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La voix des nationalistes-révolutionnaires francophones
Accueil > Devoir de mémoire > Italie > Le fascisme, l’islam et le monde arabe
L’idée d’une Italie « nation prolétaire », ennemie naturelle des ploutocraties et des
impérialismes était très présente dans ce premier fascisme « de gauche », républicain et
révolutionnaire. Elle s’était incarnée avec une certaine vigueur dans l’expérience de
D’Annunzio à Fiume.
Entre la fin de la première guerre mondiale et l’assassinat de Mussolini en 1945, une série
de faits et de circonstances politiques, nationales et internationales, permirent à l’Italie
d’être, ou au moins de sembler être, la nation intermédiaire entre l’Orient et l’Occident.
Un mois avant la marche sur Rome, Gabriel D’Annunzio, découvrant les grandes et multiples
affinités entre l’Évangile et le Coran, affirma que de c’était de l’Orient que viendrait « la
nouvelle force » pour la nouvelle Italie, cette Italie qui, à ses yeux, constituait,
géographiquement et spirituellement, le pont entre l’Occident et l’Orient.
Cependant, dans les huit premières années suivant son arrivée au pouvoir, Benito Mussolini
n’élabora pas une politique arabe autonome. La raison en était que la politique étrangère
italienne avait Londres comme point de référence et que l’attitude de Rome dans les
affaires arabes dépendait des discussions qui avaient lieu entre le ministère des Affaires
étrangères italien et le Foreign office. De plus, la reconquête de la Libye étant en cours, il
était difficile pour Mussolini de mener en même temps un dialogue sincère avec le monde
arabe. En outre, les impulsions prônant une politique étrangère vraiment révolutionnaire, y
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compris vis-à-vis des pays arabes, soutenues par les fascistes les plus dynamiques, étaient
étouffées par l’influence excessive qu’avaient alors dans le régime les nationalistes et les
catholiques conservateurs.
C’est seulement au début des années trente que la politique étrangère italienne commença
à devenir plus autonome et plus dynamique, et qu’elle tendit à présenter l’Italie comme un
« pont » entre l’Occident et l’Orient, un point de référence, « un phare» pour les nations
musulmanes. Entre 1930 et 1936, Rome accentua son action culturelle et économique au
Moyen-Orient et dans la zone arabo-musulmane en général. Ainsi, on peut citer une série
de faits : en 1930, se déroula à Bari, la Feria del Levante ; en 1933 et 1934 sous le patronage
des Groupes universitaires fascistes eurent lieu à Rome des conventions des « étudiants
orientaux » (c’est-à-dire originaires du Proche et Moyen-Orient) ; en 1934, Radio Bari
commença à émettre des émissions en langue arabe ; des subventions furent accordées à
des journaux et des journalistes de la presse arabe ; en 1933, fut créé l’Institut pour le
Moyen et l’Extrême-Orient, un centre qui développait une activité politique importante.
Selon Said Sciturni, un collaborateur arabe de Vita Italiana, la revue de Giovanni Preziosi,
entre le monde arabe et l’Italie fasciste, si on faisait abstraction des triviales ententes
commerciales et économiques, il existait un lien idéologique qui pèserait d’un poids
spécifiques dans le futur. Le monde arabe selon lui était un champ fertile pour l’extension
du fascisme, qu’il considérait comme un moyen essentiel pour sa renaissance spirituelle.
Pour lui l’Italie devait développer une propagande favorisant le développement du fascisme
au Proche-Orient, ainsi elle pourrait faire barrage au communisme dans le monde arabe et
conquérir de larges sympathies.
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exactement opposées, Adolf Hitler estimait que jamais ne pourrait se produire un conflit
d’intérêt entre l’Allemagne et l’Italie. En d’autres termes selon Hitler, les pays arabes qui
étaient sous contrôle français et anglais, presque en totalité, constituaient une partie de la
zone d’influence de Rome. L’année suivante, le 18 mars 1937, le Duce, pendant son voyage
triomphal en Libye, reçut le titre de « Épée de l’islam », devenant le protecteur des
musulmans de Libye, d’Éthiopie – où il les avait libéré des vexations du Négus -, de
Palestine et de tous les autres pays de la Méditerranée. Faisant abstraction des relations
économiques et commerciales existantes entre le monde arabe et l’Italie fasciste, la
politique moyen-orientale et la question arabe devinrent alors un argument de propagande
dans la presse du régime.
Quelle a été le rôle de la Grande-Bretagne dans les relations entre l’Italie et le monde
arabe ?
Comme je l’ai déjà dit, la Grande-Bretagne a toujours été la puissance antagoniste de l’Italie
dans la Méditerranée, mais comme dans la politique arabe de l’Allemagne, dans celle de
l’Italie on veilla à ne pas nuire aux relations entretenues avec Londres, au moins jusqu’au
moment auquel, avec l’éclatement de la deuxième guerre mondiale, la rupture devint
irréversible. Du niveau des relations de Rome avec les anglais dépendit l’appui donné au
nationalisme arabe et aux mouvements de libération du Moyen-Orient.
L’Italie fasciste soutint la résistance palestinienne… Cela contredit ce que prétend la gauche
internationaliste qui affirme avoir été la première à apporter son soutien à la cause
palestinienne.
Il faut le dire, l’Italie fut le premier État européen à soutenir d’une manière concrète la lutte
de libération du peuple palestinien contre le mandat britannique et le projet sioniste en
Terre Sainte.
Entre le 10 septembre 1936 et le 15 juin 1938, l’Italie remit au Grand Mufti de Jérusalem, qui
dirigeait la révolte du peuple palestinien contre les forces militaires de la Grande Bretagne
et contre l’immigration juive, environ 138000 livres sterling, une somme non négligeable
pour cette époque, qui correspond environ à 10 millions d’euros. Cette contribution
financière fut décidée par le Duce lui-même au lendemain de la guerre d’Éthiopie, non
seulement pour « ennuyer les Anglais », mais aussi en souvenir des positions
anticolonialistes qu’il avait eu dans sa jeunesse quand il était socialiste révolutionnaire et
de celles du premier fascisme. En plus de l’argent le ministère des Affaires étrangères
décida d’envoyer aux mujâhidin palestinien une cargaison d’armes et de munitions.
Il s’agit d’une contribution très significative, difficile à quantifier numériquement. Si l’on veut
essayer de donner un chiffre, nous pouvons estimer prudemment que plus de 300000
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Pourquoi cette page de l’histoire qui concerne les relations entre le fascisme et le monde
arabe est-elle restée jusqu’à nos jours si peu connue ?
Il s’agit, en effet, d’un thème très négligé par les historiens. Non seulement par ceux des
mouvements fascistes et para-fascistes, qui alors surgirent et se développèrent un peu
partout dans la monde, mais aussi, lacune encore plus grave, parmi les historiens du
colonialisme et de la décolonisation, alors que la sympathie pour le fascisme de certains
pays et groupes politiques dans le monde arabo-islamique, fut avant tout le corollaire de la
résistance au colonialisme.
Cela s’explique, en partie par la tendance qu’ont beaucoup d’historiens de gauche et tiers-
mondistes à assimiler, sans faire les distinctions nécessaires, le fascisme au colonialisme
et en conséquence à ne pas pouvoir admettre, donc à totalement les occulter, des faits
allant contre leurs thèses. Il faut y ajouter l’embarras que suscite chez eux la sympathie et
l’appui de beaucoup de musulmans du tiers-monde à la guerre menée par l’Axe contre les
Alliés.
Qui diriez-vous aux jeunes gens de « droite » qui appartiennent à des organisations qui
défendent la thèse d’un choc des civilisations et de l’affrontements entre les cultures, tout
particulièrement entre la civilisation occidentale chrétienne et celle arabo-musulmane ?
Je leur dirais que le fameux choc des civilisations n’existe pas et que cette thèse est
soutenue uniquement par ceux qui cherchent à empêcher la connaissance mutuelle et la
collaboration entre des réalités humaines, culturelles et politiques incontestablement
différentes mais non pour cela nécessairement antagonistes. La diversité est à mon sens
une richesse, ainsi qu’un recours nécessaire, dans un monde dans lequel le processus de
globalisation tend à tout homogénéiser dans l’American way of life. Qui base sa propre
identité sur de solides racines ne craint pas la diversité, mais cherche à la connaître et y
collaborer, si c’est possible, en vue de l’obtention d’un objectif commun…
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