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Structure de la matière
Introduction
La chimie est la science qui étudie la constitution des corps, leurs
propriétés, leurs actions réciproques et les combinaisons qui en résultent. Elle
a pour tâche essentielle d’établir les liens qui existent entre les propriétés de la
matière, sa composition et les transformations auxquelles elle peut se
soumettre.
La chimie présente d’innombrables intérêts et applications dans divers
domaines :
- en agriculture (engrais et pesticides), élevage et pêche
- en énergie renouvelable
- en médecine,
- en environnement
- en biologie (étude des métabolismes),
- en pharmacie (synthèse des molécules médicamenteuses),
- en écologie
- en cosmétique et parfumerie,
- en génie civile (confection des matériaux de construction), ... etc.
Dans toutes ces applications, il demeure qu’à une certaine échelle la matière
est indivisible.
1
Objectifs
:
À la fin de ce chapitre, vous serez en mesure de
Décrire la structure d’un atome
Caractériser les particules fondamentales constitutives de l’atome
Donner leurs rôles dans les différentes transformations physiques et chimiques
que la matière peut subir
Interpréter les spectres d’émission et d’absorption d’un élément chimique
Justifier la position d’un élément dans la classification périodique moderne des
éléments chimiques
Identifier la famille d’un élément chimique à partir de sa configuration
électronique
Distinguer les différents types de radioactivités
Appliquer les lois de la désintégration radioactive des noyaux atomiques
Calculer l’énergie libérée par une réaction nucléaire
Décrire quelques applications et dangers de la radioactivité
Configuration électronique d'un atome : Répartition des électrons de l'atome par couche et
par sous couche dans l'ordre de l'énergie croissante
Schéma de Lewis d'un élément chimique : Représentation de la disposition des électrons sur la
Glossaire couche de valence d'un atome pris dans son état
fondamental
Couche de valence d'un atome : Couche électronique de plus grande énergie occupée
dans un atome pris à l'état fondamental
1. Rappels
1.1. Atome, molécule et ions
2
Atome : plus petite partie de la matière qui puisse exister à l’état libre ou combiné. Dans
un état combiné, les atomes sont reliés entre eux par des liaisons chimiques pour former
des molécules présentant les mêmes propriétés que la matière.
Ion : atome ou groupe d’atomes ayant perdu ou gagné un ou plusieurs électrons.
Lorsque l’atome ou le groupe d’atomes gagne d’électrons il se forme un ion chargé
d’électricité négative appelé anion.
Lorsque l’atome ou le groupe d’atomes perd d’électrons il se forme un ion chargé
d’électricité positive appelé cation
2. Structure de l’atome
2.1. Expérience de Rutherford
3
But de l’expérience : Découvrir la structure Procédé : Bombardement d’une feuille
de l'atome en observant les trajectoires des d'or d'une épaisseur très minime avec des
rayons alpha à travers la matière (plaque rayons alpha. Un écran fluorescent placé
d'or). derrière la feuille d'or permet d'observer
les spots brillants qui indiquent à quel
endroit les particules touchent l'écran.
Observations Interprétations
L'atome possède cinq caractéristiques :
Modèle de Rutherford : un atome est composé d'un minuscule noyau de charge positive,
où se concentre toute la masse. Le noyau est entouré d'un nuage d'électrons très légers.
4
Vide
+
Vide + +
Noyau vide
+ + +
+ +
+
vide
Remarques
- Le rayon du noyau atomique est de l’ordre de 10 fermi (fm) et celui de l’atome lui
même est de l’ordre de l’Armstrong (Å) : 1 Å = 10-10 m et 1 fm = 10-15 m.
- Dans une quantité relativement faible de matière, il y a un nombre
extraordinairement grand d’atomes, si bien qu’à l’échelle macroscopique, on utilise
la mole d’atomes (ou atome gramme) pour exprimer la quantité de matière : une
mole d’une particule est constitué de 6,023 1023 de cette particule ; ce nombre est
appelé nombre d’Avogadro et noté 𝒩.
- Le noyau de l’atome est chargé d’une électricité positive q = Z×e tandis que l’atome
neutre contient Z électrons de charge totale -q = -Z×e avec e = 1,6×10-19 Coulomb
(charge élémentaire).
5
L’analyse de la lumière émise par un atome dans ces conditions, permet de constater qu’il
s’agit en réalité d’un ensemble discontinu de raies lumineuses de fréquences différentes.
A partir d’une suite discontinue de radiations lumineuses émises par l’atome d’hydrogène,
Bohr donna une remarquable explication du phénomène.
Résultats obtenus :
6
Energie de l’atome d’hydrogène dans l’état n : avec et h
34
= 6,6×10 J.s (constante de Planck).
L’énergie ΔE correspondant à la transition d’un électron d’un état énergétique n1 à
un état énergétique n2 (en absorbant ou en émettant de l’énergie) est ΔE =
ΔE =
La fréquence ν et la longueur d’onde λ de la radiation lumineuse émise ou absorbée
sont telles que : ΔE = hν ν= d’où 1/λ = avec
7
ensuite complété la théorie de Bohr en faisant intervenir d’autres nombres quantiques tels
que :
l
pour n = 1 (couche K), on a = 0 (sous couche s)
l l l
pour n = 4 (couche N), on a = 0 (sous couche s), = 1 (sous couche p), = 2 (sous couche
d) et l = 3 (sous couche f)
Exemple :
pour l = 0 (sous couche s), on a ml = 0 et donc une seule case quantique pouvant contenir
l
pour = 2 (sous couche d), on a ml = -2 ; -1 ; 0 ; 1 ; 2 et donc cinq cases quantiques pouvant
8
pour l = 3 (sous couche f), on a ml = -3 ; -2 ; -1 ; 0 ; 1 ; 2 ; 3 soit sept cases quantiques
On montre que pour une couche quelconque de rang n, le nombre total de cases quantiques
(ou orbitales) est n2; ce qui correspond à 2n2 électrons (au plus) par couche
Le nombre quantique de spin, noté S ou mS et caractérisant la rotation qu’effectue
l’électron sur lui-même. il ne peut prendre que les deux valeurs (+ ½) et (- ½)
lorsque l’électron tourne sur lui-même dans un sens ou dans le sens contraire.
9
n
6 6s
5 5s 5p
4 4s 4p 4d 4f
3 3s 3p 3d
2 2s 2p
1 1s
0
1 l
2 3
4 4
5. Classification périodique
Mendeleïev classa les éléments connus dans l’ordre croissant des masses atomiques et
constata que les éléments présentant des propriétés chimiques semblables apparaissent à
des intervalles réguliers, mettant ainsi en évidence la périodicité des propriétés des
éléments chimiques.
Dans le tableau de classification périodique actuel, il y a environ 103 éléments chimiques
naturels ou artificiels, classés dans l’ordre des numéros atomiques croissants et répartis en
périodes et en familles.
5.1.La période
Chaque ligne du tableau de classification périodique s’appelle période et chaque période
rassemble les éléments dont les électrons externes (ou électrons de valence) ont le même
nombre quantique principal n.
5.2.La famille
Chaque colonne du tableau de classification périodique s’appelle famille (ou groupe) et
chaque famille rassemble les éléments ayant le même nombre d’électrons externes sur des
sous-couches de même type. Les éléments chimiques d’une même famille présentent des
propriétés chimiques semblables.
On distingue :
la famille IA des alcalins : structure électronique périphérique ns1. Tous les
alcalins donnent un cation monovalent.
10
la famille IIIA : éléments réducteurs de structure électronique périphérique ns2np1.
la famille V1A des chalcogènes : non métaaux donnant des anions divalents. Leur
structure électronique périphérique est ns²np4.
la famille VIIIA des gaz rares (ou inertes, ou nobles) : structure électronique
périphérique ns²np6. Les éléments de ce groupe ne manifestent d’activité chimique
que dans des conditions exceptionnelles.
Groupe des éléments de transition : éléments chimiques dont la sous couche (n–
1)d n’est pas saturée alors que la sous couche ns l’est. Dans le tableau de
classification ce sont les éléments chimiques compris entre les colonnes IIA et IIIA.
6. Notion d’isotopie
Il existe des noyaux atomiques ayant le même nombre de protons et des nombres de
neutrons différents. De tels noyaux atomiques, qui ne sont que des variétés différentes
d’un même élément chimique, sont appelées isotopes de l’élément considéré.
Les isotopes d’un même élément chimiques :
occupent la même position dans le tableau de classification
ont le même numéro atomique Z
présentent la même configuration électronique
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possèdent les mêmes propriétés chimiques
ne se distinguent les uns des autres que par de petites différences de propriétés
physiques liées à leur différence de masse.
7. Radioactivité
7.1.Radioactivité naturelle
La radioactivité naturelle est la propriété de certains noyaux atomiques à se désintégrer
spontanément en émettant des particules :
est appelé noyau père, est le noyau fils et est la particule libérée. cette dernière
peut être une :
particule α ( 2+
) qui est un noyau d’hélium.
particule β- ( ) qui est un électron.
particule β+ ( ) qui est un positron.
Au cours de la désintégration radioactive d’un noyau atomique des ondes
électromagnétiques sont également émises et désignées par le terme de rayonnement
gamma. Le rayonnement γ accompagne parfois les radioactivités α, β-et β+. Il résulte de la
désexcitation progressive du noyau fils excité. Le rayonnement γ est un photon qui possède
une grande énergie et une très courte longueur d’onde λ.
Masse (u.a) 4 1⁄ 0
1836
+e (β+)
Charge +2e 0
-e (β-)
Propriétés Très ionisant, peu pénétrant Peu ionisant, pénétrant Ionisant, très pénétrant
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Ainsi on a :
pour une désintégration α : 2+
X Y + R
t=0 N0
t N
t+dt N+dN
donc soit
L’activité s’exprime en Becquerel (ou désintégration / seconde) qui en est l’unité SI (Bq).
Elle s'exprime également en Curie (Ci) : 1Ci = 3,70.1010 Bq
La période radioactive T est le temps au bout duquel la moitié des nucléides
initialement présents dans l’échantillon a été désintégré.
à t = T, N = et on a T
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7.2.Radioactivité artificielle
Il y a des réactions nucléaires qui sont provoquées par le choc d’un noyau projectile ou
d'un neutron sur un noyau cible engendrant de nouveaux noyaux. Parmi les réactions
nucléaires provoquées, encore appelées transmutations on distingue la fission et la fusion.
La fission d’un noyau s’observe lorsque le choc de ce noyau avec un neutron le
brise en deux noyaux plus légers. Le noyau qui subit une fission est alors dit fissile.
Lorsqu’un noyau peut, par réaction nucléaire, engendrer un nucléide fissile on dit
qu’il est fertile. Les neutrons produits au cours d’une fission, provoquent de
nouvelles fissions et ainsi de suite. On dit alors qu’il se produit une réaction en
chaîne.
92U 38Sr + 54Xe + 2 0n
+ 235
1 94 140 1
0n
14
La détermination de mécanisme réactionnel, en chimie, à l’aide des nucléides
radioactifs.
7.4.2. Dangers
L’exposition aux rayonnements radioactifs est dangereuse pour les personnes. Elle
provoque des lésions, des cancers, des leucémies, la mort.
Résumé de la monographie
Dans cette monographie, vous avez appris à écrire la configuration électronique d’un
atome, à déterminer le groupe et la période d’un élément à partir de sa configuration
électronique, à calculer les longueurs d’ondes et fréquences des raies du spectre d’émission ou
d’absorption d’un élément chimique, à écrire les équations des réactions nucléaires, à calculer
l’énergie dégagée par de telles réactions et à décrire quelques applications et dangers de la
radioactivité.
Devoir
Sur la base des notions développées dans le cours traiter les exercices
Exercice 1 :
1. En vous basant sur les résultats de la théorie de Bohr, répondre par Vrai ou faux et rectifier les
propositions fausses.
a. L’énergie de l’électron dans l’atome d’hydrogène ne dépend que du nombre
quantique principal n.
b. Un atome excité est un atome qui a perdu un électron.
c. Le rayon d’une orbitale atomique diminue lorsque le nombre quantique principal
augmente.
d. En émettant un photon, un atome retourne toujours à l’état fondamental.
2. Soit une transition d’un état n2 à un état n1, on montre que la longueur d’onde de la radiation
émise vérifie la relation de Ritz :
1 1 1
RH 2 2 avec n1< n2
n1 n2
Déduire de la relation précédente l’expression de la constante de Rydberg RH et calculer sa valeur
en SI.
3. Calculer, en Joule et en électron-volt, l’énergie d’ionisation de l’atome d’hydrogène, à partir de
son état fondamental.
4. Dans le spectre de l’atome d’hydrogène, calculer, en m et en nm, la longueur d’onde de la
radiation correspondant à la première raie de la série de Balmer.
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5. Quelle sont les longueurs d’onde des radiations qui peuvent être émises lorsque l’atome se
désexcite à partir de ce niveau n = 4 ?
Données en SI :
ℎ = 6,626075540 × 10−34 𝐽. 𝑠; 0 = 8,854187816 × 10−12 𝐹. 𝑚−1
𝑚 = 9,109389754 × 10−31 𝑘𝑔 ; 𝑒 = 1,6021773349 × 10−19 𝐶 ; 𝑐 = 3 × 108 𝑚. 𝑠 −1
Exercice 2 :
Exercice 4 :
On donne le nombre d’Avogadro 𝒩 = 6,021023 atomes / mole et la masse atomique
molaire relative du bore naturel M = 10,811 g.
Le bore naturel est constitué d’un mélange de deux isotopes 105𝐵 𝑒 𝑡 115𝐵 de masses
atomiques relatives respectives M1 = 10,010 g et M2 = 11,009 g. Calculer :
16
2. Le nombre d’atomes de chaque isotope dans une mole de bore naturel.
Exercice 5 :
n l ml Possible Impossible
2 0 0
2 1 -1
2 2 -1/2
1 0 1
4 1 -2
0 0 1
2. Les électrons définis par les valeurs suivantes des nombres quantiques
appartiennent à un même atome :
a. l
(n = 3, = 1, ml = 0, ms = +1/2)
b. (n = 4, l = 0, ml = 0, ms = -1/2)
c. (n = 3, l = 2, ml = 1, ms = -1/2)
d. (n = 3, l = 0, ml = 0, ms = +1/2)
e. (n = 4, l = 3, ml = -1, ms = +1/2)
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Electron Couche Sous-couche
(a)
(b)
(c)
(d)
(e)
Exercice 6
La datation au carbone 14 est utilisée pour dater un fragment d’os ancien contenant 80 g de carbone
(essentiellement du carbone 12).
1- Calcule le nombre N01 d’atomes de carbone 12 présents dans l’échantillon (fragment d’os
ancien) en supposant négligeable le nombre d’atomes de carbone 14 qui y sont présents.
2- On admet que la proportion des deux isotopes du carbone (12C et 14C) reste constante dans
l’atmosphère et dans les êtres vivants et qu’elle est de 1,3 .10−12 atome de 14C pour un atome
de 12C. Sachant que le carbone 12 n’a pas subi de désintégration radioactive, calcule le
nombre N02 d’atomes de carbone 14 initialement présents dans le fragment d’os vivant.
3- Le fragment d’os ancien ayant une activité de 0,75 Bq, calculer le nombre Nt d’atomes
de14C qu’il contient à la date de la découverte.
4- Quel est l’âge de ce fragment d’os ?
On donne la demi-vie du carbone 14 (T = 5730 ans) et 1 an = 365 jours.
Exercice 7
Dans les réacteurs des centrales atomiques, on réalise la fission de noyaux d’uranium 235 par un
92U 0 nZ1 X 1 Z 2 X 2 k 0 n
A1 A2
neutron : 235 1 1
L’une des réactions les plus fréquentes produit du xénon (140Xe) ainsi que du strontium (94Sr) et
libère k neutrons.
1. Ecrire l’équation de cette réaction nucléaire.
2. Calculer, en MeV, l’énergie libérée lors de la réaction.
3. Calculer le nombre de fissions nécessaires pour libérer 1 joule.
4. Calculer l’énergie libérée par la fission de tous les noyaux contenus dans 1 g d’uranium (U) 235.
235
Masse des noyaux en unités de masse atomique (u) : U : 235,04 ; 01 n :1,01 ;
92
94
Sr : 93,92 ;
140
54 Xe : 139,92
18
Chapitre II
Liaison Chimique
19
INTRODUCTION
Dans la réalité et le plus souvent, il n’existe pas d’atome isolé dans la nature mais
plutôt des atomes en interaction entre eux à l’intérieur de structures simples ou complexes,
stables ou non stables telles que les molécules, les ions, les cristaux etc…. A l’intérieur de
tels édifices chimiques, les atomes perdent leurs autonomies et il se développe entre eux
des forces liantes appelées liaisons chimiques. La forme spatiale d’une entité chimique
ainsi que ses propriétés physiques et chimiques dépendent des types de liaison qu’elle
renferme.
Il existe cinq types de liaisons chimiques d'intensités et de propriétés différentes
qu’on peut répartir en deux catégories :
Les liaisons chimiques intramoléculaires, entre atomes à l’intérieur d’une molécule.
Ces liaisons peuvent être ioniques, métalliques ou covalentes.
Les liaisons chimiques intermoléculaires entre les molécules d’une substance telles
que les liaisons hydrogènes et les forces de Van Der Walls.
Objectifs:
A la fin de ce chapitre vous serrez capable de :
Ecrire la formule de Lewis d'une molécule
Reconnaitre les différents types de liaisons chimiques
Reconnaitre une molécule polaire et une molécule non polaire
Calculer le moment dipolaire d'une molécule connaissant celle des liaisons
Définir les termes dissociation, hydratation, solvatation
Principes généraux
On peut résumer en quatre points les principes régissant l’établissement des liaisons
chimiques :
Les forces existant entre les atomes d’une même molécule sont de nature électrique.
Les électrons périphériques jouent un rôle prépondérant dans l’établissement des
liaisons chimiques, l’influence des électrons internes étant négligée.
L’établissement des liaisons chimiques se fait par modification de la situation d’un
ou plusieurs électrons.
Après l’établissement des liaisons chimiques l’énergie de l’édifice chimique obtenu
doit être inférieure à la somme des énergies des atomes constitutifs pris séparément.
1-Liaisons intramoléculaires
1-1 Liaison covalente ou liaison atomique
20
Elle est formée par la mise en commun de deux électrons célibataires par deux
atomes. Les deux électrons peuvent également provenir d’un seul des deux atomes : on
parle alors de liaison dative.
La théorie qui explique l’établissement de ce type de liaison, qui est la plus intense
pouvant exister entre deux atomes, s’appelle méthode des liaisons de valence. Elle a été
élaborée par Heitler et London sur la molécule de dihydrogène et est étendu à des molécules
plus complexes.
Cas de la molécule de dihydrogène
Deux atomes d’hydrogène se rapprochent l’un de l’autre jusqu’à une distance où les
nuages électroniques se recouvrent.
L’énergie potentielle E du système formé par les deux atomes varie en fonction de la
distance r entre les noyaux de ces atomes. Cette variation diffère selon que les spins de
deux électrons sont parallèles ou anti parallèles.
La méthode des liaisons de valence se fonde donc sur les deux idées suivantes :
21
La liaison covalente est assurée par un doublet d’électrons à spins anti parallèles
qui appartiennent en commun aux deux atomes.
La liaison covalente est d’autant plus solide que le recouvrement mutuel des nuages
électroniques est plus important.
Exemple :
+
H H
_ _ _+
H N H H+ H N H ou H N H
H H H
22
Parfois, le doublet électronique de liaison est fournit par un seul atome ; on
le signal par le symbole → orienté vers l’atome receveur.
Exemples :
Liaisons simples :
Eau H2O:
H
O , H et H d’où on a O
H
et on a C et 4 H d’où H C H
ne
H
Liaisons multiples :
H
H
Liaisons de coordination :
H N H
N (ou N ) et 3 H donnent ;
et H
23
Ion ammonium :
H +
H N H
et H+ donnent H N H
H
H
1-1-3 Orientations relatives des liaisons chimiques : Le modèle VSEPR (Règle de
Gillespie)
Il est possible de prévoir l’orientation relative des liaisons issues d’un atome en appliquant
les règles fondées sur la répulsion des paires électroniques de la couche de Valence
(VSEPR). Ces règles sont connues sous le nom de règle de Gillespie :
Tous les doublets électroniques liants et non liants de la couche externe de l’atome
central se repoussent mutuellement et se localisent alors, à la surface d’une sphère
centrée sur le noyau de l’atome, dans des positions qui minimisent les répulsions.
Ces doublets se localisent préférentiellement le plus loin possible les uns des
autres.
Selon leur nombre, ces doublets se localisent dans l’espace conformément à
certaines figures de répulsion.
24
Type Nombre Figure Nombre Forme des Exemples
de molécule total de de répulsion de liaisons molécules
AXmEn doublets (m)
(m+n)
25
1-2 Liaison ionique
1-2-1 Hypothèse de Kossel
Kossel a remarqué que dans beaucoup de combinaisons, les atomes tendent à perdre
ou à gagner un ou plusieurs électrons pour acquérir une structure électronique stable
comparable à celle du gaz rare qui les suit ou qui les précèdent dans la classification
périodique des éléments. De plus il avait constaté que le nombre d’électrons perdus par un
atome coïncide avec le nombre d’électrons gagnés par l’autre atome. Ces observations
l’ont amené à l’hypothèse qu’une liaison pouvait se créer entre deux atomes :
Par transfert d’un ou plusieurs électrons d’un atome à l’autre, de façon que chacun
d’eux adopte la configuration électronique d’un gaz rare, en formant des cations
et anions.
Par attraction électrostatique entre les cations et anions ainsi créés.
Exemple : dans les cristaux du chlorure de sodium, des ions de signes opposés, issus de
transferts d’électrons d’un atome à un autre, s’associent par des forces électrostatiques :
valence électronique d’un élément et une certaine catégorisation des éléments chimiques :
Les éléments électronégatifs ont tendance à capter d’électron pour donner un anion
cation
La valeur de la valence d’un élément chimique est les nombre d’électrons perdus
D’une manière générale, les éléments chimiques à caractère métalloïdique (F, Cl, O,
… etc.) sont dits électronégatifs et les éléments à caractère métallique (Na, K, Ca, Al, …
etc.) sont dits électropositifs (voir tableau 1).
26
→ Rayon atomique diminue → Énergie d'ionisation augmente → Électronégativité
augmente →
Group
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
e
Périod
e
H
He
1 2,
1
Li Be B C N O F Ne
2
1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Na M
Al Si P S Cl Ar
3 0, g
1,5 1,8 2,1 2,5 3,0
9 1,2
K Sc Ti V M Fe Co Ni
Ca Cr Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
4 0, 1, 1, 1, n 1, 1, 1,
1 1,6 1,9 1,6 1,6 1,8 2 2,4 2,8
8 3 5 6 1,5 8 9 8
N
Rb Y Zr M Ru Rh Pd
Sr b Tc Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
5 0, 1, 1, o 2, 2, 2,
1 1, 1,9 1,9 1,7 1,7 1,8 1,9 2,1 2,5
8 2 4 1,8 2 2 2
6
Cs Hf Ta Os Ir Pt
Ba W Re Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
6 0, Lu 1, 1, 2, 2, 2,
0,9 1,7 1,9 2,4 1,9 1,8 1,9 1,9 2 2,2
7 3 5 2 2 2
Fr D Uu Uu Uu Uu Uu Uu Uu Uu
Ra Lr Rf Sg Bh Hs Mt Ds
7 0, b u b t q p h s o
0,9
7
27
Remarque :
Exemples
28
Cl-
Ici, la maille contient un ion chlorure Cl- et
un ion césium Cs+. Il s’agit d’une maille Cs+
simple dite primitive, constituée d’un réseau a /2
cubique simple d’ions chlorure et d’un
réseau cubique simple d’ions césium a /2
décalés de .
Maille du chlorure de césium
Remarque : L’énergie mise en jeu pour faire passer un cation et un anion de l’infini à une
distance d0 dans un cristal ionique est appelée énergie réticulaire. Cette énergie est d’autant
plus grande en valeur absolue que le cristal ionique est stable. Elle est donnée par formule
. La constante A, appelée constante de Madelung, est caractéristique
de la géométrie du cristal ; n est une grandeur obtenue expérimentalement par l’étude de la
compressibilité du cristal et 𝒩 est le nombre d’Avogadro.
1-2-3 Le Rayon ionique
Dans un cristal ionique, la mesure des distances entre anion et cation permet de se
rendre compte que les rayons des ions ou rayons ioniques varient peu quelque soit la
combinaison chimique dans laquelle ils sont engagés. On a pu mesurer les dimensions de
nombreux ions et il apparaît que les cations sont plus petits que les atomes neutres, eux-
mêmes plus petits que les anions.
Dans le tableau de classification périodique, les rayons ioniques des atomes d’une
même période croissent de la gauche à la droite et sont approximativement inversement
proportionnels à la charge de l’ion. Aussi, les rayons ioniques se trouvant sur une diagonale
du tableau de classification périodique ont des dimensions comparables.
1-3 Liaison métallique
Dans un morceau de métal, les cations métalliques s’unissent les uns aux autres par
une multitude d’électrons libres qui forment un « gaz électronique » autour de ces
ions, assurant ainsi la cohésion du métal. La liaison chimique qui se crée dans ces
conditions est appelée liaison métallique.
1-4 Ionisation-Dissociation
29
D’autre part, il possède une orbitale vide de basse énergie susceptible de former une liaison
de coordinance. L’ion H+ se solvate dans l’eau en donnant des hydrates H+n H2O qui, par
souci de simplification, sont notés H+aq et appelé ion hydrogène. Dans les équilibres acido-
basiques en solution aqueuse, il est commode d’utiliser la notation H3O+. Le bilan de la
dissolution de HCl dans l’eau peut donc se résumer par l’équation stœchiométrique : HCl
+ H2O Cl -aq + H3O +aq.
On peut donc considérer qu’il ne s’agit plus d’un simple phénomène physique de mise en
solution, mais d’une véritable réaction chimique, consistant en un transfert d’un ion H+
(proton) de HCl vers H2O :
H +
O + H-Cl → H O H
H
H
La dissociation de HCl est quasi totale, en ce sens que la quasi-totalité des molécules
dissoutes est dissociée. Dans d’autres cas, une partie seulement des molécules dissoutes est
dissociée. Il s’établit dans la solution un équilibre entre les molécules et les ions. On
caractérise la situation par la valeur du coefficient de dissociation α compris entre 0 et1 :
𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑑𝑖𝑠𝑠𝑜𝑐𝑖é𝑒𝑠
𝛼=
𝑛𝑜𝑚𝑏𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑚𝑜𝑙é𝑐𝑢𝑙𝑒𝑠 𝑚𝑖𝑠𝑒𝑠 𝑒𝑛 𝑠𝑜𝑙𝑢𝑡𝑖𝑜𝑛
α = 1 pour HCl, mais il peut être très faible pour d’autres composés comme l’acide
éthanoïque où α = 1,5.10-2 à la concentration de 0,1 mol.L-1.
constante diélectrique relative du milieu dans lequel les charges q et q’ sont placées,
à une distance r l’une de l’autre. Dans le vide, et approximativement dans l’air,
vaut 1, mais pour l’eau, composé polaire, =80. Ainsi dans l’eau, la force de
cohésion du cristal ionique est au moins divisée par 80. Dans ces conditions, les
molécules d’eau peuvent arracher beaucoup plus facilement les ions des cristaux.
Lorsqu’un ion Na+ ou Cl- se détache du cristal, il est immédiatement enrobé d’une
couche de molécules d’eau qui orientent vers lui leurs pôles de signes contraires au
30
sien (interaction ion-dipôle). Le phénomène porte le nom général de solvatation ;
c’est une hydratation si le solvant est l’eau. Le nombre de molécules de solvant qui
viennent s’associer à un ion n’est pas strictement déterminé et dépend du volume
de l’ion.
-
- +
- +
+ ++ +
- - -
- + - + - + - + - +
-+ + - - -
- +
+ +
- +
+ + - + -
- + - + - + -
Solvatation des ions dans un solvant polaire.
Les ions arrachés au cristal attirent autour d’eux les molécules du solvant polaire.
Remarques
La solvatation empêche les ions de s’approcher à courte distance pour se combiner.
Les forces d’attraction produisent un travail qui stabilise le système.
Certains ions forment avec le solvant (eau) un ion complexe stable et véritable
composé défini ([Al (H2O)6] 3+).
Les composés qui, comme NaCl se dissocient en ion dans leurs solutions sont des
électrolytes. Leurs solutions conduisent le courant électrique.
2- Liaisons intermoléculaires
Les liaisons intermoléculaires sont plus faibles que les liaisons covalentes mais elles
se manifestent à des distances plus grandes. L’existence de ces liaisons est déterminée par
des interactions dipolaires. Dans différentes substances, l’apparition des dipôles résulte de
divers mécanismes.
Dans le cas des molécules polaires, les molécules voisines se présentent des pôles
de signes contraires. Ceci occasionne leur attraction mutuelle et on parle
d’interaction d’orientation.
δ+ δ+ δ- δ+ δ- δ+ δ-
H δ+ H-Cl H-Cl H-Cl
δ- O δ- H δ+
H+ O δ- H
δ H+ O δ+
δ H
Liaison hydrogène
Liaison hydrogène
31
L’interaction par induction de dipôle apparait chez les molécules non polaires
mais polarisables. on parle de polarisabilité. En général les dipôles apparaissent
du fait que chaque atome crée autour de soi, un champ électrique qui exerce une
action polarisante sur l’atome avoisinant appartenant à une autre molécule ; par
conséquent, les molécules s’attirent.
Les mouvements des électrons dans les atomes et les oscillations des noyaux
favorisent une variation continue des positions des électrons et des noyaux les uns
par rapport aux autres ; ainsi apparaissent des dipôles instantanés : il s’agit
d’interactions de dispersion.
La liaison de Van der Waals est la liaison la plus faible de toute. Dans une liaison
covalente, la paire d'électron se déplace. Les deux atomes vont donc porter en
alternance et de façon transitoire, une charge positive et une charge négative. Une
autre molécule (ou une autre partie de la molécule) va donc être très faiblement
attirée par cette charge transitoire. Cette liaison est très faible, mais dans le cas des
macromolécules, leur nombre élevé (dû au nombre élevé d'atomes impliqués) va
produire au total une force importante.
La liaison hydrophobe (ou liaison apolaire) est en réalité une non liaison. C'est
une conséquence de la liaison polaire. Dans un liquide polaire, les molécules vont
tenter d'établir le maximum de liaisons entre elles. La stabilité maximale est
obtenue quand toutes les charges partielles sont impliquées dans une liaison polaire.
Si des molécules apolaires sont rajoutées à la solution, leur présence perturbe la
formation de ce réseau de liaisons et elles vont en être rejetées. A la stabilité
maximale, les molécules apolaires se regroupent de façon a minimiser le nombre
de liaisons perdues par les molécules polaires. Tout ce passe donc comme si les
molécules apolaires s'attiraient, en fait ce sont les molécules polaires qui les
repoussent.
Les molécules uniquement apolaires sont rares dans la nature, ce sont
principalement les hydrocarbures. Mais plus fréquents sont des molécules mixtes
comportant une extrémité polaire et une autre apolaire, ces molécules sont dites
amphiphiles. En solution dans l'eau, leur extrémité polaire s’intègre au réseau de
liaison polaire alors que le pole apolaire en est rejeté. Ces molécules vont alors
former des structures complexes, avec le pôle polaire à l'extérieur en contact avec
l'eau et le pôle apolaire à l'intérieur, totalement isolé de l'eau. Selon la nature de la
molécule, ces structure vont être soit de petits globules appelés micelles, soit des
membranes.
Les micelles ont la particularité de faciliter la dissolution des molécules apolaires.
Ces molécules peuvent en effet se regrouper au centre hydrophobe de la micelle et
ainsi éviter d'être rejeté de la solution.
Les membranes sont plus intéressantes. Ce sont des structures bidimensionnelles
constituées de deux couches de molécules amphiphiles, le pôle polaire situé à
32
l'extérieur de la membrane et le pôle apolaire à l'intérieur. Ces structures sont à la
fois fluides, résistantes et imperméables. Les membranes cellulaires ont cette
constitution de base, stabilisées par des protéines.
3- Polarité d’une liaison
Lors de la formation d’une liaison chimique entre deux atomes de même
électronégativité, le doublet électronique de liaison se répartit équitablement entre les deux
atomes et la liaison est alors dite covalente ou non polaire (H–H ; Cl–Cl ; N≡N). Lorsque
la différence des électronégativités des atomes impliqués dans la liaison est non nulle, le
doublet électronique de liaison se rapproche plus de l’atome le plus électronégatif que de
l’atome le plus électropositif. Dans ce cas, on dit que la liaison est covalente polaire (H–
O ; Cl–H ; N–H). La grandeur qui caractérise la polarité d’une telle liaison est le moment
dipolaire ; q est la charge fictive des atomes de la liaison (en C); l la distance entre
les charges positive et négative (en m) et est alors en Coulombs – mètres (C.m) ou en
Debye (1D = 3,33.10-30 C.m).
Le moment dipolaire de liaison est une grandeur vectorielle dirigée de la charge
positive vers la charge négative. Pour une molécule, il est la somme vectorielle des
moments dipolaires des différentes liaisons qu’elle renferme.
Exemples :
_
N
H H
H
NB :
Pour les liaisons non polaires
Si , la liaison est polaire. L’ionicité ou indice de charge d’une molécule
polaire est donné le quotient de son moment dipolaire expérimental par son moment
dipolaire théorique calculé :
33
4- Hybridation-Orbitale moléculaire
4-1 Limites et insuffisances du modèle de Lewis
y
x
Orbitale s
Orbitales d
Orbitales p
34
35
36
Acétylène C2H2
L’hybridation est digonale. Les deux orbitales atomiques p non utilisés dans l’hybridation
peuvent créer deux orbitales moléculaires π dans des plans perpendiculaires empêchant
alors la rotation autour de la liaison C-C.
Liaison C≡C
EXERCICE 1
Etablir et représenter selon la convention de Lewis, la formule des molécules ou des ions
suivants (l’atome en gras est l’atome central)
SO2Cl2 , SO3, SF4, SF6, SOF2, ICl3, POCl3, PH3, BrF5, N2O, (CO3)2-, (CSN)-, (PO4)3-,
(H3S)+, (NO2)+
EXERCICE 2
L’azote se trouve au-dessus du phosphore, dans la même colonne du tableau périodique,
et il a donc la même configuration électronique externe que lui. Pourquoi alors existe-t-il
seulement NCl3 et pas NCl5?
EXERCICE 3
Parmi les molécules suivantes, quelles sont celles qui présentent un moment dipolaire
non nul? PF3, PF5, SiF4, POF3, SNF3.
EXERCICE 4
Le pourcentage ionique de la liaison covalente polarisée dans HCl est de 17%. Expliquez
comment cette valeur a été déduite du moment dipolaire de cette molécule (1,03 D) sachant
que la distance qui sépare les deux noyaux vaut 1,28 Å (10-10 m) et que deux charges
élémentaires de signe opposé (e-, p+) distantes de 1 Å (10-10 m) développent un moment
dipolaire de 4,8 D.
EXERCICE 5
Lesquelles des molécules suivantes donnent-elles lieu à des liaisons hydrogène? H2O,
CH3CO2H, CH3COCH3, H2Se.
EXERCICE 6
Calculer la valeur théorique du moment résultant dans la molécule H2C=O, connaissant la
valeur du moment de la liaison C-H (0,40 D) et de la liaison C=O (2,3 D).
37
EXERCICE 7
Quelle raison pourrait justifier la différence très importante qui existe entre les
températures de fusions des deux isomères suivants?
CH=O
CH=O
OH OH
38
Chapitre III
THERMOCHIMIE
Introduction
Toute transformation physique ou chimique d’un système matériel s’accompagne d’un
dégagement ou d’une absorption d’énergie. La thermodynamique étudie les manifestations
énergétiques qui accompagnent ces transformations. Elle mesure les variations d’énergie
engendrées par les transformations et recherche les influences de ces variations sur la marche
desdites transformations.
La branche de la thermodynamique qui s’occupe de l’étude des variations d'énergie d'un milieu
au cours d'une réaction chimique est la thermochimie. Son but est de décrire et d’expliquer
l'effet de la température et de la pression sur les propriétés d'équilibre des systèmes chimiques
ou biochimiques. Ainsi, par des études thermodynamiques on peut prévoir le sens d’évolution
de ces systèmes à l’équilibre.
Dans cette monographie, vous verrez les nouvelles notions qui suivent :
Entropie L'entropie est une fonction d’état liée aux notions d'ordre et de désordre
microscopique et plus précisément à la transition d'un état moins
désordonné vers un état plus désordonné.
39
1. Systèmes et transformations
En thermodynamique, le milieu étudié est appelé système. C’est par exemple une certaine quantité de gaz
enfermé dans un ballon par un piston, ou un milieu réactionnel, ou encore un organisme vivant, … etc. Le
reste de l'univers constitue l'environnement du système.
Le processus est dit réversible, lorsque le système est à l'équilibre à tout instant de la transformation.
2. Chaleur et travail
Au cours de la transformation d’un système, l'énergie peut être transférée sous formes de chaleur et ou de
travail.
C’est une énergie en mouvement (écoulement) d'un milieu chaud vers un milieu de plus basse température.
Considérons une enceinte contenant un corps froid A dont la température s’élève de T A jusqu’à T1. La
quantité de chaleur QA absorbée par ce corps est
QA = KA(T1 - TA) > 0
Cette quantité de chaleur peut provenir d’un corps chaud B dont la température s’abaisse simultanément de
TB à T1. La quantité de chaleur QB dégagée par ce corps est
QB = KB (T1 -TB) < 0
Lorsque le transfert de chaleur s’effectue de B vers A sans perte d’énergie on a :
QA + QB = 0 soit KA(T1 - TA) + KB(T1 - TB) = 0
KA et KB sont des constantes caractéristiques de A et B, appelés capacités calorifiques et s’expriment en
(Cal.degré-1)
K = m.C avec C la chaleur spécifique ou massique du corps de masse m.
40
C s’exprime en (Cal.kg-1.degré-1) et est noté Cp lorsqu’on opère à pression constante et Cv à volume constant.
Quelque fois, la capacité calorifique K est aussi notée C et ce n'est qu'avec son unité (Cal.degré-1) qu'on peut
faire la remarque.
Unités de chaleur :
Calorie (Cal) = chaleur à fournir à 1g d’eau pour élever sa température de 14,5°C à 15,5°C.
Kilocalorie (kCal) = 103 Cal
Thermie (Th) = 106 Cal
La capacité calorifique mesure l'énergie thermique qu'il faut ajouter ou retrancher à un système pour modifier
sa température d'un degré Celsius (1°C). Pour les corps purs liquides ou gazeux, la capacité calorifique se
définit à partir de la relation dQ = CdT avec dQ la chaleur infinitésimale échangée lors d’une variation
infinitésimale dT de la température. La capacité calorifique C dépend de la température et est représentée
parfois par une fonction plus ou moins complexe de T.
Il existe des transformations de système qui se produisent sans variation de température bien qu’il y ait
absorption ou dégagement de chaleur. Dans ce cas, il y a au moins un corps du système qui change d’état
physique. La chaleur mise en jeu au cours du changement de l’état physique d’un corps est donnée par Q =
m.L où m est la masse du corps et L sa chaleur latente de changement d’état.
Etat Liquide
1
1 = Vaporisation
2 = Liquéfaction ou Condensation
2
3 = Cristallisation
Etat Gazeux
4 = Sublimation 5 6
3
5 = Fusion
6 = Solidification 4
Etat Solide
2.3. Travail
Il peut être mécanique (déplacement du point d’application d’une force), électrique (déplacement d’une
particule électriquement chargée dans une région de l’espace où règne un champ électrique).
41
Considérons un cylindre fermé par un
piston et à l’intérieur duquel se trouve un
gaz. Sur le piston, s’exerce de l’extérieur
l’action de la pression atmosphérique p
qui correspond à la poussée d’une force
f rapportée à l’unité de surface :
f
p=
s
Par convention, choisissons de définir le signe des variations d’énergie par rapport au système. Dans
cette convention le système perd de l’énergie mécanique lorsque le volume augmente ( dv > 0). On a
dw 0 et par suite dw p.dv
Considérons la transformation du système constitué par le cylindre fermé par un piston qui peut se
mouvoir sans frottement à l’intérieur. Si la transformation engendre un dégagement de chaleur, on dit
qu’elle est exothermique ou exoénergétique et si elle en absorbe, elle est dite endothermique ou
endoénergétique.
Unité du travail :
Joule (J) avec 1 cal = 4,1855 J.
le kiloJoule (kJ) = 103 J
N.B : la chaleur et le travail ne sont pas strictement des énergies mais des variations d'énergie, c'est-à-dire
des quantités d'énergie échangées lors d'une transformation.
42
Considérons un système soumis à une transformation
d'un état A à un état B. d’après le principe ci-dessus 3
Etat
Q1 + W1 = -(Q2 + W2)= -(Q3 + W3). A 1
1
La variation d’énergie interne UAC associée à une transformation A C, est égale à la somme des
variations d’énergie interne associées aux transformations A B et B C:
La variation d’énergie interne UAC associée à une transformation A C, est égale en valeur
absolue, à celle de la transformation inverse C A, mais de signe contraire :
La variation d’énergie interne associée d'un processus cyclique (fermé), par exemple A B C
A est nulle, puisque états initial et final sont identiques:
43
La variation d’énergie interne associée à une réaction chimique, peut se calculer à partir d’une
banque de Uf° des réactions élémentaires appelées réactions standards de formation. Dans ce cas,
on adopte la convention Uf° = 0 pour les éléments chimiques ou les corps purs simples intervenant
dans les réactions standards de formation.
Uf°
La variation d’énergie interne associée à une réaction chimique à
une température une température T 2 peut se déduire de celle associée à la même réaction à une
température T1.
T1
44
Les chimistes , à la recherche d'un critère qui permette de prévoir la spontanéité d'une transformation
ont tout d'abord cru l'avoir trouvé en considérant la variation d' enthalpie, et en pensant que toute
transformation spontanée se devait d'être exothermique Ce critère s'est rapidement révélé incorrect dans de
nombreux cas, certaines transformations endothermiques se déroulant de façon spontanée.
C'est l'introduction d'une nouvelle grandeur d'état, l'entropie, qui a permis d'aller plus loin.
4-1-Entropie
L'entropie est liée aux notions d'ordre et de désordre microscopique et plus précisément à la
transition d'un état moins désordonné vers un état plus désordonné, un état étant d'autant plus désordonné
qu'il peut prendre un plus grand nombre d'états microscopiques différents. L'entropie S est une grandeur
thermodynamique augmentant avec le nombre d'états microscopiques d'un système.
Remarquant également qu'au zéro absolu il n'existe plus qu'un seul état possible pour tout corps pur (le
solide cristallisé), il vient la relation :
S 0 °K = 0, cela quel que soit le corps pur.
Soit une source de température T1, c’est-à-dire un réservoir infini de chaleur. Pour opérer une transformation
réversible, la source doit recevoir le transfert thermique Q sous la température T1: la formule de Clausius
donne alors :
𝐐
∆𝐒 = → 𝐂𝐚𝐥. 𝐦𝐨𝐥−𝟏 𝐊 −𝟏 𝐨𝐮 𝐉. 𝐦𝐨𝐥−𝟏 𝐊 −𝟏
𝐓
L'entropie standard sera répertoriée dans les tables en valeur absolue S°T. Le calcul de la variation d'entropie
au cours d'une transformation chimique s'effectuera par différence entre l'entropie de l'état final et l'entropie
de l'état initial.
𝐝𝐒 𝐂𝐏 𝐝𝐓
= ⇒△ 𝐒 = ∫ 𝐂𝐏
𝐝𝐓 𝐓 𝐓
45
La variation d'entropie d'un corps pur ne possédant qu'une seule variété allotropique a donc l'allure de la
courbe présentée ci-dessus.
dT
ΔS = ∫ CP
T
Si CP est indépendant de T dans l’intervalle de température considéré alors
T2
ΔS = CP ln
T1
L’entropie molaire d’un gaz parfait à la pression P est :S = S 0 − RlnP 4-1.3- Variation d’entropie d’une
réaction se produisant à T = Cte La variation d’entropie qui accompagne une réaction chimique est égale à
la différence entre la somme des entropies standard des produits et la somme des entropies standards des
réactifs.
𝚫𝐒 = ∑i νi S 0 (produits) − ∑j νj S 0 (réactifs)
νi et νj étant respectivement les coefficients stœchiométriques des produits et des réactifs.
Toute transformation spontanée (irréversible) d'un système thermodynamique s'effectue avec augmentation
de l'entropie globale (ensemble système + milieu extérieur).
46
Wrév V2 V2
∆S = − or W = −nRln ⇒ ∆S = nRln
T V1 V1
V2
∆S = nRln Si V2 = 2. V1 ⟹ ∆S = nRln2
V1
A pression constante, une réaction se produit spontanément si la variation d’enthalpie libre qui lui est
associée est négative. Δr G < 0
Par analogie, à volume constant, une réaction chimique est spontanée quand la variation d’énergie est
négative
ΔU -T ΔS < 0 on pose ΔF = ΔU -T ΔS, F est une fonction d’état appelée énergie libre.
L’enthalpie libre standard de formation ΔGf0 d’un composé est définie comme étant la variation d’enthalpie
libre accompagnant la réaction de formation de ce composé à partir de ses éléments, les réactifs et les produits
étant pris dans l’état standard. L’enthalpie libre standard de formation des éléments pris sous leur forme la
plus stable est nulle.
𝟎 𝟎
Exemples : 𝚫𝐆𝐟(𝐇 𝟐)
= 𝟎; 𝚫𝐆𝐟(𝐎𝟐)
=𝟎
47
νi et νj étant respectivement les coefficients stœchiométriques des produits et des réactifs.
Le critère 𝚫G0 < 0 signifie que lorsque tous les produits et les réactifs sont à l’état standard, la réaction tend
à se produire de gauche à droite, cela ne veut pas dire qu’elle est totale. La condition 𝚫G0 < 0 est une
condition de spontanéité nécessaire, mais non suffisante.
P2
ΔG = nRT. ln
P1
4-2.4-Constante d’équilibre
Soit la réaction :
aA + bB cC + dD
L’enthalpie libre de la réaction s’écrit :
G = ∆G0 + RTlnQ où Q est appelé quotient de réacton
[C]c [D]d
Q=
[A]a [B]b
Si ∆G = 0 (état d’équilibre), Q devient K (constante d’équilibre)
∆𝐆 = ∆𝐆𝟎 + 𝐑𝐓𝐥𝐧𝐊 = 𝟎
Si ∆G < 0, lnK > 0, l’équilibre se déplace vers la formation des produits
Si ∆G > 0, lnK < 0, l’équilibre se déplace vers les réactifs
48
Devoir
Exercice 1
Calculer la variation d'enthalpie d'un morceau d'aluminium de masse m = 1 kg lorsqu'on le chauffe de 0°C à
800°C.
Données : MAl = 26.98 g.mol-1 ; CP (Alliquide) = 29.237 J.K-1.mol-1 ; Tfusion(Al) = 658°C ; CP (Alsolide) = (23.130
+ 5.418x10-3 T) J.K-1.mol-1; Lfusion(Al) = 9.776 kJ.mol-1.
Exercice 2
La combustion à pression constante et sous 1 atmosphère d’une quantité inconnue d’éthanol liquide en
présence de 22,4 L de dioxygène, dégage 342,76 kJ à 298 K.
1. Ecrire l’équation de la combustion complète de l’éthanol.
2. Calculer le nombre de dioxygène consommé par la combustion, sachant qu'il reste après la réaction 5,6 L
de dioxygène non utilisé à 298 K et sous 1 atmosphère.
3. En déduire le nombre de mole de l’éthanol.
4. Calculer l’enthalpie molaire de la combustion de l’éthanol.
5. A la même température, l’enthalpie molaire de combustion de l’acide éthanoïque est -873,62 kJ/mol.
Calculer l’enthalpie de la réaction suivante à cette température.
49
Exercice 5
A l’aide des données du tableau ci-dessous, calcule l’enthalpie de formation du monoxyde de carbone gazeux
à 1200°K.
Exercice 6
Connaissant les variations d’énergie interne des réactions suivantes, calcule :
1. La quantité de chaleur dégagée par la combustion à volume constant et à 25°C de 1 m3 d’éthane pris dans
les CNTP.
2. La variation d’enthalpie liée à la combustion d’une mole d’éthane à cette même température.
Données :
U1 32,14kcal C 2 H 4 g H 2 g C 2 H 6 g
U 3 67,43kcal 1
H 2 g O2 g H 2 Ol
2
Exercice 7
Soit la réaction CH4 (g) + 4 Cl2 (g) CCl4(g) + 4 HCl (g) : ΔHr° = -401,08 kJ/mol à 298°K.
1. Calculer l'enthalpie de cette réaction à 650 °K
2. Calculer l'enthalpie standard de formation de CCl4 (g).
3. Calculer l'énergie de la liaison C-Cl.
4. Calculer l'enthalpie standard de formation du trichlorométhane (chloroforme)
Exercice 8
50
La variation d’enthalpie de la synthèse directe de l’ammoniac N 2( g ) 3H 2( g ) 2 NH 3( g ) est ΔΗ (To)
Exercice 12
CaCO3(s) CaO(s) + CO2(g)
51
1- Déterminer la constante d’équilibre de la réaction à 25°C sachant que:
2- Dans quel sens se déplace la réaction ?
0 0
ΔGf(CaCO3(s) )
= −1128,8 kJ. mol−1 ; ΔGf(CaO(s) )
= −604,0kJ. mol−1 ;
0
ΔGf(CO2(g) )
= −393,4 kJ. mol−1 ;
52
CHAPITRE IV
conservation des atomes et de la masse au cours des réactions 1 et 2, et non les proportions
des corps réagissant.
A l’équilibre chimique :
la nature et la masse des corps ne changent pas.
la température, la pression, les activités chimiques des réactifs et des produits sont
homogènes dans tout le système et restent constantes au cours du temps.
une modification de la température ou de la pression modifie la composition du
système qui revient à son état initial dès que les conditions initiales sont rétablies
la structure et la composition du système sont indépendantes du sens dans lequel le
système évolue vers l’équilibre.
Selon la nature des phases mises en présence dans les systèmes chimiques, on distingue deux
types d’équilibres chimiques :
Les équilibres homogènes qui correspondent aux systèmes monophasés (gazeux ou
liquides)
Les équilibres hétérogènes qui correspondent aux systèmes à plusieurs phases
(solides et gazeux ou liquides).
53
Objectifs :
À la fin de cette monographie, vous serez en mesure de :
Dans cette monographie, vous verrez les nouvelles notions qui suivent :
Degré de dissociation: Taux de réaction d'une réaction ne faisant intervenir qu'un seul
Glossaire réactif
Fraction molaire: Quotient du nombre de moles d’un constituant d'un système chimique
au nombre de moles total de ses constituants
54
Lorsque cette différence est faible, la liaison chimique est covalente
Lorsqu’elle est plus importante, la liaison est ionique
D’une manière générale, les éléments chimiques à caractère métalloïdique (F, Cl, O, … etc.) sont dits
électronégatifs et les éléments à caractère métallique (Na, K, Ca, Al, … etc.) sont dits électropositifs (voir
tableau 1).
Groupe 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18
Période
H He
1
2,1
Li Be B C N O F Ne
2
1 1,5 2 2,5 3 3,5 4
Na Mg Al Si P S Cl Ar
3
0,9 1,2 1,5 1,8 2,1 2,5 3,0
K Ca Sc Ti V Cr Mn Fe Co Ni Cu Zn Ga Ge As Se Br Kr
4
0,8 1 1,3 1,5 1,6 1,6 1,5 1,8 1,9 1,8 1,9 1,6 1,6 1,8 2 2,4 2,8
Rb Sr Y Zr Nb Mo Tc Ru Rh Pd Ag Cd In Sn Sb Te I Xe
5
0,8 1 1,2 1,4 1,6 1,8 1,9 2,2 2,2 2,2 1,9 1,7 1,7 1,8 1,9 2,1 2,5
Cs Ba Hf Ta W Re Os Ir Pt Au Hg Tl Pb Bi Po At Rn
6 Lu
0,7 0,9 1,3 1,5 1,7 1,9 2,2 2,2 2,2 2,4 1,9 1,8 1,9 1,9 2 2,2
Remarque :
Dans cette échelle d'électronégativité largement utilisée et appelée échelle de Pauling :
55
Plus un atome est petit, plus son électronégativité est grande
La notion de degré d’oxydation d’un atome est liée à sa capacité de donner ou de recevoir d’électron par
rapport à son état neutre. Dans les corps composés
le degré d’oxydation d’un atome indique le nombre d’électrons que cet atome a donné ou reçu par
rapport à son état neutre
les nombre d’oxydation sont notés par des chiffres romains placés entre parenthèses et juste après
le symbole de l’élément concerné
D’une manière générale :
Les atomes étant électriquement neutres, on les définit comme ayant un nombre d’oxydation nul à
l’état libre.
Lorsqu’un atome ou un ion donne un électron dans une réaction, son état d’oxydation augmente de
1
Lorsque l’atome accepte un électron son état d’oxydation diminue de 1
Dans un composé binaire, le degré d’oxydation d’un élément représente le nombre d’électrons qu’il
cède ou qu’il gagne selon qu’il est plus électropositif ou plus électronégatif.
Dans un composé multiple, le degré d’oxydation d’un élément est égal à la somme algébrique des
valences qu’il met en jeu, les conventions étant les mêmes que celles des composés binaires.
Lorsque deux éléments de même électronégativité ou de même électropositivité sont liés leur degré
d’oxydation est nul.
La somme algébrique des degrés d’oxydation des éléments qui constituent une espèce chimique est
égale à la charge que porte cette espèce chimique
Les degrés d’oxydation de H et O sont généralement considérés comme égal à +I et –II
respectivement sauf dans les hydrures et peroxydes où ils sont égaux à -I.
4. Equivalent-gramme
L’équivalent-gramme (éq.g.) d’un composé est la quantité de matière de ce composé qui, dans une réaction
chimique, met en jeu un électron-gramme. L’électron-gramme étant la charge attachée à un ion monovalent.
D’une façon générale, dans le cas des réactions par neutralisation de charge, l’équivalent-gramme
d’une substance est donné par :
1
1Eq.g = mole
nombre total de charge des ions positifs ou négatifs
Pour ce type de réaction, l’équivalent-gramme d’une même substance peut varier selon les conditions de
la réaction.
Exemple :
1
1Eq.g (H3 O+ + Cl- ) = = 1 mole
1
1
1Eq.g (2H3 O+ + SO2-
4)= mole
2
56
1
1Eq.g = mole
nombre d' électrons mis en jeu dans la demi équation du couple rédox
Molarité : A
nA
V
nA
Fraction molaire : xA
nt
Pression partielle : avec PAV = NART (approximation des gaz parfaits), on tire PA = [A]RT ou
PA = xA Pt
57
Mf mf
densité finale df = = ; nf est nombre de moles gazeux à l’équilibre.
29 29nf
En thermodynamique, on établit à l’équilibre, une relation, appelée loi d’action de masse, entre les molarités
des composants du système, entre leurs pressions partielles ou entre leurs fractions molaires. Cette relation
exprime une constante appelée constante d’équilibre ou encore constante d’action de masse, qui ne dépend
que de la température.
L’énoncé général de la loi sur le déplacement des équilibres chimiques se précise mieux dans le cas où un
seul facteur varie :
Influence de la température : Sous pressions constantes, une élévation de température d’un
système déplace l’équilibre dans le sens de la réaction endothermique et un abaissement de
température le déplace dans le sens de la réaction exothermique (Loi de Van’t Hoff)
Influence de la pression : A température constance, une augmentation de la pression d’un système
déplace l’équilibre dans le sens de la diminution du nombre de moles gazeuses et un abaissement
58
de pression le déplace dans le sens de l’augmentation du nombre de moles gazeuses (Loi de
Lechatelier).
NB :
Une réaction endothermique dans un sens est exothermique dans l’autre sens et réciproquement
L’influence de la pression n’intervient que lorsque la réaction fait intervenir une phase gazeuse, les
liquides et les solides étant supposés incompressibles.
59
Concentration pondérale ou massique : c’est la masse de soluté par unité de volume de
solution.
Remarques:
Entre la molarité et concentration pondérale, il existe Cp = C.Msoluté
Entre la molarité C et la normalité N il existe la relation N = n.C ; n : nombre d’ion-
gramme mis en jeu par le soluté
Un acide est une molécule ou un ion capable de fournir un proton H+ ; c’est donc un donneur
de proton.
Une base est une molécule ou un ion capable de capter un proton H+ ; c’est donc un
accepteur de proton.
Acide faible AH
Base faible A-
60
On en tire la constante d’acidité
[OH - ] [AH]
Kb =
[A- ]
L’eau peut jouer à la fois le rôle d’acide (couple H2 O ⁄OH - ) et de base (couple H3 O+ ⁄H2 O). Une
telle propriété définit un caractère amphotère ; on dit que l’eau est un ampholyte. La réaction d’auto
ionisation de l’eau (autoprotolyse) est interprétée comme un équilibre acido basique : H2 O +
H2 O = OH - + H3 O+ dont la constante d’action de masse
Ke = [OH - ] [H3 O+ ] . A 25°C K e = 10-14 , pK e = 14,0
2. Notion de pH
Le pH d’une solution est défini par le cologarithme décimal de l’activité de l’ion H3 O+ présent dans
la solution. pH = -log[H3 O+ ] ⇒ [H3 O+ ] = 10-pH (en mol.L-1). Pour l’eau pure : pH =
1
-log√K e = 2 pK e = 7 à 25°C. Cette valeur définit une solution neutre. En pratique, la mesure
du pH se fait à l’aide d’un pHmètre. La réponse est fiable pour des valeurs de pH variant entre 1
et 13, soit pour des concentrations de H3 O+ variant entre 10-1 et 10-13 mol.L-1
On distingue les domaines :
Solution acide : [H3 O+ ] > [OH - ] Solution basique : [H3 O+ ] < [OH - ]
pH < 7 pH = 7 pH > 7
61
1
Sel d’acide fort et de base faible NH4 Cl pH = (pK a - log C)
2
1
Sel d’acide fort et de base forte NaCl pH = pK e
2
1
Sel d’acide faible et de base pH = (pka1 + pka2 )
CH3 COONH4 2
faible
NB: Ces formules devront être établies avec exemples à l'appui lors des regroupements
3. Equilibre de dissolution des sels ioniques : solubilité d’un sel peu soluble
Certains sels ioniques sont peu solubles dans l’eau et conduisent à un équilibre hétérogène de
dissolution :
Ap Mq(s) pAq- + qMp+ dont la constante d’équilibre est appelé produit de solubilité
s’écrit :
K s = [Aq- ]p [M p+ ]q
La solubilité d’un tel sel est sa quantité de matière (exprimée en g.l-1 ou en mole.l-1) passant en
solution. On l’exprime en fonction de la concentration de l’un des ions du sel ; en général l’ion
affecté du plus petit coefficient stœchiométrique dans la réaction de dissolution.
Exemple :
Chlorure d’argent AgCl AgCl (s) Ag+ + Cl- Ks= [Ag+] [Cl-]= s2
La solubilité d’un sel peu soluble peut être influencée par plusieurs facteurs.
La solubilité croit avec la température (isobare de Van’t’Hoff)
La solubilité d’un sel peu soluble diminue en présence d’une substance qui a un ion
commun avec lui
62
Toutes les réactions intervenant sur les ions en solution, provenant du sel peu soluble,
déplacent l’équilibre de dissolution.
Le pH du milieu influence la solubilité d’un sel peu soluble dont l’équilibre de dissolution
produit de ions hydroxydes OH-.
4. Equilibre d’oxydoréduction
4.1. Couple rédox
Définitions
- Oxydant (Ox) : Tout corps susceptible de fixer des électrons
- Réducteur (Red) : Tout corps susceptible de céder des électrons
Ox + ne− ⇆ Red
- Sens 1 (gauche vers droite), il y a gain d’électrons, il s’agit d’une réduction
- Sens 2 (droite vers gauche), il y a perte d’électrons, il s’agit d’une oxydation
- Couple Redox (Ox, Red) : couple qui échange n électrons par réaction redox. Chaque
demi-équation électronique est formelle, les électrons n’existent pas en solution.
- Réaction d’oxydo-réduction : réaction d’échange d’électrons entre deux couples redox
(Ox1, Red1) et (Ox2, Red2), selon les deux équilibres suivants (appelés demi-réactions)
Ox1 + n1 e− ⇆ Red1
Ox2 + n2 e− ⇆ Red2
On multiplie (1) par n2 et (2) par -n1 , ce qui permet d’avoir
n2 Ox1 + n1 Red2 ⇆ n2 Red1 + n1 Ox2
Cette réaction met en jeu n=n1×n2 électrons. La réaction se fait dans le sens 1 si l’oxydant
1 est plus fort que l’oxydant 2 (ou si le réducteur 2 est plus fort que le réducteur 1).
63
4.3. Constante d’équilibre de la réaction d’oxydo-reduction
Soit la réaction suivante
Ox1 + n1 e− ⇆ Red1
Ox2 + n2 e− ⇆ Red2
n2 Ox1 + n1 Red2 ⇆ n2 Red1 + n1 Ox2
Lorsque deux couples sont au contact, le système évolue pour que les deux potentiels E1 et
E2 s’égalisent. Le potentiel le plus grand diminue tandis que le plus petit augmente jusqu’à
l’équilibre où E1=E2.
𝑅𝑇𝑙𝑛10 [𝑂𝑥 ] 𝑅𝑇𝑙𝑛10 [𝑂𝑥 ]
𝐸1 = 𝐸 01 + 𝑛1 ℱ
𝑙𝑜𝑔 [𝑅𝑒𝑑1 ] et 𝐸2 = 𝐸 0 2 + 𝑛2 ℱ
𝑙𝑜𝑔 [𝑅𝑒𝑑2 ]
1 2
A l’équilibre
𝑅𝑇𝑙𝑛10 [𝑂𝑥1 ]𝑛2 𝑅𝑇𝑙𝑛10 [𝑂𝑥2 ]𝑛1
𝐸 01 + 𝑙𝑜𝑔 = 𝐸 0
2 + 𝑙𝑜𝑔
𝑛1 𝑛2 ℱ [𝑅𝑒𝑑1 ]𝑛2 𝑛1 𝑛2 ℱ [𝑅𝑒𝑑2 ]𝑛1
64
- Pile : cellule fonctionnant en générateur (demi-cellule = demi-pile)
- Jonction électrolytique = pont salin : paroi poreuse ou verre frité imbibé d’un solution concentrée
d’un sel ionique (nitrate de potassium ou de sodium par exemple) dont les ions ne réagissent pas
avec les espèces présentes dans les solutions avec lesquelles la jonction est en contact. Cette
jonction est représentée par un double trait vertical ǁ.
Représentation schématique d’une pile
De manière conventionnelle, on représente une pile de la manière suivante :
Red1ǀOx1ǁPont salinǁOx2ǀRed2
4.4.2 Différents types d’électrodes
Une électrode est toujours constituée d’un couple redox dont chacune des parties peut se trouver
sous différentes forme (solide, liquide, voire gaz). On répertorie trois principaux types d’électrodes.
a) Electrode du premier type
- Métal + ion métallique
- Electrode à gaz : la plus connue est l’électrode de référence standard à hydrogène (ESH)
qui sert (théoriquement) d’électrode de référence.
b) Electrode du deuxième type : électrode anionique
Elle est constituée d’un métal qui plonge dans une solution de sel peu soluble. On peut citer par
exemple :
- Electrode au calomel saturé (ECS) Hg (liquide)ǀHg2Cl2 (solide)ǀ KClǁ
- Electrode argent chlorure d’argent Ag (solide)ǀAgCl (solide)ǀ KClǁ
c) Electrode du troisième type : électrode redox
On considère une électrode constituée d’un métal inerte (typiquement le platine plongée dans une
solution qui contient les deux espèces du couple redox.
4.4.3 Fonctionnement d’une pile
- La force électromotrice d’une pile
La force électromotrice (f.é.m) ∆E= E+ - E- avec E+ > E- , ∆E0 = E0+ - E0- est la f.é.m standard.
65
Remarque : Enthalpie libre
Δ𝐺 = −𝑛ℱΔ𝐸
Δ𝐺 0 = −𝑛ℱΔ𝐸 0
Δ𝐺 = Δ𝐺 0 + 𝑙𝑛𝑄
A l’équilibre Δ𝐸 = 0𝑉 , Δ𝐺 = Δ𝐺 0 + 𝑙𝑛𝐾 = 0 𝐽
Devoir
Sur la base des notions développées dans le cours traiter les exercices
Exercice 1
1- Trouve pour chacun des composés suivants les degrés d’oxydation des éléments qui le
composent : OF2, Cl2O, CaH2, BI3, SiMg2, SiO2, KMnO4 et N2O3.
66
Exercice 2
1- On donne la réaction 2HNO3 3H 2 S 2 NO 3S 4H 2O
a- Montre qu’il s’agit d’une réaction d’oxydo-réduction en écrivant les demi-équations
d’oxydation et de réduction.
b- Nommer les composés qui, par extension, sont également appelés oxydants et réducteurs
dans la réaction.
2- En utilisant la méthode générale, équilibrer l’équation de réaction
Fe(CN )6 K4 H2 SO4 H2O ( NH4 )2 SO4 FeSO4 K2 SO4 CO
3- On donne l’équation de réaction H3 PO4 NaOH Na3 PO4 H 2O
a- Justifie qu’il s’agit d’une réaction de double décomposition.
b- En utilisant la méthode de l’équivalent-gramme, équilibrer cette équation de réaction.
4- On donne les équations de réaction suivantes :
a. Le taux de dissociation de CH 4
b. La pression totale P du mélange gazeux
c. Les pressions partielles des constituants gazeux du mélange.
d. La constante d’équilibre Kx relative fractions molaires
3. Dans quel sens l’équilibre est – il déplacé :
a. Lorsque la température passe de 500 à 850°C
b. Lorsqu’on fait baisser la pression totale P
Exercice 4
Soit l’équilibre homogène gazeux 𝑁2 𝑂4(𝑔) 2𝑁𝑂2(𝑔)
67
1. Dans un récipient vide de 0.5 L maintenu à 45°C, on introduit 3 millimoles de N 2O4 pur.
Lorsque l’équilibre est établi, la pression est de 194 mm de Hg. Calculer à cette température :
a. Le taux de dissociation de N 2O4
b. La constante d’équilibre Kp.
2. Sachant que l’enthalpie de dissociation de N 2O4 vaut H 72.8kJ . Calculer Kp à 21°C.
Exercice 5
A 375 K, la constante d’équilibre Kp de la réaction 𝑆𝑂𝐶𝑙2(𝑔) 𝑆𝑂2(𝑔) + 𝐶𝑙2(𝑔)
est de 2.40 atm. On place dans un récipient de 1,00 L et préalablement vidé de son air, une quantité
de 6,70g de SO2Cl2 . La température est maintenue à 375 K
Le pH d'un vinaigre d'alcool vendu dans le commerce est égal à 2,38. Ce vinaigre sera
assimilé à une solution aqueuse d'acide éthanoïque CH3COOH.
68
Calculer les concentrations de toutes les espèces chimiques présentes dans la solution. En
déduire le coefficient de dissociation de cet acide.
On donne : CH3COOH / CH3COO- Ka = 1,75.10-5
Exercice 9
Une eau de javel contient 0,2 mole/l d'hypochlorite de sodium (NaClO) et autant de
chlorure de sodium (NaCl). Le pH de la solution est de 10,4.Calculer les concentrations de
toutes les espèces chimiques dissoutes, les classer par ordre d'importance. En déduire la
constante d'acidité Ka du couple HClO / ClO- ainsi que le coefficient d'hydrolyse de ClO-.
Exercice 10
a. de manière approximative
b. de manière rigoureuse.
Exercice 11
Exercice 12
On dispose de deux solutions acides:
- une solution S1 d’acide chlorhydrique (HCl) de de pH = 2 molarité C1 et
- une solution S2 d’acide acétique (CH3COOH) de molarité C2 = 1,0.10-2 mol/L et de pH =
3,4
On mélange des volumes égaux des deux solutions pour obtenir 100 mL d’une solution S. Calcule
les concentrations molaires des espèces présentes dans la solution S et en déduire son pH.
Exercice 13
69
c. Quelle masse de nitrate d'argent faudrait-il ajouter à un litre d'une solution saturée
de chromate d'argent pour diminuer la solubilité de ce dernier par 1000 ?
Exercice 14
Calculer la solubilité du carbonate de baryum ( BaCO3 ) dans une solution aqueuse
tamponnée à pH = 4. On donne : Kps( BaCO3 ) = 5.10-9 ; Ka1( H 2 CO3 ) = 4.10-7
et Ka2( H 2 CO3 ) = 4.10-11
Exercice 15
A l’aide de deux béchers 1 et 2, on réalise une pile de concentration. Ces deux béchers
contiennent dans un volume de 0,50 L ;
- bécher 1 : [𝐹𝑒 3+ ] = 0,10 𝑚𝑜𝑙. 𝐿−1 et [𝐹𝑒 2+ ] = 0,20 𝑚𝑜𝑙. 𝐿−1
- bécher 2 : [𝐹𝑒 3+ ] = 0,20 𝑚𝑜𝑙. 𝐿−1 et [𝐹𝑒 2+ ] = 0,10 𝑚𝑜𝑙. 𝐿−1
Les deux béchers sont reliés entre eux par un pont électrochimique et une électrode de
platine plonge dans chaque compartiment.
1- Calculer le potentiel de chaque électrode et la force électromotrice de cette pile.
2- Faire un schéma du montage. Préciser la polarité de chaque électrode.
3- Les deux électrodes sont reliées par un fil conducteur. Calculer les concentrations en
𝐹𝑒 3+ et 𝐹𝑒 2+ lorsque l’équilibre est atteint.
4- Lorsque la pile est usée, calculer la quantité d’électricité qui a traversé le fil.
Données à 25oC : Eo(Fe3+/Fe2+) = 0,77V F = 96500 C.mol-1
Exercice 16 :
Une solution d’acide chlorhydrique attaque le zinc avec dégagement de dihydrogène, mais
n’attaque pas le cuivre, qui est pourtant aussi un métal. D’autre part, l’acide nitrique HNO3
attaque ces deux métaux, mais avec un dégagement de NO et non de dihydrogène.
Comment expliquer ces différences de comportement?
70