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I - SYNTHESE
Une controverse ancienne, mais toujours vive : peut-on mesurer l’intelligence d’un être
humain ? Peut-on déterminer quelle est la part de l’inné et celle de l’acquis ?
Les répercussions de ce débat ne vous échappent pas ; il s’agit de biologie, mais aussi de
politique sociale.
Vous trouverez ci-après trois points de vue sur cette question ; vous ferez la synthèse de ce
dossier en 300 mots.
Premier texte (Pierre Debray-Ritzen, Lettre ouverte aux parents de petits écoliers, A. Michel,
1978, pp. 69-74 (Extraits).
Et la réussite sociale ? Suit-elle une corrélation aussi nette les données du QI1 ? A peu près.
On a pu le vérifier de deux manières.
1) Une étude portant sur près de 1 500 garçons et filles ayant un QI égal ou supérieur à
140 -et suivis durant trente cinq ans - aboutit à des constatations démonstratives :
85% des sujets sont entrés dans l’enseignement supérieur, 70% en sont sortis
diplômés. En ce qui concerne les hommes, 86% se sont retrouvés dans les deux
catégories professionnelles les plus élevées (professions libérales et monde des
affaires) ; 11% avaient une petite entreprise, étaient entrés dans le clergé ou faisant
partie de la main d’œuvre qualifiée ; 2% seulement exerçaient une activité agricole ;
1% faisaient partie de la main-d’œuvre semi-qualifiée. Ces derniers chiffres nous
rappellent que l’intelligence est nécessaire, elle n’est pas suffisante et que les qualités
instinctivo-affectives comme l’adaptation sociale ont leur mot à dire.
1
QI= quotient intellectuel, mesure de l’intelligence par des tests ; le niveau 100 correspond à l’intelligence
« moyenne »
90 ouvriers agricoles ; jardiniers ; tapissiers ; mineurs ; manutentionnaires.
Sans doute, peut-on évoquer une certaine « intelligence potentielle », mais il s’agit là
d’un concept abstrait. Notre développement, notre éducation, toute notre aventure
personnelle aboutissent à une « intelligence réalisée », seule éventuellement
mesurable; elle dépend des gènes et du milieu, et avant tout de la correspondance plus
ou moins harmonieuse réalisée entre eux, sans que la part de chacun puisse être
définie.
Le caractère « génétique » ou non de l’intelligence joue un rôle fondamental dans
l’attitude à prendre envers d’éventuelles réformes de la société où nous vivons.
Considérons l’attitude à prendre dans les deux cas extrêmes, celui où l’intelligence
serait totalement déterminée par les gènes et celui où elle serait totalement déterminée
par le milieu, deux hypothèses d’ailleurs certainement aussi fausses l’une que l’autre.
Dans le premier cas, il est peu utile de changer la société, car « les hommes resteront
ce qu’ils sont » (génétiquement déterminés). Dans le second, au contraire, des
modifications favorables de la structure de la société entraîneraient un changement
profond de l’humanité. Il n’est donc pas étonnant que lorsqu’ils confondent la réalité
scientifique avec ce qu’ils souhaitent, les conservateurs sont partisans du caractère
génétique de l’intelligence, et que les progressistes y sont opposés.
D’autre part, comme l’intelligence est liée à la réussite sociale, il est tentant d’associer
de proche en proche les divers concepts : différent – inégal – héritable – génétique –
inné – naturel, d’effacer les frontières entre ces termes, et de démontrer ainsi que les
inégalités sont voulues par la nature et donc inévitables, et même bénéfiques. C’est en
s’appuyant sur des données ou des concepts déformés de la génétique, leur servant de
prétendue caution scientifique, que certaines politiques anti-sociales, racistes (ainsi le
fameux Immigration Act limitant, en 1921, l’immigration à partir de l’Europe du sud
ou de l’est pour éviter la dégradation de l’intelligence moyenne des citoyens des Etats-
Unis), ou simplement criminelles (ainsi les aberrations nazies), ont été menées : il n’y
a là qu’imposture, et le devoir des scientifiques est de la dénoncer.
Le débat sur l’inné et l’acquis apparaît comme un problème sans solution biologique,
au moins actuellement, mais pose une réelle question politique. Le généticien constate
une extraordinaire, une merveilleuse diversité entre les individus, mais diversité ne
signifie pas inégalité. Justifier l’inégalité entre les hommes par une prétendue inégalité
de leurs gènes est une tromperie. Chacun doit en être conscient.
II- RAPPORT