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Au début, la latinité non plus ne concernait un quelconque fait racial.

La fierté d’appartenir à
cette glorieuse ascendance n’était pas totalement déconnectée d’une idée de
« race », mais il n’était assurément pas question d’aryanisme, notion qui apparait dans la
doctrine fasciste seulement après la moitié des années Trente. Le concept de latinité devient
ainsi biologique, alors qu’auparavant on ne parlait que d’un héritage culturel et non de la
sauvegarde d’une « pureté » du sang que les Romains étaient supposés avoir transmis à leurs
descendants. Et dans les discours sur la « race italienne » il n’était jamais question de la
supériorité, infériorité ou égalité des Italiens par rapport aux populations germaniques, qui
étaient d’ailleurs jadis ouvertement méprisées par Mussolini :
Il popolo italiano ha dato, nella sua tre volte millenaria storia, esempi formidabili di organizzazione
giuridica, politica e sociale. […]. È sulle rive del Mediterraneo che sono nate le grandi filosofie, le
grandi religioni, la grande poesia e un impero che ha lasciato tracce incancellabili nella storia di
tutti i popoli civili. Trenta secoli di storia ci permettono di guardare con sovrana pietà talune
dottrine di oltr’Alpe [sic], sostenute dalla progenie di gente che ignorava la scrittura, con la quale
tramandare i documenti della propria vita, nel tempo in cui Roma aveva Cesare, Virgilio e Augusto7.
Discours de Bari pour l’inauguration de la Fiera del Levante, le 6 septembre 1934
Le peuple italien a donné, au cours de ses trois mille ans d'histoire, de formidables exemples d'organisation
d'organisation juridique, politique et sociale. [...]. C'est sur les rives de la Méditerranée que sont nées les
grandes philosophies, les grandes religions, la grande poésie et un empire qui a laissé des traces indélébiles
dans l'histoire du monde.
C'est sur les rives de la Méditerranée que les grandes philosophies, les grandes religions, les grandes
poésies et un empire qui a laissé des traces indélébiles dans l'histoire de tous les peuples civilisés.
de tous les peuples civilisés. Trente siècles d'histoire nous permettent de regarder avec une pitié souveraine
certaines doctrines d'au-delà des Alpes [sic].
doctrines d'au-delà des Alpes [sic], soutenues par les descendants de peuples qui ont ignoré l'écriture, avec
laquelle ils transmettent les documents de leur vie, et qui n'ont pas su s'adapter à l'évolution de la société.
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En dépit de ces affirmations péremptoires, il s’agit comme d’habitude de propos très peu
solides. Dès que les relations entre les deux pays se renforcent, les peuples germaniques
vont bénéficier d’une sorte de reconnaissance historique « classique » : s’il n’est pas possible
de les associer aux Romains, on peut néanmoins mettre en avant leur longue appartenance à
l’Empire et leur valeur de guerriers. Les racines aryennes -supposées communes- des deux
peuples permettent aussi le partage de certains symboles latins :Ce n’est qu’à partir à partir
de 1938 que l’idéologie « romaine » sera réellement mise au
service du discours raciste et aryaniste, et que Mussolini changera radicalement de ton. Dans
un discours de 1938, il affirme :
Il problema razziale è per me una conquista importantissima, ed è importantissimo averlo introdotto
nella storia d’Italia. I romani antichi erano razzisti fino all’inverosimile. […] Anche qui, eravamo
dinnanzi ad un complesso di inferiorità. Anche qui, ci eravamo convinti che noi non siamo un popolo,
ma un miscuglio di razze. […] Bisogna mettersi in mente che noi non siamo camiti, che non siamo
semiti, che non siamo mongoli. E allora, se non siamo nessuna di queste razze, siamo evidentemente
ariani e siamo venuti dalle Alpi del Nord. Quindi siamo ariani di tipo mediterraneo, puri. Le
invasioni barbariche dopo l’impero erano di poca gente. […] Da almeno millecinquecento anni, le
nostre genti si sono raggruppate tra loro, ragione per cui la loro razza è pura, soprattutto nelle
campagne. […] Queste cose probabilmente i cattolici non le sanno, ma noi le sappiamo. Ecco perché
le leggi razziali dell’Impero saranno rigorosamente osservate […] Perché l’Impero si conservi
bisogna che gli indigeni abbiano nettissimo, predominante, il concetto della nostra superiorità10.
Edoardo Susmel et Duilio Susmel (éd.), Opera Omnia de Mussolini, vol. XXIX, Dal viaggio in
Germania
all’intervento dell’Italia nella Seconda guerra mondiale (1 ottobre 1937 – 10 giugno 1940),
Firenze, La Fenice
1951-1957, p. 190.

La question raciale est pour moi une réalisation très importante, et il est très important de l'avoir
introduite dans l'histoire de l'Italie.
dans l'histoire de l'Italie. Les anciens Romains étaient racistes à l'extrême. [...] Ici aussi, nous
avons été confrontés à un complexe d'infériorité.
nous étions confrontés à un complexe d'infériorité. Ici aussi, nous étions convaincus que nous
n'étions pas un peuple,
mais un mélange de races. [...] Nous devons nous rappeler que nous ne sommes pas des
Camhites, que nous ne sommes pas des Sémites, que nous ne sommes pas des Mongols.
Sémites, que nous ne sommes pas des Mongols. Et donc, si nous ne sommes aucune de ces races,
nous sommes évidemment des
Aryens et nous venons des Alpes du Nord. Nous sommes donc des Aryens de type méditerranéen,
purs. Les
Les invasions barbares après l'empire ont été peu nombreuses. [...] Pendant au moins mille cinq
cents ans, notre peuple s'est regroupé.
notre peuple s'est groupé, c'est pourquoi sa race est pure, surtout dans les campagnes.
campagne. [...] Ces choses, les catholiques ne les savent sans doute pas, mais nous, nous les
savons. C'est pourquoi les lois raciales de l'Empire seront strictement observées [...] Pour que
l'Empire soit préservé
il est nécessaire que les indigènes aient une idée très claire et prédominante de notre supériorité

On constate à quel point les idées de Mussolini à ce sujet ont changé, et en très peu de
temps. Les Romains deviennent ainsi les premiers racistes de l’histoire moderne, et c’est
Auguste qui aura le rôle de principal porte-drapeau du « racisme d’antan ». Comme le ton
mussolinien a changé, le discours des historiens change aussi dans sa façon de parler de
Rome et de la romanité, notamment dans les supports scolaires. En voici un exemple, avec
deux textes publiés à dix ans de distance l’un de l’autre, le premier datant de 1930 et le
second de
1941 :
Tout d’abord penchons-nous sur les couleurs de la source :
Dans ce cas-là la couleur du rouge est utilisée non pas comme nous l’avions vu jusqu’à
maintenant comme étant la couleur du communisme. Cette fois ci le rouge est utilisé pour
marquer et s’imposer, contraster avec les autres couleurs, ainsi cela représente la volonté du
fascisme de s’imposer en tant que parti étant donné que c’est une affiche électorale.
Le deuxième élément très important de cette source iconographique est le salut romain
utilisé par le parti fasciste déjà en 1924. Ce salut a été adopté par le parti nazi bien plus tard
1933.

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