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Géopolitique
Les auteurs
Introduction générale BÉATRICE GIBLIN
PREMIÈRE PARTIE
LA VILLE, LIEU DE CONFLITS
DEUXIÈME PARTIE
LA FRONTIÈRE, LIEU DE CONFLITS
Le nœud tchétchène
Les conflits en Géorgie : Abkhazie et Ossétie du Sud
Le conflit du Haut-Karabagh, entre l’Azerbaïdjan et la partie
arménienne
Les autres zones de tensions, avérées ou potentielles
TROISIÈME PARTIE
LES NATIONALISMES RÉGIONAUX
CINQUIÈME PARTIE
DEUX ÉTUDES DE CAS
Questions de méthodes
Selon Le Robert, le terme conflit vient de conflictus, choc, lutte, combat au
sens d’affrontement physique entre deux ou plusieurs personnes ; mais il a
aussi pris très tôt le sens figuré de rencontre d’éléments, de sentiments
contraires, conflits moraux, d’intérêts, et enfin le sens de contestation entre
deux puissances qui se disputent un droit. En géographie, la caractéristique
première du conflit est d’être territorialisé, c’est-à-dire qu’il doit s’inscrire
sur un ou des territoires qui font l’objet de rivalités de pouvoirs pour en
prendre le contrôle et celui des populations qui s’y trouvent. Le territoire est
donc le plus petit dénominateur commun de tous les conflits, quels qu’ils
soient.
Ces territoires peuvent être de dimensions très variables : de l’ordre de
quelques centaines de mètres carrés, comme le mur des Lamentations
surmonté de l’esplanade des mosquées à Jérusalem que se disputent juifs et
musulmans ; de dizaines de kilomètres carrés, à l’image des conflits
frontaliers entre la Chine et l’Inde ou entre le Cameroun et le Nigeria à
propos du lac Tchad ; de centaines de kilomètres carrés, comme le conflit au
Darfour ; voire en milliers de kilomètres carrés, si l’on pense à la rivalité
entre les marines chinoise et indienne dans l’océan Indien, bien que ce ne
soit pas à proprement parler un territoire mais une zone d’influence.
Une géographie des conflits peut donc être organisée selon l’ordre de
grandeur des territoires, objets de conflits. Néanmoins, un conflit sur un
territoire de quelques mètres carrés ne signifie nullement qu’il s’agit
nécessairement d’un « petit » conflit sans grand enjeu. L’exemple sans
doute le plus connu est assurément celui de la Vieille Ville de Jérusalem et
plus précisément encore du mur des Lamentations et de l’esplanade des
mosquées. Rappelons que la superficie de la Vieille Ville de Jérusalem-Est
est équivalente à celle de la place de la Concorde, et on sait l’enjeu qu’elle
représente non seulement pour les populations qui y vivent ou qui sont à
proximité mais aussi pour des populations qui en sont très éloignées,
qu’elles soient juives, chrétiennes ou musulmanes. Ce qui fait l’importance
ou la gravité d’un conflit, c’est bien l’importance de l’enjeu que représente
le territoire pour les protagonistes. On pense bien sûr aux enjeux
économiques : pétrole, gaz, métaux rares, terres fertiles, etc., mais aussi
stratégiques : détroits, cols, défilés. Comme le montre le cas de Jérusalem
ou celui du Kosovo, des territoires qui n’ont ni grand enjeu économique ni
enjeu stratégique évident peuvent être l’objet de très fortes rivalités quand il
s’agit de territoires chargés d’une grande valeur symbolique, qu’elle soit
religieuse, historique ou culturelle. Ces différents types de conflits peuvent
encore être classés selon leur intensité, leur durée, leur complexité, leur
contexte politique qui peuvent les aggraver ou les désamorcer.
Ainsi, une géographie des conflits est d’abord l’inventaire méthodique
de rivalités territoriales, choisies en fonction de certains critères, c’est
pourquoi la géographie des conflits relève de la géographie générale, le
conflit étant pris comme un phénomène qui se répartit sur l’ensemble du
globe et qui, selon les situations géographiques précises, prend des
caractéristiques particulières.
Une géographie des conflits implique aussi leur comparaison, de façon à
faire apparaître la singularité de chacun d’eux, ne serait-ce qu’en fonction
de l’ordre de grandeur des territoires disputés et de leurs configurations
géographiques (relief et peuplement). Tout conflit notable se déroule dans
une durée plus ou moins longue et nécessite la combinaison de la méthode
du géographe et de celle de l’historien en distinguant notamment ce qui
relève des temps longs et des temps courts. Cette combinaison est une des
forces de l’École géographique française et une de ses spécificités. Élisée
Reclus n’affirme-t-il pas que « la Géographie, c’est l’Histoire dans l’Espace
et que l’Histoire, c’est la Géographie dans le Temps » (phrase en exergue
dans chacun des six tomes de L’Homme et la Terre) ? C’est pourquoi il faut
préciser les circonstances géographiques précises durant lesquelles le
conflit s’est amorcé et celles dans lesquelles la frontière a été tracée.
Si l’on veut qu’un conflit d’importance, par sa durée ou par la taille de
l’espace disputé, puisse être comparé à d’autres, pour mieux comprendre les
uns et les autres, il faut qu’il puisse être d’abord présenté en des termes
relativement généraux et comparables, et non d’entrée de jeu par des noms
propres, mais par des noms communs, afin de mieux faire apparaître
ressemblances et différences, et ce avant de relater ce que les adversaires
dans ce conflit ont de culturellement spécifique. C’est pourquoi, par
exemple, dans cette géographie des conflits, la présentation générale du
conflit israélo-arabe traitée par Yves Lacoste ne fait pas d’entrée de jeu
référence à ce phénomène très particulier qu’est le sionisme qui, bien
évidemment, a une importance capitale, pas plus que n’est invoqué ce que
l’on appelle « l’islamisme politique », qui a commencé d’apparaître en
Égypte dès 1928 et peu après à Gaza qui relevait alors de l’Égypte, c’est-à-
dire dès le début du conflit.
Ce qui caractérise les situations conflictuelles, qui relèvent de l’analyse
géographique, c’est l’enchevêtrement et la multiplicité des facteurs qui les
constituent tant d’un point de vue spatial que temporel et non seulement
dans le temps passé mais aussi dans le temps présent ; ce qui en fait des
situations dynamiques qui évoluent plus ou moins rapidement et qui,
parfois, peuvent brusquement basculer dans le drame. Pour démêler cet
enchevêtrement, il faut mettre en œuvre une démarche à la fois diatopique,
c’est-à-dire appuyée sur le raisonnement géographique à différents niveaux
d’analyse et sur les intersections des multiples ensembles spatiaux
[LACOSTE, 2003], et diachroniques, c’est-à-dire appuyée sur le raisonnement
historien qui intègre les différents temps de l’histoire et du présent grâce
auxquels il est possible de reconstruire la chaîne des causalités, l’engrenage
souvent imprévu du conflit.
À cette maîtrise du raisonnement dans l’espace et le temps, il faut ajouter
la prise en compte des représentations que chacun des protagonistes a du
territoire, objet de conflit. Ce sont, en effet, elles qui sont déterminantes
dans le déclenchement, l’intensité ou la durée d’un conflit.
Les représentations
Une des caractéristiques essentielles de la démarche géopolitique est la
prise en compte des représentations contradictoires qu’ont les différents
protagonistes du territoire en jeu. Dans le préambule du Dictionnaire de
géopolitique [1992], Yves Lacoste expose l’importance de la prise en
compte des « représentations, des idées géopolitiques personnelles et
collectives des protagonistes qui se réfèrent à différents types d’arguments
ou de raisonnements qui appartiennent à l’arsenal des théories
géopolitiques ». Les territoires concrets sont importants à connaître pour
l’observateur détaché du conflit, mais les protagonistes agissent en fonction
de représentations des territoires pour le contrôle desquels ils se mobilisent.
C’est à ce niveau de l’étude qu’intervient, dans le cas Israël-Palestine, la
description des idées au sujet de ces territoires, comme le sionisme ou
l’islamisme.
Ces représentations géopolitiques n’ont parfois pas grand fondement
historique, culturel ou politique. Mais ce n’est pas parce qu’une
représentation est inexacte qu’elle doit être ignorée de l’analyse car elle
peut avoir une formidable capacité mobilisatrice, lorsqu’il s’agit du
territoire de la nation. Comme l’a démontré Yves Lacoste, la nation est une
idée éminemment géopolitique, car elle se réfère à un territoire, à des
rapports de forces et à des conflits.
Nombre de combattants sont partis et partent encore à la guerre avec
l’assurance de la justesse de leur droit sur le territoire en jeu en sous-
estimant la détermination de leurs adversaires tout aussi convaincus de leur
bon droit sur ce même territoire. Il faut cette conviction pour accepter de
mourir et de tuer. Faire une analyse géopolitique d’un conflit nécessite donc
de confronter les représentations géopolitiques antagonistes des adversaires,
chacune étant partiale et passant sous silence des données naturelles
(généralement de relief) ou historiques qui lui sont défavorables et qui
affaiblissent son argumentation.
Démocratie et conflit
On pourrait considérer qu’il y a une sorte de paradoxe à associer ces deux
termes, car la démocratie est perçue comme un système politique
permettant sinon d’éviter le conflit, du moins de le résoudre par des
processus de concertation, de débats, de vote, la décision de la majorité
prise à l’issue d’un processus démocratique s’imposant à tous.
On sait que l’idée de démocratie est apparue au sein de la Cité grecque,
plus particulièrement à Athènes et, pourtant, cela n’a pas empêché les cités
grecques de s’affronter militairement à plusieurs reprises.
La démocratie favorise aussi l’apparition de nouveaux conflits qui ne
pouvaient s’exprimer ou se développer dans un contexte de coercition
politique ou du moins de moindre expression démocratique. Les
mobilisations citoyennes pacifiques qui aboutirent à la chute du mur de
Berlin, matérialisation sur le territoire d’un conflit entre deux idéologies,
monde communiste et monde capitaliste, ont été rendues possibles grâce à
la politique de Mikhaïl Gorbatchev, secrétaire général du Parti communiste
de l’Union soviétique. En effet, à son arrivée au pouvoir en 1985,
Gorbatchev avait lancé la politique de glasnost (transparence) et de
perestroïka (restructuration). À l’été 1989, il déclara que l’Union soviétique
ne s’immiscerait plus dans les affaires intérieures de ses États satellites. Dès
lors, la crainte d’une répression comparable à celle du printemps de Prague
(août 1968) s’éloignait. Cette politique permit au système totalitaire
d’évoluer vers la démocratie. Mais elle conduisit aussi à l’éclatement de
l’URSS et à la résurgence de conflits anciens dont les peuples gardent la
mémoire. Mal résolus, ils subsistaient à l’état latent comme dans le
Caucase : le Haut-Karabagh, disputé entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan, ou la
Tchétchénie, dont la population n’avait jamais vraiment accepté d’être sous
contrôle de l’Empire russe puis soviétique.
C’est la dislocation de la Yougoslavie qui illustre le mieux la façon dont
l’ouverture démocratique a conduit au basculement de conflits masqués en
conflits ouverts. C’est, en effet, la révélation par différents leaders parvenus
au pouvoir des luttes terribles qui se sont produites durant la Seconde
Guerre mondiale entre Serbes, Croates, Bosniaques qui ont relancé les
hostilités. Tito, d’origine croate, avait, sa vie durant, interdit qu’on y fasse
allusion ; c’est lui aussi qui avait tracé les frontières internes des
républiques yougoslaves. Aujourd’hui, la Bosnie-Herzégovine ne doit sa
relative stabilité politique qu’à la seule présence de forces militaires
étrangères. Fort heureusement, l’accroissement de la démocratie
s’accompagne aussi de conflits beaucoup moins dramatiques.
Par ailleurs, la démocratie permet aux citoyens concernés de débattre du
bien fondé d’un conflit et parfois de peser sur les choix des responsables
politiques. L’un des exemples les plus fameux du poids de l’opinion
publique sur l’issue d’un conflit est celui de l’opinion publique américaine
dans la décision du gouvernement américain de mettre fin à la guerre du
Vietnam. L’opinion publique était de plus en plus hostile à cette guerre car
elle n’en percevait pas ou plus le bien fondé. Rappelons que le but de cette
intervention militaire n’était pas de conquérir ce territoire mais d’empêcher
que l’influence de l’URSS ne s’y étende. Il faut distinguer les conflits pour
la conquête d’un territoire de ceux pour l’extension ou la préservation d’une
zone d’influence, même si, sur le terrain du conflit, les conséquences sont
identiques (morts et destructions massives), car les causes en sont
différentes.
Il est vraisemblable que le rôle de l’opinion publique américaine n’a pas
été aussi déterminant qu’on le dit ; néanmoins, la mobilisation de l’opinion
publique contre l’engagement de conscrits dans les conflits armés a été l’un
des facteurs de la suppression de la conscription et de la
professionnalisation de l’armée américaine.
La démocratie est donc un contexte favorable à l’expression de nouvelles
revendications qui élargissent dès lors le champ des rivalités de pouvoirs
concernant les territoires ; ces rivalités se déroulent autrement, du fait des
débats qu’elles suscitent dans la population. D’où l’intérêt civique d’une
géographie des conflits. Ces débats sont d’autant plus fréquents que les
informations sur les conflits et les représentations contradictoires qu’en ont
les protagonistes sont largement diffusées par les médias.
L’exemple de la France à propos des conflits liés à l’aménagement du
territoire est à cet égard probant.
POURQUOI COMMENCER cet ouvrage par les conflits urbains, c’est-à-dire par
des conflits qui se déroulent sur de petits territoires parfois d’une centaine
de mètres carrés seulement, et non par une présentation à l’échelle mondiale
des conflits dans le monde ?
Ce choix répond à la préoccupation de montrer que, quelles que soient la
taille du territoire et la diversité des enjeux de conflits, la méthode de leur
analyse mise en œuvre reste la même : analyse précise des lieux où se
déroule le conflit, de l’extension de son impact au niveau régional, national
voire international, identification des rivalités de pouvoir en jeu, prise en
compte du contexte géographique (y compris parfois physique, le relief,
l’hydrographie), politique, économique, social de son déclenchement, des
différents acteurs qui interviennent dans son déroulement et dans sa
résolution, et enfin, prise en compte des représentations qu’ont les
protagonistes du territoire objet du conflit et comment celles-ci sont
utilisées dans les stratégies mises en œuvre pour mobiliser la population.
L’exceptionnalité de Jérusalem
Jérusalem est un cas unique dans l’histoire et la géographie du monde. Il ne
peut donc être rapproché d’aucun grand type de conflit urbain. Pourquoi
alors l’avoir gardé dans cet ouvrage de géographie générale ? C’est sans
doute parce que la ville, en tant qu’objet de conflit urbain, est la plus
connue dans le monde, même si les caractéristiques précises du territoire ne
sont, elles, guère connues. La résolution de ce conflit signifierait la fin d’un
des conflits les plus célèbres, considéré comme l’un des plus dangereux
pour la stabilité du Proche-Orient, mais aussi pour des espaces bien plus
vastes (certains évoquent même la stabilité du monde !).
Le cas de Jérusalem est en fait exemplaire de l’efficacité de la démarche
géopolitique qui est à la fois diatopique et diachronique et qui tient compte
des représentations contradictoires du territoire. Jérusalem illustre mieux
que toute autre ville quatre points essentiels de la démarche géopolitique :
– les rivalités de pouvoir pour le contrôle d’un très petit territoire
peuvent avoir un impact sur des espaces de beaucoup plus vastes
dimensions ;
– les représentations contradictoires que se font du territoire les
protagonistes du conflit sont indispensables à prendre en compte pour
comprendre la très difficile résolution de ce conflit ;
– le raisonnement diachronique alliant des temps longs et même très
longs aux temps courts des affrontements politiques récents est
indispensable ;
– les caractéristiques du milieu physique (topographie et sécheresse
méditerranéenne) jouent aussi leur rôle dans les stratégies mises en œuvre,
principalement par les Israéliens.
Ajoutons encore que, dans la société démocratique israélienne, les
rivalités de pouvoir pour le contrôle du territoire s’exercent aussi entre
Israéliens, car tous n’ont pas la même représentation de ce que doit devenir
la capitale éternelle et sacrée d’Israël.
Chapitre 1
Jérusalem :
capitale frontière
LES CONFLITS URBAINS qui se déroulent à Jérusalem sont d’une tout autre
nature que ceux qui se déroulent dans les autres villes du monde, et leur
intensité médiatique est inégalée. En effet, le caractère de plus en plus sacré
de son territoire pour les Juifs comme pour les musulmans du monde entier
en augmente à l’infini la valeur pour les deux ennemis israélien et
palestinien. Cette sacralisation qui s’est accrue avec le temps en fait, depuis
plusieurs décennies de rivalité israélo-palestinienne, un excellent instrument
fédérateur des énergies pour chaque camp. Son importance géopolitique se
traduit par l’écart phénoménal entre, d’une part, l’exiguïté territoriale, la
faiblesse numérique de sa population, l’absence de ressources
commercialisables, et, d’autre part, les répercussions médiatiques et parfois
diplomatiques mondiales que chaque incident qui s’y déroule va provoquer.
L’exemple paradigmatique de cet écart reste sans doute la décision
en 1996 de construire dans la Vieille Ville, près de l’esplanade des
Mosquées, une deuxième sortie à un tunnel antique (Ier siècle av. J.-C.) qui
alla jusqu’à provoquer des émeutes meurtrières. Les Palestiniens
redoutaient en effet que ces travaux ne conduisent à détruire les traces du
passé musulman pour ne garder que celles de l’histoire juive, ce qui aurait
été un moyen de nier l’ancienneté multiséculaire de leur présence. Cette
affaire a provoqué une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité des
Nations unies, la convocation de l’Assemblée générale et l’adoption d’une
résolution condamnant l’initiative israélienne et les interventions
diplomatiques immédiates de l’Union européenne, de la Ligue arabe, de
l’Organisation de la conférence islamique et du Saint-Siège !
Ainsi, Jérusalem-Est est exemplaire des répercussions géopolitiques d’un
conflit situé sur de très petits territoires (l’esplanade des mosquées fait
300 m sur 450 m, la Vieille Ville de Jérusalem moins d’1 km2) sur le
monde.
Par ailleurs, Jérusalem-Est une capitale frontière – qui plus est sur une
frontière à hauts risques –, ce qui accroît encore son enjeu géopolitique.
Il est exceptionnel qu’un État installe sa capitale dans une ville qui fait
l’objet d’un grave conflit. On sait en effet que, pour des raisons de sécurité,
les capitales ne sont jamais installées sur une ligne de front. C’est pourtant
le cas, ce qui prouve l’immense importance symbolique que revêt
Jérusalem pour les Israéliens.
Si le principal conflit est celui qui oppose les Israéliens aux Palestiniens
pour le contrôle de Jérusalem, il en est d’autres de moindre importance qui
se déroulent au sein même de chaque communauté, entre extrémistes et
modérés religieux, entre ceux qui sont prêts au compromis territorial avec
l’adversaire et ceux qui le refusent. Rappelons que les accords d’Oslo ne
réglaient pas le statut de Jérusalem, de peur que la signature ne soit bloquée.
Le partage territorial
Revendication officielle des Palestiniens, le partage de Jérusalem en deux
zones distinctes verrait le retour approximatif à la Ligne verte d’avant 1967.
Une telle partition impliquerait pour l’État juif un abandon délibéré de sa
souveraineté sur sa propre capitale, geste politique à peu près sans
précédent dans l’Histoire, mais aussi un abandon de plus de 190 000 de ses
ressortissants – de sensibilité nationaliste et religieuse pour la plupart –
d’ores et déjà installés sur la partie de Jérusalem à céder. Outre les aspects
politique et démographique, Israël céderait, avec la partie orientale de la
cité, la Vieille Ville moins le quartier juif et donc le mur des Lamentations,
lieu saint juif par excellence. Celui-ci demeurerait israélien mais serait à
portée de pierres de l’État de Palestine situé autour (quartiers chrétien et
musulman) et au-dessus (esplanade des Mosquées). En clair, la solution du
partage frontalier est quasi-unanimement rejetée en Israël. La question est
« ouverte sur le plan religieux et fermée sur le plan politique », selon la
formule consacrée par le chef de l’État travailliste Shimon Pérès.
Quartiers et arrondissements
Existent également différents projets de partition par quartiers et
arrondissements sur un mode parisien, londonien voire bruxellois. Proposé
par certains experts occidentaux et quelques « colombes » minoritaires dans
les deux camps, cette alternative permettrait à Israël de conserver la
souveraineté politique sur l’ensemble de la ville étendue aux quartiers juifs
de sa partie orientale, tandis que l’Autorité palestinienne se verrait attribuer
de larges prérogatives dans les secteurs arabes ; une autonomie intra muros
en quelque sorte. Mais là encore, l’imagination et la bonne volonté des
théoriciens et observateurs pêchent sans doute par manque de réalisme.
Quelques quartiers dispersés dans une ville effectivement contrôlée par une
nation tierce n’ont jamais constitué la capitale d’une entité souveraine.
Arafat et Abbas n’ont jamais cessé de rappeler en substance que sans
obtention par le futur État de Palestine de la pleine souveraineté sur les
quartiers arabes de Jérusalem-Est, toute paix serait impossible.
Au plan diplomatique, des initiatives privées prises durant l’automne
2003, notamment les projets Ayalon-Nusseibeh et Abed Rabbo-Beilin, sur
une base à la fois fonctionnelle et territoriale, ont établi des perspectives
d’accords, finalement inabouties. Aussi, presque un demi-siècle après la
guerre des Six Jours, les échecs successifs du sommet tripartite (Bill
Clinton/Yasser Arafat/Ehoud Barak) de Camp-David II, en juillet 2000, et
du processus d’Annapolis enclenché en novembre 2007 (George
W. Bush/Mahmoud Abbas/Ehoud Olmert) ont démontré qu’il n’existe
toujours pas de plus petit dénominateur commun entre Israéliens et
Palestiniens sur la question de la souveraineté à Jérusalem. Orientation
nationaliste et conservatrice de la société israélienne d’un côté, montée en
puissance de l’islamisme du Hamas et rapports de force défavorables à
l’Autorité palestinienne de l’autre ; il semble improbable qu’à court ou
moyen termes le statu quo à Jérusalem soit profondément remis en cause.
Chapitre 3
Scènes de guerre
dans les favelas
de Rio de Janeiro
en favelas hors
favelas favelas
La reconquête de territoires-clés
On peut se faire une bonne idée de la stratégie d’ensemble du plan de
reconquête globale en lisant l’interview également donnée à Veja par le chef
de la Polícia Civil (Police judiciaire), Allan Turnowksi. En 2007, lorsque
1 350 policiers étaient entrés dans le Complexo do Alemão pour saisir un
arsenal de guerre, il y était, l’arme au poing. Selon lui, « entrer dans le
Complexo do Alemão, ou dans le bidonville de Rocinha, n’a jamais été un
problème pour la police. Nous avons toujours su comment entrer. Le
problème était d’avoir les effectifs pour rester ». Cette fois, il avait ces
effectifs, c’est ce qui donne toute sa valeur à la contribution des forces
armées et de la police fédérale à cette occupation de novembre 2010 que,
comme tous les responsables de la sécurité à Rio, il considère comme un
succès.
Les critiques faites à la fuite des bandits ne sont pas pertinentes pour le
chef de police. C’est, comme il l’explique, le plus grand changement dans
la politique de sécurité à Rio aujourd’hui. Si dans le passé, la priorité a été
de mettre en prison les barons de la drogue, l’objectif aujourd’hui est
d’affaiblir et de détruire les affaires de crime. « Notre logique n’est
actuellement pas de courir après le trafiquant, mais de combattre la
structure du crime », explique-t-il. Selon lui, « avec le Complexo do
Alemão, le Comando vermelho (CV) a perdu et l’État beaucoup gagné,
parce qu’il leur a pris une grande partie de ce qui est le plus important pour
ces gangs, le territoire. C’est là qu’étaient stockées la drogue du CV, ses
armes. Le Complexo do Alemão était bien ce que les saisies ont montré : un
endroit où les bandits étaient capables de stocker 35 tonnes de marijuana et
près de 300 armes. [Il] représentait 60 % de tout ce que le Commando rouge
utilisait, armes, drogues et hommes. »
Si l’on reporte sur la carte les informations recueillies, on perçoit en effet
une stratégie, que le croquis ci-dessous éclaire. Les premières UPPs ont été
créées dans la « zone de planification » 1, aux abords du centre, et dans la
zone 2, celle qui couvre la zone sud, riche et touristique. Elles ont été
disposées de façon à couvrir chacune une ou plusieurs des petites favelas
qui se nichent sur les morros, les mornes tropicaux qui hérissent cette
région de relief tourmenté. La conquête de la Vila Cruzeiro et du Complexo
do Alemão, en 2010, a inauguré une nouvelle phase, celle de la reconquête
des grands ensembles de favelas de la zone nord, plus plane et plus pauvre,
mais d’où l’on accède facilement au centre et qui menace la route vers
l’aéroport. Après quoi il restait à reprendre le contrôle de la Rocinha, aux
confins de la zone 4, ce qui a été fait en 2011, puis du reste de la zone 4, où
la croissance rapide des favelas fait de l’ombre aux nouveaux quartiers
chics de la Barra da Tijuca. La zone 5, pauvre et lointaine, pourra
attendre…
L’invention du quotidien
L’observateur est toujours frappé par l’écart qui subsiste entre les articles de
presse et les rapports sur la dangerosité de Karachi et le fait que des
millions de gens y vivent au quotidien. Il s’agit ici non pas de comprendre
seulement comment la violence fait irruption sur la scène urbaine, mais
également comment des pratiques s’organisent pour produire des relations
pacifiques. Laura Ring écrit que, bien que personne ne puisse nier les
violences ethniques et sectaires qui sévissent à Karachi, des millions de
gens y coexistent et y vivent pacifiquement : « What do we make of this ? »
s’exclame-t-elle [RING, 2006, p. 63]. Par conséquent, il paraît difficile
d’écrire sur Karachi sans montrer comment ce que Michel de Certeau
dénommait « les procédures de la créativité quotidienne » sont mises en
œuvre jour après jour, c’est-à-dire comment les habitants de Karachi
articulent les violences, qu’elles que soient leurs origines, à leur gestion du
quotidien [CERTEAU, 1990, p. XXXIX]. Il faut cependant remarquer que les
rares études consacrées à ces sujets ne concernent que les classes
moyennes.
Deux monographies sur Karachi se positionnent l’une par rapport à
l’autre dans une sorte de chiasme. L’une est en effet consacrée à la féminité
et à la paix, et l’autre à la masculinité et à la violence. L’étude de Ring est
consacrée à la fabrique de la paix au sein des femmes dans le quartier de
Clifton, alors que celle de Khan concerne la fabrique de la violence au sein
des hommes du quartier de Liaquatabad. Ces études ont cependant en
commun de se focaliser sur le problème ethnique au détriment des questions
religieuses, bien que quelques références y soient faites. Liaquatabad est un
des plus anciens quartiers mohajirs de Karachi. La question est simple :
comment des jeunes gens que rien ne distinguait sont devenus de
redoutables tueurs à gages ? L’étude de Khan met en valeur le fait que tous
les informateurs qu’elle a interviewés ont connu un traumatisme dans leur
enfance ou leur adolescence [KHAN, 2010]. On sait bien cependant que ce
facteur n’est pas suffisant : beaucoup de personnes qui ont été traumatisées
ne sont pas devenues pour autant des tueurs à gages. Un deuxième facteur
est constitué par les frustrations éprouvées en tant que mâle de la
communauté. Les valeurs fortement patriarcales de la société mohajire ont
également joué un rôle d’amplificateur de ces frustrations. Le troisième
facteur est la rencontre avec le chef charismatique du MQM, Altaf Hussain,
et la croyance aveugle en son message quasiment sotériologique des
années 1980.
Le quartier de Clifton est peuplé de classes moyennes d’origines
ethnique et sectaire diverses. Ces habitants se retrouvent malgré eux
confrontés à cette différence ethnique et religieuse. Laura Ring explique
comment chaque événement violent qui se produit dans la ville trouve un
écho dans l’immeuble à travers une traduction primairement ethnique. Les
stéréotypes qui opposent ici les Sindhis aux Mohajirs ressortent à travers
une expression des plus crues. Au-delà des stéréotypes communs qui
opposent les Mohajirs lettrés, modernes et urbanisés aux Sindhis ruraux,
ignorants et arriérés, les Sindhis ne sont pas considérés comme de vrais
musulmans. Ils sont restés englués dans les traditions hindoues. Les
Mohajirs pour leur part incarnent « l’islam authentique », celui qui a
permis, à partir des Provinces Centrales de l’Inde britannique, le
développement du nationalisme musulman en Inde qui a finalement donné
naissance au Pakistan.
Les nombreux a priori que les habitants du quartier entretiennent les uns
vis-à-vis des autres s’expriment également dans des circonstances amicales.
Ring déclare avec raison que ce dont il est question ici est « la place de la
religion dans sa relation au contexte culturel local ou régional du Pakistan »
[RING, 2006, p. 92]. En d’autres termes, on peut dire que la coexistence
pacifique du quotidien repose sur la négociation quasi perpétuelle
d’éléments culturels que telle ou telle situation dramatique, ou en tout cas
telle ou telle séquence de tension, laisse s’extérioriser. Ces scènes
dramatiques témoignent avant tout de la diversité culturelle de l’islam
pakistanais, et ce contre le discours officiel, qui fut et reste également celui
des Mohajirs, de l’existence d’un islam essentialisé, dépourvu d’un
enracinement, et donc d’une expression, dans une culture locale ou
régionale donnée. Ces exubérances verbales restent donc liées à une tension
ou à un drame qui se déroule à l’extérieur. Le reste du temps, une pratique
sans relâche des relations de voisinage permet en fait de réguler les
émotions.
DEUXIÈME PARTIE
La frontière,
lieu de conflits
Introduction
Le conflit
du Sahara occidental :
Maroc contre Algérie ?
La « Marche Verte »
Le roi Hassan II, pour proclamer de façon spectaculaire les droits du Maroc
sur le Sahara occidental et relever son prestige, fit organiser en
novembre 1975 une vaste manifestation (« la Marche Verte ») vers le sud, à
laquelle participèrent quelque 300 000 Marocains. Toutes les tribus
envoyèrent leurs représentants, qui furent encadrés par les membres des
diverses confréries religieuses. Celles-ci avaient joué un grand rôle dans
l’histoire du Maroc, et elles rappelèrent à juste titre qu’une des premières
grandes dynasties marocaines, celle des Almoravides qui, en 1062, fonda
Marrakech (d’où vient le mot Maroc), était venue du sud, des rives du
fleuve Sénégal. Elle fut l’organisatrice des fameuses « routes de l’or » qui,
au cours des dynasties suivantes (Almohade et Mérinide), firent encore,
durant des siècles et sous d’autres dynasties, la grandeur du Maroc. Bien
plus tard, au début du XXe siècle, arrivèrent de la Seguiet el Hamra les
combattants d’un djihad, celui de Ma Al Aïnin et de son fils El Hiba, qui
voulaient sauver le Maroc du protectorat, en l’occurrence de la domination
coloniale.
Cette « Marche Verte » avait été discrètement convenue avec les autorités
espagnoles (car le mouvement d’indépendance imaginé par Franco avait
avorté), mais elle ne franchit que symboliquement la frontière, car le vieux
dictateur, qui y était opposé, n’était pas encore mort. Quelques mois plus
tard, son décès ayant été proclamé, l’armée marocaine reprit la
« Marche Verte ». Mais, au lieu d’être accueillie en libératrice par la
population, elle se heurta aux combattants du Front Polisario qui s’était
constitué entre temps. Ceux-ci et nombre de tribus, après de vifs combats,
durent se réfugier en territoire algérien, près de Tindouf et, depuis cette
époque, n’ont cessé de faire preuve de pugnacité et d’une argumentation
plus démocratique que révolutionnaire. À l’origine, celle-ci n’était pas tant
le fait de nomades Réguibat que d’exilés marocains, militants
anticolonialistes de longue date. Leur rôle historique au Sahara espagnol est
rarement évoqué, mais leur présence est révélatrice des conséquences
indirectes que peuvent avoir dans des conflits des changements
géopolitiques lointains.
De l’Irak à la Syrie :
l’État islamique,
symptôme et fruit
de la remise en question
de l’ordre postcolonial
La réconciliation sunnite ?
Le « califat » nie les frontières contemporaines du Moyen-Orient, à savoir
celles issues de la Grande Guerre et du démembrement de l’Empire ottoman
il y a un siècle. L’œuvre de propagande des djihadistes parle pour eux : il
leur faut effacer la géographie née du projet colonial « croisé », notamment
des accords Sykes-Picot de 19166. Attaché aux symboles, l’État islamique
n’a pas fait main basse sur Mossoul par hasard : il s’agit, en effet, d’une
ville pétrolifère que Français et Britanniques s’étaient disputée au début du
XXe siècle. Al-Baghdadi exhorte au rejet de tout ce qui pourrait brider
l’extension de son projet, en l’occurrence la démocratie, la laïcité et le
nationalisme, qualifiés d’« ordures » de l’Occident. Les États créés
arbitrairement dans les années 1920 sont, à ses yeux, à l’origine du déclin
musulman et doivent laisser place à un panislamisme qui rassemblera tous
les sunnites sous une même bannière. Au-delà de l’Irak et de la Syrie, l’État
islamique possède de nombreux relais régionaux, qu’il s’agisse du Liban,
de la Turquie, de la Jordanie, de l’Égypte, du Golfe et ou de la Palestine.
Par cette projection, il compte damer le pion à sa concurrente historique,
Al-Qaida, en attirant vers lui les combattants du monde entier. Or, une
partie des insurgés sur le terrain et des tribus ne reconnaissent pas son
autorité.
Depuis le début de cette crise, le monde sunnite se trouve dans la
tourmente, tout partagé qu’il est entre l’euphorie de la « revanche », et par
conséquent une adhésion à l’État islamique, et l’effroi face aux effets
délétères de la contagion djihadiste. En Irak comme en Syrie, l’État
islamique se veut l’expression morbide d’un islam sunnite réprimé par les
régimes en place (qualifiés de « tyrannie ») et qui a donc pris la voie la plus
extrême du combat suite à l’échec des islamistes « modérés » – les Frères
musulmans, notamment. La progression spectaculaire du groupe a
bénéficié, en ce sens, du soutien ou de la passivité des populations qui
n’étaient plus disposées à défendre un leadership politique honni. Des villes
comme Fallouja ou Mossoul ont offert un environnement propice en raison
de la présence d’acteurs radicalisés en leur sein : les imams et tribus, dont
ceux qui s’étaient soulevés une première fois contre l’État islamique d’Irak
entre 2007 et 2008, puis avaient vu leurs revendications « trahies » par
l’armée américaine et le pouvoir central. Beaucoup, pourtant peu amènes
envers la doctrine rigoriste mise en avant par l’État islamique, ont préféré
revenir à la lutte armée, même au prix d’un rapprochement avec leurs pires
adversaires.
Est-il possible de ramener les Arabes sunnites irakiens vers Bagdad ?
L’un des obstacles à une contre-offensive coordonnée et efficace reste
l’absence d’une direction politique suffisamment forte et reconnue, apte à
offrir une alternative réelle7. Des figures comme le vice-président et ancien
président du Parlement Oussama al-Noujaïfi ou le vice-Premier ministre
Saleh al-Moutlak ont perdu de leur influence, tandis que les gouverneurs
des provinces sunnites ont dû fuir face à l’avancée des djihadistes, à l’instar
d’Athel al-Noujaïfi à Ninive. Quoique le gouvernement Abadi ait donné des
gages à la composante arabe sunnite pour la pousser à revenir dans le giron
de la capitale, les réactions sont contrastées.
Face à l’entreprise de l’État islamique, au gouvernement chiite dans
lequel ils ont perdu toute confiance et aux Kurdes, dans les territoires
disputés, nombreux sont ceux appelant à la formation d’une région
autonome dotée de prérogatives et de moyens propres. Ce penchant
régionaliste chemine depuis plusieurs années et s’est ostensiblement
accentué sous Al-Maliki. En juillet 2011, Al-Noujaïfi avait ainsi annoncé
que ses coreligionnaires étaient disposés à envisager une sécession
territoriale s’ils demeuraient ostracisés. Au mois d’octobre suivant, c’était
au tour de la province de Salahaddin d’exprimer son intention d’organiser
un référendum sur l’autonomie, bientôt suivie par Diyala. Un tel revirement
n’est par ailleurs pas étranger à certaines considérations financières et
énergétiques. De fait, une région autonome peut prétendre à une part plus
substantielle du budget fédéral conformément à la Constitution permanente.
Jusqu’en 2011, c’est le raisonnement opposé qui avait prévalu : les Arabes
sunnites restaient attachés à la centralisation du secteur pétrolier, craignant
d’être dépossédés des hydrocarbures qui ne sont pas situés dans leurs zones,
mais aux périphéries du pays. Cette autonomie, qui n’est pas sans susciter
de vifs débats, est-elle en l’état la seule option viable pour un « après-État
islamique » encore très hypothétique ?
Au-delà de l’Irak, l’État islamique divise tous les sunnites. En ayant
damé le pion à sa sœur aînée, Al-Qaida, il a tout d’abord causé d’importants
remous au sein de la mouvance djihadiste, plus spécifiquement en Syrie où
plusieurs factions ont qualifié son ambition de « nulle et non avenue ».
Du côté des tribus sunnites, alors que beaucoup s’étaient rangées auprès de
lui dans les débuts, tantôt par rancœur pugnace, tantôt dans l’espoir
d’un rééquilibrage local, nombreuses sont celles qui ont tourné casaque face
aux crimes massifs perpétrés par le groupe. Or ces tribus ont elles-même
perdu leur aura et restent partagées sur les instruments de la lutte et plus
encore sur sa finalité. Enfin, malgré leurs efforts soutenus pour contrecarrer
l’hégémonie iranienne au Moyen-Orient, les régimes sunnites vivent
aujourd’hui dans la torpeur. Alors que certains milieux ont longtemps
promu la cause sunnite par un appui militaire, logistique, humain et plus
encore financier aux formations armées les plus dures sur le terrain8, leurs
calculs sont à présent fondamentalement remis en cause. Pour cause, l’État
islamique les vise en les accusant de « corruption » politique et morale, de
« collaboration » avec l’Occident et d’« apostasie ».
Figure 7 L’expansion du territoire de Daech
Chapitre 7
EN OCCIDENT, le Caucase est surtout connu pour ses conflits. En effet, ces
derniers ont considérablement perturbé les premières années qui ont suivi la
chute de l’URSS et continuent de secouer la région de manière sporadique.
Localisés tant au Nord-Caucase, c’est-à-dire à l’intérieur des frontières de la
Fédération de Russie, qu’au Sud-Caucase (la Transcaucasie des Russes,
composée de l’Arménie, de l’Azerbaïdjan et de la Géorgie, indépendantes
de l’URSS depuis 1991), ces conflits sont très différents les uns des autres
et ont chacun des spécificités propres. Toutefois, ils ont aussi un certain
nombre de points communs.
Tout d’abord, ils se déroulent dans un même périmètre, relativement
réduit. Le nœud tchétchène, au nord, n’est éloigné que de 400 km environ
du Haut-Karabagh au sud (bien que le caractère escarpé du terrain et les
frontières fermées rendent le trajet routier très long). De même, les régions
conflictuelles du nord de la Géorgie, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, ne se
situent, en certains endroits, qu’à une centaine de kilomètres l’une de
l’autre. Les tensions sont d’ailleurs parfois transfrontalières, comme dans le
cas de l’Ossétie dont la partie nord, aujourd’hui russe, joue un rôle dans le
conflit opposant la partie sud à la Géorgie. Du reste, les quatre conflits
centraux ont pour terrain principal des hautes et moyennes montagnes (les
monts et piémonts du Caucase pour la Tchétchénie, l’Abkhazie, l’Ossétie du
Sud et les contreforts est du Petit-Caucase pour le Haut-Karabagh). De plus,
ils ont ceci en commun d’être postsoviétiques, tout en ayant des racines
historiques parfois anciennes. Enfin, bien que le paramètre ethnique et/ou
religieux ne soit pas la seule explication à ces conflits, il occupe en général
une place importante et joue souvent le rôle de catalyseur.
Le nœud tchétchène
À l’extrême sud de la Fédération de Russie, le Nord-Caucase est une
véritable mosaïque ethnique. Les groupes musulmans ont été – difficilement
et sur le tard – intégrés à la sphère russe (à la fin du XIXe siècle pour les
dernières poches de résistance), et ont souvent vécu des moments difficiles
à la période soviétique. Certains d’entre eux ont en effet été déportés par
Staline en Asie centrale en 1944, accusés de collaboration avec l’ennemi
allemand.
Le point de tension principal dans cette zone est la Tchétchénie, région
montagneuse du sud, dont les monts du Caucase, les plaines au nord,
traversées par le fleuve Terek et abritant la capitale Groznyi, et quelques
gisements et infrastructures pétroliers suscitent des convoitises. Au sortir de
la période soviétique, les autorités tchétchènes, menées par le général
soviétique Djokakh Doudaïev, et héritières d’une longue tradition de non-
soumission à la tutelle russe, dont les figures emblématiques, comme
l’Imam Chamil1 (1797-1871), demeurent très présentes dans l’imaginaire
collectif, déclarent leur indépendance de la Russie.
Après quelque temps d’hésitation, en pleine période de flou géopolitique
consécutif à la chute de l’URSS, Moscou, craignant la contagion aux
territoires alentours et même au-delà, décide de réagir. Les forces russes
(l’armée et les forces spéciales du ministère de l’Intérieur) passent à
l’offensive en décembre 1994. Après quelques semaines de conflit violent,
elles reprennent le contrôle de Groznyi, mais ne peuvent se défaire des
miliciens tchétchènes qui, soutenus par des mercenaires djihadistes venus
du monde entier, harcèlent, de leurs bases-refuges dans les montagnes, les
positions russes. À l’été 1996, les guérilleros tchétchènes reprennent même
Groznyi et parviennent à imposer une paix humiliante à la Russie, dont la
grande armée est empêtrée et connaît un revers majeur. Les pertes sont
lourdes de part et d’autre : plusieurs dizaines de milliers de morts, dont un
nombre important de civils. La Tchétchénie, sous le contrôle
d’Aslan Maskhadov (D. Doudaïev ayant été tué dans un attentat en
avril 1996), obtient une indépendance de facto mais demeure officiellement
au sein de la Fédération de Russie. Cette situation déplaît beaucoup à
Moscou et, tandis que la Tchétchénie, minée par la corruption et infiltrée
par des mouvements islamistes de plus en plus influents, se reconstruit avec
difficulté, une deuxième guerre, qualifiée d’« anti-terroriste » par le
Kremlin, est déclenchée par la Russie en 1999.
L’objectif pour le nouveau président russe, Vladimir Poutine, élu en
mars 2000, qui avait fait de la Tchétchénie un thème majeur de sa campagne
présidentielle, est de porter un coup fatal à la guérilla tchétchène dont les
éléments extrémistes islamistes, parfois venus et/ou soutenus par l’étranger,
sont accusés de perpétrer des attentats meurtriers au Caucase, ainsi que dans
toute la Russie. Ces islamistes ont aussi pour objectif d’établir un émirat au
Caucase, où la charia serait établie. Ils veulent également pratiquer des
incursions hors des limites de la Tchétchénie, en particulier au Daguestan
voisin. L’armée russe, employant les grands moyens (certaines sources
parlent de 80 000 soldats russes engagés dans les combats) parvient, après
plusieurs mois de combats acharnés, à rétablir son contrôle sur l’ensemble
du territoire tchétchène. La rébellion subit de lourdes pertes mais, sans
doute, plusieurs milliers de combattants sont-ils parvenus à se réfugier dans
les montagnes d’où ils mènent, jusqu’à aujourd’hui, des actions sporadiques
dans la région et des actes de terrorisme retentissants et meurtriers, dans les
grandes villes de Russie2.
Au plan politique, suivant une logique de « tchétchénisation » du conflit,
le Kremlin décide de s’appuyer au maximum sur un leadership local, lui
laissant une grande latitude pour peu qu’il lui prête allégeance et qu’il
jugule les rebelles islamistes qui subsistent. Le clan, ou teïp, qui émerge,
soutenu par Moscou, est celui dirigé par la famille Kadyrov, dont l’actuel
leader, Ramzan Kadyrov, est président de la petite république et a succédé à
son père, qui a péri en 2004 dans un attentat commandité par la rébellion
tchetchène. En dépit de l’autoritarisme de ce régime, et d’un taux de
chômage élevé, la Tchétchénie, détruite et dépeuplée par des années de
conflit, tente de se reconstruire avec l’aide de subsides venant de Moscou.
Amoindrie, notamment après la mort de l’un des chefs principaux, le
djihadiste Chamil Bassaïev, la rébellion, de moins en moins nationaliste et
de plus en plus islamiste, n’a toutefois pas été éradiquée. Au-delà de
l’indépendance de la Tchétchénie, son objectif clair est l’islamisation de la
région et d’entraîner le Nord-Caucase, doté depuis janvier 2010 d’un
représentant plénipotentiaire nommé par Moscou, dans une guérilla
généralisée.
Les principaux leaders de cette rebellion, dont certains étaient liés à Al-
Qaida, ont aujourd’hui fait allégeance à Daech, qui la soutient et a même
créé, en juin 2015, un « gouvernorat du Caucase3 ». La situation n’est pas à
son paroxysme mais « [l]e Caucase du nord-est un point faible de la Russie
et […] va le rester très longtemps. Ce sera un abcès durable4. »
La frontière
Mexique-États-Unis :
entre ouverture
et fermeture
La Bosnie-Herzégovine :
un enchevêtrement conflictuel
La question des conflits contemporains à propos des frontières en Bosnie-
Herzégovine est liée à l’histoire du nettoyage ethnique qui s’est opéré
durant la guerre de 1992-1995. Ce terme est ici compris comme une action
visant à créer des zones géographiques ethniquement homogènes là où des
populations diverses par leur religion ou leur nationalité se mêlaient. Cette
création de zones ethniquement homogènes s’est faite en Bosnie-
Herzégovine durant la guerre, par des moyens coercitifs (violence contre les
personnes, assassinats, destruction des maisons, terreur). La volonté de
séparer les personnes amène à créer des limites qui entourent ces territoires
et à dissuader la population « ennemie » de les franchir.
C’est à partir de la fixation de ces lignes de front que l’arrêt des combats
et des massacres a été négocié en 1995 entre les armées en présence. Les
accords de paix, signés à Paris le 14 décembre 1995, ont abouti à la
reconnaissance d’un État bosniaque composé de cantons, eux-mêmes
regroupés en deux territoires séparés par une limite, appelée « ligne de
frontière entre entités », Inter-Entity Boarder Line (IEBL). Les deux entités
sont la République serbe (Republika Srpska, prononcer Serbska), et la
fédération de Bosnie-Herzégovine, capitale Sarajevo, elle-même constituée
de deux sous-ensembles : la Bosnie-Herzégovine proprement dite et la
Bosnie croate. Ces accords ont permis la cessation des hostilités entre
Bosniaques, Croates et Serbes sous le contrôle de la communauté
internationale et des deux États précédemment impliqués dans le conflit
(Croatie et Serbie-Monténégro). On a donc, à l’intérieur de la Bosnie-
Herzégovine, une véritable ligne de front interne, l’IEBL.
L’incertitude sur la nature et la fonction des limites territoriales en
Bosnie-Herzégovine est sans doute la plus notable caractéristique de cet
espace. Une frontière nationale est non seulement une ligne séparant des
États mais aussi la limite à l’intérieur de laquelle la nation est suffisamment
homogène pour qu’il n’y ait pas de risque de conflit guerrier à l’intérieur de
l’État. La constitution des frontières linéaires européennes correspond à
l’émergence de sociétés nationales cohérentes, dont les citoyens partagent le
même ordre juridique ou divers ordres juridiques rendus compatibles entre
eux par consensus politique. En Bosnie-Herzégovine, un tel consensus
n’existe pas, pas plus qu’au Kosovo et dans d’autres territoires de la région.
Les trois peuples de Bosnie-Herzégovine parlent pourtant la même langue,
le serbo-croate (malgré quelques légères variantes), mais ils se
reconnaissent distincts par leur religion et leur histoire, liée à la religion et à
la façon dont ils se sont trouvés inclus dans de plus grands empires,
ottoman et austro-hongrois.
Le territoire de la Bosnie-Herzégovine
Le territoire de la Bosnie-Herzégovine apparaît sur des cartes très
anciennes. Il y eut un royaume (c’est-à-dire un roi de Bosnie) avant que ce
territoire ne soit intégré à l’Empire ottoman durant la deuxième moitié du
XVe siècle, puis à l’Empire d’Autriche-Hongrie de 1878 (occupation) ou
1908 (annexion) à 1918, avant d’être englobé dans le territoire du Royaume
des Serbes, Croates et Slovènes qui deviendra le Royaume de Yougoslavie
en 1929. C’est la raison pour laquelle certains, en Serbie ou en Croatie,
jugent que ces frontières ne sont pas des réalités internationales construites
par un État souverain, ce qui justifie à leurs yeux les projets et les actes de
guerre, comme le nettoyage ethnique, visant à changer ces frontières.
Pourtant, la frontière nord de l’eyalet de Bosnie-Herzégovine, territoire
administratif ottoman créé en 1580, fut dès la fin du XVIIe siècle une
frontière internationale, ou plutôt « inter-impériale », puisqu’elle séparait
deux empires. Fixée en majeure partie sur la rivière Save, elle date en effet
des traités passés entre les empereurs autrichien et ottoman pour s’accorder
sur les limites de leurs territoires respectifs.
Le traité de trêve de Carlowitz de 1699 stipule pour la Bosnie-
Herzégovine que « depuis l’embouchure du Bossuth (Bosut), qui se jette
dans la Save, jusqu’à l’embouchure de l’Unna (Una), qui se jette aussi dans
la Save, la partie de cette dernière rivière appartenant à l’empereur restera
en la possession de S. M., et l’autre partie sera possédée par l’empereur des
Ottomans. […] Les garnisons impériales en seront retirées et ledit territoire
restera entièrement libre de toute occupation […] ». Quand il n’y a plus de
cours d’eau pour départager les deux empires, leurs limites ont été bornées.
La population de la Bosnie-Herzégovine était multiconfessionnelle,
catholique, orthodoxe, musulmane, juive ; l’islam s’imposa au XVe siècle
comme religion dominante, ce qui amena de nombreux autochtones à se
convertir pour bénéficier des privilèges qui lui étaient associés. Les
musulmans vivaient, pour la plupart, dans les centres urbains et Sarajevo
devint l’une des principales villes balkaniques au XVIIIe siècle. On estime
qu’en 1789 la population se répartissait entre 265 000 musulmans,
253 000 orthodoxes, 79 000 catholiques. Le système du confessionnalisme
ottoman laissait à chaque communauté le soin de gérer ses affaires internes.
Au XIXe siècle, l’émergence dans les territoires voisins du nationalisme
serbe et croate se diffusa parmi les Serbes et les Croates de Bosnie-
Herzégovine où l’identification à ces deux nations se fit sur une base
confessionnelle : catholicisme et nationalisme croate, orthodoxie et
nationalisme serbe. Or il se trouve aussi qu’en 1577, date à laquelle les
Ottomans rétablirent le patriarcat de Pec (dans l’actuel Kosovo), le territoire
de l’orthodoxie serbe englobait la Bosnie-Herzégovine. Pour l’Empire
ottoman, il s’agissait d’utiliser l’église orthodoxe serbe afin de faciliter
l’intégration à l’empire des populations conquises. L’Église serbe se mettait
ainsi au service de l’Empire ottoman et celui-ci « portait sur les fonds
baptismaux la Grande Serbie future » [YÉRASIMOS, 1993]. Le vocable de
« nation serbe » couvrait l’ensemble des orthodoxes soumis à l’autorité des
patriarches serbes en même temps que les « non orthodoxes » restés sans
hiérarchie ecclésiastique. Les patriarches de Pec finirent par intégrer le
territoire du patriarcat sous la dénomination « terre serbe » [YÉRASIMOS,
1993]. Le patriarcat de Pec fut supprimé en 1766 ; il n’y eut plus que le
patriarcat de Belgrade.
En 1878, le congrès de Berlin consacra l’indépendance d’un royaume de
Serbie plus petit que l’État actuel et limitrophe de la Bosnie-Herzégovine
qui échut à l’Autriche. Les frontières entre l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-
Herzégovine et le Monténégro firent l’objet d’une démarcation minutieuse,
d’un bornage et d’accords bilatéraux [CHAVENEAU-LE BRUN, CATTARUZZA,
2005].
Avec l’annexion de la Bosnie-Herzégovine par l’Autriche-Hongrie, le
nombre de chrétiens augmenta considérablement par immigration (la
population de Sarajevo tripla en trente ans). La Constitution rédigée pour ce
territoire crée une assemblée représentative composée de 72 députés
répartis non seulement sur une base confessionnelle mais également
nationale pour les orthodoxes et les catholiques ; 31 sièges sont réservés
aux Serbes orthodoxes, 16 aux Croates catholiques, 24 aux musulmans, et
1 aux juifs.
En fonction de leurs revendications vis-à-vis de l’Autriche, les alliances,
rivalités et compromis entre les uns et les autres varièrent. L’opposition à la
domination étrangère fit germer l’idée d’union des Slaves du Sud qui
aboutit à la création du royaume de Yougoslavie. Celle-ci se fit à la faveur
de la refonte des frontières à la fin de la Première Guerre mondiale dont
l’élément déclencheur avait eu lieu, on s’en souvient, à Sarajevo. Le
28 juin 1914, c’est un militant serbe du mouvement Jeune Bosnie-
Herzégovine qui assassina l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche,
héritier du trône, en visite officielle à Sarajevo. Ce mouvement luttait contre
la domination autrichienne mais aussi pour la défense de l’idée d’une
grande Serbie. Il était lié à l’organisation clandestine serbe l’Union ou la
Mort, qui poursuivait l’objectif de « l’union du serbisme » dont, à leurs
yeux, la Bosnie-Herzégovine faisait partie.
Des frontières de l’Empire d’Autriche-
Hongrie aux limites internes
de la Yougoslavie
Le 28 mars 1850, un accord conclu à Vienne entre philologues croates et
serbes définit une langue serbo-croate. Les mouvements politiques pour
l’union des Slaves pour obtenir plus d’autonomie dans le cadre de l’Empire
austro-hongrois ayant échoué, c’est à la faveur de la Première Guerre
mondiale qui détruisit l’Empire d’Autriche que les partisans d’une telle
union parvinrent à un accord aboutissant à la proclamation, en 1918, du
Royaume des Serbes, des Croates et des Slovènes. Certains partis croates
n’approuvèrent pas cette création et poursuivirent leur dessein de Grande
Croatie. À l’assemblée parlementaire, les Serbes, alliés aux musulmans,
votèrent en 1921 en faveur d’une constitution unitaire et centralisée du
royaume. Les Serbes bosniaques furent rattachés au patriarcat de Belgrade.
À la suite de diverses crises, en janvier 1929, le roi Alexandre de Serbie
prononça la dissolution de l’assemblée, abolit la constitution, interdit les
partis politiques confessionnels et « tribaux ». Il suspendit également les
libertés publiques puis, en octobre, il rebaptisa son royaume « royaume de
Yougoslavie ». La nouvelle constitution de 1931 confirma l’interdiction de
partis « tribaux » ou confessionnels. Il refondit la carte administrative en
créant neuf régions, sans rapport pour la plupart avec les territoires
historiques de la région, et baptisées de noms de cours d’eau. La Bosnie-
Herzégovine, par exemple, fut divisée en quatre. Toutefois, la Yougoslavie
n’était pas une nation, ses frontières externes n’englobaient pas une société
cohérente et, en 1934, le roi fut assassiné par des opposants à sa politique.
Son successeur dut négocier avec les Croates pour aboutir au compromis du
26 août 1939, créant une Croatie autonome englobant une partie de la
Bosnie-Herzégovine actuelle, alors que le roi précédent avait proposé au
contraire, avant son coup d’État de 1929, un partage du royaume en deux
entités, croato-slovène et serbe (cette dernière incluant la quasi-totalité de la
Bosnie-Herzégovine, entre autre).
La Bosnie-Herzégovine fait donc l’objet de convoitises de la part des
nationalistes serbes et croates2 qui, d’une certaine façon, considèrent ce
territoire non comme une entité mais comme un reste de l’époque des
empires qui doit laisser place aux États-nations. La frontière nord de la
Bosnie-Herzégovine, même si elle a fait l’objet d’un traité international
(Carlowitz, 1699), n’est pas à leurs yeux celle d’un territoire reconnu
comme nation et peut, par conséquent, être modifiée sans atteinte aux règles
du droit international. Les Bosniaques musulmans réclamèrent pour eux
aussi une refonte des frontières internes du Royaume de Yougoslavie, et les
Serbes de Bosnie-Herzégovine le droit de faire sécession des territoires
croates ; mais ils ne furent pas entendus car ils avaient peu d’influence au
sein du royaume. On est donc sur des limites internes que les nationalistes
des différents peuples voient comme des frontières, ou voudraient
transformer en frontières, soit pour pouvoir être souverains, soit pour créer
un territoire sans menace intérieure pour ses habitants. La Seconde Guerre
mondiale radicalisa ces représentations.
L’armée d’Hitler envahit la Yougoslavie en avril 1941, qui fut alors
partagée entre l’Allemagne, l’Italie, la Hongrie, la Bulgarie et l’Albanie.
L’État indépendant de Croatie, vassal des forces de l’Axe, englobait la
Bosnie-Herzégovine et fut divisé en territoires administratifs, sans rapport
avec les anciennes limites internes ou frontières externes de la Bosnie-
Herzégovine, pour, de nouveau, faire table rase du passé. L’État croate
s’organisa selon les statuts de l’organisation révolutionnaire Oustacha,
proche des idéologies fasciste et nazie, rédigés en 1929 par un croate né en
Herzégovine, Ante Pavelic. La Seconde Guerre mondiale, après la victoire
allemande, fut une épouvantable guerre civile dans les Balkans. Les
Oustachis désignèrent les Serbes comme leur ennemi principal et le
gouvernement d’Ante Pavelic prit des mesures discriminatoires à l’encontre
des Juifs, des Tsiganes et des Serbes (interdiction de l’alphabet cyrillique,
fermeture des écoles orthodoxes, « brassard bleu frappé de la lettre P pour
Pravoslave (orthodoxe) » [MUDRY, 1999]) et mit en œuvre une politique de
massacres et d’arrestations de masse des Serbes vivant dans l’État croate.
Dans ce qui restait de la Serbie, un mouvement royaliste de résistance au
nazisme et aux Oustachis, les Tchetniks, s’organisa, ainsi qu’un mouvement
de résistance communiste, dirigé par Joseph Tito, croate par son père,
slovène par sa mère. Les Tchetniks commirent aussi des massacres contre
les civils musulmans du Sandjak de Novi Pazar [BOUGAREL, 1996], qui
sépare la Serbie du Monténégro. Les pratiques de nettoyage ethnique de
certaines zones dans le cadre d’une tactique locale ou d’une stratégie
territoriale d’ensemble (sans qu’on puisse dire précisément à quel niveau
étaient donnés les ordres) durant la Seconde Guerre mondiale laissèrent des
traces, ravivées lors des conflits des années 1990 [BOUGAREL, 1996].
Les partisans communistes furent les vainqueurs des combats qui
entraînèrent la déroute des forces de l’Axe et, après d’autres massacres,
imposèrent leur régime. La Yougoslavie titiste était fédérale. Les
républiques fédérées étaient théoriquement souveraines puisque la
Constitution leur donnait le droit de sécession. Les limites internes avaient
donc théoriquement une fonction de frontière plus nette que de simples
limites administratives dans un État unitaire, mais elles enveloppaient des
populations qui s’étaient terriblement combattues. La Bosnie-Herzégovine
fut rétablie dans ses frontières antérieures grâce à la mobilisation des
musulmans bosniaques. « Djilas, chargé de la question des nationalités au
Parti, estimant que la reconnaissance de cinq peuples yougoslaves
impliquait celle de cinq républiques fédérées, pas une de plus, voulut faire
(de la Bosnie-Herzégovine) une simple région autonome. Cependant, les
délégués bosniaques […] s’y opposèrent avec force et finirent par imposer
leur point de vue » [MUDRY, 1999].
En 1968, à l’initiative des communistes bosniaques, le groupe
« Musulman », écrit avec une majuscule pour le différencier de la
confession, fut reconnu comme une nouvelle nation yougoslave, ce qui le
mit sur un pied d’égalité avec les Croates et les Serbes en Bosnie-
Herzégovine. Or, divers mouvements nationalistes agitèrent les républiques
de la Yougoslavie communiste dans les années 1970, pour lesquels les
frontières de la Bosnie-Herzégovine posaient problème, en particulier chez
les nationalistes croates dont certains préconisaient à nouveau un
rattachement à la Croatie des régions peuplées en majorité de Croates. De
même, dans les années 1980, divers écrits firent réapparaître les projets de
Grande Serbie aux dépens de la Bosnie-Herzégovine. Mais le régime de
Tito n’étant pas une démocratie, les projets politiques autres que ceux du
parti communiste yougoslave n’avaient pas droit de cité, ce qui garantit une
paix réelle, mais superficielle, entre les peuples composant la République
yougoslave. Les conflits éclatèrent dix ans après la mort de Tito.
Les nationalismes
régionaux
Introduction
L’Espagne :
un État, des nations
COMME LA FRANCE, L’ESPAGNE est l’un des plus vieux États d’Europe. Ses
frontières ont été très anciennement fixées : celle avec la France date de
1659 (Traité des Pyrénées), tandis que celle avec le Portugal est encore plus
ancienne, puisqu’inchangée depuis 1297. Pourtant, paradoxalement, c’est
aussi l’un des États d’Europe où les nationalismes régionaux sont les plus
puissants. Dans le cas du Pays Basque, l’indépendantisme est source de
conflits violents. ETA (Euskadi Ta Askatasuna), organisation terroriste
créée en 1959 pendant le régime franquiste, a tué plus de 800 personnes
depuis la mort du dictateur et l’instauration de la démocratie en 1975.
La fragilité de l’unité espagnole a été l’une des causes de la guerre civile de
1936-1939 qui fit sans doute 500 000 morts et a abouti à la victoire du
général Franco puis à l’établissement d’un régime dictatorial durant trente-
sept ans.
Aujourd’hui, dans un système démocratique consolidé, on peut
s’interroger sur la façon dont un enchaînement d’événements pourrait
entraîner un éclatement de cet État, comme ce fut le cas en Tchécoslovaquie
et en Yougoslavie ou à une confrontation brutale entre les partisans de
l’unité et les partisans de la division. L’Espagne est toujours un lieu de
conflit. Mais de quoi l’intensité du conflit dépend-elle ?
L’Irlande :
un conflit multiséculaire
LE CONFLIT D’IRLANDE DU NORD est celui qui a fait le plus de morts en Europe
occidentale depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Entre 1969
et 2011, plus de 3 500 personnes y ont perdu la vie, soit quatre fois plus
qu’au Pays Basque. Les victimes sont des policiers, des militaires, des
paramilitaires catholiques dits républicains, favorables à l’union des deux
Irlande, des paramilitaires protestants dits loyalistes, favorables au maintien
de l’Ulster dans le Royaume-Uni, des civils fauchés par les bombes ou les
fusillades, brûlés dans les incendies des maisons cibles des cocktails
Molotov ou assassinés dans la rue comme représentant « anonyme » d’une
communauté religieuse. Le nombre des meurtres a considérablement
diminué chaque année depuis les accords de paix de 1998 ; toutefois, en
avril 2011, un policier catholique de vingt-cinq ans, Ronan Kerr, a été
abattu par le groupe paramilitaire républicain dissident Real IRA. En
novembre 2012, David Black, un gardien de prison, est tué par une
organisation paramilitaire républicaine appelée New IRA (fusion de la Real
IRA et d’autres organisations paramilitaires républicaines). D’autres
meurtres de civils ont lieu, mais il est parfois difficile de déterminer
lesquels sont liés au conflit nord-irlandais.
Ce conflit est également marqué par l’existence d’une grande violence
interne à chaque camp, du fait de leurs divisions et des rivalités opposants
différents groupes de paramilitaires, et parce que ces mêmes paramilitaires
font souvent justice eux-mêmes contre des délinquants présumés qu’ils
éliminent sans procès ou estropient à vie pour les punir. C’est donc un
conflit qui a beaucoup évolué depuis quarante ans.
Des nationalismes
régionaux faute d’État :
le cas du Kurdistan
Le nationalisme régional
de la Kabylie
Ce massif est ainsi devenu depuis quelques années, un repaire pour les
combattants islamistes, car il est non seulement proche d’Alger (150 km à
l’est), mais le relief permet de se dissimuler et de circuler discrètement
puisque c’est un enchevêtrement de falaises, de montagnes et de vallées
escarpées, aux versants couverts de forêts et truffés de grottes. Néanmoins,
la population kabyle reste dans sa majorité hostile aux terroristes islamistes
même s’il y a parmi eux des recrues locales.
Le danger qui guette le mouvement kabyle est de s’engager dans une
revendication d’indépendance, comme le prônent certains (pour une part,
d’anciens militaires). La manifestation d’un tel projet dresserait l’ensemble
des Algériens (y compris les Algérois d’origine kabyle) contre cette
revendication indépendantiste. Certes, la Grande-Kabylie compte 5 millions
d’habitants (et 2 millions de personnes d’origine kabyle seraient à Alger),
ce qui peut se comparer à la population de la Catalogne que certains
indépendantistes kabyles prennent souvent comme exemple. Mais le
territoire de la Grande-Kabylie est beaucoup plus petit que le territoire
catalan, et il n’a pas de ressources pour porter un État indépendant.
L’agglomération de Barcelone en pleine expansion compte 5 millions
d’habitants alors que Tizi-Ouzou n’en a que 140 000 et fort peu d’activités
économiques. Béjaïa (170 000 habitants) en a un peu plus, mais elle est
davantage en contact avec la Petite-Kabylie.
En revanche, autant l’indépendance semble une dangereuse illusion,
autant le développement d’une autonomie culturelle de la Grande-Kabylie
apparaît comme un projet raisonnable qui pourrait contribuer à redresser
l’image de l’Algérie au Maghreb, où se développe un mouvement pour la
reconnaissance de l’amazighité (amazirité), c’est-à-dire des cultures
berbères. Amazir veut d’abord dire « homme libre », mais certains récusent
le mot berbère qui viendrait du mot barbare donné par les Romains et les
Français aux hommes libres du Grand Maghreb. Les gens de l’Aures, les
Chaouïas, commencent à se soucier de leur identité culturelle et s’agacent
d’être souvent comparés aux Kabyles.
Au Maroc, où la population berbérophone est encore très majoritaire
dans les régions montagneuses, le choix de transcrire en caractères tifinars
touaregs la langue berbère (qui historiquement fut seulement orale) a pour
conséquence d’en réduire beaucoup la diffusion des textes et leur
signification. Le mouvement culturel kabyle est celui qui fait preuve du
plus grand dynamisme, car il s’appuie sur les quelques 2 millions de
Kabyles (ou d’origine kabyle) qui vivent en France.
Internet donne la possibilité de relations extrêmement étroites entre les
Kabyles de France et l’Algérie. Un très grand nombre de villages de
Grande-Kabylie ont désormais chacun un site qui permet d’échanger avec
des associations de culture berbère qui s’illustrent de façon exemplaire dans
les domaines de la littérature, de la philosophie, du cinéma, de la télévision
et de la chanson. On sait qu’au plan mondial, le culturel est devenu un des
nouveaux grands facteurs de production. L’essor culturel amazigh, sous sa
forme kabyle pour le moment, peut avoir un effet d’exemple sinon
d’entraînement pour le progrès de l’arabité.
QUATRIÈME PARTIE
La conquête
des ressources
Introduction
LES CONFLITS QUI PARAISSENT les plus logiques sont ceux dans lesquels les
protagonistes s’affrontent pour conquérir ou garder le contrôle de richesses.
Il y a alors une « bonne » raison de se lancer dans la bataille ; celle-ci n’est
d’ailleurs pas forcément armée et peut prendre des formes moins violentes
pour obtenir des résultats tout aussi positifs, par le biais, par exemple, de
réseaux d’influence, de la corruption, d’offres financières alléchantes, de
promesses d’investissement, etc.
Le risque de conflits, quelle qu’en soit la forme, est ainsi fortement
accentué par les possibilités de ressources, surtout si celles-ci sont très
recherchées. Selon l’économiste Philippe Hugon, « les relations entre
guerres et ressources naturelles ont conduit à une écologie politique de la
guerre analysant les guerres de ressources, environnementales, de pillages
ou de sécession liées aux ressources naturelles. Un État détenteur
d’hydrocarbures a neuf fois plus de risques d’être le théâtre de conflits
armés qu’un État qui en est dépourvu » [HUGON, in Hérodote, no 134, 2009].
La division du Soudan,
ou l’échec de la paix
américaine
Le Projet du Sud-Est
anatolien (GAP) :
conflits autour d’un projet
de développement
Turquie 88 % (*) 28 % 40 % 12 %
Syrie 12 % (*) 17 % – 2%
Irak – 40 % 51 % 52 %
Iran 9% 34 %
(*) Ou bien respectivement 98,5 % et 1,5 % selon que l’on considère que les affluents du fleuve
en Syrie (le Sajour, le Balikh et surtout le Khabur) sont syriens ou bien turcs (ils prennent leur
source en Turquie).
(**) Le total ne fait pas 100 % du fait des eaux souterraines en provenance d’Arabie saoudite.
Litiges insulaires
et enjeux géopolitiques
en mer de Chine du Sud
LA MER DE CHINE DU SUD couvre une surface de 3,5 millions de km2. Elle
s’étend sur près de 3 000 km, du détroit de Singapour au détroit de Taiwan
et est bordée par dix États : Chine, Taiwan, Philippines, Indonésie, Brunei,
Malaisie, Singapour, Thaïlande, Cambodge et Vietnam. À l’exception de
Taiwan, qui n’est pas représentée à l’ONU, tous ces États ont officiellement
adopté les principes de mer territoriale, de zone économique exclusive
(ZEE) et de plateau continental, définis par la Convention du droit de la mer
de 1982, pour délimiter leurs juridictions maritimes1. Pour autant, si de
nombreuses délimitations ont déjà été tracées dans les espaces de la plate-
forme de la Sonde, du golfe de Thaïlande et du golfe du Tonkin, il règne
encore dans une grande partie de la mer de Chine du Sud un
enchevêtrement de lignes de revendications au cœur desquelles figurent des
territoires insulaires dont la souveraineté est disputée par plusieurs États
riverains.
Ces litiges insulaires – notamment ceux des archipels Paracels et
Spratleys – font de la mer de Chine du Sud un point chaud, théâtre
d’escarmouches militaires, de provocations navales et d’arrestations de
pêcheurs. Au cours des années 2000, la tenue de pourparlers relatifs à la
mise en place d’un régime de coopération maritime, dans un contexte de
coopérations économiques et d’approfondissement des relations entre la
Chine et l’ASEAN (Association of Southeast Asian Nations), avait permis
un apaisement. Depuis le début des années 2010, les pays riverains, en
premier lieu la Chine, ont réaffirmé leur posture nationaliste sur la question
de la souveraineté des îles, faisant resurgir d’importantes tensions.
Qu’en est-il donc des revendications territoriales en mer de Chine du
Sud ? De quand datent-elles et quelle est la position de chacun des
protagonistes ? Parallèlement à cette question centrale de la souveraineté
des archipels et de leurs eaux environnantes, d’importants enjeux
économiques (pêche, hydrocarbures) et stratégiques (sécurisation des voies
maritimes, projection de la puissance navale) s’ajoutent et peuvent tout
autant, de manière conjointe ou séparée, exacerber, apaiser ou neutraliser
ces litiges. Au total, la mer de Chine du Sud reste une région sous haute
surveillance où s’expriment d’importantes rivalités géopolitiques, non
seulement entre les pays riverains mais aussi entre la Chine et les États-
Unis.
La question de la souveraineté
Bien que certains des protagonistes tentent encore de justifier une
possession longue et continue des îles Paracels et Spratleys par des
découvertes archéologiques ou des textes anciens, la question de leur
souveraineté n’émerge véritablement que dans la première moitié du
XXe siècle. Elle est surtout le résultat de rivalités entre les puissances
coloniales, notamment la France et le Japon. Avant cette période, la mer de
Chine du Sud est déjà une importante voie de passage du commerce
maritime où circulent non seulement des marchands originaires de l’Empire
chinois et des nombreux royaumes sud-est asiatiques qui ont cohabité ou se
sont succédé sur ses rives (Funan, Angkor, Sri Vijaya, Ayutthaya, Champa,
Melaka, etc.), mais aussi des marchands coréens, japonais, indiens, perses
et arabes. Les îles Paracels et Spratleys sont alors principalement perçues
comme des sources de danger pour la navigation et ne sont aucunement
revendiquées ou disputées par les États de la région à une époque où le
concept de souveraineté nationale n’existe pas.
Ce dernier apparaît plus tard avec l’établissement des empires coloniaux
britanniques et français en Asie du Sud-Est. Du milieu du XIXe au milieu du
XXe siècle, la mer de Chine du Sud constitue surtout un enjeu pour quatre
puissances extérieures à la région : France, Grande-Bretagne, États-Unis et
Japon. Dans ce contexte, les îles deviennent progressivement une source
d’intérêts, d’abord économiques puis militaires. En 1877, les Britanniques,
à qui l’on doit le toponyme de « Spratleys », prennent possession de deux
îles pour y exploiter du guano. Ils sont imités dans les années 1920 par des
entreprises japonaises installées à Taiwan. L’expansion de la puissance
japonaise en Asie orientale dans les années 1930 pousse la France, à partir
de sa colonie indochinoise, à revendiquer les Paracels et les Spratleys et à y
établir quelques installations permanentes. La rivalité franco-japonaise
tourne finalement à l’avantage du Japon qui s’empare des deux archipels et
les rattache administrativement à sa colonie taïwanaise. En 1939, les
Japonais établissent une présence militaire dans les Spratleys et
commencent, après en avoir expulsé les Français, la construction d’une base
sous-marine sur l’île d’Itu Aba. L’armée japonaise utilise ensuite ces îles
comme plate-forme pour l’invasion des Philippines en 1942. À partir de
cette date, le Japon demeure la puissance dominante en mer de Chine du
Sud et ce, jusqu’à sa défaite en 1945.
Après la Seconde Guerre mondiale, la question de la souveraineté des
archipels Paracels et Spratleys s’inscrit dans le double contexte de la
décolonisation et de la guerre froide. La Conférence de San Francisco de
septembre 1951 constitue un tournant. Si elle confirme bien que le Japon
renonce à tout droit, titre et revendication sur ces îles, elle ne règle pas en
revanche la question de leur souveraineté. Il s’ensuit dès lors un vide
politique et juridique dont les États riverains de la mer de Chine du Sud
tentent de profiter. De leur côté, les États-Unis, principale puissance de la
région durant la guerre froide, restent neutres dans le litige. Ils ne sont pas
vraiment intéressés par ces îles et cherchent surtout à préserver la liberté de
navigation et à prévenir l’émergence de toute puissance hostile.
Deux nouveaux facteurs interviennent ensuite au tournant des
années 1970 : le pétrole et le droit de la mer. La perspective de trouver du
pétrole fournit une nouvelle motivation aux États dans leur quête de
souveraineté. Dans le même temps, les principes de ZEE et de plateau
continental garantissent aux États des droits exclusifs sur l’exploitation des
ressources marines jusqu’à une distance maximale de 200 milles marins,
pour la ZEE, et de 350 milles marins, pour le plateau continental, ce qui
redonne une valeur importante aux îles. Ces deux facteurs provoquent
rapidement une bousculade dans la délivrance de concessions pétrolières et
une exacerbation des revendications, doublée d’une véritable course à
l’occupation.
À partir de la fin des années 1980 et durant une bonne partie de la
décennie 1990, le contexte est marqué par l’émergence de la Chine, qui
profite alors des retraits soviétique et américain et accélère sa
modernisation militaire. En face, l’ASEAN se consolide et s’élargit avec les
intégrations de Brunei en 1984 et du Vietnam en 1995. Elle devient
progressivement un acteur de poids dans le litige et s’inquiète de la posture
plus affirmée, voire plus agressive, de la Chine qui estime avoir des droits
historiques en mer de Chine du Sud et considère les formations insulaires
qui s’y trouvent comme des parties intégrantes de son territoire.
Le pétrole au delta
du Niger, une ressource
vecteur de conflit
LES EAUX DU DELTA DU NIGER dans le golfe de Guinée sont devenues, avec
114 attaques en 2008, les plus dangereuses du monde après celles situées au
large de la Somalie (désormais largement pacifiées grâce aux marines
européenne et asiatique). Ce chiffre a grandement diminué, passant de 91 en
2009 à 58 en 20101, mais la situation semble se dégrader à nouveau et le
périmètre des attaques ne cesse de s’élargir pour atteindre des pays aussi
lointains que l’Angola au sud de la zone ou la Guinée au nord-ouest du
golfe de Guinée. En 2013, une centaine de tentatives dans cette zone élargie
ont encore été signalées et repertoriées par les spécialistes et la tendance ne
pousse pas à l’optimisme2. Si une partie des acteurs de ces violences,
principalement des citoyens nigérians, appelés « militants », sont porteurs
de revendications politiques en direction de leurs dirigeants nationaux, une
grande partie d’entre eux profitent du chaos pour s’adonner à des activités
illégales comme le vol et la revente de pétrole nigérian.
Ces « militants » ont clairement identifié deux cibles : l’État fédéral et
les compagnies pétrolières. En effet, le Nigeria est un « mastodonte
énergétique », membre de l’Organisation des Pays exportateurs de pétrole
(OPEP) depuis 1971, avec une production de 2,2 millions de barils par jour
(bpj), qui fait de lui le premier producteur du continent (deuxième en termes
de réserves). Quant au gaz, le Nigeria en produit depuis le début des
années 1970 : 35 milliards de mètres cube par an, troisième rang du
continent (premier pour les réserves). Cette région est d’autant plus un
enjeu mondial que le golfe de Guinée dans son ensemble3 est devenu une
priorité géopolitique pour les États-Unis après les attentats du 11 septembre
2001 à New York, qui leur permet de moins dépendre du golfe Persique. En
2009, le Nigeria pourvoyait déjà, à hauteur de 700 000 bpj de brut, les
États-Unis4, ce qui faisait de lui leur premier client devant la Belgique,
l’Inde, le Brésil et l’Espagne. Cependant, du fait des importantes
découvertes de pétrole de schiste aux États-Unis, la première puissance
économique du monde a totalement cessé d’acheter du pétrole nigérian
depuis 2015. Cela modifie en profondeur sa relation avec l’Amérique5.
La totalité de l’exploitation des hydrocarbures au Nigeria se situe dans la
région du delta du Niger (40 % sont produits en on shore et 60 % en
off shore) qui regroupe les trois principaux États du pays producteurs de
pétrole : Rivers, Delta et Bayelsa ainsi que les six autres États producteurs
de pétrole de moindre importance : Abia, Akwa Ibom, Cross River, Edo,
Imo et Ondo. L’ensemble compte 40 millions d’habitants pour une
population totale de 170 millions d’habitants. Compte tenu de l’importance
économique du Delta, le pétrole pourvoit à 80 % des réserves en devises du
pays. Le président a un conseiller spécial chargé de cette région et c’est
seulement depuis novembre 2007 qu’un ministère lui est consacré alors que
le Delta est une zone conflictuelle depuis près de vingt-cinq ans. Les raisons
du mécontentement de la population sont nombreuses : peu ou pas
d’électricité, pollutions continues empêchant les pêcheurs de travailler,
pluies acides liées au torchage du gaz, etc. Enfin, problème clé, la
répartition des revenus pétroliers est jugée très injuste par la population du
Delta.
Paradoxalement, depuis le début de la production pétrolière en 1958, le
pays dans son ensemble ne s’est pas du tout enrichi, les Nigerians se sont
même appauvris : en 1971, le PIB par habitant était de 382 dollars dont
103 de revenus pétroliers ; en 2000, les revenus pétroliers par habitant
étaient de 170 dollars et pourtant le PIB global par parité de pouvoir d’achat
est passé en dessous du niveau de celui de 1971 [CHEVALIER, AOUN, 2007].
Comment la montée des violences dans le Delta s’est-elle opérée ? Qui
en sont leurs auteurs depuis le début des années 1990 ? Leur mode
opératoire et leur message ont-ils changé ? Même si c’est un problème
désormais régional, c’est bien depuis le Nigeria que les pirates partent,
comment l’État nigérian tente de répondre à ce fléau qui a des
conséquences importantes pour l’économie de tous les États de la région du
golfe de Guinée ?
Le MEND ou la professionnalisation
du combat contre l’État et les compagnies
La création en 2006 du Movement for the Emancipation of the Niger Delta
(MEND) marque une nouvelle étape dans la stratégie de revendication. Le
MEND est le premier mouvement d’ampleur qui ne se réclame pas d’une
ethnie en particulier mais de tous les habitants de la région du Delta. Il se
veut inclusif pour gagner en puissance et visibilité. Le mouvement affirme
sa radicalité : « Notre but est de détruire entièrement la capacité du
gouvernement à exporter du pétrole ». Le MEND lutte également pour que
la terre appartienne aux habitants et que la redistribution des revenus
pétroliers soit revue. En s’attaquant aux infrastructures pétrolières, il veut
contraindre l’État à négocier. Le MEND a été une sorte de nébuleuse, telle
Al-Qaida : certains de ses membres participent à des actions en son nom
puis reprennent ensuite leur autonomie. La première attaque du MEND date
de janvier 2006 : neuf salariés de la société para-pétrolière italienne Saipem
sont assassinés.
Grâce à des moyens provenant notamment du trafic de pétrole brut, le
MEND a disposé d’importantes capacités d’action : bateaux rapides,
armements lourds… Comme une partie de ses membres ont été ou sont
dans l’armée, ces combattants sont bien entraînés. Le MEND a fait sauter
des oléoducs et des gazoducs, attaque les usines de liquéfaction… Ces
attentats ont arrêté chaque fois la production pendant plusieurs semaines,
voire plusieurs mois. Certains sont même très ciblés car des militants
travaillent aussi pour les compagnies pétrolières et savent précisément quels
sont les points névralgiques à toucher. Des zones où les pétroliers se
sentaient auparavant en sécurité, comme dans l’off shore, ont été attaquées.
Le 2 juin 2006, lors de l’attaque d’une plateforme de la société pétrolière
norvégienne Statoil, seize personnes sont kidnappées. Le 20 juin 2008, des
bateaux rapides attaquent la plateforme de Bonga (produisant plus de
200 000 bpj), située à 120 km des côtes. En septembre 2008, après plusieurs
bombardements de l’armée nigériane contre des villages où seraient cachés
des militants, le MEND lance la mission « Barbarossa » : plusieurs dizaines
d’attaques font à nouveau plonger la production pétrolière et gazière,
jusqu’au cessez-le-feu du 27 septembre 2008, rompu le 30 janvier 2009. Le
25 février 2009, une nouvelle étape est franchie : un hélicoptère
transportant des civils est détruit en vol. Désormais, plus aucun espace
(maritime, terrestre, aérien) n’est sûr. Le 11 juillet 2009, le MEND sort du
Delta en lançant sa première attaque à la bombe dans la capitale
économique du pays, Lagos. Il monte encore d’un cran sa capacité de
nuisance avec l’attentat du 1er octobre 2010 à Abuja, la capitale fédérale, au
beau milieu de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance. L’un des
isntigateurs de cet attentat, Henry Okah, est en prison depuis 2011 en
Afrique du Sud où il a été interpellé.
Le but immédiat des activités du MEND au Nigeria a été atteint : la
production d’hydrocarbures plonge. Certains jours de 2009, elle est même
divisée par deux. Entre 2008 et 2009, la production gazière baisse de 29 %,
passant de 35 à 25 milliards de mètres cubes par an. On assiste dans le
même temps à l’explosion des budgets sécurité des sociétés pétrolières.
Dennis Amachree, le chef de la sécurité d’Addax (une des sociétés actives
dans le Delta), estime en février 2009 à 3,5 milliards de dollars les budgets
sécurité des sociétés pétrolières de la région pour l’année 2007 (primes
d’assurance, employés, mesures de sécurité en général), et à plus de
3 milliards de dollars les pertes en pétrole.
La régionalisation de la violence
Les militants nigérians du delta du Niger sont désormais devenus des
mercenaires qui voyagent aussi en dehors de leur pays pour « gagner leur
vie ». La violence s’étend ainsi à d’autres pays de la région du golfe de
Guinée. C’est le cas du Cameroun où 70 personnes ont été tuées et
50 kidnappées depuis 2004. En outre, les violences se multiplient depuis la
rétrocession de la péninsule de Bakassi9 par le Nigeria en août 2008. Les
Bakassi Freedom Fighters (BFF), d’origine nigériane, militent pour que la
population de cette péninsule (peuplée de 50 000 personnes à 95 %
nigérianes) d’environ 1 000 km2 s’autodétermine pour être rattachée au
Nigeria. Ce mouvement n’accepte pas la domination camerounaise et le
contrôle de sa police sur la péninsule sur laquelle ils ont toujours vécu et
pêché. Dès le 31 octobre 2008, quinze salariés de Total, dont six Français,
sont kidnappés par les militants du BFF. Ils seront libérés dix jours plus tard
en échange d’une rançon. Les BFF veulent faire pression sur les autorités
camerounaises. Mais, depuis 2009, les BFF – dont le nombre n’a jamais
dépassé la centaine de membres –, n’ont pas revendiqué d’actions. Certains
d’entre eux ont été mis en prison, d’autres ont certainement accepté
l’amnistie au Nigeria qui leur propose depuis 2009 un salaire (400 dollars
par mois) en échange de l’arrêt des violences, sans que cela ne fasse cesser
le vol de pétrole et la piraterie.
Enfin, un petit noyau de radicaux a créé un autre mouvement : l’Africa
Marine Commando (AMC) qui organise depuis 2010 des enlèvements
d’équipages de bateaux étrangers, sans but politique affiché, « travaillant »
uniquement pour l’argent. Le dernier kidnapping de l’AMC remonte au
7 février 2011 où 13 Camerounais ont été enlevés puis libérés le 17 février
contre une rançon de 320 000 euros. Depuis 2012, plus aucune
revendication de ce groupe. L’armée camerounaise stationnée en masse sur
Bakassi est parfois aussi liée à ces kidnappings10. Il est désormais certain
que « l’industrie » du rapt a fidélisé les membres de ces groupes qui
s’intéressent désormais bien moins à l’agriculture et à la pêche.
En Guinée équatoriale, une tentative de coup d’État a lieu le
18 février 2009. Des commandos très bien préparés arrivent à Malabo grâce
à huit bateaux rapides. Le but de l’expédition est clairement de prendre la
présidence. Si certains militants du Delta ont probablement été recrutés
pour les besoins de l’attaque, plusieurs d’entre eux parlent la même langue,
le Haoussa (une des principales langues du Nigeria). L’expédition a
probablement été commanditée en dehors du Nigeria : la rentabilité de la
piraterie et des actes de kidnapping occupent des Nigérians qui n’ont, de
toute façon, pas de travail sur place. Ils sont donc tentés de vendre leur
« savoir-faire » dans d’autres régions et pays du golfe de Guinée.
Israël-Palestine :
un conflit d’une
exceptionnelle complexité
La Bible et la géographie
Le terme d’Israël, plus exactement Eretz Israël, la Terre d’Israël (Israël
serait le surnom de Jacob après son combat avec l’ange), désigne dans
l’Antiquité la partie déjà principale (grâce aux pluies) d’Eretz Israël,
c’est-à-dire la Terre promise aux Hébreux dans la Bible il y a environ
4 000 ans, et dont ils durent faire la conquête sur les Cananéens
(descendants de Canaan, petit-fils de Noë, comme l’étaient aussi les
Phéniciens). La Bible donne une description très précise de cette
conquête des plateaux de Judée et de Samarie (Cisjordanie), situés au
nord de celui de Galilée qui domine le lac de Tibériade d’où sort le
Jourdain. Ces descriptions bibliques sont d’une grande importance
géopolitique car c’est sur elles que disent, aujourd’hui, se fonder les
groupes religieux israéliens qui prétendent s’emparer de lieux qui sont
habités et cultivés depuis des siècles par des Arabes, qu’ils soient
chrétiens ou musulmans. En revanche, le texte sacré évoque de façon
nettement plus vague les étendues arides d’Eretz qui s’étendaient
beaucoup plus largement vers l’est jusqu’à l’Euphrate pour les tribus
pastorales des Hébreux.
Les Philistins figurent déjà dans les écrits d’Hérodote. Ce peuple mal
connu et sans doute non sémite, était dans la plaine côtière le voisin
occidental des Hébreux, mais aussi son grand adversaire, comme le
rappelle l’histoire du combat de David contre Goliath. Sur les plateaux
de Samarie, le roi David, il y a 3 000 ans, fit de Jérusalem, qu’il avait
pris aux Cananéens, la capitale des Hébreux en y apportant l’Arche
sainte. Son successeur Salomon y fit bâtir le premier Temple, qui fut à
plusieurs reprises détruit par des envahisseurs et rebâti par les Hébreux.
Ils passèrent plus tard, avec le roi Hérode, sous le contrôle de l’Empire
romain et Jésus-Christ de Nazareth en Galilée fut crucifié à Jérusalem il
y a 2 000 ans. C’est l’empereur de Rome, Hadrien, qui dénomma
Palestine le territoire situé entre la côte et la vallée du Jourdain (yarden
en hébreu, urdunn en arabe), et c’est aussi lui qui décida de disperser les
Juifs dans l’empire pour mettre fin à leurs fréquentes révoltes et à leurs
luttes intestines.
Chrétiens et musulmans
C’est le premier empereur chrétien, Constantin, de Byzance, qui fit
construire au IVe siècle plusieurs basiliques à Jérusalem qui devint ensuite
un grand centre de pèlerinage chrétien. En 637, les Arabes musulmans
prirent Jérusalem, cité chrétienne. Ils la considéraient eux aussi comme
une ville sainte, et le calife omeyade Abd el Malik y fit bâtir le Dôme du
Rocher (mosquée d’Omar) à l’emplacement du Temple de Salomon ; la
mosquée Al Aqsa (d’où le Prophète Mohamed sur son cheval serait
monté au ciel) fut ensuite construite sur cette esplanade des mosquées
(200 x 400 mètres) qui domine le Mur dit « des Lamentations »
(appellation du XIXe siècle), qui est pour les Juifs le lieu le plus saint.
Cette juxtaposition sur un espace aussi restreint de lieux chargés d’aussi
grandes valeurs religieuses a aujourd’hui de grandes conséquences
géopolitiques dans le contexte du conflit israélo-arabe.
Jérusalem ayant été prise aux Arabes par les Turcs Seljoukides en 1071,
la première croisade de chrétiens d’Occident fut lancée en 1096 pour
libérer de la domination musulmane la Palestine, la Terre sainte et le
tombeau du Christ. Les Croisés s’emparent de Jérusalem en 1099 où ils
massacrent la population juive qui s’y trouve encore (soi-disant pour la
punir d’avoir tué le Christ), et fondent un « royaume chrétien de
Jérusalem » d’où ils seront chassés au XIIIe siècle par la contre-offensive
musulmane dirigée par Saladin, un chef kurde turquisé. Les pèlerins
chrétiens pourront revenir à partir du XIVe siècle, sans pour autant être
très actifs à Jérusalem. La ville fait partie de l’espace syrien (Damas) qui,
à partir du XVIe siècle, devient jusqu’au début du XXe siècle une
circonscription de l’Empire ottoman.
C’est surtout depuis le conflit israélo-arabe que les musulmans, et surtout
ceux de Palestine, accordent une si grande importance à Jérusalem qu’ils
appellent Al Qods et à la mosquée Al Aqsa. En revanche, les chrétiens du
monde entier n’ont plus une telle ferveur géopolitique pour Jérusalem.
Le cyberespace, un champ
d’affrontement géopolitique
BIEN LOIN DU PACIFIQUE VILLAGE GLOBAL rêvé par les utopistes au tout début
de l’Internet, le cyberespace est désormais perçu à la fois comme une
menace et une ressource dans la plupart des conflits géopolitiques
contemporains. Pour les armées de nombreuses nations, dont la France, il
est même devenu un enjeu stratégique majeur et un champ de confrontation
à part entière. Cette représentation laisse peu de place à la vulnérabilité,
pourtant intrinsèque au cyberespace, et encourage le renforcement des
capacités défensives et le développement d’un véritable arsenal offensif et
de commandements militaires spécialisés.
Or le cyberespace représente un véritable défi stratégique. Contrairement
aux autres domaines militaires que sont la terre, la mer, l’air et l’espace, ce
milieu, né de l’interconnexion globale des systèmes d’information et de
communication, n’est pas un milieu naturel. Il est entièrement façonné par
l’homme et surtout en reconfiguration rapide et permanente. C’est donc un
domaine difficile à appréhender et encore plus à représenter, en raison de sa
géographie complexe et changeante, et pour part intangible. On ne sait pas
encore très bien ce qu’est un terrain militaire dans le cyberespace, et il
n’existe pas vraiment de cartes d’état-major du cyberespace.
C’est aussi un milieu dans lequel les paradigmes stratégiques classiques
comme la dissuasion, la riposte, l’anticipation ou encore le contrôle des
armes ne sont pas directement transposables, en raison de ses spécificités
propres. Les cyberattaques sont particulièrement difficiles à anticiper, à
détecter, à attribuer, à contrer, à qualifier et à décourager. La réponse
stratégique ou tactique est ainsi particulièrement complexe à élaborer et à
mettre en œuvre, tout comme la coopération internationale dans la
résolution des crises et la conduite des opérations militaires.
Le cyberespace présente de nouvelles menaces sécuritaires mais aussi de
nouvelles opportunités (surveillance, espionnage, manipulation de
l’information) pour les États comme pour les groupes non étatiques, les
dissidents, les criminels, les entreprises, les individus. Les activités
transfrontières qu’il facilite représentent un défi à l’exercice des pouvoirs
régaliens par les États, confrontés à un enchevêtrement de juridictions qui
contraint leur action. Enfin et surtout, les enjeux politiques, économiques,
militaires et démocratiques sont complètement entremêlés et difficilement
dissociables car les réseaux sont partagés entre la société civile, les
gouvernements et les entreprises1. La rupture stratégique est telle qu’elle
oblige à adapter les règles d’application du droit international et repenser
les cadres de la sécurité collective.
Jusqu’à récemment, ces questions, perçues comme très techniques,
étaient aux mains d’une communauté d’experts de culture scientifique. Les
révélations en cascade sur les pratiques offensives des États, notamment par
Edward Snowden à partir de juin 2013, et la multiplication de cyberattaques
de plus en plus sophistiquées et médiatisées les ont fait entrer avec fracas
dans la sphère politique, médiatique et stratégique. La prolifération des
conflits géopolitiques pour, dans et par le cyberespace, rend sa
compréhension désormais incontournable dans l’analyse des conflits du
monde contemporain.
Qu’est-ce que le cyberespace, la cyberguerre, les cyberconflits ? Quels
en sont les ressorts et les enjeux ? Comment assurer la sécurité collective
à l’ère des réseaux informatiques ?
L’exploitation du cyberespace
par les stratèges russes
Les Russes ont démontré un véritable savoir-faire dans la manipulation des
outils cyber et une certaine maturité dans leur intégration à leur stratégie
politique, économique et militaire. Ils seraient passés maîtres dans l’art de
la guerre hybride, qui combine la guerre conventionnelle, le recours aux
opérations spéciales, la guerre informationnelle et les cyberattaques. Lors
de l’intervention en Ukraine en 2014, les services russes auraient utilisé leur
excellente connaissance des réseaux pour infiltrer les systèmes
d’information et de communication et récolter des informations
stratégiques. Ils sont soupçonnés par le gouvernement ukrainien d’être à
l’origine des pannes de courant qui ont plongé 700 000 foyers de l’ouest de
l’Ukraine dans le noir en décembre 2015, après que des malwares6 ont été
retrouvés dans le réseau d’alimentation électrique7. Si elle est avérée, cette
attaque serait une première du genre.
En octobre 2015, des navires russes ont été repérés à plusieurs points du
globe manœuvrant à proximité des câbles sous-marins qui transportent
l’essentiel du trafic Internet, suscitant la nervosité des militaires et officiers
du renseignement américains qui redoutent une attaque sur ces
infrastructures critiques8 en cas de tensions ou de conflit ouvert9. Les
officiels américains ont coutume de saluer les compétences techniques
russes en matière offensive en disant : « Tout ce qu’on sait faire, les Russes
savent le faire aussi10. » Les attaquants russes seraient particulièrement
habiles pour masquer leurs traces et développer un arsenal très sophistiqué
(techniques d’intrusion, virus, outils de chiffrement et de déchiffrement,
etc.).
Mais c’est d’abord et avant tout l’héritage soviétique en matière
d’organisation humaine et d’art de la manipulation psychologique qui
distingue les offensives russes dans le cyberespace.
Les attaques émanent ainsi rarement directement des agents qui
s’abritent derrière des « proxies » qui mènent les attaques pour leur compte,
à savoir des hackers individuels ou appartenant à des groupes organisés de
type mercenaires ou mafias. Si certains recherchent le profit, beaucoup sont
aussi animés de motivations politiques et idéologiques et se considèrent
comme des « hackers patriotes. » L’attaque contre l’Estonie en 2007 a ainsi
été revendiquée un groupe de jeunes pro-Kremlin – revendication qui reste
invérifiable – lié à l’organisation « Nashi », créée par Vladimir Poutine
mais financée par des entrepreneurs russes et indépendante du
gouvernement11.
Les hackers russes utilisent des techniques d’« ingénierie sociale »
particulièrement sophistiquées pour mener à bien leurs attaques. Elles
consistent par exemple à récolter des informations sur une personne par des
voies multiples (sources ouvertes, renseignement, socialisation au club de
gym ou via les réseaux sociaux), puis la manipuler pour arriver à pénétrer
un réseau ou un ordinateur. La plus grande vulnérabilité des systèmes est
souvent le facteur humain. Les attaquants réussissent à se faire passer pour
quelqu’un ou usent d’astuces psychologiques pour gagner la confiance d’un
utilisateur et le pousser à cliquer sur une pièce jointe contenant un malware,
insérer une clé USB infectée dans son ordinateur ou révéler ses codes
d’accès.
Enfin, ces techniques s’insèrent dans une approche beaucoup plus
globale du cyberespace, où la guerre d’influence fait rage. Contrairement
aux pays européens, la Russie – comme la Chine d’ailleurs – a développé
ses propres réseaux sociaux et moteurs de recherche qui proposent des
contenus politiques, culturels et linguistiques à destination de la Russie et
son étranger proche, reconstituant ainsi dans le cyberespace la zone
d’influence soviétique12. Le pouvoir russe mène des opérations d’influence
et de propagande particulièrement poussées afin de dérouter ses ennemis,
discréditer ses adversaires et susciter l’adhésion populaire à ses opérations
militaires et politiques.
Des liens complexes entre le public
et le privé
Les opérations offensives susceptibles de dégénérer en conflit ouvert ne se
limitent toutefois pas aux actions entre États, car le secteur privé est
omniprésent dans le cyberespace. Et c’est sans doute là un changement de
paradigme essentiel dans le domaine de la défense. Les opérateurs privés
ont développé et possèdent l’essentiel de l’infrastructure de l’Internet. Près
de 90 % des ordinateurs dans le monde opèrent sous un système développé
par Microsoft, qui se trouve, de fait, un opérateur clé pour détecter le trafic
suspect, prévenir et contrer les attaques. Mais surtout, la surface d’attaque
ne cesse d’augmenter en raison de la dépendance croissante aux réseaux
informatiques et les vecteurs d’attaques sont bien trop nombreux pour que
les États puissent faire face seuls. Ils s’appuient de plus en plus sur le
secteur industriel pour développer les techniques, les outils mais aussi les
services pour défendre leurs systèmes et leurs infrastructures vitales,
majoritairement opérées par le secteur privé.
Les réseaux informatiques sont partagés entre les militaires, les civils et
les entreprises, et les mêmes techniques peuvent servir à des attaques
stratégiques comme à de l’espionnage économique ou de la criminalité. Le
nombre de cyberattaques est en expansion continue et les services de l’État
sont dépassés par le nombre. Ils concentrent leurs investigations sur les
attaques qui visent des cibles sensibles ou utilisent les techniques les plus
sophistiquées, et qui produisent un impact majeur avec un effet stratégique.
Les partenariats entre les secteurs public et privé sont donc essentiels pour
défendre efficacement le territoire.
Le secteur privé développe aussi des outils offensifs (exploits, outils de
surveillance, etc.), que les États acquièrent mais que les entreprises utilisent
aussi parfois pour défendre plus agressivement leurs réseaux. La difficulté à
protéger les données personnelles des cyberattaques et prévenir le vol de
propriété intellectuelle ou le secret des affaires a ouvert la voie à tout un
marché lucratif de la cyberdéfense « active », une version plus musclée de
la cybersécurité aux contours flous à en juger par la prolifération de
définitions contradictoires. D’après les enquêtes menées auprès des
entreprises, la pratique du « hack back », qui consiste à retourner l’arme
contre l’adversaire pour identifier l’attaquant et répondre, serait courante,
même si elle est illégale dans la plupart des pays. Les pratiques des États
évoluent également dans un sens où la distinction entre les pratiques
défensives et offensives s’estompe au profit de l’objectif final de sécurité.
La complexité des liens public-privé dans le domaine est
particulièrement bien illustrée par le problème de l’exportation des
technologies de surveillance intrusive. Développées par le secteur privé, ces
techniques sont utilisées par une multitude d’acteurs (gouvernements,
entreprises, individus, groupes politiques) pour collecter des données
personnelles sur l’Internet. Un rapport de l’Union européenne souligne les
risques d’abus, une fois que ces technologies auront franchi les frontières de
l’UE et donc sa zone de juridiction13. Elles font aussi l’objet de discussions
dans le cadre des Accords de Wassenaar de 1996 sur la réglementation des
exportations d’armes conventionnelles et des biens et technologies à double
usage.
Enfin, le secteur privé est non seulement une ressource mais aussi une
cible dans les attaques entre États. Le gouvernement américain anticipait
depuis des années le risque d’une attaque sur des sites gouvernementaux ou
des infrastructures vitales. L’offensive contre Sony Pictures en novembre
2014, attribuée par le FBI à la Corée du Nord, est arrivée comme une
surprise monumentale14. Il a d’ailleurs fallu plusieurs semaines à la Maison
Blanche pour qualifier l’attaque contre l’industrie majeure du
divertissement comme un acte de « cybervandalisme », un terme à
consonance plus dramatique que « cybercrime » mais qui reste sous le seuil
de la guerre. Le président Obama a toutefois déclaré en personne que cette
attaque majeure conduirait à des représailles, dont certaines seraient visibles
et d’autres non. L’Internet coréen a par la suite subi une coupure de
plusieurs heures, une démonstration de force claire, bien que non
revendiquée par les États-Unis.
Ce cas illustre l’extrême entremêlement des enjeux. S’attaquer à des
infrastructures critiques très bien protégées demande des ressources
importantes. Cibler une entreprise comme Sony Pictures ou TV5Monde est
beaucoup plus abordable pour une multiplicité d’acteurs et peut provoquer
un retentissement médiatique planétaire au service d’un effet stratégique.
Les entreprises sont ainsi soumises à des risques de criminalité,
d’espionnage ou de sabotage de la part de tous types d’acteurs, y compris
des États. Elles peuvent être la cible de rivalités de pouvoir géopolitiques
(attaques, dénigrement, terrorisme) et subir par ailleurs les dégâts
collatéraux des pratiques ou des politiques gouvernementales, notamment la
perte de confiance de leurs utilisateurs liées à la surveillance intrusive.
La gestion du risque cyber pour les entreprises doit ainsi s’inscrire dans une
approche globale du risque, qui inclut le risque géopolitique. Pour les États,
la surface d’attaque n’en est que plus importante, d’autant que ces attaques
peuvent émaner non seulement d’acteurs étatiques mais aussi d’acteurs non
étatiques, dont le comportement est d’autant moins prévisible.
Conclusion
Le cyberespace est ainsi devenu un champ d’affrontements géopolitiques
mais aussi un vecteur d’attaque et d’influence, et même un enjeu de ces
conflits. Il est essentiel de retenir qu’il ne s’agit pas d’un territoire virtuel
mais bien d’une dimension nouvelle des conflits géopolitiques. Les
cyberconflits et la cyberguerre ne se déroulent pas en dehors du contexte
géopolitique de leurs protagonistes. Ils résultent de l’action des êtres
humains pris dans des rivalités de pouvoir sur leur territoire, qui utilisent le
cyberespace comme outil de puissance tout en s’exposant à ses
vulnérabilités.
La plupart des conflits ont aujourd’hui une dimension cyber en raison de
l’omniprésence des systèmes informatiques interconnectés dans tous les
outils de nos sociétés, tous les équipements de nos armées et dans tous les
aspects de notre vie sociale, économique et politique. Pour comprendre les
conflits dans le monde, il est dès lors indispensable pour les géographes de
se forger une culture sur les questions cyber, car elles occupent une place de
plus en plus grande dans tous les conflits géopolitiques et deviennent partie
prenante de l’analyse géographique. Mais il est aussi indispensable
d’étudier la géographie du cyberespace et les dynamiques spécifiques des
cyberconflits comme un champ d’études à part entière, malgré les multiples
défis techniques et méthodologiques auxquels il faut faire face, car c’est
désormais un domaine hautement stratégique.
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Abadi, Haïdar al- 1, 2
Abbas, Mahmoud 1, 2, 3, 4, 5
Adams, Gerry 1
Ahmadinejad, Mahmoud 1
Akhmetov, Rinat 1
Akol, Lam 1
Al-Nosra (Front) 1, 2, 3
Al-Qaida 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI) 1, 2, 3, 4
Allawi, Iyad 1
Amachree, Dennis 1
Arafat, Yasser 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Arana y Goiri, Sabino 1
Aref, Abd-es-Salam 1
Armée islamique du salut (AIS) 1
Armia Krajowa (armée) 1
Asari Dokubo, Mujahid 1
Assad, Bachar el- 1, 2, 3, 4, 5
Assad, Hafez el- 1
Atatürk, Kemal 1
Ateke, Tom 1
Aznar, José María 1
B
Baas (parti) 1, 2, 3
Baghdadi, Abou Bakr al- 1, 2, 3
Baghdadi, Abou Omar al- 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Balfour, Arthur 1, 2, 3
Baloch, Uzair Ali 1
Baradar (Mollah) 1, 2
Barak, Ehoud 1, 2, 3, 4, 5
Barzandji, Mahmoud 1, 2
Barzani, Massoud 1, 2
Barzani, Mustafa (mollah) 1, 2
Bassaïev, Chamil 1
Béchir, Omar el- 1
Begin, Ménahem 1, 2, 3
Beltrame, José Mariano 1
Ben Bella, Ahmed 1, 2
Ben Gourion, David 1, 2, 3
Ben Laden, Oussama 1, 2, 3
Bernadotte, Folke 1
Bhutto, Zulfikar Ali 1
Bildu (coalition) 1
Black, David 1
Blair, Tony 1, 2
Blanc, Christian 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Blanco, Carrero 1
Boko Haram 1
Boudiaf, Mohamed 1
Boumédiène, Houari 1, 2, 3, 4, 5
Braouezec, Patrick 1, 2
Breadsted, James 1
Bush, George W. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
C
Cardoso, Fernando Henrique 1
Carter, Jimmy 1
Chamil, Imam 1, 2
Chevardnadze, Edouard 1
Clinton, Bill 1, 2, 3, 4, 5
Cloma, Tomas 1
D
Dacoit, Rehman 1, 2
Dallier, Philippe 1
Danforth, John 1
De Gaulle, Charles 1
Delanoë, Bertrand 1, 2, 3
Devedjian, Patrick 1, 2
Doudaïev, Djolakh 1, 2
E
Erdoğan, Recep 1, 2, 3, 4
Euskal Herritarrok (coalition) 1
F
Favier, Christian 1
Fayçal (roi) 1, 2
Fazullah, Maulana 1
Foucher, Michel 1, 2
Fraga, Manuel 1
Franco (général) 1, 2, 3, 4, 5, 6
G
Garang, John 1, 2, 3, 4, 5, 6
Gaudin, Jean-Claude 1
Gildchrist, Jim 1
Gorbatchev, Mikhaïl 1
H
Hachémi, Tarek al- 1, 2
Hadj, Messali 1, 2, 3, 4
Hajer, Abu 1
Hamas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20
Hanotin, Mathieu 1
Hassan II 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Herri Batasuna (parti) 1, 2
Hertzel, Théodore 1, 2
Hess, Moses 1
Hezbollah 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Hidalgo, Anne 1, 2
Hitler, Adolf 1, 2, 3, 4
Hollande, François 1, 2
Huchon, Jean-Paul 1, 2, 3, 4
Huntington, Samuel 1
Huseini, Amin al- 1, 2, 3, 4
Hussain, Altaf 1
Hussein (roi) 1, 2, 3
Hussein, Saddam 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
I
Ianoukovytch, Viktor 1, 2
Iouchtchenko, Victor 1
Issawi, Rafi al- 1, 2
Iztetbegovic, Alija 1
J
Jinnah, Muhammad Ali 1
Jobim, Nelson 1, 2
Jonathan, Goodluck 1, 2, 3, 4, 5
Joulani, Abou Mohammed al- 1
K
Kabila, Joseph 1
Kabila, Laurent-Désiré 1, 2, 3, 4
Kader, Abd el 1, 2
Kadyrov, Ramzan 1
Karoutchi, Roger 1
Kemal, Mustafa 1, 2
Kerr, Ronan 1
Khmelnitski, Bohdan 1
Khrouchtchev, Nikita 1, 2, 3
Kiir, Salva 1, 2, 3
Kolomoïski, Ihor 1
Kosciusko-Morizet, Nathalie 1
Koutchma, Leonid 1, 2
L
Lacoste, Yves 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Lebranchu, Marylise 1, 2
Leroy, Maurice 1
Ligue arabe 1, 2, 3, 4, 5
Likoud (parti) 1, 2, 3
Lula da Silva, Luis Inacio 1
M
Machar, Riek 1, 2, 3, 4, 5
Maghribi, Abu Abdullah al- 1
Maï-Maï (groupe de miliciens) 1, 2, 3
Malik, Abd el 1
Maliki, Nouri al- 1, 2, 3, 4, 5, 6
Mammeri, Mouloud 1, 2, 3
Maras (gang) 1
Maskhadov, Aslan 1
Mbeki, Tabo 1
Mehsud, Baitullah 1
Meir, Golda 1
Meng Jianzhu 1
Mercier, Michel 1
Milosevic, Slobodan 1, 2
Mitchell, George J. 1
Mitee, Ledum 1
Mladic, Ratko 1
Mokrani, Cheikh El 1
Mollet, Guy 1
Moubarak, Hosni 1, 2, 3, 4
Moutlak, Saleh al- 1
Muhammad, Sufi 1
N
Nasser, Gamal abd el 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Netanyahou, Benjamin 1, 2, 3
Niemeyer, Oscar 1
Nikolić, Tomislav 1
Nimeiri, Jaafar 1, 2
Noujaïfi, Oussama al- 1, 2
O
Obama, Barack 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Obasanjo, Olusegun 1, 2, 3
Obaydallah (Mollah) 1
Ocalan, Abdullah 1, 2, 3
Olmert, Ehoud 1
Olony, Johnson 1
Omar (Mollah) 1, 2, 3
organisation État islamique (Daech) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32,
33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47
Oumarov, Dokou 1
Özal, Turgut 1
P
Padilha, José 1, 2
Paisley, Ian 1
Pavelic, Ante 1
Pécresse, Valérie 1, 2
Pentagone 1
Pinto, Luiz Paulo 1
Polisario (Front) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Poutine, Vladimir 1, 2, 3
R
Rabin, Ishak 1, 2
Romney, Mitt 1
Rothschild, Edmond (de) 1, 2
S
Saakachvili, Mikhaïl 1
Sadate, Anouar el- 1, 2, 3, 4
Sarkozy, Nicolas 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Saro-Wiwa, Ken 1
Sharon, Ariel 1, 2, 3, 4, 5, 6
Sinn Fein 1, 2, 3
Snowden, Edward 1, 2, 3
Staline, Joseph 1, 2
Sykes, Mark 1
T
Talabani, Jalal 1, 2, 3, 4, 5
Tchiang Kaï-shek 1
Thatcher, Margaret 1
Tito, Josip Broz 1, 2, 3, 4
Tourabi, Hassan el- 1, 2, 3, 4, 5
Tudjman, Franjo 1, 2
Turnowksi, Allan 1
Tymochenko, Ioulia 1, 2
W
Wilson, Pete 1
X
Xi Jinping 1
Z
Zarqawi, Abou Mousab al- 1, 2
Zawahiri, Ayman al- 1
Ziya ul-Haqq, Muhammad 1
Index des lieux
A
Abkhazie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Abuja 1, 2, 3
Abyei 1, 2, 3
Adıyaman (Dpt) 1
Addis-Abeba 1, 2, 3, 4, 5
Aden (golfe) 1
Adjarie 1, 2, 3
Afghanistan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Afrique noire 1
Afrique subsaharienne 1, 2, 3
Al-Anbar 1, 2
Alger 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21
Algérie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52
Allemagne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17
Ankara 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Arabie saoudite 1, 2, 3, 4, 5, 6
Aragon 1, 2, 3, 4
Argentine 1, 2
Arizona 1, 2, 3, 4
Arlit 1
Arménie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Asie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Atatürk (barrage) 1, 2, 3, 4, 5, 6
Azerbaïdjan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
B
Bagdad 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Balkans 1, 2, 3, 4, 5, 6
Barcelone 1, 2, 3, 4
Belfast 1, 2, 3, 4, 5, 6
Belgique 1, 2, 3, 4, 5
Belgrade 1, 2, 3
Bénin (golfe) 1
Bethléem 1
Beyrouth 1, 2, 3, 4, 5, 6
Biélorussie 1
Bilbao 1
Biscaye 1
Bosnie-Herzégovine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17,
18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36,
37, 38, 39, 40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55,
56, 57, 58, 59, 60, 61, 62, 63, 64, 65
Bouzaréa 1
Brcko 1, 2
Brésil 1
Bruxelles 1
Burundi 1, 2, 3
C
Californie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Cameroun 1, 2, 3, 4
Caspienne (mer) 1
Catalogne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Caucase 1, 2
Chine 1
Cisjordanie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Ciudad Juarez 1
Clichy-sous-Bois 1
Colorado 1, 2
Congo 1
Constantine 1
Corée du Nord 1, 2
Corée du Sud 1
Corse 1, 2
Crimée 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Croatie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Cyberespace 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19,
20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31
D
Daghestan 1, 2, 3
Dar-es-Salaam 1
Darfour 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Deir-Ez-Zor 1
Derry/London Derry 1, 2, 3, 4, 5
Diyala 1, 2, 3
Diyarbakır (Dpt) 1
Djurjura 1, 2
Dniepr 1, 2, 3
Dnipropetrovsk 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Donbass 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Donetsk 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Dubai 1
Dublin 1, 2
Écosse 1, 2, 3, 4, 5
Égypte 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32
E
Erbil 1, 2, 3
Érythrée 1
Espagne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24
Estonie 1, 2, 3, 4, 5, 6
État islamique en Irak et au Levant (EIIL) 1
États-Unis 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58,
59, 60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68, 69, 70, 71, 72, 73, 74, 75, 76, 77,
78, 79, 80, 81, 82, 83, 84
Éthiopie 1, 2, 3, 4
Euphrate 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
F
Fallouja 1, 2, 3, 4
Figuig 1
Flandre 1, 2
France 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50
G
Galice 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Galicie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Gaza 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34
Géorgie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16
Gibraltar (détroit) 1
Golan 1, 2, 3, 4
Golfe 1
Goma 1, 2, 3, 4, 5, 6
Guangdong 1, 2
Guinée (golfe) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
H
Hassaka 1
Hatay (Sandjak d’Alexandrett) 1
Haut-Karabagh 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Haut-Nil 1, 2, 3, 4
Hébron 1, 2, 3, 4
Homs 1
I
Ifrane 1, 2
Île-de-France 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Inde 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Ingouchie 1, 2, 3
Irak 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40, 41,
42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57
Iran 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24, 25, 26
Irlande du Nord 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19
Islamabad 1
Israël 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58, 59,
60, 61, 62, 63, 64, 65, 66, 67, 68
Italie 1, 2, 3, 4, 5, 6
Ituri 1, 2, 3, 4
J
Jaffa 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Japon 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Jérusalem 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54, 55, 56, 57, 58,
59
Jordanie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Juba 1, 2, 3, 4, 5, 6
K
Kabardino-Balkarie 1, 2, 3, 4
Kabylie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Kandahar 1
Kano 1, 2
Karachi 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33
Katanga 1
Kazakhstan 1
Keban (barrage) 1, 2, 3
Khartoum 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18
Khyber Pakhtunkhwa 1, 2
Kiev 1, 2, 3, 4, 5, 6
Kigali 1, 2, 3
Kimberley 1
Kinshasa 1, 2
Kirkouk 1, 2, 3, 4, 5, 6
Kisangani 1, 2
Kivu 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24, 25
Kobané 1
Kosovo 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Kouriles (îles) 1, 2
Kurdistan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17
L
La Défense 1, 2
Le Caire 1
Liban 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20
Libye 1, 2, 3, 4, 5, 6
Lituanie 1, 2, 3, 4, 5
M
Macédoine 1
Maghreb 1, 2, 3, 4, 5
Mahabad 1
Malacca (détroit de) 1, 2, 3
Malaisie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Malakal 1, 2, 3
Mali 1, 2, 3, 4, 5, 6
Maroc 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25
Marra (jebel) 1, 2
Marrakech 1
Marseille 1, 2, 3
Mauritanie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7
Méditerranée 1, 2, 3, 4, 5, 6
Mer morte 1, 2
Mexique 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Mexique (golfe) 1
Moldavie 1
Monténégro 1, 2, 3, 4, 5
Montfermeil 1
Moscou 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Mossoul 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Moyen-Orient 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
N
Nairobi 1
Naplouse 1, 2
Navarre 1, 2, 3
Ndjamena 1
Neguev 1
Nevada 1, 2
New York 1, 2, 3, 4
Niger 1, 2, 3, 4, 5, 6
Niger (delta) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Nigeria 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19
Nil 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Ninive 1, 2, 3, 4
Nouakchott 1
Nouba (monts) 1, 2, 3, 4, 5
O
Orante (détroit) 1
Ormuz (détroit) 1
Ossétie 1
Ossétie du Sud 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
Ossétie du Nord 1, 2, 3
Ouganda 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10
P
Pakistan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Palestine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20,
21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39,
40, 41, 42, 43, 44
Paracels (archipel des) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Paris 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21, 22,
23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32
Pays Basque 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
Philippines 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Pologne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Posavina 1
Proche-Orient 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Q
Qatar 1
Quetta 1, 2, 3
R
Ramadi 1, 2
Ramallah 1, 2
Ramciel 1
Raqqa 1, 2, 3
Republika Srpska (République serbe de Bosnie) 1, 2
République démocratique du Congo (RDC) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11,
12, 13
Rif 1, 2
Rio de Janeiro 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
Rio de Oro 1, 2, 3, 4, 5, 6
Rio Grande 1, 2, 3, 4
Royaume-Uni 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13
Russie (Fédération de) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17,
18, 19, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36,
37, 38, 39, 40
Rwanda 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12
S
Sahara occidental 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Saint-Denis 1, 2
Salahaddin 1, 2, 3
San Diego 1, 2
Sandjak de Novi Pazar 1
São Paulo 1, 2
Save (cours d’eau) 1
Seguiet el Hamra (canal rouge) 1, 2, 3, 4, 5
Seine-Saint-Denis 1, 2, 3, 4, 5
Sénégal 1, 2, 3
Sénégal (fleuve) 1, 2, 3, 4
Sétif 1
Sinaï 1, 2, 3, 4, 5
Sorek 1
Soudan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21
Souleimanye 1
Spratleys (archipel des) 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17,
18
Srebrenica 1
Swat 1, 2, 3, 4
Syrie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41, 42, 43, 44, 45, 46, 47, 48, 49, 50, 51, 52, 53, 54
T
Taiwan 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14
Tallinn 1
Taurus 1, 2, 3
Tbilissi 1, 2, 3, 4, 5
Tchad 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Téhéran 1
Tel Aviv 1, 2, 3, 4, 5
Terek 1
Texas 1, 2, 3, 4
Tigre 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Tijuana 1
Tindouf 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11
Tizi-Ouzou 1, 2, 3
Tucson 1
Turquie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37, 38, 39, 40,
41
U
Ukraine 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36
Union européenne 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18,
19, 20, 21
URSS 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19, 20, 21,
22, 23, 24, 25, 26, 27, 28, 29, 30
Utah 1
V
Valence 1, 2, 3
Volhynie 1, 2, 3, 4
W
Washington 1, 2
Wau 1
Waziristan 1, 2, 3, 4
Y
Yougoslavie 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11, 12, 13, 14, 15
Table des figures