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Je dédie ce mémoire :
A mon père Hassani YOUSSOUF, pour avoir inculqué à tous ses enfants l’intégrité,
la dignité et la persévérance. Je ne saurai ignorer toutes les peines que vous vous êtes
données pour que je sois ce que je suis.
A ma chère mère FATIMA Saïd Ali Omadar, qui a toujours fait preuve de patience
et de sagesse. Je ne pourrais parvenir à ce niveau sans vos conseils et prières.
i
REMERCIMENT
Je tiens avant tout à rendre grâce au Seigneur tout puissant ALLAH pour m’avoir donné la
force et la persévérance ainsi que sa bonté qui m’a permis de réaliser le présent travail.
Entière est ma reconnaissance pour ma famille. Que dans l’aboutissement de ce travail, elle
trouve le couronnement de son soutien indéfectible tant moral que matériel.
Certes, la liste n’est pas exhaustive. Outre tous ceux que nous avons nommément énumérés
ci-dessus, j’adresse ma reconnaissance à toute personne physique ou morale qui aurait
intervenu d’une manière ou d’une autre dans ma formation et/ou dans la rédaction de ce
mémoire.
ii
RESUME
L’emprunt extérieur a été pendant longtemps considéré comme une source de financement
des déficits budgétaires de plusieurs pays. Les crises économiques et financières
internationales survenues durant les années 70 et 80 ainsi que les déséquilibres
macroéconomiques ont contraint les Etats à s’endetter auprès des bailleurs de fonds. Après
plusieurs années, le niveau d’endettement de certains pays était si élevé qu’ils étaient dans
l’incapacité d’honorer leurs engagements, d’où la naissance de la crise d’endettement.
Le Sénégal à l’instar de plusieurs pays en développement ne sera pas épargné par cette crise.
Cette étude a pour objectif principal d’analyser l’impact de l’endettement public extérieur sur
la croissance économique au Sénégal.
A cet effet, un modèle vectoriel autorégressif non restreint d’ordre 3 est ajusté aux données
sur la période 1980-2020.
De plus, les résultats du modèle ajusté, ont montré que la dette n’impacte pas
significativement la croissance économique (0,242 > 5%).. Les résultats du test causalité de
Granger n’ont détecté aucune relation causale entre l’endettement extérieure et la croissance
économique (0,242 > 5%).
En outre, aucune corrélation significative n’a été noté entre l’endettement public extérieure et
la croissance économique(0,242 > 5%).
iii
ABSTRACT
External borrowing has long been considered a source of financing the budget deficits of
several countries. The international economic and financial crises that occurred during the
1970s and 1980s, as well as macroeconomic imbalances, forced States to run up debt with
donors. After several years, the level of indebtedness of certain countries was so high that
they were unable to honor their commitments, hence the birth of the debt crisis.
Senegal, like several developing countries, will not be spared by this crisis.
The main objective of this study is to analyze the impact of external public debt on economic
growth in Senegal.
For this purpose, an unrestricted vector autoregressive model of order 3 is fitted to data over
the period 1980-2020.
In addition, the results of the adjusted model showed that debt does not significantly impact
economic growth (0.242 > 5%). The results of the Granger causality test did not detect any
causal relationship between external indebtedness and economic growth (0.242 > 5%).
In addition, no significant correlation was noted between external public debt and economic
growth (0.242 > 5%).
iv
SOMMAIRE
DEDICACES ................................................................................................................................... I
REMERCIMENT ............................................................................................................................ II
ABSTRACT................................................................................................................................... IV
SOMMAIRE .................................................................................................................................. V
v
1.13 Interprétation de résultats de l’estimation ........................................................................................ 43
DISCUSSION............................................................................................................................... 46
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES.............................................................................................. 47
ANNEXE ..................................................................................................................................... 50
vi
Liste des tableaux et figures
A. Figures
B. Tableaux
vii
ABREVIATIONS & SIGLES
ADF : Augmented Dickey Fuller
BM : Banque Mondiale
PP : Phillips Perron
viii
PIB : Produit Intérieur Brut
ix
INTRODUCTION GENERALE
Le développement auquel aspire chaque pays dépend en grande partie des investissements
consentis et infrastructures disponibles pour les actions productives. Tout ceci demande des
ressources énormes et lorsque l’épargne intérieure est faible, les pays recourent à l’extérieur
par le bais de l’emprunt. Le phénomène de l’endettement est donc une conséquence naturelle
des activités économiques. Il vient du fait que certains pays ou institutions ont des excédents
financiers et d’autres des besoins de financements. La dette ainsi créée est supposée générer la
croissance et le développement. L’endettement permet donc à un pays d’investir des capitaux
au-delà de ses propres disponibilités financières en empruntant des excédents de capitaux
(Klein, 1994). Pour générer des ressources et pouvoir rembourser l’emprunt, ce dernier doit
être utilisé de manière efficace et dans des secteurs productifs.
Contexte et problématique
Encouragés par un contexte favorable (croissance rapide et taux d'intérêt peu élevés), la
plupart des pays en développement (PED) ont été amenés à avoir recours à des crédits
importants auprès des institutions financières internationales(IFI). La dette leur permettait de
réaliser des taux de croissance élevés (BAÏLO, 2007).
Il est important pour un pays d'emprunter à l'étranger afin d'ajuster ses recettes et dépenses.
Cette possibilité d'emprunt procure de vastes perspectives, mais cela peut aussi exposer le
pays à de graves dangers. A la base de toute théorie d'endettement, la capacité de
remboursement du pays endetté et le seuil de l'endettement supportable s'y trouvent. La
contrainte de remboursement ne se justifie que si elle est annexée au taux de croissance de
l'économie, à un ajustement des structures économiques par choix des investissements
productifs qui permettent, par le biais de l'accroissement des exportations, le paiement du
service de la dette en devises.
La mobilisation des ressources financières est une condition nécessaire de tout processus de
développement. Mais alors, l'écart entre le besoin d'investissement nécessaire et les ressources
disponibles était visiblement énorme. C'est pourquoi la plupart ont dû se baser sur un fort
endettement qu'ils devraient désormais gérer suite à l'augmentation des besoins qui ont très
vite dépassé leur capacité de financement.
1
Dans certains cas, le remboursement de la dette extérieure est devenu un frein au
développement économique à partir du moment où l’investissement public qui est supposé
être le moteur de la croissance et du développement économique, se trouve conditionné par
toutes les contraintes qui entourent le remboursement de la dette. Pour tenter d’y remédier,
ces pays en difficulté ont bénéficié des prêts considérables, assortis souvent des conditions
très concessionnelles, qui devraient permettre leur décollage rapide en favorisant
l’investissement et en accélérant la croissance (PATILLO et al, 2002).
Le Sénégal, comme tant d’autres pays en développement, n’est pas épargné par cette crise
d’endettement. Durant les années 80, l’économie du Sénégal était caractérisée par un faible
taux de croissance, une détérioration des termes de l’échange et du solde courant et global de
la balance des paiements, une épargne intérieure très faible, un endettement excessif, et un
service de la dette insoutenable. En effet, de 1960 à 19801, le taux de croissance du PIB est
resté modeste en se fixant à environ 2,3 % en moyenne annuelle, soit nettement en deçà du
taux de croissance de la population qui se situait à peu près de 3%. Le service de la dette qui
ne représentait que 3,8% de la valeur des exportations en 1970, s'accentue pour se fixer à
25,7% en 1981 pour une dette extérieure qui atteint 31,6% du PIB.
Face à une situation économique qui ne cesse de se détériorer et une hausse de plus en plus
considérable de la pauvreté dans le pays, l’Etat du Sénégal va négocier des rééchelonnements
de sa dette en 1981 au Club de Paris. Durant la période 1980/1988, le Sénégal avait contracté
sept rééchelonnements dont deux auprès du club de Londres.
1
Banque mondiale
2
Somme toute, le Sénégal reste dans le cercle vicieux de l’endettement, se traduisant par un
niveau élevé de l’emprunt extérieur et une situation économique du pays qui ne cessait de se
détériorer. En effet, l’endettement public des PPTE en l’occurrence le Sénégal peut être le
symptôme d’un problème beaucoup important : la faiblesse de la croissance économique. De
ce fait, notre préoccupation est de répondre à l’interrogation suivante : « Quel est l’impact de
l’endettement public extérieur sur sa croissance économique du Sénégal ? »
Au regard de la problématique, l’objectif de cette recherche est de voir l’impact de la dette sur
le PIB par habitant du Sénégal. De façon plus spécifique cette recherche vise à analyser
l’efficacité de l’utilisation de la dette extérieure et ses conséquences au niveau de l’économie
sénégalaise, ainsi que les décisions prises par les autorités sénégalaises dans le cadre de leur
politique de gestion de la dette.
H1 : La dette publique extérieure cause au sens de Granger le taux de croissance réel par
habitant.
Intérêt du sujet
De grands débats ont eu lieu autour de la question de la dette extérieure et son impact sur la
croissance économique des pays à faible revenu. Un constat a été fait en matière de la dette
des pays pauvres : les emprunts contractés aujourd’hui servent non à financer les
investissements productifs mais plutôt à rembourser les prêts consentis de la période
précédente (TIDJANE, 2008). Ces économies se retrouvent alors dans un cercle vicieux.
La dette extérieure est devenue insupportable et préoccupante pour ces pays. A cet effet, un
grand nombre de pays (notamment le Sénégal) ont bénéficié à présent d’un allégement de leur
dette dans le cadre de l’IPPTE.
Ainsi, la connaissance des enjeux de la dette extérieure est d’une importance capitale. Cette
étude sous le thème : « Impact de l’endettement public extérieur sur la croissance
économique au Sénégal » permettra aux décideurs économiques et politiques d’avoir une
stratégie de mise en œuvre des politiques économiques par rapport aux emprunts extérieurs et
3
une meilleure orientation de leurs décisions dans le sens d'une conduite optimale de la
politique d'endettement du pays.
Articulation du travail
Outre l’introduction, le premier chapitre définit les concepts de base et passe en revue la
théorie sur la dette publique et la croissance économique ainsi que les travaux antérieurs.
Le deuxième chapitre fera l’objet d’une présentation du lieu d’étude et de données ainsi que la
méthodologie adoptée.
Au troisième chapitre, nous allons présenter et interpréter les résultats. Sur base des résultats,
le travail est bouclé par une conclusion générale et des recommandations de politique
économique face à la problématique de l’endettement.
4
CHAPITRE1 : REVUE THÉORIQUE ET EMPIRIQUE
L’envergure que prend le phénomène d’endettement dans le contexte actuel nous a menés à
l’étude de son impact sur la croissance économique, en particulier pour les pays en voie de
développement(PVD) comme le Sénégal.
L’endettement public est le résultat d’un déséquilibre macroéconomique interne entre les
ressources disponibles et les engagements à honorer en termes de dépenses nécessaires. En
effet, si un pays dispose de ressources nécessaires pour assurer son fonctionnement de façon à
pouvoir réaliser ses projets de développement économique prévus, le problème ne se pose pas.
Dans ce cas, il n’y a pas de déficit et le financement des investissements productifs est rendu
facile de façon à permettre la croissance économique.
5
La dette publique peut être définie comme l’ensemble des emprunts contractés et garantis par
un Etat. Dans le domaine des finances publiques, la dette publique représente l’ensemble des
engagements financiers sous forme d’emprunt par l’Etat, les collectivités publiques et les
organismes qui en dépendent directement (PIRIOU, 2003).
La dette publique est la conséquence des déficits publics. Dans ce cas, l’Etat recourt au
financement du déficit par des ressources intérieures ou par l’emprunt à l’étranger. En
d’autres termes, selon l’origine des créanciers de l’Etat, on parle de dette intérieure et de dette
extérieure.
La dette extérieure peut être publique ou privée, bilatérale ou multilatérale ; elle peut être
aussi commerciale. Elle est publique quand elle est contractée par l’Etat ou par une société
privée avec la garantie de l’Etat. Elle est privée lorsqu’ elle est contractée par une société
privée suffisamment pour inspirer confiance aux préteurs en dehors de la garantie de l’Etat.
Elle est commerciale si elle concerne les engagements contractés par un Etat auprès des
banques étrangères commerciales.
6
1.1.1.3 Dette odieuse
Selon Alexander Sack, théoricien de cette doctrine, « Si un pouvoir despotique contracte une
dette non pas selon les besoins et les intérêts de l'Etat, mais pour fortifier son régime
despotique, pour réprimer la population qui le combat, cette dette est odieuse pour la
population de l'Etat entier. Cette dette n'est pas obligatoire pour la nation : c'est une dette de
régime, dette personnelle du pouvoir qui l'a contractée; par conséquent, elle tombe avec la
chute de ce pouvoir » (Sack, 1927)2
Ainsi, les dettes contractées à l'encontre des intérêts de la population du pays endetté sont «
odieuses » et, en cas de changement de régime, les nouvelles autorités ne sont pas tenues de
les rembourser. La doctrine de la dette odieuse trouve son origine au 19ème siècle. Une de ses
applications remonte à l'année 1898, lorsque les Etats-Unis prirent le contrôle de Cuba après
la guerre contre l'Espagne et que celle-ci leur demanda d'assumer la dette cubaine à l'égard de
la couronne espagnole, conformément au droit international. La Commission de négociation
des Etats-Unis refusa cette dette, la qualifiant de « poids imposé au peuple cubain sans son
accord ». Selon ses arguments, «la dette fut créée par le gouvernement de l'Espagne pour ses
propres intérêts et par ses propres agents. Cuba n'a pas eu voix au chapitre ». La Commission
ajouta que « les créanciers ont accepté le risque de leurs investissements ». Le litige fut éteint
par la conclusion d'un traité international entre les Etats-Unis et l'Espagne signé à Paris en
1898. La dette fut entièrement annulée3.
2
Cité par E. Toussaint (2004)
3
Voir M. Kremer et S. Jayahandran (2004)
7
PED. Les rencontres se font à l'initiative du débiteur, lesquelles se font dans différents centres
de finance internationale. Le Club n'existe que pendant les négociations. La présidence des
négociations s'effectue par une importante institution financière, alors que le comité est
composé de membres représentant les différents débiteurs, que ce soit des banques ou des
fonds d'investissement (surtout s'ils détiennent des obligations financières).
1.1.1.6 Soutenabilité
Le concept de soutenabilité se définit ordinairement par le fait qu’à long terme un rapport jugé
pertinent entre la dette et un flux de ressources (recettes publiques, exportations, PIB, etc.)
reste stable. La notion de soutenabilité est difficile à mettre en œuvre sur le plan empirique, et
particulièrement dans le cas des pays les plus pauvres pour lesquels les durées de
remboursement sont particulièrement longues (MOISSERON et RAFFINOT, 1999). La
soutenabilité de la dette suppose à la fois que l’État soit considéré comme :
solvable, c’est-à-dire que les créanciers aient un jugement positif sur sa capacité à
rembourser sa dette sur le long terme. Ces éléments reposent largement sur la confiance des
créanciers et la crédibilité des autorités.
D'après le FMI (2003), « la dette d'un pays est soutenable lorsqu'il peut financer le solde de la
balance des opérations courantes et assurer les obligations du service de la dette sans faillir,
sans solliciter le rééchelonnement, sans accumuler les arriérés et enfin sans compromettre la
croissance pour arriver à cette fin, il faut s'assurer que les ratios d'endettement ne vont pas
connaître une tendance explosive à long terme. » La question de la soutenabilité d'une dette
publique doit donc s'inscrire dans un cadre dynamique en prenant en compte non seulement le
solde budgétaire mais aussi la vigueur de la croissance et le niveau des taux d'intérêts.
1.1.1.7 Solvabilité
La solvabilité est une aptitude d’un agent à rembourser ses dettes à l’échéance
prévue4. Elle caractérise la situation financière d'un pays capable de faire face à ses
engagements, c'est-à-dire la contrainte budgétaire inter temporelle est respectée. En d'autres
termes, la solvabilité d'un État est sa capacité à payer totalement sa dette (annuler sa dette à
long terme en respectant les échéances).
4
JEAN-PAUL PIRIOU, Lexique de sciences économique et sociales 7e édition, Ladécouverte, Paris, 2004.
8
1.1.1.8 Surendettement
Selon J.Sachs (1989)5, le surendettement est analogue à la situation d'une entreprise
insolvable non protégée par les lois de la faillite. Dans ce cas, les créanciers prennent des
actions antagoniques pour se servir les premiers sur la valeur restante des actifs,
préjudiciables à la survie de l'entreprise. Sachs démontre, à partir d'un modèle inter temporel à
deux périodes, dans lequel le service de la dette agit comme une taxe dés incitative à la
production. Pour lui, il existe un seuil optimal d'endettement pour lequel tout supplément
marginal d'endettement conduit à une réduction importante de l'investissement et le débiteur
aurait intérêt à ne pas rembourser la dette. D'où la notion de debt overhang (le fardeau virtuel
de la dette).
5
Cité par E. Loubelo (2002)
6
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Dette_publique2011.jpg, le 20/08/2022 à 23h 45min
9
donner la preuve qu'il exécute comme il convient les programmes soutenus par le FMI et
l'IDA. ii) exécuter de manière satisfaisante les réformes fondamentales convenues au point de
décision, et iii) adopter et exécuter pendant un an au moins le DSRP. Lorsqu'un pays a
satisfait à ces critères, il peut atteindre son point d'achèvement. Le Sénégal a atteint son point
d’achèvement en Avril 2004
10
1.1.2.2 Historique de la dette publique extérieure
Après la seconde guerre mondiale, les États-Unis ont instauré le plan Marshall pour la
reconstruction de l’Europe afin d’investir massivement dans l’économie européenne. D’une
manière générale, c’est pour aider leur économie à se remettre en bonne voie. De plus, la
monnaie de référence circule à travers le monde, elle encourage alors les investissements des
entreprises américaines à l’étranger, pour éviter le retour des dollars en excès et une flambée
de l’inflation chez eux. Voilà pourquoi dans les années 1960. Elles les prêtent alors aux pays
du Sud (les États africains nouvellement indépendants et les pays d’Amérique latine) qui
cherchent à financer leur développement.
A partir de 1973, le choc pétrolier apporte des revenus confortables aux pays producteurs de
pétrole qui les placent à leur tour dans les banques occidentales : ce sont les pétrodollars. Là
aussi, les banques les proposent aux pays du Sud à des taux faibles pour les inciter à
emprunter. Tous ces prêts provenant de banques privées constituent la partie privée de la dette
extérieure des PED. S’ajoutent à cela les États du Nord où à partir de ce choc pétrolier, la
crise s’est installée. Les marchandises produites au Nord ont du mal à trouver des preneurs à
cause de la récession et du début du chômage massif. Ces pays riches décident alors
d’améliorer le pouvoir d’achat au Sud, afin de les inciter à acheter les marchandises du Nord.
D’où, des prêts d’État à État, souvent sous forme de crédits d’exportations. C’est la partie
bilatérale de la dette extérieure des PED.
Le troisième acteur de cette histoire de l’endettement est la Banque mondiale, institution née
en 1944. Cette banque soutient les pays du Sud à emprunter dans l’espoir de financer la
modernisation de leur appareil d’exportation et les connecter au marché mondial. C’est la
partie multilatérale de la dette extérieure des PED. Pendant ces années, l’endettement est
encore supportable pour les pays du Sud car ces prêts leur permettent encore de produire
davantage, donc d’exporter plus et de récupérer des devises pour les remboursements de la
dette ainsi les intérêts et d’investir à nouveaux.
À la fin des années 70, un processus d’autonomisation de la dette par rapport au système
productif commence. Autonomisation de la dette c'est-à-dire « On va de plus en plus
emprunter non pour financer l’essor de l’appareil de production mais pour assurer le service
de la dette antérieure (le spirale infernale de la dette)»7. La dette n’est plus en faveur de la
croissance et du développement économique, l’endettement était une échappatoire pour ceux
qui ne réussissait plus à effectuer le remboursement des charges de la dette. Cette
autonomisation va aggraver la situation mondiale. La crise va s’intensifier dans les débuts des
années 1980. En tout cas, la fin des années 70 va marquer un tournant décisif en matière
d’endettement international.
Diminuer les dépenses pour éviter que le déficit se creuse (politique budgétaire
restrictive)
7
SALAMA P. et VALIER J., L’économie gangrenée, éd La Découverte, 1990
12
Sur le long terme, la PAS prévoit des politiques dont « libéralisme et flexibilité » sont les
mots maitres. Dans cette voie, il projette les différentes politiques dont :
o Une politique basée sur un libre jeu du marché et l’initiative privé sans intervention de
l’Etat. De son aspect c’est une politique inspirée des théories classiques, une politique
qui donne la place primordiale puisqu’elle demande à faire confiance au marché pour
régler les problèmes de déficit. Le marché est l’instrument de résolution des
déséquilibres économiques.
La PAS a permis pour un bon nombre de pays d’améliorer la situation de leurs balances de
paiement. Cependant, l’adoption du PAS n’a pas résolu la crise de l’endettement, au contraire,
les crises de dette se sont multipliées pour un bon nombre de pays comme en 1994 au
Mexique, en 1997 en Indonésie, 1998 en Russie, 1999 au Brésil. Au constat du résultat, le
FMI et la Banque Mondiale les justifient par l’insuffisance d’ajustement structurel et
recommandent son amplification. Dans cette perspective, l’initiative des PPTE est présentée.
Lancée en 1996 par le FMI et la Banque Mondiale, elle avait été élaborée au vue d’assurer
qu’aucun pays ne soit confronté à un endettement insupportable et soutenir sa croissance.
8
International Monetary Fund, Allègement de la dette au titre de de l’initiative en faveur des pays pauvres
endettés, P. 1-4
13
Première étape : POINT DE DECISIONS
Pour être bénéficiaire des allègements au titre de l’initiative des pays pauvres très endettés,
chaque pays devait remplir quatre conditions. D’abord, il devait être admissible pour des
emprunts sans intérêt auprès des organismes de développement de la BM, supporter des
services de la dette insoutenable, donner la preuve de l’application des reformes et des
politiques économiques proposées par le FMI et la Banque Mondiale et présenter un
Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP). Les pays ayant remplis ses
différentes conditions, le FMI et la Banque Mondiale s’engagent à réduire le niveau de leur
dette à un niveau plus acceptable pour le pays. Lorsque le pays a atteint le point de décision, il
commence à bénéficier des allègements intermédiaires du service de la dette exigible.
Pour recevoir l’intégralité de la réduction de la dette au titre de l’IPPTE, les pays devaient
continuer à donner la preuve des succès du programme, d’exécuter de manière satisfaisante
les grandes reformes convenues au point de décision et d’adopter pendant au moins un an son
DSRP. Ayant accomplis ses différents points, le pays atteint le point d’achèvement et donc
bénéficie des allègements de la dette.
39 sont les pays admissibles au titre de l’IPPTE. Parmi, 35 pays dont le Sénégal ont bénéficié
d’un allègement intégral de leurs dettes de la part des créanciers après être parvenu au point
d’achèvement. Le Tchad, a atteint son point de décision et a obtenu de ce fait un allègement
intermédiaire. Les 3 pays restants n’ont pas atteint le point d’achèvement. Le coût total de la
réalisation du programme de l’IPPTE a été estimé de 72 milliards de dollars américain en
valeur actualisée nette à la fin de 2012.
9
FMI, L’Initiative de l’Allègement de la dette Multilatérale, P.1
14
(FAD). Au 31 Mars 2014, la somme dépensée par le FMI pour la concrétisation du FMI est
évaluée à 3,4 milliards de dollars en terme nominaux. Et pour en bénéficier, les pays devaient
présenter des documents relatifs à 3 domaines dont :
politique macroéconomique
Ces allègements au titre de l’IPPTE et de l’IADM ont été profitables pour les pays africains.
Selon PATILLO et all (2003) dans leurs analyses de la croissance des pays à faible revenu
dans les années 90. La réduction de la dette permet de contribuer à une accélération de la
croissance en moins de dix ans. Néanmoins, même après des rééchelonnements, le problème
de l’endettement ne s’efface pas pour autant. En effet, pour poursuivre le développement et la
croissance déjà entrepris, les pays sont forcés d’emprunter comme leur capacité financière est
bien au-deçà des projets de développement prévu par l’Etat. Mais aussi, « Pris dans la spirale
de la dette, les PED n’ont bien souvent eu d’autre recours que de s’endetter de nouveau pour
rembourser»10 . Une fois l’endettement enclenché, il est difficile d’en ressortir surtout pour les
pays à faible revenu comme le Sénégal.
Les dettes des pays en voie de développement, qui leurs permettent de combler le « triple
déficit » dont ils sont victimes, à savoir l’insuffisance d’épargne, le déficit public et le déficit
de la balance des paiements, sont en perpétuelle évolution. Pour pallier les problèmes de
solvabilité et de liquidité, face à l’énormité des dettes des pays en voie de développement, le
FMI leurs propose en coopération avec la Banque Mondiale le Programme d’Ajustement
Structurel ou PAS. Cependant, même après l’application du PAS, plusieurs pays du Tiers-
10
MILLET D., TOUSSAINT E., 65 Questions/65 Réponses sur la dette, le FMI et la Banque Mondiale, CADTM,
P.61
15
Monde se sont encore confrontés à des crises de remboursement de dettes. C’est la raison
pour laquelle, dans un second temps, l’IPPTE a été avancée.
Ce paragraphe est destiné à l’énoncée des diverses théories sur les effets de la dette publique
sur la croissance économique. Certaines théories sont anciennes, on parle alors de théories «
traditionnelles », tandis que d’autres sont plus récentes. Nous parlerons en premier lieu des
théories traditionnelles avant de voir dans une deuxième section les théories récentes.
Dans cette approche, l’endettement public favorise la relance de la demande et qui provoque
par l’effet accélérateur une hausse proportionnelle de l’investissement, qui à son tour incite
une hausse de la production. Et permettant ainsi de créer les emplois et de lutter contre la
pauvreté.
Selon HARROD et DOMAR, il peut toujours y avoir croissance. Un État, pour atteindre le
taux de croissance garanti, peut être amené à créer un déficit budgétaire et le financer par un
emprunt extérieur. En effet, l’hypothèse de base du modèle de croissance de HARROD et de
DOMAR est qu’il n’y a pas de croissance si un pays n’investit pas et le taux de croissance de
la production est une fonction croissante du capital.
Pour BARRO (1989), une politique de déficit budgétaire financé par l’emprunt reste sans
effet sur l’activité économique dans la mesure où les agents ne sont pas victimes de l’illusion
fiscale.
16
En fait les citoyens, selon RICARDO (1817) voient dans l’emprunt un impôt différé dans le
temps et se comportent comme s’ils sont contraints de payer un impôt ultérieurement pour
rembourser cet emprunt peu importe le décalage intergénérationnel. Autrement, les
comportements des agents économiques sont guidés par une anticipation à la hausse des
impôts. Toutefois, une réserve peut être introduite selon la nature ou la qualité des dépenses
(dépenses de transferts et d’investissement) financée par l’emprunt. Ils anticipent alors une
hausse des impôts destinés à rembourser l’emprunt en constituant une épargne d’un montant
équivalent à l’endettement public.
Pour SMITH (1759), la dette est nuisible et ne doit pas être encouragée. Elle incite le
souverain à des dépenses inutiles et favorise l’irresponsabilité.
J.B. SAY (1799) pense qu’il faut limiter l’emprunt public parce qu’en plus d’alimenter la
consommation publique destructrice de richesse et de valeur, il fait intervenir le paiement des
intérêts.
HAYEK (1989) dénonce l’endettement comme étant une croissance artificielle, fondée sur un
investissement supérieur à l’effort d’épargne de la nation. Ainsi, pour les classiques l’État doit
tout simplement assurer sa mission régalienne à partir des ressources générées par l’activité
économique. Toute intervention de l’État dans l’économie est source de sous-optimalité et de
nuisance. Aucun déficit budgétaire n’est justifiable et par conséquent, l’emprunt public n’est
pas envisageable. Cependant, d’autres écoles contestent cette pensée et pensent à l’efficacité
du financement par l’emprunt, d’un déficit budgétaire justifié et maîtrisé.
11
PATILLO C., POIRSON H. et RICCI L., Dette extérieure et croissance, Finance et Développement Juin 2002
17
Figure 2:Lien entre dette et croissance
Dans un premier temps donc, les dettes ont des effets positifs sur l’expansion du pays, mais
quand le ratio de la dette va au-delà du point A, tout nouvel emprunt ralentit la croissance
même si l’encours de la dette continue d’exercer un effet positif sur la croissance. Le point A
représenté le niveau de la dette qui maximise la croissance. Quand la dette atteint le point B,
la situation du pays s’aggrave, la dette va contribuer négativement à la croissance et que sa
situation aurait été mieux s’il n’a pas recouru à l’emprunt. Le point B est défini, avec
assurance par les auteurs, entre un ratio de la dette de 160% à 170% des exportations ou
encore de 35% à 40% du PIB. Au-delà de ce niveau, la dette devient un vice pour l’expansion
et la croissance du pays. CARTON B. soutient la même idée, il affirme que, le lien entre la
dette et le désendettement et double : à court terme, la dette soutient la demande et donc la
croissance mais sur le long terme, le niveau élevé de l’endettement deviendra un blocage pour
la croissance du pays. « Trop de dette tue la croissance. Une dette élevée conduit à une forte
taxation de qui décourage le travail et l’innovation » et donc affaiblira l’investissement public,
l’investissement privé ainsi que l’épargne. Il ajoute aussi que tout désendettement diminue la
demande intérieure et nécessairement la production devra s’y ajuster donc la croissance sera
touchée. SHEEDY (2013) déclare que pour empêcher qu’un désendettement soit contre-
productif, il faut une politique monétaire qui limiterait le risque d’un cercle vicieux keynésien.
18
croissance du PIB est faible par rapport à celui du taux d’intérêt réel un effet boule de neige
s’entrainera. En effet, la dette s’alimente de ses propres intérêts atteindra un niveau
considérable. Ces intérêts viendront s’ajouter aux dépenses publiques qui amplifieront le
déficit budgétaire. De plus, cet énorme écart entre croissance du PIB et croissance du taux
d’intérêt réel suggère qu’il faut un surplus de PIB pour pouvoir stabiliser le ratio dette/PIB.
Ce surplus freinera la croissance comme pour payer l’emprunteur a le choix entre soit
emprunter pour rembourser qui accumulera l’effet d’emballement de la dette, soit hausser le
taux de pression fiscal qui à son tour la croissance du pays. TESIC et all (2014) maintien de
son côté qu’une accumulation du financement externe du déficit public n’engendre que des
effets de boule de neige de la dette publique. On peut schématiser cet effet de boule de neige
de la dette comme suit :
Pour Alesina et Tabellini (1989)12, s'il existe dans un pays où on a deux partis qui sont
potentiellement en position d'accéder fréquemment au pouvoir alors ces partis ont des
préférences différentes quant à la nature des dépenses publiques. Le parti au pouvoir peut
décider d'augmenter aujourd'hui les dépenses publiques en s'endettant, satisfaisant son
électorat, au mieux de se maintenir au pouvoir et au pire de ne pas faciliter la vie à son
adversaire. Ainsi, il crée des conditions de gêner ultérieurement son adversaire politique du
12
Cité par Gervasio SEMEDO (2001)
19
point de vue de la gestion du budget, si ce dernier venait à conquérir le pouvoir. Il engage
aujourd'hui des recettes fiscales futures et donc diminue les possibilités futures de dépenses de
son adversaire surtout si la dette venait à être importante. En effet, la deuxième partie, une
fois au pouvoir sera tenue de rembourser à un moment le service de la dette de l'emprunt.
Ainsi, il sera obligé de réviser ses promesses électorales en diminuant les dépenses sociales et
au risque de mécontenter son électorat. D'où l'idée de stratégie électorale à travers la dette.
D'autres auteurs ont également élaborer les modèles sur les stratégies électorales et les cycles
politiques et l'endettement public (Persson, Svenson [1989] ; Aghion et Bolton [1990] ;
Milesi-Ferret [1995])13.
Alesina et Drazen (1991)14 explique l'endettement public par le report des réformes fiscales
nécessaires à l'ajustement budgétaire dans un contexte de deux ou plusieurs partis d'un
gouvernement au pouvoir où gouvernement de coalition et qui ne s'entendent pas sur la
répartition de la charge de l'impôt pouvant compenser les déficits. A cet effet, chaque partie
essaie de préserver son électorat et de faire payer les autres franges de la population réservées
par rapport à son idéologie
1.1.3 La croissance
La croissance est déterminée par une hausse de la production entre deux périodes considérées.
De ce fait, elle est mesurée conventionnellement à travers un indicateur appelé PIB, de ses
variations s’apprécient une croissance ou une récession économique et à l’occasion permet
une comparaison du niveau entre différents de pays. Le PIB se mesure à travers différents
méthodes à savoir :
Différents auteurs se sont penchés sur les théories de la croissance mais principalement sur les
sources possibles permettant de l’accélérer ou de la freiner, plusieurs sont les facteurs de
croissance avancés par divers auteurs. Les théories se débattent sur le caractère endogène ou
exogène de la croissance. D’abord, la théorie traditionnelle, elle opte pour le caractère
exogène de la croissance, dans cette voie, HARROD (1948) et SOLOW (1956) propose une
13
Cité par Gervasio SERMEDO (2001)
14
Idem
20
croissance dont les principaux déterminants sont l’accélération des progrès techniques et celle
de la population active. Puis, les nouvelles théories de la croissance proposent son caractère
endogène. Parmi ces sources de la croissance, on peut citer les suivantes :
Le capital humain : Cette théorie repose sur l’accumulation des connaissances selon
Paul ROMER basée sur la théorie du « Learning by doing » d’ARROW (1962). Dans
la même lignée, Gary BECKER avec sa théorie sur la formation professionnelle puis
Robert LUCAS qui propose que la croissance dépend essentiellement des efforts
individuels qui eux-mêmes dépendent de la capacité à épargner pour l’éducation.
La recherche-développement : Inspiré des travaux de SCHUMPETER, ROMER
affirme le rôle de l’innovation et de la recherche développement dans le processus de
croissance. Plus la recherche et développement est importante, plus la production
s’accentue et engendre la croissance. A son tour, cette croissance aura un effet positif
sur la recherche-développement.
L’intervention de l’Etat :
15
JOHNSON S., OSTRY D. J. et SUBRAMANIAN A., Les leviers de la croissance, Mars 2006, P.31
21
Quant à Catherine PATILLO, Sanjeev GUPTA et Kevin CAREY (2006) en analysant
l’accélération de la croissance de l’Afrique Subsaharienne dans les années 80 et 90, ils
avancent que la libéralisation économique, la baisse du poids de la dette grâce à son
allègement de l’IPPTE, la bonne qualité des institutions tant économiques que politiques,
améliorent la croissance16.
Pour Kenneth S. ROGOFF mise à part la réalisation des OMD, les ingrédients de la
croissance se composent « En premier lieu, les pays africains s’ouvrent davantage au
commerce mondial et à l’investissement direct étranger, et que leurs efforts ne restent pas
sans contrepartie…En deuxième lieu, les pouvoirs publics doivent veiller à ne pas tomber
dans le piège de l’endettement…En troisième lieu, les pays africains ont besoin de
régimes de change et de prix plus souples… Enfin, il importe qu’ils assouplissent leurs
marchés de produits et du travail »17.
16
PATILLO C., GUPTA S. et CAREY K., Douleurs de la croissance, Mars 2006, P.34
17
ROGOFF S. K., Débloquer la croissance en Afrique, Finance et Développement Juin 2003, P.57
18
Peu après leur apparition, certains (Sims, 1980) et Litterman (1979, 1986) pensaient que les VAR
seraient plus performants pour faire de la prévision que les modèles à équations structurelles (Greene, 2005 ; p.
568)
22
ré-estimations. Ce phénomène s'est accompagné d'un nombre croissant de travaux qui
montraient le faible pouvoir prédictif des modèles structurels par rapport à celui des modèles
unis variés.
Les trois plus célèbres articles qui ont rejeté l'approche conventionnelle des modèles
structurels sont ceux de Granger (1969), Sims (1980) et Lucas (1976)
Les VAR sont souvent considérés comme des modélisations athéoriques dans lesquelles le
modélisateur peut se passer de toute théorie économique pour modéliser le comportement
dynamique de variables économiques.
Ces auteurs réfutaient l'idée que les relations économiques sont réellement gouvernées par la
simultanéité. Ils refusaient d'introduire le concept de variables exogènes dans leurs travaux.
Cette stratégie les amenait à n'utiliser essentiellement que des équations linéaires aux
différences, à ne pas insister sur des tests d'hypothèses économiques et à s'intéresser plutôt
aux problèmes de prévision.
Certains auteurs pensent que l’emprunt extérieur a un effet positif sur la croissance jusqu’à un
certain seuil ; au-delà de celui-ci, son effet devient négatif. Jusqu’à un certain seuil, les
emprunts supplémentaires accroissent la probabilité de remboursement de la dette ; au-delà de
ce seuil, les chances que les créanciers soient remboursés diminuent. Lorsque le pays
commence à avoir du mal à obtenir des prêts, il lui devient plus difficile d’accumuler du
capital, ce qui peut ralentir sa croissance. En bref, il semble que les effets négatifs du
surendettement ne se fassent sentir que lorsqu’un certain seuil a été atteint.
Il existe des articles, documents de travail, draft assez nombreux sur la question qui est sous
analyse ; Ainsi, nous avons passé en revue diverses littératures notamment :
23
réelle et la crédibilité de l’Etat. Mais l’auteur fait une étude sur une courte période
précédant la crise d’endettement.
Patillo, Ricci et Poirson (2002) étudient le fait qu'aurait le doublement de la dette sur
la croissance et ont trouvé une réduction du PIB per capita pour plus de la moitié des
points de pourcentage. En prenant comme base l'endettement extérieur moyen des
PPTE en 2000 (300% des exportations et 80% du PIB), ils étudient l'effet qu'aurait une
réduction de la dette de moitié des PPTE et trouvent une augmentation du taux de
croissance du PIB par tête d'un point de pourcentage.
Néanmoins une limite apparaît dans son analyse du fait que son raisonnement est appliqué
aux PPTE mais basé sur un échantillon incluant de non-PPTE. Ils confirment la thèse du
surendettement car il trouve qu'au-delà de 160-170% du ratio de la dette sur les
exportations et 35-40% de la dette sur le PIB en valeur nominale, la dette rend négative la
croissance.
24
la population et à la variabilité du taux de change réel, ils ne semblent avoir aucune
influence statistiquement décelable. L’auteur souligne que l’absence de significativité
K. O. Ojo (1989) à travers une approche économétrique, montre que le rapport de
l'encours de la dette/PIB d'une trentaine de pays africains durant la période de 1976 à
1984 est déterminé par : la variation des exportations (X), au rapport des
importations/PIB, la population (Pop) et au taux de croissance du PIB (Y). Les
résultats statistiques lui permettent de conclure que le rapport de l'encours de la
dette/PIB est lié négativement à la variation des exportations, au taux de croissance du
PIB et positivement au rapport de l'importations/PIB, et à la croissance de la
population (Pop).
Yapo (2002), dans son étude sur les déterminants de l’endettement extérieur de la Côte
d'ivoire durant la période 1975-1999, trouve les mêmes résultats, sauf pour le rapport
importations /PIB qui n'est pas significatif. En outre, il montre que l'encours de la dette
de la Cote d'Ivoire est influencé positivement par la détérioration des termes de
l'échange et trouve que le déficit primaire n'est pas significatif. Les résultats de l’étude
de Diallo (2002) sur le Sénégal corroborent ceux de Yapo (2002). En effet, Diallo
(2002) a étudié l’impact de l’endettement extérieur sur la croissance économique du
Sénégal sur la période 1970 - 1999 qui couvre les principales crises d'endettement et
les différentes réformes macroéconomiques adoptées dans l'économie par l’estimation
successivement du modèle sur les déterminants de la dette puis celui de l'impact de la
dette sur la croissance du PIB. Les résultats de l'étude montrent que les importations
de biens et services, le service de la dette et la détérioration des termes de l'échange
expliquent le niveau d'endettement du pays.
Quant à ROUGIER (1994), il trouve de même des résultats contrastés au sein des pays
africains. D’après ses analyses économétriques, l’encours de la dette rapporté au PIB
exerce un effet dépressif sur la croissance en Côte d’Ivoire, au Mali et au Tchad sur la
période 1970- 1991. En revanche, l’effet est positif pour le Niger, Madagascar et le
Kenya.
Lamine N'Diaye (1993), fait une modélisation de l'endettement pour le Sénégal. Il
montre que l'endettement s'explique positivement par le stock de dette antérieure et
négativement par le niveau de déficit de la balance courante. Aussi, l'appréciation du
taux de change moyen CFA/US diminue le service de la dette. Considérant la quasi-
inexistence de réserves au Sénégal, l'équation essaie d'expliquer les mouvements
25
monétaires composés du compte d'opération, du tirage sur le FMI et de la contribution
des banques primaires au financement de la balance des paiements. Il trouve que
malgré la faiblesse du coefficient de corrélation, cette explication des mouvements
monétaires par le compte courant et les investissements directs nets peut être retenue.
Au regard de ce résultat et de l'évolution de l'encours de la dette en rapport avec le
compte courant, il est difficile de justifier le niveau d'endettement du Sénégal par la
recherche d'un équilibre des grandeurs macro-économiques. C'est dire que le Sénégal
ne s'endette ni pour équilibrer sa balance courante ni pour accroître ses
investissements, car le modèle montre que l'impact du stock de dette sur ces derniers
est très faible. Il estime en outre que l'explication des mouvements monétaires (compte
d'opération) par le solde de la balance des paiements courants et les investissements
nets directs, n'est pas satisfaisante du point de vue des résultats statistiques.
Uzochukwu (2005), a étudié le lien entre dette publique, croissance économique et
pauvreté au Nigeria. L’analyse empirique a mis en évidence que la population, les
niveaux élevés de la dette intérieure et la dette externe, le service de la dette ont joué
le rôle très crucial dans l’aggravation de la pauvreté au Nigeria. Par contre, les taux
d'intérêt créditeurs, le taux d'inscription au secondaire, les termes de l'échange et
l'équilibre fiscal tendent à limiter la pauvreté.
Hansen (2001), quant à lui, tient compte des spécificités de financement des pays
pauvres en analysant l'impact de l'interaction entre l'aide au développement et la dette
extérieure sur la croissance de 54 pays en développement en mettant en évidence
l'existence d'une courbe de Laffer de l'aide. D'après lui, cet impact négatif de la dette
serait assez important dans les pays dépendant fortement de l'aide extérieure.
AIZENMAN (1990) montre que le pays très endetté devrait chercher à accroître leur
ouverture commerciale de manière à éviter le défaut de paiement. Il obtiendrait ainsi
des meilleures conditions d’emprunt sur le marché. De plus, SINGER et SARKAR
(1992) affirme que l’indicateur d’ouverture c’est-à-dire (Exportation - Importation)
/PIB décroisse à cause d’une évolution défavorable des prix des produits exportés et
qui conduit à un impact négatif pour la dette aussi.
D.Cohen (1996) montre empiriquement que la dette a pesé sur la croissance dans les
pays en développement (ainsi d'ailleurs, que le nombre de rééchelonnements).
Cependant, ce résultat général n'est pas obtenu pour tous les pays de l'échantillon,
notamment en ce qui concerne les pays africains. L'impact de l'endettement sur la
26
réduction de la croissance est négligeable pour le Burkina Faso, le Kenya, Maurice, le
Rwanda, l'Afrique du Sud, le Zaïre, le Zimbabwe et le Mali. Dans deux autres cas,
l'impact de la dette sur la croissance est même positif (Ghana et Tanzanie)
Traoré (2005), dans son étude sur les déterminants de l’endettement extérieur public
du Mali sur la période de 1980 à 2004, trouve que l’importation par rapport au PIB a
une corrélation positive avec l’endettement du Mali mais est non significative. Par
ailleurs, les variables telles que l’ouverture commerciale, le surendettement, la fuite
des capitaux ne sont pas pertinentes pour expliquer l’endettement du Mali. Dans son
modèle, seules les variables suivantes sont significatives : la balance fiscal/PIB, le
taux de change $ US/ CFA, le service de le dette/PIB. Il suggère donc que pour réduire
le niveau d'endettement, il n’y a que deux façons pour le faire. Soit d'augmenter le
produit intérieur brut du pays ou l'allègement du service de la dette.
Ajayi (1991), analyse l'impact des facteurs extérieurs et intérieurs de l'endettement du
Nigeria. Il choisit comme déterminants du ratio dette/ exportations les variables
suivantes : les termes de l'échange, le taux de croissance du revenu des pays
industrialisés, le taux d'intérêt réel, le ratio déficit budgétaire/PIB et le trend. Il déduit
qu'on doit s'attendre à ce qu'une aggravation des déficits budgétaires accroisse le ratio
dette/exportation.
OSEI (2000) se focalise sur les implications de l'endettement extérieur sur la
croissance économique au Ghana. L'étude essaie d'assurer une meilleure
compréhension du problème de la dette extérieure du Ghana pour permettre la
recherche de mesures adéquates et efficaces relatives à sa solution. L'analyse porte sur
la période 1983-1990, période au cours de laquelle le Ghana a poursuivi un
programme de redressement économique et a adopté un programme d'ajustement
structurel approuvé par le FMI. Utilisant divers indicateurs du poids de la dette
extérieure, l'auteur met l'accent particulièrement sur deux d'entre eux, à savoir le ratio
du service de la dette et le ratio dette/PNB. La recherche conclut que la dette est l'un
des facteurs qui entravent la croissance rapide de l'économie ghanéenne. Pour
continuer à assurer le service de sa dette, le Ghana a besoin de poursuivre les
programmes d'expansion des exportations afin d'élargir la base de ses exportations non
traditionnelles, et d'adopter des mesures en vue d'accroître son épargne intérieure.
Barbara et Michael (1997), ont montré que les paiements du service de la dette sont les
principales causes de la lenteur de la croissance économique d’un pays. Ils ont
27
remarqué que la réduction de créance n’est pas suffisante pour permettre à la
croissance d’évoluer à des taux considérables, de même que l’engagement du
gouvernement en termes de réforme structurelles et de bonne gestion de dette ont eu
des impacts négatifs sur la croissance ralentissant son expansion. Au niveau de leurs
études, ces auteurs ont montré aussi que la détérioration des termes de l’échange avait
des effets négatifs sur la dette particulièrement en Ouganda ; de même que
l’augmentation brusque du taux d’intérêt international et l’appréciation du taux de
change effectif réel ont eu pour effet d’augmenter l’endettement de ce pays.
Seck (2006), a effectué une série de régressions sur 33 pays africains sur une période
de 1975 à 2004 afin d’examiner les causes de la crise africaine. Les estimations
économétriques montrent que l’emprunt extérieur a servi à financer la consommation
des ménages et de substitut aux exportations au lieu de financer les investissements ou
promouvoir la croissance économique. Mieux, la dette africaine était assortie des taux
d’intérêt bas, des échéances plus longues, ce qui fait qu’ils ont beaucoup emprunté
sans penser aux conséquences alors que le remboursement du service de la dette
devenait difficile aussi à cause de la variabilité des recettes d’exportations. Il suggère
que les prêts soient accordés aux conditions des marchés complétés par des dons purs
et simples. Cependant, le fait de céder les prêts aux conditions du marché ne constitue
pas une meilleure solution pour résoudre le problème de l’endettement en Afrique.
28
CAPITREII : CADRE METHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre, nous allons faire une présentation du lieu de l’étude en l’occurrence le
Sénégal. Ensuite présentation des données. Et enfin une analyse descriptive suivra avant de
clôturer avec la méthodologie d’analyse.
La République du Sénégal est un pays d’Afrique de l’Ouest. Elle est bordée par l’Océan
Atlantique à l’Ouest, la Mauritanie au Nord et à l’Est, le Mali à l’Est et la Guinée et la Guinée
Bissau au Sud. La Gambie forme une quasi –enclave dans le Sénégal, pénétrant à plus de 300
km à l’intérieur des terres.
La population du pays est estimée à 17 738 795 personnes en 2022. Les femmes représentent
8 913 568 et les hommes 8 825 227, soit respectivement 50,25% et 49,78%. Les moins de 20
ans représentent un peu plus de la moitié de la population et l’espérance de vie à la naissance
est de 67,4 ans (projection 2019)
Le Sénégal est un pays de l’Afrique subsaharienne, avec un climat de type soudano sahélien.
Le climat est tropical au Sud et semi désertique au Nord. Il se caractérise par l’alternance
d’une saison sèche de novembre à mi-juin et d’une saison humide et chaude de mi-juin à
octobre. La pluviométrie moyenne annuelle suit un gradient décroissant du Sud au Nord du
pays
29
https://www.universalis.fr/atlas/afrique/senegal/
Les données de la présente étude proviennent des Institutions internationales (le FMI et la
Banque Mondiale) et régionales (l'UEMOA et la BCEAO). Il s'agira ainsi des séries
chronologiques qui couvrent la période 1980-2020, soit 41observations. Cette période se
justifie par le souci de couvrir un nombre suffisant d'années pour dégager des tendances plus
ou moins significatives. Certaines variables ont nécessité notre propre calcul parce qu’elles ne
se retrouvent pas directement dans les bases de données.
DETPIB : Ce ratio mesure le niveau de la dette publique extérieure du Sénégal par rapport à
ce qu’il produit et traduit donc le poids de la dette publique extérieure du pays. L’évolution de
la dette en fonction du PIB mesure le niveau d’endettement par rapport à l’activité
30
économique du pays. Il assume implicitement que toutes les ressources du PIB sont
disponibles pour financer le poids de la dette extérieure, ce qui n’est pas toujours vrai.
Puisque c'est un stock, la dette est mesurée à date fixe, généralement la fin de l'année fiscale.
OVC : C’est l’indicateur qui mesure le degré d’ouverture d’un pays. On l’obtient en divisant
la somme des exportations et des importations par le PIB.) La plupart des études (théoriques
et empiriques) affirment que plus un pays était ouvert, plus cela lui permettrait de réorienter
ses ressources rares vers des secteurs plus efficients et d’améliorer son bien-être.
Cette partie va nous faciliter à l’élaboration d’une représentation aussi exacte que possible de
la réalité en regroupant dans un état complet et cohérent les caractéristiques des phénomènes
en étude. Nous avons de ce fait procédé à une description objective, systématique et
quantitative du contenu de différentes sources d’informations ainsi que l’interprétation des
résultats obtenus par nos analyses.
Pour ce faire, nous allons présenter les chronogrammes des variables, suivi par des résumés
statistiques.
La plupart des données temporelles macroéconomiques sont des réalisations des processus
non stationnaires (NELSON et PLOSSER, 1982). Lorsqu’on travaille avec des séries
temporelles, il faut vérifier au préalable que celles-ci sont stationnaires. S’il s’avère que ce
n’est pas le cas, il faut trouver une bonne façon de les rendre stationnaires.
C’est pour cette raison qu’avant tout traitement économétrique, il convient de s'assurer de la
stationnarité des variables. Une série chronologique est donc stationnaire si son espérance et
sa variance restent inchangées dans le temps (BOURBONNAIS, 2003). En d'autres termes,
une série stationnaire ne comporte ni saisonnalité, ni tendance. Elliott, Rothenberg et Stock
31
(ERS) ont mis au point un test permettant non seulement de détecter l'existence d'une
tendance mais aussi de déterminer la bonne manière de stationariser une série.
Cette condition de stationnarité doit être vérifiée pour chacune des séries afin d’éviter des
régressions fallacieuses pour lesquelles les résultats pourraient être « significatifs », alors
qu’ils ne le sont pas. La stationnarité renvoie au caractère infiniment persistant des séries à la
suite d’aléa. Cette propriété est souhaitée dans le cadre des estimations sur les données
temporelles car elle évite les risques de régressions fallacieuses. Il existe une grande variété
de tests de stationnarité des variables. Ainsi, nous allons utiliser le test ERS qui est un test très
puissant et robuste comparativement aux tests usuels tels que ADF et PP.
Si la valeur calcule du test est inférieure à la valeur critique, la série est stationnaire.
Par contre, si la valeur calcule du test est supérieur à la valeur critique, la série est non
stationnaire.
Si les variables sont intégrées d'ordre différent I (0), I (1), I (2), …, I(d) alors il est donc
possible de modéliser en utilisant le processus VAR.
32
𝐓𝐗𝐏𝐈𝐁𝐑𝐇t = a10 + a11 𝐓𝐗𝐏𝐈𝐁𝐑𝐇t-1 + ⋯ + a1p 𝐓𝐗𝐏𝐈𝐁𝐑𝐇t-P + a21 𝐓𝐗𝐈𝐍𝐕t-1 + ⋯ +
a2p 𝐓𝐗𝐈𝐍𝐕t-P + a31 𝐃𝐄𝐓𝐏𝐈𝐁t-1 + ⋯ + a3p 𝐃𝐄𝐓𝐏𝐈𝐁t-P +a41 𝐎𝐔𝐂t-1 + ⋯ + a4p 𝐎𝐔𝐂t-P + U1t
19
Doctorant en sciences économies à la Faculté des Sciences Economiques et de Gestion de Tunis.
20
Maître assistant en sciences économies à l’Institut Supérieur d’Administration des Entreprises de Gafsa.
33
1.6.3 Test de Causalité
Au niveau théorique, la mise en évidence de relations causales entre les variables
économiques fournit des éléments de réflexion propices à une meilleure compréhension des
phénomènes économiques. De manière pratique, « the causal knowledge » est nécessaire à
une formulation correcte de la politique économique. En effet, connaître le sens est aussi
important que de mettre en évidence une liaison entre les variables économiques.
La causalité au sens de Granger indique à quel niveau les valeurs courantes d'une variable
peuvent être expliquées par ses valeurs passées ou si l'ajout de valeurs retardées d'une autre
variable améliore l'estimation. On dit que la variable x cause au sens de Granger la variable y
si et seulement si la connaissance du passé de x améliore la prévision de y à tout horizon.
Hypothèses du test
Décision du test
34
Dans ce chapitre, il s’agira d’estimer le modèle économétrique puis d’interpréter les résultats
afin de dégager les principales conclusions et les recommandations en matière de politique
économique.
La deuxième période allant de 1985 à 1992 se caractérise par une baisse du taux de croissance
du stock de la dette extérieure, en 1992 le taux est de 22 ,33% ; période marquée par les
premières négociations pour le rééchelonnement de la dette du Sénégal au Club de Paris pour
un montant de 0,4 milliards de franc CFA en 1980 et 144,5 milliards en 1985.
Au niveau de la troisième période, de 1992 à 1994, nous notons une hausse fulgurante du
stock de la dette : en 1994 l’évolution du stock de la dette a atteint 46,57%. Cette hausse du
35
montant du stock de la dette peut s’expliquer par la dévaluation du franc CFA qui en 1993, a
poussé l’Etat du Sénégal à s’endetter davantage.
En outre, la quatrième période qui va de 1994 à 2006, où nous remarquons que la courbe a
brusquement chuté et a atteint 40,83%en 1996 pour connaître ensuite une évolution croissante
; période où le Sénégal a atteint son point de décision (1998).
Durant cette période, avec l’obtention du point d’achèvement de l’initiative PPTE, le Sénégal
bénéficie chaque année d’une remise de dette d’un montant nominal de 850 millions de
dollars, comprenant les remises de dettes intérimaires concédées depuis le point de décision
en 1998.
Pour l’année 2006, le Sénégal obtenait des mesures fortes d’annulation de sa dette extérieure,
à la faveur de son éligibilité aux initiatives de réduction de dettes PPTE et IADM. Aussi, son
taux d’endettement avait drastiquement baissé pour se situer à 12,26% du PIB.
En fin de 2006 à 2020, la tendance du ratio de la dette sur le PIB est haussière voire
exponentielle. Le taux d’endettement public remontait jusqu’à 53,85%.
Cette augmentation significative du stock de la dette est en lien avec les emprunts importants
contractés dans le cadre de la lutte contre la Covid-19.
50
STOCK DE LA DETTE EN % PIB
40
30
20
10
36
1.7.2 Analyse graphique de l’évolution du taux de croissance réel par habitant
L’analyse graphique du taux de croissance réel du PIB par habitant, nous montre que le taux
de croissance tourne autour de 0,89% soit sa valeur médiane. On peut noter également qu’il
varie de -8,43% à 4,91%.
0
TXPIBRH
-5
37
Evolution du taux d'investissement
40
35
Taux d'investissement
30
25
20
15
- De 1980 à 1997, on enregistre une forte décroissance : elle passe de 33,22% à 26,93%.
- De 1997 à 2020, les ouvertures commerciales augmentent d’une manière
exponentielle : elles varient entre 26,93% à 36,86%.
35.0
32.5
OVC
30.0
27.5
38
1.7.5 Analyse graphique de corrélation
Le nuage de points ci-dessous met en exergue le lien entre la croissance et économique et la
dette publique. Ainsi, nous remarquons une présomption d’une relation négative et non
linéaire entre la croissance et la dette : plus on augmente la dette plus la croissance diminue.
En outre, nous avons un coefficient de corrélation de Spearman estimé à -0,043. Ce qui veut
dire que la relation entre la croissance économique et la dette est très faible voire aucune.
0
TXPIBRH
-5
25 50 75 100
DETPIB
39
Tableau 1: Test ERS sur les variables en niveau
Au vu des résultats obtenus par le test ERS, nous remarquons que seul le taux de croissance
réel par habitant (TXPIBRH) est stationnaire à niveau (car valeur calculée est inférieure à la
valeur critique). Néanmoins les autres variables elles sont non stationnaires (car valeur
calculée est supérieure à la valeur critique). Cependant ces dernières elles sont devenues
stationnaires après avoir être différenciées : DLDETPIB est stationnaire au deuxième
différence tant dis que DLOUV DLTXINV sont stationnaires au première différence. Elles
sont alors intégrées respectivement d’ordre I (2), I (1) et I (1). Par ailleurs, la différence
d’intégration des variables justifie le recours à la modélisation VAR.
40
1.10 Test de causalité au sens de GRANGER
Tableau 3: Résultats du test de causalité
Au regard de ces résultats du test de causalité, nous constatons que la dette publique
extérieure ne cause pas au sens de Granger la croissance économique (0,242 > 5%). Même
constat dans le sens croissance économique vers dette publique (0,152> 5%).
41
La figure montre que les inverses de toutes les racines du polynôme caractéristique du modèle
𝑉𝐴𝑅(3) sont à l’intérieur du cercle unitaire. Nous pouvons donc conclure que le modèle
𝑉𝐴𝑅(3) est stable.
42
On ne rejette pas l’hypothèse nulle selon les résultats de ce test jusqu’à l’ordre 2(0,13> 5%).
Ce qui veut dire que le modèle ne souffre pas d’un problème d’heteroscedasticité jusqu’à
l’ordre 2 avec un risque de 5%.
On ne rejette pas l’hypothèse nulle selon les résultats de ce test jusqu’à l’ordre 2(0,11> 5%).
Ce qui veut dire qu’il n’y a pas d’autocorrélations des erreurs jusqu’à l’ordre 2 avec un risque
de 5%.
En outre, nous avons noté un effet significatif du taux d’investissement sur la croissance
économique avec un risque de 5% ; le taux de croissance économique accroitrait en moyenne
de 0,076points environ lorsque le taux d’investissement diminue de 1% toutes choses étant
égales par ailleurs.
De plus, aucun effet significatif de la dette extérieure sur la croissance économique n’a été
détecté avec un risque de 5% ; nous ne pouvons donc pas quantifier l’effet partiel de la dette
extérieure sur la croissance économique.
43
Conclusion et Recommandations
Conclusion
Tout au long de ce travail, nous avons examiné les différents aspects théoriques et empiriques
de la relation entre endettement extérieur et croissance économique. Nous avons estimé un
modèle VAR pour capter l’impact partiel de la dette sur la croissance économique. La
problématique de l'endettement extérieur nous a amené à apprécier dans une moindre mesure
l’IPPTE. Toutefois, il s’est avéré qu’il serait très prématuré d’en dresser le bilan, et
notamment son impact socioéconomique dans la réduction de la pauvreté.
Au terme de cette recherche, il ressort que la dette extérieure n’a pas d’un impact significatif
sur la croissance économique (0,242 > 5%).
De plus, elle ne cause pas la croissance économique Sénégalaise au sens de Granger (0,242 >
5%).
Par ailleurs, ce travail nous a également permis de mettre en exergue certains déterminants de
la croissance économique. En effet, le taux d'investissement total affecte négativement et
significativement la croissance économique(0,028 < 5%). L’ouverture commerciale quant à
elle agit sur celle-ci de manière positive et significative(0,038 < 5%).
Recommandations
Les recommandations que nous avons formulées se situent dans cette perspective, il s’agit
notamment, pour stimuler la croissance :
44
L’etat sénégalais doit s’ouvrir davantage aux restes du monde pour bouster la croissance
économique.
Orienter les investissements dans des secteurs productifs. Quant aux investissements, nous
remarquons qu’ils ont un impact négatif sur le taux de croissance. L’Etat doit revoir sa
politique sur les investissements en identifiant clairement les secteurs sur lesquels il veut
investir et effectuer des études de faisabilité pour voir si les projets seront rentables
45
Discussion
L’analyse des résultats de notre étude a montré que l’endettement public extérieur n’impacte
pas significativement la croissance économique du Sénégal. Cette conclusion est la même que
celle d’une étude menée au Burundi par NDACAYISABA Arnaud & NDAYININAHAZE
Hervé en 201321.
Néanmoins, des études menées par Samba DIOP22 au Sénégal ont montré que l’endettement
public extérieur influence négativement la croissance économique.
Pour finir, notons que cette étude reste perfectible car elle comporte certaines insuffisances.
Nous les formulons ici de manière à ce qu'elle soit prise en compte dans les études ultérieures.
Il s'agit entre autres :
21
Etudiants à l’université de Burundi 2013
22
Etudiant de l’Institut Africain de Développement Economique et de Planification (IDEP) 2009
46
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49
ANNEXE
Annexe1 : Courbe de LAFFER
50
Annexe4 : Test ARCH-LM
51
Source : nous même via STATA16
52