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- 1 - Fiche n° 18

PROCÉDURE PÉNALE

SOMMAIRE

1 - GÉNÉRALITÉS

2 - LES AUTEURS D'UNE COMMISSION ROGATOIRE

2.1 - JUGE D'INSTRUCTION


2.2 - CHAMBRE D’ACCUSATION
2.3 - PRÉSIDENT DE LA COUR CRIMINELLE OU MAGISTRAT
DÉLÉGUÉ
2.4 - TOUTE JURIDICTION DE JUGEMENT

3 - LES DESTINATAIRES DE LA COMMISSION ROGATOIRE

3.1 - DIRECTEMENT
3.2 - PAR SUBDÉLÉGATION

4 - LA COMPÉTENCE DE L'OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE COM-


MIS
-2-

5 - LES ACTES QUI PEUVENT ÊTRE EFFECTUÉS SUR COMMISSION


ROGATOIRE PAR UN OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE

5.1 - CONSTATATIONS
5.2 - PERQUISITIONS ET SAISIES
5.3 - RÉQUISITION DES PERSONNES
5.4 - AUDITION DE VICTIMES
5.5 - AUDITION DE TÉMOINS
5.6 - AUDITION D'UNE PARTIE CIVILE
5.7 - AUDITION D'UNE PERSONNE GARDÉE À VUE
5.8 - AUDITION D'UNE PERSONNE CONTRE LAQUELLE IL EXISTE
DES INDICES GRAVES ET CONCORDANTS DE PARTICIPATION
À L'INFRACTION
5.9 - RECUEIL, LORS D'UNE AUDITION, D'AVEUX OU DE RENSEI-
GNEMENTS CONCERNANT UNE INFRACTION AUTRE OU COM-
MISE DANS UN AUTRE ARRONDISSEMENT JUDICIAIRE

6 - LES MESURES DE GARDE À VUE QUI PEUVENT ÊTRE PRISES


POUR L'EXÉCUTION D'UNE COMMISSION ROGATOIRE

6.1 - PROLONGATION DE LA GARDE À VUE


6.2 - PRÉSENTATION AU JUGE D'INSTRUCTION

7 - LE DÉLAI D'EXÉCUTION D'UNE COMMISSION ROGATOIRE

8 - LES RÉQUISITIONS DU JUGE D'INSTRUCTION

9 - LE CONTRÔLE DU JUGE D'INSTRUCTION

10 - LES COMMISSIONS ROGATOIRES INTERNATIONALES (C.R.I.)

10.1 - COMMISSIONS ROGATOIRES (C.R.) ÉMANANT DE LA FRANCE


10.2 - DÉNONCIATIONS OFFICIELLES ÉMANANT DE DJIBOUTI
10.3 - COMMISSIONS ROGATOIRES ÉMANANT DE L'ÉTRANGER
10.4 - DÉNONCIATIONS OFFICIELLES ÉMANANT DE L'ÉTRANGER
10.5 - ACTES JUDICIAIRES
-3- Fiche n° 18

1 - GÉNÉRALITÉS
Le juge d'instruction n'a ni le temps, ni les moyens d'effectuer seul tous C.P.P.,
les actes d'instruction. Lorsqu'il se trouve dans l'impossibilité de procéder lui-même à art. 74 al. 2
certains actes, il peut se faire aider dans sa tâche "EN DONNANT COMMISSION ROGA -
TOIRE".

La commission rogatoire est une forme de réquisition par laquelle


un magistrat délègue ses pouvoirs à un autre magistrat ou à un officier de police
judiciaire pour accomplir à sa place un ou plusieurs actes d'information déterminés.

Cette pièce de procédure présente trois caractéristiques. La

commission rogatoire :

– est une délégation de pouvoirs pour une mission bien définie ;


Exemple : si la commission rogatoire prescrit une perquisition dans les
bureaux d'une société, l'O.P.J. ne doit pas à cette occasion opérer dans
les locaux à usage d'habitation (domicile du gardien…) ;

– ne peut prescrire que des actes d'instruction se rattachant C.P.P art. 155
directement aux faits ayant motivé l'ouverture de l'information.
Exemple : pour une affaire d 'abus de confiance, le juge d'instruction ne
peut pas délivrer une commission rogatoire aux fins d'effectuer une
perquisition en vue de rechercher des armes que la personne mise en
examen pourrait éventuellement détenir à son domicile ;

– est écrite et doit :


· désigner par sa fonction le magistrat ou l'officier de police judiciaire
délégué,
· indiquer la nature de l'infraction, objet des poursuites (1). Exemples :
vol, agression sexuelle, exhibition sexuelle commise dans l'intention C.P.P art. 155
d'offenser la pudeur d 'autrui, meurtre…),
· être datée,
· être signée par le magistrat qui la délivre,
· être revêtue de son sceau,
· respecter les délais de transmission. La commission rogatoire et les C.P.P
procès-verbaux doivent être transmis dans les trois jours de la fin art 158 al 4
des opérations exécutées en vertu de celle-ci.

Lorsque la commission rogatoire prévoit des opérations simultanées à


effectuer en différents points du territoire, elle peut être adressée aux magistrats ou aux C.P.P art. 159
officiers de police judiciaire chargés de son exécution, sous forme de reproduction
(photocopie) ou de copie intégrale de l'original, certifiée conforme.

S'il y a urgence, la commission rogatoire peut être diffusée aux services


de police ou de gendarmerie par tous moyens, notamment la télécopie. La télécopie ou le
message doit préciser les mentions essentielles de l'original et spécialement la nature de
l'infraction objet des poursuites, le nom et la qualité du magistrat mandant (2).

(1) Il est d'usage également que la commission rogatoire précise l'identité des parties ou mentionne que
les poursuites sont dirigées contre inconnu.
(2) Dans une affaire déterminée, le juge d'instruction peut, par commission rogatoire, faire appel
simultanément à la Police nationale et à la Gendarmerie nationale pour faire procéder à des
opérations en divers points du territoire.
-4-

2 - LES AUTEURS D'UNE COMMISSION ROGATOIRE

2.1 -JUGE D'INSTRUCTION


C.P.P art. 74 C'est la règle générale.

La présente fiche ne considère que cette hypothèse.

2.2 -CHAMBRE D’ACCUSATION

C.P.P art. 214 Lorsqu'elle fait procéder à des suppléments d'information par un de ses
membres, la chambre d’accusation commission rogatoire et procède selon les règles qui
s'imposent au juge d'instruction.

2.3 - PRÉSIDENT DE LA COUR CRIMINELLE OU MAGISTRAT DELÉGUÉ

C.P.P art. 314 Lorsqu'il ordonne des actes d'instruction (information incomplète ou
éléments nouveaux révélés depuis la clôture de l'instruction), l'un de ces magistrats peut
délivrer une commission rogatoire et procéder selon les règles qui s'imposent au juge
d'instruction.

2.4 -TOUTE JURIDICTION DE JUGEMENT


Lorsque le tribunal correctionnel estime qu'il y a lieu de procéder à un
C.P.P art. 354 supplément d'information, il commet alors par jugement un de ses membres, qui dispose
des pouvoirs prévus aux articles 155 à 159 du Code de procédure pénale et procède selon
les règles qui s'imposent au juge d'instruction.

Lorsqu'une juridiction saisie veut faire entendre par un juge du lieu de


C.P.P art. 277 détention un condamné qui est incarcéré hors du siège de la juridiction de jugement, elle
peut :

– délivrer commission rogatoire;

– déléguer l'un des juges du tribunal qui procède à l'audition du détenu


par procès-verbal.
-5- Fiche n° 18

3 - LES DESTINATAIRES DE LA COMMISSION ROGATOIRE

3.1 - DIRECTEMENT

peut délivrer

une COMMISSION ROGATOIRE :


· à un autre JUGE, C.P.P.,
art. 151, al. 1

• à un OFFICIER DE POLICE
JUDICIAIRE ;

3.2 - PAR SUBDÉLÉGATION


Le juge d'instruction qui reçoit une commission rogatoire peut

SUBDÉLÉGUER
(1) L'officier de police judiciaire qui reçoit directement une commission rogatoire émanant d'un
magistrat situé hors de son ressort doit en aviser le procureur de la République (C.P.P, art. 155, al.
1) et rendre compte à son supérieur hiérarchique.
(2) Si un autre service de police judiciaire est commis pour l'exécution d'une commission rogatoire,
les officiers de police judiciaire de gendarmerie facilitent l'exécution de sa mission, dans toute la
mesure de leurs moyens : prêt de local pour la garde à vue, mesures conservatoires ou avis
demandés par fiches ou messages, déclenchement de barrages routiers, etc. Toutefois, ils ne sont
pas habilités à effectuer une opération devant entraîner l'établissement d'un acte de procédure
(audition ou confrontation de témoins, perquisition…) sauf, bien entendu, sur réquisition (cf.
chapitre 8) ou commission rogatoire subdéléguée par un magistrat compétent territorialement dans
le ressort de l'O.P.J. concerné. S'ils passaient outre, les procès-verbaux qu'ils se verraient tenus
de dresser seraient inévitablement entachés de nullité.
-7- -8- Fiche n ° - 1 8

4 - LA COMPÉTENCE DE L'OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE

Pour qu'il puisse exécuter


la commission rogatoire, l'officier de police
judiciaire, commis (1) doit être compétent à
trois points de vue :
est compétent :

1
- pour accomplir tout acte d 'information, excepté :
• les auditions, interrogatoires ou les confrontations de la personne mise en examen, de celle contre qui il existe des indices graves et concordants de
participation aux faits, dont le juge d'instruction est saisi, du témoin assisté et de la partie civile (2) (art. 102 et 156 du C.P.P (3) )
• la commission rogatoire est dite "particulière "(4) lorsque la délégation porte sur des actes précis à effectuer,
compétence • la commission rogatoire est dite "générale" (5) lorsque la délégation porte sur «tous actes utiles à la manifestation de la vérité»,
en raison des
• cependant, ces actes sont limités à ceux se rattachant directement à la répression de l'infraction visée aux poursuites (infraction déjà commise ou en
actes
RATIONE MATERIAE : cours d'exécution,) ;
à accomplir :

NOTA : la commission rogatoire ne peut pas être " pleinement générale", en ce sens qu'elle ne peut pas viser toute une catégorie d'infractions
2 éventuelles.
Exemple : serait nulle une commission rogatoire ayant pour objet de procéder à une enquête au sujet d'actes de prostitution susceptibles
d 'être perpétrés dans divers hôtels d'une ville, sans qu'une infraction déterminée fasse l'objet de poursuites.
compétence – à l'égard de toutes les personnes, sauf :
en raison des
personnes – • les membres du gouvernement,
RATIONE: PERSONAE – • les représentants des puissances étrangères ;
3 - pour opérer dans toute sa circonscription habituelle.

en vertu d'une commission rogatoire expresse du juge d'instruction, l'officier de police judiciaire peut procéder, sans subdélégation, sur toute l'étendue du territoire
national, aux opérations prescrites par ce magistrat (C.P.P, art. 23) ;
Compétence
En raison des lieux
- pour procéder à des auditions sur le territoire d'un État étranger sur commission rogatoire expresse, il leur faut d'abord obtenir l'accord des
où les actes
RATIONE autorités compétentes de cet État.
doivent être LOCI
effectués :
NOTA : l’assistance de l'O.P.J. exerçant ses fonctions dans la circonscription intéressée ne sera requise par l'O.P.J. bénéficiant d'une extension de
compétence que sur décision d u magistrat mandant
Néanmoins il doit toujours informer le procureur de la République territorialement compétent et l'officier de police judiciaire en charge de la sécurité
publique territorialement compétent

(1) L'O.P.J. peut :


– soit avoir reçu directement la commission rogatoire, s'il se trouve dans le ressort du juge mandant ;
– soit l'avoir reçue par subdélégation ou directement, s'il se trouve hors du ressort du juge mandant.
(2) Les O.P.J. ne peuvent procéder à l'audition des témoins assistés et parties civiles que sur leur demande et après renonciation à être assistés d'un conseil. Ils déposent sans prestation de serment.
(3) Le pouvoir de procéder à des interrogatoires et confrontations de ces personnes ne peut être délégué qu'à des magistrats, mais jamais à des officiers de police judiciaire.
(4) Les commissions rogatoires "particulières" sont susceptibles d'être confiées même simultanément à la Gendarmerie et à la Police, pourvu qu'elles comportent des vérifications nettement distinctes ou des opérations à effectuer en des lieux différents.
(5) Les commissions rogatoires "générales" sont normalement remises au seul service (Gendarmerie ou Police) qui paraît le plus qualifié en l'espèce pour procéder aux investigations.
Exceptionnellement, lorsque les données de la procéd ure ne permettent pas, par exemple, d'orienter les diligences à poursuivre, une commission rogatoire "générale" pourrait être délivrée aux deux services (gendarmerie et police), mais, pour éviter des chevauchements, il
convient que le magistrat mandant fasse une répartition des zones d'action.
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5 - LES ACTES QUI PEUVENT ÊTRE EFFECTUÉS SUR COMMIS-


SION ROGATOIRE PAR UN OFFICIER DE POLICE JUDICIAIRE
L'officier de police judiciaire commis
exerce, dans les limites de la mission fixée par
commission rogatoire, les mêmes pouvoirs que
le juge d’instruction (1)

UN O.P.J. peut recevoir une


commission rogatoire pour
procéder aux actes suivants :
constatations ;
Cf. § 5.1

perquisitions et saisies ;
Cf. § 5.2

auditions de victimes Cf. § 5.3

auditions de témoins ; Cf. § 5.4


L'officier de police judiciaire doit se conformer aux règles et formalités C.P.P.,
imposées au magistrat instructeur lorsqu'il agit personnellement mais contrairement au juge art. 74,al. 3
d'instruction la loi ne lui impose pas l'assistance d'un greffier.

L'officier de police judiciaire exécute la commission rogatoire : C.P.P,art. 234

– sous l'autorité du magistrat mandant qui doit vérifier les éléments


d'information recueillis ;

– sous le contrôle du président de la chambre de l'instruction.

En conséquence, l'officier de police judiciaire doit tenir le magistrat


mandant informé de son activité, lui signaler ses difficultés et, si besoin, solliciter des
instructions.

5.1 - CONSTATATIONS

Il est rare qu'une commission rogatoire prescrive d'effectuer des consta-


(2)(3)
tations puisque celles-ci ont été faites, en principe, avant l'ouverture de l'information.

Des opérations de constat peuvent cependant intervenir dans trois cas :

– dans le cas d'un crime ou délit flagrant, lorsqu'une commission


rogatoire est délivrée dès le début de l’enquête (4) ;

– dans le cas d'un crime ou délit non flagrant, lorsque l'officier de police
judiciaire se fait délivrer une commission rogatoire pour procéder à
l'enquête ;
(1)Les magistrats accomplissent les mêmes actes, mais ils peuvent, en outre, recevoir délégation pour
procéder à l'interrogatoire ou à la confrontation de la personne inculpée, de la personne contre
laquelle existent des indices graves et concordants de participation aux faits objets de l'information
en cours ou de la partie civile.
(2)Les constatations sont rapportées de façon aussi précise que possible dans un procès-verbal
particulier ou dans le corps de la procédure unique résumant toutes les opérations effectuées en
exécution de la commission rogatoire.
(3)Exemple de commission rogatoire délivrée pour faire procéder à des constatations : le constat de
traces d'accident sur un véhicule automobile (délit de fuite).
(4)Cas où une information est ouverte dans un temps proche de celui de la commission de l'infraction.
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– lorsque l'exécution de la commission rogatoire oblige l'officier de


police judiciaire à reprendre entièrement l'enquête initiale, y compris
les constatations.

Les constatations sont faites dans des conditions analogues à celles de


la procédure de crime ou délit flagrant.

Particularité
Il s'agit des constatations à effectuer sur commission rogatoire au
domicile de la personne inculpée.

C.P.P.,art. 51, Dans ce cas, les constatations doivent obligatoirement être faites selon le
53 et 90 cas :

– en présence de la personne elle-même ;

– en présence du représentant qu'elle a désigné, si elle ne peut y


assister ;

– ou à défaut, en présence de deux témoins requis à cet effet par


l'O.P.J., en dehors des personnes relevant de sa propre autorité
administrative.

Au cours de l'opération, l'officier de police judiciaire doit absolument


s'abstenir de poser la moindre question à la personne en présence de laquelle il procède au
constat.

Exemple : l'officier de police judiciaire recherchant sur commission


C.P.P., art. rogatoire tous documents relatifs à des émissions de chèques volés, ne doit poser aucune
51, 53 et 89 question à la personne autre que celles relatives à son identité et à la reconnaissance des
à 91 objets saisis et du lieu de leur découverte.

5.2 - PERQUISITIONS ET SAISIES


Les perquisitions et saisies sont effectuées dans des conditions (1)
analogues à celles qui s'imposent au juge d'instruction opérant personnellement.

Si la perquisition doit être effectuée au domicile d'une personne as-


treinte au secret professionnel, l'officier de police judiciaire doit se conformer aux prescrip-
tions de l’article 52 du Code de procédure pénale et en référer au juge d'instruction.

La perquisition est réalisée selon le cas :

– en présence de la personne elle-même ;

– en présence du représentant qu'elle a désigné, si elle ne peut y


C.P.P., art. 51 assister ;

– à défaut, en présence de deux témoins requis à cet effet par l'officier


de police judiciaire, en dehors des personnes relevant de sa propre
autorité administrative.

Si elles sont susceptibles de fournir des renseignements sur les objets,


documents et données informatiques saisis, les personnes présentes, lors de la perquisi -
C.P.P., tion, peuvent être retenues sur place par l'officier de police judiciaire, le temps strictement
art. 50 et 91 nécessaire à l'accomplissement de ces opérations.

Les auditions de ces personnes sont, au besoin, recueillies sur un


procès-verbal d'audition.

(1) Ces conditions sont précisées dans la fiche Procédure Pénale n°-15.
- 11 - Fiche n°-18

L'officier de police judiciaire exécutant une commission rogatoire


doit s'interdire toute question sur les objets saisis vis-à-vis de la personne inculpée,
présent à la perquisition. Les objets lui sont présentés seulement pour paraphe et
non pour reconnaissance et explications (1).

Les articles 155 à 159 du Code de procédure pénale ne contiennent


aucune disposition expresse analogue à celle de l'article 55, alinéa 1 (2) (audition de témoin
sur les objets ou documents saisis).

Les objets saisis doivent être immédiatement inventoriés et placés sous


scellés, l'article 93, alinéa 2, du Code de procédure pénale admettant seulement que ces
scellés peuvent ne pas être "fermés" (3).

5.21 - Cas particuliers

5.211 - Saisie de papiers et de documents (4)


L'obligation au secret est encore plus rigoureuse que dans la procédure
de crime ou délit flagrant, en ce sens que l'officier de police judiciaire effectuant la C.P.P.,
perquisition a seul qualité, avec les personnes dont l'assistance est requise par la loi, pour art. 92 et 93
prendre connaissance des documents avant de procéder à leur saisie.

L'officier de police judiciaire ne doit pas hésiter à demander des


instructions au magistrat mandant, chaque fois que la communication d'un document
provenant d'une perquisition lui paraît s'imposer d'urgence pour la bonne exécution d'une
commission rogatoire.

Il faut en effet tenir compte de ce que les droits de la défense sont plus
étendus dans la phase "information judiciaire" que dans la phase "police judiciaire".

5.212 - Saisie de données informatiques


Les officiers de police judiciaire ou, sous leur responsabilité les
agents de police judiciaire peuvent pénétrer dans les systèmes informatiques découverts
au cours d'une perquisition pour y relever et copier les données intéressant l'enquête en
cours.

5.213 - Saisie incidente (5)


Les textes en la matière disposent qu’il y a impossibilité légale, à saisir
des choses autres que celles qui concernent l’affaire pour laquelle l’instruction judiciaire a
été ouverte.

Ainsi, si les choses découvertes sont d’origine frauduleuses et


proviennent ou concernent des faits qui :

– n'entrent pas dans la définition de la flagrance et ne font pas l'objet


d'une information judiciaire, l'officier de police judiciaire procède à leur
C.P.P., art. 62
saisie dans le cadre d'une enquête préliminaire, avec l'autorisation
expresse, écrite de la main de la personne chez qui la perquisition a
lieu ;

– entrent dans la définition de la flagrance ou dont la détention constitue


le délit continu de recel, et qui ne fait pas l'objet d'une information C.P.P., art. 50
judiciaire, l'officier de police judiciaire procède à leur saisie dans le
cadre d'une enquête de crime ou délit flagrant ;

(1) Si elle déclare spontanément reconnaître l'objet saisi à son domicile, l'officier de police judiciaire
doit rapporter cette déclaration telle quelle au procès-verbal de perquisition. Il ne doit être posé
aucune question, ni demandé d'explication.
(2) L'article 55, alinéa 1, du Code de procédure pénale prévoit que, dans le cas de crime ou délit
flagrant, l'O.P.J. peut entendre toute personne susceptible de fournir des renseignements sur les
objets et documents saisis.
(3) Ce qui permet d'examiner l'objet sans avoir à briser le scellé.
(4) L'écrit sous forme électronique est admis comme preuve
(5) Effectuée par l'officier de police judiciaire territorialement compétent.
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– font l'objet d'une information judiciaire,


C.P.P., art. 92
l'officier de police judiciaire informe le magistrat instructeur et procède à
leur saisie dans le cadre de la commission rogatoire qu'il lui délivre.

5.3 - RÉQUISITION DES PERSONNES

5.31 - La réquisition des personnes qualifiées


C.P.P., art. 13
et 160 à 173 Dans le cadre d'une commission rogatoire, il doit être déduit de l'article 13
du Code de procédure pénale, que les officiers de police judiciaire ne disposent du pouvoir de
requérir une personne qualifiée pour les besoins de l'exécution de la commission rogatoire
que dans la mesure où celle-ci le prévoit.

Toutefois, la jurisprudence impose que les notions d'expertise et celles


d'examen technique ou scientifique soient clairement distinguées, en raison du régime
particulier de l'expertise. Il est en effet constant qu'il n'entre pas dans les pouvoirs des
officiers de police judiciaire d'ordonner des expertises, lesquelles relèvent exclusivement d u
juge d'instruction.

Il en résulte que le recours à une personne qualifiée par un officier de


police judiciaire agissant sur commission rogatoire n'est possible que s'il :

– est clairement spécifié sur la commission rogatoire ;

– porte sur un examen technique ou scientifique justifié par la nécessité


de résoudre une question d'ordre technique.

Exceptions à ces prescriptions


– Les visites médicales en matière de garde à vue des personnes qui
C.P.P., sont soupçonnées d'avoir commis ou tenté de commettre une infrac-
art. 65-2, 158 tion de criminalité ou de délinquance organisées, ou dépendant du
régime commun.

– Les prélèvements sanguins qui sont effectués sur les auteurs et


victimes d'un crime ou d'un délit.

– La facilité donnée aux officiers de police judiciaire de pouvoir deman -


der, par voie écrite, télématique ou informatique aux organismes
publics ou personnes morales de droit privé de disposer des informa-
tions utiles à la manifestation de la vérité, à l'exception de celles
protégées par un secret prévu par la loi, contenues dans leur(s)
système(s) informatique(s) ou traitement de données.

5.32 - La réquisition des ouvriers, ou l'exécution d'un simple


travail matériel ou action, ou service exigeant technicité
ou compétences particulières
Le principe, exposé dans le paragraphe précédent, est applicable à ce
type de réquisition. Il en résulte que pour requérir des manouvriers, le droit de réquisition doit
être clairement spécifié sur la commission rogatoire.

L'officier de police judiciaire justifie sa réquisition par les références de la


commission rogatoire et l'article R. 2-5 du Code pénal.
- 13 - Fiche n° -18

5.33 - La réquisition en vue d'obtenir des documents


L'officier de police judiciaire commis par le juge d'instruction peut C.P.P., art. 92
requérir toute personne, tout établissement ou organisme privé ou public ou toute
administration publique qui sont susceptibles de détenir des documents intéressant
l'instruction, y compris ceux figurant dans les fichiers nominatifs, d'avoir à lui remettre
ces documents sans que puisse lui être opposée l'obligation au secret professionnel.

5.4 - AUDITION DE VICTIMES


L'officier de police judiciaire est tenu de recevoir les plaintes
C.P.P., art.
déposées par les victimes d'infraction à la loi pénale. Il leur remet un récépissé de dépôt
13 et 20
de plainte et, si elles en font la demande, copie du procès-verbal de recueil de leur plainte.
Ces personnes peuvent déclarer, avec l'autorisation du juge d'instruction leur domicile à
l'adresse du commissariat ou de la brigade de gendarmerie.

C.P.P art 78, 79


85 et 86
C.P.P art
256 à 259

C.P.P art
103 et 104

C.P.P. art
105 à 109
Les victimes ont la possibilité de se constituer partie civile :

–devant le juge d'instruction compétent ; C.P.P., art. 85 à 87


–devant le tribunal. C.P.P., art. 418 à 420

L'information des victimes quant à leur droit de se constituer partie


civile et aux modalités d'exercice de ce droit incombe au juge d'instruction.

L'officier de police judiciaire ne délivre cette information que s'il en a reçu


mission dans la commission rogatoire qu'il exécute.

5.5 - AUDITION DE TÉMOINS


L’officier de police judiciaire dans les conditions analogues à celles qui
s’imposent au juge d’instruction instrumentant personnellement (1)

Tout témoin régulièrement cité (2) pour être entendu au cours de


l’exécution
d’une commission rogatoire est tenu :

- de comparaître ;

- de prêter serment (3)

- et de déposer, sauf s’il est lié au secret professionnel et ne peut être C.P.P art 438
délié (4)

Si le témoin ne satisfait pas à cette obligation, avis en est donné au C.P.P art
magistrat mandant qui peut, sur réquisition du procureur de la République, le contraindre à 106 et 157
comparaître par la force publique et le condamner à une à une amende (5).

Si le témoin comparaît, mais refuse de prêter serment ou de déposer,


l’officier de police judiciaire se limite à recueillir sa déclaration de refus et à la transmettre au
juge mandant.

(1) Cf. fiche Procédure Pénale n°-15.


(2) Citation écrite, signée et revêtue du sceau de l'officier de police judiciaire.
(3) Les mineurs de 16 ans, les personnes condamnées à une peine infamante les parties civiles,
lorsqu'ils sont entendus à leur demande, sont entendus sans prestation de serment.
(4) Code pénal, article 437
(5) En cas d'excuse reconnue valable, le témoin pourra être déchargé de cette peine par le juge
d'instruction, après réquisition du procureur de la République.
-14-

C.P.P.,
art. 157, al. 2
Les témoins ne peuvent être retenus que le temps strictement nécessaire à
leur audition.

5.51 - L'audition à l'aide de moyens de télécommunications


au cours de la procédure
Lorsque les nécessités de l'enquête ou de l'instruction le justifient,
l'interrogatoire ou la confrontation peut être effectué en plusieurs endroits se trouvant reliés
par des moyens de télécommunications garantissant la confidentialité.

Un procès-verbal des opérations effectuées est rédigé dans chacun


des lieux où se trouvent les personnes interrogées ou confrontées.

Ces opérations peuvent faire l'objet d'un enregistrement audiovisuel ou


sonore

En cas d'impossibilité pour un interprète de se déplacer, celui-ci peut


œuvrer par l'intermédiaire de moyens de télécommunications.

5.52 - L'audition sous couvert de l'anonymat


En cas de procédure portant sur un crime ou un délit lorsque l'audition
d'un témoin est susceptible de mettre gravement en danger sa vie ou son intégrité
physique, ou de sa famille, ou de ses proches, le juge d'instruction, peut, autoriser qu'elle
soit effectuée sans que son identité apparaisse dans la procédure.

Le juge d’instruction peut décider d'entendre lui-même le témoin.

Le témoin ainsi entendu ne signe pas le procès-verbal de son audition.

La décision du juge d’instruction est jointe au procès-verbal.

L'identité et l'adresse de la personne sont inscrites dans un autre


procès-verbal signé par l'intéressé, ainsi que sur un registre coté et paraphé ouvert au
tribunal de grande de première instance.

5.6 - AUDITION D'UNE PARTIE CIVILE


En principe, cette audition incombe au juge d'instruction. Toutefois, si
une partie civile le demande (1), l'officier de police judiciaire peut procéder à son audition.

Dans ce cas, l'officier de police judiciaire doit :

C.P.P., art. 156 – aviser le juge d'instruction et obtenir son accord ;

– avertir la personne qu'elle doit renoncer à la présence de son avocat


et aux garanties procédurales particulières que lui procure son état
de partie civile ou de témoin assisté ;

– constater son acceptation ou son refus ;

(1) Ce qui suppose que le juge d'instruction ne l'a pas encore mise en examen.
- 15 - Fiche n°-18

– recevoir, en cas d'acceptation sa déposition, sans prestation de


serment, selon les modalités concernant l'audition des témoins ordi-
naires ;

– clore le procès-verbal en l'état en cas de refus, après y avoir fait


mention sur la procédure.

5.7 - AUDITION D'UNE PERSONNE GARDÉE À VUE


Lorsque pour les nécessités de l'exécution de la commission rogatoire,
l'officier de police judiciaire est amené à garder à sa disposition une personne contre C.P.P., art. 158
laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou
tenté de commettre une infraction, il la place en garde à vue.

L'officier de police judiciaire est alors astreint à informer :

– le magistrat instructeur de cette mesure (sauf en cas de


circonstance insurmontable) dans les meilleurs délais ;
– la personne de ses droits
 connaître la nature de l’infraction sur laquelle porte l’enquête,
 être visitée par un médecin,
 s’entretenir avec un avocat, lequel est avisé par le Procureur de
la République que la garde à vue intervient dans le cadre d’une
commission rogatoire.
La personne entendue ne prête pas serment et n’est pas obligé de
déposer.

L’audition se déroule dans le but de recueillir les éléments nécessaires


à la découverte de la vérité et au recueil des éléments de preuve.

A l’issue de la garde à vue, à la demande du juge d’instruction saisi


des faits, les personnes, à l’encontre desquelles les éléments recueillis sont de nature à
permettre l’inculpation sont soit :

– remises en liberté ;

– convoquées ;

– déférées devant le juge d'instruction

5.8 - AUDITION D'UNE PERSONNE CONTRE LAQUELLE IL EXISTE DES


INDICES GRAVES ET CONCORDANTS DE PARTICIPATION À
L'INFRACTION
Cette question se présentera surtout dans le cas d'une commission
rogatoire délivrée à l'occasion d'une information ouverte contre "…X…".

RÈGLE POSÉE PAR L'ARTICLE 102 DU CODE DE PROCÉDURE PÉNALE

«… les officiers de police judiciaire agissant sur commission


rogatoire, ne peuvent dans le dessein de faire échec aux droits de la défense,
entendre comme témoins des personnes contre lesquelles il existe des indices
graves et concordants de culpabilité».
-16-

Avant l'audition, l'O.P.J. L'O.P.J. ne réunit pas d'in-


Pendant l'audition, l'O.P.J.
réunit des indices graves dices graves et concor-
réunit des indices graves
et concordants de dants de participation à
et concordants de partici-
participation à l'infraction l'infraction.
pation à l'infraction contre
contre la personne à
la personne entendue (2).
entendre(1)
Il ne peut pas l'entendre,
mais doit la conduire devant
le magistrat mandant, après
en avoir référé à celui-ci.

N'OUBLIEZ JAMAIS CES RÈGLES IMPORTANTES

Lorsque vous agissez en vertu d'une commission rogatoire et qu'il est


établi qu'un témoin a participé aux faits objet des poursuites, c'est-à-dire que des indices
graves et concordants sont réunis à son encontre, l'article 102 du Code de procédure
pénale vous interdit, selon le cas, d'entreprendre, de continuer ou de reprendre son
audition.

Afin d'éviter un cas de nullité (violation des droits de la défense), l'officier


de police judiciaire chargé de
l'exécution d'une commission Il enregistre les aveux cir-
rogatoire doit, dans les cas où constanciés et cesse Il poursuit l'audition jus-
un risque lui paraît exister l'audition. qu'à son terme et, s'il y
d'enfreindre les dispositions Il avertit la personne a lieu, demande une
impératives de l'article 102 du qu'elle est en droit de bé- prolongation de garde
Code de procédure pénale, néficier des garanties de à vue au magistrat
tenir le juge mandant informé la défense (3). instructeur.
des auditions de témoins contre
lesquels des indices graves sont relevés, pour que ce magistrat puisse donner toute
instruction qui pourrait, éventuellement, lui servir de justification.

5.9 - RECUEIL, LORS D'UNE AUDITION, D'AVEUX OU DE RENSEI-


GNEMENTS CONCERNANT UNE INFRACTION AUTRE OU
COMMISE DANS UN AUTRE ARRONDISSEMENT JUDICIAIRE
Lors d'une audition effectuée dans le cadre de l'exécution d'une commis-
sion rogatoire, l'officier de police judiciaire peut recueillir des renseignements concernant
une infraction autre ou commise dans un autre arrondissement judiciaire.

En pareil cas, celui-ci doit se borner à recevoir et à consigner les


déclarations qui lui sont faites dans le cadre d'une procédure incidente et il en informe
immédiatement le procureur de la République dont il relève.

(1) Une certitude de participation à l’infraction peut résulter d'une part de témoignages ou constatations
(traces, empreintes...) et, d'autre part, de la découverte d'un objet, moyen ou produit de l'infraction.
Ces divers éléments constituent par leur pluralité et leur précision des indices graves et concordants
qui établissent de façon quasi-certaine que la personne a participé à l'infraction.
(2) Cas où les éléments recueillis au cours de l'audition constituent à eux seuls des indices graves et
concordants de participation ou bien corroborent ceux déjà recueillis dans le cadre de l'enquête.
(3) Formule à employer dans le procès-verbal : «Nous vous avertissons que dans l'état actuel de
C.P.P.,art. 73 l'enquête des indices g raves et concordants d'avoir participé aux faits incriminés se trouvent réunis
contre vous. En application de l'article 102 du Code de procédure pénale, dont nous vous donnons
lecture, nous interrompons votre audition et allons vous conduire devant le juge d'instruction».
- 17 - Fiche n°-18

Ce magistrat vérifiera alors, le plus rapidement possible si les faits


concernés par les aveux ou la déclaration font l'objet d'une information judiciaire. Si tel est le
cas, l'officier de police judiciaire ne peut agir que dans le cadre des prescriptions du
magistrat instructeur saisi des faits nouveaux.

Dans le cas contraire, le procureur de la République lui donne alors


toute instruction utile à l'enquête qui doit s'ensuivre.

CAS PARTICULIER : INTERVENTION DE L'INTERPRÈTE

L'officier de police judiciaire qui opère dans des conditions analogues


à celles qui s'imposent au juge d'instruction instrumentant personnellement, peut faire
appel à un interprète.
C.P.P.,
Celui-ci ne doit pas faire partie des témoins, ni des personnes art. 99, al. 2,
intéressées à l'affaire. Il doit être majeur. Il n'est pas exigé qu'il soit de nationalité
française.

S'il n'est pas assermenté, il doit prêter serment d'apporter son


concours à la justice en son honneur et en sa conscience.

En cas d'impossibilité pour un interprète de se déplacer, celui-ci


peut oeuvrer par l'intermédiaire de moyens de télécommunications.

6 - LES MESURES DE GARDE À VUE QUI PEUVENT ÊTRE PRISES


POUR L'EXÉCUTION D'UNE COMMISSION ROGATOIRE
Des mesures de garde à vue peuvent être prises par l'officier de police
judiciaire chargé de l'exécution d'une commission rogatoire à l'encontre de personnes à C.P.P.,
l'encontre desquelles il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elles art. 158, al. 1
ont commis ou tenté de commettre une infraction.

Ces personnes peuvent être retenues pour être entendues d'une façon
approfondie et pour permettre les vérifications et les mises en présence nécessaires.

À partir du moment où des indices graves et concordants de participa -


tion aux faits, dont le juge d'instruction est saisi, sont réunis contre une personne, celle-ci C.P.P., art. 102
ne doit plus être entendue par l'officier de police judiciaire, ni gardée à vue au-delà du temps
nécessaire à sa conduite devant le magistrat instructeur.

Les modalités d'exécution de la garde à vue sont les mêmes que celles C.P.P.,
relatives à l'enquête de flagrance (cf. fiche Procédure Pénale n°-12, § 4.86 et les annexes 1 à art. 64 à 65-5, 158
3 de la présente fiche) en dehors du fait que lors de l'information donnée à l'avocat, celui-ci
est aussi avisé qu'il s'agit d'une garde à vue intervenant dans le cadre d'une commission
rogatoire.

Les mentions relatives à la garde à vue doivent figurer sur les procès-
verbaux et sur le registre de garde à vue.

Les personnes gardées à vue à l'encontre desquelles des indices graves


et concordants de participation aux faits incriminés ne sont pas réunis, ne peuvent être
déposées en chambre de sûreté. Elles peuvent être retenues dans un local de garde à vue.

6.1 - PROLONGATION DE LA GARDE À VUE


Les règles de prolongation particulières prévues par certains textes
s'appliquent aussi aux enquêtes diligentées en commission rogatoire.

En général, la prolongation de la garde à vue n'est autorisée qu'après


conduite de la personne retenue devant le juge d'instruction.
Les délais de transport et de présentation de la personne au magistrat
compétent pour ordonner la prolongation de la mesure ne sont pas imputables sur le temps
de la garde à vue.
- 18 -

Cependant, à titre exceptionnel, une autorisation de prolongation peut


être accordée par décision motivée du magistrat, sans que la personne lui soit d'abord
C.P.P., présentée.
art. 158, al. 2

NOTA : c'est le juge d'instruction du ressort dans lequel s'exécute


la mesure qui délivre la prolongation, et non pas a priori le
magistrat mandant (1).

Toutes les dispositions concernant les droits de la personne gardée à


vue sont applicables.

6.2 - PRÉSENTATION AU JUGE D'INSTRUCTION


Toute personne ayant fait l'objet d'un défèrement à l'issue de sa garde à
vue, à la demande du juge d'instruction, comparait le jour même devant ce magistrat.

Pendant ce temps, elle est retenue dans des locaux de la juridiction sous
le contrôle du procureur de la République et la garde de fonctionnaires de la Police nationale
ou de militaires de la Gendarmerie nationale.

Lorsqu'il est fait application de ces dispositions, la personne ainsi


retenue doit avoir la possibilité de s'alimenter et, à sa demande, d'être examinée par un
médecin désigné par le juge d'instruction ou l'officier de police judiciaire et de s'entretenir, à
tout moment, pendant trente minutes, avec un avocat désigné par elle ou commis d'office
à sa demande.

7 - LE DÉLAI D'EXÉCUTION D'UNE COMMISSION ROGATOIRE


Le juge d'instruction fixe le délai dans lequel les procès-verbaux dressés
par l'officier de police judiciaire doivent lui être transmis. À défaut, les procès-verbaux lui sont
C.P.P., adressés dans les huit jours après la fin des opérations (2).
art. 158, al. 4
Si l'officier de police judiciaire ne respecte pas le délai fixé, sans motif
valable, il peut faire l'objet de sanctions disciplinaires prononcées par la chambre de
l'instruction. Le cas échéant, il doit demander au juge d'instruction des délais supplémen -
taires. Lorsque l'exécution d'une commission rogatoire exige une longue durée, l'officier de
police judiciaire peut, après entente avec le magistrat mandant, adresser ses procès-
verbaux au fur et à mesure de leur établissement, sans attendre la fin des opérations.

(1) La présentation de la personne gardée à vue aux fins de prolongation de cette mesure peut être
réalisée par l'utilisation de moyens de télécommunication audiovisuelle.
(2) Le délai court non point de la date à laquelle l'O.P.J. reçoit la commission rogatoire, mais de celle
du dernier acte d'exécution de la commission rogatoire. La rédaction, s'il y a lieu, du procès-verbal
d'ensemble ou de synthèse résumant les opérations effectuées ne doit pas retarder l'envoi des
pièces au juge d'instruction. Elle doit être terminée avant l'expiration du délai de transmission fixé
par la loi ou le magistrat.
- 19 - Fiche n° 18

8 - LES RÉQUISITIONS DU JUGE D'INSTRUCTION


Lorsqu'une information est ouverte, la police judiciaire exécute non C.P.P.,art. 13.
seulement les délégations des juridictions mais défère aussi à leurs réquisitions (1).
C'est ainsi que le juge d'instruction peut charger par simple réquisition
des officiers ou des agents de police judiciaire de procéder à des vérifications
fragmentaires, voire à une enquête de curriculum vitae dans le but de contrôler
l'exactitude des déclarations faites par la personne inculpée sur sa vie passée (2).

NOTA : lorsqu'une information est ouverte, le rôle des officiers


De plus,
de police le juge
judiciaire doitd'instruction
se circonscrirepeut requérir : des déléga-
à l'exécution
tions ou réquisitions du magistrat mandant prévues par l'article
– Code
13, du la forcede publique,
procédure pour assurer en particulier :
pénale.
·Àl'extraction
défaut, lesd'un détenu
officiers dede la maison
police d'arrêt
judiciaire de et
la sa conduite au cabinet d'instruction,
Gendar-
· le service
merie doivent d'ordre toute
s'interdire à l'occasion d'un d'enquête.
opération transport deLorsque
justice (pour des constatations, une
perquisition ou
des renseignements sontune reconstitution)
portés ;
à leur connaissance ou que
des déclarations leur sont faites spontanément, ils se confor-
ment,– selon
les particuliers,
le cas, aux pour assurer l'exécution
prescriptions de certains
des l'articles 20 et 21travaux
du au cours d'un transport de
Code de justice (exemples
procédure : serrurier, terrassier, fossoyeur…) ;
pénale.

– les personnes qualifiées ou les experts, pour l'exécution de certains travaux, pour
recueillir certains avis ;

– toute personne, tout établissement ou organisme privé ou public ou toute


administration publique qui sont susceptibles de détenir des documents ou C.P.P., art. 74
des informations intéressant l'instruction, y compris ceux qui figurent dans des
fichiers nominatifs, d'avoir à les lui remettre.

La réquisition est toujours faite par écrit. Elle porte la signature et le sceau du juge.

9 - LE CONTRÔLE DU JUGE D'INSTRUCTION


Le juge d'instruction peut se transporter, sans être assisté de son greffier, ni
C.P.P., art. 156
devoir en dresser procès-verbal, pour diriger et contrôler l'exécution de la commission rogatoire.

À l'occasion de ce transport, il peut ordonner la prolongation des gardes à vue prononcées


dans le cadre de la commission rogatoire.

Dans tous les cas, mention de ce transport est faite sur les pièces d'exécution de la
commission rogatoire.

(1) Une réquisition est une injonction faite par une autorité pour l'exécution d'un acte déterminé.
(2) Cette enquête revêt un caractère moins "social" et moins "descriptif" que l'enquête de personnalité qui, elle, ne peut être
confiée qu'à des agents spécialement habilités ou à des officiers de police judiciaire agissant sur commission rogatoire.
- 20 -

10 - LES COMMISSIONS ROGATOIRES INTERNATIONALES


(C.R.I.)
Par commissions rogatoires criminelles internationales, on entend :

– les demandes d'enquêtes présentées par le parquet dans le cadre


d'une enquête préliminaire ;

– les C.R.I. proprement dites, c'est-à-dire les demandes d'exécution


d'un acte d'instruction par une autorité judiciaire étrangère.

10.1-COMMISSIONS ROGATOIRES (C.R.) ÉMANANT DE DJIBOUTI

10.11 - Conditions de forme


Bien qu'aucun formalisme ne soit exigé, des mentions ou indications
substantielles sont obligatoirement requises, qu'il s'agisse d'une C.R. ou demande d'en -
quête :

– le nom et la qualité du magistrat mandant ;

– l'autorité à laquelle la C.R. est destinée ;

– l'identité de la personne inculpée, sa nationalité et la nature de la mise


en examen ;

– un exposé des faits, dans tous les cas, même pour un curriculum
vitae ;

– les diligences demandées.

La C.R. sera exécutée par les autorités judiciaires territorialement


compétentes. Toutefois, le magistrat mandant peut solliciter l'autorisation pour des O.P.J. ou
pour lui-même, d'assister à son exécution.

La C.R. peut être transmise en original ou en copie certifiée conforme,


mais un exemplaire doit être conservé au dossier.

Les C.R. sont transmises en langue française. Cependant certains pays


exigent qu'elles soient accompagnées d'une traduction. Cette exigence résulte de conven-
tions internationales.

Les autorités djiboutiennes qui ont assistés à l'exécution de leur C.R.


peuvent recevoir copies des pièces d'exécution. Cependant, les pièces originales transi-
tent par la voie traditionnelle.

10.12 - Conditions de fond


Les C.R. doivent se rapporter à une infraction pénale, à l'exclusion des
infractions militaires.

Les enquêtes relatives aux infractions fiscales dépendent des conven-


tions particulières existant avec les pays concernés. La Suisse, en ces domaines, exécute
les demandes d'entraide mais avec des réserves dites de "spécialité".

Les infractions politiques sont, en principe, exclues.

Pour certaines diligences et plus précisément les perquisitions et


saisies, certains pays imposent des conditions supplémentaires notamment lorsqu'il s'agit
d'infractions prévoyant l'extradition par exemple.
- 21 - Fiche n° -18

10.13 - Objet
Les C.R. ne peuvent pas avoir pour objet :

– ni l'exécution d'une décision d'arrestation ;

– ni l'exécution d'une décision de condamnation.

Dans ce cas, il appartient aux autorités judiciaires djiboutiennes de


solliciter l'extradition de la personne concernée.

10.14 - Modes de transmission

10.141 -Transmission par la voie diplomatique


La C.R. est transmise par le procureur de la République au procureur
général, à la Chancellerie, au ministère des Affaires étrangères jusqu'à l'ambassade par
valise diplomatique.

10.142 -Transmission de ministère de la Justice à ministère


de la Justice
Le processus est identique jusqu'à la Chancellerie qui transmet
directement par la Poste au ministère de la Justice du pays requis.

10.143 -Transmission directe d'autorité judiciaire à autorité


judiciaire
Elle se fait de parquet à parquet ou parquet général à parquet
général.
Dans ce cas, la transmission doit obligatoirement être doublée d'une
seconde transmission par la voie normale prévue par la convention.

10.2 - DÉNONCIATIONS OFFICIELLES ÉMANANT DE DJIBOUTI


La dénonciation officielle ou dénonciation aux fins de poursuites
consiste à transmettre une procédure pénale à des autorités judiciaires étrangères, en
leur demandant de bien vouloir se saisir des faits commis sur le territoire djiboutien par
l'un de leurs ressortissants, réfugié dans leur pays et dont l'extradition ne peut être
demandée, l'État requis ne pouvant extrader l'un de ses ressortissants.

Il peut s'agir d'une enquête préliminaire, d'une information judiciaire ou


d'une procédure clôturée par une décision de condamnation, non exécutée en totalité.

La dénonciation officielle est rédigée soit par le procureur de la


République, soit par le procureur général s'il s'agit d'une décision de la cour d'appel ou de
la cour criminelle.
Cette dénonciation sera accompagnée d'un rapport adressé à la
Chancellerie qui respecte ensuite la voie diplomatique.

Exceptions : la Grande-Bretagne ne poursuit que pour les affaires


criminelles et les États-Unis d'Amérique ne poursuivent pas.
- 22 -

10.3 - COMMISSIONS ROGATOIRES ÉMANANT DE L'ÉTRANGER

10.31 - Transmission
Elles doivent être transmises selon les modalités prévues par les conven-
tions, ce qui signifie qu'elles sont envoyées dans les juridictions par la Chancellerie, après
traduction.
El le peuvent être adressées directement aux autorités judiciaires locales, ce
qui implique que le contrôle de leur régularité incombe au tribunal saisi.

10.32 - Conditions de forme


Elles doivent répondre aux conditions de forme requises pour les C.R.
émanant des autorités djiboutiennes.

Il est possible de remettre aux autorités de l'État requérant qui ont assisté à
l'exécution de leur C.R., copies des pièces d'exécution. Cependant, les pièces originales
transitent par la voie traditionnelle.

10.33 - Conditions de fond


Il convient de se reporter au chapitre des C.R. émanant de djibouti.

10.34 - Objet
Il convient de rappeler que les C.R. étrangères s'exécutent selon les
règles du Code de procédure pénale et qu'il est parfois nécessaire d'adapter les demandes
présentées aux exigences de la loi djiboutienne. Faute de quoi, seules les demandes conformes
à notre droit seront exécutées.

Cet examen peut se faire à trois stades :

– à la Chancellerie, dès la réception de la C.R. ;

– par le magistrat, saisi de l'exécution de la C.R. ;

– par la Chancellerie, qui, au retour des actes d'exécution de la C.R., peut


décider ne pas les transmettre à la partie requérante.

10.4 - DÉNONCIATIONS OFFICIELLES ÉMANANT DE L'ÉTRANGER


Djibouti n'extradant pas ses nationaux, elle est compétente pour juger les
faits commis par eux à l'étranger (articles 15 du Code pénal), sauf si la personne soupçonnée
peut justifier qu'elle a été jugée définitivement et a exécuté la peine.( article 18 du Code
pénal).

10.5 -ACTES JUDICIAIRES


Les citations et significations de jugement sont transmises selon les règles
particulières à chaque État.

Pour les délivrances de citations, il convient d'ajouter environ six semaines aux délais légaux
de l'article 487 du Code de procédure pénale pour assurer la transmission des actes, lorsqu'ils
doivent transiter par la Chancellerie ou la voie diplomatique.

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