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siècles

Rémir
EXPOSITION
CENTRE D’exposition
arts et cultures
Pagaret
anciennes habitations de
e
(XVII - XIX

17 SEPTEMBRE au
26 OCTOBRE 2012

Ouvert pour les journÉEs


du patrimoine
LE 14 SEPTEMBRE DE 8H À 17h
e

LE 15 SEPTEMBRE DE 9H À 17H
Les

Sis Impasse Delattre-de-Tassigny 97354 Rémire-Montjoly 0594 28 25 10 http://remire-montjoly.mairies-guyane.org


Exposition réalisée à partir du
« Parcours du Patrimoine »
Rémire.
Les habitations coloniales (XVIIe-XIXe siècles)

Textes : Yannick Le Roux ; Adaptation et compléments : Kristen Sarge


Conception graphique : Cassandra Blasse ; Kristen Sarge
Coordination : Service régional de l’Inventaire ; Centre Pagaret

Remerciements
La Région Guyane ; l’Association pour la protection du patrimoine archéologique et architectural de la
Guyane ; le Musée des cultures guyanaises ; le Conservatoire du littoral ; l’Agence d’urbanisme et de dévelop-
pement de la Guyane ; la direction des Affaires culturelles de Guyane ; les Archives départementales de
Guyane ; l’Ecomusée municipal d’Approuague-Kaw ; Yannick Le Roux ; Natacha Maltaverne ; Michelle Hamblin.
Plan
des sites

① Poterie de l’habitation Loyola


② Sucrerie et moulin à vent de
l’habitation Loyola
③ Quartier résidentiel de
l’habitation Loyola
④ Indigoterie de l’habitation
Loyola
⑤ Distillerie Prévot
⑥ Distillerie Saccharin
⑦ Habitation Rémire
⑧ Distillerie Glennie
⑨ Habitation L’Armorique
⑩ Habitation Poulain
⑪ Habitation Dorvilliers
⑫ Habitation Le Diamant
⑬ Habitation Mahury
⑭ Habitation Pascaud
⑮ Habitation des Fonds de Rémire
⑯ Habitation La Normandie
⑰ Habitation Mondélice-Vidal
⑱ Habitation Beauregard
⑲ Site Poncel RN3
Sites non accessibles ⑳ Poterie Bergrave
Sites accessibles
© IGN-Paris 2012
Autorisation n° GC12-3 Site détruit
Brève chronologie de Rémire (1)

La présence humaine sur l’actuelle commune de Rémire-Montjoly remonte à plusieurs millénaires.


La position favorable du mont Mahury face à la mer, ses vigoureuses collines aux sols fertiles ont depuis
longtemps attiré et fixé les populations amérindiennes, qui pouvaient y pratiquer la pêche et l’agriculture.

- 5000 à 1500 : Forte présence amérindienne ;


nombreux polissoirs et roches gravées recensés
dans la commune.
1500-1650 : Période de contacts entre Amérindiens
et Européens. Présence de colons anglais et
français : Rémire se nomme alors « Armire ».
1652 : Fondation de la première colonie de Rémire
par la Compagnie des seigneurs associés ; première
mention d’esclaves en Guyane, capturés sur une
embarcation anglaise.
1654 : Les Amérindiens combattent et font fuir les
Roche gravée amérindienne de la crique Pavé. 
colons français. © Région Guyane-Inventaire générale du patrimoine culturel.

1656 : Un groupe de colons hollandais, de


confession juive, fuit le Brésil et investit le vallon
de Rémire : construction de la première sucrerie
et d’une synagogue.
1664 : Les Français de la nouvelle Compagnie de la
France équinoxiale reprennent la Guyane aux
Hollandais. La communauté juive est tolérée.
1667 : Raid anglais sur la petite colonie ;
déportation des colons juifs sur le Surinam.
1668 : Fondation par les jésuites de l’habitation
Loyola. Premiers établissements français (1667). 
© Bibliothèque nationale de France.

1674 : Erection de la paroisse de Rémire.

1763 : Expulsion des jésuites de la colonie (les


derniers partent en 1768).
1774 : Aménagement du premier polder dans les
« fonds de Rémire ».
1794 : Première abolition de l’esclavage ; abandon
ou confiscation de grandes habitations de
Rémire.

Plan général du polder Macaye (1774). 


© Archives départementales de Guyane.
Brève chronologie de Rémire (2)
1800 : Fondation de l’habitation Mondélice par
Jean Vidal.
1809 : Invasion anglo-portugaise avec prise du fort
Diamant.
1817 : Reprise de la colonie par l’Etat français.

1822: Premier moulin à vapeur sur l’habitation


Mondélice.
Vers 1835 : Fin de la prospérité sucrière.
Un canon sur son affût (Rémire). 
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
1848 : Abolition définitive de l’esclavage.
Dégrad-des-Cannes vers 1910. 
1852 : Construction de la nouvelle église paroissiale © Archives départementales de Guyane.

de Rémire.
1867 : Construction de l’adduction d’eau du Rorota
pour alimenter Cayenne.
1891 : Plan directeur du nouveau bourg.

1902 : Installation dans le quartier de Montjoly des


réfugiés martiniquais, victimes de l’éruption de la
montagne Pelée.
Vers 1890 - vers 1930 : Retour de la culture sucrière
Cuiseurs sous vide Wetzell de l’usine du Rorota. 
et établissement de distilleries . © Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.

1969 : Aménagement du port de Dégrad-des-


Cannes. La commune s’appelle dorénavant
Rémire-Montjoly.
1988 : Fermeture de la rhumerie Prévot du Rorota.

1993 : Inauguration du nouvel hôtel de ville.

L’anse de
Rémire ;
aquarelle du
chevalier de
Montréal (1801).

© Bibliothèque nationale
de France.
Principes de construction des bâtiments anciens

Les bâtiments des habitations sont essentiellement construits grâce aux ressources végétales et miné-
rales du pays.

Si le sol guyanais fournit abondamment des


argiles (briques) et des roches de qualité (grison,

x.
ou
quartzite), l’absence totale de calcaire limite l’usage

R
Le
ick
du mortier { la chaux.

nn
Ya
©
Les murs de pierre, plus rarement de briques,
étaient souvent assemblés avec un mortier de terre  Brique du site
ou { sec avec remplissage d’argile. Loyola.
On retrouve la pierre dans les soubassements, les murs de soutène-
ment, les bâtiments agricoles (sucreries, moulins, etc.) et les structures de
chauffe.
 Mur de pierres sèches de l’habitation Le Diamant.
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.

L’abondance du bois autant que l’emprunt des techniques


amérindiennes expliquent la présence dominante de ce matériau.
Le procédé le plus fréquent était celui des murs fourches en
terre. Dans des trous creusés dans le sol, garnis de roches, on plantait
de petits troncs d’arbres équarris, puis on remplissait les intervalles
avec des panneaux de bois-gaulette refendus et tressés. On recouvrait
enfin les murs de terre argileuse (bouse ou bousille) mélangée avec
des fibres végétales (torchis). Lorsque la maison comportait des
étages, on recouvrait les murs de planches.

Mur gauleté et bousillé. 


© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.

La construction en charpente de bois scié avec remplissage de gaulettes ou de briques est réservée au
départ à certains bâtiments publics. Au XIXe siècle, elle devient de plus en plus fréquente et caractérise l’ar-
chitecture créole guyanaise.

La couverture des constructions était réali-


Détail d’une charpente en bois d’une
sée en feuilles de palme ou en tuiles en bois ancienne maison de Rémire. 
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
(bardeaux), matériaux les plus utilisés.

Bardeaux de wapa
La fin du XIXe siècle voit se développer de nou-
fraichement posés . veaux revêtements de toiture : tuiles mécaniques
© Kristen Sarge.
et tôles ondulées galvanisées.
Le principe de protéger les murs de l’humi-
dité et de l’ensoleillement par un important dé-
bordement de la toiture a été très tôt en usage.
L’usage des persiennes et de caillebotis est éga-
lement en usage depuis le milieu du XVIIIe siècle
au moins.
Les denrées d’exportation

© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.


Plante emblématique des petites habitations guyanaises, le roucou
est un colorant extrait des fruits d’un arbuste depuis longtemps utilisé par
les Amérindiens.
Les teintureries métropolitaines appréciaient autant sa belle cou-

LE ROUCOU
leur rouge que sa capacité à fixer le colorant sur les étoffes (mordant).
Soumise aux aléas d’une demande très irrégulière, la production du rou-
cou se poursuivit encore pendant tout le XIXe siècle.

La culture du coton se développa dans la deuxième moitié du XVIIIe


siècle et se retrouva tout au long du XIXe siècle sur des habitations de taille
moyenne.
Ce fut la dernière culture pratiquée à Loyola. Les meilleurs terroirs se
trouvaient à Macouria. Après le roucou, le coton représentait la deuxième
LE COTON

production, en quantité, des habitations Guyanaises.


Le traitement du coton exigeait le recours à des petits moulins pour
enlever les graines se trouvant dans la ouate. Le coton était conditionné en
balles pour l’exportation.
© Yannick Le Roux.

Introduit en Guyane en 1716 à partir de plants dérobés au Suri-


name, cette plante fut cultivée sur de nombreuses habitations de Ré-
mire aux terrains bien exposés. La manipulation des graines : dépul-
page, séchage, était relativement simple, c’est ce qui explique le succès
de cette culture sur les petites habitations.
C’est à Loyola et à Mont-Louis que se trouvaient les plus belles
LE CAFÉ

plantations qui produisaient la moitié du café de la colonie. Vers le mi-


lieu du XVIIIe siècle, la culture de cette plante déclina. Le café devint une
culture secondaire au XIXe siècle.

© Yannick Le Roux.

Cette plante pousse naturellement en Guyane, mais on ne


s’inquiéta de sa culture que vers 1735. Les jésuites jouèrent un rôle ma-
jeur dans la diffusion de cette denrée.
La préparation du cacao est relativement simple. Les fruits
LE CACAO

(cabosses) sont vidés de leurs graines qui sont mises à fermenter puis à
sécher pour être expédiées. L’habitation Loyola produisait la moitié du
cacao de toute la colonie.
Cette culture est encore bien présente sur les habitations du
© Conservatoire du littoral.
Mahury jusqu’au début du XXe siècle (habitations Le Diamant, Pas-
caud…).
Fabriquer du sucre

Cette denrée, typique de l’économie coloniale tropicale, a été produite en Guyane avec des succès contras-
tés. A partir de 1656, période de l’occupation hollandaise et de l’installation de la communauté juive de Rémire,
débute une véritable industrie sucrière en Guyane.
La culture et la transformation de la canne à sucre exigeaient de mobiliser des capitaux importants pour
mettre en valeur de grandes surfaces de terrains. Les exploitants sucriers devaient acquérir les outils et cons-
truire les bâtiments propres à cette production (moulins, chaudières, alambics, poteries sucrières, etc.). Ils de-
vaient surtout constituer un atelier d’au moins une centaine d’esclaves.

Principales étapes de fabrication


du sucre de canne

1. Broyage des cannes au moulin entre les gros rou-


leaux en fonte = > moulin
2. Cuisson et cristallisation du jus (vesou) en sucre
dans des chaudières aux diamètres décroissants
(équipage de 4 à 8 chaudières) => sucrerie
3. Décantation du produit dans des « formes à sucre »
et récupération dans les « pots de raffineur » des sirops
Roles en fonte du moulin de la sucrerie et mélasses, produits non cristallisés => purgerie
Mondélice.
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel. 4. Transformation des produits cristallisés en alcool
(tafia) = > vinaigrerie

Dessin des bâtiments sucriers (moulin à eau et sucrerie)


par l’économe de l’habitation Rémire (vers 1680).
© Yannick Le Roux.

Le sucre séchait dans la forme à sucre de façon à former un pain ;


le pot de raffineur recueillait l’excédent de liquide sucré. 
© Archives départementales de Guyane.
Habitation et esclavage

Intimement lié au système de l’habitation, l’esclavage se développa en Guyane dans la


deuxième moitié du XVIIe siècle. On y dénombrait alors un millier d’esclaves. Ils furent dix fois plus
nombreux à la fin du XVIIIe siècle et près de 20 000 vers 1830. Les habitations guyanaises les plus
importantes sous l’Ancien Régime comptaient chacune entre 100 et 150 esclaves.

Habitation = établissement agricole


voué à la production de denrées coloniales
(sucre, café, cacao, indigo, épices, roucou, etc.)
et de denrées vivrières (arbres fruitiers, lé-
gumes pays, « racines »)
Du verbe s’habituer, et non du verbe ha-
biter, le mot « habitation » insiste sur la perma-
nence de l’installation d’une personne venue
s’implanter outre-mer.
La création d’une habitation passe par
l’obtention auprès des autorités administra-
tives d’un titre de concession, qui autorise la
mise en valeur d’un terrain d’une étendue pro-
portionnelle aux «forces» du colon : Esclaves et leurs cases sur une habitation guyanaise. 
- sa capacité financière à l’aménager © Archives départementales de Guyane.

- le nombre d’esclaves en sa possession

Habitation < 50 esclaves : petite L’habitation se présente comme le noyau fonda-


Habitation < 100 esclaves : moyenne mental de la société coloniale où coexistent des cultures
hétérogènes : Amérindiens réquisitionnés, Africains ré-
Habitation > 100 esclaves : grande
duits en esclavage ; Européens maîtres et gestionnaires.
La société créole traditionnelle est le fruit de la so-
ciété d’habitation, marquée par la tragédie de l’esclavage
Après 1848 et, depuis son abolition, par le défi de trouver son identité
Les habitations, après l’abolition défini- en incorporant les différentes populations immigrées.
tive de l’esclavage (1848), évoluent diverse-
ment avec la mise en place du bagne (1852) et
la découverte de l’or (1855) :
- parcellisation (agriculture vivrière ; lieux de
vie quotidienne)
- domaines agricoles pour l’exportation
- domaines industriels (distilleries)
- lieux de villégiatures (campagnes)
La main d’œuvre immigrée salariée et
celle des bagnards prennent le relais des es-
claves.

Une maison de maître


sur les flancs du Mahury (1857). 
© Archives départementales de Guyane.
L’habitation Loyola : quartier résidentiel ③
L’ensemble jésuite de Rémire couvre une superficie de plus de 1000 hectares et représente au-
jourd’hui encore le quart de l’espace habité de la commune. La grande habitation des jésuites de
Rémire, Loyola, a été un établissement de premier plan sous l’Ancien Régime, tant en Guyane que
dans toute l’aire coloniale française.

1666 : Arrivée des jésuites en Guyane ; mono-


pole religieux et spirituel.
1668 : Fondation de l’habitation Loyola.

1744 : Séjour du savant académicien Charles


Marie de La Condamine { Loyola.
1762 : Séjour du botaniste Jean-Baptiste Fu-
sée-Aublet, auteur de l’Histoire des plantes de
la Guyane française, publiée en 1775.
1764 : Séquestre des biens jésuites de
Guyane ; l’habitation compte alors près de
L’escalier principal de la maison de maître restauré.  500 esclaves (417 à Loyola et 78 à Mont-
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
Louis).
Le magasin Abandon de l’établissement principal
© Service historique
Le quar- de la défense.
de Loyola et morcellement du domaine en
tier résidentiel plusieurs habitations : Le Grand-Beauregard,
de cette habita- Moulin-{-Vent, Quenevaux.
tion comprend, 1848 : L’habitation Loyola appartient { la fa-
outre une mai- mille Dételle (40 ha de roucou cultivés).
son principale,
une cuisine, un
hôpital et une chapelle, un bâtiment { deux niveaux avec
combles, appelé « magazins » sur un dessin de Hébert de
1730 et fouillé depuis 2011 par une équipe d’archéologues. Relevé archéologique du magasin
en cours de fouille (2011). 
.

© Infographie Agnès Gelé.


L’habitation Loyola : sucrerie ②, indigoterie ④
De la sucrerie jésuite à la distillerie du Moulin-à-Vent

Vers 1733 : Construction du moulin à vent.

1755 : Transfert de la sucrerie sur l’habitation Saint-


Régis à Roura.

1774 : Le moulin abandonné est qualifié de « pure


ostentation » par le représentant des créanciers
des jésuites.

1922 : Achat de l’habitation Le Moulin-à-Vent aux


héritiers Detelle par Théophile Melkior et installa-
tion d’une distillerie agricole.
 Le moulin à vent dans son environnement actuel.
© Aurélien Le Roux. 1936 : Achat de l’usine par le Syndicat des petits
planteurs de cannes (Caristan, Saint-Cyr, Lony,
Adami, Hirep, Raban) : 40 ha de cannes cultivés.

1945 : Achat de l’usine par Voluménie et Cham-


plain, déjà associés dans l’exploitation de l’usine de
Lamirande.

 Machine à vapeur du Moulin-à-Vent, datée de


1882 et provenant de Demerara (Guyana), située
près du siège de Guyane 1re.
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.

L’indigoterie des jésuites

Vers 1710-vers 1750 : culture par les jésuites de


l’indigo, plante tinctoriale donnant un colorant
bleu.
L’herbe à indigo récoltée était mise à macé-
rer dans l’eau pendant plusieurs heures dans une
cuve appelée « trempoire ».
La cuve maçonnée appelée « batterie » per-
mettait ensuite à l’eau à indigo de prendre toute
sa consistance. On « battait » le mélange avec
pelles et bâtons pour faire « caler » l’indigo et for-
mer le « grain ».
L’indigo était ensuite mis à reposer dans le
 Indigoterie des jésuites, située près du ruisseau de Ré-
« reposoir » ou « diablotin » puis égoutté dans des mire. La « batterie » en cours de fouille.
© Yannick Le Roux.
cônes de toile et, enfin, conditionné en petits
cubes dans des barriques.
L’habitation Le Diamant ⑫
Étagés sur les flancs du mont Mahury, les vestiges de l’habitation Le Diamant ont fait l’objet,
ces dernières années, d’une mise en valeur importante avec dégagement, plantation de cacaoyers et
restauration des murs de soutènement.
Elle représente un point d’intérêt apprécié des visiteurs du fort Diamant ou des promeneurs qui
empruntent le sentier aménagé pour gagner la partie sommitale du Mahury et rejoindre ainsi le
sentier du Rorota.

1737 : Habitation au sieur Courant, qui cultive 300 pieds de


cacao et 600 pieds de café.
1749 : Achat de l’habitation par Jacques François Artur, mé-
decin du roi et premier historien de la Guyane.
1789 : L’habitation compte 23 esclaves.
1832 : Affermage de l’habitation, principalement plantée en
cacaoyers et caféiers.
1836 : Achat de l’habitation par la veuve Moutier, épouse de
Félix Douillard.
1848 : 21 esclaves, appartenant à la famille Douillard, sont
libérés.
1876 : Armand Morol transforme l’habitation en
« campagne », lieu de villégiature et de modestes cultures.

 La maison de maître à l’époque de la famille


Douillard (vers 1855).
© Archives départementales de Guyane.

Extrait de l’inventaire après décès du 23


mai 1796 de Marie Thérèse d’Audiffredy, pro-
priétaire de l’habitation
Dans la manufacture :
2 sacs de coton, pesant chacun 121 livres
{ 40 sols ; 18 sacs de cacao, pesant ensemble
1172 livres de cacao, à raison de 12 sols la livre.
Dans le grenier au-dessus :
deux poulies { palan, un câblot de 3 Moulin locomobile à bras, près de la maison de maître. 
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
brasses, un vieux garde-manger, un mauvais
cric, une chaudière { goudron, une boîte de fer-
blanc, quinze livres de souffre dans une grande
caisse, restées en consommation, deux chaises,
une dame-jeanne, une vieille scie de long, un
cadre garni de toile, une petite masse en fer pe-
sant 25 livres.

En 2005, le Conservatoire du littoral, propriétaire du site,


a autorisé un agriculteur à relancer la culture du cacao. 
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
L’habitation Pascaud ⑭
Coincée entre les domaines de Mondélice, Beauregard, Rémire et Beauséjour, l’habitation
Pascaud, appelée aussi Chambly ou Les Trois-Amis, s’est formée au cours du XVIIIe siècle.
La végétation a complètement envahi le domaine de Pascaud, plus connu de nos jours pour la
roche gravée amérindienne représentant un serpent.

Avant 1772 : Propriété de l’ingénieur Baron.


1772 : société agricole formée entre Chambly
de Cournoyer et Puissan Deslandes.
1864 : Affermage de l’habitation, qui compte
5 000 pieds de café et 40 000 pieds de cacao.
1873 : Vente par la veuve Pascaud-Sablon et
les héritiers Inglemare Puissan à Eugène
Luce.
1896-1923 : Paul Potin, fils du célèbre
négociant Félix Potin, acquiert le domaine et
y développe la culture du cacao, du café et
des arbres fruitiers pour l’exportation.
Aujourd’hui propriété du conseil
 Vue des séchoirs à cacao (début XXe siècle). général, le domaine est l’objet d’un nouveau
© Direction des affaires culturelles de Guyane, service de l’archéologie.
projet de cacaoculture.

A vendre : le domaine de Pascaud (1923)

Plantations : 74 hectares de cacao ; caféiers sur 1


ha environ ; 800 pieds d’orangers de Curaçao ; 2 500 pieds
de citronniers ; arbres fruitiers (manguiers, avocatiers,
oliviers, cerisiers)
Bâtiments et outillage : Maison de maître, case de
contremaître, cases de travailleurs, grande écurie, bâti-
ment de séchoir, 2 étuves roulantes en fer, 2 étuves fixes
en bois avec fourneaux, 1 magasin, 1 boulangerie avec 2
fours à pain, 1 cuisine, 1 bâtiment pour la fermentation, 1
water-closet en ciment armé
Jardin potager : 1 hectare clôturé par un treillis
métallique et entouré d’eau
Conduite d’eau : Toute la propriété est desservie
par une canalisation en fonte et plomb, qui distribue l’eau
de source.

Treuil à manivelle (début XXe siècle). 


© Direction des Affaires culturelles de Guyane, service de l’archéologie.
L’habitation Les Fonds de Rémire (Macaye) ⑮
Dès le XVIIe siècle, le nom du territoire situé en arrière des flancs sud et ouest de la montagne de Mahu-
ry se nommait les Fonds de Rémire. En ancien français, le mot «fonds» désigne des régions marécageuses.
Ces terrains ont servi très tôt d’habitat ou de refuge à des populations amérindiennes. L’actuel chemin
de Vidal traverse les vestiges d’un important village datant de la période précoloniale.

Le premier habitant connu de cet endroit est Fran-


çois Courant, qui se contenta d’y réaliser quelques abat-
tis. Marguerite, sa fille, hérita de la moitié des terres de
l’habitation. Ce partage, qui divisa l’îlet dans le sens de la
longueur, fut matérialisé par l’actuel chemin d’accès à
l’habitation Vidal.

1734 : Claude Macaye, notable important de la colonie,


choisit d’implanter une habitation et sa résidence princi-
pale sur ce terrain.

1737 : L’habitation cultive du cacao, du café et beaucoup


de vivres (bananes, ignames, manioc).

1774 : Aménagement du premier polder dans les terres


basses de l’île de Cayenne.

1778 : Claude Macaye est choisi pour recevoir les pre-


miers plants de girofliers introduits en Guyane.

1792 : Dupré de Geneste, associé à Jean Vidal, acquiert


l’habitation de Gabriel Alexis Macaye pour 60 000 livres.
 Plan des Fonds de Rémire (1770) L’atelier comprend 95 esclaves.
dessiné par l’ingénieur Tugny.
© Archives départementales de Guyane.

Maquette du polder Macaye au 1/1000e


En 1774, trois ans avant l’arrivée de l’ingénieur
(réal. Yannick Le Roux). 
Jean Samuel Guisan, qui développa l’agriculture des
© Ecomusée municipal de l’Approuague-Kaw.
terres basses en Guyane, Jean-Baptiste Tugny, ingé-
nieur-géographe, dessina tous les aménagements du
polder Macaye :
- digues, fossés et canaux d’écoulement
- canaux intérieurs de dessèchement
- levées ou chaussées intérieures
- une écluse en bois, dont la porte se ferme et s’ouvre
en fonction de la marée
La dépense pour le dessèchement de 19,5 hec-
tares de terres basses est estimée par le propriétaire à
près de 27 000 livres, soit un peu plus de 1 400 livres à
l’hectare.
Ces travaux, réalisés par les esclaves, sont des
plus éprouvants.
L’habitation Mondélice ou ferme Vidal ⑰
Les vestiges de cette grande habitation couvrent une superficie de plusieurs centaines d’hectares. Elle
porte le nom de son propriétaire, Jean Vidal. Fuyant les révoltes de Saint-Domingue, Vidal arriva en Guyane
en 1790 en qualité de négociant. Il sut mettre à profit la situation confuse de la colonie en proie aux troubles
révolutionnaires pour s’enrichir rapidement. Elle devint sous la gestion de son fils l’une des plus importantes
habitations de Guyane.

1800 : Achat par Jean Vidal des terres qui for-


ment le domaine de Mondélice.
1819 : Sucrerie neuve avec bâtiments « solides
et bien construits », 270 à 280 esclaves, de
nombreux animaux de trait, 72 ha de cannes
cultivés.
1825-1851 : Propriété du procureur général
Vidal de Lingendes ; plus de 600 ha de terre,
dont 70 poldérisés avec un atelier de 300 es-
claves (jusqu’à l’abolition).
 Moulin à manège et sa rampe d’accès.
1865-1876 : Propriété de la congrégation des © Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.

Spiritains, l’habitation devient une école agri-


cole et un refuge pour les nécessiteux.
1878 : Vente du domaine et de l’élevage aux En plus de son activité sucrière, Mondé-
frères Vitalo par Adrien Rogé, marchand- lice ne cessa d’être une « ménagerie », un lieu
boucher. d’élevage du bétail. En 1878, les têtes de bé-
tail représentent 40 % de la valeur du do-
maine :
- 54 têtes de gros bétail : 30 vaches laitières,
12 taureaux, 12 génisses
- Porcherie comportant 100 têtes environs :
porcs, truies et marcassins
- Chèvrerie : 30 boucs, chèvres et chevreaux.

L’habitation Mondélice vers 1845 ; aquarelle de Delorgeril. 


© Archives départementales de Guyane.

 La première machine à vapeur avec


roues, engrenages et roles en fonte.
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
L’habitation de Rémire ⑦
Située en bordure du lac Saccharin, l’ancienne habitation Rémire, dont le domaine s’étend
sur la « table du Mahury », remonte aux origines de la Guyane coloniale. Aujourd’hui d’un accès
peu aisé et située sur des parcelles privées, elle ne comprend plus que des soubassements et des
restes d’une installation sucrière.

1652 : Fondation du premier établissement


par la Compagnie des Seigneurs associés.
1654 : Installation d’une sucrerie par les réfu-
giés juifs hollandais avec un moulin à eau sur
le petit ruisseau de Rémire.
1675-1690 : Propriété de Noël, l’un des direc-
teurs de la Compagnie des Indes occiden-
tales, sous la gestion de Goupy des Marets,
qui en a laissé une extraordinaire description
manuscrite illustrée (conservée à la Biblio-
thèque municipale de Rouen).
1720-1811 : Propriété de la famille de Billy.
 Maquette du moulin et de la sucrerie au temps de l’économe
Goupy des Marets (réal. Yannick Le Roux). 1811-1851 : Plusieurs propriétaires privés (en
© Région Guyane-Inventaire général du patrimoine culturel.
1848, l’habitation semble sans activité et ne
compte que 2 esclaves).
1851-1875 : Propriété de la famille Virgile, qui

La compagnie écrit à l’économe Jean étend le domaine et relance une activité


Goupy le 6 août 1688. agricole diversifiée.

« […] Prenez garde qu’il y ait suffisam- 1875 : Achat par les frères Céïde, déjà pro-

ment de savannes, qu’elles soyent bien cerclées , priétaires de l’habitation Mondélice.


que les bestiaux n’aillent point dans les cannes et
qu’on an ait un grand soin, qu’il nous soit fait le
plus d’envoy de sucre qu’il sera possible. Vous
sçavez qu’il nous a coutté beaucoup d’argent et
qu’il est juste qu’il nous en revienne pour racomo-
der nos affaire. Nous plaignons { M. Boudet de
se ce qu’il s’excuse de nous faire des retours par
La Sainte-Trinité, sur ce qu’il paye comptant
toutes les deptes, combien que nous luy ayons
mandé d’en remettre le payement moitié sur la
récolte de 1687 et l’autre moitié sur celle de
1688 […] ».

Soubassements de l’habitation Rémire. 


© Yannick Le Roux.
L’habitation Beauregard ⑱
L’accès aux vestiges de l’habitation Beauregard, très vaste domaine de 900 hectares environ, est
aujourd’hui très difficile ; toutefois ceux qui connaissent le vieux chemin d’accès par le vallon du Rorota
peuvent découvrir ces vestiges enfouis sous les bambous ou mis à nu par des abattis.
Une parcelle de cette habitation servit à l’établissement d’un nouveau bourg, où se trouvaient
l’église Immaculée-Conception, l’ancienne mairie et l’ancienne école.

1665 : Premier établissement { l’époque


de la Compagnie de la France équi-
noxiale.
1719 : L’habitation est acquise par les
jésuites, qui en font une sorte d’annexe
{ l’habitation Loyola sous le nom d’ha-
bitation Mont-Louis.
1764-1778 : Gestion de l’habitation par
les frères Prépaud, mandataires des
créanciers des jésuites, marquée par le
creusement du canal Lacroix ou Beau-
regard, qui relie l’établissement { la
crique Cabassou.
1787 : Le syndicat des créanciers jé-
suites vend l’habitation { Bertrand Ba-
jon, ancien chirurgien du roi, associé {
Le Roy.  Plan de l’habitation Grand-Beauregard (1868).
1793 : Confiscation du domaine comme bien national. © Archives départementales de Guyane.

1848 : Beauregard, qui appartient { la famille Piquepé, héritière


de Bajon, compte 155 esclaves. Aspect actuel du canal Lacroix ou
Beauregard, creusé en 1776. 
1865 : Vente par les héritiers Piquepé { Mazin de l’habitation
dont les bâtiments tombent en ruine.
1891 : Vente d’une parcelle de 3 ha par la veuve Resse, héritière
de Mazin, { la colonie, pour édification d’un bourg.

En 1793, l’habitation Beauregard est la plus impor-


tante de la colonie avec un atelier de 345 esclaves, répar-
tis en 53 familles, et
- une maison { maître ; des cases { esclaves ; une dépen-
dance servant de cuisine, d’écurie, de forge et de parc {
moutons
- un ancien moulin servant d’hôpital ; un grand bâtiment
servant de logement pour l’économe et de magasin {
denrées (8 moulins { coton)
- un pigeonnier, un parc { bœufs, un poulailler, un jardin ;
un élevage comptant 103 bœufs, 33 chevaux, chèvres et
moutons, mulets et âne
- une poterie
© Yannick Le Roux.

- des plantations en cannes, cotons et cafés en très bon


état.
Des habitations aux distilleries
L’activité sucrière, l’un des fers de lance économiques de la commune de Rémire-Montjoly à
l’époque des habitations esclavagistes, connaît un regain d’intérêt productif sous la forme de distil-
leries rhumières, dont la dernière a cessé de fonctionner il y a 30 ans.

La distillerie Saccharin ⑥
Les vestiges de cet établissement, aujourd’hui {
peine visibles, sont situés au bord de la route d’accès au
lac Saccharin.
La fondation de cet établissement rhumier,
comme celui de Glennie, qui lui est contigu, remonte {
1893. Il fut désaffecté après 1963.
Cette petite distillerie présente la particularité,
rare en Guyane, d’être équipée d’un moulin { eau. Le
ruisseau de Rémire, qui alimentait déj{ le moulin de la
première sucrerie des juifs (1654), est barré en amont
par une digue en pierre, d’où s’échappe une
canalisation en fer soutenue par des piliers qui
atteignent près de 5 m de hauteur.
L’eau qui tombe en chute sur une grande roue {
augets de 8 m de diamètre entraîne des engrenages
reliés { des roles horizontaux qui servaient { broyer la
canne { sucre. Le débit irrégulier du ruisseau, proche du
 Roue à aube, engrenages et roles du moulin tarissement en pleine saison sèche, explique la pré-
de la distillerie Saccharin.
© Région Guyane-inventaire général du patrimoine culturel. sence d’un moteur diesel qui prenait le relais du mou-
lin, quand l’énergie hydraulique était insuffisante.

La rhumerie Prévot du Rorota ⑤

Il ne reste de l’ancienne rhumerie et sucrerie Prévot (1935-1989) que des ruines de plusieurs bâtiments,
d’imposants tas de ferrailles peu engageants et des machines.

Mais, au centre d’un terrain dégagé et


ombragé par de grands cocotiers, on peut encore
admirer la maison du directeur de cet
établissement datant des années Trente.
C’est un beau témoignage d’architecture
créole, construit en pan de bois avec une galerie
périphérique et une grande toiture débordante. Cet
ensemble occupe les terrains de l’ancienne église
de la paroisse de Rémire.

Maison du directeur de la rhumerie Prévot. 


© Région Guyane-inventaire général du patrimoine culturel.

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