliers de kilomètres d’essais :
short et maillot ont résisté aux ronces, aux
griffures d’écorces… et à quelques chutes.
■ Mathis Guérin et B. Thiébault
Fiche technique
Cuissard à bretelles
Matériaux Re-Shape élastique avec peau de
chamois Air-LR110 triple couche, bretelles plates,
dos ventilé Flowtunnels, poches latérales cargo x 4,
tailles S à XXL, coloris noir
Maillot zippé
Matériaux Resivent polyester ventilé, dos long,
devant et épaules en tricot élastique, manches
Aero-LT respirantes, col anatomique, poches
dorsales x 5, logo réflectorisant, tailles S à XXL,
coloris noir, bleu, rouge.
UYN : www.uynsports.com
▲ Points forts
Conception étudiée pour le vélo, confort
de la peau (cuissard), respirabilité
des matériaux (cuissard et maillot), poches
cargo pratiques (cuissard)
▼ Points faibles
Prix assez élevés, pas de poche étanche
(maillot)
VERDICT 9/10
Cet ensemble cuissard/maillot signé Uyn
s’adresse essentiellement aux gros
rouleurs en recherche de confort et
d’aspects pratiques. La conception est plus
que sérieuse, réellement pensée pour
une pratique sportive longue distance avec
moult détails appréciables, à l’image des
poches cargo du cuissard. Cette qualité
de fabrication et de conception européenne
se paye toutefois au prix fort : 139 € chaque
pièce, soit 278 € l’ensemble… À noter
toutefois que le cuissard, pourtant plus
technique, est actuellement en promo
à 97,30 € sur le site Uyn. Une bonne affaire.
octobre/novembre 2023 83
X Tests en stock
CHAUSSURES FOX UNION BOA
Serrage contrôlé
lles ont plutôt belle allure ces
E chaussures Fox Union Boa ! Mais
au-delà de l’aspect esthétique,
d’une finition soignée et des
coloris variés, c’est aussi leur technicité
qui fait leur intérêt. Et à ce prix, c’est
le minimum qu’on puisse demander avec
ce système de serrage Boa Li2 à double
molette micrométrique. Fox vise ici les
pratiques qui vont du trail à l’enduro, voire
la DH, avec une chaussure efficace
au pédalage, mais aussi confortable
à la marche. On est donc loin de la rigidité
d’une semelle carbone typé XC sans pour
autant avoir l’impression de rouler en
espadrilles puisqu’une semelle interne
renforcée assure une bonne transmission
de la puissance. L’enfilage est rendu aisé
avec ce double serrage qui se libère
simplement, laissant un large passage
au pied. Le réglage est indépendant entre
la molette du bas qui maintient le pied
de façon homogène et le haut qui donne
plus ou moins de liberté à la cheville.
Ce nouveau serrage Boa Li2 est
réellement pratique et instinctif à utiliser
et l’on peut très facilement ajuster les
molettes en roulant. Si ces deux boutons
plastique semblent proéminents (ils sont
pourtant moins épais que les anciens IP1),
ils ont jusque-là bien résisté aux impacts
contre les arbres et rochers, à nos chutes
aussi. En cas de casse, notez que le
mécanisme Boa garanti à vie est aisément
remplaçable. La partie chaussante est très
84 octobre/novembre 2023
Le double serrage indépendant
par molettes Boa Li2 assure un
parfait maintien du pied. Fox livre
ses chaussures Union Boa avec
deux inserts de voûte plantaire.
confortable avec une languette bien
moussée et un chausson bien aéré,
appréciable en été. Fox livre ce modèle
avec deux jeux d’inserts à scratcher sous
la semelle interne, épais et fins, selon la
forme de votre voûte plantaire. Ça n’en fait
pas une semelle anatomique sur mesure,
mais ça peut apporter un meilleur appui.
Après essai, nous sommes restés sur
la version standard (jaune, fine). La semelle
extérieure en caoutchouc Ultratech est
assez résistante à l’usure et accroche bien
sur les rochers lors des séances de
poussette, mais ses crampons sont peu
profonds. Ils trouvent vite leur limite sur
terrain boueux. La rigidité de l’ensemble
offre un bon compromis entre rendement
au pédalage et confort de marche. Pour
résister aux exigences d’une pratique VTT,
Fox a choisi un revêtement extérieur
en TPU, un polyuréthane thermoplastique.
Il a pour avantage de se laver facilement :
un coup de brosse ou éponge avec une
eau savonneuse suffit ! La respirabilité est
assurée par des microperforations sur
le dessus et les côtés. On ne transpire pas
trop lors des grosses chaleurs, mais c’est
aussi par là que l’eau entre : un pied dans
une flaque d’eau et l’on a vite les
chaussettes trempées ! Côté résistance
aux chocs, on a apprécié les sérieux
renforts enveloppant les orteils, mais aussi
le pourtour de la semelle bien costaud
avec un talon rigide, mais sans renfort
montant pour la malléole. À noter qu’au
820 g la paire (40)
239,99 €
Fiche technique
Serrage : double Boa Li2 à molettes
micrométriques, lacets acier CS1 gainés nylon
Tige : TPU soudée d’une pièce sans coutures,
languette moussée, protection des orteils par
embouts moulés
Semelle : externe en caoutchouc Ultratech,
semelle interne en EVA et plaque de renforcement
moulée, guide de positionnement des cales
Livré avec : deux jeux d’inserts de voûte plantaire
fin/épais
Taille : 37 à 47
Coloris : noir, rouge, gris, vert olive, brun moka
Fox Racing : www.foxracing.fr
▲ Points forts
Confort pédalage et marche, double serrage
Boa Li2 efficace, renfort orteils, matériau
respirant, look
▼ Point faible
Accroche de la semelle dans la boue, faible
étanchéité, pas de renfort malléole
VERDICT 8/10
Le serrage par double Boa Li2 nous
a particulièrement convaincus sur ces
chaussures Fox Union, tant par leur facilité
d’utilisation que par leur maintien avec un
réglage indépendant. L’autre atout de ces
chaussures est leur confort, à la fois sur le
vélo durant le pédalage, mais aussi lors des
inévitables séances de poussage, portage
ou même de marche. En revanche, leur
faible étanchéité comme le dessin de leurs
semelles aux crampons peu profonds
réservent davantage ces Fox Union Boa
à une utilisation été ou mi-saison plus
que pour les sorties hivernales humides
et boueuses.
cours de ce test sur plusieurs mois,
une branche pointue a réussi à perforer la
partie plastique la plus fine sous les lacets,
heureusement sans blessure et en laissant
les chaussures malgré tout présentables.
■ Bertrand Thiébault

CASQUE JULBO FOREST EVO
Une première réussie !
ulbo, marque de lunettes de sport,
J
fait son entrée dans l’univers du
casque VTT avec deux modèles,
le Fastline orienté route/gravel/cross-
country et le Forest Evo pensé gravity/
all-mountain. Ce modèle se pare de
technologies connues, notamment
le système Mips limitant les risques
de lésions, la boucle magnétique Fidlock,
mais aussi les mousses Coolmax
amovibles. Julbo apporte sa petite touche
avec cette nouvelle technologie Dual
Eyewear, un système d’inserts
caoutchouc qui maintient les lunettes
sur le casque lorsqu’elles ne sont pas
sur le nez. Julbo vise ici un segment haut
de gamme avec un produit soigné : sa
technologie justifie donc ce prix de 180 €.
Son poids, 384 g en taille M, ne fait pas de
lui un poids plume… sans non plus rentrer
en catégorie poids lourd pour un casque
typé all-mountain. La marque affiche un
style anguleux efficace en termes de look
décliné en cinq coloris, d’autres restant
à venir. Ce modèle se révèle assez chic
en blanc avec sa visière noire et son logo
dans une écriture enfantine bien visible
d’un côté comme de l’autre. Le confort
reste la première chose que l’on apprécie
en portant ce Forest Evo. Les mousses
épaisses et douces garantissent un
incroyable moelleux. L’une d’elles est
placée au niveau de la molette de réglage,
à l’arrière, et offre un confort optimal sur
Les sangles de la jugulaire
du Forest Evo en matière douce
ne gênent pas autour des oreilles.
À l’arrière, une molette très précise
et accessible permet d’ajuster
le tour de tête en roulant.
cette zone. Étonnamment, peu de
casques sont dotés d’une protection à cet
endroit. Les mousses sont amovibles pour
être lavées. Après plusieurs mois
d’utilisation, les mousses n’ont jamais
bougé et ne se sont pas tassées.
À l’arrière, la molette micrométrique
de réglage occipital est très précise,
facilement accessible pour ajuster le tour
de tête en roulant. Et sur cette zone,
un espace permet aux longues chevelures
de laisser passer une queue-de-cheval.
Les sangles qui composent la jugulaire
sont d’une matière douce, agréable. Elles
contournent parfaitement les oreilles et
ne gênent pas. L’attache est aussi simple
qu’efficace avec cette boucle magnétique
Fidlock facile à manipuler même d’une
seule main avec des gants. Grâce au
système de serrage de tête efficace et
précis, sa stabilité est sans défaut. Les
fortes chaleurs estivales nous ont permis
d’apprécier la ventilation efficace avec
les 19 généreuses ventilations disposées
stratégiquement tout autour du casque. Ils
assurent un bon refroidissement lors des
longues sorties sous le cagnard, sans effet
«cocotte-minute». Dommage, il n’y a pas
de filet anti-insectes dans ces évents…
Venant de Julbo, ce casque est étudié
pour les lunettes avec deux inserts en
caoutchouc souple qui maintiennent les
branches de lunettes grâce à un système
dit Dual Eyewear aussi ingénieux
384 g (taille M)
180 €
Fiche technique
Coque : moulée
Protection : par insert Mips
Mousses : Coolmax amovibles et lavables
Aération : par 19 évents
Fermeture : par boucle magnétique Fidlock
Visière : élastique réglable en deux positions
Support de lunettes : AV/AR Dual Eyewear
Compatibilité : masque et queue-de-cheval
Coloris : 5
Tailles : S-M, M-L, L-XL
Contact : www.julbo.com
▲ Points forts
Confort et maintien, ventilation efficace,
support lunettes ingénieux, finition soignée
▼ Points faibles
Pas de filet anti-insectes
VERDICT 8,5/10
Pensé pour une pratique gravity/ all-
mountain, il est à la fois confortable
et solide. De quoi justifier son prix. Son
système de rangement de lunettes Dual
Eyewear est à ce titre particulièrement bien
étudié. La ventilation est optimale pour
les longues sorties sous la chaleur et
le seul désagrément est l’absence de filet
anti-insectes sur les aérations frontales.
qu’efficace. En effet, on peut placer ses
lunettes sur l’avant (sous la visière) ou bien
derrière grâce à ces inserts à double
position. Il faut un peu de temps pour
prendre le coup de main de cette
manœuvre en roulant, mais en termes
de maintien, c’est parfait. Puis lunettes
sur le nez, nous n’avons jamais rencontré
de gêne avec les branches qui viennent
se loger naturellement sous l’insert Mips.
Un problème qu’on rencontre parfois sur
d’autres casques concurrents où les
branches viennent se coincer ou gêner.
Ce casque Julbo permet également
le port d’un masque. Pour cela, l’arrière
dispose de deux fines arêtes pour y loger
le bandeau. Pour un port naturel autour du
nez, il faut remonter la visière qui dispose
justement de deux crans. On change
de position sans avoir besoin de dévisser
les vis de fixation.
■ Auguste Mannoury
octobre/novembre 2023 85
X Tests en stock
200 g
GENOUILLÈRES LEATT AIRFLEX ULTRALITE
101,90 €

Les « invisibles » Les Ultralite sont

vraiment ultra-fines ! Pas
de sangles de maintien,
des patchs sur l’élastique
du haut, une coque
minimaliste, pas de plis
gênants et une légèreté
bienvenue. Un peu
chaudes en été, c’est
tout.

Fiche technique
Tissu : polyester, polyuréthane, nylon, caoutchouc
Coque : Airflex
Longueur : 390 mm
Tailles : S-M-L-XL-XXL
Homologuées : CE EN1621-1
ien à voir avec la lingerie siglée

R Dim et sa pub télé des années

90 ! (private joke de millenial).
Quand on parle d’invisible avec
ces genouillères Leatt Ultralite, c’est parce
qu’on peut les porter sous un pantalon
Distributeur : www.tribesportgroup.com

▲ Points forts
Légèreté, souplesse au pédalage,
protection, maintien, finition, design

sans qu’elles ne se voient tellement elles
sont fines. À peine 200 grammes dans
la main (les deux !) et environ 6 mm
d’épaisseur au niveau du coussinet Airflex
et le tissu l’entourant, c’est rikiki au
possible. À tel point qu’on se pose
forcément des questions sur leur
efficacité. Le coussinet Airflex est tout
souple, l’ensemble de la genouillère peut
se replier et tenir enroulé dans une main,
à peine plus grosse qu’une paire de
chaussettes de rando… Et pourtant,
l’Ultralite a reçu son homologation CE
niveau 1 (sur 2) dans la catégorie
protection moto et VTT. Capable de limiter
les dégâts suite à un choc plutôt sérieux.
Le mieux, hein, serait de s’en coller une
pendant nos essais. Mais ce n’est pas
arrivé, je m’en excuse (…pas). Par contre,
j’ai franchement apprécié sa légèreté,
son peu d’encombrement, son absence
de gêne au pédalage. Oubliées dès les
premiers mètres à tel point qu’il faut se
concentrer pour y penser. Seule la grosse
chaleur ambiante m’a rappelé que malgré
leur tissu aéré bien fichu, on porte quelque
chose entre la cuisse et le mollet. Faut dire
que les Ultralite sont longues et montent
assez haut. Mais n’ont pas de sangles
pour les maintenir. Elles ne serrent donc
que très peu sur les muscles des cuisses
et des mollets. Et tiennent en place grâce
à leur légèreté, l’élastique haut et bas,
plus la bande silicone située au niveau
de la cuisse. Pas de mauvais plis, aucune
entrave et elles ne glissent pas malgré la
sueur. Elles ont également bien résisté aux
ronces et autres buissons qui fleurissent
en cet été 2023 ! Le coussinet englobe le
ménisque et descend presque à mi-tibia,
mais n’entoure pas le genou comme des
genouillères plus « classiques » et bien
plus rondouillardes. À l’arrière, une
ouverture empêche un pli de se former.
Rien à dire, elles se font quasi oublier.
OK les compétiteurs XC n’en portent pas,
mais on trouverait là presque un produit
pensé pour du XC « loisir ». Une super
▼ Point faible
Coque moyennement enveloppante
VERDICT 9/10
Un super produit pour tous ceux qui ne
supportent pas les genouillères classiques,
plus proéminentes, voire gênantes à cause
des sangles de serrage. Celles-ci se font
oublier par leur finesse et leur légèreté ainsi
qu’un maintien épatant sans serrage.
L’homologation CE leur donne une véritable
crédibilité même si l’on reste un peu étonné
par le peu d’épaisseur de la coque/
coussinet Airflex. Un beau produit
moderne.
genouillère de rando pour qui a du mal
à supporter de plus grosses protections.
Dernière précision, on peut retirer
le coussinet Airflex pour laver (à la main)
les genouillères. Bien vu. À 102 euros
les genouillères Leatt Knee Brace Airflex
Ultralite (ouf !) s’offrent comme une belle
évolution dans le monde de la genouillère
soft. Avec la finition haut de gamme
si chère à la marque sud-africaine.
■ JM Pouget

86 octobre/novembre 2023
X Défi

88 octobre/novembre 2023
 Dure
pour tous !
Le premier boucle les 140 km et les 7 000 de D+ de
cette course « la plus dure du monde » en 9 heures,
le dernier classé passe la ligne après 15 heures
passées sur le vélo. Mais tout le monde s’accorde
sur le fait qu’il faut accepter d’en baver, surtout
quand les conditions sont aussi dures que lors
de cette dernière édition.
■ Par Laurent Reviron - Photos Jeremy Reuiller pour la MB Race

octobre/novembre 2023 89
X Défi

«L a course la plus dure

du monde. » La base line
de la MB Race annonce
la couleur. Les passionnés
d’ultra se donnent rendez-vous à Megève
sur le parcours de 140 km pour en baver.
Permettre à ses clients d’aller chercher
leurs limites physiques et mentales reste
le fonds de commerce de l’organisation
qui fait le plein tous les ans. Vu des
profondeurs du classement, l’objectif
semble réussi : « Je ne pleure pas souvent
mais là, j’ai posé des larmes sur le vélo,
témoigne Fabien Geffroy, 42 ans, qui s’est
classé avant-dernier du 140 km. J’avais
une barre terrible en bas du dos. Cette
douleur et surtout l’émotion m’ont bien
secoué. » Fabien n’est pourtant pas le
premier venu sur un VTT : « Je m’étais
arrêté à 100 km l’année dernière. J’avais
mal géré la chaleur et je suis arrivé
déshydraté 10 minutes avant la barrière
horaire. Je savais que ce n’était pas
la peine de continuer. Je ne voulais pas
rester sur cet échec car je savais que
j’avais mieux dans les jambes. » Quels
que soient ses objectifs, venir à bout
d’une boucle de 140 km et de 7 000
mètres de dénivelé positif exige une
préparation minutieuse : « Je me suis
beaucoup entraîné, reprend Fabien.
Je passais au moins 5/6 heures sur le vélo
tous les week-ends et également après
le travail, la semaine, quand j’avais un peu
de temps. Je faisais du spécifique, Le départ est donné à 6 heures du mat’ et les derniers arrivent en fin de journée avec la nuit
du long, du varié… Je m’envoyais qui tombe. Ça n’a pas été le cas de Manon Socquet, la première fille classée sur le 140 km.
régulièrement des sorties de 100 bornes.
Je partais aussi sur des séances en côte eu beaucoup de portage à cause des quand tu es là, il ne reste plus que vingt
de 3/4 heures. Il n’y a pas de gros sections de boue. Dans certaines bornes. J’ai souffert ! J’ai passé 15 heures
dénivelés chez moi et faire 2 000 de D+ et descentes, j’avais les deux roues sur le vélo sans quasiment prendre de
35 bornes à refaire la même côte, ça forge bloquées. Je ne pouvais plus avancer. J’ai plaisir dans ces conditions. C’est la vue et
le mental. J’ai fait du vélo toute l’année, fini au mental car je voulais absolument le décor qui m’ont fait revenir, mais cette
mais j’ai passé trois mois à partir de mars, terminer. J’étais cuit, mais je m’étais mis année, c’était couvert tout du long. »
en étant très assidu sur l’entraînement en tête d’aller au bout quelles que soient
et en faisant hyper gaffe à la nourriture. les conditions. J’avais les œillères Trois jours pour s’en remettre
Durant le dernier mois, je me suis interdit et uniquement ça en ligne de mire. Je
les apéros. » Et après ça, il faut aussi être courais à côté du vélo dans les sections Et une fois passé les émotions et la joie
capable de sortir de sa zone de confort le de boue. Il y a eu des moments où je me d’avoir atteint son Graal, Fabien n’était
jour-J : « Quand j’ai vu la météo, je savais demandais bien ce que je faisais là. pas au bout de ses peines : « J’ai terminé
que ça allait être encore plus dur. L’année Le pire a été le Jaillet. La pluie, la boue… dans un état lamentable. J’ai eu chaud,
dernière, j’ai souffert de la chaleur, là, il y a Je broyais du noir mais en même temps, puis froid… j’ai tout eu sauf les crampes.
Ensuite, j’ai été malade trois jours. J’ai eu
des soucis gastriques sans doute parce
que je me suis nourri essentiellement
Passer près de 15 heures sur le vélo de gels. Et j’ai aussi choppé froid. » Mais
Fabien ne cache pas sa fierté : « La MB,
sans quasiment prendre de plaisir dans c’est la course la plus dure du monde.
C’est motivant de se dire que tu ne peux
ces conditions.” pas faire plus dans le VTT. » Depuis le

90 octobre/novembre 2023
 Il arrive des fois où l’on se
sent bien seul sur ce
parcours alpin de 140 km.

octobre/novembre 2023 91
X Défi
Le secret de la réussite : gérer son effort, ne pas hésiter à marcher quand c’est raide et profiter
des ravitaillements pour bien s’alimenter.
haut du classement, l’expérience n’est
pas si différence malgré un temps d’effort
qui n’a pourtant rien à voir. Martin Fanger
a franchi la ligne d’arrivée du 140 km en
8 h 57 quand les derniers bouclent ce
même parcours en 15 heures. Mais même
pour le vainqueur, la MB est loin d’être
une promenade de santé : « Sur un test
de PMA qui dure 5 minutes, la première
minute, on se sent fort, ensuite on entre
dans la gestion d’effort et l’on ne souffre
réellement que la dernière minute. Sur la
MB Race, la logique est la même sauf que
92 octobre/novembre 2023
l’on en bave comme à la fin d’un test
à l’effort pendant les 40 derniers km. »
C’est-à-dire, la dernière heure. Steeve
Renaudier, 5e de cette édition revient
également sur cette notion des 40 derniers
kilomètres : « Après le kilomètre 100, c’est
souvent assez compliqué. On finit dans
des états assez épouvantables. Je n’ai
pas vraiment ressenti de baisse de régime
sur la course, mais j’ai chuté fort dans
la descente du Jaillet. Je me suis fait une
entorse à la cheville et le reste a été
compliqué. Je n’avais plus forcément les
idées en place et j’ai oublié de m’alimenter
au dernier ravito. J’étais 3e alors qu’il
restait 30 mètres de dénivelé, mais j’ai fini
en hypo et j’ai fait un malaise à l’arrivée. »
Plus qu’une simple préparation, viser les
premières places d’une course aussi dure
exige une implication totale toute l’année :
« En hiver, je ne fais plus de vélo pendant
3/4 mois, explique Steeve. Je fais
beaucoup de musculation, de la course
à pied, des efforts en explosivité et du ski
de fond. Je m’entraîne alors une quinzaine
d’heures par semaine. Après, quand je
bascule sur le vélo, je m’entraîne quasiment
deux fois par jour. Le midi, je fais mes
séances d’intensité et le soir, la récupération
en rentrant du boulot. Il faut bien gérer
les phases de repos pour favoriser la
surcompensation. J’ai choisi d’enchaîner
les courses et la fatigue pour avoir un pic
de forme à la MB. Ça a fonctionné, j’étais
super en forme. Je suis déçu de ne pas
avoir accroché le podium. Je ne suis plus
tout jeune, je vais avoir 43 ans. »
Une fille facile
Le jour-J, c’est souvent cette capacité à
s’alimenter et à assimiler les sucres qui fait
la différence : « Il ne s’agit pas de se gaver
la veille de la course puisque de toute
 Martin Fanger, le Suisse vainqueur
cette année, peut savourer une
bonne bière après un peu moins
de 9 heures d’effort.
façon, il est impossible de stocker
de l’énergie pour un effort aussi long,
explique Steeve. Il faut donc vraiment
arriver à niveler son taux de glycémie tout
du long. L’assimilation du sucre se fait en
fonction de plusieurs paramètres dont
la fréquence cardiaque et l’acide lactique.
Quand tu es en surrégime, cette
assimilation ne se fait pas bien. Il faut
donc respecter une certaine intensité
d’effort pour que tout fonctionne bien.
Plus la préparation est importante, plus tu
vas avoir une fréquence cardiaque réduite
pour un même niveau d’effort et plus
tu vas pouvoir t’alimenter correctement. »
En comparaison, Manon Socquet, la seule
fille classée sur le 140 km, a vécu une
expérience bien plus paisible : « Ça a été
super bien et j’ai même été presque
déçue. Je m’attendais à vivre des
émotions de dingue, à en baver comme
pas possible, à être à la limite de vouloir
abandonner… J’avais même préparé des
phrases et demandé à mon entourage
de me les dire si je commençais à vouloir
jeter l’éponge. C’était la première fois que
je faisais une telle distance, j’étais dans
l’inconnu totale. En revanche, j’habite juste
à côté de la ligne d’arrivée, je connais
les chemins par cœur. C’est bien pour la
gestion, d’un autre côté, parfois quand tu
VTT Mag dans la course…
Du col du fémur au col du Jaillet
Quand lors de sa première visite après
l’opération de cette fracture du col du
fémur, la chirurgienne m’a annoncé trois
mois sans marcher et six avant de refaire
du vélo, j’ai fait un rapide calcul. On était
en octobre et pour la MB début juillet,
ça devait coller. Mais quand au bout de
cinq mois, cette fracture n’était toujours
pas soignée, le doute a commencé
à s’installer. Surtout que les kinés
n’envisageaient pas franchement ce
projet comme raisonnable. Mais si cette
blessure m’a empêché de marcher durant
des mois, j’arrivais à faire du home-trainer
tant que je restais assis. J’ai considéré
que j’avais le feu vert en mai, quand on
m’a annoncé que « c’était en bonne voie
et que je pouvais refaire du vélo
doucement parce qu’il ne fallait
absolument pas tomber. » J’avais
évidemment pas mal d’appréhension
dans les descentes, mais le coup
de pédale n’était forcément pas pire
qu’avant. En accord avec les kinés,
je pouvais alors envisager cette course
uniquement si les conditions étaient
sèches pour minimiser les risques de
sais ce qui t’attend, c’est difficile pour le
moral. Mais là, à part une crevaison dans
la première descente sur Flumet, tout s’est
bien passé, c’était le bon jour. Je savais
que j’étais prête et capable, mais je
m’attendais à en baver davantage. Je n’ai
finalement pas vraiment vécu ces états
que j’étais venu chercher. Mais après
coup, je me dis que c’était trop bien et
chute. La pluie est arrivée le jour-J. J’étais
déjà sur place et je ne me voyais pas faire
machine arrière à ce moment-là. J’avais
fait les 100 km l’année précédente sans
trop souffrir sous le soleil, je me voyais
bien faire au moins aussi bien et pourquoi
pas mieux. Mais rapidement, j’ai senti
que ce ne serait pas si simple. La pluie
a rendu le terrain bien différent. C’était
plus dur dans les montées et dans
les descentes où je me reposais en me
faisant plaisir la première fois, là, j’étais
crispé, à l’arrêt, je dépensais de l’énergie
inutilement et surtout, je ne me faisais pas
plaisir. J’ai commencé à douter et à me
trouver plein de bonnes raisons de
bâcher : « C’est déjà chouette d’avoir été
au départ » ; « Ça serait trop bête de se
faire mal ! »… La dernière descente sous
la pluie et le froid a eu raison de ce qu’il
restait de ma motivation pour aller plus
loin. J’ai pourtant hésité à franchir cette
ligne des 70 km à gauche alors que
la trace de droite m’ouvrait les portes
du 100 km et du 140 km. J’ai cédé à la
facilité et j’ai versé cette petite larme de
déception qui me fera revenir l’an prochain.
c’est toujours agréable quand ça se passe
mieux que prévu. L’idée était de faire
un “one shot”, mais là, je crois que je vais
rempiler l’année prochaine. J’aimerais
bien voir mon temps sur le sec en passant
toutes les descentes sur le vélo. »
On devient donc assez vite accroc à ces
expériences qui nous poussent dans nos
derniers retranchements. ✦
octobre/novembre 2023 93
X Événement

Mondiaux 2023

Dans l’œil
du coach ! Les derniers mondiaux qui se tenaient
en Écosse nous ont offert leur lot
de joies et de désillusions. Si chez
les filles, la France a réalisé un carton
plein, ça a été un peu moins fluide
chez les garçons. On revient avec
Yvan Clolus, le manager des équipes
de France de XC, sur tous les
événements marquants de cette
édition riche en rebondissements.
■ Par Laurent Reviron, photos Maxime Schmid
et Red Bull Content Pool

94 octobre/novembre 2023
octobre/novembre 2023 95
X Événement

La nouvelle razzia de Pauline

Ferrand-Prévot qui remporte une
fois encore le titre XCC et XCO
« On aurait tendance à s’habituer
et à sous-estimer ce qu’elle fait. Mais
en fait, c’est juste incroyable. On la sent
en ce moment en pleine puissance
de carrière. Le corps répond autant
que l’esprit. Elle a passé la trentaine
et a dans sa boîte à outils beaucoup
d’expérience qui lui permet de
compenser d’éventuelles petites failles.
Surtout que les athlètes jeunes qu’elle
a en face d’elle peuvent justement avoir
des petits déficits d’expérience. Elle
a déjà fait ce doublé l’année dernière
avant d’enchaîner sur d’autres victoires
en marathon et en gravel. Les joies et
les impressions sont presque mesurées
par rapport à l’importance de ce qu’elle
réalise. On n’a pas forcément fait la fête
le soir. Pas parce que l’on s’est habitué
à ça, mais parce que l’on sait que
Pauline est en mission. On l’est
également à ses côtés pour cette cible
qui est les Jeux. Elle veut se donner les
moyens de les réussir et ces victoires
qui peuvent sembler importantes sont
finalement juste des étapes pour elle.
Pauline est une fille de championnat, Comme l’année dernière aux Gets, PFP n’a laissé que des miettes à ses adversaires
de titre, de palmarès. Elle veut laisser sur son Pinarello semi-rigide.
une trace dans la discipline et finir
sa carrière avec le meilleur palmarès à elle. Elle a augmenté son niveau de en moulinant. Enfin, Pauline a bien
possible avec des titres sur les base en gardant cette logique de gros compris que le VTT n’était pas du
championnats et les Jeux. Et l’équipe pic de forme. » patinage artistique. Qu’il n’y avait pas
qu’elle a rejointe cette année est de note de style et que seul le temps
exactement dans cette logique. PFP, seule devant avec à l’arrivée compte. Et en fait, elle fait
Pour Ineos, ce qui compte ce sont un hardtail juste des maths. Elle regarde ce qu’elle
les victoires au Tour de France et avec « C’est un truc qui lui convient pour gagne dans les montées avec le
Pauline, ça sera les titres qu’elle ira trois raisons. La première, c’est que hardtail, ce qu’elle perd dans les
descentes, et nous on l’aide à faire
ses calculs. On a mis en place avec
L’un des sujets majeurs est d’arriver l’équipe de France des découpages
avec plus de temps intermédiaires que
à faire travailler ensemble deux super ce que propose l’UCI pour analyser ce
qui se passe. Et l’on s’est aperçu que
Pauline gagnait toujours du temps dans
championnes dans l’équipe de France.” les bosses avec son hardtail. Qu’elle en
perdait un peu en descente en début
chercher avec eux. Cette année, c’est une athlète qui est à l’aise pour de course, mais moins que ce qu’elle
contrairement à d’habitude, à côté changer régulièrement de vélo. Ça ne gagne. Et surtout, à partir de
de ces titres qu’elle va chercher, elle lui pose pas de souci de passer du VTT la mi-course, quand tout le monde
conserve un niveau de base qui est à la route et au cyclocross. Ensuite, elle commence à fatiguer, elle va aussi
plus solide et consistant. Elle joue dans a un style de pédalage et de pilotage vite que les autres dans les descentes.
le top 5 à chaque Coupe du monde. qui convient au hardtail. Elle aime Mais tout le monde n’est pas capable
Être trop loin dans les classements à monter les bosses en danseuse, avec d’évoluer sur ces circuits sans
trois mois des championnats comme ça un peu de braquet, et ça marche bien suspension arrière. C’est surtout parce
a pu être le cas précédemment mettait avec un VTT semi-rigide. Ça n’ira pas que Pauline est une “super pilote”
du stress à tout le monde y compris aux athlètes qui ont besoin d’être assis qu’elle peut le faire. Pour les autres

96 octobre/novembre 2023
Loana Lecomte, deuxième, se réjouit de la victoire de Pauline. Heureuse
d’avoir remporté sa première médaille sur des mondiaux en Élite.

filles dont Loana Lecomte, il y a déjà

tellement de paramètres à gérer dans
la perf’ qu’il faut déjà avoir stabilisé tout
le reste avant d’ajouter celui-là. Mais
pour Loana, la question du hardtail
devrait se poser dans les jours qui
viennent. Ramené au poids de corps,
le gain entre 1 kg et 1,5 kg que permet
un hardtail est plus significatif pour
une fille de 50 kg que pour un garçon
de 70 à 80 kg. 2 % de ton poids, c’est
beaucoup. Mais ce qui est sûr, c’est
que c’est presque embêtant pour
les puristes d’avoir à se poser cette
question-là. Personnellement,
je préférerais que tous les circuits VTT
nécessitent un tout-suspendu.
Ça voudrait dire que c’est hyper que chacune puisse bénéficier des Loana se fassent la tronche pour mieux
technique. » compétences et des qualités de l’autre les battre vont devoir aller chercher
et que ça les élève toutes les deux. leurs forces ailleurs. Aujourd’hui,
Loana souriante à l’arrivée C’est un travail de longue haleine pour elles sont ensemble, elles sont prêtes
dans les bras de Pauline qu’il y ait de la confiance, du respect, à ce que l’autre gagne. Ce n’est pas
à la deuxième place de l’intelligence humaine et un souci dans la mesure où elles sont
« L’un des sujets majeurs de cette émotionnelle et j’ai l’impression que toutes les deux devant la concurrence.
olympiade est d’arriver à faire travailler l’on a réussi cet été. C’est un message L’idée n’est pas que ce soient les
ensemble ces deux super championnes fort qu’elles envoient à la concurrence. meilleures amies qui partent en
dans l’équipe de France. L’idée étant Et celles qui rêvaient que Pauline et vacances ensemble, mais juste qu’elles

octobre/novembre 2023 97
X Événement
Seulement 18e, Jordan Sarrou ne réalise pas le résultat espéré.
soient complices de sport et d’équipe
nationale pour aller loin ensemble.
Et puis, on oublie que Loana est très
jeune. C’était seulement ses deuxièmes
championnats du monde Élite. Les
gens ne se rendent pas compte de son
niveau actuel. Et son bonheur sur ces
championnats du monde a été de faire
son premier podium Élite. Et dans ce
qu’elles ont construit toutes les deux,
elle est également heureuse de voir que
La difficulté lors de ces Mondiaux
c’est que tous les coureurs veulent être
à 100 % le même jour.”
98 octobre/novembre 2023
c’est Pauline qui a gagné à la régulière
et surtout devant toutes les autres.
Et Pauline préfère que ce soit Loana
à la deuxième place plutôt qu’une
étrangère. »
La contre-performance de
Jordan Sarrou seulement 18e
« Il y a forcément des explications.
Une année c’est long. Il y a beaucoup
de temps forts. Il y a toutes les Coupes
du monde et ces championnats où les
Français sont attendus à chaque fois.
Au milieu de tout ça, il y a des
échéances un peu plus importantes
avec la sélection olympique et ces
championnats du monde en était une.
Il faut comprendre que tous les athlètes
sont à 98 % et que de temps en temps,
il faut être à 100 %. Et ce n’est pas
facile puisque tout le monde a envie
d’être à 100 % le même jour. Il s’est
passé plus d’un mois entre la coupe
du monde de Val Di Sole et ces
mondiaux. Tout le monde était
en préparation de son côté et un peu
en manque de repères. Beaucoup
d’athlètes ont travaillé en altitude
et c’était le cas de Jordan. Pour lui,
ce n’est pas un problème de niveau

Tom Pidcock était attendu. Il n’a pas déçu et s’impose avec autorité en XCO, la course majeure.
ou de forme, mais de réglage. Et ces
réglages qui paraissent faciles de
l’extérieur sont en fait complexes.
C’est le métier de l’athlète de haut
niveau et de l’entraîneur de faire en
sorte que ces 100 % arrivent le bon
jour. Et quand on n’y est pas sur
ces courses importantes, il y a un tel
niveau et une telle densité que l’on fait
15e, 20e, 25e… Il y a dans le monde
vingt gars qui ont finalement un niveau
assez proche. Pour Jordan, les
explications sont donc plus à aller
chercher au niveau de son timing
d’entraînement. On en a parlé à froid
avec lui, son entraîneur, son team
pour que cette contre-perf’ soit une
expérience riche en enseignements
de plus dans sa carrière. On cherche
un grain de sable puisqu’il ne s’agit
évidemment pas d’une grosse erreur
de débutant. »
L’UCI qui modifie le règlement
au dernier moment
« Cette année, il y a un nouveau
règlement en Coupe du monde
qui permet à des top 10 d’autres
disciplines d’endurance du vélo d’être
reclassés en grille et inversement. Ça a
été acté longtemps à l’avance et c’est
OK. Maintenant sur les championnats
du monde, il y a un autre règlement
et c’est le ranking UCI individuel qui fait
la grille de départ du Mondial. Avec
cette règle, c’est ton investissement
dans la discipline durant l’année qui fait
que tu vas partir ou pas devant. Ce
En modifiant l’ordre de départ à la dernière
minute, l’UCI ne s’est pas fait que des amis.
travail, c’est entre quinze et vingt
courses, avec des prises de risques,
des voyages à travers le monde… Et là,
au dernier moment, la veille du Mondial,
l’UCI a changé ce règlement. C’est-à-
dire qu’on change la règle du jeu
en cours de jeu. Sur la forme, c’est
inadmissible. Et ça a été clairement fait
pour trois athlètes : Pidcock, Van der
Poel et Sagan qui sont les stars de la
route. Ça a renvoyé au milieu du VTT,
l’idée qu’une discipline serait
supérieure à une autre. À la limite,
même si le timing n’était pas bon, on
aurait pu imaginer que Pidcock et VDP
qui sont dans le top 10 mondial sur
route ou en cyclocross bénéficient du
règlement des coupes du monde, mais
Sagan, il est 319e sur route et n’est rien
en cyclocross… Là, c’est juste une
personne et, a priori, le président de
l’UCI qui a décidé. Et ça ne le fait pas !
J’ai eu l’occasion de dire à David
Lappartient que ça risquait d’être une
décision lourde de conséquence pour
l’avenir. En termes de résultats, ça n’a
rien changé pour Sagan qui, d’ailleurs,
n’avait peut-être même rien demandé.
VDP est tombé au premier tour parce
qu’il n’est pas dans le coup en
ce moment dans la discipline. En
revanche, Pidcock a pu, grâce à sa
meilleure place sur la grille, revenir plus
vite sur la tête de course. »
La victoire de Pidcock au XCO
« C’était un peu son destin. On sent
que c’est un athlète redoutable et
polyvalent. Il y a une envie de gagner
quelle que soit la discipline qui est
impressionnante. Il a d’énormes
qualités. On savait que ce serait
l’Homme à battre sur ces Mondiaux
puisque le circuit lui correspondait
et parce qu’en Écosse, il avait un peu
le sentiment d’être à la maison. Il avait
tout pour y arriver. Il a été un peu
avantagé par le règlement (cf. L’UCI
qui modifie le règlement au dernier
moment), mais ce n’est pas parce qu’il
octobre/novembre 2023 99
X Événement
Nino Schurter a tout donné mais il a dû s’incliner face à la jeunesse.
est parti deux lignes plus tôt qu’il est
champion du monde. C’est un athlète
qui fait monter le niveau de la discipline.
Il est parfois à la limite, mais il challenge
les autres et les fait progresser. Il est
capable de gagner des étapes du Tour,
des Mondiaux en Cyclocross… Il fait
partie de quatre ou cinq stars du vélo
en ce moment. Et il faut reconnaître
qu’il a un beau petit style. Ce n’est pas
quelqu’un qui ne sait pas faire de VTT
qui ne gagnerait qu’au physique.
On l’aurait dans notre équipe de
France, on ne s’en plaindrait pas. »
La chute de Van Der Poel
« Van Der Poel, c’est une star du vélo,
un athlète incroyable sur route et en
cyclocross… Mais il nous fait quand
VDP, on le respecte, c’est une star,
il n’y a pas de souci, mais on a plus peur
de Pidcock.”
100 octobre/novembre 2023
même moins peur en VTT. Son grand
gabarit ne passe pas sur tous les
circuits. Je trouve qu’il prend un peu le
VTT de haut. Viser un titre mondial sans
avoir fait une course de VTT depuis
un an, c’est un beau challenge pour lui,
mais s’il veut être champion du monde
et Olympique de VTT, il faut qu’il ait un
investissement supérieur. En face, ce
ne sont pas des rigolos. C’est un client,
mais il n’est pas au-dessus de la mêlée.
Et si l’on s’arrête aux constats factuels :
aux JO, il s’est vautré sur un saut que
tout le monde faisait, même les filles.
Et là aux mondiaux, il est tombé tout
seul dans le premier virage à droite.
Je pense qu’il serait redoutable avec
un peu plus d’humilité par rapport à la
discipline. Au niveau mental, c’est une
machine, au niveau physique c’est une
machine, au niveau technique, il peut
être une machine. C’est juste qu’entre
rouler vite en VTT et rouler à la vitesse
du top 10 mondial, il y a encore
un cran. C’est fin. Ça se joue sur
les réglages du vélo, les choix des
pneumatiques, les pressions… Prendre
un virage en VTT aujourd’hui à la
vitesse des meilleurs mondiaux, c’est
comme de la Formule 1. Si VDP décide
de s’y remettre vraiment, il aura ce
niveau. On le respecte, c’est une star,
il n’y a pas de souci, mais on a plus
peur de Pidcock. »
Le projet de JO de Sagan
« C’est un projet de fin de carrière,
un poil marketing parce que c’est un
ambassadeur génial pour sa marque.
Mais tant physiquement que
techniquement, il a un déficit qui va être
très dur à combler. Le top 10 mondial
va trop vite pour lui. Après, ça reste
Sagan et il fait du bien à la discipline.
Quand il est là, il y a plus de buzz, plus
de médias… C’est quelqu’un qui
Le geste de Victor Koretzky est à la hauteur de sa frustration d’être passé à côté d’une médaille qui lui tendait les bras en XCO
sans cette modification de règlement de dernière minute.
a toujours respecté la discipline et qui
s’y investit. Ça reste un cycliste génial
dans le sens où il s’amuse et qu’il aime
le vélo. C’est plutôt mieux qu’il soit là,
mais sur son niveau et son potentiel,
il nous inquiète moins que certains
autres athlètes. »
La défaite de Nino Schurter 3e
« Ça reste la légende de l’activité qui
est encore là pour la gagne à 37 ans.
Il a été battu par la jeunesse. Il perd
avec les armes dans les mains, il a tout
donné. Ça reste un exemple de fou !
Il a déjà battu tous les records et il est
encore là face à Pidcock et Gaze
dans un final de Mondial. C’est plus
qu’honorable. Je pense qu’il sera
encore là pour la médaille aux Jeux
l’année prochaine. »
Le bras d’honneur de Victor
Koretzky à la 4e place
« Victor, ce n’est pas le genre à faire
des doigts aux institutions et il est
le premier à se demander s’il n’est pas
allé trop loin. Mais il faut mettre ça au
regard du niveau de frustration qu’il
a pu ressentir. Si l’on prend un peu de
recul sur la semaine, on peut dire que
Victor reste l’athlète qui s’est fait le plus
avoir dans l’histoire. Pidcock qui devait
partir derrière lui est parti deux lignes
devant. Victor a mis un tour de plus
à revenir dans le top 5 et il fait 4e à
quelques secondes du podium. On ne
fera jamais le match et chacun jugera
du geste, mais Victor se retrouve avec
la médaille en chocolat alors qu’il avait
les jambes pour monter sur le podium.
Il l’avait montré l’avant-veille avec
sa 2e place en XCC. »
La deuxième place du relais
mixte français
« C’est une très belle deuxième place
symbole de densité pour une nation.
C’est six coureurs dans les six
catégories du XC, il faut être complet,
tu gagnes le Mondial que si tu as six
top, c’est-à-dire six athlètes capables
d’aller chercher une médaille dans leur
catégorie. On avait une belle équipe, on
était un peu juste en Junior, on le
savait. On montre que la France est
dans le match au niveau collectif.
Et puis pour nous, c’est l’épreuve qui
lance le Mondial collectivement.
Et quand c’est réussi, c’est-à-dire
quand on décroche une médaille,
ça met tout le monde dans de bonnes
dispositions et il se passe généralement
des trucs sympas ensuite. »
La course de XCC
« Le XCC reste une discipline jeune,
mais en France, on est assez attaché
à cette discipline par rapport au modèle
de performance. Les qualités qu’il faut
en XCC, servent en XCO moderne.
Ça roule de plus en plus vite. À une
époque, on gagnait les Coupes
du monde à 16 km/h de moyenne,
aujourd’hui, il y a des épreuves qui
se bouclent à 26 km/h. D’ailleurs, sur
ces mondiaux, il y a une corrélation
intéressante entre le podium XCC et
XCO. Après, c’est presque un autre
sport. On sent beaucoup de nervosité,
de tension avant le départ. Ça fait
presque penser à de la boxe en termes
octobre/novembre 2023 101
X Événement
Ces premiers « super » mondiaux en Écosse ont été une vraie réussite. Vivement la prochaine édition en France.
de niveau d’intensité d’effort et
de confrontation. Il y a parfois des
critiques sur le fait que tous les
Français ne sont pas alignés sur cette
course. Mais sur ce type d’épreuve,
si tu n’as pas le niveau d’engagement
et les qualités requises, tu n’existes
pas. Et je suis plutôt à dire : “Il faut
y aller à 100 % ou ne pas y aller”.
Tu ne peux pas y aller pour te décrasser
ou voir ce qui se passe deux jours
avant un Mondial. »
Ces premiers « super mondiaux »
« C’est une superbe idée et c’est une
idée de David Lappartient. C’est donc
important de souligner aussi quand
l’UCI fait de belles choses. Pour une
discipline comme la nôtre, ça nous
amène plus de médias, plus d’athlètes,
plus de visibilité… Et puis, les retours
des gens qui ont suivi ces super
mondiaux sont très positifs. C’est
la “famille vélo” qui est mise en avant.
Vivement les prochains qui seront en
France. C’est une vraie fête qui peut
102 octobre/novembre 2023
assez vite s’inscrire dans l’histoire
du sport comme le troisième ou
quatrième événement sportif au monde
après les Jeux, la Coupe du monde
de foot… Le petit bémol reste que pour
nous, le cross-country était un peu isolé
à 1 h 30 de Glasgow et l’on n’a
finalement pas vraiment assisté
à la grande fête. De notre côté,
on a plutôt vécu un petit championnat
du monde avec finalement assez peu
de spectateurs. Il y avait 100 000
personnes l’année dernière aux Gets,
là, ils étaient 10 000. »
L’organisation du team France
« On a un staff bien établi depuis
plusieurs années qui fonctionne très
bien. On bosse main dans la main avec
les équipes. Les mécanos des athlètes
sont par exemple les mécaniciens des
teams. Les teams sont présents sur
le paddock et l’on prend le meilleur
de chaque infrastructure. On continue
à évoluer dans le top 3 des nations.
C’est important et c’est notre place.
On essaie d’être à la hauteur de ça
collectivement, mais rien ne serait
possible sans de super athlètes. »
La perspective des JO
« Plus ça va, plus on s’en rapproche et
plus on teste de petites choses pour s’y
préparer. Les Jeux, ce sera le moment
de faire tout ce que l’on sait faire et
bien faire, ça ne sera pas le moment
d’inventer les choses. Donc forcément,
à un an de l’échéance, on était déjà en
mode répétition général sur ce Mondial
et aussi sur les championnats d’Europe
un mois et demi avant. Ce sont des
moments qui nous servent à dérouler
notre partition pour être prêt à la jouer à
notre meilleur niveau l’année prochaine.
On pourrait dire que chez les filles
où l’on a fait 1 et 2, tout est nickel. Mais
non, c’est justement parce que l’on
a gagné qu’il faut être très fort dans le
bilan pour voir ce qu’il y a encore à faire
pour progresser. Nos adversaires
ne vont pas oublier d’être également
à 100 % aux Jeux. » ✦
X Découverte

Nice et son arrière-pays (06)

Nice,
mon Amour Entre mer et montagne, les alentours de Nice sont
un terrain de jeux idéal pour le VTT. Et qui mieux pour
le découvrir qu’un de ses illustres ambassadeurs :
le sympathique champion du monde et 100 % Niçois,
Karim Amour, au coup de guidon toujours aussi précis ?
Croyez-moi, une journée à bloc dans la roue de Mister
Love sur les pentes de l’arrière-pays, ça décoiffe…
■ Texte et photos JM Pouget

104 octobre/novembre 2023

octobre/novembre 2023 105
X Découverte

« u comprends maintenant

T pourquoi on a autant de
champions de VTT dans
la région ? », me demande
Karim Amour lors d’une de nos pauses.
On est quelque part sur le Mont Chauve
et le sentier file dans ce maquis dense,
sans arbre. Aride et cassant, à la
descente comme à la montée. Derrière
nous, la chaîne du Mercantour déploie
ses sommets dans la brume de chaleur.
Devant, quasi sous nos roues, s’étire
la Baie des Anges, de Villefranche-sur-
Mer à Antibes et au-delà. On voit très
nettement le port de Nice, la
Promenade des Anglais, puis l’aéroport
près duquel débouche le Var. Repères
évidents pour touristes en goguette ou
vététistes un poil cramés par quelques
heures de roulage dans l’arrière-pays.
Cette vue à 360° est une récompense Tout en haut à 6 h 30 du mat’ pour
XXL après ces kilomètres pas toujours profiter de la fraîcheur sur fond
évidents. Un cadeau du ciel offert par de sommets du Mercantour. Et Karim
qui sourit déjà en pensant à la
descente… Mister Love à Nice, ah, ah !

une région au charme incomparable.
Terre de champions, oui, je comprends
mieux pourquoi. Ici, tout se mérite.
Pédaler dans les chemins est un
engagement plus qu’un simple moment
de détente. À la montée comme à la
descente, la pente est raide. Le sentier
technique. Pas étonnant que l’endroit
ait modelé des gars de la trempe de
Nicolas Vouilloz, Fabien Barel, Loïc
Bruni, Loris Vergier et autres champions
du monde de DH, de cross-country
ou d’enduro comme mon guide du jour,
Cette vue à 360° est une récompense
XXL après ces kilomètres pas toujours
évidents.
Karim Amour. À 48 ans passés, « Mister
Love » vit au cœur de la préfecture
des Alpes-Maritimes après avoir passé
la majeure partie de sa vie à Vence,
juste de l’autre côté du Var, à deux pas
de Nice. Et quand bien même ce
Champenois de naissance n’a fait ses
premiers tours de roues dans la région
qu’à l’adolescence, il fait partie de cette
caste des meilleurs rouleurs régionaux.
Donc mondiaux. DH (quelques top 10
en Coupe du monde à son actif dans
les 90’s), Four-Cross (champion de
France et d’Europe début 2000), enduro
(quatre titres mondiaux en Masters
ces dernières années), Karim a un joli
palmarès à son actif en trente ans de
carrière pro. Désormais manager du
team Challenge One en Mondial EDR
(enduro), il donne par ailleurs des cours
de deux-roues aux clubs locaux,
en VTT et en BMX. Karim sillonne les
chemins du coin depuis plus de trente
ans. Il connaît par cœur des dizaines
(centaines ?) de kilomètres de ces GR,
PR et autres sentiers centenaires, voire
millénaires. Tous situés dans l’arrière-
pays niçois proche de la ville. Des
spots connus ou plus secrets où l’on
peut accéder depuis le centre-ville en
quelques kilomètres de pédalage. Ou
faire comme nous façon navette parce
que le temps nous est compté et qu’en

106 octobre/novembre 2023

 De super sentiers du côté
des ruines de Châteauneuf
et de la chapelle St-Joseph.

octobre/novembre 2023 107

X Découverte
ce mois d’août, la chaleur n’invite pas à
des efforts trop intenses. Même de bon
matin, ça chauffe dans les collines !
Encore entier
« On va grimper du côté de
Châteauneuf-Villevieille pour faire
ce qui a été la première compétition
de descente en France, celle du
Macaron », m’explique Karim alors
qu’on grimpe à l’aube par une petite
108 octobre/novembre 2023
route de montagne. « Une épreuve
goupillée par George Edwards, eh oui !
déjà à l’époque… » L’instigateur des
Méga et Maxivalanche, organisateur de
la locale et mythique Transvésubienne,
avait ouvert la voie. Il ne nous reste plus
qu’à la revivre aujourd’hui. On grimpe
jusqu’aux ruines de Châteauneuf et on
débute le shooting près de la chapelle
St-Joseph. La piste se poursuit vers
la crête du Macaron et d’ici la vue est
spectaculaire. Les sommets de la
chaîne du Mercantour se détachent
comme autant de dents acérées avec
comme point culminant des Alpes-
Maritimes la Cime du Gélas et ses
3 143 m. On est à un peu moins de
700 m d’altitude et on domine vraiment
le secteur en un seul coup d’œil
circulaire. Karim me désigne plusieurs
points d’intérêt ou villages perchés.
Repères appris au cours de ses années
d’entraînement dans le secteur. Après
un moment de pédalage, on passe un
 Sublime passage dans
la verdure du vallon au-dessus
de Cantaron. Du technique
mais aussi de la vitesse et du
panorama. Bien enduro tout ça.
carrefour avant de plonger en direction
de Contaron. Rapidement, le chemin
passe de rapide/rigolo à cassant,
vertigineux par endroits. L’enchaînement
de marches et d’épingles ravinées
donne le ton. La caillasse roulante
achève de me réveiller alors que Mister
Love file là-dedans à Mach 2 comme
sur un pump-track tout neuf ! Au
premier arrêt, je bois ses conseils :
« Freine toujours en ligne avant les
virages, ça t’évitera de perdre la roue
avant dans les pierres roulantes.
N’hésite pas non plus à ouvrir
ta compression rapide et fermer
la compression lente sur ta fourche. »
S’il le dit… et vu sa vitesse là-dedans,
je m’exécute. Me relâche enfin dans
certains passages plus roulants. Vers
le milieu, sous des pins maritimes,
quelques passages plus terreux
permettent de lâcher les freins.
Le plaisir est là, immédiat. Avec vue sur
la Baie des Anges au loin entre deux
arbres. Pas mal. Super à l’aise sur son
Unno enduro, Karim me confie qu’il
n’hésitait pas à prendre un XC lors de
ses entraînements à son époque pilote
pro. « En hiver, j’aimais bien m’envoyer
cette descente sur un tout rigide, juste
pour bien décomposer les
mouvements. » J’en reste un peu
interdit vu la technicité de certains
passages. « De toute façon, si tu fais
du cross-country en balade par ici, faut
te dire que par moments ça va être
velu, ajoute mon guide en se marrant.
Pense à la Transvésubienne, elle passe
à seulement quelques kilomètres d’ici.
Tout à l’heure, on va d’ailleurs aller au
Mont Chauve… », soit sur les derniers
kilomètres de la célèbre épreuve
marathon qui tous les mois de mai se
termine à Nice après plus de 80 bornes
et 3 à 4 000 m de D+. Passé un bout
de route, on continue la descente vers
Contaron via le GR53. « C’est un GR
qui va vers l’Italie et s’achève à
St-Pierre-de-Rome, sur les traces
de la Via Julia Augusta créée à l’époque
romaine », m’explique mon guide,
branché géographie et histoire. Je
m’imagine alors en train de débouler
tout suant au Vatican dans quelques
jours… Pas sûr que les gardes suisses
m’accueillent à bras ouverts. « Tout
ce coin sauvage, où tu peux passer
d’une vallée à l’autre par des sentiers
incroyables, c’est un super spot
d’entraînement pour l’enduro », ajoute
K. un peu plus loin. Et je veux bien le
croire vu l’enchaînement de passages
techniques que recèle notre parcours.
Notamment une succession d’épingles
juste avant le village encore à moitié
endormi. Je les ai pas compté, mais
à la fin, t’as les bras en flammes et les
jambes en coton. Mais surtout t’es
vraiment content d’être encore entier…
Sing Sing et Cayenne
Le temps de se rafraîchir au typique bar
de la Place de Cantaron et l’on reprend
nos véhicules pour se rapprocher du
Mont Chauve. « C’est possible de faire
la jonction à vélo, jonction qui t’amène
tout en haut du Mont Chauve »,
m’explique Karim. Dans notre cas,
on grimpe par la route avant d’attaquer
les pistes et sentiers qui s’enfoncent
dans le maquis. Pas d’arbres, mais
de l’épineux bien saignant par ici.
« Tu comprends pourquoi j’ai monté
des protège-mains sur mon vélo »,
sourit mon guide après nos premiers
kilomètres sur cette colline. Le Mont
Chauve recèle un dédale de chemins
qui offrent un dénivelé plus souple qu’à
Châteauneuf-Villevieille, notre spot
octobre/novembre 2023 109
X Découverte

Les contreforts du Mercantour sont

à portée de pédales de Nice. Et Karim
en connaît un rayon bien excitant !

110 octobre/novembre 2023

Nice pratique
■ Quand y aller
Ça roule toute l’année dans le secteur,
même si la période estivale nécessite de
se lever tôt et rouler en matinée. L’hiver,
le grip est meilleur après une averse
et le soleil revient toujours rapido sous
une température souvent clémente.
Les mi-saisons sont parfaites.
■ Où dormir
Comment citer toutes les possibilités
qui s’offrent à vous dans l’une des villes
les plus touristiques de France ?
Campings, hôtels de famille, palaces,
chaînes hôtelières diverses, Airbnb,
on trouvera forcément son confort sur
place ou dans les alentours.
■ Où manger
Chez Pipo, LE spécialiste de la socca
en centre-ville. Son boss, Steve, est
un ancien pro du team Peugeot dans
les années 90. Parler vélo et déguster
sa socca moelleuse et croquante est
un privilège. Chez Achiardo, un resto
dans le vieux Nice, autre spécialiste
de la gastronomie niçoise bien connu
de Karim. Pour les amateurs de
poissons et de fruits de mer, le café
Turin est lui aussi recommandé par K.
■ Où boire un coup
T’imagines bien qu’il y a un paquet de
bistrots dans les alentours, du simple
troquet de quartier au bar de quelques
palaces de la Promenade des Anglais.
On citera le bar de la Place à Contaron
avec ses nombreux habitués locaux et
où le patron tape facilement la causette.
À l’arrivée de la descente du Macaron…
■ Les spécialités
La socca, galette cuite au four à base
de farine de pois chiche, d’huile et
d’eau. Simple, croquante et fondante.
La pissaladière ou le farci niçois, le
pan-bagnat (sandwich thon et crudités)
et la fameuse tourte aux blettes (avec
pignons de pin et raisins secs, un délice).
■ Que faire
Piquer une tête dans la grande bleue,
passer par la plage de Coco Beach
(dixit Julien Doré), visiter le centre-ville
et ses rues plus ou moins connues
offrant parfois une architecture
étonnante et/ou historique, passer par le
marché aux fleurs, le port, faire le tour
des villas de célébrités (d’Elton John à
Bono de U2…), manger une glace chez
Fenocchio sur la place Rossetti ou à
l’Arlequin chez Alberto (meilleur glacier
du monde d’après Karim).
■ Les beaux points de vue
On vous en cite quelques-uns dans le
texte courant, de la Baïsse du Macaron
au sommet du Mont Chauve. Chaque
colline offre son lot de panoramas. Dès
qu’on s’écarte du littoral et qu’on prend
un brin d’altitude, on en prend plein
les yeux. Tout en roulant. Magique !
■ Où acheter/réparer son vélo
De nombreux magasins dans la région,
où la petite reine est une passion.
Impossible de tous les citer, mais
on trouvera forcément un spécialiste
du VTT/ebike dans les pages jaunes.
■ Une course/une rando :
La Transvésubienne le 24 septembre
(80 km, +2 900, -3 600) ou la
TransRiviera en mai (Tende-Menton,
95 km, +2 900, -3 700). Façon rando,
la Bigreen Nice le 29 octobre sur 30 km,
+700 et -700
■ Contact
Office du tourisme de Nice sur le web :
explorenicecotedazur.com
Le VTT a son entrée avec guide et
parcours VTT-FFC répertoriés d’Auron
à Nice, le parcours local des Chemins
du Soleil (étape n° 20), des bike-parks
recensés, tout comme les locations/
réparations de vélos, tous les
hébergements « accueil vélo »
de la région.
octobre/novembre 2023 111
X Découverte
Petit kif perso de Karim
en wheelie au-dessus de la plage
de la Promenade des Anglais
et Nice qui se déploie en arrière-plan.
précédent. « Tu peux faire des parcours
plus enduro par ici. Et quelques
spéciales sont bien connues aux noms
évocateurs comme Planeur, Sing Sing,
Banzaï et puis Cayenne qu’on va se
faire dans la foulée. » Et de m’expliquer
que les enduristes Adrien Dailly
ou Dimitri Tordo roulent souvent par ici.
On comprend vite pourquoi. C’est par
moments aussi technique que notre
premier parcours matinal et l’on a vite
fait de se faire la caisse dans le secteur.
Pas que de la descente mais de belles
liaisons en montée donnent le ton. Et
à chaque fois avec vue sur le paradis.
La Baie de Nice bien sûr mais aussi
la plaine du Var et encore et toujours
les premières montagnes en fond de
panorama. Un arrière-pays sauvage qui
contraste fort avec la densité urbaine
de la côte. On semble planer au-dessus
de la grande bleue et des vallées
encaissées qui filent vers les Alpes. « Tu
vois là-bas, c’est Levens, un bon spot
pour le XC. D’ailleurs ils ont accueilli
À Nice, il y a la mer, la montagne toute
proche et des chemins par centaines.
112 octobre/novembre 2023
le championnat de France l’an passé »,
me montre du doigt Karim lors d’une
pause en me désignant un village parmi
d’autres sur les collines au nord
du Mont Chauve. Spot où a eu lieu
l’élection du XC et du VTTAE de l’année
en avril dernier (voir VTT Mag n° 379
et eBike n° 37), on le rappelle.
Love Nice
Plus tard, on se gare à l’entrée de Nice
et l’on reprend les biclous. « Tu peux
arriver en ville quasiment par les
chemins et en tout cas, par quelques
petites rues tranquilles », m’informe K.
qui file devant moi au travers de
quelques ruelles avant d’emprunter
les voies cyclables proches du port
de Nice. Où la foule traîne devant les
yachts de milliardaires et se « selfite »
un peu plus loin devant la sculpture
géante « I love Nice » qui surplombe
la plage en contrebas. Ce long ruban
de galets qui longe la Promenade des
Anglais est noire de vacanciers.
La Méditerranée offre un dégradé sexy
qui va de l’azur profond au turquoise
tropical. Il fait un bon 32 °C et j’ai
l’estomac dans les talons. « C’est
l’heure de la socca ! », me lance alors
mister Love après un joli manual sur
le mur de la plage à un peu plus de dix
mètres de haut… L’est chaud le Niçois !
Moins en tout cas que le four de chez
Pipo où on se laisse tenter par les
spécialités locales, pissaladière,
pan-bagnat, socca et en dessert
une tourte aux blettes. Le tout arrosé
d’une bière du Comté, locale et fraîche
comme une bonne tête dans la Baie
des Anges. Quel pays. La mer, la
montagne toute proche et des chemins
par centaines sans forcément grimper
jusqu’aux stations alpines du
Mercantour, Auron ou la Colmiane,
pour trouver du gros dénivelé. L’Histoire
avec un grand H à tous les coins
de rue et de villages. L’histoire du VTT
également avec tous ces illustres
défricheurs qui ont fait de Nice et sa
région une sorte de Mecque pour notre
passion à tous. Et tout ça avec des
panoramas à couper le souffle à chaque
épingle. Promis, on reviendra… ✦
X Ils font bouger le VTT
Laurent
Delorme
Boss de Pure Agency
Laurent Delorme est ce qu’on
appelle un homme de l’ombre.
Pourtant, derrière chaque succès
de Loïc Bruni ou Finn Iles en Coupe
du monde de descente, il y a la
patte de ce garçon, celle de son
agence Pure Agency et sa structure
qui a réussi à convaincre
Specialized de lui confier son team
Gravity. ■ Par Thiebs - Photo S. Shieck

45 ans, Laurent Delorme attaché-case et je suis allé faire Gen-S (Generation Specialized) avec

À peut être fier du parcours

accompli. Cet originaire
d’Avignon, passionné de
vélo plus que compétiteur
lui-même, est devenu en deux
décennies un élément incontournable de
la scène VTT Gravity. Aux commandes
de son agence Pure Agency créée en
2007, il dirige avec son équipe le team
Specialized Gravity dans l’espoir de
mener leurs pilotes, Loïc Bruni et Finn
Iles, en tête d’affiche sur les plus hautes
marches. Tout ne s’est pas fait d’un
claquement de doigts. Bac littéraire,
fac de sport dans le management, fac
d’éco sport et loisir, Laurent a fait ses
premiers pas dans l’univers professionnel
du VTT par un stage au sein du team
Hautes-Alpes, en charge de la
communication. S’ensuit une montée à
Paris pour suivre sa femme. La création
de sa propre agence, Pure Agency, est
venue un peu plus tard, en 2005.
« Suite à la perte de mon papa, j’ai
souhaité retourner à mes racines, sur
mes terres avignonnaises. Je voulais y
monter une petite structure avec pour
projet de continuer la com’ de QBikes
en indépendant. Puis c’est Cyril Lagneau,
alors pilote QBikes, qui m’a mis sur
la piste Lapierre. » Gilles Lapierre était
intéressé parce ce que Laurent Delorme
avait mis en place. L’aventure a duré
huit ans avec Lapierre, aux côtés – déjà
– de Loïc Bruni, cadet prometteur,
avant que la marque dijonnaise n’opère
un choix stratégique entre route et
descente. « J’ai donc repris mon petit
la tournée des salons, renouer des
liens… » C’est à cette période-là que
Specialized est venu solliciter Laurent
Delorme. « Ils souhaitent racheter
le contrat de Loïc Bruni. Mais Loïc se
sentait bien dans cette structure et ne
voulait pas bouger - “ou alors on bouge
ensemble !” Loïc devient champion du
monde en 2015 et en fin de saison, le
sport manager Specialized m’a proposé
de reprendre le team à leurs couleurs,
en gardant les pilotes, la structure.
C’est parti comme ça, on était “Spé” en
2016, nous la petite structure française !
On a la flexibilité et la réactivité d’une
petite boîte, et derrière nous la
J’aimerais qu’avec Loïc, on marque
l’histoire comme Nico Vouilloz.”
puissance d’une énorme marque hyper
structurée. On travaille main dans la
main avec le sport marketing manager
qui gère à la fois la route, le triathlon, le
VTT, le cyclo-cross. Je l’ai au minimum
un fois par jour au téléphone et c’est
pareil au niveau de la recherche et
développement, on échange en
permanence. » Aujourd’hui, entre
prestataires et salariés, Pure Agency,
c’est environ 25 personnes qui
travaillent à la réussite du team
Specialized Gravity et de leurs athlètes.
Bruni et Iles en tête d’affiche, mais
aussi un programme de développement
des jeunes de 13 à 20 ans qui
représentent l’avenir, plus une partie
e-bike enduro. « Mon rôle, c’est
d’assurer une viabilité financière aux
projets et, pour que tout fonctionne,
je m’entoure d’experts dans leurs
domaines. Je fais juste en sorte de
garder les yeux ouverts pour anticiper
les éventuels problèmes. Mon rôle,
c’est également de parler aux bonnes
personnes pour que notre sport
n’explose pas en plein vol. J’essaye
de faire évoluer les règlements parce
que je pense qu’on arrive au bout d’un
mode de fonctionnement : si on ne fait
pas évoluer ce sport, on aura du mal
à séduire des partenaires majeurs,
même si le spectacle est génial. »
La suite de l’aventure, Laurent la voit
comme une transmission, mais aussi
vers un accomplissement : « J’aimerais
qu’avec Loïc on marque l’histoire
comme Nico Vouilloz. Je pense qu’il
peut encore casser des records. Puis
continuer à sortir des jeunes et les
amener au plus haut niveau, comme
le p’tit Harry Schofield (13 ans !). Je
rêverais de le voir prendre le départ
avec Loïc et qu’il soit capable de se
tirer la bourre avec lui ! Là, pour moi,
la boucle serait bouclée… » ✦

114 octobre/novembre 2023