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FORGERONS
ET
ALCHIMISTES
DU MÊME AUTEUR
FORGERONS
ET
ALCHIMISTES
Nouvelle édition corrigée
et augmentée.
IDÉES ET RECHERCHES
Collection dirigée
par Yves Bonnefoy
FLAMMARION, ÉDITEUR
26, rue Racine, Paris (VIe)
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jeunesse, ouvrages d’utilité pratique...
© Flammarion, 1977.
Printed in France.
IN MEMORIAM
io. Pour ces motifs mythiques et les rites qui en dérivent, voir notre
Ttaité d’Histoire des Religions, pp. 293 sq., et notre étude « La Terre-
Mère et les Hiérogamies cosmiques » (Eranos-Jahrbuch, XXII, 1954),
pp. 87 sq. (republiée dans Mythes, rêves et mystères, Paris, 1957).
3. LE MONDE SEXUALISÉ
FORGERONS ET ALCHIMISTES
32 FORGERONS ET ALCHIMISTES
Children of the Sun, p. 401. Nous avons affaire ici avec la coalescence
de plusieurs croyances : à l’idée des esprits auxiliaires des chamans s’est
surajoutée la notion de la « pierre vivante » et celle des pierres magiques
avec lesquelles est farci le corps du chaman; cf. Éliade,Le Chamanisme,
pp. 133 sq. et passim.
8. Cf. en dernier lieu, Robert Halleux, « Fécondité des mines et
sexualité des pierres dans l’antiquité gréco-romaine » (Revue belge de
Philologie et d’Histoire, 48, 1970, pp. 16-25).
9. Les Livres de Hierome Cardanus, trad. 1556, pp. 106, 108,
cité par G. Bachelard, pp. 244, 245.
10. Bacon, Sylva sylvarum, III,p. 153, cité par G. Bachelard,p. 244.
38 FORGERONS ET ALCHIMISTES
.,
5. Id p. 253.
6. W. W. Skeat, Malay Magic, pp. 271-272.
7. Cline, Mining and Metallurgy in Negro Africa, pp. 117, 119.
48 FORGERONS ET ALCHIMISTES
i. Sarat Chandra Roy, The Birhor s (Ranchi, 1925), pp. 402 sq.
SACRIFICES HUMAINS AUX FOURNEAUX 55
pierres précieuses. A l’instigation du Dieu, les forgerons
l’imitèrent. Leurs femmes manœuvraient les soufflets et
les forgerons, brûlés vifs, hurlaient dans les fourneaux.
Sing-bonga rassura les épouses : leurs maris criaient
parce qu’ils étaient en train de diviser les trésors. Les
femmes continuèrent leur besogne jusqu’à ce que les
forgerons eussent été complètement réduits en cendres.
Ht comme elles demandaient alors ce qu’elles allaient
devenir, Sing-bonga les transforma en bhut, esprits des
collines et des rochers2.
Enfin, un mythe analogue est attesté chez les Oraons.
[.es douz£ frères Asûr et les treize frères Lodha, tous
des forgerons fameux, irritent Bhagwan (= Dieu)
avec la fumée de leurs fourneaux. Sous l’aspect d’un
vieillard malade, Bhagwan descend sur la Terre, où il
est hébergé par une veuve, et les forgerons l’ayant consulté
pour la réparation de leurs fourneaux, finirent, comme
dans le mythe munda, par être brûlés vifs 3.
Les Asûr constituent une tribu du forgerons qui
vivaient, très probablement, au nord du Penjab. Ils en
furent chassés par les envahisseurs aryens vers leur habitat
actuel dans les montagnes de Chota Nagpur. Walter
Ruben a montré les rapports probables entre les Asûr
et les Asura des hymnes védiques, ennemis des dieux
(deva), avec lesquels ils avaient d’innombrables com
bats 4. On mesure l’intérêt des traditions mythologiques
concernant les forgerons Asûr et conservées par les
peuples voisins munda et dravidiens (Oraon). Dans
le propos qui nous occupe, il importe de souligner sur
tout le motif du sacrifice humain associé à la métallurgie,
motif à demi voilé dans les mythes que nous venons de
résumer. Sous leur forme actuelle, ces mythes nous
frappent par la haine du fer et de la métallurgie. Au
jugement des populations voisines, les forgerons Asûr
trouvaient dans la braise de leurs fourneaux une mort
méritée, parce qu’ils avaient affronté et irrité le Dieu
5. Ibid. p. 408.
6. A. Popov, « Consécration ritual for a blacksmith novice among the
Yakuts » (.Journal of American Folklore, 46, 1933, pp. 257-271), p. 257.
7. A. Popov, ibid., p. 258; Éliade, Le Chamanisme, p. 409.
8. A. Popov, pp. 260-261; Éliade, op. cit.y p. 409.
68 FORGERONS ET ALCHIMISTES
19. Evel Gasparini, VErgologia degli Slavi (Venezia, 1951)3 pp. 172
sq., 179.
/
lORGERONS DIVINS ET HÉROS CIVILISATEURS 8l
de l’ambivalence magico-religieuse du fer; comme tout
objet sacré, le métal est à la fois dangereux et bénéfique.
L’attitude ambivalente à l’égard des métaux et du forgeron
est attestée à peu près universellement.
10. FORGERONS, GUERRIERS, MAÎTRES
D’INITIATION
17. Cité par Waley, Notes on Chinese Alchemy, p. 15; cf. aussi
Lo-Ch’iang Wu et T. L. Davis, An anciènt chinese treatise on alchemy,
p. 255 (ch. LIX de Ts’an T’ung Ch’i).
104 FORGERONS ET ALCHIMISTES
18. Cf. notre Yoga, p. 396. R. H. Van Gulik, Erotic color prints,
pp. 115 sq. JongTch’eng Kong connaissait parfaitement la méthode
de « réparer et conduire » (expression fréquemment employée pour
désigner les techniques sexuelles taoïstes, « pratiques de la chambre à
coucher »). « Il puisait l’essence dans la Femelle mystérieuse; son
principe était que les Esprits vitaux qui résident dans le Val ne meurent
pas, car par eux s’entretient la vie et se nourrit le souffle. Ses cheveux
qui étaient blancs redevinrent noirs, ses dents qui étaient tombées
repoussèrent. Ses pratiques étaient identiques à celles de Lao-tseu.
On dit aussi qu’il fut le maître de Lao-tseu » (Max Kaltenmark,
Le Lie-sien Tchouan, pp. 55-56). Chez Lao-tseu, la Femelle mystérieuse
désigne la Vallée d’où le monde est sorti; cf. R. Stein, op. cit., p. 98.
Mais dans le texte que nous venons de citer, cette expression se
rapporte au microcosme et a une signification physiologique précise
(M. Kaltenmark, p. 56, n. 3). La pratique consistait à absorber
l’énergie vitale des femmes qu’on approchait : « cette énergie, pro
venant des sources mêmes de la vie, procurait une longévité considé
rable » (ibid., p. 57). « Ko Hung affirme qu’il y avait plus de dix auteurs
traitant des pratiques sexuelles taoïstes et que l’essentiel de toutes ces
méthodes consistait à « faire revenir l’essence pour réparer le cerveau »
(ibid.). Cf. aussi ibid.y pp. 84, 181-182.
19. Trad. Johnson, A Study of Chinese Alchemy, p. 48. Cf. Ware,
op. cit.y pp. 59 sq.
io6 FORGERONS ET ALCHIMISTES
4. Voir la bibliographie dans notre Yoga, pp. 278 sq., 398 sq. Voir
aussi Note L.
112 FORGERONS ET ALCHIMISTES
10. Cf. les fragments du Rasârnava dans P. C. Ray, op. cit., I, p. 68.
Le texte intégral du Rasârnava a été édité par Ray dans la Bibliotheca
Indica (Calcutta).
11. Cf. Ray, op. cit., vol. I, p. 59, texte du Siddha Yoga du médecin
Vrinda.
12. Cf. les textes cités par Ray, I, p. 55.
n6 FORGERONS ET ALCHIMISTES
mésopotamiens du VIIe siècle av. J.-C. : « Celui qui sait peut montrer
à celui qui sait, mais celui qui sait ne doit pas montrer à celui
qui ne sait pas » — se trouve déjà dans les recettes pour la fabri
cation du verre de la période cassite, dix siècles auparavant; cf. Forbes,
op. cit.i p. 127. Dans la littérature alchimique alexandrine abondent
les objurgations et les serments interdisant de communiquer aux
profanes les vérités ésotériques. Ostanès « a voilé les mystères avec la
même précaution que la prunelle de ses yeux; il a ordonné qu’ils ne
soient pas livrés aux disciples qui n’en étaient pas dignes, etc. »; voir
d’autres exemples dans J. Bidez et F. Cumont, Les Mages hellénisés,
II, pp. 315 sq. L’obligation du secret de Yopus alchymicum s’est
maintenue de la fin du monde antique jusqu’à nos jours. D’ailleurs, la
communication des « secrets de métier » par voie d’écriture est une
illusion de l’historiographie moderne. S’il existe une littérature qui a
prétendu « révéler les secrets », c’est bien la littérature tantrique. Or,
dans cette masse considérable d’écrits, on ne trouve jamais les indi
cations pratiques indispensables au sâdhana : dans les moments
décisifs, il faut disposer d’un maître, ne fût-ce que pour vérifier
l’authenticité de l’expérience.
4. On trouvera l’état des questions et un choix de textes, dans le
clair exposé du R. P. Festugière, La Révélation d'Hermès Trismégiste3
I, pp. 217 sq. Voir R. P. Multhauf, The Origins of Chemistry,pp. 103-
116; H. E. Stapleton, « The antiquity of alchemy » et la bibliographie
enregistrée dans la Note N.
5. H. E. Stapleton estime que l’origine de l’alchimie alexandrine
doit être cherchée non pas dans l’Égypte hellénistique, mais en Syrie,
à Harran; c’est là qu’il situe l’auteur du Traité d'Agathodaimon,
texte écrit probablement en 200 avant J.-C., donc, selon Stapleton,
avant Physika kai Mystika; cf. « The Antiquity of Alchemy », Ambix,
V, 1953, pp. 1-43. Cette hypothèse qui, entre autres, explique l’essor
124 FORGERONS ET ALCHIMISTES
1. Cf. des exemples dans Jung, Psychologie und Alchemie, pp. 442
sq.
2. Cf. John Read, Préludé to Chemistry, p. 132. Sur Vaqua perma-
nens, voir les textes cités par Jung, op. cit., pp. 320 sq.
3. Texte cité par R. D. Gray, Goethe the Alchemist (Cambridge,
1952)» P- 14-
ARCANA ARTIS 131
de réduire tous les métaux, et les minerais qui sont de
nature métallique, dans leur première matière mer
curielle »4. Un traité attribué à « Alphonse, roi de
Portugal », précise que « notre dissolution n’est pas
autre chose que le fait de ramener le corps à l’humidité
[...]. Le premier résultat de cette opération est la réduc
tion du corps à l’Eau, c’est-à-dire au Mercure, et c’est
là ce que les Philosophes appellent solution et qui est
le fondement de l’Œuvre tout entière 5. » D’après certains
auteurs, la dissolution serait la première opération;
d’après d’autres, ce serait la calcination, la réduction à
l’amorphe par le Feu. Quoi qu’il en soit, le résultat est
le même : la « mort ».
Cette réduction alchimique à la prima materia est
susceptible d’innombrables interprétations et homolo
gations : elle peut être valorisée notamment comme une
régression au stade pré-natal, un regressus ad uterum.
Le symbolisme séminal est attesté, par exemple, dans un
codex étudié par Carbonelli, où l’on dit qu’avant d’utiliser
l’or dans Yopus, « il est nécessaire de le réduire en
sperme »6. Le vas mirabile, dont Marie la Prophétesse
proclamait que tout le secret alchimique résidait en lui,
est « une espèce de matrix ou utérus duquel va naître
le filius philosophorum, la Pierre miraculeuse » (Jung,
Psychologie und Alchemie, p. 325). « Le vase est semblable
à l’ouvrage de Dieu dans le vase de la divine germina
tion », écrit Dorn 7. Selon Paracelse, « celui qui veut entrer
dans le Royaume de Dieu doit premièrement entrer
avec son corps dans sa mère et là mourir ». Toujours
d’après Paracelse, le monde entier doit « entrer dans sa
mère », qui est la prima materia, la massa confusa, Yabyssus,
pour pouvoir acquérir l’éternité8. Suivant John Por-
dage, le Bain Marie est « la place, la matrix et le centre
d’où la divine teinture coule de sa source et origine »9.
16. Voir surtout Psychologie und Alchemie, pp. 469 sq. Albert-Marie
Schmidt présentait le parallélisme Christ-Pierre Philosophale en
d’heureuses formules : « Ils professent la croyance que pour parfaire
le “ Grand Œuvre ”, régénération de la matière, ils doivent poursuivre
la régénération de leur âme. Cette gnose tâche vite à prendre un aspect
chrétien. De même que dans leur vase scellé, la matière meurt et
ressucite, parfaite; de même, ils souhaitent que leur âme, succombant
au trépas mystique, renaisse pour mener en Dieu une existence
extasiée. Ils se targuent en toutes choses de se conformer à l’exemple
du Christ, qui dut, pour la vaincre, subir, ou plutôt accepter, l’atteinte
de la mort. Ainsi pour eux l’imitation du Christ est non seulement une
méthode de vie spirituelle, mais encore un moyen de régler le cours
des opérations matérielles d’où proviendra le magistère. La célèbre
parole évangélique : si le grain ne meurt, vaut à la fois pour la matière et
pour l’âme. Un même vitalisme occulte, par la grâce de Dieu, stimule
l’une et l’autre » {La Poésie scientifique en France au XVIe siècle, p. 319).
Cf. aussi J. Évola, La Tradizione ermetica, pp. 168 sq.
ARCANA ARTIS 135
suivaient leur propre perfection17. Le Liber Platonis
quartorum (dont l’original arabe ne peut pas être posté
rieur au Xe siècle), accorde une grande importance au
synchronisme entre Yopus alchymicum et l’expérience
intime de l’adepte. « Les choses sont rendues parfaites
par leurs semblables, et c’est pourquoi l’opérateur doit
participer à l’opération » (oportet operatorem interesse
operi) 18. Le même texte recommande l’usage d’un occiput
comme vase de transformation, parce que le crâne est le
récipient de la pensée et de l’intellect (os capitis... vas
mansionis cogitationis et intellectus ; cité par Jung, op. cit.,
p. 365, n. 3). L’adepte doit se transformer lui-même en
Pierre Philosophale. « Transformez-vous de pierres
mortes en vivantes pierres philosophales », écrit Dorn
(transmutemini de lapidibus mortuis in vivos lapides philo-
sophicos ; cité par Jung, p. 367, n. 1). Et Morienus
s’adresse en ces termes au roi Kallid : « Car cette sub
stance (c’est-à-dire, celle qui recèle le secret divin) est
extraite de vous et vous êtes son minerai (c’est-à-dire, la
matière brute); ils (les adeptes) la trouvent en vous et,
pour parler plus exactement, de vous ils la prennent »
(cité par Jung, p. 426, n. 1). De son côté, Gichtel écrit à
propos de l’opération albedo (qui, dans certains contextes,
désigne la première transmutation hermétique : celle du
plomb ou cuivre, en argent) : « Nous ne recevons pas
uniquement une nouvelle Ame avec cette régénération,
mais aussi un Corps nouveau [...]. Ce Corps est extrait
du Verbe Divin ou de la Sophia céleste [...]. Il est spiri
tuel, plus subtil que l’Air, semblable aux rayons du
Soleil qui pénètrent tous les corps, et aussi différent du
vieux corps que le Soleil resplendissant l’est de la Terre
obscure; et bien qu’il reste dans le vieux Corps, celui-ci
ne peut pas le concevoir, encore qu’il arrive parfois à le
sentir19. »
33. Voir nos livres, Le Chamanisme, pp. 99 sq.;Le Yoga, pp. 251 sq.;
394 sq. et notre étude Techniques de Vextase et Langages Secrets. Cf.
aussi René Alleau, Aspects de Valchimie traditionnelle, pp. 91 sq.
34. Préface à VOpus Mago-Cabbalisticum, cité par R. D. G ray ,
Goethe the Alchemist, p. 19.
142 FORGERONS ET ALCHIMISTES
38. Cf. R. P. Multhauf, The Origins of Chemistry, pp. 135 sq. Sur
l’élixir de l’or, dans l’alchimie occidentale, voir J. Ruska, Das Buch
der Alaun and Salze, pp. 64 sq. Le Livre des Alauns et des Sels est un
texte arabe du xne siècle, attribué à Ibn Râzi.
39. Textes cités par Ganzenmüller, op. cit., p. 158.
40. Cité par Ganzenmüller, op. cit., p. 159. Sur ce texte, voir
Denis Duveen, « Le Livre de la Très Sainte Trinité » (Amhix, III, 1948,
pp. 26-32).
144 FORGERONS ET ALCHIMISTES
41. Voir notre Yoga, pp. 276 sq., 324 sq., et notre Chamanisme,
PP- 365 sq.
42. Voir Le Chamanisme, p. 380. Cf. Mephistophélès et l’Androgyne
(1962), pp. 200 sq. (sur le « miracle de la corde »).
15. ALCHIMIE, SCIENCES NATURELLES
ET TEMPORALITÉ
★
**
Ce n’est pas au moment où l’alchimie disparaît
de l’actualité historique et que la somme de son savoir
empirique, chimiquement valable, se trouve déjà inté
grée dans la chimie, ce n’est pas à ce moment-là, ni dans
cette jeune science, qu’il faut traquer la survivance de
l’idéologie des alchimistes. La nouvelle science chimique
n’utilise que leurs découvertes empiriques, qui ne repré
sentent pas, si nombreuses et importantes qu’on les
suppose, le véritable esprit de l’alchimie. Il ne faudrait
pas croire que le triomphe de la science expérimentale
a réduit à néant les rêves et l’idéal des alchimistes.
Au contraire, l’idéologie de la nouvelle époque, cristalli
sée autour du mythe du progrès infini, accrédité par les
sciences expérimentales et par l’industrialisation, cette
idéologie qui domine et inspire tout le XIXe siècle,
reprend et assume, en dépit de sa radicale sécularisation,
le rêve millénaire de l’alchimiste. C’est dans le dogme
spécifique du XIXe siècle — que la vraie mission de
l’homme est de changer et de transformer la Nature,
qu’il peut faire mieux et plus vite que la Nature, qu’il
est appelé à devenir le maître de la Nature — c’est dans ce
dogme qu’il faut chercher la suite authentique du rêve
des alchimistes. Le mythe sotériologique du perfection
nement et, en définitive, de la rédemption de la Nature,
survit, camouflé, dans le programme pathétique des
sociétés industrielles, qui visent à la « transmutation »
totale de la Nature, à sa transformation en « énergie ».
C’est dans ce XIXe siècle dominé par les sciences physico
chimiques et par l’essor industriel, que l’homme par
vient à se substituer au Temps dans ses rapports avec la
Nature. C’est alors que se réalise, dans des proportions ini
maginables jusque-là, son désir de précipiter les rythmes
temporels par une exploitation de plus en plus rapide
et efficace des mines, des houillères, des gisements pétro
lifères; c’est alors surtout que la chimie organique, tout
entière mobilisée pour forcer le secret des bases minérales
de la Vie, ouvre la voie aux innombrables produits
« synthétiques »; et on ne peut s’empêcher de remarquer
que les produits synthétiques démontrent, pour la pre
mière fois, la possibilité d’abolir le Temps, de préparer
dans le laboratoire et l’usine des substances dans des
quantités telles qu’il aurait fallu à la Nature des millé-
154 FORGERONS ET ALCHIMISTES
♦ NOTE B
MYTHOLOGIE DU FER
NOTE C
MOTIFS ANTHROPOGONIQUES
NOTE D
NOTE E
NOTE F
NOTE G
PETRA GENITRIX
NOTE H
NOTE I
l’ « ALCHIMIE » babylonienne
NOTE J
l’alchimie chinoise
NOTE K
NOTE L
l’alchimie indienne
NOTE M
NOTE N
NOTE P
C. G. JUNG ET L’ALCHIMIE
NOTE R
l’alchimie a l’époque
DE LA RENAISSANCE ET DE LA RÉFORME
A B
en
Elixir de l’immortalité,
Chine, 94 sq., 103 sq. H
Embryons, minerais assimi
lés aux —, 34 sq., 61 sq. Héros civilisateur, forgeron
Etain, considéré vivant, 46. mythique africain en tant
que —, 78 sq.
Homo faber, 121, 145 sq.;
F mythologie de F—, 85.
Fer, météorique, 16 sq.;
« — du Ciel », 17; sacra I
lité du —,21 sq.; contre
les démons, 22; haine
du —, 55; légende sur Immortalité, pilules d’—,
l’origine du —, 57 sq.; 98 sq.
mythologie du —, 161. Immortels, mythes chinois
Feu, « maîtres du—», 65 sq.,
des—, 94 sq.
Inceste philosophale, 131 sq.
70 sq.; — change la Na
Indra, 84.
ture, 146 sq.; symbo
lisme sexuel du —, 163. Initiations, — chama
« Fœtus », 63. niques, 69 sq.; — et al
Forgerons, mythiques en chimie, 119 sq.
Afrique, 74 sq.; outils
du —, 23 sq.; — afri
cains, 30, 50, 74 sq.; en J
Sibérie, 67 sq.; à Java,
72 sq.; rapports avec les 96 sq.
Jade,
chamans, 67 sq. ; — et les Jung(C. G.), — et l’alchi
poètes, 73 sq.; — en tant mie, 133 sq., 177 sq.
INDEX DES SUJETS 185
Avant-Propos........................................................................ 6
Post-scriptum à la deuxième édition............................... 13
1. Météorites et métallurgie.............................................. 14
2. Mythologie de l’âge du fer. . .................................... 21
3. Le Monde sexualisé....................................................... 27
4. Terra Mater. Petra Genitrix . •................................. 35
5. Rites et mystères métallurgiques !........................... 45
6. Sacrifices humains aux fourneaux............................... 54
7. Symbolismes et rituels métallurgiques babylo
niens .............................................................................. 60
8. Les «Maîtres du Feu». ....... ......................................... 65
9. Forgerons divins et Héros C i v i l i s a t e u r s . . . . 72
10. Forgerons, guerriers, maîtres d’initiation ... 82
11. L’alchimie chinoise............................................. ... . 92
12. L’alchimie indienne..................................................... 107
13. Alchimie et initiation.................................................. 119
14. Arcana Artis..................................................................130
15. Alchimie, sciences naturelles et temporalité . . 145
Note A : Météorites, pierres de foudre, débuts de
la métallurgie...................................................................159
Note B : Mythologie du fer.................................................. 161
Note C : Motifs anthropogoniques......................................161
Note D : Fertilisation artificielle et rites orgias-
tiques................................................................................162
Note E : Symbolisme sexuel du feu.................................... 163
Note F : Symbolisme sexuel du triangle.............................163
Note G : Petra Genitrix........................................................164
Note H : L’alchimie dans la littérature anglaise. . 165
Note I : L’« alchimie » babylonienne................................. 165
Note J : L’alchimie chinoise................................................166
i88 FORGERONS ET ALCHIMISTES
y iP
C H A M P ANTHROPOLOGIQUE
FH 1012