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Chapitre 1 : La géopolitique :

1. La géographie :
Avant d'aller plus loin en termes de géopolitique, il important de définir et de
comprendre les fondements de la géographie elle-même. Le terme «géographie» a
pour origine les termes grecques «géo» pour Terre et «graphie» pour décrire.
Étymologiquement, la géographie est donc une science qui repose sur la description
de la Terre.
Le Dictionnaire Larousse définit la géographie comme étant une «science qui a pour
objet la description et l'explication de l'aspect actuel, naturel et humain, de la
surface .de la Terre».
Le déterminisme géographique est un courant de pensée qui accorde une place
prépondérante à la géographie « milieu naturel » dans l'analyse et l'explication des
sociétés. Il s’agit d’un principe de causalité dans lequel le physique est le
déterminant tandis que l’humain et le social représentent le déterminé.

2. Définition de la géopolitique :
La géopolitique désigne tout ce qui concerne les rivalités de pouvoirs ou d’influence
sur des territoires et les populations qui y vivent , c'est-à-dire l'étude des rapports
de forces entre divers acteurs sur un espace plus ou moins défini. La géopolitique
repose alors sur l'examen stratégique de ce que l’on vise comme objectif, par quels
moyens et suite à l’intervention de quels acteurs pour y arriver. Ces derniers sont
généralement des États, mais également des mouvements politiques ou des
groupes armés plus ou moins clandestins9.

3. Evolution de la Géopolitique :
Après la Seconde Guerre mondiale, la notion de géopolitique, ne reflétait pas
idéalement la répartition de plus en plus complexe des pouvoirs institutionnels
dans le monde. C’est pour cette raison que d’autres disciplines se sont développées,
pendant que celle-ci régressait. Ces disciplines sont : les relations internationales
appuyées sur la théorie du droit international , la sociologie politique, la sociologie
des relations internationales, la géographie politique et la géostratégie comme
étude des intérêts des États et des acteurs politiques dans l'espace surtout
international.
4. Fondements de la géopolitique :
La conflictualité :
La vie est conflictuelle. L’agressivité positive et négative des êtres humains, dans
leur course au plaisir, au pouvoir et à la gloire, les conduisent au conflit permanent.
La géopolitique a pour tâche initiale de mettre en évidence les origines des conflits
et les motivations des acteurs internationaux. Les conflits ont pour l'essentiel, trois
sources profondes : la lutte pour le contrôle des ressources, la lutte pour le contrôle
des espaces géographiques, la lutte pour la domination idéologique, ethnique ou
nationale.
La spatialité
La spatialité c'est tout d'abord le territoire, terrestre, maritime et aérien, « la
territorialité classique », et c'est l'espace extra-terrestre qui ne relève pas de la
territorialité classique, mais c'est également la zone d'intervention des acteurs
transnationaux, la territorialité virtuelle18ou de domination. La territorialité
classique : Ce concept est toujours un concept fondamental de la géopolitique, bien
que l'espace terrestre soit considérablement rétréci au XXème siècle avec les
nouveaux moyens de communication et de télécommunication.
La territorialité spatiale : L'espace extra-terrestre est aujourd'hui soumis au contrôle
variable des puissances, qui peuvent matériellement l'utiliser, civilement et
militairement.
La territorialité virtuelle : Les acteurs transnationaux, qu'ils opèrent dans le
domaine idéologique, politique, financier, commercial ou humanitaire, ont leur
espace d'intervention, qui est virtuel avant d'être, éventuellement, réel.
La frontière
Il n'y a pas d'Etat sans frontières, or l'ONU comprend presque 200 Etats, il est vrai
de puissance très variable. La frontière a évidemment une fonction politique, c'est
une limite qui résulte de l'évolution historique, et qui joue un rôle éminent pour le
maintien de l'effectivité souveraine.
Ces frontières nationales peuvent être dites « naturelles » lorsqu'elles épousent des
obstacles physiques à la pénétration des adversaires, des océans ou mers, des cours
d'eau, des marais, des déserts, des montagnes
L'impérialité :
L'extension de la puissance au-delà d'un peuple conduit naturellement à la
constitution d'empire. Qui furent nombreux dans l'Histoire et subsistent
évidemment sous la forme classique ou la forme nouvelle.
La mondialité :
Le concept fait référence à deux situations différentes, la mondialité de certains
lieux stratégiques et la mondialité de certaines puissances.
La mondialité de certains lieux stratégiques : Certains lieux, de part leur
emplacement géopolitique, permettent aux puissances qui les contrôlent d'exercer
leur pouvoir discrétionnaire à l'égard des autres puissances en fonction du critère
ami-ennemi. C'est le cas pour certains lieux élevés comme le Golan pour la Syrie et
Israël, certains détroits, comme le détroit d'Ormuz pour notamment l'Iran, certains
canaux comme le canal de Corinthe pour la Grèce.

5. Méthodes de la géopolitique :
Identifier et délimiter le ou les enjeux
En géopolitique, les enjeux génèrent des tensions et des conflits, avec des causes
variées. Des luttes territoriales émergent pour le contrôle de mers, îlots, routes
d'accès. Les divergences frontalières, qu'elles soient liées à des tracés contestés, des
murs ou des enclaves, alimentent également les tensions. La concurrence pour les
ressources naturelles (pétrole, gaz, eau, minerais, bois) intensifie les conflits. Les
affrontements économiques se matérialisent à travers des stratégies territoriales
liées à la mondialisation, à l'effacement de l'État, aux flux financiers et aux
nouveaux lieux de production. Les risques liés au changement climatique, aux
problèmes environnementaux, démographiques, à l'épuisement des ressources, à la
croissance des inégalités et au crime organisé menacent les espaces. Les tensions
culturelles, engendrées par des particularités telles que la langue, la religion,
l'exception culturelle, l'ethnie, le mode de vie et l'organisation sociale, sont
également sources de conflit. Enfin, le contrôle des discours et des représentations
territoriales vise à mobiliser les populations dans le jeu politique.
Identifier l’espace ou le territoire
Si la géopolitique n’est pas déterministe, le territoire et l’espace dans lequel il
s’inscrit reste néanmoins au cœur de l’approche et le point de départ de l’analyse.
La connaissance du territoire traité constitue donc une étape essentielle et
nécessaire : Situation géographique (favorable/défavorable); Caractéristiques
physiques (avantages/inconvénients); État des frontières (limite territoriale,
politique et juridique); État des ressources (présences /absences); Caractéristiques
démographiques (urbains, ruraux, déséquilibre structurel, émigration, immigration,
etc.); Systèmes politiques; Activités économiques; etc.
Identifier les acteurs internes et externes
L'évolution post-bipolaire et unipolaire a marqué une multiplication des acteurs à
l'échelle locale, nationale et internationale. Outre les acteurs étatiques, les acteurs
intra-étatiques (municipalités, provinces), trans-étatiques (constructions régionales,
multinationales, bailleurs de fonds) et non-étatiques (ONG, groupes de pression
politiques, organisations criminelles) ont émergé. Ces acteurs, plus nombreux
qu'auparavant, interviennent de diverses manières. Il est crucial de reconnaître que
l'État n'est pas l'unique acteur en géopolitique. Les communautés, organisations
politiques, groupes sociaux et composantes de la société, tels que les entreprises et
les minorités ethniques, agissent sur le territoire en fonction de leurs capacités. Les
activités de ces groupes engendrent des représentations territoriales qui peuvent
diverger de celles de l'État. La méthode géopolitique permet de dévoiler les
stratégies de prise de contrôle territoriale par différents acteurs, qu'ils soient
internes ou externes, et cette prise de contrôle ne se traduit pas toujours par un
contrôle politique, mais répond plutôt à des objectifs spécifiques des acteurs
impliqués.
Identifier les différents niveaux d’échelles
L’étude des enjeux géopolitiques peut être classée en trois grandes catégories :
L’étude de l’apparition des conflits des groupes sociaux et ethniques aux intérêts
divergents à l’échelle locale ou nationale, c’est-à-dire à l’intérieur d’un seul et même
pays, d’une région, d’une ville ou d’un quartier; L’analyse des conflits entre entités
souveraines, entre États; L’examen de conflits opposant différents blocs
géopolitiques, composés de plusieurs pays.
Identifier les représentations des acteurs internes et externes
Prendre en compte les représentations des acteurs en géopolitique permet de saisir
les enjeux que constituent le territoire et ses ressources pour les différents acteurs
en cause, de rendre compte des argumentations, officielles et inexprimées, et de
souligner les mécanismes cognitifs qui ont conduit à l’élaboration de prises de
position et/ou d’actions pouvant déboucher sur des tensions, et dans certains cas
donné lieu à des conflits.
Phase de synthèse et d’écriture
Une étude géopolitique se construit sur un modèle simple. L’introduction présente
brièvement la crise ou le conflit, pose l’enjeu ou les enjeux. Le corps de l’analyse
suit les étapes présentées plus haut : identification du territoire où se déroule
l’affrontement, des acteurs présents sur ledit territoire, analyse explicative\ critique
des représentations, des arguments, des positions et des actions à la base du
conflit. La conclusion reprend le ou les enjeux en développant les principaux
facteurs explicatifs. Elle peut laisser place à la prospective, tout en se gardant bien
d’émettre des conclusions définitives.
Chapitre 2 : La Géoéconomie contemporaine :
Avec la fin de la Guerre froide, les capacités militaires des États développés ne
constituent plus, de loin, le principal facteur de leur puissance sur la scène
internationale. La période des conflits directs et frontaux, recourant à la puissance
de feu et aux capacités militaires entre puissances industrielles est aujourd'hui
révolue. La puissance s'exerce dorénavant de manière plus douce, sans recours à la
coercition ; elle se rapproche de ce que Joseph S. Nye a qualifié de soft power
Son ouvrage qui a fait le plus parler de lui a été : « le rêve américain en danger ».
Edward Luttwak introduit sa présentation en expliquant que la géopolitique,
(puissance militaire plus renseignements plus diplomatie traditionnelle) a laissé la
place à la géoéconomie.

1. Une définition de la géoéconomie


La géoéconomie est l'analyse des stratégies d'ordre économique - notamment
commercial -, décidées par les États dans le cadre de politiques visant à protéger
leur économie nationale ou certains pans bien identifiés de celle-ci, à acquérir la
maîtrise de technologies clés et/ou à conquérir certains segments du marché
mondial relatifs à la production ou la commercialisation d'un produit ou d'une
gamme de produits sensibles, en ce que leur possession ou leur contrôle confère à
son détenteur - État ou entreprise «nationale» - un élément de puissance et de
rayonnement international et concourt au renforcement de son potentiel
économique et social. La géoéconomie s'interroge sur les relations entre puissance
et espace, mais un espace «virtuel» ou fluidifié au sens où ses limites bougent sans
cesse, c'est-à-dire donc un espace affranchi des frontières territoriales et physiques
caractéristiques de la géopolitique

2. Les objectifs de la géoéconomie :


Les objectifs de cette géoéconomie naissante ne relèvent plus, pour Edward
Luttwak, de la conquête de territoires ou de l'influence diplomatique; il s'agit « de
maximiser l'emploi hautement qualifié dans les industries de pointe et les services à
haute valeur ajoutée». L'objectif central est de «conquérir ou de préserver une
position enviée au sein de l'économie mondiale. Qui va développer la nouvelle
génération d'avions de ligne, d'ordinateurs, de produits issus des biotechnologies,
de matériaux de pointe, de services financiers et tous les autres produits à haute
valeur ajoutée dans les secteurs industriels, petits et grands? Les développeurs, les
ingénieurs, les managers et les financiers seront-ils américains, européens ou
asiatiques? Aux vainqueurs les positions gratifiantes et les rôles dirigeants, aux
perdants les chaînes de montage, à condition que leurs marchés nationaux soient
assez importants et que les importations de produits déjà assemblés soient rendues
impossibles par des barrières douanières».
Pour la conception de Edward Luttwak , les instruments de la géoéconomie
comprennent les entreprises nationales présentes sur les secteurs stratégiques,
avec un positionnement qui peut être assimilé à des dispositifs militaires, comme
l’artillerie, la cavalerie, la suprématie aérienne ou navale

3. Distinction entre geopolitique et geoeconomie :


Comme la géopolitique, la géoéconomie représente, une méthode d'analyse et
d'interprétation des rapports de force sur le plan international. Toutefois, des
distinctions fondamentales existent entre ces deux concepts. La première différence
découle de ce que la géoéconomie est avant tout le fait des États et de grandes
entreprises à la stratégie mondiale, ce qui n'est pas le cas de la géopolitique puisque
non seulement les Etats, les entreprises mais aussi les groupes humains,
politiquement constitués ou non, s' appuyant sur des représentations historiques
datées, participent, à travers leurs actions, à ces stratégies de conquête de
territoires qui constituent le champ d'observation de la géopolitique. Enfin, autre
distinction essentielle, pour ne pas dire fondamentale le but ultime des politiques
géoéconomiques n’est pas le contrôle de territoires, il est d'acquérir la suprématie
technologique et commerciale.

Chapitre 3 : Géostratégie :
1. Définition de la géostratégie :
Le mot « géostratégie » est étroitement lié à la spatialisation de la stratégie. Il est
composé du suffixe « géo », qui renvoie à des espaces physiques humains, et du
nom féminin « stratégie », qui désigne l’idée de coordination et de conduite des
armées
Le terme connait une popularité importante à partir de la moitié du 20ème siècle.
Terme flou et souvent confondu avec la « géopolitique » ou la géographie militaire,
cette branche de la géopolitique désigne la fabrication des espaces par la guerre.
La géostratégie consiste ainsi à étudier les implications politiques et guerrières de
situations géographiques (ressources naturelles, espaces frontaliers, espaces
maritimes).
La géostratégie est une approche de l’art militaire qui constitue aussi une
démonstration spatialisée à des fins d’aide à la décision. Elle intègre un certain
nombre de concepts fondamentaux. L’un des plus importants concerne les grands
espaces en prenant en compte les éléments physiques et humains. Mais bien
d’autres peuvent être relevés : les fronts continus et les espaces de bataille, les
bastions naturels stratégiques et les sanctuaires, les espaces stratégiques en
réseaux (zones pivots, centres de gravité, nœuds stratégiques). Enfin, la géostratégie
est aussi une représentation spatialisée à partir de faits réels qui peuvent être
déformés pour asseoir une théorie ou une idéologie

2. Les composantes de la géostratégie


Les distances
Grands espaces et stratégie sont deux notions interdépendantes et essentielles pour
comprendre la géostratégie. Cette interdépendance s’observe à travers trois champs
d’application en matière de stratégie opérationnelle (combinaison de différentes
forces sur plusieurs théâtres d’opérations pour conduire la manœuvre stratégique
dans une région), de stratégie générale (moyens déployés pour atteindre les
objectifs de la stratégie totale) et de stratégie totale (combinaison des moyens
divers — politique, économique, diplomatique, etc. — pour atteindre les objectifs
fixés par le pouvoir politique).
Les conditions climatiques
L’influence du climat sur les opérations militaires a été démontrée à maintes
reprises. En 1939-1940, Hitler doit reporter onze fois l’ordre d’attaque à l’Ouest en
raison de circonstances météorologiques défavorables, qui interdisent notamment
le plein emploi de l’aviation. Mais, malgré un hiver particulièrement froid, les
conditions climatiques ne sont pas telles qu’elles interdisent toute activité :
l’Allemagne profite de ce retard pour pousser l’entraînement de ses troupes, qui
aura fait de sérieux progrès en mai 1940 ;
La topographie
En sens inverse, les fleuves et les montagnes (surtout les deuxièmes) sont
traditionnellement considérés comme des obstacles, difficiles à franchir au point de
fixer la ligne de front pendant des mois (le mont Cassin pendant la campagne
d’Italie). Mais il arrive aussi qu’on oublie de les garder convenablement (les
Ardennes en 1940)
L’état des voies de communication
Ces voies de communication ne sont pas seulement terrestres. Les infrastructures
maritimes et aériennes ont également une grande importance.
Le rapport de forces
En 1940, la supériorité numérique allemande n'était pas aussi grande que les Alliés
le croyaient, sauf en aviation ; la différence était plutôt stratégique et tactique. A
partir de la fin de 1941, la parité approximative va inexorablement faire place à un
déséquilibre de plus en plus marquée

3. Les objectifs de la géostratégie :


La Conquête De l’espace
Présenter la géostratégie comme une "stratégie de l’espace" revient à dire que le
géostratège est un type de stratège particulier qui organise sa pratique stratégique
pour transformer l’espace au mieux de ses intérêts. Le géostratège rêverait de
contrôler des positions géostratégiques, des forteresses, des ports, des îles, des
canaux, des bases sur les grandes voies de communications et
d’approvisionnement. Il méditerait de nouvelles conquêtes territoriales. La
géostratégie désignerait un certain type de réflexion et de pratique stratégique.
Organiser l’espace-temps du stratège
La géostratégie fait partie de la stratégie dans la mesure où le stratège se préoccupe
d’organiser son espace pour améliorer le temps et l’information dont il dispose pour
prendre sa décision
Le glacis :
Un glacis est un espace/temps d’information plus qu’un simple terrain de
manœuvre. Sur le glacis se teste la détermination de l’adversaire, d’escarmouches
d’avant-postes en manœuvres de grande ampleur. Le glacis renforce l’avantage du
temps dont dispose la défense : il retarde, il permet de "voir venir". Un glacis
géostratégique est tout le contraire d’un vide où l’on attend de voir paraître
l’ennemi à l’horizon : c’est un système d’information échelonné où la détermination
de l’adversaire rencontre des obstacles de plus en plus puissants.

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