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RÉPUBLIQUE ALGÉRIENNE DÉMOCRATIQUE ET POPULAIRE

MINISTÈRE DE L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR


ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE

UNIVERSITÉ MOHAMED LETTRES ET LANGUE


LETTRES ET LANGUES
BOUDIAF DE M’SILA FRANÇAISE

DOMAINE FILIÈRE SPÉCIALITÉ

LETTRES ET LANGUES LICENCE DE LANGUE


LANGUE FRANÇAISE
ÉTRANGÈRES FRANÇAISE

Semestre : 6

Unité d’enseignement : Fondamental 3

Matière : Introduction aux langues de spécialités

M.HAMOUMA Lamri

Année universitaire 2019-2020


Le texte technique et le texte scientifique : leur fonction et leur visée communicative

1-Le texte technique et le texte scientifique

1. 1. Définition

1. 2. La fonction du texte technique

1. 3. Le rapport du texte technique à son destinataire

1. 4. L’auteur du texte technique

1. 5. La forme du texte technique

2-Le style scientifique

2-1-Style scientifique

2-2-Style journalistique

2-3-Style littéraire

3-Historique d’une discipline

3-1-Les années 70

3-2-Les années 80

3-3-Les années 90

3-4-Les années 2000

3-4-1-Le Français Langue Professionnelle (FLP)

3-4-2-Contexte politique et économique

3-4-3-Activités didactiques du FLP

4-L’enseignement et l’apprentissage des langues de spécialité

5-Langue seconde/ langue de spécialité

5-1-Langue maternelle(FLM)

5-2-Langue étrangère(FLE)

5-3-Français langue seconde(FLS)

5-4-FLS comme une langue étrangère

6-Langue fonctionnelle /langue de spécialité

7-LE FRANÇAIS SUR OBJECTIF SPECIFIQUE

7-1-LE FRANÇAIS SUR OBJECTIF SPECIFIQUE : DEFINITION ET ETAT DE LA QUESTION

7-2-Définition du Français sur objectif spécifique (FOS)

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8-Conception d’un cours en Langues de Spécialité (LSP)

8-1-Recherche des données sur le terrain

8-2-Anticipation des besoins des apprenants et de l’institution

8-3-Adaptation du programme au niveau des apprenants et au cursus enseigné

7-4-Elaboration des contenus conceptuels et expérimentaux selon les besoins

9-Élaboration d’un cours FOS

9-1-La commande

9-2-Analyse des besoins

9-3-Collecte des données

9-4-Traitement des données

9-5-Elaboration des activités pédagogiques

10-Conclusion

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1-Le texte technique et le texte scientifique

1. 1. Définition

Le mot « technique » est pris ici au sens étroit, correspondant à la première acception qu’en donne le Trésor de la langue
française: « qui concerne les applications de la science [et] de la connaissance scientifique ou théorique, dans les
réalisations pratiques, les productions industrielles et économiques ». Dans la présente communication, relèvent ainsi des «
textes techniques », les manuels de référence, les brochures d’entretien, les modes d’emploi, les spécifications techniques
et tout autre document à vocation opérationnelle.
Nous nous appuierons en outre sur une définition strictement fonctionnaliste du « texte technique » dans la mesure où
nous le caractérisons par sa seule mission, sans considérer comme déterminant qu’il soit le plus souvent une manifestation
d’un discours spécialisé. Selon nous, le texte technique est purement utilitaire en ce sens qu’il vient répondre au besoin
d’informations d’un lecteur désireux de mener à bien une opération pratique (montage d’une machine, application d’une
procédure de mise en service, production d’une pièce répondant à certaines exigences, etc.). Ainsi, dans notre perspective,
s’il est généralement riche en termes techniques et s’il s’énonce volontiers en langue spécialisée, les termes et la langue
spécialisée n’en sont pas les caractères définitoires.

1. 2. La fonction du texte technique

Le texte technique vise à transmettre des données objectives (quantifiées, qualifiées et ne relevant ni de l’opinion, ni du
goût) à des lecteurs (ou « utilisateurs ») comptant agir efficacement dans la sphère extralinguistique. A la fois miroir et voie
d’accès, il entretient ainsi une relation d’immédiateté avec la réalité, dont il doit être le reflet direct et dans laquelle il doit
permettre d’exercer un effet direct. En cela, il se distingue du texte scientifique, qui a d’ordinaire pour vocation d’apporter
des connaissances ou de présenter des éléments à l’appui d’une théorie. Si les deux types de discours se doivent d’être
précis, concrets, logiques et univoques, le texte scientifique possède une dimension rhétorique et argumentative qui reste
étrangère au discours technique.

1. 3. Le rapport du texte technique à son destinataire

Le texte technique n’a pas à justifier sa présence, ni à promouvoir sa propre diffusion. Nul besoin pour lui de se frayer une
voie vers le public, de chercher à s’imposer parmi les autres discours. Il vient répondre à une demande préexistante, sans
avoir ni à la susciter, ni à l’entretenir : le technicien consultant son manuel de procédures n’a pas d’autre option que de s’y
référer. Aussi jamais le texte technique ne s’essaie-t-il à la séduction, l’argumentation ou l’émotion. Jamais il ne recourt à
l’humour, l’identification ou l’esthétique. Il reste dense de sens, se veut intégralement dénotatif et affranchi de toute portée
connotative.

1. 4. L’auteur du texte technique

Autre particularité, le texte technique ne se présente pas comme le produit d’un « auteur ». Il semble bien plutôt émaner
directement de la réalité technique, avoir été dicté par une forme de logique universelle, sans avoir transité par une
quelconque subjectivité. La plupart des autres discours scientifique, par exemple, qui procède souvent de la démonstration,
suit une ligne de pensée logique et déductive qu’il met en avant pour attester sa crédibilité, et manifeste ainsi en tout temps
une intentionnalité. De même, le texte juridique, qui marque son appartenance à une élite par une syntaxe et des tournures
archaïsantes, permet à son auteur de se positionner socialement. Le texte technique, lui, trouve sa force dans sa neutralité
et son objectivité.

1. 5. La forme du texte technique

Parce qu’il n’a d’autre vocation que d’informer et que l’information qu’il communique ne saurait prêter à controverse, le
texte technique se focalise sur son seul sens, subordonnant tout aspect formel à la seule efficacité du message. Selon
Claude Bédard, les textes qui nous intéressent présentent un niveau de langue qu’il qualifie de « niveau usuel »,
appartiennent au registre neutre (parce qu’ils ne déploient aucun effet stylistique) et marquent le « degré zéro de l’écriture
» (Bédard 1986 : 166-168).
Si la forme du texte technique ne cherche pas à colorer le sens, mais uniquement à le mettre à nu, sans jamais le détourner
du chemin de la stricte signification, et si elle tend à se faire oublier per se, elle n’en reste pas moins le vecteur essentiel du
message. Sa qualité se mesure à sa précision, sa clarté et sa concision.
Par voie de nécessité, le texte technique est le plus souvent exprimé dans une « langue spécialisée » (ou « langue de
spécialité »), que Lerat définit comme procédant de « l’usage d’une langue naturelle pour rendre compte techniquement de
connaissances spécialisées » (Lerat 1995 : 21) et comptant parmi ses expressions caractéristiques les termes, les formules et
le « vocabulaire de soutien » (Lerat 1995 : 3). L’usage de la terminologie y est dicté par des contraintes d’univocité (facteur à
la fois de clarté et de précision) et de concision.

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2-Le style scientifique

Pour mieux comprendre le discours scientifique nous utilisons le tableau suivant :

Définition Style scientifique Style journalistique Style littéraire


Informer et présenter au
lecteur une solution pratique Informer et susciter la Susciter l'émotion, l'intérêt
But
ou théorique à un problème réflexion du lecteur et la réflexion du lecteur
scientifique.
Décrire une réalité au moyen
Présenter les faits, les des impressions et des états
Décrire, expliquer ou prédire analyser, les mettre en d'âme du narrateur, d'un
Moyen
un phénomène perspective; au besoin les personnage, d'un héros,
critiquer selon une époque et une
culture données
Supports Livre, chapitre de livre,
Journal, quotidien, site Roman, nouvelle, poésie,
article et rapport
internet pièce de théâtre, cinéma
scientifiques
Tend vers l'objectivité et la
Tend vers l'objectivité/Évitez Cherche à développer un
critique/Le JE est permis
le JE/Utilisez le NOUS avec point de vue original (=
Point de vue du rédacteur dans les éditoriaux et les
parcimonie/Optez pour la subjectif)/Roman écrit au JE
chronique d'humeur ou les
forme impersonnelle ou à la forme impersonnelle
billets
Obéit aux règles
Obéit aux règles grammaticales, mais elle se
Obéit aux règles
grammaticales, mais se veut veut créative et souvent +
grammaticales, mais se veut
Syntaxe (structure de phrase simple et directe; privilégiez dense; privilégiez les tours
simple et directe; privilégiez
du texte) la précision et la cohérence de phrase audacieux, qui
la clarté et la concision à la
du propos à la beauté du sortent des sentiers battus,
beauté du style
style aux conventions de style et
autres prêt-à-lire
Utiliser le présent/la forme Selon la nature des faits qui + souvent le présent et le
Temps des verbes
active sont rapportés passé simple
Parfois pour fleurir le texte,
Rarement, on utilise le terme mais sans perdre de vue que Souvent pour enjoliver le
métaphores, des synonymes
le plus précis, vingt fois de la clarté du propos doit texte, le rendre plus
ou des effets de style
suite s'il le faut primer sur toute autre agréable à lire, plus original
considération
Usage fréquent de termes
techniques et théoriques Vocabulaire riche, utilisation
(jargon scientifique). Vocabulaire usuel (de tous de mots rares, création de
Vocabulaire L'invention est permise si les jours), parfois technique nouveaux mots, de nouvelles
elle correspond à une si le sujet s'y prête expressions. L'invention est
découverte ou à une nuance permise
théorique

3-Historique d’une discipline :

Pour retracer l’historique de la discipline, nous nous référons aux travaux de J-P Cuq et de C. Carras.
Les années 60 : Les langues de spécialité, c’est un enseignement qui a visé un public professionnel (non scolaire). Les
recherches linguistiques ont donné naissance à de nombreux colloques et des publications. Les multiples
interventions du MAE (Ministère des Affaires étrangères-France-) ont permis d’effectuer plusieurs opérations
pédagogiques, la plus marquante reste l’enrichissement du français fondamental pour les mathématiques par les services
culturels de l’Ambassade de France à Damas et dans la continuité par une commande de manuel : le français scientifique et
technique. Dans ce cas, les méthodologues parlent d’une certaine focalisation sur le lexique.

3-1-Les années 70 : Dans les débuts des années 70 la notion de langue de spécialité élargissait à des publics spécialisés,
la dénomination : le français technique et scientifique, destiné à un public scientifique. Les orientations méthodologiques
sont axées sur les méthodes SGAV (structuro-global, audio visuel), le modèle d’enseignement se présente à 3 niveaux :

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N1 : Bases de la langue usuelle,

N2 : Tronc commun scientifique VGOS (Vocabulaire Général d’Orientation Scientifique)

N3 : perfectionnement par discipline, fondé sur un inventaire lexical ( VGOM“ Vocabulaire Général d’Orientation Médicale
“, VIEA “Vocabulaire d’Initiation aux Etudes Agronomiques“).

L’expression le français fonctionnel apparaît dans les années 1974-1975. Cet enseignement est destiné à des boursiers du
gouvernement français. L’orientation méthodologique s’est basée sur : Une approche fonctionnelle et communicative, avec
un rejet des cursus longs à 3 étapes et de la détermination des contenus par comptages lexicaux. L’introduction du Niveau
Seuil : « qui se réfère à un objectif d’apprentissage considéré comme seuil fonctionnel, situé au delà d’un simple niveau de
survie et permettant à un sujet autonome une communication relativement personnalisée en langue étrangère.» (Cuq, 2006,
a aussi marqué cette période.

 La prise en compte de la diversité des publics et de leurs besoins.

 Détermination des contenus en fonction des objectifs visés.

 Recensement des situations de communication et des actes de parole.

Jusqu’à lors, l’expression « le français fonctionnel» semblait construite sur le modèle de français instrumental qui était
utilisé en Amérique du Sud (l’Amérique Latine) au début des années 70. Ce dernier était destiné à un public d’étudiants
chercheurs. L’orientation méthodologique était centrée sur l’enseignement du français comme instrument d’accès à la
documentation scientifique et technique.

3-2-Les années 80: Enseignement fonctionnel du français

Dans les années 80, la scène didactique voit émergé un enseignement fonctionnel du français, qui s’adresse à un public
professionnel et étudiants chercheurs, et dont l’orientation méthodologique est basée sur :

 L’émergence de la linguistique pragmatique

 L’approche communicative (définition des contenus en fonction des situations de communication)

 Centration sur l’apprenant

 Accent mis sur l’utilisation de documents authentiques.

3-3-Les années 90: FOS, LSP, Français professionnel, langue des métiers

Les trois sont destinés à un public professionnel et étudiants-chercheurs. Leurs orientations méthodologiques sont
cependant différentes : les deux premiers (FOS, LSP) sont axés sur :

 Une approche communicative

 Centration sur l’apprenant

 Retour de la linguistique

 Analyse du discours

 Pédagogie actionnelle (pédagogie par la tâche et le projet)

 Évaluation de la compétence communicative

Dans le cas de la langue des métiers, l’orientation méthodologique est centrée sur une pratique professionnelle.

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3-4-Les années 2000 (extrait du site : http://www.le-fos.com/historique.htm)

3-4-1-Le Français Langue Professionnelle (FLP)

Au seuil du troisième millénaire, le FOS est à l'heure d'un nouveau développement qui marquera son parcours. Il se voit
obligé de s'adapter aux besoins du marché basés notamment sur des demandes croissantes du monde professionnel. D'une
part, nous assistons à une diversification des domaines professionnels qui sont de plus en plus pointus (l'aéronautique, l'art
floral, etc.). D'autre part, nous remarquons l'émergence des demandes d'amélioration des compétences en français
des professionnels de qualification faible.

3-4-2-Contexte politique et économique

Au niveau politique, le comité interministériel du 10 avril 2003(Etat français) a considéré la maîtrise de la langue comme une
véritable compétence professionnelle. Or, apprendre une langue à visée professionnelle est devenu un droit inscrit dans le
Code du Travail depuis la promulgation de la loi du 4 mai 2005 relative à la formation professionnelle tout au long de la vie
(voir Liaisons sociales, n° 14423 du 13 juillet 2005).

Au niveau économique, certaines entreprises souffrent d'une pénurie de main-d’œuvre qualifiée alors que des migrants
peuvent occuper ces postes à condition d'améliorer leurs compétences communicatives en français. Les normes
européennes concernant le contrôle de qualité et la sécurité exigent de la part des salariés des compétences
communicatives notamment au niveau de l'explication des tâches et des modalités d'exécution. Soulignons que la
dimension linguistique n'a pas encore sa place importante dans la formation professionnelle pourtant les
compétences communicatives jouent un rôle de premier plan dans l'efficacité et l'appartenance d'un salarié dans une
équipe de travail. Cette non-maîtrise communicative notamment celle de l'écrit pourrait concerner aussi des
francophones. C'est le cas des natifs travaillant dans le bâtiment, l'hôtellerie, l'intérim et la propreté. Ces secteurs
recrutent souvent des professionnels qui ont une faible qualification. Ils éprouvent des difficultés à respecter les normes
de qualité : rapports avec le client, communication entre les agents, la complexification des procédures, contraintes de
sécurité, etc.

3-4-3-Activités didactiques du FLP

Depuis 2006, des institutions de formation de langue proposent des diplômes en FLP. C'est le cas de la Chambre du
Commerce et d'Industrie de Paris (CCIP) qui proposent le Certificat de Français Professionnel 1 et 2 (CFP1 et 2). Par
exemple les titulaires du CFP1 peuvent comprendre et s'exprimer dans les situations les plus simples de la vie sociale et
professionnelle. Le CFP 1 valide aussi une compétence de français de niveau A2 selon le Cadre européen commun de
références. De même, la CCIP propose aussi d'autres certificats pour des spécialités plus pointues dans le monde
professionnel. Nous en citerons à titre d'exemple Diplôme du Français Médical (DFM), Certificat de Français du secrétariat
(CFS), Certificat de Français du Tourisme et de l'Hôtellerie (CFTH) et Certificat de Français Juridique (CFJ) ainsi que Diplômes
du Français des Affaires 1 et 2 (DFA 1 et Diplôme du Français des Affaires Approfondies (DAFA). Ces diplômes suivent la
même méthodologie du CFP déjà mentionnée pour développer les compétences communicatives des apprenants dans
des domaines plus spécifiques.

4-L’enseignement et l’apprentissage des langues de spécialité

Le terme "langue de spécialité" désigne en didactique une approche particulière qui consiste à organiser l'enseignement
d'une langue à partir d'un besoin clairement identifié, professionnel ou universitaire. Cette situation a très souvent pour
corollaire de lier l'enseignement linguistique à des contenus à priori inconnus du professeur de langue, ce qui implique de sa
part des démarches différentes de celles d'un cours traditionnel de langue générale. Quelle est la spécificité d'une langue de
spécialité? En quoi son enseignement est-il différent de celui d'un cours traditionnel de langue?

Partant de l’idée que les LSP peuvent comporter des mécanismes linguistiques qui leur sont propres, elles doivent être
apprises au même titre que l’on apprend les mécanismes de la langue générale, mais peut-être en adoptant une démarche
proche des méthodes utilisées pour l’apprentissage des langues étrangères. En effet, les processus d’acquisition d’une LSP
sont variables en fonction de la situation d’apprentissage et du profil linguistique de l’apprenant. Lorsqu’il s’agit
d’apprendre une LSP dans sa langue maternelle, l’apprenant se retrouve, a priori, à son avantage puisqu’il maîtrise le code
dans lequel se fera le transfert des savoirs scientifiques et/ou techniques et ceci parce qu’il a tout au long de sa vie
développé, dans sa langue maternelle, toutes ses compétences langagières mais aussi, tous les automatismes et toutes les
intuitions de la langue qui est la sienne. L’autre situation est celle d’apprendre une LSP dans une langue étrangère.
L’apprenant qui se trouve dans cette situation fait normalement, au préalable ou en simultané, un apprentissage conscient,
réfléchi et systématisé de la langue étrangère en cause car, comme le mentionne Rey-Debove, il sait : « beaucoup de choses

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sur le monde (connaissances et culture), maîtrise moins bien l’oral que l’écrit (à la différence des francophones) et ne
possède pas les automatismes hérités de la langue mieux que l’apprenant natif les mécanismes internes de la langue
maternelle de celui-ci, mais face à une LSP en langue étrangère, il se retrouve doublement en situation d’apprenant d’une
langue étrangère, l’une générale et l’autre spécialisée. Nous pouvons alors en déduire que, pour le premier cas comme pour
le second, le parcours des deux apprenants face à la même LSP sera donc proche du processus adopté par un apprenant
face à une langue étrangère. Il faut néanmoins prendre en compte les connaissances linguistiques et encyclopédiques du
premier comme du second. Le code de la langue de spécialité, c’est-à-dire l’ensemble de ses structures morphosyntaxiques,
lexicales et sémantiques sont aussi bien inconnues de l’un comme de l’autre, si l’on considère que les deux individus se
trouvent à des stades équivalents d’apprentissage de la langue de spécialité.

L’apprentissage d’une langue de spécialité présuppose des méthodes adaptées aux objectifs des apprenants, tout en tenant
compte de leurs connaissances encyclopédiques ainsi que de leurs compétences linguistiques, aussi bien en langue
maternelle qu’en langue étrangère. Les outils que la Terminologie peut leur proposer, dans le cadre d’une Lexicographie
spécialisée d’apprentissage, doivent prendre en considération ces critères et présenter des descriptions extrêmement
complètes sur toutes les structures de la langue de spécialité. Les travaux actuellement en cours sur la langue de spécialité
portant sur la construction morphologique de certains termes dans les discours spécialisés, sur les réseaux
morphosyntaxiques liés aux comportements du verbe dans les collocations terminologiques, laissent entrevoir des
particularités spécifiques au fonctionnement de cette langue de spécialité. C’est pourquoi nous défendons l’inclusion des
structures comme les collocations terminologiques dans les dictionnaires à caractère terminologique. Cela nous permet
d’insister sur le rôle des collocations terminologiques dans la conception de ces outils pour l’apprentissage des LSP. A la
différence des dictionnaires de langue générale qui sont, soit pour des apprenants natifs soit pour des non-natifs, un
dictionnaire de langue de spécialité peut, s’adapter aussi bien à l’un qu’à l’autre, bien que les deux aient des parcours
d’apprentissage différents, puisque le premier le fait depuis sa langue maternelle et le second dans une langue étrangère.
On peut aider l’apprenant non-natif en introduisant dans le dictionnaire les équivalents terminologiques dans sa langue
maternelle, ce qui lui permettra de faire un détour d’apprentissage, au lieu d’entrer en LSP par la langue étrangère, il peut y
accéder par sa langue maternelle, à travers les équivalents puis, dans un second temps, refaire la trajectoire vers la langue
de spécialité en langue étrangère ou encore, à partir de là, développer de nouvelles stratégies d’apprentissage pour
pénétrer dans les réseaux notionnels que lui offre le dictionnaire. Pour le natif, les équivalents ont une valeur
encyclopédique, mais aussi didactique.

5-Langue seconde/ langue de spécialité


https://souad-kassim-mohamed.blog4ever.com/chapitre-1-langue-maternelle-langue-et...

5-3-Français langue seconde(FLS)

Les concepts de langue maternelle, langue étrangère sont loin de couvrir toutes les situations sociolinguistiques et tous les
contextes d’enseignement/apprentissage des langues. Comment catégoriser les cas de ces langues qui ne sont pas langues
premières des locuteurs, mais dont la connaissance est indispensable socialement, puisqu’elles sont langues de l’état, de
l’administration, de l’enseignement et de la promotion sociale?

Le concept de langue seconde a donc été introduit pour tenter de rendre compte de cette réalité sociolinguistique. Cette
dénomination, que l’on abrègera désormais par FLS, est assez récente. « J.-P.Cuq (1991) la date de 1969 environ, au
moment où, dans les anciennes colonies françaises, le développement extrêmement rapide de la scolarisation amène dans
les classes des publics d’élèves issus des milieux soit ruraux soit urbains, provenant des quartiers les plus populaires, où les
familles n’entretenaient aucun lien particulier avec le français. » 1

Les différents spécialistes s’accordent à définir le FLS comme une langue étrangère. Ce lien est particulièrement visible chez
Cuq qui dans son ouvrage Le français langue seconde (1991) intègre le concept FLS dans le domaine du FLE. Toutefois, est
c’est là toute sa spécificité, contrairement au FLE, le FLS joue un rôle important sur le plan social, éducatif et politique, il
s’agit de « la valeur ajoutée ».

Selon Cuq, qui en donne une définition sociolinguistique en insistant sur son statut institutionnel, "le français est langue
seconde, partout où langue étrangère, son usage est socialement indéniable" (1991 :133). Par socialement indéniable on
entend une langue qui possède un rôle dans la gestion des affaires publiques (langue de l’Etat), généralement reconnue par
la constitution qui en préconise l’usage dans les administrations, l’école, la justice comme c’est le cas dans beaucoup de
pays francophones.

Gérard Vigner émet quant à lui une définition plutôt didactique en soulignant d’abord sa réalité scolaire « le français
enseigné comme langue seconde, c’est d’abord le français de l’école, à ce titre une langue parfois figée, qui fait écho aux

1
https://souad-kassim-mohamed.blog4ever.com/chapitre-1-langue-maternelle-langue-et..

8
livres qu’elle permet de lire. » (2001 :125) puis son rôle dans l’acquisition des savoirs scolaires « il s’agit d’une langue
apprise pour apprendre d’autres matières qu’elle-même et qui peut, dans certains pays être présente dans l’environnement
économique et social des élèves. ». C’est donc une langue au service de l’acquisition des DNL (Discipline Non Linguistique) et
donc ayant une dimension transdisciplinaire (1992 :40). En situation de FLS la dimension cognitive prime sur la dimension
pragmatique : « en FLE, il s’agit d’apprendre à échanger avec des locuteurs de son âge sur des événements de la vie sociale,
en FLS, il s’agit d’acquérir une capacité à représenter par le langage ce que l’on découvre, ce que l’on sait sur le monde, à
convertir une expérience personnelle en savoirs, à traiter des informations. La dimension pragmatique de la communication
importe ici moins que le sens de la précision, le souci de l’exactitude, la maîtrise des codes par lesquels le savoir prend
forme et est mémorisé. » (221 ::123). La didactique du FLS vise notamment à mettre en place des apprentissages
démultipliés, à réduire la distance culturelle que constituent les discours scolaires « à la française ».
Ceci, amènera d’autres théoriciens, telle que M.Verdelhan-Bourgade à introduire la notion de français langue seconde
langue de scolarisation (FLSco).

Les notions de FLM/FLE/FLE permettent de déterminer des contextes d’enseignement/apprentissage des langues qui
exigent un traitement didactique particulier pour chaque situation. On ne peut pas se satisfaire d’une simple transposition
des méthodes.

6-Langue fonctionnelle /langue de spécialité

En 1974, on assiste à la naissance du français fonctionnel. Selon Denis Lehmann :

« Le terme de français fonctionnel est lancé au milieu des années 70 par le ministère des affaires étrangères pour
étiqueter une politique plus volontariste dans cette direction. En lançant l’expression « Enseignement fonctionnel du français
», les méthodologues ont mis l’accent sur les spécificités des publics et de leurs besoins, sur une pédagogie adéquate et une
adaptation méthodologique, plus que sur les problèmes de langue. » 2

La France a diminué le budget consacré à la diffusion du français à l'étranger. Beaucoup de pays ont décidé de réduire les
heures d'apprentissage des langues étrangères au sein de leurs établissements scolaires. Ce recul est marqué même dans
les anciennes colonies françaises en Afrique.

Face à cette situation, le Ministère des Affaires étrangères de France a pris des mesures visant à relancer le français sur la
scène internationale. Ces mesures consistent à chercher de nouveaux publics sans se contenter de publics traditionnels aux
départements littéraires. Le français peut intéresser non seulement des littéraires mais aussi des scientifiques, des
techniciens, des juristes, des médecins, etc.

- En 1976, le gouvernement français met en place un programme intitulé "Formation des boursiers prioritaires" qui
concerne neuf pays non francophones ayant des relations stratégiques avec la France.

C’est à Louis Porcher que revient le mérite de lancer le terme du français fonctionnel pour la première fois dans son fameux
article Monsieur Thibaut et le bec Bunsen1. Dans cet article, il opte pour un enseignement fonctionnel du français en
proposant une définition du français fonctionnel: « La meilleure définition du français fonctionnel nous paraît être celle
d'un français qui sert à quelque chose par rapport à l'élève ". A propos de fondements méthodologiques du français
fonctionnel, ils sont marqués par des rejets de certaines caractéristiques du français scientifique et technique: refus
des cursus longs, méthodes lourdes, comptage lexical, l'universalisme des méthodes et documents fabriqués.

Dans ce contexte, des modèles du français fonctionnel ont été élaborés en vue de mieux connaître sa méthodologie. Par
exemple, le modèle proposé par Denis Lehmann met l'accent sur trois aspects à prendre en compte: les besoins des
apprenants, les situations de communication prévues et l'analyse des actes de parole. De son côté, Sophie Moirand a
élaboré un modèle similaire en ajoutant un quatrième aspect concernant l'analyse du discours. En 1981, Porquier et
Lehmann ont proposé un modèle circulaire qui met l'apprentissage au centre de son intérêt. Autour de l'apprentissage, on
trouve quatre éléments principaux: la description des participants, les situations de communication, la mise en forme
pédagogique et l'analyse du discours authentique. Certes, le français fonctionnel n'échappe pas aux critiques de certains
didacticiens. Ces derniers lui reprochent par exemple la linéarité de son processus (analyse de besoins, détermination des
situations de communication, etc.). Mais, il constitue sans doute un tournant important dans le développement du FOS dans
la mesure où son point de départ non pas le contenu à enseigner mais plutôt les besoins des apprenants.

7-LE FRANÇAIS SUR OBJECTIF SPECIFIQUE

2
www.le-fos.com/historique-4.htm

9
7-1-LE FRANÇAIS SUR OBJECTIF SPECIFIQUE : DEFINITION ET ETAT DE LA QUESTION

La communication en milieu professionnel ou universitaire exige une maitrise de la langue spécifique au domaine de
spécialité ou un français de spécialité pour certains et français sur objectifs spécifiques pour d’autres. Alors il va falloir
définir ce que c’est que le français sur objectif spécifique et sur quels paramètres on s’appuie lors de la conception d’un
programme de formation en un domaine donné.

7-2-Définition du Français sur objectif spécifique (FOS):

Le terme "FOS" réfère à une situation particulière d’enseignement/apprentissage du français : dans un temps, parfois
très court, un apprenant doit être capable d’accomplir une activité professionnelle qui requiert l’utilisation du français.
Dans ce cas, l’objectif principal de l’enseignement est de développer les compétences de l’apprenant en langue et de
maîtriser des savoir-faire professionnels en français. Cet enseignement s’adresse à de multiples publics demandeurs de
formations spécifiques dans le cadre de leur domaine.

Il s’agit, d’améliorer le niveau linguistique des étudiants et de développer savoir-faire et compétences méthodologiques
relatifs à leur domaine de spécialité.

Les cours de français professionnel répondent aux besoins des cadres professionnels ou universitaires.

Il existe à cette fin des formations sur mesure, qui se concentrent sur les besoins rencontrés dans les situations de travail.
La plupart de ces formations en français professionnel s’adressent à des personnes qui ont déjà suivi des cours et dont le
niveau en français général leur permet de communiquer sur des sujets simples de la vie quotidienne. La spécialisation en
français professionnel s’en trouve alors facilitée.

Le FOS offre de multiples avantages. Pour les jeunes professionnels, c’est l’opportunité d’optimiser leurs chances
de trouver un emploi dans une entreprise de leur pays, ou dans des entreprises françaises présentes à l’international. Pour
les étudiants, c’est la possibilité de poursuivre dans leur domaine de spécialité des études supérieures dans les universités
et grandes écoles en France et dans les pays francophones, mais aussi d’effectuer un stage dans une entreprise française.

Parmi les spécialités existants: le français des affaires, le français du tourisme, le français juridique, le français scientifique et
technique le français médical, le français diplomatique, le français des journalistes et le français des traducteurs et
interprètes. L’offre de formations est riche, tant en France qu’à l’étranger.

Le dictionnaire de la didactique du français de Jean-Peirre Cuq définit le FOS comme suit :

« Le FOS est né du souci d’adapter l’enseignement du FLE à des publics adultes souhaitant acquérir ou perfectionner des
compétences en français pour une activité professionnelles ou des études supérieures. Le FOS s’inscrit dans une démarche
fonctionnelle d’enseignement et d’apprentissage : l’objectif de la formation linguistique n’est pas la maîtrise de la langue en
soi-même mais l’accès à des savoir-faire langagiers dans des situations dûment identifiées de communication
professionnelle (…)

Ces données induisent une démarche méthodologique propre. La 1ère étape consiste à procéder à l’analyse des besoins,
c’est-à-dire à recenser les situations de communication cibles et les discours qu’elles comportent. C’est cette analyse qui
sert de référence à la construction du programme d’enseignement. Celui-ci repose sur la collecte de données
langagières authentiques, sélectionnées, traitées et transformées en supports de formation. »

Source: dspace.univ-tlemcen.dz/bitstream/112/8330/1/hocine-fadia.pdf

8-Conception d’un cours en Langues de Spécialité (LSP) : Pour la conception d’un cours LSP, nous proposons le modèle
suivant :

 Recherche des données sur le terrain

 Anticipation des besoins des apprenants et de l’institution

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 Adaptation du programme au niveau des apprenants et au cursus enseigné

 Élaboration des contenus conceptuels et expérimentaux selon les besoins

8-1-Recherche des données sur le terrain: Rassembler toutes les informations nécessaires relatives aux apprenants (leurs
langues maternelles, les langues étrangères qu’ils maîtrisent, leur niveau d’étude, …..). Cette étape peut interroger
également le domaine visé (économie, politique, commerce, ….)

8-2-Anticipation des besoins des apprenants et de l’institution: Prévoir ce dont ces apprenants auront besoin en matière
de langues et anticiper les exigences de l’établissement pour ce qui est des langues de travail.

8-5-Adaptation du programme au niveau des apprenants et au cursus enseigné: Les contenus préparés doivent
correspondre aux programmes suivis par les apprenants et prédéfinis par l’institution d’origine.

8-4-Elaboration des contenus conceptuels et expérimentaux selon les besoins: Les contenus préparés comptent des
volets théoriques et des volets consacrés aux activités et aux applications sur la langue.

9-Élaboration d’un cours FOS

Selon C. Parpette (2003), le processus de l’élaboration d’un cours en FOS implique les étapes suivantes :

Commande

Analyse des besoins


(Formulation d’hypothèses sur les situations de communication à traiter)

Collecte des données


(Ajustement des hypothèses)

Traitement des données


Élaboration des activités pédagogiques

Cours/classe

9-1-La commande: Consiste en l’identification de la nature de la demande de formation formulée.

9-2-Analyse des besoins: Les besoins doivent se transformer en contenus, actions et programmes. Cette étape se base sur
le recensement des situations de communication où les apprenants auront à utiliser le français dans le cadre de leur activité
: savoir faire langagier professionnel. A partir de là, le formateur peut faire des hypothèses pour préparer les supports.

9-3-Collecte des données: Par questionnaire, entretien, enregistrement d’interactions ou autres….l’étude des
différentes situations de communication permet de relever les difficultés des apprenants, par exemple : si l’apprenant dit
qu’il n’intervient par dans les entretiens, l’enseignant doit envisager une formation axée sur des activités orales.

9-4-Traitement des données: L’enseignant doit établir une progression claire afin d’exploiter correctement toutes les
données qu’il a collectées. Toutes les informations peuvent être bénéfiques dans ce cas.

9-5-Elaboration des activités pédagogiques: Les manuels et les contenus préparés doivent répondre parfaitement au
niveau des apprenants. Pour cela des tests pronostics sont souvent recommandés dans ce cas.

10-Conclusion

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Les difficultés en langue française sont en général la cause première des cas d’échec des étudiants dans les domaines de
spécialité, ce qui nécessite une prise en charge sérieuse de ces préoccupations afin de pouvoir dépasser cet obstacle.
L’acquisition de compétences en compréhension de l’écrit permet à l’apprenant de construire à un premier stade du sens à
partir de texte support et à un second stade de se procurer un modèle qui lui permettra par la suite non seulement de lire et
comprendre des textes de spécialité mais de pouvoir lui-même en produire.

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Références bibliographiques

-L'enseignement du français à l'université marocaine : le cas de la filière "économie et gestion"

-La terminologie selon une approche textuelle : une représentation plus adéquate du lexique dans les langues spécialisées, in

Actes de Langue Française et de Linguistique, Universitas Dalhousiana, Halifax, Nova Scotia, Canada, ALFA vol 7/8, 1994/95.

-Introduction à la linguistique générale https://www.universalis.fr/encyclopedie/cours-de-linguistique-generale/

« Langue spécialisée et technolecte : quelles relations ? », https://core.ac.uk/download/pdf/59333899.pdf

- Robert Martin, Comprendre la linguistique, Paris, Puf, 2004

-La langue médicale : une langue de spécialité à emprunter le temps d’une traduction,

-https://www.erudit.org/fr/revues/ttr/1995-v8-n2-ttr1483/037216ar/

-Olivier Bertrand, Le français de spécialité: enjeux culturels et linguistiques, Cedex, 2008

-Marcel Diki-Kidiri, Le vocabulaire scientifique dans les langues africaines: pour une approche, ed.Karthala, 2008

-L'ENSEIGNEMENT DES LANGUES DE SPÉCIALITÉ À DES ÉTUDIANTS ÉTRANGERS ,WWW.PERSEE.FR/DOC/LFR_0023-

8368_1973_ NUM_17_1_5624

-LANGUE MATERNELLE, LANGUE ÉTRANGÈRE ET LANGUE SECONDE ... HTTPS://SOUAD-KASSIM-


MOHAMED .BLOG 4EVER.COM/CHAPITRE -1- LANGUE -MATERNELLE -LANGUE -ET...

-HISTORIQUE DU FOS WWW.LE-FOS.COM/HISTORIQUE-4.HTM


-dspace.univ-tlemcen.dz/bitstream/112/8330/1/hocine-fadia.pdf

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