Vous êtes sur la page 1sur 4

Partie 3.

Bases pour une dissertation en Géopolitique


Comment définir la géopolitique ?
Il existe plusieurs définitions, mais il y en a une qui acquiert un caractère pertinent,
celle du Dr. Gyula Csurgai, directeur de l’ICGS (International Centre for Geopolitical
Studies), à Genève : “The study of geopolitics can be defined as a multi-dimensional
method that analyses the conflicting strategies of the different competitors (state and
non-state) for the control of a given space at a given moment in historical evolution.
These strategies are often influenced by geopolitical representations (“mental
maps”)”.
La définition de la géopolitique contemporaine étant connue, il s’agit de mettre en
exergue les différentes notions nécessaires à la compréhension et à la dissertation
en géopolitique.

1. Principes de base
1.1. La pluricausalité

Il s’agit de se détacher de l’analyse monocausale d’une situation historique. A l’instar


du médecin ou du policier, le géopolitologue doit prendre en compte une multitude de
facteurs, de « symptômes », d’ « indices ».
L’analyse géopolitique peut répondre à ce besoin d’une approche globale et
interdisciplinaire au vu qu’elle prend en compte les contextes stratégique, historique,
géographique, démographique, culturel et économique.

1.2. Les constantes et les changements

Tout au long de l’histoire, le rapport de l’homme à l’espace change. Dans la


dissertation géopolitique, il s’agit de savoir « discerner les changements furtifs (…)
des changements durables » (Chauperade, 2001 ; 16). Ceci est important dans la
mesure où, pour analyser un conflit contemporain, il faut constamment faire un aller-
retour dans le passé, même lointain, pour pouvoir expliquer tel ou tel phénomène
actuel.
Les facteurs permanents font référence à la position géographique, à la configuration
d’un territoire donné et à des éléments d’identité culturelle, tels que la langue et la
religion. Quant aux variables, celles-ci sont à voir au niveau interne (à l’intérieur des
frontières étatiques) et au niveau externe (niveau interétatique, global). Ces facteurs
de changement font référence à la démographie, à la structure sociopolitique, aux
systèmes d’alliances, aux motivations stratégiques, aux intérêts économiques, aux
facteurs technologiques

1.3. L’Etat

Il est nécessaire d’avoir un point permanant de référence. Dans le cadre


géopolitique, il s’agit de l’Etat, sous toutes ses formes, tant qu’il produit du sens
politique et qu’il a une capacité de puissance. L’analyse géopolitique est donc «
stato-centrée », mais n’est pas « stato-exclusive » (Chauperade, 2001 ; 18).
En effet, il s’agit de savoir trouver le juste milieu entre une analyse réaliste et une
analyse mondialisante, prônant le dépassement de l’Etat. Car même ceux qui
contestent l’Etat y font de toute façon référence pour appuyer leurs discours, comme
c’est le cas pour Al-Qaida.

2. Les facteurs géopolitiques

Une dissertation en géopolitique est à concevoir comme une armoire, dans laquelle
les tiroirs représentent les facteurs géopolitiques. Ces tiroirs doivent être « remplis »
au fil du temps, ce qui signifie que l’analyse géopolitique n’est jamais exhaustive.

2.1. Caractéristiques du territoire

Il s’agit d’observer la géographie physique d’un territoire donné. Les avantages et les
inconvénients sont à analyser : l’accès à la mer, le climat, les ressources naturelles,
etc. La position et la configuration d’un pays influence la perception d’une nation,
d’où une dimension subjective du territoire. Ceci contribue à la construction de
représentations géopolitiques d’une nation : la perception du « nous et eux »,
l’acceptation ou la contestation des frontières, le statut des minorités, etc.

2.2. Structure ethno-culturelle

Il s’agit de noter la distribution géographique des groupes ethniques : où se situent


les minorités ? Comment sont-elles intégrées ? Comment se perçoivent-elles entre
elles ?

2.3. Facteurs historiques

Il s’agit d’analyser les rapports de force derrière les changements géopolitiques dans
une période donnée ; les pertes ou les gains territoriaux dans une certaine période
historique font souvent référence aux représentations géopolitiques et jouent un rôle
important dans l’identité nationale. Il s’agit par conséquent d’analyser aussi les
changements démographiques.

2.4. Facteurs identitaires et représentations géopolitiques

L’identité culturelle a un impact majeur sur l’auto-perception du groupe analysé et


des autres groupes (« nous et eux »), ainsi que sur la perception du monde. Dans
l’analyse géopolitique, le géopolitologue doit dépasser ses propres perceptions
culturelles pour arriver à « se mettre dans la peau » des différents acteurs qu’il
analyse. Il doit chercher à comprendre l’impact de ces représentations sur les
stratégies des acteurs et non pas les justifier.
2.5. Influence des facteurs socio-économiques

« L’attitude des Etats, leur capacité à évoluer dans leur environnement géopolitique
est contraint par les forces structurantes de l’économie qui s’impose à eux » (Lorot,
Thual, 1997 ; 113).

2.6. Stratégie des acteurs

Les stratégies des acteurs sont souvent influencées par les représentations
géopolitiques. Dans l’analyse géopolitique, l’étude des stratégies des acteurs est un
élément clé. Il s’agit d’analyser la combinaison de tous les moyens (militaires,
diplomatiques, économiques, financiers, culturels, etc) nécessaires à l’achèvement
d’un objectif défini par un groupe humain.

3. Proposition d’un schéma d’analyse des crises


3.1. Grille d’analyse

1° historique : de la région, de la crise


2° événement déclencheur : fait déclencheur de la crise (avant c’était latent)
3° creuset de la crise : géographie, économie, différents intérêts des puissances voisines ;
ce sont les éléments prolongateurs de la crise
4° évolution : essayer d’appréhender comment la crise va évoluer
i. Etudes des enjeux pour les protagonistes,
ii. accessibilité des acteurs aux leviers de règlement des crises, si les grandes
puissances n’ont pas de levier alors cela va accélérer la crise
iii. rebondissements, ex : conflit israelo-palestinien iv. facteur de lassitude

3.2. Exemples d’application de la grille d’analyse

Conflits : Irak, Afghanistan, Balkans

1-historique
Irak : pour la crise de 2003, c’est la 1ère guerre du golfe
Afghanistan : colonisation impossible des britanniques, et USSR
Balkans : Chrétiens VS musulmans : bataille du chant des merles
2- Evénement déclencheur
Irak : 11 septembre (pour Irak 1 : invasion du Koweït par l’Irak)
Afghanistan : 11 septembre (camp d’entraînement dans ce pays)
Balkans : mal identifié mais disparition de l’USSR, facteur coercitif fédérateur disparaît
3- Le creuset

Irak : Creuset géographique : Koweït conçu pour empêcher l’accès de la mer à L’Irak.
Creuset économique : pétrole. Intérêt des puissances voisines : relations avec Iran et Syrie,
vision d’Israël.
Afghanistan : Creuset géographique : ce pays est intégré dans l’arc de crise, c’est une voie
intéressante de passage pour des énergies. La nature montagneuse ne permet pas
d’échange de population donc nationalismes très fort. Creuset économique : acheminement
du pétrole. Intérêts des puissances voisines : la Russie, l’Iran, Chine et Inde.
Balkans : Creuset géographique : certains pays sont enclavés tels que la Serbie dont le seul
accès à la mer est le Monténégro ; + proximité de l’Europe. Creuset économique : y en a pas
(c’est uniquement une guerre de religion) Intérêts des puissances voisines : Russie opposée
beaucoup d’entités séparationnistes.
4- Evolution

Irak :
Enjeux : Au départ lutte contre l’axe du mal mais maintenant c’est devenu une affaire de
politique intérieure car il faut légitimer les morts. Prendre en compte les différentes
composantes : chiites, sunnites, kurdes, chrétiens. Nécessité de descendre au niveau
communautaire pour apprécier le problème.
Accessibilité aux leviers de négociation : EU ont dissolu tout les éléments fédérateurs du
peuple irakien ainsi que les fonctions régaliennes de l’état (dissolution du partie Baas,
dissolution de l’armée). Les leviers sont répartis dans de multiples acteurs donc c’est le
bordel.
Rebondissement : un départ rapide des américains engendrerait encore plus de violence.
Porchier mise sur la lassitude, il faudrait trouver un truc pour canaliser les gens.
Afghanistan :
Enjeux : baisse de Musharaf, Talibans
Accessibilité aux leviers : pays très régionalisé (pas de vision nationale), pas de possibilité
d’un pouvoir central. La réponse ne peut pas être seulement militaire actions de
reconstruction PRT (army + ONG).
Rebondissement : action du Pakistan ; assassinat de Karsaï.
Evolution : indéfinissable
Balkans : accords de Dayton pérennisé et EU a inondé de pognon, de forces, d’assistance
Accessibilité aux leviers :
Evolution : intégration dans l’OTAN de tous les musulmans

3.3. Application en classe

Conflits : Russie - Ukraine

Vous aimerez peut-être aussi