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Langue française

Langage et temps de dicto


Robert Martin

Citer ce document / Cite this document :

Martin Robert. Langage et temps de dicto. In: Langue française, n°67, 1985. La pragmatique des temps verbaux. pp. 23-37;

doi : https://doi.org/10.3406/lfr.1985.4649

https://www.persee.fr/doc/lfr_0023-8368_1985_num_67_1_4649

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Robert Martin
Université de Paris-Sorbonne

LANGAGE ET TEMPS DE DICTO

Nous partirons d'une idée simple. Une phrase assertive p — toute


phrase assertive p — peut se gloser par « il est vrai que p » :
(p) Pierre est à Paris
(q) // est vrai que (Cela est vrai :) Pierre est à Paris ;
La phrase (p) situe le fait (au sens le plus général) dans le temps.
La phrase (q) situe, outre le fait, la prise en charge de la proposition
qui le décrit. Elle comporte deux verbes, l'un et l'autre conjugués, c'est-
à-dire référés au temps. L'un a trait aux données du monde que le locuteur
entend décrire ; l'autre à l'attitude du locuteur qui prend la proposition en
charge et qui se porte garant de sa vérité. Convenons — quitte à revenir sur
les définitions — d'appeler ces temps « temps de re » et « temps de dicto ».
Dans une première partie (I) on examinera les variations dans le temps
(de dicto) de la prise en charge par le locuteur. On utilisera en particulier
la notion d'univers de croyance, reliant le temps de dicto aux « images »
d'univers que le discours véhicule. Ensuite on essaiera de montrer (II) que
le système français des temps grammaticaux n'est pas étranger au temps de
dicto et qu'un certain nombre de faits peuvent s'éclairer à la lumière de la
notion d'« image », notamment la dissymétrie partielle du présent (PR) et
de l'imparfait (IMP).

I.- TEMPS DE DICTO, UNIVERS DE CROYANCE, IMAGE


D'UNIVERS

A. - Temps de re et temps de dicto

La notion de temps de dicto est fluctuante, et l'on peut l'interpréter au


moins de trois manières différentes.
1. Dans l'usage des logiciens, sont réputés de dicto les opérateurs
temporels qui, à l'image des opérateurs modaux de dicto, portent sur la

23
proposition tout entière, et non sur la relation du prédicat à l'argument.
Ainsi1

Le train part à 10 h30

Peut se lire :

(de re) Cela est vrai : le train part à 10 h30


(de dicto) Cela est vrai à 10 h30 : le train part.

Mais ainsi conçu, le temps de dicto ne semble guère utilisable par le


linguiste.
Les opérateurs linguistiques sont, dans ce sens, de re. On s'en rend
mieux compte en utilisant un opérateur autre que celui de présent :

Le train partira à 10 h30


(de re) Cela est vrai : le train partira à 10 h30
(de dicto) Cela sera vrai à 10 h30 : le train part

La lecture de dicto a quelque chose d'étonnant : n'est-il pas vrai dès à


présent pour le locuteur (et pas à 10h30) que le train partira? Cette
conception implique aussi, étant donné que les opérateurs de dicto portent
sur la phrase entière, que les quantificateurs se trouvent dans le champ des
opérateurs de dicto et non dans celui des opérateurs de re. F. nef fait
observer l'ambiguïté de la phrase suivante :

Tous les étudiants se présenteront à l'examen


« Etudiants peut référer à des individus futurs ou présents. Pour
rendre compte de l'ambiguïté temporelle de étudiants, il est nécessaire
d'admettre un prédicat « étudiant (...) » afin de pouvoir faire jouer
l'opérateur sur ce prédicat et distinguer entre « cet x qui sera étudiant et qui se
présentera » et « cet x qui est étudiant et qui se présentera »... ».

Les deux représentations suivantes lèvent l'ambiguïté :


(de dicto) F Vx (Ex => Px)
Px)
Mais elles sont inadéquates en ce sens que la langue laisse justement
dans le non-dit la portée de l'opérateur : l'article défini de les étudiants dit
sans plus que le locuteur estime l'interlocuteur en mesure d'identifier les
étudiants dont il s'agit (présents ou futurs). Toutefois la version de re est
bien préférable à l'autre, car on peut l'interpréter comme laissant indéfinie
la validité temporelle du prédicat « étudiant (...) ».
2. Dans l'usage des linguistes, le temps de dicto peut désigner le temps
de renonciation3. Pour proférer une phrase, fût-elle brève, il faut du temps.

1. Exemple inspiré de STAHL 1980, 112.


2. 1983,21.
3. C'est le sens que semble donner J.M. ZEMB au « temps de dicto », « actualité de l'acte de parole »
(1980, 105). En ce sens, le temps de dicto correspond au « temps discursif» de R. VALIN(1971, 48).

24
Et ce temps est évidemment, sauf dans les performatifs, indépendant du
temps des faits, du temps de re, et le plus souvent bien inférieur4.
Une telle conception ne semble pas cependant la meilleure possible.
Le temps de renonciation peut en effet être idéalement réduit à un instant
t0, idéalisation justifiée par ce fait que, durant la profération de la phrase,
les conditions de vérité restent inchangées5.
3. Enfin - et c'est le sens qu'on retiendra ici -, le temps de dicto peut
désigner le temps de la prise en charge par le locuteur de l'énoncé dont il
s'agit. Cette interprétation, assurément inhabituelle en logique, où l'on se
désintéresse du 'locuteur', semble en linguistique de très loin la plus
opératoire.
Je tiens la proposition Pierre est à Paris pour vraie aussi longtemps
(temps de dicto) que j'ai toutes raisons de penser que Pierre est
effectivement à Paris. Peu importe que ce soit en vertu d'un constat, d'un
témoignage digne de foi ou en vertu de données qui rendent vraisemblable le fait
que Pierre est à Paris. En d'autres termes, j'assume (p) aussi longtemps que
sa vraisemblance ne me paraîtra pas en cause. Mais dès lors que Pierre aura
quitté Paris, cette proposition sera fausse, et il me sera impossible de la
prendre en charge. Temps de re et temps de dicto paraissent donc se
confondre.
La situation est différente pour Pierre était à Paris, dont j'assume la
vérité actuellement, mais aussi - sauf erreur dont je m'apercevrais - dans
l'avenir. L'irréversibilité du temps fait que cette proposition sera
indéfiniment vraie. Au reste la proposition Pierre est à Paris deviendra, après le
départ de Pierre, la proposition Pierre était à Paris et celle-ci (toujours sauf
erreur de ma part) sera à son tour indéfinitivement vraie. On retrouve ainsi,
intuitivement, les théorèmes bien connus de la logique priorienne6, mais
réinterprétés en termes de re et de dicto :

(1) S (Sp) => F (Pp)7


(2) S (Pp) *> F (Pp)...

On propose - ce qui est assurément éloigné du système de prior


-d'interpréter, dans ces formes à deux opérateurs, le premier de dicto et le
second de re. Ainsi dans (1), les opérateurs 'S' et 'F' seront de dicto, les
parenthèses fonctionnant comme du discours direct :

S (Sp) => F (Pp)


je tiens « Pierre est je tiendrai « Pierre était
ceci pour vrai : à Paris » ceci pour vrai : à Paris »
de dicto de re de dicto de re

4. Seule la situation de « reportage » peut conduire à la coïncidence du temps de l'énoncé et du temps


de renonciation.
5. Ç/~NEF 1983, 170-171. Ainsi conçu le temps de dicto peut néanmoins avoir de l'importance en
sémiotique. Que l'on compare par exemple le temps de communication d'un message selon qu'il est diffusé
par voie d'affiche ou par la radio.
6. Cf. NEF 1983, 166.
7. S = présent ; F = futur ; P = passé.

25
В.- Temps de dicto et univers de croyance

Ainsi conçu, le temps de dicto peut être relié à la notion opératoire


d'univers de croyance. Celle-ci est définie comme l'ensemble des
propositions que le locuteur, au moment où il s'exprime, tient pour vraies ou du
moins pour vraisemblables. Cet ensemble reste en grande partie implicite ;
il a un caractère indéfini, virtuel : les propositions que je tiens pour vraies
ne sont pas énumérables et ne s'explicitent qu'au terme d'opérations
constitutives qui prennent leur départ à des croyances confusément
enfouies dans la mémoire.
Et surtout, les univers ne sont pas immuables : au fil du temps mes
convictions se modifient, parfois s'inversent. Le temps de la prise en charge
est lié à des retouches, voire des ruptures qu'un modèle doit pouvoir
prendre en compte. Bref, le temps de dicto n'est autre que celui de la
variation des univers de croyance.
Mon univers se transforme parce que mes connaissances s'accroissent
ou parce que mes opinions se modifient. Des contradictions (ou plutôt des
incompatibilités) peuvent en naître. La langue porte en elle des formes qui
sont la prévision d'infléchissements possibles, de retours en arrière, de
corrections, de repentirs8 :
- formes adverbiales ou conjonctionnelles comme plus exactement, à
vrai dire, du moins, ou plutôt, ou mieux9 ;
- incises rectificatrices comme que dis-je ?° ;
- formes de concession corrective comme encore que11.
Au reste, sans aller jusqu'à la contradiction, une proposition peut, au

8. Notons au passage que certaines contradictions se résolvent d'elles-mêmes, notamment par le biais
du flou naturellement lié à la langue. Pierre est Français sans l'être, par exemple si, né Français, il vit depuis
toujours à l'étranger. Qu'est-ce qu'être Français ? Faut-il vivre en France pour être Français ? Comme
l'immense majorité des Français vivent en France au moins la majeure partie de leur vie, cette condition
tend à devenir contraignante - mais sans l'être pleinement. La fluidité des concepts du langage ordinaire
pemet de construire des phrases ou des enchaînements de phrases qui n'ont que l'apparence de la
contradiction.
9. Voir, en partie. SCHILLING 1982 et CHAROLLES 1984.
De telles formes autorisent l'annulation d'une prise en charge et conséquemment le retour au vrai.
Ainsi, dans son usage rectificatif, l'adverbe enfin
- peut substituer une prédication voisine (notamment plus restrictive) à une autre :
Rue Blanche ? Oui, j'y suis passé l'autre jour avec Décugis. C'est... c'est très bien. Enfin, c'est suffisant.
C'est-à-dire... Il y manque le téléphone, je crois ?(ARLAND, L'Ordre, 1929, p. 157, TLF, enfin).
Autour de vous, vos camarades sont tous pareils ? - Tous..., enfin, tous ceux qui existent, qui réfléchissent
(DANIEL - ROPS, Mort, 1934, p. 468, Ibid.).
- ou bien introduire une indication vague qui, du fait même, échappe au faux :
Je suis arrivé de Berlin il y a vingt ou vingt-cinq minutes... Enfin le temps de venir de la gare /(GUITRY,
Veilleur, 1911, p. 20, Ibid.).
Selon des mécanismes comparables, la réponse oui et non peut convenir.
- parce que la contradiction est dans les données du monde, du moins entre l'apparence et la réalité :
JEAN : - Ah ! Vous êtes fatiguée en ce moment, madame ?...
ELLE : - Mais oui... ça vous surprend ?
JEAN : - Oui et non... c'est-a-dire que... il m'est arrivé de passer des nuits blanches... Et j'ai eu chaque
fois l'impression que la fatigue se fatiguait d'attendre et qu'elle s'en allait vers trois heures ou quatre heures du
matin... pour ne reparaître que plus tard ! (GUITRY, Veilleur, 1911, I, p. 5, TLF, non).
- parce qu'une prédication supplémentaire, de nature restrictive, rendrait vrai ce qui est dit :
On me demande souvent si le même homme peut être à la fois grand coloriste et grand dessinateur. Oui
et non ; car il y a différentes sortes de dessins (BAUDEL., Salon, 1846, p. 109, Ibid.).
- ou encore parce que le prédicat en cause est plus ou moins approprié au sujet (effet de flou) :
Elle ajoute d'une voix plus basse : — Nous aurons à aller assez loin. - C'est une expédition ?- Oui et non.
En tout cas, j'espère, une surprise (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 119, Ibid.).
10. ... mais le plaisir n'est absolument pas le Bien, en aucun cas, à aucun degré, d'aucune façon, même
s'il en a l'air... Que dis-je ? Surtout s'il en a l'air ! (JANKELEVITCH, Le Paradoxe de la morale, 20).
11. Cf. MARTIN 1982.

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fil du discours, s'infléchir, se modifier, se gauchir, j.-b. grize a
pertinemment analysé ces aléas de la prédication12.
C- Temps de dicto et image d'univers
Mais ces variations de dicto des univers de croyance ne vont pas sans
laisser des traces dans l'univers actuel. On appellera de telles traces des
'images d'univers'. Essayons de préciser cette notion.
Dès lors que, dans son discours, le locuteur renvoie, épistémiquement,
à un univers de croyance, il construit une 'image' d'univers. L'image
d'univers est la représentation d'un univers dans le discours.
1. Ainsi il y a image quand s'évoque un hétéro-univers13
- que ce soit un univers d'énonciateur14 dont est rapporté le dire, la
pensée ou la croyance (II affirme, il pense, il s 'imagine.. .que p),
- ou que ce soit l'univers du locuteur en un temps différent de celui de
renonciation (Je pensais alors que p, je m'imaginais que p...).
L'hétéro-univers est l'univers tel que, en to, le locuteur le voit ; il est
donc subordonné à l'univers actuel du je (Uje). Soit, en notant dans le
demi-plan supérieur l'univers U, dans le demi-plan inférieur l'image U', le
vrai dans la colonne de gauche, le faux dans celle de droite15 :
// dit que p

U il Dp
U'(= Un)

2. Mais la notion d'image est plus générale que celle d'hétéro-univers.


Elle couvre toutes les modalités épistémiques, y compris :
- les cas où le locuteur décrit son propre univers actuel (U'je)
Je crois que P
U je С P
U' « (Uje)

P
m'
P

12. « Supposons un sujet qui raisonne et qui est conduit à affirmer une proposition p, puis la
proposition q. Il peut se faire - et dans les déductions formelles, c'est monnaie courante — que, plus avant
dans son raisonnement, le sujet ait de nouveau besoin de p. La logique usuelle est atemporelle [ —
indépendante du temps de dicto, tel que nous l'entendons ici R.M ]. Ce qui est posé l'est une fois pour toutes. Le
sujet va donc dire quelque chose du genre : « Comme nous l'avons vu plus haut, nous avons p. ». La
question que l'on peut se poser est de savoir si cela est toujours légitime et il semble que non. On peut sans
peine imaginer des situations, d'apprentissage par exemple, dans lesquelles poser q oblige à revenir sur
l'affirmation p. Non pas qu'il sera nécessairement opportun d'écrire non-p. C'est plutôt un certain p' qu'il
faudra poser. Mais cela suffit pour que p ne puisse être valablement réitéré dans le raisonnement ».
(GRIZE, 1982, i 30).
13. Cf. MARTIN 1983, 38.
14. Au sens que donne à ce vocable 0. DUCROT.
15. Les traits verticaux sont donc à lire comme des tableaux de Beth.

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(p est vrai dans la plupart des mondes possibles m')

- les cas où un modalisateur épistémique renvoie anonymement (Uon)


au certain, au vraisemblable, au plausible :

// est certain que p

II est vraisemblable que p

II est plausible que p.

и CERT p
U' (= Uon) P
P
P
P

(p est vrai dans tous les mondes possibles)

Dans l'usage ordinaire, probable et même possible prennent souvent


des valeurs épistémiques. L'interprétation ontique (aléthique) de il est
probable que p conduira à inscrire p dans la plupart des mondes possibles
de Uje ; l'interprétation épistémique dans la plupart des mondes possibles
de l'image de Uon16.
L'image ainsi conçue est naturellement localisable dans le temps (//
croit, croyait, croira que p ; il est, était, sera probable que p...) : l'opérateur
modal se situe dans le champ d'un opérateur temporel de dicto.

3. La notion d'image peut s'étendre enfin aux cas de contrefactuel.


Une phrase négative n'a de sens que s'il y avait lieu de penser (image
d'univers) que le procès évoqué avait des chances de se réaliser. Si je dis que
Pierre n'est pas là, c'est qu'il aurait pu se faire qu'il soit là, qu'on pouvait
le penser. Les mondes contrefactuels (du moins en dehors de l'imaginaire
pur) sont donc des mondes qui étaient possibles mais que je ne considère
plus comme tels. Au fil du temps, ce qui est possible soit se réalise, soit
devient contrefactuel et tombe, épistémiquement, dans une image
d'univers :

16. En utilisant la barre d'assertion (4), on peut placer dans son champ des opérateurs épistémiques
il est possible que p = H 0 p
il est plausible que p = 0 H p.

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tô'lk ta"

m
(ensemble de mondes
possibles)

mondes possibles
devenus
contfefactuels
= image en to de to-k

En t0, l'instant to-k


relève d'une image
de mon univers

Ainsi apparaît un temps de dicto implicite qui affecte des phénomènes


diversifiés dont on donnera seulement quelques exemples :
- Formes négatives. Dans la conception exposée ici, toutes les
négations sont liées au contrefactuel, y compris la négation descriptive. Celle-ci
réfère les mondes contrefactuels à quelque image anonyme Uon, là où la
négation polémique les affecte à une ou plusieurs images de locuteurs
déterminés.

L'objection de phrases comme Et comme convenu, comme prévu, Pierre


n 'y était pas n'est nullement rédhibitoire : s'il a fallu convenir que non-p (ou
le prévoir expressément), c'est qu'il était possible que p.
Cette approche de la négation revient à la considérer comme seconde
par rapport à l'assertion positive : la négation est un après au sens de g.
Guillaume. Elle est indissociable de l'image d'univers et du temps de
dictox\
- Formes d'irréel Dire S"ï7 avait réussi... c'est laisser entendre qu'on
pouvait penser qu'il réussirait - sauf à se situer sans plus dans l'imaginaire
(Si les hommes avaient des ailes...).
- Adverbes ou locutions adverbiales du type finalement, tout compte fait
p, qui supposent des étapes préalables où p était au moins en débat (faux
dans quelque monde possible).
- Emplois du subjonctif contrefactuel .
- Formes concessives19.
- Formes signifiant précocité ou persistance20 .
- Adverbe même : Même Pierre est venu laisse entendre qu'on pouvait
penser qu'il ne viendrait pas (où la non-venue de Pierre appartient à la
plupart des mondes possibles dans une image d'univers).
NB. Le type bouteille cassée véhicule également du temps de dicto : ce

17. On n'utilisera donc pas la notion de A. CULIOLI qui part, non pas du prédicat P, mais du couple
(P, non-P). En revanche, l'idée que la négation a souvent l'allure d'une quasi-contradiction (GRIZE, 1982,
177) rejoint celle de contrefactuel et de l'image d'univers qui permettent de la dépasser.
18. Cf. MARTIN 1983, 114 - 120.
19. Cf. MARTIN 1982.
20. Cf. MARTIN 1983, 40 - 43

29
que j'appelle bouteille n'est plus en fait une bouteille. Le prédicat 'bouteille'
ne s'applique plus à l'objet et ne peut donc être pris en charge dans l'univers
actuel du locuteur, mais seulement dans quelque image d'univers.
La notion d'image - et celle de temps de dicto qui y est liée - paraît donc
utilisable dans la description de phénomènes diversifiés. On va essayer de
montrer maintenant qu'elle éclaire aussi certains aspects des systèmes
grammaticaux, et l'on prendra pour exemple le système français.

IL- TEMPS DE DICTO ET SYSTEME FRANÇAIS DES TEMPS


GRAMMATICAUX.
A.- Hypothèse
Beaucoup de linguistes21 voient le système des temps français constitué
de deux sous-systèmes : celui du PR22 et celui de Г1МР. Au PR correspond
le FUT ; à l'IMP, le COND. Chacun de ces temps est flanqué d'une forme
composée marquant l'accompli (et secondairement l'antériorité). On
obtient ainsi :
FUT
(PC) (FUT ANT)^ axe du PR

COND
(PQP) (COND PASSE)/ axe de l'IMP

Le PS (et le PA) n'est pas pris en compte ici ; on y reviendra.


Cette distinction de deux axes conduit à une strucure qui a non
seulement les vertus de la simplicité, mais qui rend compte d'un grand
nombre d'intuitions :
— comportement du COND comme un 'futur dans le passé' ;
— comportement de l'IMP comme un 'présent du passé' : la plupart
des emplois de PR sont directement transposables à l'IMP - et
inversement ;
— structure hypothétiques parallèles (si + PR/FUT ; si + IMP/
COND) :
— emplois comparables du PC et du PQP, etc.
Dire // range sa bibliothèque, c'est laisser entendre qu'au moment to de
renonciation, une partie de la bibliothèque est déjà rangée (rangement
effectué en une somme со d'instants) et qu'une autre reste encore à ranger
(somme d'instants) a ;

со | a
s ="1Г

21. COSERIU 1976 , VET 1980, WlLMET 1976...


22. PR = présent ; IMP = imparfait ; FUT = futur ; COND - conditionnel ; PS = passé simple
PC = passé composé ; PQP = plus-que-parfait ; FUT ANT = futur antérieur.

30
Cette structure vaut également pour Г1МР, avec cette différence que
le seuil s séparateur de со et a s situe antérieurement à t0 •

со | a
s =~C

Le FUT et le COND se construisant uniquement sur a, le système aura


globalement l'assure suivante :
PR FUT

со a a

S = to S > t0

IMP COND

со a a
[s < tj = s' s > s'

Une telle vue laisse assurément prévoir les faits de symétrie, mais elle
a l'inconvénient de ne justifier d'aucune façon la dissymétrie partielle qui
sépare Г1МР et le COND d'une part, le PR et le FUT d'autre part.
Ces faits de dissymétrie ont été maintes fois observés :
- Le COND (// sortirait) s'inscrit obligatoirement, en dehors du
système hypothétique, dans le discours indirect ou le discours indirect libre.
Rien de tel au FUT. La phrase // sortira peut rapporter la pensée ou le dire
d'autrui (« A présent il réfléchit à la conduite à tenir : il sortira, il... »). Mais
il n'y a là évidemment aucune sorte de nécessité. En revanche, quand il
s'utilise indépendamment de si, le COND se rapporte nécessairement à une
image d'univers, à un univers autre que mon univers actuel. Ainsi le COND
dit 'des journalistes' {Le Président de la République aurait l'intention de...)
signifie une prise en charge étrangère à l'univers du locuteur (« On prête au
Président l'intention de... »).
- L'imperfectivité de l'IMP est beaucoup plus marquée que celle du
PR. En disant // sort, je laisse entendre que toutes les conditions sont
réunies pour qu'il sorte, qu'il est sur le point de sortir, que rien ne donne
à penser qu'il ne sortira pas. Je me porte garant de la 'sortie', de son départ.
// sortait s'interprète fréquemment, au contraire, comme 'il allait sortir' : //
sortait quand on l'appela au téléphone. Est-il réellement sorti ? Rien ne le dit.
Le terme du procès est laissé totalement ignoré. De même // range sa
bibliothèque ne donne pas à entendre qu'à mes yeux il ne terminera pas de
la ranger. Pour créer cet effet de sens, il me faut l'expliciter -à moins que
la situation ne fasse voir l'ironie de mon propos. Naturellement quelque fait
imprévisible peut faire obstacle à l'achèvement. Mais c'est en dehors de
mon propos. Au contraire // rangeait sa bibliothèque s'oppose à // la rangea
ou // l'a rangée, et le terme du procès est ainsi volontairement obscurci.
De même, le PR s'accommode de certaines indications perfectives : //

31
est absent jusqu'au 15, II reste ici pendant un mois. Les mêmes phrases à
Г1МР ne se conçoivent pas en dehors du discours indirect libre.
Par ailleurs, c'est bien banal, l'IMP a des emplois modaux totalement
inconnus du PR. Alors là, le train déraillait ! marque l'irréel ('il n'y a pas eu
de déraillement.') Alors là, le train déraille /signifie que le déraillement est
inévitable si les conditions ne sont pas modifiées.
Ces faits doivent être pris en compte par la théorie linguistique. Dire
que l'axe de l'IMP est un axe d' inactualité est assurément exact. Mais il
convient de préciser cette notion : Quelle différence d"actualité' entre Si
Pierre revient et Si Pierre revenait ? Quoique la venue de Pierre soit dans le
premier cas plus probable que dans le second (où elle est expressément
donnée pour possible au plus et non pas pour probable), n'y a-t-il pas
cependant 'inactualité' dans la phrase au PR ? Comment relier les faits
qu'on vient de rappeler à l'opposition actuel/inactuel ?
Pour en rendre compte, on formulera l'hypothèse que la prise en
charge n'est pas la même dans le PR et dans l'IMP (et conséquemment dans
le FUT et dans le COND). Nous avancerons l'idée que le PR relève
entièrement du temps de dicto actuel, à la fois par со et par a, c'est-à-dire
que le locuteur prend en charge, dans son univers actuel, aussi bien a que
со et qu'au contraire, dans l'IMP, la prise en charge se limite à со, a relevant
dans ces conditions d'une image d'univers. On est ainsi conduit à la
structure suivante :
PR FUT

S = t0 S > to

Uje Uje

IMP COND

СО a

[S < to] = S' s > s'

Uje Image Image


d'univers d'univers

L'IMP reconstruit certes, dans le passé, une structure de PR. Mais pour
recréer l'incertitude de l'avenir, le locuteur doit se comporter comme s'il
ignorait la suite, faire renaître, au moment du temps considéré, une
situation d'expectative comparable à l'avenir - mais qui n'est pas
l'avenir -et qui est donc en dehors de sa prise en charge actuelle. L'inactualité

32
dont il a été question plus haut est, plus précisément, une inactualité de
prise en charge de la partie a qui, de dicto, s'inscrit non dans l'univers actuel
du je, mais dans une image d'univers : image de mon propre univers dans
le passé, ou, en cas de discours indirect, image de quelque autre. A utiliser
les deux demi-plans U et U', la représentation sera la suivante :

со со со1 a ai a
1 1 i i
P 1 1 p p 1 P j1 i« U
p i 1 P
1 1 1 1 U'
S = to

FUT U
S > t0 U'

imp p ; p ; p ; i Ii Ii и
U'
S < to = S'

COND U
U'
P
s > s'

B. - Conséquences
Cette conception paraît avoir une assez grande puissance explicative,
pour Г1МР, pour le COND par opposition au FUT, et aussi pour le PR.
1. L'imparfait
a) Type II sortait quand... : la partie a d'IMP (où se situe le seuil interne
du verbe transformatif sortir) n'étant pas prise en charge dans mon univers
actuel, le terme du procès échappe à toute assertion. Il appartient à une
image qui comporte en elle l'incertitude d'un avenir que le locuteur
n'assume pas.
A la limite l'IMP est tout à fait compatible avec une situation où le
locuteur sait qu'en a, p est faux. Elle retrouva son portefeuille. Un gros pot
de fleurs le cachait. Au moment de la découverte du portefeuille, le pot de
fleurs ne le cache plus. Du moins aurait-il pu se faire qu'il le cachât plus
longtemps. Possibilité évoquée dans quelque image d'univers.
b) Type Alors là, le train déraillait ! : quelque circonstance a fait que le
train n'a pas déraillé. Le a d'IMP, de l'ordre du possible dans un temps de
dicto révolu - dans quelque image d'univers - est devenu contrefactuel dans
mon univers actuel. La distinction entre univers et image d'univers rend
donc compte commodément de cet usage.
Dans le type Comme s'il pouvait comprendre /, le PR est exclu parce
qu'on se situe d'emblée dans l'irréel qui ne se conçoit pas en dehors d'une
image d'univers. Le même commentaire vaut pour les types apparentés : Si
je savais écrire comme toi !, Si au moins elle l'aimait...

33
с) Type // travaillait chez Renault. Cette phrase laisse entendre ou bien qu'il
ne travaille plus chez Renault ou bien que j'ignore s'il y travaille encore23.
(Notons que dans : Je travaillais chez Renault l'interprétation est forcément
celle de rupture, car je ne peux pas ignorer s'il en est toujours ainsi ou non).
Si je sais qu'il travaille toujours chez Renault, il me faut, sous peine de
tromperie, le signaler de façon ou d'autre // travaillait déjà chez Re-
лам//24. Ces faits se comprennent aisément le a d'IMP peut s'étendre
jusqu'à t0 ; au delà - sauf ignorance -, je dois le reverser à mon univers
actuel ; de l'image d'univers, je me trouve reconduit à l'univers lui-même.

(0 a
•I \
p = II travaillait chez Renault a) ou rupture (~p)
U
Uje image
imaee dd'univers
univers b) Ou ignorance (?P)
c) Qu prise en charge explicite (p)

Au contraire, dans // a travaillé chez Renault, l'aspect de l'accompli


impose l'interprétation qu'il n'y travaille plus. Dans le type II faisait beau
jusqu 'ici, le déictique ici engage le locuteur, et l'interprétation de rupture
paraît obligatoire. Au contraire // a fait beau jusqu'ici permet d'inférer la
possibilité du beau temps au delà de to, ce qui s'explique sans doute par le
a de PR que l'auxiliaire du PC véhicule, auquel touche, grâce à jusqu 'ici,
le procès considéré25.
NB1 Le type Tu disais que Pierre était à Paris peut équivaloir
à Tu disais que Pierre est à Paris. La différence est subtile, et il se
peut que l'IMP se justifie exclusivement par l'harmonie avec la
principale. Il s'agirait d'un fait d'accord syntaxique sans plus. Une
nuance de sens paraît cependant séparer les deux phrases. Certes
dans l'un et l'autre cas le locuteur ne dit pas explicitement ce que
lui-même tient de la vérité de « Pierre être à Paris ». Il se borne à
rapporter le dire d'autrui. Mais il semble qu'en utilisant le PR, il
se présente comme disposé à acquiescer, alors que le recours à
l'IMP cantonne plus exclusivement la proposition dans l'univers
évoqué - dans une image d'univers -, et cette distance peut faire
naître une vague impression dubitative.
NB2 O. Ducrot (1979) a montré l'affinité de l'IMP et du
thème : dans L'année dernière je déménageais, le procès à l'IMP

23.
— JeC'était
Ce
Cf.neneWILMET
sais
l'est
exact
pas.
plus1976,
? 95 qui cite cet exemple de G. Simenon, Oeuvres compl. XIII, 531 :

24. Ne serait-ce que sous forme de présupposition : Je savais que... présuppose que je le sais encore.
25. Cf. Martin 1971, 106.

34
caractérise l'année dernière. Il semble que l'hypothèse ici formulée rende
compte de cette affinité : grâce à Г1МР, l'année dernière est située pour
partie dans l'univers du locuteur, pour partie dans une image d'univers.
L'indication temporelle en acquiert une expansion maximale (et la phrase
signifie, non pas qu'à un moment donné, appartenant à l'année dernière,
j'ai déménagé, mais que cette année a été celle de mon déménagement, que
ce déménagement la caractérise).

2. Le conditionnel.
L'hypothèse que le COND vient d'un évidement d'IMP trouve aussi,
semble-t-il, une base meilleure. Si со disparaît, il ne reste que a, dont on а
dit, dans l'IMP, qu'il était lié à une image d'univers. On ne s'étonne pas
ainsi de l'affinité constatée avec le discours indirect :

IMP COND

CO a

image image
d'univers d'univers
Le COND est le temps par excellence, en dehors de l'usage avec si, du
changement d'univers26. On conçoit aussi la différence entre le système
hypothétique « si PR - FUT » et le système « si IMP - COND ». S'il vient,
nous ferons... ne dit rien de la probalitité de sa venue ; si suspend le со de
PR et le procès est simplement placé dans les mondes possibles. Le même
mécanisme vaut pour l'IMP. Mais ce qui reste (a) appartient forcément à
une image d'univers, et l'on comprend que cette distanciation par rapport
à mon univers actuel conduise au sentiment d'une probabilité faible.

3. Le présent
Le a de PR est tout à fait compatible avec l'idée de certitude, de même
que le FUT27. Je m 'en vais ne donne d'aucune façon à entendre qu'il y a
quelque incertitude à mon départ. Dans le PR dit 'de reportage',
renonciation de l'événement В qui suit celle de l'événement A confirme cette
dernière et fait comprendre que le procès A est allé à son terme. Une
indication scénique comme celle-ci : // sort quand le téléphone sonne peut
certes faire hésiter sur la chronologie des deux faits (la sortie et la sonnerie
du téléphone), mais il paraît difficile de comprendre que le personnage en
question est seulement sur le point de sortir et qu'en fait il ne sort pas. De
même dans le PR historique s'impose l'obligation de clore. La phrase Hier
soir, je prends le métro à Odéon est peu acceptable isolément. L'interlocuteur
aura tendance à demander : Et alors ?. Il est vrai qu'un tel énoncé n'est pas
incompatible avec une situation où, de fait, je n'ai pas pris le métro {Hier
soir, je prends le métro à Odéon et je m'aperçois que j'ai laissé ma serviette au
bureau. J'y suis retourné aussi vite !). Mais la suite obligée du récit lève

26. Cf. MARTIN 1983, 135 - 139.


27. Cf. MARTIN 1983, 127 - 133.

35
l'hésitation. Toutes ces caractéristiques trouvent leur explication dans le
fait que, normalement, le locuteur prent a en charge comme il le fait de со28.
NB. Le PS qui est réservé à l'événement passé, se trouve en tant
que tel pris en charge dans l'univers du locuteur. Si l'on veut bien
accepter d'altérer radicalement la théorie guillaumienne des 'chro-
notypes', on dira que le PS ne comporte que со , clos sur lui-même,
perfectif si l'on préfère. L'absence de a , aussi bien de PR que
d'IMP, situe donc ce temps grammatical au-delà de l'opposition
des deux axes du PR et de Г1МР. Du fait même, le PS est étranger
à toute valeur modale. On peut l'utiliser après 5/ (S'il enfui), mais
à condition de donner à si la valeur de « S'il est vrai que ». La
différence (PS
'globalité' fondamentale
= со) et de entre
l'analyse
PS (IMP
et IMP
= со
est +aussi
a). Ilcelle
s'y ajoute,
de la
mais ce n'est pas notre propos, que le seuil interne de Г1МР (s <
to), présupposé pour l'analyse en со et a, a un caractère anaphori-
que qui lui confère dans le récit un statut d'immobilité, là où le PS
contribue à la progression.
On voit le bénéfice que peut procurer la notion de temps de dicto
définie comme le temps, non pas de renonciation, mais de la prise en
charge de l'énoncé. Là où les opérateurs de re situent temporellement, à
l'intérieur des univers de croyance, les données du monde, le temps de dicto
est celui de l'évolution inéluctable, de ces univers eux-mêmes. Au fil du
temps, les univers se modifient — parfois jusqu'à la contradiction — et
l'univers devient image d'univers, de même que sont images les univers
d'énonciateurs dont le locuteur donne une représentation. Le passage à
l'image est prévu par la langue elle-même, éventuellement jusque dans le
système des temps grammaticaux. C'est le cas en français, comme on a
essayé de le montrer.

28. Toutes ces opérations paraissent difficilement conciliables avec l'idée que le PR serait de caractère
non temporel, la forme non-marquée du système {Cf. p. ex. SERBAT, 1980, 38 : « le présent ne détient en
lui-même aucune valeur temporelle. Il ne réfère à aucune des trois époques temporelles à l'exclusion des
autres ».) Pourquoi les limitations que nous constatons ? Certes « tout énoncé est obligatoirement rapporté
aux conditions naturelles et nécessaires de sa production ». Mais après II paraît qu'il pleut on accepte la
question Où çà ? mais pas Quand ça ?. Comment l'expliquer dans une telle théorie réductrice ?

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