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I Formes n-linéaires 1
I.A Dénition d'une forme n-linéaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
I.B Exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
I.C Forme n-linéaire symétrique/antisymétrique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
I.D Forme n-linéaire alternée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
I Formes n-linéaires
I.B Exemples
E = R3 , n = 2. Le produit scalaire :
x1 y1
φ : x2 , y2 7→ x1 y1 + x2 y2 + x3 y3
x3 y3
φ : (−
→
x,−
→
y ,−
→
z ) 7→ x1 y2 z2 − x2 y1 z1
φ(2→
−
u +→
−
v ,→
−
u −→
−
v +−
→
w,→
−
w −→
−
u)
et remarquer l'analogie avec le développement dans R d'un produit comme (2a + b)(a − b + c)(c − a).
[det201]
1
Il est clair que l'application nulle de E n dans K, est une forme n-linéaire particulière, que la
somme de deux formes n-linéaires et le produit par un scalaire d'une forme n-linéaire, sont des
formes n-linéaires. On peut donc dire que :
Proposition 1.
Les formes n-linéaires sur E constituent donc un sous-espace vectoriel de l'espace vectoriel F(E n , K)
des applications de E n dans K.
On notera Ln (E, K) le K-espace vectoriel des formes n-linéaires sur E .
∀ (−
→, −
x → −
→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→ −
→
1 x2 , . . . , xn ) ∈ E , φ(x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = φ(x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn )
n
Exemple 1. Par dénition, un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique (dénie positive).
Dénition 3.
φ ∈ Ln (E, K) est dite antisymétrique si φ(−
→, −
x → −
→
1 x2 , . . . , xn ) est changé en son opposé par échange de
deux vecteurs :
∀ (−
→, −
x → −
→ −
→ −
→ →
− −
→ −
→ →
− −
→ −
→
1 x2 , . . . , xn ) ∈ E , φ(x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = −φ(x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn )
n
Théorème 1.
Soit φ une forme n-linéaire sur un K-espace vectoriel E :
Démonstration.
Remarque 1. Il existe des corps dans lesquels 1 + 1 = 0. Pour ces corps, les deux notions de forme
n-linéaire alternée et de forme n-linéaire antisymétrique ne coïncident pas.
2
Proposition 2.
L'ensemble des formes n-linéaires alternées (ou antisymétriques) forment un sous-espace vectoriel de
Ln (E, K). On notera An (E, K) ce K-espace vectoriel.
Proposition 3.
Soit φ ∈ An (E, K) :
1. Si l'un des vecteurs −
→, . . . , −
x 1 x→ −
→ −
→
n est nul, alors φ(x1 , . . . , xn ) = 0.
Démonstration.
→
− −
→
1. En eet, l'application −
→
xi 7→ φ(−
→, . . . , −
x 1
→
xi , . . . , −
x→
n ) est linéaire, donc l'image de 0 est 0 .
Exercice 2
Démontrer ce dernier point. [det202]
II.A Préliminaires
Exercice 3
Soit E un espace vectoriel de dimension 3 sur K, rapporté à une base B = (→
−
e1 , →
−
e2 , −
→
e3 ). Soient α, β ∈ K.
On considère la forme bilinéaire sur E dénie par :
( → )
φ : x1 −
e1 + x 2 →
−
e2 + x3 −
→
e3 , y1 −
→
e1 + y 2 →
−
e2 + y3 −
→
e3 7→ x1 y3 + αx2 y1 + βx3 y2
Est-il possible de choisir α et β pour que cette forme soit alternée ? Même question avec la forme :
( − )
φ : x1 →
e1 + x2 −
→
e2 + x3 −
→
e3 , y 1 →
−
e1 + y2 −
→
e2 + y3 −
→
e3 7→ x1 y3 + x1 y2 + αx3 y1 + βx2 y1
[det203]
Exercice 4
Soit E un espace vectoriel de dimension n sur K. Soit p un entier > n. Montrer que toute forme
p-linéaire alternée sur E est nulle. [det204]
L'objet de ce paragraphe II est d'étudier les formes n-linéaires alternées lorsque dim E = n .
3
Théorème 2.
Si dim E = n, alors dim An (E, K) = 1. Plus précisément, il existe une forme n-linéaire alternée non
nulle, et toutes les autres lui sont proportionnelles.
detB (−→
e1 , −
→
e2 , −
→
e3 ) = 1
et que detB est une forme trilinéaire alternée non nulle.
En résumé, on a exhibé une forme trilinéaire alternée non nulle detB , telle que pour toute forme trilinéaire alternée φ,
on ait : φ = φ(−
→
e1 , −
→
e2 , −
→
e3 )× detB ou encore φ = λ× detB , en posant λ = φ(− →
e1 , −
→
e2 , −
→
e3 ). Finalement :
Si dim E = 3, A3 (E, K) est un K-espace vectoriel de dimension 1.
On vient de voir qu'une base de ce K-espace vectoriel est constituée par la forme trilinéaire non nulle detB :
[ ]
detB : (−
→, −
x → − →
1 x2 , x3 ) 7→ α11 (α22 α33 − α32 α23 ) − α21 (α12 α33 − α32 α13 ) + α31 (α12 α23 − α22 α13 )
où D est une expression "lourde" des variables αij que l'on note :
α11 α12 ... α1n
α21 α22 ... α2n
D = detB (−
→, −
x → −
→
1 x2 , . . . xn ) = .. .. ..
. . .
αn1 αn2 . . . αnn
Cette notation fait gurer en colonnes les coordonnées de −
x1 , −
→ →, . . . , −
x→ detB (−
→, −→ −
→
x 2 n dans la base B ;x 1 x2 , . . . xn ) est évi-
demment un nombre.
On admet que l'application detB : (− →, −
x → −
→ −
→ − → −
→
1 x2 , . . . xn ) 7→ detB (x1 , x2 , . . . xn ) est une forme n-linéaire alternée, qu'elle est
non nulle (car detB (B) = 1), et on a :
∀φ ∈ An (E, K), ∀(x −
→, x −
→, . . . , x −
→) ∈ E n , φ(x −
→, x
−→, . . . , x
−
→) = φ(− →
e1 , −
→
e2 , . . . , e−
→) × det (x−
→ − → −
→
1 2 n 1 2 n n B 1 , x2 , . . . , xn )
On voit que la forme n-linéaire alternée φ est proportionnelle à la forme n-linéaire alternée detB ; plus précisément, on
a : φ = λ detB , avec λ = φ(−
→
e1 , −
→
e2 , . . . , −
e→n ).
Dénition 5. Si B = (→
−
e1 , →
−
e2 , . . . , −
e→
n ) est une base de E , on appelle déterminant dans la base B , noté
detB , l'unique forme n-linéaire alternée qui vérie :
detB (→
−
e1 , →
−
e2 , . . . , −
e→
n) = 1
4
II.B Déterminant et indépendance linéaire
Théorème 3.
Soient E un K-espace vectoriel, B = (−
→
e1 , −
→
e2 , . . . , −
e→ −
→ − → −
→
n ) une base de E , et u1 , u2 , . . . , un ∈ E .
−
→, −→ −
→ detB (−
→, −→ −
→
u 1 u2 , . . . , un sont linéairement indépendants ⇐⇒ u 1 u2 , . . . , un ) ̸= 0
Démonstration.
n-linéaire alternée non nulle detB′ sur E . Elle est nécessairement proportionnelle à detB :
∃λ ∈ K∗ , detB = λ detB′
(λ est non nul, car les deux formes n-linéaires detB′ et detB sont non nulles).
On applique à (−→, −
u → −
→
1 u2 , . . . , un ). On obtient :
1 = λ detB (−
→, −
u → −
→
1 u2 , . . . , un )
Remarque 3. En appliquant à (→
−
e1 , →
−
e2 , . . . , −
e→
n ) la formule detB′ = λ detB , on obtient λ = detB′ (B)
d'où la formule de changement de base pour les déterminants :
∀(−
→, −
x → −
→ −
→ − → −
→ −
→ − → −
→
1 x2 , . . . , xn ) ∈ E , detB′ (x1 , x2 , . . . , xn ) = detB′ (B) × detB (x1 , x2 , . . . , xn )
n
Exercice 5
Vérier ce résultat pour n = 2 et n = 3. [det205]
5
III.B Méthodes pour simplier le calcul d'un déterminant
Les méthodes suivantes sont essentielles, et reposent sur le fait que :
detB : (−
→, −
x → −
→ −
→ − → −
→
1 x2 , . . . , xn ) 7→ detB (x1 , x2 , . . . , xn )
∀(−
→, . . . , −
x2 x→
n) ∈ F
n−1
, φ(−
→, . . . , −
x2 x→ −
→ −
→
n ) = λ detB′ (x2 , . . . , xn )
1 0 ... 0
α22 ... α2n
0 α22 ... α2n .. ..
.. .. .. = . .
. . .
αn2 ... αnn
0 αn2 . . . αnn
4. Montrer que :
puis que :
α11 α12 α13 ... α1n
α22 α23 ... α2n
0 α22 α23 ... α2n .. .. ..
.. .. .. .. . . .
. . . . = α11 × .. .. ..
.. .. .. .. . . .
. . . .
αn2 αn3 ... αnn
0 αn2 αn3 . . . αnn
[det206]
6
Dénition 6.
α11 α12 ... α1n
α21 α22 ... α2n
Soit ∆ = .. .. ..
. . .
αn1 αn2 . . . αnn
Le mineur de αij est le déterminant ∆ij obtenu en rayant la ligne et la colonne de αij .
∑
n
∆= (−1)i+k αik ∆ik
i=1
Exercice 7
Démontrer ce résultat en envisageant d'abord le cas k = 1. [det207]
Exercice 9
1 0 a a2
0 1 b b2
Calculer : [det209]
1 0 c c2
0 1 d d2
Exercice 10
1 3 −2 4
5 2 −1 5
Calculer par la méthode du pivot :
1 2 3 −1
5 −2 1 1
Compter le nombre de multiplications (ou divisions) nécessaire à ce calcul. [det210]
Exercice 11
Compter le nombre de multiplications ou divisions qu'on eectue lorsqu'on calcule un déterminant
n × n par la méthode du pivot, ou lorsqu'on le développe par la méthode "brutale". Evaluer ces
nombres lorsque n = 20. [det211]
7
Exercice 12 Déterminant de Vandermonde (fréquent dans les concours !)
On pose, pour a1 , a2 , . . . , an ∈ K :
1 a1 a21 . . . an−1
1
1 a2 a22 . . . an−1
2
.. ..
V (a1 , a2 , . . . , an ) = . .
.. ..
. .
1 an a2n . . . an−1
n
1. Calculer V (a, b, c), et mettre le résultat sous forme d'un produit de facteurs.
2. On considère le polynôme V (a1 , a2 , . . . , an−1 , X). Déterminer son degré, son coecient domi-
nant, et ses zéros.
3. En déduire que :
V (a1 , a2 , . . . , an ) = V (a1 , a2 , . . . , an−1 ) × (an − a1 )(an − a2 ) . . . (an − an−1 )
4. Conclure que :
∏
V (a1 , a2 , . . . , an ) = (aj − ai )
i<j
[det212]
IV.A Généralités
Soient E un K-espace vectoriel, B = (− →
e1 , −
→
e2 , . . . , −
e→
n ) une base de E , et f un endomorphisme de
E . L'application :
(−
→, −
x →, . . . , −
x 1 x→) 7→ det (f (−
2 n x→), f (−
→), . . . , f (−
x
B 1 x→)) 2 n
est une forme n-linéaire alternée. Elle est donc proportionnelle à detE , c'est-à-dire :
∃λ ∈ K, ∀(− →, −
x →, . . . , −
x 1 2 x→) ∈ E n , det (f (−
n
→), f (−
x →), . . . , f (−
x B 1 x→)) = λ det (−
2
→, −
x →, . . . , −
x x→)
n B 1 2 n
En évaluant en (−
→
e1 , −
→
e2 , . . . , −
e→
n ), on obtient :
λ = detB (f (−
→
e1 ), f (−
→
e2 ), . . . , f (−
e→
n ))
De plus, ce nombre ne dépend pas de la base choisie. En eet, considérons une autre base B′ = (−
→, −
u → −
→
1 u2 , . . . , un ),
et posons :
µ = det ′ (f (−
→), f (−
u →), . . . , f (−
u B 1 u→)) 2 n
d'où :
det f = detB (f (−
→
e1 ), f (−
→
e2 ), . . . , f (−
e→
n ))
ne dépend pas de la base. On l'appelle déterminant de f . De plus, on a, quelle que soit la base B de
E:
∀(−
→, −
x → −
→ −
→ −
→ −
→ −
→ − → −
→
1 x2 , . . . , xn ) ∈ E , detB (f (x1 ), f (x2 ), . . . , f (xn )) = det f × detB (x1 , x2 , . . . , xn )
n
8
IV.B Propriétés du déterminant d'un endomorphisme
Théorème 8.
Soit f un endomorphisme de E , espace vectoriel de dimension n :
f ∈ GL(E) ⇐⇒ det f ̸= 0
Démonstration. Soit B = (−
→
e1 , −
→
e2 , . . . , −
e→
n ) une base de E . On a :
det f = detB (f (−
→
e1 ), f (−
→
e2 ), . . . , f (−
e→
n ))
et alors :
det f ̸= 0 ⇐⇒ f (−
→
e1 ), f (−
→
e2 ), . . . , f (−
e→
n) sont linéairement indépendants
⇐⇒ rgf = dim Im f = n
⇐⇒ f ∈ GL(E)
Théorème 9.
Soient f, g deux endomorphismes de E , espace vectoriel de dimension n :
det(g ◦ f ) = det g × det f
Démonstration. Si B = (−
→
e1 , −
→
e2 , . . . , e−
→) est une base de E , on a :
n
det(g ◦ f ) = detB (g ◦ f (− →
e1 ), g ◦ f (−
→
e2 ), . . . , g ◦ f (−
e→
n ))
−
→ −
→ −
→
= det g × detB (f (e1 ), f (e2 ), . . . , f (en ))
= det g × det f
det IdE = 1
1
det f −1 =
det f
et les propriétés du déterminant d'un endomorphisme ont leurs propriétés correspondantes pour les
déterminants de matrices carrées :
Soit A ∈ Mn (K) :
9
A est régulière ⇐⇒ det A ̸= 0
Soient A, B ∈ Mn (K) :
1
det A−1 =
det A
Exercice 13
( ) ( )
a b a′ b′
Vérier directement la formule : det AB = det A × det B , si A = et B = .
c d c′ d′
[det213]
Exercice 14
Montrer que deux matrices semblables ont le même déterminant. A quoi cela correspond-il en ce qui
concerne le déterminant d'un endomorphisme ? [det214]
Exercice 15
Soient p, q, n trois entiers > 0 tels que p + q = n.
Soient A ∈ Mp (K), B ∈ Mpq (K), C ∈ Mq (K). On dénit M ∈ Mn (K), par blocs, de la manière
suivante :
A B
M =
0 C
A et C sont des blocs carrés, B est un bloc rectangulaire, et la matrice en bas à gauche est un bloc
nul. Vérier que :
Ip B A 0
M =
×
0 C 0 Iq
et en déduire que :
10
Calculer det M si : [ ] [ ] [ ]
A11 A12 ··· A1k
[ ] [ ]
···
0 A22 A2k
M =
.. ..
. .
[ ]
0 0 Akk
(les [Aii ] sont des blocs carrés, et sous les [Aii ], il n'y a que des 0). [det216]
Soit P (X) = a0 + a1 X + · · · +
an−1 X ∈ C[X]. On note z0 ,
n−1
z1 , . . . , zn−1 les racines n-ièmes de 1.
1
1 1 ··· ··· 1
zi
02z z1 · · · · · · zn−1
2
Pour chaque i, on pose Zi = zi , et on pose enn Z = 0 z z12 · · · · · · zn−1
2
..
. · · · ··· ··· ··· ···
z n−1 z0n−1
z1n−1 · · · · · · zn−1
n−1
i
1. Montrer que pour chaque i, CZi = P (zi )Zi .
2. Calculer CZ .
3. Montrer que det C = P (z0 ) × P (z1 ) × · · · × P (zn−1 ).
[det217]
11