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Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Introduction :
La géopolitique a suscité une multitude de définitions, et bien que
rattachée aux sciences humaines, sociales ou politiques, elle ne dispose pas
d’une méthode strictement définie. Si elle n’a pas de méthode générale, c’est
que l’analyse géopolitique dépend de la combinaison d’une multitude de
facteurs (politiques, économiques, géographiques, démographiques,
ethnologiques, sociologiques, etc.), différents d’un enjeu à l’autre, d’une étude
de cas à l’autre. En outre, une analyse géopolitique bien conçue impose un esprit
critique permanent. C’est souvent le point qui pose le plus de difficulté à la
personne qui souhaite mener une analyse géopolitique, d’où l’intérêt d’une
méthode objective afin d’éliminer une approche arbitraire et parcellaire. Pour
cette raison, il devient souhaitable de dégager une méthode géopolitique
applicable aux enjeux géopolitiques. L’exercice est possible si l’on ne remet pas
en cause la crédibilité de la géopolitique en tant que science et savoir, si on en
voit l’intérêt dans le fait que c’est une méthode d’analyse capable de prendre en
compte la complexité en s’appuyant sur des analyses multidisciplinaires à
plusieurs échelles, d’espaces et de temps. Il n’est pas question ici de proposer
une méthode géopolitique universelle applicable à l’ensemble des enjeux
géopolitiques. Il s’agit simplement et sans prétention aucune de donner des
étapes à suivre dans l’utilisation des outils de la géopolitique.

Une méthode
La méthode de l’analyse géopolitique impose de respecter plusieurs étapes
absolument nécessaires à la compréhension d’un enjeu donné. Ces étapes
peuvent être menées successivement ou simultanément.
A. Identifier et délimiter le ou les enjeux
En géopolitique, l’enjeu est source de tension, de crise, de conflit, voire de
guerre, dont la cause peut-être diverse et multiple :
- Lutte pour le contrôle d’espaces et de territoires (mers, îlots
maritimes, route d’accès, routes de transit, etc.);
- Rapport de forces autour d’un tracé de frontière (tracé mal accepté,
mur, enclave, etc.);
- Lutte pour la détention des ressources naturelles et énergétiques
(pétrole, gaz, eau, minerais, bois, etc.);
- Affrontement autour de stratégies économiques incarnées dans un
territoire (mondialisation, effacement de l’État, flux financiers,
flux de marchandises, nouveaux lieux de production, etc.);

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- Risque menaçant des espaces et des territoires (changement


climatique, problèmes environnementaux, risque démographique,
épuisement des ressources, croissance des inégalités, crime
organisé, etc.);
- Affrontement autour de particularités culturelles (langue, religion,
exception culturelle, ethnie, mode de vie, organisation sociale,
etc.);
- Contrôle des discours, des représentations associées à des
territoires, afin de mobiliser des populations dans le cadre du jeu
politique ;
B. Identifier l’espace ou le territoire
Si la géopolitique n’est pas déterministe, le territoire et l’espace dans
lequel il s’inscrit reste néanmoins au cœur de l’approche et le point de départ de
l’analyse. La connaissance du territoire traité constitue donc une étape
essentielle et nécessaire.
- Situation géographique (favorable/défavorable);
- Caractéristiques physiques (avantages/inconvénients);
- État des frontières (limite territoriale, politique et juridique);
- État des ressources (présences /absences);
- Caractéristiques démographiques (urbains, ruraux, déséquilibre
structurel, émigration, immigration, etc.);
- Systèmes politiques ;
- Activités économiques ; etc.
C. Identifier les acteurs internes et externes
Les acteurs qui interviennent sur la scène locale, nationale et
internationale ne cessent de se multiplier, et l’un des traits dominants depuis la
fin du monde bipolaire et unipolaire est l’émergence d’acteurs intra-étatiques
(municipalités, provinces), trans-étatiques (constructions régionales,
multinationales, bailleurs de fonds) et non-étatiques (ONG, groupes de pression
politiques ou religieux, organisations criminelles). Les acteurs sont plus
nombreux que dans le passé et ils interfèrent de multiples manières. Il importe
de ne pas oublier que l’État n’est pas le seul acteur possible en géopolitique.
Toutes les communautés et organisations politiques (communes, régions,
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institutions supra-étatiques, communes territoriales à diverses échelles) agissent


également, dès lors qu’on prend en compte leurs capacités ou compétences à
raisonner, mais surtout à agir sur le territoire qu’ils gèrent ou sur lequel ils
opèrent. Il en va de même des groupes sociaux, à commencer par les sociétés,
comprises comme une population sur un territoire donné, dont les
représentations ne coïncident pas nécessairement avec celles de l’État englobant.
Les groupes constitués et les composantes d’une société, minorités ethniques,
minorités sociales, groupes de pression, les entreprises, les acteurs socio-
économiques produisent, dès lors que leurs activités se déploient sur un
territoire, des représentations de ce territoire et peuvent souhaiter des
changements dans la façon dont celui-ci est organisé, changements qui peuvent à
leur tour heurter les intérêts ou les représentations d’autres groupes. La méthode
géopolitique peut permettre de mettre en évidence les stratégies de prise de
contrôle d’un territoire par différents groupes d’acteurs, qu’ils soient internes ou
externes. Cette prise de contrôle ne se comprend qu’en fonction des objectifs
spécifiques de ces acteurs, et ne se traduit pas forcément par un contrôle
politique.
D. Identifier les différents niveaux d’échelles
L’analyse d’enjeux géopolitiques faisant intervenir des acteurs aux
identités multiples et présents à différentes échelles, il devient impossible
d’étudier ce phénomène en le situant à un seul niveau d’analyse, à une seule
échelle. Il devient absolument nécessaire d’utiliser l’analyse multiséculaire,
permettant un aller-retour permanent entre les différents niveaux d’analyse,
entre les différents espaces et territoires, selon l’échelle la plus pertinente pour
analyser les territoires dans lesquels s’inscrivent les activités et les
représentations de chacun des acteurs. L’étude des enjeux géopolitiques peut
être classée en trois grandes catégories :
- L’étude de l’apparition des conflits des groupes sociaux et
ethniques aux intérêts divergents à l’échelle locale ou nationale,
c’est-à-dire à l’intérieur d’un seul et même pays, d’une région,
d’une ville ou d’un quartier;
- L’analyse des conflits entre entités souveraines, entre États ;
- L’examen de conflits opposant différents blocs géopolitiques,
composés de plusieurs pays.
E. Identifier les représentations des acteurs internes et externes
Prendre en compte les représentations des acteurs en géopolitique permet
de saisir les enjeux que constituent le territoire et ses ressources pour les
différents acteurs en cause, de rendre compte des argumentations, officielles et
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inexprimées, et de souligner les mécanismes cognitifs qui ont conduit à


l’élaboration de prises de position et/ou d’actions pouvant déboucher sur des
tensions, et dans certains cas donné lieu à des conflits.
F. Phase de synthèse et d’écriture
Une étude géopolitique se construit sur un modèle simple. L’introduction
présente brièvement la crise ou le conflit, pose l’enjeu ou les enjeux. Le corps de
l’analyse suit les étapes présentées plus haut : identification du territoire où se
déroule l’affrontement, des acteurs présents sur ledit territoire, analyse
explicative\ critique des représentations, des arguments, des positions et des
actions à la base du conflit. La conclusion reprend le ou les enjeux en
développant les principaux facteurs explicatifs. Elle peut laisser place à la
prospective, tout en se gardant bien d’émettre des conclusions définitives.
1. Où trouver l’information ?
Pour une analyse géopolitique, les sources écrites relèvent de deux statuts
différents : Les ressources externes au terrain recueillies préalablement :
littérature savante : géographie, histoire, sciences politique, économie,
anthropologie, sociologie, urbanisme, etc. littérature « grise » : rapports,
évaluations, travaux académique, etc. : elles permettent le début d’un
questionnement et l’élaboration d’hypothèses exploratoires ; les
ressources écrites, indissociables de l’enquête : archives locales, rapports
officiels, quotidiens locaux et, s’il a lieu, les sources produites au cours
du terrain de recherche (photographies, comptes rendus d’entretiens,
questionnaires, etc.).
2. Pour aller plus loin
- Chautard(S) : « L’indispensable de la géopolitique ». Paris,
Studyrama. 2009.
- Claval(P) : « Géopolitique et Géostratégie ». Paris, Nathan
Université. 1994.
- Foucher(M) : « Fronts et frontières ». Paris, Fayard. 1988.
- Gourdin(P) : « Géopolitiques : manuel pratique ». Paris, Choiseul.
2010.
- Lasserre(F)et Gonon (E) : « Manuel de géopolitique : Enjeux de
pouvoir sur des territoires».Paris, Armand Colin. 2008.
- O’Tuathail(G) : « Critical Geopolitics».Minneapolis, University of
Minnesota Press. 1996.
- Rosière(S) : « Géographie politique et géopolitique». Paris,
Ellipses. 2003.

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- Thual(F) : « Méthodes de la géopolitique : apprendre à déchiffrer


l’actualité, Paris, Ellipses. 1996.

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Question 1 :

Géopolitique et mondialisation : une approche plus sensitive ?

Les éléments de réponse :


Chapitre 1 : Géopolitique, bases et méthodologie d’analyse
Section1 : La géopolitique en tant que science ?
Section 2 : Les bases de la géopolitique
Section 3 : La méthodologie de l’analyse en géopolitique
Chapitre 2 : Les objectifs et les enjeux de la géopolitique
Section 1 : L’indispensabilité de la géopolitique
Section 2 : Les enjeux de la géopolitique

Référence :
- Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique », Edition Eyrolles, 2006.
- Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984.
- Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur
l’utilité sociale du respect ». Fayard, Paris, 1995.
- Bayramzadeh (K) : « Les états faillis et le terrorisme international», Edition
Eyrolles, 2010.
- Bertrand(M ) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris
1996.
- Bauchard (D) : « Les États fragiles. Introduction », Politique étrangère, vol. 1,
2011.
- Bennafla (K) : « Géopolitique du Magreb et du Moyen-Orient » .Edition Sedes,
Paris ,2007.
- Bethemont (J) : « Les grand fleuves ».Armand Colin, Paris, 1999.

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Introduction :
Au lendemain de 1945, après la seconde guerre mondiale, les relations
internationales sont marquées par deux évènements importants. Il s’agit de la
décolonisation après 1947, d’abord, en Nazie et puis en Afrique dès 1955,
ensuite, le deuxième phénomène est la guerre froide de 1947 à 1991 et la fin de
celle-ci; par la chute « imprévue » du mur de Berlin en 1989, la fin du bloc de
l’Est et l’éclatement l’URSS qui explose en une quinzaine d’états
indépendants 1 . Donc, le monde ne se trouve plus en bipolarité, ce qui
légitimement pousse à se demander au début des années 1990, quelle est la
géographie politique du monde ? Comment s’organise-t-il face au monopôle
Etats-unien ? Quelles seraient les principales puissances et leurs rapports de
forces ?
Alors, la réponse à ces questions est clairement constatée lors des
avancées de la construction de l’Union Européenne ; la création en 1951 de la
CECA – Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier-, en 1957 la CEE-
Communauté Économique Européenne-, le traité de Maastricht en 1992 qui a
donné naissance à l’UE approfondie surtout en la collaboration dans la politique
étrangère. En d’autres termes, l’esquisse d’un monde multipolaire, dans la
mesure où, d’abord, l’hyper puissance des États Unis affaiblit à cause des
« guerres », en IRAK et Afghanistan, et du « terrorisme », 11 septembre, ainsi
de la concurrence économique des pays émergents, BRICS par exemple, ensuite,
la création des institutions intergouvernementales et non gouvernementales qui
agissent sur le plan international : l’ONU, le tribunal pénal international, le
conseil de sécurité, FMI, OMI … 2
D’après l’observation de cette situation historique, et d’autres encore plus
anciennes surtout celles de l’impérialisme au 19ème siècle, on concrétise le
besoin et la nécessité de faire appel à une discipline qui analyse les relations
existantes entre les groupes humains 3, les pôles de forces et les territoires sur
lesquels ils vivent et se développent militairement, politiquement et
commercialement à partir d’invariants géographiques : montagne, fleuve,
littoral, désert, etc. Ceux-ci jouent le rôle crucial déterminant les richesses que
dispose un pays : eau, pétrole, gaz naturel, charbon, golfe… et par la suite, son
poids sur la scène internationale ; soit ayant le pouvoir d’agir ou le subir.
Cependant, il est la possibilité de concevoir que c’est « l’homme qui fabrique la
frontière que la nature, la frontière est plus mouvante que stable, plus souple
que rigide, plus éphémère que durable »4. Ceci est vrai dans la mesure où,

1
Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
2Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p22.
3Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect » .

Fayard, Paris, 1995,p123.


4
Ancel (J), (1882-1943) est un géographe et géopoliticien; le premier en France à avoir consacré un ouvrage à
« la Géopolitique » (1936) critiquant les fondateurs allemands.

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aujourd’hui, l’équivalence classique entre les relations internationales et


relations interétatiques a été réduite. Ben Laden, General Motors, la FIFA,
Amnesty International, les manifestants de Tunis… ne sont pas des États mais
leurs actions ont un poids réel sur la scène internationale, on peut donc parler du
lobbysme. 5
Donc, pour comprendre le monde, il faut faire appel à l’histoire, la
géographie, la sociologie, le droit, l’économie, la science politique… puisque
évidemment tout évènement n’est une situation indépendante ou isolée, par
contre, elle est soumise à la considération d’un contexte à plusieurs variables.
Justement, tout ce qui se passe dans notre monde actuel n’est au hasard ; tout est
calculé, programmé et surtout manipulé de façon à ce qu’il servira les intérêts
des plus forts. La raison pour laquelle, l’analyste traite ses objets en « images »
aux zooms les plus petits possibles parce que « La vérité est le nom que nous
donnons à tout ce qui se révèle avantageux au regard de nos croyances, pour
des raisons définies et assignables » 6.
Alors, l’outil -ou la démarche- adéquat qui se concentre et inspecte ce
genre de problématique, est la géopolitique, un mot extrêmement à la mode,
notamment dans les medias, depuis des dizaines d’années, pour déchiffrer la
complexité du monde par le billet de la rivalité des pouvoirs sur des territoires 7.
C’est pour cela, que ce sujet va passer en revue la thématique suivante :
« la conception classique et moderne de la géopolitique, et ces enjeux
géopolitiques ». En exposant dans un premier axe, l’évolution de la notion de la
géopolitique, détaillant son émergence 8 , ses écoles et les définitions qu’elles
accordent à ce concept, tout en mettant l’accent sur le changement entre la
conception classique et moderne. Et par la suite, le deuxième volet abordera la
méthodologie géopolitique, ses outils et ses concepts de bases. Ce qui nous
emmènera à clarifier, à la fin, l’importance et l’indispensabilité de la démarche
géopolitique par l’inspection des objectifs et enjeux contemporains majeurs de la
géopolitique tout en évoquant des exemples du présent ainsi que du passé
récent9.

5
« La géopolitique des relations internationales ». l’IRIS- l’Institut des Relations Internationales et Stratégiques-
, Groupe Eyrolles, 2011 ISBN : 978-2-212-54992-8
6
William (J): « Le Pragmatisme». Pragmatism: A New Name for Some Old Ways of Thinking, 1907.p52.
7Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
8Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996,p15.
9Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995,p34.

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Chapitre 1 : Géopolitique bases et méthodologie d’analyse

Section 1 : la relation de la géopolitique avec les autres sciences

Sous-section 1 : la géopolitique en tant que science :

Il est tout à fait légitime de poser cette question quand on entend un


important concept comme celui de la géopolitique. Néanmoins, elle est loin
d’être facile à répondre puisque même les spécialistes n’ont pas parvenu à
obtenir une réponse précise et unique10.
Selon François THUAL 11 , la géopolitique n’est pas considérée comme
science parce que cette dernière se définit par son objet, alors que la
géopolitique participe avec d’autres disciplines « géographie, géostratégie,… »à
l’analyse des événements internationaux et à la compréhension des réactions et
les décisions des Etats. Ensuite, la science sert à déduire des lois que l’on peut
généraliser et appliquer souvent, un critère qui est absent voire irréalisable en
cette discipline étant souple et flexible pour chaque situation 12 . Louis
PALLENBORN 13 confirme aussi qu’elle ne jouit pas de l’aspect scientifique
étant donné que la subjectivité de l’homme politique, de ses décisions, de ses
volontés aussi bien que les risques qu’il prend en fait partie, ce qui oppose
l’objectivité de la science 14 . En plus, Yves LACOSTE 15 voit la géopolitique
comme approche rationnelle aidant à expliquer les rivalités des pouvoirs sur les
territoires, non pas une science ayant comme finalité de juger le vrai et le faux
ou de distinguer entre le juste et l’injuste16.
Afin de présenter les arguments montrant que la géopolitique est une vraie
science, il est nécessaire de mentionner les partisans de cette idée. Comme il est
déjà dit ci-dessus, les spécialistes n’ont pas arrivé à répondre à cette question,
bien évidemment Louis PALLENBORN y fait partie en annonçant que son
fondement sur des connaissances en histoire, géographie, hydrologie… permet
de la qualifier en tant que science. En plus encore, le russe Alexandre DUGIN17
considère la géopolitique comme un système de science puisqu’elle se trouve au
même niveau que le marxisme et le libéralisme qui interprète l’histoire et la
société18.

10Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995,p56.


11 Les enjeux géopolitiques et géostratégies de l’exploitation du pétrole au Tchad GilbertMaoundonodji
12Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995,p132.


13http://www.voxnr.com/cc/dt_autres/EEluVAyuAlMZOdAccC.shtml entretien avec Louis PALLENBORN
14Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996,p22
15 http://www.diploweb.com/La-geopolitique-Perceptions.html
16Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p67.
17http://www.diploweb.com/La-geopolitique-Perceptions.html
18Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.

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Donc, il est tout à fait évident que la géopolitique cherche encore sa


nature et sa qualification, dans des perceptions différentes d’un géopoliticien à
un autre.
Sous-section 2 : Géopolitique et autres disciplines : différences et
intersections

Dans le contexte actuel de l’interdisciplinarité, où le physicien ne peut


jamais résoudre ses équations sans avoir recours aux principes mathématiques,
où le biologiste ne sait pas analyser les résultats sans la chimie, la géopolitique
ne fait plus l’exception. Certainement, on entend chaque jour par la géographie
politique, la géostratégie et autres dans une émission ou un article sans faire la
distinction entre la géopolitique et les autres approches aussi que les liens qui les
relient. D’abord, si on observe le mot « géopolitique », on constate qu’il est
composé de deux mots fusionnés : « géo » qui nous rappelle la géographie et
« politique », ce qui nous pousse à mettre l’accent sur ces sciences 19.
Paragraphe 1 : Géopolitique, et géographie20 :
Généralement, la géographie constitue chez la majorité une matière
secondaire peut être insensée et vide alors qu’elle est indispensable. En effet,
elle s’intéresse à l’étude d’une conception de base de la géopolitique à savoir le
territoire. En tant qu’une ancienne science, la géographie analyse les
phénomènes naturels et sociaux, se produisant sur un espace défini alors que ce
dernier est souvent peuplé21, exploité par l’Homme voire par des sociétés ayant
besoin d’un ou des acteurs puissants capables de gérer les divers problèmes,
D’où la nécessité de la politique 22. Donc, la géopolitique combine le facteur
spatial engendré par la géographie et celui de la gestion et du pouvoir résultant
de la politique. Elle est effectivement le fruit de l’exercice de la politique du
pouvoir dans un cadre géographique. Prenant l’exemple d’un Etat enclave, qui
n’a pas une façade maritime, sachant que la mer est un facteur facilitant les
transactions commerciales et économiques. Cet Etat se trouve dans l’obligation
de dépasser ce handicap géographique en exerçant toute sa puissance sur un
espace géographique ouvert 23.

19Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».
Fayard, Paris, 1995,p12.
20http://pf-mh.uvt.rnu.tn/323/1/Introduction_%C3%A0_la_G%C3%A9opolitique.pdf
21Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p21.
22Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996,p132.
23Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique », Edition Eyrolles, 2006, p128.

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Paragraphe 2 : La confusion entre Géopolitique et géographie politique :

La confusion entre ces deux concepts reste toujours grande malgré les nombreux
écrits essayant de distinguer l’un de l’autre. Selon l’encyclopédie
LAROUSSE 24 , la géographie politique étudie la relation entre l’espace et la
politique alors que la géopolitique est une étude géographique des relations
interétatiques, deux définitions vagues et floues. Cependant, nous pouvons
trouver une fine distinction à savoir : la géopolitique se concentre sur les faits
politiques et leurs donnent une explication géographique « quand l’Etat prend
une décision d’agir pour envahir un pays ou contrôler un territoire, la
géopolitique explique ce pas politique par la volonté de s’étendre
géographiquement », quant à la géographie politique, elle se concentre sur des
phénomènes géographiques et leurs donne une interprétation politique25.
Paragraphe 3 : Géopolitique et géostratégie 26:
Le terme « stratégie » nous mène directement vers le domaine militaire et
la guerre. Elle consiste en effet à étudier et décortiquer les réactions de l’ennemi,
deviner ses ressources, ses capacités et ses points faibles afin de savoir le
vaincre en choisissant le moment convenable de l’attaque et de défense et en
agissant avec prudence puisque ces informations sont incertaines et
prévisibles.27 La dimension stratégique dispose d’un aspect géographique dans
la mesure où le plan d’action élaboré développe des objectifs géographiques
pour affaiblir la résistance de l’ennemi à savoir le contrôle des voies de
communication et de ravitaillement 28, l’occupation des zones de fabrication ou
de stockage des armes, avoir plus d’alliances et autres. Ainsi, la géostratégie
repose sur le fait d’agir29, d’appliquer et d’exécuter alors que la géopolitique se
base sur l’influence, ce qui concrétise la première et immatérialise la
deuxième 30.
Paragraphe 4 : Géopolitique et géo économie :
Dès les années 90, la pacification des échanges internationaux a
commencé à dévaloriser les armes et les interventions militaires pour que l’arme
économique les remplace. De ce fait, les Etats industrialisés développent des
politiques de conquête des marchés internationaux par des produits générant une
haute valeur ajoutée. Certes, ces actes sont les mêmes que les entreprises suivent

24 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/g%C3%A9ographie_politique/186085 encyclopédie
Larousse en ligne
25 Livre la géopolitique : les relations internationales de pascal BONIFACE.
26http://www.institut-strategie.fr/strat_055_Claval.html
27Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995,p22.


28Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996,p19.
29Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p56.
30Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ».Edition Eyrolles, 2006, p128.

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Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

pour parvenir à des fins purement commerciaux, mais, lorsque l’Etat intervient
d’une manière ou d’une autre, on passe de l’économie à la géo économie. Donc,
les points communs entre les deux concepts sont d’abord la rivalité sur les
territoires ou sur les marchés et ensuite, l’existence significative de l’Etat.
Section 2 : Les bases de la géopolitique 31:

Certainement, la géopolitique en tant que concept se base sur plusieurs


principes. En voici les plus importants :
Sous-section 1 : Les concepts fondamentaux

Mais qu’entend-on par « géopolitique » ? Considérant les événements


historiques et les relations entre Etats, la géopolitique donne la priorité aux
« facteurs objectifs », comme l’« espace » et les « masses », en opposition aux
facteurs « subjectifs » comme le développement culturel et technique. On
compte parmi les principaux fondateurs de la géopolitique :
- Friedrich Ratzel (1844 ?1904), dont le livre La géographie politique (1897)
passe pour donner les fondements théoriques généraux de la géopolitique ;
- L’amiral américain Alfred T. Mahan, auteur du livre L’influence de la
puissance maritime sur l’histoire(1890), qui a fait des « espaces océaniques »
et du rôle des « puissances maritimes » les notions centrales de la
géopolitique ;
- Sir Halford J. Mackinder (1861-1947), qui est le véritable fondateur de la
géopolitique opérationnelle. Pour lui, le conflit géopolitique central se
résume à l’opposition d’intérêts entre le « centre continental eurasiatique » et
les « îles à la périphérie », à savoir les puissances maritimes anglo-
américaines ;
- Karl Haushofer (1869-1946), pour qui l’avancée ou la chute des Etats et des
peuples se manifestent dans l’expansion ou, au contraire, la contraction des
espaces qu’ils dominent. Haushofer eut une forte influence sur le national-
socialisme et aussi sur la géopolitique soviétique.
Paragraphe 1 : La conflictualité de profondes inégalités
Par nature, chaque Etat voudrait s’améliorer et s’imposer au niveau
international, ce qui engendre automatiquement des conflits d’intérêts pour :
A- La lutte pour la détention et le contrôle des différentes
ressources :

31https://www.google.com/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=3&cad=rja&uact=8&ved=0CCoQ

FjACahUKEwjE6a6ztZzJAhUECywKHd2lBLM&url=http%3A%2F%2Fwww.ecofine.com%2FEHL-
FORUM%2FNo%25205%2FL%27Analyse%2520g%25C3%25A9opolitique%2C%2520B.%2520Jaquier.p
df&usg=AFQjCNG1olC1M-BIpOGGonv_EtOigZT91w&bvm=bv.107763241,d.bGg
Sophie Chautard : « L’indispensable de la géopolitique ».

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Lorsqu’on parle des ressources, on parle du noyau crucial du


développement, du progrès et surtout de la sécurité. Effectivement, l’Etat qui
satisfait leurs besoins de matières premières « métaux », d’énergies « gaz,
pétrole, substances nucléaires », et vitaux « l’eau », garantie sa stabilité sociale,
politique et économique en évitant tout manque qui pourrait perturber ses
investissements ou son ordre général32.
B- La lutte pour le contrôle des espaces géographiques :
Ce principe d’abord nous montre l’importance de la géographie en tant
que science complémentaire de la géopolitique. Ensuite, il est impossible de
réaliser ou se procurer des ressources sans chercher les terres où elles se
trouvent et les routes maritimes terrestres ou aériennes qui nous y conduisons 33.
C- La lutte pour la domination ethnique :
Envahir l’esprit humain et le nourrir par des idées servant les intérêts d’un
Etat est la meilleure ; voire l’efficace manière pour gagner un conflit. En fait, ce
chemin permet d’éliminer toute opposition en créant un sentiment
d’appartenance à une doctrine, une nation ou un peuple pour unifier les êtres
humains ou en effaçant ou altérant une race 34, une culture ou une identité. Donc,
cette étape facilite toute autre sorte de contrôle de ressources et des espaces 35.
Paragraphe 2 : La frontière le dessous des cartes
Ce sont les limites juridiques et politiques d’un Etat reconnues
mondialement, qui détermine le territoire qui y appartient et sur lequel il peut
exercer ses pouvoirs et se développer. Cet élément indispensable pour chaque
pays joue deux rôles essentiels :
A- Le rôle de l’effectivité de la souveraineté :

Comme il est mentionné ci-dessus l’Etat ne pourrait pas appliquer ses


règles de droit, ses pouvoirs et ses autorités sur un territoire qui n’est pas le sien.
De ce fait, il est censé de contrôler les flux économiques et humains qui la
traverse afin de prouver qu’il existe et s’impose et par conséquence montrer sa
souveraineté par rapport aux tiers 36.
B- Le rôle de limite politique :

32Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p.67.
33Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».
Fayard, Paris, 1995, p45.
34Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p89.
35Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
36Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p22.

13
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Qui résulte de l’évolution historique de l’Etat. En effet, les frontières des


Etats sont déterminées par deux méthodes : la première est naturelle qui se base
sur les reliefs géographiques comme les plateaux, les montagnes et autres.
Cependant, il est important de signaler que les colonisateurs n’ont jamais
respecté le critère géographique pendant la détermination des frontières. La
deuxième méthode est dite conventionnelle 37 . En fait, cette dernière découpe
l’espace tout en considérant les facteurs ethnoculturels à savoir la race, la
culture, la religion…. Parfois, elles sont produites politiquement par un accord
ou un traité mettant fin à une guerre territoriale entre deux ou plusieurs pays 38.
Paragraphe 3 : L’impérialité Global Affairs

Correspond au dépassement de l’Etat de son peuple pour dominer


d’autres sur un territoire continu ou discontinu, ce qui a abouti historiquement à
la construction des empires puissants, situés aux quatre coins du monde. Parmi
leurs caractéristiques classiques, l’administration de leurs annexes par un Etat
central contrôlant tout ce qui est politique et exploitant tout ce qui améliore
l’économie. Ils ont disparu surtout pendant le 20ème siècle. Cependant, le monde
a connu une forme dite nouvelle qui se concrétise dans les Etats unis. Certes, ce
pays contrôle presque tout le monde, mais, les pays contrôlés idéologiquement
et économiquement ne sont pas considérés comme ses annexes 39.
Paragraphe 4 : La mondialité deux univers antinomiques

C’est un concept qui s’intéresse aux lieux fortement stratégiques et des


puissances qui ont la capacité de les dominer :
A- La mondialité des lieux stratégiques :

Le positionnement stratégique de certains lieux, comme les détroits et les


canaux facilitant les mouvements commerciaux et humains, pourrait être la
source de tensions et de conflits entre Etats puisque leurs contrôleurs ont la
capacité d’agir sur les autres Etats.
B- La mondialité des puissances :

Concernant les pays ayant accès à la mondialité des lieux stratégiques.


Actuellement, les Etats unis sont la seule puissance dotée de cette mondialité
grâce à ses pouvoirs et son ampleur en tant qu’unité 40.
Paragraphe 5 : L’espace le déclin de la guerre interétatique.
37Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».
Fayard, Paris, 1995, p17.
38Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p56.
39Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
40Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995.p22.

14
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Ce principe primordial de la géopolitique se base sur la notion de la


territorialité qui comprend :
A- La territorialité classique :

Constituée des surfaces terrestre, maritime et aérien. Le territoire


classique était et reste l’élément fort mais sensible de l’Etat. En d’autres termes,
c’est grâce au territoire que l’Etat se concrétise. Cependant, il craint toujours des
revendications des minorités ethniques ou de celles de ses adversaires mobilisés
pour défendre leur terre 41.
B- La territorialité spatiale :

Les ambitions géopolitiques ont dépassé le ciel en fragilisant la notion


classique du territoire. Elle consiste effectivement à contrôler l’espace extra-
terrestre, notamment grâce au progrès technologique que ce domaine connaît
depuis le 20ème siècle 42. Les Etats forts envoient des satellites sophistiqués et très
développés par lesquels ils peuvent surveiller les surfaces maritimes et aériens
voire savoir les secrets cachés des ennemis, ce qui affaiblit le contrôle
classique43.
C- La territorialité virtuelle :

dans le cadre de la mondialisation que le monde vit et voit ses effets


chaque instant, tous les agents sociaux, économiques, financiers, politiques et
commerciaux sont censés développer des réseaux relationnels internationaux
afin de pouvoir intervenir et s’imposer à l’avenir, ce qui constitue un espace
virtuel contrôlés bien évidemment par des Etats pour défendre leurs intérêts.
C’est grâce à cet espace qu’ils gouvernent le monde entier indirectement par
l’orientation de leurs agents.

Sous-section 2 : Les écoles de la géopolitique

D`après les analyses des géographes, un nombre de membres des Etats-


majors tentent de mettre des analyses géopolitiques au service de leur pays, il est
possible d`identifier trois écoles à partir laquelle la géopolitique s`enrichit :
Paragraphe 1 : L`école allemande : La puissance continentale

Issue d`une conception nationaliste des liens entre peuples et territoires et


influencée par l`idée de l`unité du peuple allemand, cette école est fondée
principalement sur les approches du géographe Frederick Ratzel 1844-1904, qui

41Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p45.
42Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p122.
43Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.

15
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

est considéré l`un des pionniers de la géopolitique allemande. Pour lui c`est une
vision nationaliste entre la nature et la société, qui s`applique à prouver que
l`Etat est « comme un être vivant qui nait, grandit, atteint son plein
développement puis se dégrade et meurt «. L`Etat qui est un thème principal de
la géopolitique doit se développer 44, s`étendre son territoire pour accroitre sa
puissance et assurer sa survie en établissant une politique volontariste. Afin
d`exister, il est nécessaire à chaque Etat de maitriser ses ressources, de se
développer dans la société même s`il y a une complexité des rapports entre
peuples et Etat. Pour cela, la géopolitique intervient pour dégager les liens et les
lois qui les gouvernent 45.
Paragraphe 2 : L`école américaine : La confrontation

Cette école est extrêmement influencée par l`école anglaise, les


géopoliticiens ALFRED MAHAN 1840-1914 et NICHOLAS SPYKMAN 1893-
1943, sont considères comme étant les créateurs de la géopolitique américaine,
ils se sont intéressés aux rapports entre le développement technologique des
civilisations et la domination de l`espace par les Etats. D`une part, la majeur
préoccupation d`ALFRED s`assemble autour des points suivants : La puissance
de son pays les Etats-Unis, association avec la puissance britannique, opposition
aux prétentions allemandes sur les mers, défense coordonnée des européens et
américains contre les peuples d`Asie 46. Pour ce faire, la maitrise des mers est
nécessaire : « Sea Power ». D`autre part, Nicholas donne une grande importance
aux politiques étrangères en examinant la superficie, l`emplacement dans le
monde et la localisation régionale des nations 47.
Paragraphe 3 : L`école anglaise : La puissance maritime

La puissance anglaise est basée sur la domination des mers. Principal


contributeur HALFORD MACKINDER reprend les thèses de Mahan mais
inversées. C`est ainsi qu`il compare la planète à un ensemble composé d` un
océan mondial, une ile mondiale et de grandes iles périphériques. Pour régner le
monde, il faut dominer l`ile mondiale et principalement le cœur de cette ile,
« heartland ». Afin de garder sa grande puissance mondiale, la domination des
océans doit s’attacher à se positionner sur terre en maitrisant les moyens de
transport par voie de chemin de fer. L’approche géopolitique anglaise renvoie à
cette volonté de domination du monde via le commerce en contrôlant les mers
puis les terres tout au profit des industries de commerce sur le succès desquelles
reposait la puissance britannique. Le politique anglais « Walter Raleigh » l’avait
bien dit au début de 17emé siècle : « Qui tient la mer tient le commerce du
44Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».
Fayard, Paris, 1995,p92.
45Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p56.
46Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p78.
47Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.

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Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

monde ; qui tient le commerce tient la richesse ; qui tient la richesse du monde
tient le monde lui-même » 48.
Sous-section 3 : Géopolitique moderne

Après un quart de siècle sans l’utilisation du concept de géopolitique dans


les milieux politiques et universitaires, le terme réapparaît vers la fin des années
1970. Comme elle était considérée en tant qu’élément moteur du nazisme et par
la suite, une raison « légitimant » le déclenchement de la 2ème guerre mondiale et
les crimes commis par Hitler, la géopolitique a trouvé de nouveau le chemin de
lumière et réussi à éliminer toute interprétation négative et fausse, grâce aux
écrits du père de la géopolitique moderne le français Yves LACOSTE. En effet,
il a parvenu à réévaluer et conceptualiser ce terme d’un angle tout à fait
différent, à travers la précision de l’utilité de la géopolitique s’incarnant dans la
compréhension du monde actuel et non pas l’envahissement des autres nations 49,
car le troisième Reich s’était servi de plusieurs disciplines afin de concrétiser les
rêves diaboliques d’Hitler. Alors pourquoi rejeter la géopolitique seule ?
Yves LACOSTE a créé l’exception dans ce domaine, tout en libérant la
géopolitique des mains des militaires ayant été les seuls à la pratiquer surtout
après la chute du courant impérialiste et du mur de Berlin, la fin de la guerre
froide et l’encouragement des doctrines anti-impérialistes. De ce fait, il l’a
qualifiée en tant que « l’étude scientifique des rivalités de puissance territoriale
et de leurs répercussions dans ou pour l’opinion publique ».
Néanmoins, cet auteur n’existait pas seul à l’époque où cette discipline a
commencé voir le jour une autre fois. Mais cette fois ci, les auteurs anglo-
américains notamment THUATAIL, AGNEW, étaient les leaders en se
concentrant sur une nouvelle approche à savoir la géopolitique critique.
Ce nouveau volet décortique minutieusement les discours des politiciens
dans la mesure où il cherche à extraire la relation entre l’utilisation de la
territorialité et la construction de la politique étrangère pour légitimer leurs idées
voire gagner l’accord de l’opinion publique nationale et internationale50. Comme
exemple illustrant ce courant, nous prenons le cas du Japon après la guerre
froide qui était considéré comme ennemi surtout sur le plus économique selon le
discours des Etats Unis. Pourtant, les contradictions ne le manque pas puisque il
est évident que l’interdépendance des deux pays existe malgré cette opposition
dite orale 51.

48Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect » .
Fayard, Paris, 1995, p201.
49Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Calmann-Lévy, Paris, 1984, p78.
50Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p19
51Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect » .

Fayard, Paris, 1995, p122.

17
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Aujourd’hui, plusieurs approches existent adoptées par divers pays dans le


monde entier en fonction des enjeux géopolitiques visés par chaque Etat.
Dans un monde où la scène internationale vit des évolutions rapides,
paradoxales et concurrentielles vu le développement technique, financier et
industriel continu, chaque agent essaie d’orienter de gagner la confiance et
l’alliance des autres, quels qu’ils soient gouvernements ou peuples afin de
matérialiser et légitimer ses ambitions. Par exemple, la Chine s’acharne afin de
vaincre les Etats Unis sur tous les niveaux, alors que les Etats unis combattent
depuis 2001 ce qui est appelé par le monde entier « le terrorisme » sur son
territoire et au moyen orient, notamment pour instaurer la paix mondiale en
utilisant parfois des moyens « militaires » très sophistiqués. En ce qui concerne
l’Europe, le terrorisme reste aussi parmi ses priorités géopolitiques surtout après
les attentats vécus en France en 2015, qui renforcent sa volonté de combattre
« Daeich » partout sans oublier l’importance accordée aux enjeux énergétiques
et économiques 52.
Section3 : La méthodologie de l’analyse géopolitique 53 :

Afin de comprendre une situation d’un point de vue géopolitique, il est


obligatoire de déterminer un certain nombre d’éléments qui vont nous aider à
collecter plus d’informations :
A- La situation géopolitique :

L’expression du pouvoir d’une ou des entités, sur un ou des espaces


géographiques, qui engendre une certaine rivalité, tension et conflit.
B- Le pouvoir :

Le contrôle des zones géographiques, des individus et autres afin de


savoir maîtriser, guider et orienter toutes les variables vers ses propres intérêts.
C- L’acteur :

Défini par un groupe d’individus puissant ayant les mêmes objectifs et les
mêmes intérêts. En effet, leur union permet d’avoir une voix plus forte et plus
écoutée, de défendre leurs buts et de développer un plan d’action qui touche un
espace géographique spécifique. Le positionnement des acteurs se diffère entre
dominant et dominé ou entre deux entités fortes, ce qui joue un rôle essentiel au
niveau de la manière d’agir et des résultats finals 54.
D- Le territoire :

52Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique », Edition Eyrolles, 2006, p128.
53http://icp.ge.ch/po/cliotexte/methodes/analyse.geopolitique.html
54Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p138.

18
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Étant la clé de la situation géopolitique55. En fait, il est défini comme un


espace géographique socialisé, habité et aménagé par des individus et qui
représente une appropriation physique ou symbolique « comme ALQODS pour
les juifs et les musulmans.
E- Les ressources, les aménagements et les populations :

Ce sont des éléments du territoire qui constituent les enjeux


géopolitiques. En d’autres termes, ce sont les facteurs moteurs de toute action
d’un ou de plusieurs pouvoirs ; ils portent une importance économique et
politique.
F- Les dimensions spatiales et temporelles :

La dimension temporelle marque toujours les situations géopolitiques. Le


recours à l’histoire d’une société pour observer son progrès, ses transformations,
son développement et ses événements marquants « crises, guerre, victoire,
découvert » contribue à la formation d’une vision claire et nette de ses enjeux
géopolitiques et par la suite, savoir comment agir 56.
Chapitre 2 : les objectifs et les enjeux de la géopolitique

Contrairement à ce que les médias impliquent comme croyance populaire,


les conduites des Etats sur la scène internationale ne sont presque jamais
motivées par des considérations morales 57 , mais un mix d’argent et de
géopolitique. En d’autres termes, lorsque les porte-paroles des classes
dirigeantes tendent à diaboliser un pays, il faut garder une première question
dans l’esprit : « qu’y a-t-il réellement en jeu ici ? ».
section1 : L’indispensabilité de la géopolitique

Toute analyse géopolitique est censée comprendre le comportement d’un


État et, ou de chaque acteur sur la scène internationale, en cherchant les raisons
et le comment de son action, et, principalement, de sa politique étrangère. En
définitive, il s’agit de s’interroger sur l’ensemble des motivations qui expliquent
le comportement d’un État, en dépassant les interprétations simplistes. La
géopolitique est une manière d’apprendre à déchiffrer l’actualité autrement. Elle
vise la révélation des tensions internes et les multiples zones de fractures qui
cristallisent les rapports de forces entre nations 58. En géopolitique, « une rivalité
correctement cartographiée permet d’évaluer les rapports de force existant sur le

55Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Calmann-Lévy, Paris, 1984, p89.
56Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».
Fayard, Paris, 1995. p132.
57Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p78.
58Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Calmann-Lévy, Paris, 1984, p56.

19
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

terrain » 59 .Un État, en fonction de ses objectifs stratégiques par définition


évolutifs, adoptera une posture diplomatique et militaire en mesure de lui
permettre de tendre vers ces objectifs. Par l’analyse géopolitique, il s’agit d’aller
au-delà de l’émotionnel et du descriptif afin d’identifier les dynamiques
profondes qui conditionnent l’évolution de la politique étrangère d’un État 60.
Dans ce cadre, la géopolitique vise à identifier les acteurs, à décrire leurs
intentions, à analyser leurs motivations afin de visualiser les différentes
alliances. L’approche géopolitique se focalise sur des faits : opérations
militaires, alliances diplomatiques, déclarations politiques, positionnement des
troupes, relief, situation géographique de la capitale 61, etc. « S’il y a des secrets,
disait-on dans le monde des relations internationales, il n’y a pas de mystères ».

Section2 : Les enjeux de la géopolitique :


Les intérêts géopolitiques sont globalement destinés à assurer trois types
de contrôles : le contrôle des ressources, des espaces géographiques, la lutte
pour la domination idéologique, ethnique et/ou nationale. On va se limiter dans
le premier qui est le plus important et influant ; parce qu’il reste un enjeu
géopolitique majeur. En effet, les ressources naturelles « eau, métaux,
énergies… » demeurent une source des conflits ou au moins un facteur
catalyseur des rivalités entre les Etats, vue que la non satisfaction de ce genre de
besoins pourrait menacer leur sécurité et leur stabilité, ce qui entraîne à établir
des relations internationales tendues d’obéissance, de domination et parfois de
pression ; la possession ou le manque de ces ressources font réagir tous les Etats
afin d’occuper une place plus pesante ou la garder dans un cadre purement
géopolitique, « notamment la détention du l’Iran de l’uranium enrichi qui
menace toujours les intérêts des Etats et son calibre international » .D’une part,
les Etats fournisseurs sont considérés comme les premiers et meilleurs profiteurs
de cette situation dans la mesure où le manque des pays faibles en matière de la
production énergétique ou des ressources énergétiques améliorent le
positionnement des exportateurs, surtout lorsque la demande s’accroit grâce aux
pays émergents « l’inde, la chine » caractérisés par une forte croissance
économique et démographique, ce qui leurs donnent plus de pouvoir et leurs
permettent d’être parmi les leaders au monde en participant à la prise de
décisions, et en imposant des mesures et des règles jouant à leur faveur62.
D’autre part, les pays importateurs, comme les Etats unis disposant de
ressources limitées, ont comme objectif de diversifier leurs fournisseurs afin
d’être moins dépendants en signant des accords, des conventions et autres. En
59www.Diploweb.com/revue géopolitique
60Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
61Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995.p24.


62Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p56.

20
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

parallèle, les pays détenteurs des sources durables d’eau conduisent ceux qui en
sont pauvres et les contrôlent 63 , tout en profitant de son caractère vitale
indispensable pour la vie aussi que ses utilisations diverses dans les différentes
industries et sa rareté. C’est pour cette raison qu’ils essayent de se procurer les
sources « fleuves, rivières », en d’autres termes, des espaces d’accès à l’eau,
dans le but de satisfaire les besoins de la population et ensuite, avoir un moyen
de pression contre les pays voisins en contrôlant leur partage 64.
Afin d’illustrer la nature géopolitique de cet enjeu, il est nécessaire de
choisir des exemples concrétisant étroitement ce concept à savoir la dernière
crise ukrainienne et l’intervention franco-britannique dans la guerre libyenne
pour montrer l’importance du pétrole et du gaz, la puissance Iranienne due à
l’Uranium et enfin le problème égypto-soudanien de la construction du barrage
la renaissance sur le Nil bleu65.
L’Ukraine est un pays occupant une position extrêmement fondamentale
au niveau stratégique, grâce à son rôle colossal de connecter la Russie, étant un
pays exportateur de gaz et de pétrole par excellence, et le reste de l’Europe. En
effet, les chiffres prouvent et éclaircissent cela : «Selon les chiffres de 2012, 5,2
% du total des exportations russes vont vers l’Ukraine, et 5,7% des importations
russes viennent de ce pays, Dans l’autre sens, on constate que Kiev est très lié à
Moscou : le tiers de son commerce extérieur se réalise avec la Russie et jusqu’à
récemment, près de 80% du gaz russe destiné à l’Europe transitait par
l’Ukraine ». La dépendance énergétique de l’Ukraine et sa fragilité en tant que
pays postsoviétique facilite la pratique de dures pressions russes qui s’incarnent
dans la préférence ukrainienne de s’endetter auprès de la Russie pour résoudre
ses problèmes que de signer des accords avec l’union européenne après cinq ans
de négociations. D’où le déclenchement des manifestations populaires qui
refusent catégoriquement le chemin dessiné pour l’Ukraine par la Russie66.
Avant d’aborder le deuxième exemple, il est nécessaire de mentionner que
la Libye était un pays instable précisément sous la « tyrannie » du colonel
KADHAFI. Néanmoins, sa terre riche en ressources abondantes du gaz et de
pétrole alors que les deux puissances mondiales « la France et le Royaume Uni »
en souffrent du manque malgré leurs détentions de centrales nucléaires.
Cependant, la vraie raison derrière leur intervention et la mort de KADHAFI est
la proposition de ce dernier, après sa nomination en 2009 président de l’Union
africaine, de construire un état unifié avec une monnaie unique au plus
monétaire de tous les biens et notamment l’or ; donc, la Libye a commis l’erreur
impardonnable de remettre en cause le dollar américain. Au moment où le
63Bertrand(M) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996,45.
64Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ».Edition Eyrolles, 2006, p128.
65Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect ».

Fayard, Paris, 1995.P56.


66Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.

21
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

peuple libyen manifeste afin d’éradiquer toute forme de dictature et d’injustice,


la CIA soutenais les groupes militants pour renverser KADHAFI la France et la
Bretagne en ont profité de la guerre pour s’approvisionner. Cependant, leurs
objectifs n’étaient pas explicites en prétendant que cette intervention vise l’aide
du peuple libyen pour déclarer leur liberté et revendiquer leurs droits tout en
combattant le régime du colonel militairement, et par la suite finir cette guerre
civile et sauver l’avenir des millions d’habitants 67.
Il est fortement remarquable, d’après ces deux exemples, que le besoin en
matière d’énergies contribue à la prise des décisions sensibles militaires,
politiques et économiques contrôlées et orientées par des enjeux géopolitiques
énergétiques 68.
« L’Egypte est un don du Nil », une citation d’HEREDOTE qui montre la
valeur exceptionnelle de cette rivière formée du Nil blanc provenant de
d’Ouganda et du Nil bleu provenant de l’Ethiopie, qui se rejoignent d’abord au
Soudan avant de remonter vers l’Egypte, et sans laquelle ce pays ne pourrait
jamais survivre pourvu que 95% de sa terre est désertique69. Ce pays d’accueil
essaye bien évidemment de protéger cette ressource abondante et principale, en
opposant tout ce qui pourrait diminuer sa part immense. Effectivement, c’est le
cas d’un conflit égypto-éthiopien rebondi en 2013, où l’Ethiopie a commencé de
détourner le cours du Nil bleu pour construire son barrage majestueux pour
devenir le premier pays africain producteur d’électricité dans un climat
d’inéquitable de sa distribution, un fait ayant augmenté la tension entre les deux
parties et inquiété le gouvernement égyptien. Il fallait attendre jusqu’au mars
2015 pour se réconcilier, après de longues négociations afin de garantir la part
de l’Egypte et exporter l’électricité au Soudan par des prix moins chers 70.
On peut déduire donc, qu’il y en a question de la géopolitique de la
guerre. Certainement, aucun conflit n’est isole causalement ; en d’autres termes,
chaque hostilité n’est là pour des raisons non matérielles comme on le masque.
C’est le cas, par exemple, de la compagne pour le changement du régime en
Syrie qui est présenté en termes des droits de l’homme et ce n’est le cas,
évidemment. En 2009, le Qatar proposa la mise d’un pipeline de gaz naturel à
travers la Syrie et la Turquie vers l’Europe. Toutefois, l’Assad rejeta cette offre
et en 2011 arrangea un pacte avec l’Irak et l’Iran pour faire un pipeline vers
l’Est, mettant le Qatar et l’Arabie saoudite sur la touche, ce qui peut expliquer

67Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p34.
68Badie (B) : « La fin des territoires. Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect » .
Fayard, Paris, 1995, p96.
69Bertrand(M ) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p20.
70
Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p13

22
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

leur insistance en faveur d’un renversement du gouvernement syrien qui est


justement non juste en quelques sortes 71.
Comment donc cette histoire de pipeline a mis la Syrie dans la ligne de
mire de Washington ? Pour trois raisons. D’abord, la disposition va renforcer la
position de l’Iran, leur permettant d’exporter vers les marches européennes sans
passer par l’un des alliés des états unis, réduisant en conséquence l’effet de
levier du gouvernement américain 72 . Ensuite, l’effondrement de la Syrie
affaiblirait son plus proche allié, l’Iran. Enfin, l’intervention américaine en Syrie
permettrait l’ouverture d’un conflit ouvert avec l’Iran, vue son accord de défense
mutuelle signé avec cette dernière.73
Conclusion
Grosso modo, d’après tout ce qui est cité, on peut dire que, aujourd’hui,
la géopolitique n’est ni une mode ni une illusion, mais l’une des clés essentielles
d’investigation du champ des relations internationales et de la compréhension du
jeu politique international avec un souci de prédiction grâce à ses outils, sa
méthodologie de recherche et sa profondeur en matière d’analyse en collaborant
avec les sciences économiques, sociales et humaines. Même si elle est ambiguë
vu que personne n’a pu déterminer sa nature ni d’arriver à un consensus
précisant son identité. Cette spéciale combinaison permet aux spécialistes et
même aux citoyens de poser des questions légitimes et y répondre afin de mieux
comprendre les rapports interétatiques, expliquer les conflits « mondiaux » et
concrétiser l’importance des territoires et des ressources diversifiées, les raisons
de telle ou telle décision, leurs conséquences, leurs enjeux, le positionnement et
l’objectif de chaque acteur, le vrai rôle des organisations internationales « OMC,
ONU, FM, OMS, OTAN… », Et bien d’autres. Elle aide aussi à établir des
prévisions logiques et rationnelles en se basant sur des données et des
informations actuelles. Une démarche qui pourrait changer l’avenir des peuples,
des gouverneurs voire des États. Cependant, les vraies informations pour mener
une analyse géopolitique restent dans les mains des acteurs internationaux qui
décident la multi-vision « économique, politique, énergétique, l’exploitation des
ressources et du pouvoir dans le monde entier74.
Toutefois, des questions curieuses se posent. Peut-elle, alors, se
transformer en une science indépendante ? Peut-on se baser dans l’avenir sur
d’autres enjeux pour régir les relations internationales et définir le scenario du
jeu sur la scène internationale ? Pourquoi l’exploitation des richesses de
l’Afrique ne se reflète pas sur son niveau économique, politique et humain ?
Quand arrêtent-elles, les puissances géopolitiques, une manipulation du destin
71
Alain (S) : « Géopolitique d’un monde mélancolique ». Edition Eyrolles, 2006, p128.
72
Bertrand(M ) : « La fin de l'ordre militaire ». Presses de Sciences Po, Paris, 1996, p90.
73
http://scgnews.com/the-geopolitics-of-world-war-iii
74Aron (R) : « Paix et Guerre entre les nations ».Camman-Levy, Paris, 1984, p34.

23
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

d’un pays, d’une région ? Peut-on parler plus extrêmement d’une troisième
guerre mondiale muette ou secrète ?

Question 2 :

La surexploitation des ressources naturelles et le retour à la


géopolitique des fondateurs ?
24
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les éléments de réponse :


Chapitre 1 : La surexploitation des ressources naturelles s’accélère
Section1 : Le pétrole un exemple classique de géopolitique des
ressources
Section 2 : La forêt objet de convoitise
Section 3 : La géopolitique de l’eau les enjeux du partage
Chapitre 2 : La délicate gestion des ressources naturelles
Section 1 : La conquête aveugle àla richesse
Section 2 : Les tensions liée à l’exploitation des ressources naturelles
Section 3 : La résolution des conflits liés aux ressources

Référence :

- Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris,


Fayard, 2003.
- Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin,
Paris, 1997.
- Bayramzadeh(K) :« Les états faillis et le terrorisme transnational ».Revue
de la Faculté de droit de l'Université de Lièg, Larcier, 2015/n°1.
- Benjamin (S) :« Réseaux et frontières ». Flux Géopolitiques 2008/1 n° 71.
- Boniface (P) : «La géopolitique, et les relations internationales ».Edition
Seyroles, 2011.
- Bonnemaison (J) : « Voyage autour du territoire ».L’espace géographique
N4.2014
- Claval (P) : « La conquête de l’espace ». Flammarion, Paris, 1989.
- Claval (P) : « Espace et pouvoir ». Puf, Paris 1999.
- Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puf, Paris, 1997.

Introduction :
L’histoire de la géopolitique est totalement dépendante du moment

25
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

historique dans lequel elle s’inscrit 75. Longtemps rivée à l’Etat et au principe de
souveraineté nationale, elle est, aujourd’hui en cours de reformulation. En effet,
la rareté des ressources énergétiques, hydriques, agro-alimentaires et financières
liée fondamentalement à l’accès au marché des pays émergents restructure
l’architecture mondiale et donne à la géopolitique de nouvelles priorités. Au
début du XXème siècle comme pendant la Guerre Froide, pour calculer le degré
de puissance d’un territoire donné, qu’il soit régional, stato-national
supranational ou mondial, il suffisait de s’interroger sur sa visée expansionniste.
Aujourd’hui ce schéma est obsolète. Il faut revoir sa copie et penser la
géopolitique autrement 76.
Les vecteurs de toute puissance dépendent de plus en plus de la politique
de sécurisation des ressources. Partiellement. Nous sommes en présence d’une
nouvelle configuration, celle de deux puissances, deux hyper puissances qui
assoient de plus en plus leur pouvoir sur le contrôle de ces ressources
« naturelles, humaines et financières », et non pas seulement, comme on pourrait
le supposer sur la maîtrise de l’économie de la connaissance. Cette rivalité
sourde fait émerger des nouveaux lieux, les nœuds géostratégiques, convoités
par les Etats-Unis et la Chine. Dans cette deuxième phase de la troisième
mondialisation, il s’agit de s’implanter, par une stratégie souple, dans des zones
de forte production des ressources.
Au cours des siècles, la mise en valeur des ressources naturelles a
contribué à rendre leur contrôle stratégique. Très tôt, leur existence a concouru à
engendrer des rivalités territoriales en vue de leur possession, non seulement
pour leur valeur intrinsèque mais aussi pour le pouvoir qu’elles procurent. Ainsi,
les ressources naturelles ont joué un rôle important dans les conflits passés et
contemporains. Encore aujourd’hui, par les revenus qu’elles génèrent et par la
façon dont en disposent les parties belligérantes, elles contribuent à financer et à
entretenir les rivalités de pouvoir portant sur le contrôle de territoires77. En effet,
bien que ces richesses dotent leurs détenteurs d’importants pouvoirs politiques et
économiques susceptibles de soutenir leurs ambitions territoriales, elles
nécessitent aussi une maitrise de l’espace circonvoisin et ses points d’accès 78.
Appelons géopolitique l'étude des relations s'établissant entre groupes
humains, que nous appelons ici les acteurs, pour la possession des territoires, des
ressources et des technologies de puissance. Ces relations sont généralement
conflictuelles mais elles sont aussi souvent fondées sur l'alliance et la
coopération79. Elles sont généralement visibles, mais de plus en plus, dans un
monde où le pouvoir se dématérialise et se mondialise, elles prennent des formes
75Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p34.
76
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p65.
77Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p122
78Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p69.
79Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p59.

26
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

occultes ou souterraines 80.


Notre exposé porte sur la géopolitique des ressources, sujet tant
intéressant qui suscite des interrogations assez signifiantes 81. A cet effet, notre
problématique est la suivante :
Quelles sont les conséquences et les tensions créées par l’exploitation et la
commercialisation des ressources qui sont inégalement réparties ? Et quels sont
les impacts –parfois moins évidents- en géopolitique ?
Chapitre 1 : Géopolitique des ressources
L’histoire de la géopolitique est totalement dépendante du moment
historique dans lequel elle s’inscrit. Longtemps rivée à l’Etat et au principe de
souveraineté nationale, elle est, aujourd’hui en cours de reformulation. En effet,
la rareté des ressources énergétiques, hydriques et agro-alimentaires liée
fondamentalement à l’accès au marché des pays émergents restructure
l’architecture mondiale et donne à la géopolitique de nouvelles priorités 82.
Que ce soit les ressources pétrolières, minières ou hydrauliques ; une fois
monnayées, elles permettent à leurs détenteurs d’acquérir devises, armes,
soldats… Cette maitrise de l’espace peut éventuellement se traduire par
d’éventuelles projections externes du pouvoir militaire et politique ainsi acquis
« des ambitions d’expansion territoriale 83, par exemple ».
Ensuite, ces ressources sont susceptibles de provoquer des rivalités de
pouvoir en vue de leur contrôle et celui des terres adjacentes. Les puissances
voisines peuvent être tentées de s’approprier les terres richement dotées et
subséquemment d’entrer en conflits avec les Etats voisins en vue de la maitrise
de celles-ci.
Sur un horizon temporel assez étendu, les différentes ressources ont connu
des évolutions remarquables dans le monde. Parmi ces dernières, on peut citer :
Section1 : Le pétrole un exemple classique de géopolitique des ressources
La préhistoire de l’aventure pétrolière avait débuté par les premiers
forages à Celle « Allemagne » en 1859 et s’est close lors du premier chargement
de brut dans un pétrolier de l’Aramco provenant du champ de Dhahran « Arabie
Saoudite » en 1939. Cette date marque une double rupture : géographique et
financière.
Géographique, avec la mise en exploitation du gisement saoudien de

80Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p81
81Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p22.
82
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p95.
83Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p92.

27
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Dhahran, la production de pétrole quitte l’Europe, où les champs s’épuisent,


pour s’orienter vers le Moyen-Orient grâce aux découvertes saoudiennes et
iraniennes qui les avaient précédées.
Financière avec l’émergence de grands groupes pétroliers, favorisée par
les fusions-acquisitions de la crise économique des années 1930. Ce
déplacement géographique a eu comme conséquence majeure de différencier les
lieux de ressources des lieux de consommation et d’initier une dynamique de la
question pétrolière toujours valable des années après 84.
La problématique de l’approvisionnement en pétrole repose sur quelques
faits simples : il représente en 2005 37% de la consommation globale d’énergie,
le gaz 24%. Près des 2/3 de l’énergie consommée aujourd’hui sont non
renouvelables, concentrés en certains points du globe et commencent à
s’épuiser85. Sa géopolitique se décline aussi simplement : il s’agit de s’assurer
du contrôle de sa production et de sa distribution 86.
Section 2 : La forêt objet de convoitise
PATRICK FOREST a mis en évidence une question sur ce cas : En quoi
les forêts de Birmanie constituent-elles un objet géostratégique qui suscite des
rivalités parmi les puissances de la région ? Vraisemblablement, les Etats du
Sud-est asiatique présentent de fortes densités de population. L’accroissement
démographique combiné à un développement économique rapide exerce un
important stress sur les ressources forestières 87 . Au cours des dernières
décennies, leur surexploitation a mené à la déforestation massive de la région.
Ce processus aurait contribué à rendre certaines inondations encore plus
catastrophiques, les forêts n’étant plus en mesure de réguler les pluies
abondantes. Tel fut le cas de la Thaïlande en 1988 « 400 morts » et peu après
celui de la Chine en 1998 avec plus de 4000 morts et 18000 sans abri.
Ces catastrophes ont incité ces 2 pays à édicter des interdictions de coupe
de bois sur leurs territoires respectif suivi en surcroit par un programme national
de reboisement massif en Chine permettant à cette dernière d’accroitre son
couvert forestier. Quoique louables, ces intensions de préserver les forêts
nationales se sont vite traduites par une surexploitation des marges forestières
des pays voisins. Le processus de déforestation fut géré par les 2 pays de
manière unilatérale mais la stratégie n’a pas été suivie d’un renforcement des
contrôles frontaliers, ce qui se traduit par une augmentation des importations
illégales. L’absence de gestion concertée avec les Etats voisins « Birmanie, Laos
et Cambodge » fit en sorte que les forêts de ceux-ci furent surexploitées par les

84
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p12.
85Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p29.
86Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p34.
87Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p56.

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Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

compagnies forestières thaïlandaises et chinoises, lesquelles purent ainsi


préserver leurs approvisionnements en bois et protéger leurs compétitivités 88.
Section 3 : La géopolitique de l’eau les enjeux du partage
Les enjeux du partage de l’eau constituent des problèmes géopolitiques
dans la mesure où ils impliquent le territoire 89, pris à plusieurs échelles. Environ
80 pays, représentant près de40% de la population mondiale, font face à des
pénuries d’eau chroniques. Les experts de la FAO évaluent, par convention, à
environ 2000 m3 d’eau par an et par personne le seuil au-delà duquel l’eau est
considérée comme abondante, et à 1000 M3 le seuil critique en deçà duquel on
parle de rareté de la ressource. Or, pour une trentaine de pays totalisant un peu
plus de 430 millions d’habitants, la quantité d’eau disponible moyenne était
inferieur à ce seuil de1000 M3, en 1997. En 2025, selon les projections actuelles
de l’ONU, ce nombre pourrait passer à 3 milliards dans une soixantaine de pays.
Une évolution inquiétante s’esquisse si l’on établit des projections de
consommation basées sur les taux d’accroissement démographique actuels,
sachant que de nombreux pays prévoient de faire face à l’accroissement de la
demande en nourriture grâce à l’extension des surfaces irriguées 90. Alors que
leurs ressources sont souvent l’objet de fortes tensions, les prélèvements des
pays en développement devraient ainsi croitre de 2130 Km3 en 1998 à 2420 Km3
en 2030 soit une augmentation de 14%, afin d’irriguer 341 millions d’hectares
contre 257 en 1998 : mais reste à voir où trouvera-t-on cette eau, sachant que
l’industrie, les villes voudront aussi accroitre leurs part 91.
Chapitre 2 : Géopolitique des écosystèmes
Les ressources naturelles, humaines et financières ont un impact croissant
sur l’intégrité des écosystèmes qui fournissent l’essentiel des ressources et
services nécessaires au bien être humain et aux activités économiques. La
gestion de ces ressources « naturelles, humaines et financières » d’une manière
durable et intégrée est essentielle pour le développement durable. À cet égard,
pour inverser aussi rapidement que possible la tendance actuelle à la dégradation
des ressources, il est nécessaire de mettre en œuvre des stratégies qui devraient
comporter les objectifs adoptés aux échelons national et, là où il convient,
régional, pour protéger les écosystèmes tout en renforçant les capacités
régionales, nationales et locales.
Section1 : La conquête aveugle à la richesse
Sous-section 1 : Les ressources naturelles comme source de richesse :
88Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p13.
89Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p56.
90
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p92.
91Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p9.

29
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les ressources naturelles, qui correspondent à une substance ou un objet


présent dans la nature et exploité pour les besoins d’une société humaine,
englobent aussi bien l’eau, les forêts, les terres arables, les minerais que les
énergies fossiles.

60 milliards de tonnes, soit 10 tonnes par habitant. Selon les Amis de la


Terre, c’est la quantité de ressources naturelles extraites chaque année de notre
planète92. C’est deux fois plus qu’il y a trente ans. Et, de tout temps, les sociétés
humaines ont utilisé les ressources de la nature pour se développer. Elles sont
premièrement nécessaires à la survie et au développement de l’humanité 93. La
société humaine n’aurait pu se développer sans la maîtrise des ressources dont
elle disposait 94.

Le moyen orient, les USA avec le pétrole, les régions du sud-est asiatique
ainsi que certaines régions en pays sous développés comme les Congo,
Mozambique et consorts avec leurs forêts denses, d’autres pays avec leurs
ressources hydrauliques. Tous ont le potentiel de ressources nécessaires pour
leur développement économique 95.

Sous-section 2 :L’importance des ressources humaines dans le


développement des pays :
Depuis la nuit des temps, l’être humain n’a cessé d’évoluer au fil des âges
et des générations. Et toutes les ressources qu’elles soient naturelles, fossiles,
financières ont été découvertes, exploitées, produites et développées par
l’homme. A cet effet, les ressources humaines contribuent le plus dans le
développement sociopolitique et économique des pays et leur importance peut
s’appréhender à plusieurs niveaux :

- Sur le plan de la production, la fonction Ressources humaines permet à


l’entreprise de disposer d’un personnel compétent qui pourra améliorer la
productivité de l’entreprise.

- Sur le plan commercial, la gestion des Ressources humaines contribue au


recrutement de personnel de vente « vendeurs, directeurs de magasin »
efficaces et motivés. Grâce à eux, les ventes pourront donc être améliorées.

- Sur le plan financier, une gestion pertinente du personnel permet de limiter


les dépenses liées aux salaires. Le salaire ne sera plus seulement un coût pour
92Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p15.
93
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p89.
94Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p113.
95Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p76.

30
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

l’entreprise, mais un investissement.

- Sur le plan stratégique, la fonction Ressources humaines permet à


l’entreprise de se différencier de la concurrence grâce à l’excellence de son
personnel. Ses salariés vont permettre à l’entreprise de créer une valeur
supplémentaire pour les clients.

En plus de ces différents domaines, l’homme a toujours contribué au


développement technologique visant ainsi à faciliter et améliorer les conditions
de vie, à mettre en œuvre des stratégies que ce soient en entreprise, en guerre ou
autre domaine 96 . Cependant, d’innombrables facteurs font que les ressources
humaines sont aussi les acteurs des conflits inter-pays et cela, au même titre que
ce sont eux les ressources piliers du développement des nations 97.

Sous-section 3 : Le poids des ressources financières dans les relations


internationales
Quant aux ressources financières, elles sont à la fois le but et le fruit de
tous ceux-ci car on exploite nos ressources pour pouvoir s’enrichir. En effet,
motivés par la quête de profit, l’être humain s’est lancé dans l’exploitation des
ressources pour subvenir à ses besoins et à ces intérêts, cela se voit tant au
niveau national que niveau mondial 98.

De plus, ces mêmes gains vont servir au financement des matériels de


guerre choses qui alimente les conflits internes et externes. C’est pour cela que
l’on dit que les ressources financières sont un élément d’influence au niveau
internationale. Cela étant une vérité évidente, les USA, l’Allemagne, l’ex URSS,
la Chine de nos jours et quelques autres puissances en sont les exemples les plus
frappants.

La résolution des conflits liés à une utilisation commerciale ou privée des


ressources financières locales est un peu plus délicate. Ces derniers apparaissent
quand les populations ne sont pas intéressées dans l’exploitation des ressources
mais en subissent les désagréments, surtout lorsque celle-ci est menée par des
multinationales peu scrupuleuses.

Section2 : Les tensions liées à l’exploitation des ressources naturelles

96
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003. p87.
97Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ». Belin, Paris, 1997, p57.
98Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p35.

31
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Il existe un lien fort entre les ressources naturelles et l’apparition de


tensions entre les hommes. Les conflits liés aux ressources naturelles procèdent
essentiellement de désaccords concernant leur accès, leur contrôle et leur
utilisation. Ils naissent du fait que les acteurs utilisent ces ressources à des fins
différentes, ou entendent les gérer de différentes manières99.

Cette relation ne doit cependant pas être considérée à sens unique : les
conflits ont eux aussi un impact, négatif, sur l’environnement. De même, le
contrôle des ressources peut parfois être utilisé comme une stratégie militaire à
part entière100.

Sous-section 1 : Les distensions locales liées au partage et l’exploitation des


ressources :
La répartition de la richesse a fait l'objet de réflexions de la part de
penseurs depuis l'Antiquité. Selon Platon, la richesse devait être distribuée de
façon égalitaire, alors que selon Aristote, elle devait être distribuée
proportionnellement à l'effort de chacun. En introduisant la notion
de chrématistique, Aristote a condamné la pratique visant à l'accumulation de
richesses pour elles-mêmes, et non en vue d'une fin autre que le plaisir
personnel.
Au Moyen Âge, saint Thomas d'Aquin a cherché à réconcilier la pensée
d'Aristote avec la doctrine chrétienne, et a ainsi développé la philosophie
scolastique. Dans ce cadre, il a repris les idées d'Aristote sur l'économie, et a
tenté de faire évoluer la pensée de l'Église dans le domaine des taux d'intérêt.
Du 19éme siècle jusqu'au milieu du 20éme siècle, la doctrine économique
du mercantilisme a prôné l'enrichissement des États-nations d'abord au moyen
de l'or importé des colonies(bullionisme développé surtout en Espagne et au
Portugal), puis du commerce, mais aussi de l'industrialisation.
Dans la deuxième moitié du 20éme siècle, Adam Smith, fondateur de
l'école dite classique d'économie, a critiqué le mercantilisme, et en particulier
le bullionisme, en déniant à l'or et à l'argent leur valeur de mesure de la richesse,
et soulignant qu'il s'agit d'une richesse essentiellement princière. Il explique que
l'origine de la richesse des nations vient plutôt du travail (concept de division du
travail), de l'accumulation du capital, et de la taille du marché.
Par la suite, la production de richesses sera associée à la notion de facteurs
de production, qui sont essentiellement le capital et le travail.

99Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p39.


100Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p82.

32
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Paragraphe 1 : Les tensions locales liées au partage des ressources

Des tensions liées à l’utilisation des ressources naturelles peuvent


apparaître sur de petits territoires, quand les intérêts et les besoins des uns et des
autres ne sont pas compatibles. C’est souvent le cas dans les régions rurales, où
agriculteurs et éleveurs se disputent l’accès à l’eau et/ou à la terre. Si ces conflits
locaux débouchent rarement sur des violences physiques, ils empoisonnent la
vie de la communauté, divisée par ces antagonismes, et briment son
développement économique 101.

C’est le cas en Afrique, le long du fleuve Sénégal, où les paysans sont en


rivalité pour la dérivation de l’eau du fleuve, servant à irriguer les rizières
environnantes. Après 30 ans d’utilisation sans coordination ni contrôle des eaux
du fleuve, des tensions concernant le partage et la maintenance d’infrastructures,
devenues vétustes sont apparues, menaçant la stabilité sociale de la région.
« Favoriser un partage rationnel de l’eau entre agriculteurs articulant
informatique et ingénierie hydraulique : l’exemple du fleuve Sénégal »102.

Outre les tensions locales, une mauvaise utilisation des ressources locales
peut entraîner la paupérisation d’une société, et favoriser l’apparition de
nouveaux conflits liés à la pauvreté. Une utilisation intensive de l’eau provoque
tôt ou tard une diminution du débit du fleuve. Les problèmes
d’approvisionnement en eau entraînent une baisse du rendement agricole qui
peut alors dégénérer en crise alimentaire et sociale, et ainsi alimenter les
tensions dans un pays !

Les terres arables deviennent elles aussi des enjeux stratégiques. La


compagnie japonaise Daewoo, ayant acheté un million d’hectares à Madagascar
pour acquérir des terres agricoles, a du faire avorter son projet sous la pression
de la vindicte populaire 103. Le problème de l’accès à la terre pour les populations
vivant de l’agriculture se pose d’autant plus que la pression démographique et
l’inégale répartition des terres fertiles entraînent de nombreuses injustices 104.

La région du Kivu, en République démocratique du Congo, est riche en


ressources naturelles « cassitérite, coltan, or, etc. ». Depuis plus de 10 ans, la
région est le théâtre de conflits meurtriers liés entre autres à l’exploitation des
richesses du sol. Dans cette région,

Convoitée par le Rwanda et le Burundi, un conflit local vient s’ajouter aux


101
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p81.
102Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p54.
103Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p10.
104Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p32.

33
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

tensions géopolitiques. La majorité des terrains appartenant à de grands


propriétaires. Les jeunes, se retrouvant sans terres ni débouchés, sont alors tentés
d’intégrer les milices locales, alimentant encore un peu plus la violence et la
délinquance devenue endémique dans cette partie du monde 105 . Ainsi, les
problèmes de gestion de l’eau ou d’accès à la terre créent des conflits locaux
pouvant aller de tensions verbales à l’apparition de groupuscules armés 106. Mais
les tensions locales peuvent aussi naître de l’exploitation des ressources locales
par des acteurs externes.
Paragraphe 2 : Les tensions liées à l’exploitation des ressources

L’exploitation des ressources et la domination politique et économique


ont toujours été liées, depuis les mines d’argent des Grecs qui assurèrent
leur prééminence en Méditerranée pendant plusieurs siècles jusqu’aux mines
de charbon du XIXème qui ont permis la révolution industrielle en Europe du
Nord.

Aujourd’hui, en devenant de plus en plus rares et menacées, les prix des


matières premières s’envolent, et leurs acquisitions se font au prix de
négociations serrées. Des contrats sont signés entre des pays en développement,
qui possèdent les richesses convoitées, et des multinationales occidentales qui
apportent les techniques d’exploitation et de transformation.

Ces accords économiques autorisant l’exploitation étrangère se font


souvent au détriment des populations locales, qui n’en voient pas les retombées
économiques mais en subissent de plein fouet les désagréments. Ceux-ci vont de
la défiguration du paysage aux catastrophes écologiques, en passant par le
déplacement de la population. La tristement célèbre déforestation de la forêt
amazonienne en est le parfait exemple.

Ces situations injustes sont propices à l’apparition de foyers de


contestation. C’est le cas par exemple au Niger, où l’exploitation de l’uranium
par « Areva » est contestée par les populations locales, qui dénoncent une
dégradation de l’environnement due à l’exploitation d’une matière radioactive,
tandis qu’elles ne sont pas associées aux bénéfices gigantesques générés par ce
commerce, négocié à 900 km de là, dans la capitale Niamey. Il en va de même
au Nigeria où la découverte et l’exploitation étrangère de pétrole dans le delta du
Niger ont entraîné l’apparition de milices civiles qui détruisent à coup
d’explosifs les puits, rançonnent les populations et maintiennent la région en
situation d’insécurité chronique107
105Costel
(E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p67.
106
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p62.

107Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p52.

34
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Dans les pays en voie de développement, la découverte de richesses


naturelles n’est donc pas toujours une chance. En attirant les investisseurs
étrangers du monde entier, les convoitises apparaissent et des tensions dont les
populations civiles sont les premières victimes naissent 108.

Les ressources naturelles sont source de tensions au niveau local 109, mais
aussi supranational, puisque la lutte pour le contrôle des matières premières peut
entrainer des conflits armés entre deux, voir plusieurs états.

Sous-section 2 : Les ressources, états et conflits armés :

Les ressources naturelles, inégalement dispersées dans le monde, ne se


soucient pas des frontières, ces barrières invisibles instaurées par l’homme 110.
Cette répartition disparate entraîne des dissensions entre Etats quant au contrôle
des ressources, pouvant entraîner pressions diplomatiques, guerres et autres
formes de désaccords.

Le Nil, traverse une dizaine d’Etats et fait vivre, plus ou moins


directement, près de123 millions de personnes. Pourtant, l’exploitation de sa
ressource hydraulique est clairement inégale, puisque 94% des eaux sont
utilisées par l’Egypte et le Soudan. Lorsque l’Ethiopie, située en amont, a voulu
utiliser l’eau du fleuve pour développer son potentiel hydro-électrique, l’Egypte
s’est clairement opposée à ce projet qui aurait entraîné la perte de son contrôle
sur le débit du Nil. En énonçant des menaces militaires, le pays des pyramides
prouve qu’il n’aurait pas hésité à faire usage de la force pour garantir sa
mainmise sur le contrôle du Nil.

Si l’acquisition ou la protection des ressources naturelles est un élément


décisif dans le déclenchement d’un conflit armé 111, ces dernières peuvent aussi
devenir une arme à part entière. Leur caractère vital en fait un moyen de
pression peu scrupuleux pour les pays qui les contrôlent, et qui maintiennent
ainsi leurs ennemis sous leur joug.

L’exemple du conflit israélo-palestinien est à cet égard parlant. Au cœur


des revendications, la répartition des terres et l’implantation de colonies cachent
en fait bien d’autres enjeux, à commencer par celui de l’accès à l’eau. Le
contraste est en effet frappant entre des colonies israéliennes pratiquant
l’agriculture extensive et entretenant le culte de la villa avec jardin, et les

108
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p67.
109Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p109.
110Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p67.
111Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p22.

35
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

territoires palestiniens qui n’ont pas accès à l’eau courante. Dans ces derniers, le
manque d’eau et la pollution des nappes phréatiques rendent l’eau impropre à la
consommation et entraînent l’apparition de maladies infectieuses 112.

La faute en incombe au réseau de distribution d’eau palestinien, obsolète,


mais surtout à la stratégie militaire d’Israël qui considère les ressources
hydriques comme un enjeu stratégique. L’Etat hébreu a ainsi décrété que le
fleuve Jourdain, qui traverse la Cisjordanie, devait être protégé par une bande de
sécurité de trois kilomètres interdite à tous Palestiniens. En maintenant la
population palestinienne en situation de carence hydrique, Israël empêche son
développement économique et affaiblit une population déjà éprouvée par 60 ans
de conflits. « L’eau, un enjeu de santé publique dans les Territoires
palestiniens ».

Sous-section 3 :L’impact des conflits sur l’environnement :

Si les ressources naturelles sont un facteur déclencheur de conflits, surtout


lorsqu’elles se font rares, les conflits ont eux aussi un impact sur
l’environnement. Ils occasionnent des dégâts environnementaux directs et
indirects qui menacent la santé, les moyens de subsistance et la sécurité des
populations 113.

La présence de tensions sociales empêche toute forme de concertation


quant à une gestion intelligente des ressources : chacun les utilisent selon ses
besoins, sans se soucier de leur épuisement 114 . Quant aux conflits armés et
violents, ils ont un impact particulièrement négatif 115. Dégradation du paysage,
déplacement des populations, qui se retrouvent en surnombre dans des camps de
réfugiés où les ressources sont insuffisantes, exploitation « sauvage » et non
contrôlée des ressources, etc.

Un cycle de la violence se met alors en place : la raréfaction des


ressources naturelles favorisent les conflits, qui accélèrent la dégradation de
l’environnement, ce qui alimente les tensions. L’exemple de la Mer Morte
illustre la corrélation réciproque existant entre conflits et environnement.
Alimentée par le Jourdain, dont on a vu l’importance stratégique, elle est victime
d’une pollution aux nitrates et d’un assèchement des marais environnants. Cette
négligence environnementale est directement liée aux rivalités régionales entre
Israël, les territoires palestiniens et la Jordanie, qui empêchent toute coopération
dans la gestion de l’eau. « Ecologie politique et gestion durable de

112Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997, p45.
113
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p67.
114Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p134.
115Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p89.

36
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

l’environnement : le cas de la mer Morte »116.

Il existe un lien fort et réciproque entre les ressources naturelles et les


conflits, qu’ils soient armés, économiques, diplomatiques ou larvés. En effet,
l’appropriation des ressources naturelles est souvent synonyme de survie pour
les populations et de richesses pour les états et les entreprises117. Indispensables
à la vie humaine comme au développement économique, l’exploitation de ces
ressources crée des conflits d’intérêts pouvant aller de joutes verbales aux
violences armées. Heureusement, si l’intensité et les acteurs de ces conflits
peuvent être extrêmement variés, les méthodes de résolution de ce type de
conflit sont tout aussi nombreuses 118.

Section 3 : la résolution des conflits liés aux ressources :

La gestion des conflits est un processus non violent qui passe par le
dialogue et la négociation. Prenant en compte la diversité des cas, les initiatives
de résolution s’adaptent au contexte des conflits. Pourtant, à chaque fois et
quelle que soit l’échelle géographique, le partenariat dans la gestion des
ressources reste l’approche la plus efficace pour parvenir à régler pacifiquement
une rivalité.

Sous-section 1 : Les approches en partenariat dans la résolution de conflits


locaux :

Pour trouver la méthode de résolution la plus efficace, il faut d’abord bien


comprendre les enjeux du conflit. On a vu que deux types de tensions
prédominait au niveau local : ceux qui relèvent du partage, souvent inéquitable,
d’une ressource particulière 119, et ceux qui résultent de contradictions entre les
systèmes de gestion locaux et les systèmes d’exploitation introduits souvent par
un acteur économique ou étatique, bref, « étranger » aux populations locales.

Chaque société a ses approches traditionnelles de résolution des conflits.


Toutefois, il se peut que ces méthodes ne prennent pas en compte certaines
catégories de personnes, comme les femmes ou les minorités, et maintiennent
donc en place certains déséquilibres dans la répartition des pouvoirs et des
ressources 120 . De nouvelles solutions pour mettre fin aux tensions ont été
appliquées avec succès : il s’agit des approches en partenariat, qui font participer
tout le monde au processus de pacification et qui ont pour but de trouver une

116
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p45.
117Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ». Belin, Paris, 1997, p122.
118
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p98.
119Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p78.
120Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997,p92.

37
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

issue qui ne désavantage personne. Se basant sur l’écoute, l’identification des


besoins et la négociation, cette méthode permet de rétablir un partage équitable
de ressources pour éviter les tensions issues de l’injustice sociale et de la
pauvreté121.

Un médiateur étranger au conflit est souvent nécessaire pour guider cette


forme de processus. Il peut aider les différentes parties à trouver une solution,
mais ne dispose pas de l’autorité nécessaire pour imposer son propre point de
vue. En Afrique, la PROPAC « Plateforme régionale des organisations
paysannes d’Afrique Centrale », regroupant des organisations paysannes de 11
pays, a formé ses élus aux méthodes de médiation 122. Pendant trois semaines à
Yaoundé, les participants se sont prêtés à des mises en situation et ont apprisà
accompagner les parties antagonistes tout en restant neutres, afin qu’elles
trouvent par elles-mêmes les solutions. Les agriculteurs africains ont bien
compris que les dissensions concernant le partage des ressources ne pouvaient
que freiner le développement local. (La médiation en Afrique, un outil au
service de la lutte contre la pauvreté)

La participation des populations à la résolution de conflits est donc une


méthode efficace. Les paysans du fleuve Sénégal ont ainsi été impliqués dans le
programme de résolution des tensions liées à une exploitation dispersée de l’eau,
mené par le CEMAGREF « Centre national de la machinerie agricole, du génie
rural, des eaux et forêts ». Si les chercheurs ont mis au point un système
informatique pointu permettant de recréer des scénarios recréant les conflits
locaux, ils n’ont pas oubliés de faire participer les habitants à toutes les étapes
de la simulation, notamment par le biais de jeux de rôles. L’investissement des
populations dans la recherche de solutions équitables permet alors de poser les
bases d’un dialogue ouvrant la voie à une concertation dans la gestion des
ressources. « Favoriser un partage rationnel de l’eau entre agriculteurs articulant
informatique et ingénierie hydraulique : l’exemple du fleuve Sénégal ».

Sous-section 2 : Un partage équitable pour une société apaisée :

La résolution des conflits liés à une utilisation commerciale ou privée des


ressources locales est un peu plus délicate. Ces derniers apparaissent quand les
populations ne sont pas intégrées dans l’exploitation des ressources mais en
subissent les désagréments, surtout lorsque celle-ci est menée par des
multinationales peu scrupuleuses123.

Les solutions résident dans une prise de conscience des entreprises, qui
121
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003,p54.
122Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ».Belin, Paris, 1997,p182.
123Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ». Belin, Paris, 1997, p90.

38
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

doivent intégrer les populations locales et leurs besoins dans les stratégies
d’implantation, et exercer une exploitation durable des ressources, afin de ne pas
appauvrir un territoire qui ne leur appartient pas 124. La mise en place d’espace de
démocratie locale et de planification participative peut aider les habitants à
s’investir dans cette activité commerciale, et ainsi apaiser les tensions issues
d’un sentiment d’injustice125.

La solution la plus pertinente reste encore de lutter contre la pauvreté,


principal vecteur de la violence, en offrant aux populations des débouchés. Au
Kivu, l’ONG « Adikivu » s’investit dans l’achat de terres agricoles, un bien
devenu rare, afin de les proposer à crédit aux jeunes paysans qui en sont privés.
Elle donne ainsi les moyens à la population civile de gagner honnêtement sa vie,
sans avoir besoin de s’enrôler dans les milices armées 126 . En favorisant la
coopération avec les paysans burundais et rwandais, elle a même réussie à créer
des passerelles de paix entre des pays en conflit. « Expérience du CCFD de
l’ONG « Adikivu » dans la construction de la paix au Kivu et dans la région des
Grands Lacs » Une gestion et un partage équitable des ressources naturelles sont
donc les deux éléments fondamentaux pour résoudre ces conflits. La création
d’espaces de concertation et de méthodes de négociation permet donc d’enrayer
la pauvreté et de mettre en place une exploitation responsable et optimisée des
ressources.

Sous-section 3 : La coopération pour résoudre les conflits entre états :

Comme on l’a vu plus haut, les ressources naturelles peuvent être source
d’opposition entre différents états. Si le recours à coercition et à la force semble
être l’option la plus facile, cette solution est peu constructive et porte en elle les
germes de futurs conflits127.

Encore une fois, la résolution durable d’antagonismes liés à la gestion des


ressources naturelles fait appel à la coopération des parties en conflit afin de
trouver une issue équitable pour tous, et durable pour la planète. Les moyens
sont nombreux pour favoriser le dialogue et la réflexion 128 : création de
commissions, placées sous l’égide de la communauté internationale qui joue à
son tour le rôle de médiateur, rédiger des lois, adopter des programmes, etc.

Ainsi, les tensions concernant le partage des eaux du Nil n’ont pas aboutit
à des interventions militaires, car les pays concernés ont entamé un processus de

124Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p72.


125
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p67.
126Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p80.
127Claval (P) : « La conquête de l’espace». Flammarion, Paris, 1989, p12
128Costel (E) : «Géopolitique contemporaine ».Puff, Paris, 1997, p45.

39
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

concertation qui a finalement aboutit à une politique de protection de la


ressource hydrique et de collaboration en matière de prévention des conflits. Des
structures de coopération, comme le Nile Basin Initiative « NBI », regroupant
les ministres de tous les pays traversés par le Nil, ont établit un dialogue et un
climat de confiance qui a permis de mettre un terme aux dissensions, et de
mettre en avant des préoccupations communes concernant la pollution des eaux.
« Hydro-politics in the Nile ».

La violence et les affrontements trouvent dans les inégalités sociales et la


pauvreté un terreau fertile. Une mauvaise distribution des ressources naturelles
favorise le sentiment d’inégalité, et donc l’apparition de conflits. Pour les
résoudre de manière non-violente, la médiation, le dialogue, la mise en place de
règlements justes et raisonnées ou les échanges de savoir-faire font participer les
différentes factions et leur apporte une solution équitable sans que personne ne
se sente lésé129.

Les ressources de la planète tendant à diminuer suite à leur exploitation


outrancière ces cinquante dernières années, ces méthodes de résolution des
conflits sont appelées à jouer un rôle de plus en plus important 130. Toutefois,
plutôt que de réconcilier, mieux vaut dès aujourd’hui mettre en œuvre une
stratégie pour éviter les conflits de demain.

Conclusion :

Les conflits ayant un lien avec les ressources ont deux fois plus de chance
de reprendre dans les cinq premières années de paix. Il faut donc installer une
politique à multiples échelles pour prévenir la raréfaction des ressources
naturelles, source de tensions futures, et sensibiliser la communauté
internationale.

Protéger les ressources : La pression démographique mondiale, la


mauvaise gestion des ressources menant au gaspillage ainsi que la pollution
généralisée de la planète pose le problème d’une demande toujours plus forte
confrontée à des ressources de plus en plus limitées. La protection de la planète
trouve aujourd’hui un écho au sein de la communauté internationale, qui a
compris la nécessité de préserver les richesses de la terre et de les exploiter
durablement, c’est-à-dire sans conséquences néfastes pour les générations
futures.

Outre la mise en place de plus en plus généralisée d’une utilisation

129
Breckman (C) : « Les nouveaux prédateurs de l’espace politique». Paris, Fayard, 2003, p56.
130Brunet
(R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ». Belin, Paris, 1997, p56.

40
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

intelligente des ressources environnementales, la recherche de nouvelles


ressources permet de préserver celles qui ont été trop entamées 131.

La prise de conscience des populations locales : Les projets locaux


permettent à petite échelle de renforcer la préservation des ressources naturelles
et d’en faire meilleur usage.

Mais c’est au niveau international qu’il faut œuvrer pour une politique
concertée de gestion des ressources.

Sensibiliser la communauté internationale impliquer les dirigeants, les


entreprises et la société civile dans la mise en place d’une gestion durable des
richesses naturelles. Cette campagne d’information doit se traduire par la
multiplication des actions de communication et par la création de mouvements
supranationaux portant les valeurs du développement durable.

Depuis la prévention jusqu’à la consolidation de la paix, il faut que


davantage d’attention soit accordée à la gestion des ressources « naturelles,
humaines et financières » dans tous les aspects des opérations de résolution des
conflits. L’investissement dans la gestion environnementale et la bonne
gouvernance des ressources naturelles doit certes être une priorité pour les pays
en situation de post-conflit, mais aussi pour toute la communauté internationale,
qui se retrouvera bientôt en situation de pénurie des ressources essentielles à son
développement.

131Brunet (R) : « Champs et contre champs, raison de géographe ». Belin, Paris, 1997, p22.

41
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Question 3 :

Les enjeux Géopolitiques de l’or et la géostratégie de l’investissement ?

Les éléments de réponse :


Chapitre 1 : Les enjeux Géopolitiques de l’or une stabilité
monétaire fragile
Section 1 : La demande d’or comme produit d’investissement
Section 2 : Les principaux investisseurs dans l’or
Chapitre 2 :L’investissement pour détourner une stabilité monétaire
fragile
Section 1 : Les raisons pour lesquelles certains pays investissent dans
l’or.
Section 2 : L’impact des événements géopolitiques sur l’investissement
dans l’or.

Référence :
- Popescu (D) : « L’or et la géopolitique».8 mai 2014, www.goldbrocker.fr
- Popescu (D) : « Le rôle de la chine dans le marché de l’or ».10 juin 2014,
www.goldbrocker.fr
- Popescu (D) : « Le rôle de l’inde dans le marché de l’or ». 17 juin 2014,
www.goldbrocker.fr
- Popescu (D) : « L’Iran, l’Arabie Saoudite et l’or». 2 février 2016,
www.goldbrocker.fr
- Popescu (D) : « La Russie et le pouvoir irrésistible de l’or ».18 juin 2016,
www.popescugolddotcom.wordpress.com
- Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard,
Paris1988.
- Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses,
Paris, 1999.
- Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin,
Paris, 2007.
- Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris 1990.

42
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Introduction :
Depuis le début des temps, l'or occupe une place spéciale et prépondérante
dans l'histoire. Il a été utilisé dans différents domaines pour aboutir à des
résultats prédéterminés, notamment en vue de régler les différences politiques,
honorer les monarques, ainsi que pour gérer l’ensemble des processus
commerciaux. L'or a été utilisé comme un moyen de transaction pour des
milliers d'années, jusqu'à 1971 ou les standards précédemment fixés sur
l’utilisation de l’or ont été remplacés par un système de monnaie plus flexible et
propre à chaque pays. Par conséquent, l'offre de l'or a connu une forte
diminution face à ce changement radicale et face à la croissance importante qu’a
subie l'économie mondiale. Résultat, la livre sterling et le dollar des Etats-Unis
sont devenus les devises mondiales de réserve alors que les autres pays ont
commencé à adopter ces devises au lieu de l'or et donc les réserves d’or ont
connu une consolidation accentuée dans les mains de quelques grandes nations.
Malgré les changements supportés par le système, la valeur du métal jaune n’est
liée à aucun pays particulier, contrairement aux monnaies nationales. L'or est un
actif monétaire mondial, cependant, il est surtout influencé par les conditions
macroéconomiques américaines 132.
Pendant des siècles, il n'y a pas eu de corrélation directe entre l'or et toutes
les crises ou événements géopolitiques. En général la valeur de l’or augmente
uniquement quand une crise est d'une profondeur et d'ampleur importante
pouvant déclencher par la suite une défaillance complète du système. De tels
événements historiques se sont rarement produits, mais au cours des 40
dernières années, les alliances politiques ont changé, l'endettement international
a augmenté, les finances publiques se sont détériorées ... ainsi que la complexité
croissante et l'interdépendance économique mondiale ont fait que la probabilité
que ces événements se réalisent a augmenté133. Donc l'utilisation de politiques
monétaires non conventionnelles et les fissures économiques en constante
expansion soulignent globalement l'importance d’investir dans l'or vu qu’il
constitue une couverture contre l'incertitude et que celui-ci a traditionnellement
maintenu sa valeur au fil du temps 134.
Généralement les investisseurs peuvent utiliser l'or dans le cadre d'une
stratégie d'investissement soit :
• Pour constituer un refuge potentiel lors de l'incertitude politique ou
économique.
• Pour diversifier le portefeuille sur deux horizons : à long et à court
terme.

132Gallois
(P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p45.
133Franck(J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p89.
134Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p132.

43
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

• Pour constituer une couverture contre l'inflation et contre la


dévalorisation du dollar.
Donc, que ce soit les tensions au Moyen-Orient, en Afrique ou ailleurs, il
devient de plus en plus évident que l'incertitude politique et économique est une
autre réalité de notre environnement économique moderne. Pendant cette
période, les investisseurs qui détiennent des réserves d'or ont été en mesure de
protéger avec succès leur richesse et, dans certains cas, même utiliser l'or pour
échapper à toutes les turbulences. Par conséquent, chaque fois qu'il ya de
nouveaux événements qui font allusion à un certain type d'incertitude 135 , les
investisseurs vont souvent acheter de l'or comme valeur refuge 136. Ces politiques
appliquées par les grandes puissances visent principalement à favoriser
l’utilisation de leur devise sur le marché financier et passer à une ère de dé-
dollarisation des économies nationales.
Cependant pour mieux saisir la relation qui noue l’investissement à l’or il
est nécessaire de comprendre l’intérêt recherché par chacun des acteurs qui
prennent part à cette stratégie137.
En vue d’éclaircir et d’expliciter davantage la problématique, notre
recherche s’articulera sur quatre axes. Le premier axe présentera la demande
d’or en investissement en mettant l’accent sur les réserves des banques centrales.
Le deuxième axe se consacrera à l’introduction des principaux investisseurs
dans l’or tout en soulignant la vision optée par chacun d’eux. Puis dans un
troisième axe, nous allons présenter les raisons pour lesquelles chaque pays s’est
orienté vers une perspective donnée. Et enfin dans un dernier axe, nous allons
analyser l’impact des événements géopolitiques sur l’investissement dans l’or et
expliquer pourquoi existe-t-il une telle corrélation entre investissement et or.
Chapitre 1 : Les enjeux Géopolitiques de l’or une stabilité monétaire fragile
Depuis toujours, les gens sont attirés par l’or. Ce métal précieux fait partie
des métaux les plus recherchés au monde et cela dure depuis des siècles. Mais,
plus récemment, l’or est devenu un actif plutôt intéressant puisque sa valeur
reste à peu près la même. En effet, même si le coût de l’or varie, il reste
pratiquement identique et permet donc de faire de ce métal, une valeur sûre pour
l’investissement.
Après la monnaie marchande « troc » l’homme a créé d’autres moyens
d’échange pour acquérir des biens et services puisque l’opération de troc est
caractérisée par l’inégalité des termes d’échange ce qui donne lieu à la naissance
des moyens de paiement qui vont être considérer comme contrepartie de tout

135Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p39.
136Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p87.
137Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p34.

44
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

produit et qui vont avoir d’autres fonctions notamment « réserve de la valeur ;


moyen de change ».
Au cours de l'histoire, le cours de l'or a été fortement lié aux systèmes
monétaires en place. L'or a tout d'abord été directement utilisé comme moyen de
paiement, en complément de l'Argent qui l'a précédé dans cette fonction : pièces
Or et Argent.
Ensuite, avec l'apparition de la monnaie papier, il sert de garantie : les
émetteurs de billets doivent garantir leur conversion en or ou en Argent à tout
moment « convertibilité Or ou Argent »138.
A partir de 1870, l'Or devient peu à peu l'unique Etalon dans les
principales économies du monde, il finit par supplanter complètement l'Argent :
abandon de la convertibilité Argent. Le principe de convertibilité Or sera ensuite
mis à mal durant les différentes guerres mondiales 139, les crises économiques
avec parfois explosion de l'inflation, les périodes de forte croissance
économique : la convertibilité Or est de plus en plus difficile à assurer et montre
ses limites.
En 1946, les accords de Bretton Woods limitent ce principe de
convertibilité Or : seul le dollar US sera directement indexé sur l'or à 35 dollars
par once, les autres monnaies seront, elles, indexées sur le dollar.
En 1971, le déséquilibre entre les réserves Or et la masse de dollars en
circulation poussent les Etats Unis à abandonner la convertibilité Or du dollar.
En 1976, les Accords de la Jamaïque officialisent l'abandon du rôle d'étalon
international de l'or. A partir de cette période, les cours ne seront plus fixés par
les états, mais libres en fonction de l'offre et de la demande 140.
Section 1 : La demande d’or comme produit d’investissement :
Les banques centrales détiennent à travers le monde un stock total d’or
évalué à 32813 tonnes. Entre 2011 et 2015, la demande de ses institutions s’est
accélérée d’une manière importante, soit un total d’achat de 2877 tonnes. Ces
stocks sont considérés par les banques centrales comme étant un bouclier contre
le relativisme monétaire, une valeur de refuge en cas de crise monétaire et un
moyen de diversification des réserves. Le graphique ci-dessous montre de
manière claire l’augmentation de la demande en or des banques centrales entre
2006 et 2015.

138Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention » Ellipses, Paris, 1999, p134.
139Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p98.
140Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p14.

45
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

En 2016, la Chine et la Russie sont les pays qui investissent le plus en or,
mais sont encore loin de rattraper les réserves accumulées historiquement par les
pays développés.

Section 2 : Les principaux investisseurs dans l’or :


Le graphique ci-dessous présente la consommation d’or en 2015 par pays.
La Chine devient alors le premier consommateur mondial détrônant l’Inde qui
détenait ce titre depuis des décennies. Une amélioration de la position de la
Russie et de l’Arabie Saoudite est aussi remarquée.

46
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section1 : La Chine :

Durant ces dernières années, la Chine a commencé à investir largement en


or. Elle a même modifié ses règles afin de permettre à son peuple de l’acheter.
En effet, en 1950, la Chine communiste avait interdit la possession privée du
métal jaune. Ainsi, son industrie aurifère avait été placée sous le contrôle de
l’Etat. Il a fallu attendre jusqu’à 2004 pour que les particuliers aient le droit pour
la première fois de détenir de l’or. Cette décision stratégique avait pour objectif
de mettre fin à l’accumulation des devises étrangères, notamment le dollar141.
Ainsi, selon le World Global Council « les dirigeants chinois considèrent l’or de
leurs citoyens comme partie intégrante des réserves du pays qui pourraient servir
en cas d’urgence ». D’ailleurs « la mobilisation en Corée du Sud des stocks d’or
de la population au cours de la crise financière a impressionné les chinois »142.
Dans cette perspective, la Chine vise à devenir le marché le plus important
d’or au monde. Toutefois, selon les spécialistes, le pays ne déclare toujours pas
ses réserves d’or réelles. En effet, la Chine a trouvé un moyen pour acquérir de
l’or sans que cela ne soit visible 143. La banque populaire chinoise utilise des

141Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p76.
142
Popescu (D) : « Le rôle de la chine dans le marché de l’or ». 10 juin 2014, www.goldbrocker.fr
143Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p12.

47
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

agents qui lui livrent l’or acheté via S.A.F.E « State Administration of Foreign
Exchange ». Cette tendance d’accumulation des réserves d’or sera analysée dans
une section ultérieure dans notre travail144.
Sous-section 2 : La Russie

La baisse du cours de pétrole, qui assure avec le gaz la moitié des revenus
budgétaires de la Russie, a impliqué une chute du rouble qui a plongé au plus
bas niveau de son histoire face au dollar. Cette situation défavorable a poussé la
banque centrale russe d’acheter de plus en plus de l’or pour se protéger contre
toute crise monétaire. La Russie a donc dopé ses réserves d’or en
s’approvisionnant via l’offre intérieure. Elle semble plus impatiente en
comparaison à la Chine pour agir contre le dollar. En effet, la banque centrale
chinoise et la banque centrale russe envisagent de créer une plateforme
commune afin d’unifier leurs échanges d’or. Il est à noter qu’en Chine, l’or
s échange à Shanghai alors qu’en Russie, il s’échange à Moscow. L’idée étant
de créer un lien entre les deux villes dans le but d’augmenter les échanges entre
les deux marchés.
Sous-section 3 : L’Inde

L’Inde est considérée comme étant le deuxième plus grand consommateur


d’or, après la Chine, selon le Word Gold Council. Le métal jaune fait partie
intégrante de la vie sociale et religieuse des indiens. Les réserves nationales sont
estimées à 20.000 tonnes d’or. Toutefois, la majorité de cette quantité résulte de
la demande des particuliers et est importé. Ces importations importantes
plombent la balance commerciale indienne 145. Ainsi, en vue de dissuader les
citoyens d’acheter de l’or, les pouvoirs publics ont mis en place un certain
nombre de restrictions à savoir l’augmentation de la taxe d’importation sur l’or.
Toutefois, la demande n’a pas chuté, et la population achète de plus en plus ce
métal. A cette fin, le gouvernement a lancé un emprunt d’Etat libellé en
grammes d’or pour, d’une part, freiner la demande d’or des ménages, et d’une
autre part, capter le métal qui dort dans les maisons 146.
Cependant, malgré le découragement du pays aux citoyens à acquérir l’or,
il garde toujours un intérêt marqué pour ce métal. La Reserve Bank of India doit
se détenir une partie fixe de réserves d’or « au moins 1150 millions de roupies
de ses actifs en or ». Il est vrai que l’Inde n’est pas souvent un pays qui participe
dans les guerres de devises, mais son rôle pourrait être stratégique dans une
nouvelle remise à zéro du système monétaire international du fait de ses chiffres.

144
Popescu (D) : « Le rôle de la chine dans le marché de l’or », 10 juin 2014, www.goldbrocker.fr
145Franck(J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention » Ellipses, Paris, 1999, p22.
146
Popescu (D) : « Le rôle de l’inde dans le marché de l’or », 17 juin 2014, www.goldbrocker.fr

48
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 4 : L’Arabie Saoudite :

Les analystes du marché prévoient que l’Arabie Saoudite achète de l’or


discrètement en grandes quantités. A l’instar de la Chine, elle ne déclare pas ses
réserves réelles du métal jaune. Les tensions entre le pays et les Etats-Unis
peuvent expliquer cette tendance. En effet, le royaume saoudien a menacé les
Etats-Unis de vendre pour 750 milliards de dollars en bon du Trésor américain,
soit la dette américaine, si les 28 pages censurées du rapport de la commission
d’enquête des attentats du 11 septembre sont publiées 147. Ainsi, de nouvelles
découvertes technologiques ont réduit la dépendance des Etats-Unis envers le
pétrole du Moyen-Orient. Ces conflits ont poussé l’Arabie Saoudite à rechercher
de nouveaux alliés, chose qui peut expliquer d’ailleurs les voyages nombreux
des ministres saoudiens en Chine et en Russie. Cette relation intense entre les
deux pays a sûrement eu un impact sur la demande d’or et du dollar américain. Il
paraît que le royaume saoudien investit de plus en plus en or pour se protéger
contre toute crise du dollar148.
Chapitre 2 :l’investissement pour détourner une stabilité monétaire fragile

Parce que le prix de l’or a tendance à augmenter quand les gens manquent
de confiance dans les gouvernements ou dans les marchés financiers, l’or est
souvent appelé un produit de crise.
Les événements mondiaux ont souvent un impact sur le prix de l’or parce
que l’or est considéré comme une source de sécurité au milieu du tumulte
économique ou géopolitique. Par exemple, le prix de l’or a fait un pic juste après
les Russes ont envahis l’Ukraine et que les gens sont devenus incertains quant à
la stabilité géopolitique de la région.
Ou comme lors des dernières élections grecques avec l’inquiétude d’une
victoire d’Alexis Tsipras dont le programme était fort différent de son
prédécesseur. Dans d’autres cas, l'action militaire peut en fait augmenter
la réassurance avec des situations géopolitiques 149. Par exemple, le prix de l’or
s’est affaibli au début de la première guerre du Golfe.
La ligne de fond est que le chaos politique et économique équivaut à plus
d’intérêt pour l’or comme valeur refuge.
Section 1 : Les raisons pour lesquelles certains pays investissent dans l’or :
Suite à la faiblesse du monde à la fin de la deuxième guerre mondiale, les
Etats Unis ont imposé un système monétaire basé sur le dollar soutenu par une

147Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention » Ellipses, Paris, 1999,p113.


148
Popescu (D) : « L’Iran, l’Arabie Saoudite et l’or», 2 février 2016, www.goldbrocker.fr
149Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990,p98.

49
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

couverture en or. En 1971, le président américain Nixon a décidé de détacher le


dollar de son support légal, à cause de la demande de certains de leurs
partenaires commerciaux, notamment la France, d’échanger leurs dollars
commerciaux contre de l’or. Depuis la crise financière de 2008, et malgré les
efforts des Etats Unis pour maintenir ce système monétaire basé sur le dollar
comme monnaie de réserve internationale, certains pays, comme la Chine,
plaident pour un nouveau système monétaire international 150.
Selon le Fonds Monétaire International, et durant le premier semestre de
l’année 2016, la Chine et la Russie ont augmenté leurs réserves d’or, en se
procurant mensuellement 11 et 14 tonnes du métal jaune respectivement. Cette
situation peut être expliquée par plusieurs raisons. D’une part, la Chine et la
Russie cherchent à réduire leur dépendance du dollar américain, d’une autre part
ils visent à renforcer la position de leurs devises nationales.
En effet, les observateurs du marché supposent que les réserves d’or
déclarées par la banque centrale de la Chine sont politiquement largement sous-
estimées, dans le but de ne pas faire sonner trop fort l’alarme aux Etats Unis. De
même, la banque centrale russe a réduit son portefeuille d’obligations
américaines pour acheter de l’or, une dé-dollarisation dans le cadre de la guerre
de devises menée par le dollar contre le rouble. Elle achète aujourd’hui la
totalité de la production nationale d’or et l’importe en cas d’insuffisance. Il
s’agit d’un soutien important, à la fois, de son industrie minière de l’or et au
rouble.
La Russie et la Chine font en sorte que leurs devises nationales soient
« fortes comme de l’or ». Il est à noter que la situation économique de la Russie
est plus saine en comparaison à la majorité des pays qui la déclarent en faillite.
La part de sa dette par rapport à son PIB n’est que de 18%, contre 94% pour les
pays de la zone Euro, 103% pour les Etats Unis, et 200% pour le Japon. Ainsi,
les deux pays ont des excédents commerciaux importants ; cette situation les
rend de plus en plus préoccupés de la stabilité de leurs monnaies. Leur attrait à
l’or peut alors être expliqué par leur exposition au risque de change. Ils essayent
d’avoir la crédibilité d’une devise saine résultante d’une combinaison de rigueur
monétaire et soutenue par l’or au cas où le Yen ou le Rouble subissent une crise
monétaire venant de l’Occident. Leur but étant de devenir les nouvelles
puissances économiques dominantes 151.
D’autres pays peuvent avoir un rôle secondaire mais stratégique dans cette
guerre d’or, à savoir l’union européenne qui détient une grande partie des
réserves d’or au monde, ainsi que l’Arabie Saoudite et l’Inde qui, dernièrement,
achètent de grandes quantités de ce métal.

150Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p130.
151Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p90.

50
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Dans cette guerre de devises entre l’Est et l’Ouest, l’or détient un rôle
capital dans les stratégies de politique internationale de tous ces pays. Durant
cette phase d’incertitude, l’or va continuer à briller jusqu’à l’arrivée d’un
nouveau système monétaire. L’or est considéré comme une monnaie de dernier
recours, c’est la seule devise réelle sans risque de contrepartie. A cet effet, il est
connu comme étant un métal géopolitique152.
Section 2 : L’impact des événements géopolitiques sur l’investissement dans
l’or :

Plusieurs événements géopolitiques ont été à l’origine du bouleversement


du prix de l’or et ainsi au relancement de l’investissement dans l’or. La crise
ukrainienne « l’un des événements les plus marquants de l’année 2014 » et les
tensions qu’elle a provoqué entre les Etats-Unis et la Russie, la tourmente du
moyen orient « Iraq, Libye, Palestine, Syrie ». La liste des risques géopolitiques
continue avec la Chine élargissant son pouvoir dans la mer de Chine
méridionale, le premier réarmement du Japon depuis la Seconde Guerre
mondiale, le virus Ebola en Afrique, et les nouveaux-anciens problèmes dans la
zone euro « récession en Italie et des difficultés économiques portugais ».
Généralement, le prix de l’or est positivement corrélé avec les tensions
géopolitiques. En 1979 et avec la prise en otage des diplomates américains à
Téhéran, ainsi que l'invasion soviétique de l'Afghanistan l’or est monté en flèche
à partir de 380 $ à 850 $ par once. Aussi, après les bombardements du 11
septembre le prix de l'or sur le marché de Londres est passé de 216 $ à 287 $ en
une seule journée. Plus récemment, après l'escalade des tensions en Irak « la
décision du président Obama d'envoyer 300 conseillers militaires », le 19 Juin,
2014 l’or a atteint son point le plus élevé en deux mois.
Pourquoi une telle corrélation existe alors ?

La raison est assez évidente. Comme l'a dit Jim Rogers, « rien n’est aussi
bon que les actifs réels parce que les gens ont besoin d'actifs réels pendant le
temps de la guerre - si elles sont impliquées dans la guerre ou tout simplement
se protéger ».
En période de forte incertitude, les investisseurs abandonnent tous
investissements qui pourraient être touchés et tournent à la valeur réelle. Voilà
pourquoi l'or est considéré comme une valeur refuge153.
"Vol vers l'or" se réfère non seulement aux investisseurs de détail, mais
aussi pour les banques centrales et les états souverains. Depuis que les monnaies
locales souffrent pendant la guerre, les banques centrales peuvent être désireuses
152Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p22.
153Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p22.

51
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

d'augmenter leurs réserves d'or. Irak au premier trimestre 2014 a acheté 60


tonnes pour soutenir le dinar irakien.
Il y a aussi trois autres raisons pour lesquelles les facteurs géopolitiques
peuvent soutenir l’investissement dans l'or.
Premièrement, l'agitation politique augmente souvent les dépenses du
gouvernement et crée des pressions inflationnistes parce que les guerres sont
généralement payées par l'impression de l'argent excessive. Inutile de dire que
l'or est considéré par les investisseurs, à juste titre ou non, comme une
couverture contre l'inflation 154.
Deuxièmement, les actions militaires, en particulier au Moyen-Orient,
mais aussi le conflit entre l'Ukraine et la Russie, peuvent perturber la fourniture
de gaz et de pétrole, ce qui signifie une hausse des coûts d'extraction d'or et
encore plus turbulences en Europe en raison du manque d'énergie. Comme ces
risques augmentent, le prix de l'or devrait également augmenter grâce à sa
fonction «d'assurance» 155.
Troisièmement, les tensions géopolitiques peuvent conduire à un
ralentissement du rythme de la croissance économique, que ce soit en raison
d’une incertitude plus élevé et moins d'investissement, ou en raison de
l'imposition de sanctions économiques qui freinent les gains du commerce
international. Ainsi, L’Or, comme un atout défensif, gagne relativement à
l'environnement économique à lente croissance, et donne au pays détenteurs une
souveraineté et plus de pouvoir sur le champ politique international.
Les préoccupations concernant l'inflation peuvent faire grimper les prix de
l'or si les investisseurs décident que les monnaies de papier, soutenues par
aucune valeur tangible, vont perdre leur valeur et n’auront aucun pouvoir
d’achat. Mais le soutien de la monnaie national, la couverture contre l’inflation à
travers l’investissement dans l’or, l’accroissement de la croissance en période du
ralentissement économique ne sont que des raisons de deuxième rang.
Cet investissement en masse montrera ainsi son intérêt lors de la crise
ukrainienne quand le conseiller principal de Poutine, Sergueï Glaziev, a menacé
que si les États-Unis devaient imposer des sanctions à la Russie, Moscou
"pourrait être contraint" d'abandonner le dollar comme monnaie de réserve et
refuser de rembourser les prêts aux banques américaines.
Cette menace, aussi irréelle qu’elle peut apparaitre, finira par se produire
selon James Rickards« avocat américain s’exprimant régulièrement sur les
questions financières, l’or et la monnaie » qui avait exprimé qu’il « … prévois

154Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention ». Ellipses, Paris, 1999, p92.
155Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p59.

52
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

que le système monétaire international va connaitre une déstabilisation et


éventuellement l'effondrement. Il y aura tellement l'impression de l'argent en
tant que banques centrales que la confiance des gens dans la monnaie de papier
va décliner, et l'inflation va augmenter fortement. »156
Cette orientation ne s’avère comme même pas unique.
Et Hu Jintao, secrétaire général du Parti communiste de Chine, a déclaré :
"Le système international actuel de la monnaie est le produit du passé."
Quant à lui, Ned Goodman, un gestionnaire de haut niveau, financier, et
président de Dundee Corp., a affirmé qu'il croit que la Chine a augmenté ses
réserves d'or de 32% l'an dernier et prévoit d'établir une nouvelle norme d'or:
«Je pense que l'intention est d'éliminer le dollar américain comme [réserve] la
monnaie du monde ».
De son côté, Guido Mantega, ministre des Finances du Brésil, a déclaré
l'année dernière, «Nous sommes au milieu d'une guerre monétaire
internationale »157
A l’issue de ces tensions géopolitiques perpétuelles, l'Occident veut savoir
combien d'argent il est susceptible de gagner de la vente de l’or. Cependant, La
Chine l’accumule dans la préparation pour le changement global inévitable au
détriment du dollar américain et les différentes crises qui surgissent de cette
transition turbulente158.
L’Or sera moins de «faire de l'argent» et plus sur la préparation à un
nouveau système monétaire international qui va venir avec des conséquences
historiques.

Conclusion :

En plus d’être une monnaie réelle sans contrepartie, l’or constitue un


conservateur de patrimoine dans le temps et l’espace. Son cours est fortement
influencé par plusieurs événements politiques sur le plan international comme
on a pu le constater notamment à travers des événements tels que la crise
ukrainienne de 2014 et les tensions qui en ont découlé, ainsi que la prise en
otage des diplomates américains à Téhéran et l'invasion soviétique de
l’Afghanistan en 1979, ou encore plus récemment le cas de la Chine qui ne cesse
d’élargir son pouvoir.
On en conclut que plus la situation politique est instable plus
l’investissement dans l’or devient important. Le cours de l’or augmente donc

156Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p139.
157Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin, Paris, 2007, p152.
158Gallois (P) : « Géopolitique : les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990, p98.

53
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

avec l’instabilité de la situation géopolitique, et contrairement en l’absence de


conflits le cours de l’or chute pour retrouver sa valeur normale d’avant crise. De
ce fait l’or est devenu un métal géopolitique par excellence.
Investir dans l’or devient alors soit une méthode pour rechercher une
stabilité monétaire, une valeur de sécurité en cas d’effondrement des économies
« par exemple la faillite du Dollar Américain » ce qui est le cas de l’Arabie
Saoudite, soit pour des fins géopolitiques tel le cas de la Chine et de la Russie,
qui ne cessent d’accroître leurs réserves en or ces dernières années à fin de
réduire la dépendance de leurs monnaies respectives du dollar parmi plusieurs
autres raisons 159.
Ceci induit une nouvelle guerre froide, qui entreprend aussi une guerre
des devises, entre les états unis, la Russie et la Chine, qui n’est autre qu’une
guerre de pouvoir. L’or est donc un « outil » central dans leurs stratégies.
Pendant cette période, des risques et des incertitudes majeures, et jusqu’au
retour d'un nouvel ordre géopolitique, économique et monétaire, l'or va briller.
La demande de l’or ne cesse donc d’augmenter peut importe les raisons
derrière cette augmentation exorbitante, il est donc logique de se questionner
quel sera le sort du marché de l’or avec une demande en or physique qui prend
une ampleur importante dans le moyen terme au fur et à mesure que ces pays
deviennent de plus en plus riche. Il est apparent que le pire reste dissimulé
derrière le marché de l’or.

Question 4 :

Le cuivre entre les réflexions géostratégiques et les différents


paramètres
159Gottmann (J) : « La géopolitique
politique des Etats des
et leur géographie grandes
». Armand puissances
Colin, ?
Paris, 2007, p76.

54
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les éléments de réponse :


Chapitre1 : Le cuivre une géopolitique à différents paramètres
Section 1 : Où se trouve le cuivre ?
Section 2 : Les modalités d’exploitation du Cuivre
Section 3 : L’utilité du cuivre
Section 4 : Evaluation du cuivre
Chapitre 2 : Les réflexions géostratégiques de la part des grandes
puissances
Section1 : La relation entre le Cuivre et la puissance
Section 2 : Le Marché du Cuivre
Section 3 : La relation entre cuivre et investissement

Référence

- Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur


de Berlin ». Economica, Paris, 2001.
- Garcin (T) : « L’état du monde 2004 ». Edition La Découverte, Paris, 2003.
- Duran(R) : « Chili : l'atout cuivre ». Alternatives Internationales n° 036 -
septembre 2007.

Introduction :

55
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les ressources naturelles, notamment les minerais ont toujours été au


cœur des préoccupations nationales. Cela est devenu encore plus évident depuis
la fin de la guerre froide et l’affirmation des nouvelles puissances économiques
comme l’Inde et la Chine. Ce qui a provoqué une explosion de la demande
mondiale en matières premières. Et depuis plus de deux décennies maintenant,
les ressources naturelles structurent en partie la politique étrangère des États et
sont considérées à cet effet, comme des éléments essentiels des relations
internationales. Leur localisation, leur possession, et leur dépendance, font
souvent l’objet des réflexions géostratégiques de la part des grandes
puissances160.
Naturellement présent dans le sol, le cuivre est le troisième métal le plus
utilisé dans le monde après le fer et l’aluminium. De couleur jaune-orangé, ce
métal lourd est à la fois très résistant et facilement façonnable, ainsi que sa
particularité à pouvoir être recyclé maintes et maintes fois sans aucune perte de
performance constitue un avantage durable essentiel. De surcroît, la valeur
technique et sociétale du cuivre mise à l’honneur dans cette brochure et sa
recyclabilité font du cuivre l’un des éléments indispensables à la création d’un
monde durable161.
Selon la « United States Geological Survey », le cuivre étant utilisé
massivement tant dans le domaine du transports que dans celui des
infrastructures et de l’industrie, ses réserves connues s’élèvent aujourd’hui à
environ 550 millions de tonnes ; les ressources totales en cuivre sont toutefois
nettement plus importantes et les limitations en approvisionnement à court
terme, qui entraînent souvent une tendance à la hausse des prix, agissent comme
un stimulant dans l’exploration de nouvelles ressources.
Grâce au cuivre, un grand nombre de pays émergents se sont développés
au niveau économique vu que la présence de ce métal dans le sol de son pays est
considérée comme une richesse puisque l’exploitation va permettre de récolter
des gains substantiels qui seront par la suite réinvestis pour développer les villes
et les infrastructures importantes pour les habitants.
Considérés comme des denrées vitales pour les États, les minerais sont
donc au centre de la géopolitique du 21ème siècle. C’est la raison pour laquelle
les grandes puissances, au regard de la durée de vie limitée de certains minerais
et des difficultés liées à leur approvisionnement mettent en place toute une
géopolitique qui tient compte des différents paramètres liés à l’accès aux
minerais, le contrôle des zones ou des régions qui en contiennent et la
sécurisation de leurs voies d’approvisionnement.

160Foucher(M) : « Front et frontière.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p45.
161Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p134.

56
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Chapitre1 : Le cuivre une géopolitique à différents paramètres

Tirées du sous-sol et traitées pour en extraire les métaux qu’elles


contiennent, les substances minérales sont une ressource assez rare, répartie plus
ou moins régulièrement dans le monde et non renouvelable. Les minerais ont
une grande diversité d’applications. Utilisés dans la composition de produits de
base comme de produits de haute technologie, leur processus de transformation
reste toutefois complexe en raison des compétences requises pour les
industrialiser.
Les activités industrielles fondées sur la transformation des minerais sont
très présentes dans les produits industriels courants (automobiles,
électroménager, etc.). Ce sont cependant les hautes technologies, sur lesquelles
se fonde notre économie contemporaine, qui ont tout particulièrement besoin de
minerais spécifiques pour créer des alliages complexes combinant plusieurs
propriétés (résistance à la chaleur, aux torsions, à la corrosion, etc.). Certains
minerais sont donc très recherchés pour ces raisons (platine, palladium, titane,
cobalt, etc.).
Cette situation explique la récente montée en puissance de l’intérêt pour
les minerais à travers le monde, même si, pendant longtemps, le consommateur
n’a pas toujours perçu l’importance des matières minérales. Celles-ci sont
consommées en amont par l’industrie productive et ce manque de visibilité est
une raison de la faible prise en compte de la question de l’approvisionnement en
minerais jusqu’en 2009 à travers le monde.

Section 1 : Où se trouve le cuivre ?

Le cuivre se trouve principalement dans de nombreux pays d’Afrique


« République Démocratique du Congo, Zambie, Namibie », en Amérique du
Sud « Chili, Pérou », en Océanie « Nouvelle-Guinée, Philippines » en Europe
« Pologne », et en Amérique du Nord162.

Le Chili, responsable d'environ un tiers de la production mondiale de


cuivre, est sans conteste le leader mondial de ce métal.
Depuis plus de trente ans, il a distancé ses principaux challengers et s'est
installé en tête des producteurs-exportateurs de ce minerai ; 4 000 tonnes de
métal rouge sortent chaque année de ses mines, soit environ 39% de la
production de la planète, contre 8% pour les Etats-Unis et 7% pour le Pérou, les
deux suivants au palmarès mondial.

162Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p16.

57
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

En effet, le Chili possède la plus grande mine du monde : « El Teniente »


sa capacité à inonder le marché de son cuivre s’explique par le fait que ce pays
possède les plus grandes réserves de cuivre au monde. Profitant à la fois de
gisements souterrains et à la surface de la Terre, le fait de pouvoir extraire de
deux façons différentes est un réel atout pour le pays. Les mines appartiennent
aussi bien à des groupes chiliens comme « Codelco » qu’à des groupes
internationaux comme « Rio Tinto » ou « Anglo-America ». Le Chili se
distingue par sa mine immense d’El Tienente qui permet de rechercher du cuivre
au cœur de la Terre. La mine d’Escondida est pour sa part étonnante compte
tenu de sa localisation en haute montagne et à proximité d’un désert mais sa
production est à la fois importante et de qualité163.
La République démocratique du Congo est également l’un des premiers
producteurs africains de cuivre, avec une production supérieure à 1 million de
tonnes en 2014. Elle détient un des trésors miniers les plus denses du globe.
Outre le diamant, le cobalt, l’étain ou encore l’or, la RDC possède une des plus
importante réserve de cuivre d’Afrique. Une de ses mines, la mine de cuivre de
« Kipoi » est en passe de bénéficier d’un apport de 162,5 millions de dollars de
la part de la société financière internationale (SFI) et du gestionnaire de fonds
australien Taurus Mining. La mine a connu un investissement à hauteur de 160
millions de dollars ; un sursis et un projet ambitieux pour Tiger-Resources,
l’exploitant australien de cette mine de cuivre, qui lui permettra d’abord de
payer sa dette. Ainsi près des ¾ des fonds serviront au strict refinancement de la
dette alors que le ¼ restant sera alloué aux travaux de construction de la mine.
En outre, Tiger-Resources remboursera son principal créancier, le fonds
australien Taurus Mining à hauteur de 100 millions de dollars. Or, ce
financement vient prolonger l’exploitation de la mine détenue à 100% par Tiger-
Resources depuis 2014 après le rachat de 40% des parts à Gécamines.
L’exploitant voit les choses en grand et entend faire passer sa production de
25M Tonnes à 32 500 tonnes d’ici novembre 2016.
Au Maroc ; 53 400 tonnes du cuivre ont été produites en 2012. La
production de cuivre se fait suivant un processus de concentration par flottation
dans une usine ayant une capacité de production de 2000 t/j.
Section 2 : Les modalités d’exploitation du Cuivre

À l’aube de l’ère numérique, les métaux acquièrent une nouvelle


dimension, d’importance stratégique. Ces métaux ont toujours été nécessaires
dans les différents progrès technologiques, de même que l’attitude prédatrice des
pays les plus puissants sur ces gisements ne s’est jamais démentie 164 . Leurs
163Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p12.
164Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p67.

58
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

nouvelles utilisations engendrent des enjeux de développement et de défense


considérables. Les tendances de production, liées aux gisements concentrés dans
certaines zones du globe, sont souvent source de tension, de crise et de conflit.
Malgré des réserves conséquentes, l’exploitation massive et le caractère
fini de ces minerais font que l’on se dirige inévitablement vers un phénomène de
raréfaction.
Le minerai du cuivre est devenue depuis deux décennies un minerai
stratégique, essentiel à un État, que ce soit pour son développement économique,
scientifique, ou encore son appareil de défense.
Le cuivre est donc parvenu à trouver sa place dans de nombreux produits.
Des industries se sont spécialisées dans ce domaine car elles fabriquent tous les
éléments qui vont être utilisés par la suite. Grâce à ce travail en amont, le cuivre
a pris une importance capitale dans la vie des particuliers 165.
Si le cuivre a longtemps été réservé à l’industrie, il prend aujourd’hui une
nouvelle dimension et est présent dans de nombreux domaines.
- Dans l’électricité : Il existe en câbles depuis la taille la plus fine
jusqu’à la plus épaisse afin de conduire l’électricité à travers les
différentes structures qui sont capables de le véhiculer.
- Dans le secteur du transport : il a autorisé la création des trains à
grande vitesse et des tramways qui fonctionnent grâce à un réseau
électrique.
- Dans les télécommunications : qui fonctionnent grâce à un réseau
en toile d’araignée dans l’ensemble de pays.
- Dans le bâtiment : il est consommé à travers le Monde par un grand
nombre d’industries et en grande partie pour la construction de
logements.
- Dans le domaine des énergies renouvelables : il apparaît dans toutes
les situations où de l’électricité est requise.
- Dans la construction aéronautique : puisqu’il résiste à la corrosion,
ce qui est un élément particulièrement important. Il est également
présent dans le domaine de l’automobile pour la même raison.
La Chine se distingue par une consommation record car ses utilisations
sont très variées, depuis le bâtiment, l’automobile, les transports mais aussi
comme élément qui permet de conserver un équilibre financier.
Les États-Unis sont également de grands consommateurs puisque les
projets de construction ne cessent de se multiplier. Les plus grandes marques

165Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p16.

59
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

automobiles font une utilisation massive de cuivre et les canalisations, le


système électrique et thermique sont également à développer et à conserver dans
le meilleur état. Les innovations technologiques demandent de pouvoir avoir du
cuivre à disposition. Compte tenu des nombreuses marques qui ont des idées
pour le futur, le cuivre est devenu indispensable.
Section 3 : L’utilité du cuivre
Dès que l’homme a découvert les particularités du cuivre, il a cherché à en
faire des applications. Aujourd’hui, le cuivre est donc parvenu à trouver sa place
dans de nombreux produits. Des industries se sont spécialisées dans ce domaine
car elles fabriquent tous les éléments qui vont être utilisés par la suite. Grâce à
ce travail en amont, le cuivre a pris une importance capitale dans la vie des
particuliers comme dans le secteur industriel166.
Un métal qui accompagne les Hommes. Le cuivre est très présent dans les
logements puisqu’il est possible de le travailler facilement. Sa capacité à
conduire les énergies va lui permettre d’être la base du circuit électrique. Il est
présent dans les chauffages, la climatisation et la robinetterie puisqu’il
représente un excellent conducteur thermique. A ce titre, il est également très
présent dans la cuisine avec des batteries de cuisine entièrement en cuivre167.
Adopter le cuivre dans son intérieur. L’inspiration des designers
d’intérieur est telle que le cuivre se retrouve dès à présent dans de nouveaux
projets. La couleur caractéristique de ce métal est très appréciée et il apparaît
donc au travers de créations afin d’égayer les intérieurs. Les cuisines avec des
plans de travail originaux ou des meubles en cuivre sont très accueillantes. Les
salles de bain se parent aussi de cuivre et le domaine de la décoration s’empare
de ce métal pour créer des objets très intéressants 168.
La montée en puissance du cuivre. Si le cuivre a longtemps été réservé à
l’industrie, il prend aujourd’hui une nouvelle dimension et est présent dans de
nombreux domaines. Il conserve sa place dans les secteurs de l’électricité et les
transports d’eau ou de gaz. Il existe en câbles depuis la taille la plus fine jusqu’à
la plus épaisse afin de conduire l’électricité à travers les différentes structures
qui sont capables de le véhiculer.
Un secteur qui multiplie les applications. Il joue un rôle dans le domaine
des transports car il a autorisé la création des trains à grande vitesse et des
tramways qui fonctionnent grâce à un réseau électrique. Les télécommunications

166Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p66.
167Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p22.
168Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,

2001, p59.

60
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

fonctionnent également grâce à un réseau en toile d’araignée dans l’ensemble de


pays. Le cuivre est partout à partir du moment où l’énergie doit être transportée.
Fraîcheur, chaleur ou permettant de véhiculer les gaz, le cuivre apporte en
continu les énergies dont ont besoin les hommes. Chaque tuyau dans le secteur
du chauffage, de la ventilation mais aussi des sanitaires et de la plomberie est en
cuivre. Ils permettent de conserver l’énergie et de la restituer de façon parfaite.
L’eau chaude et froide est transmise par cette voie. Le cuivre permet des
économies d’énergie car aucune déperdition thermique ne sera connue pendant
son utilisation puisque ses propriétés sont étonnantes.
Le cuivre est devenu bien plus qu’un métal utile puisqu’il apparaît dans
des éléments où les hommes préhistoriques qui l’ont découvert ne l’auraient
jamais imaginés. Le mobilier se pare aujourd’hui de la couleur rougeâtre
orangée caractéristique et transforme les intérieurs. Les luminaires, la décoration
et le design sont devenus fans du cuivre également.
Un métal largement utilisé par les industries. Le cuivre est largement
utilisé dans l’industrie, car c’est un métal qui possède de nombreuses propriétés.
Pour commencer le cuivre est un excellent conducteur, il possède une meilleure
conductivité que l’argent tout en étant 100 fois moins cher. Le cuivre est aussi
ductile et très malléable de plus, il est très facilement recyclable, d’ailleurs près
de 80 % du cuivre qui a été extrait est encore utilisé aujourd’hui.
Le cuivre est ainsi utilisé pour 60 % par le marché de l’électronique, pour
20 % pour la tuyauterie et la construction, à 15 % pour la fabrication de machine
industrielle et à 5 % pour la fabrication d’alliages.
Le cuivre est consommé à travers le Monde par un grand nombre
d’industries et en grande partie pour la construction de logements. La production
de l’électricité est une de ses premières applications donc des industries sont
chargées de produire un grand nombre de fils de cuivre.
Intervenant dans le domaine des énergies renouvelables, le cuivre apparaît
dans toutes les situations où de l’électricité est requise. Il permet également de
mettre en place un réseau de télécommunications, sert à réguler la température
des logements avec le chauffage et l’air conditionné. Il permet de transporter des
énergies et des liquides via des tubes de cuivre réalisés dans des industries
spécialisées.
Une forte demande dans les transports. Le cuivre est devenu indispensable
dans ce secteur puisqu’il permet d’utiliser l’électricité de la meilleure façon. Le
réseau ferroviaire est entièrement basé sur ce métal puisqu’il permet de faire
évoluer les possibilités dans le domaine.

61
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Ce métal intervient dans la construction aéronautique puisqu’il résiste à la


corrosion, ce qui est un élément particulièrement important. Il est également
présent dans le domaine de l’automobile pour la même raison.
La lutte contre les maladies nosocomiales. Il est intéressant de savoir que
toute une industrie s’est spécialisée dans la lutte contre les germes pathogènes
avec la création de matériel pour les salles d’opérations et les chambres des
patients avec des composants en cuivre. Permettant de bloquer le chemin des
bactéries, ce métal est une barrière protectrice parce qu’il les détruit
immédiatement.
Son action continue permet de lutter contre tous les transferts de bactéries
puisqu’il va naturellement les combattre. Il est également présent dans le
domaine du textile spécialisé puisque de nouveaux produits apparaissent pour
les professionnels de santé qui travaillent quotidiennement auprès de personnes
malades.
Le cuivre est donc un métal essentiel et qui est même devenu
indispensable dans la vie moderne. Le cuivre rentre dans la fabrication de nos
téléphones, de nos ordinateurs, aucun humain ne pourrait d’ailleurs vivre sans le
cuivre qui fait aujourd’hui partie de notre vie de tous les jours.

Section 4 : Evaluation du cuivre

De nombreuses matières premières sont cotées en bourse et le cours des


métaux est souvent très volatil. Pour les métaux précieux comme l'or ou l'argent,
la cotation de référence est celle du London Bullion Market Association
(LMBA), qui établit des "fixings" deux fois par jour. Les transactions des
métaux dits "non ferreux" (aluminium, cuivre, plomb et zinc) passent
majoritairement par le London Metal Exchange (LME), qui représente 80% des
échanges mondiaux. L'acier, l'inox ou la ferraille ne font pas l'objet de cotations
en bourse et sont échangés par contrats entre acheteurs et vendeurs, ou par
l'intermédiaire de négociant.

1- Qui évalue le cuivre ?


Le groupe d'étude international du cuivre « The International Copper
Study Group» est le seul groupe chargé au niveau international de l’évaluation
du cuivre. Les statuts de ce groupe ont été adoptés à Genève, le 24 février 1989,
à la conférence des Nations unies sur le cuivre.
Pour atteindre son objectif, le groupe s'acquitte des fonctions suivantes :
- Evaluer régulièrement la situation du marché et les perspectives de l'industrie
mondiale du cuivre ;
62
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

- Améliorer les statistiques sur le cuivre ;


- Présenter des études sur des questions qui l’intéressent ;
- Entreprendre des activités en rapport avec les efforts déployés par d'autres
organisations pour développer le marché du cuivre et contribuer à la
demande de cuivre ;
- Le groupe s'acquitte des fonctions décrites ci-dessus sans porter atteinte au
droit de chaque membre de gérer tous les aspects de son secteur national du
cuivre et sans préjudice de la compétence d'autres organisations
internationales dans les domaines relevant de leur mandat.
Peuvent devenir membres du groupe tous les États intéressés par la
production ou la consommation de cuivre ou par le commerce international du
cuivre et tout organisme intergouvernemental ayant compétence pour la
négociation, la conclusion et l'application d'accords internationaux, et en
particulier d'accords de produit 169.
Le groupe exerce tous les pouvoirs et prend ou fait prendre les mesures
nécessaires pour mettre en œuvre les dispositions des présents statuts et en
assurer l'application.
Le groupe n'est pas habilité, directement ou indirectement, à conclure de
contrat commercial sur le cuivre ou tout autre produit, ni de contrat portant sur
des opérations à terme ; il n'est pas non plus habilité à contracter des obligations
financières à ces fins170.
Le groupe adopte le règlement intérieur qu'il juge nécessaire à
l'accomplissement de ses fonctions, sous réserve des dispositions des présents
statuts, auxquelles ce règlement doit être conforme 171.
Le groupe peut prendre des dispositions pour tenir des consultations ou
collaborer avec l'Organisation des Nations Unies, ses organes ou les institutions
spécialisées et avec d'autres organismes intergouvernementaux, en tant que de
besoin.
il peut aussi prendre les dispositions qu'il juge appropriées pour établir des
relations avec les gouvernements non participants intéressés, avec d'autres
organisations internationales non gouvernementales ou avec des organismes du
secteur privé, en tant que de besoin.
Le groupe peut demander à être désigné comme organisme international
de produit, en vertu du paragraphe 9 de l'article 7 de l'accord portant création du

169Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p65.
170Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p13.
171 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,

1955, p56.

63
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Fonds commun pour les produits de base, aux fins de parrainer, conformément
aux dispositions des présents statuts, des projets concernant le cuivre qui seront
financés par le deuxième compte du Fonds commun. Les décisions concernant le
parrainage de tels projets sont normalement prises par consensus. S'il n'est pas
possible de parvenir à un consensus, elles sont prises à la majorité des deux tiers
des voix. Le groupe ne doit contracter aucune obligation financière pour ces
projets, ni agir en qualité d'agent d'exécution pour l'un quelconque d'entre eux.
2- Comment le cuivre est évalué ?
Les métaux les plus utilisés dans le monde sont le fer et l'aluminium. Le
cuivre se trouve juste à la troisième place. Exploité par les industries, le cuivre a
une forte corrélation avec la conjoncture industrielle. Du fait de cette
corrélation, le marché du cuivre devient un indicateur de l'état de l'économie.
- Évaluation annuelle et rapports
Chaque année, le groupe procède à une évaluation de la situation
mondiale dans le secteur du cuivre et des questions connexes, compte tenu de
renseignements fournis par les membres et d'informations complémentaires
provenant de toutes autres sources appropriées 172 . Cette évaluation annuelle
comprend un examen de la capacité de production du cuivre qui est escomptée
pour les années futures et une étude des perspectives en ce qui concerne la
production, la consommation et le commerce de cuivre pour l'année civile
suivante, en vue d'aider les membres à apprécier chacun de leur côté l'évolution
de l'économie internationale du cuivre.
Le groupe établit un rapport rendant compte des résultats de l'évaluation
annuelle et le distribue aux membres. Si le groupe le juge approprié, ce rapport
ainsi que les autres rapports et études distribués aux membres peuvent être mis à
la disposition d'autres parties intéressées conformément au règlement intérieur.
- Développement du marché
Le groupe organise des discussions entre les membres et entre les
membres et des tiers, tels que les organismes de recherche sur le cuivre et de
développement du marché, concernant les moyens d'accroître la demande de
cuivre et de développer le marché du cuivre. À l'intérieur de ce cadre, les études
effectuées par le groupe en faveur du développement du marché sont diffusées
auprès des organismes compétents pour qu'ils puissent s'en servir pour établir
des propositions de projets relatifs au développement du marché devant être
soumises au groupe pour examen. L'exécution des projets incombe aux
organismes de développement du marché. Le groupe peut sélectionner et

172 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955,p45.

64
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

parrainer des projets destinés à être financés par l'intermédiaire du deuxième


compte du Fonds commun 173.
Le groupe s'emploie à faciliter la coordination entre les organismes de
développement du marché et à appuyer l'extension des activités de
développement du marché.
- Études
Le groupe établit ou fait établir les études spéciales qu'il peut juger
appropriées au sujet de l'économie internationale du cuivre.
Les études en question peuvent contenir des recommandations générales
ou des suggestions adressées au groupe, mais ces recommandations ou
suggestions ne doivent pas porter atteinte au droit de chaque membre de gérer
tous les aspects de son secteur national du cuivre et doivent être faites sans
préjudice de la compétence d'autres organisations internationales dans les
domaines relevant de leur mandat
- Statistiques et information
Le groupe recueille, collige et communique, aux membres les données
statistiques sur la production, le commerce, les stocks et la consommation de
cuivre, y compris la consommation par marché et par branche d'utilisation
finale, qu'il juge nécessaires à la bonne application des présents statuts 174.
Le groupe prend les dispositions qu'il juge nécessaires pour permettre
l'échange de renseignements avec les gouvernements non participants intéressés
et avec les organisations non gouvernementales et organismes
intergouvernementaux appropriés, afin d'éviter le chevauchement des travaux et
de pouvoir obtenir des données récentes, fiables et complètes sur la production,
la consommation, les stocks, le commerce international et les prix publiés et
internationalement reconnus du cuivre, sur la technologie et les activités de
recherche et développement concernant le cuivre, ainsi que sur d'autres facteurs
qui influencent la demande et l'offre du cuivre 175.
Le groupe s'efforce de veiller à ce que les renseignements qu'il publie ne
portent pas atteinte au caractère confidentiel des opérations des gouvernements
ou des activités de personnes ou d'entreprises qui produisent, traitent,
commercialisent ou consomment du cuivre176.

173Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988,p67.
174Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p130.
175 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,

1955,p88.
176Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,

2001,p60.

65
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Chapitre 2 : Les réflexions géostratégiques de la part des grandes


puissances
Les ressources naturelles, notamment les minerais ont toujours été au
cœur des préoccupations nationales. Cela est devenu encore plus évident depuis
la fin de la guerre froide et l’affirmation des nouvelles puissances économiques
comme l’Inde et la Chine. Ce quia provoqué une explosion de la demande
mondiale en matières premières. Et depuis plus de deux décennies maintenant,
les ressources naturelles structurent en partie la politique étrangère des États et
sont considérées à cet effet, comme des éléments essentiels des relations
internationales. Leur localisation, leur possession, et leur dépendance, font
souvent l’objet des réflexions géostratégiques de la part des grandes puissances.
Section1 : La relation entre le Cuivre et la puissance
Pour un pays producteur de matières premières, un minerai est stratégique
si son importance dans les exportations du pays rend ce pays dépendant de cette
source de revenus.
Tel est le cas du cuivre pour le Chili ; pour ce dernier, la question du
minerai cuivre est éminemment stratégique et il serait dangereux pour le
développement économique de l’État de l’ignorer puisqu’elle conditionne
l’évolution future de l’industrie en général et de l’industrie de défense en
particulier, secteur sensible.
Le cuivre a donc un caractère encore plus stratégique pour le Chili, pour
les trois raisons suivantes :
- Il contribue à la stabilité économique, car il est essentiel à la fabrication de
nombreux produits industriels clés ;
- Il est intégré à la compétition technologique et industrielle, car il est au cœur
des ruptures technologiques et des produits les plus innovants ;
- Il est un enjeu de la sécurité générale comme économique des États et des
entreprises, il entre dans la fabrication des armements et des technologies les
plus sensibles du monde moderne « missiles, fusées, avions, satellites, outils
de télécommunications, etc. ».
L’enjeu économique est déterminant sur les marchés internationaux, la
production du cuivre reste très concentrée géographiquement, ce qui explique le
caractère clé de certains États producteurs comme l’Afrique du Sud ou la
République Démocratique du Congo 177.
Dans l’industrie, la pénétration de ces matières dans les procédés de
production est élevée. Le cuivre a une grande diversité d’applications ; utilisé

177Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p82.

66
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

dans la composition de produits de base comme de produits de haute


technologie, son processus de transformation reste toutefois complexe en raison
des compétences requises pour l’industrialiser. Les activités industrielles
fondées sur la transformation du cuivre sont très présentes dans les produits
industriels courants, tels que l’automobile ou l’électroménager.
Cependant, ce sont les hautes technologies, sur lesquelles se fonde notre
économie contemporaine et se fonderont les industries de demain, qui ont
particulièrement besoin de minerais spécifiques. Elles s’en servent pour créer
des alliages complexes combinant des propriétés de résistance à la chaleur et aux
torsions, ainsi qu’à la corrosion 178.
Ce métal est primordial pour l’industrie de défense. Ce dernier étant
utilisé sans véritable alternative économiquement rentable dans de nombreux
programmes et composants.
Les minerais sont aussi à l’origine de plusieurs conflits internes et
externes dans certains pays du monde. Citons l’exemple d’Afghanistan qui subit
actuellement cette situation, puisqu’il détient de conséquentes réserves de terres
rares, de lithium, de cobalt, de cuivre, de chrome et de pierres précieuses.
La reconstruction du pays offre des opportunités d’accès à certaines mines
mais le contexte sécuritaire encore instable est un frein puissant à l’exploitation.
Les conflits internes en relation avec les minerais s’observent aussi dans les
mines de cuivre au Pérou, mais surtout en Afrique.
Les tensions, les crises et les conflits sont déclenchés et alimentés par une
demande mondiale croissante. Les besoins en minerais spécifiques explosent à
cause de la démographie et de l’urbanisation, mais aussi par l’extension de
l’industrialisation des sociétés, principalement en Asie. Un autre facteur
alimente la demande, il s’agit de la complexité des produits manufacturés ainsi
que la pénétration de la haute technologie, via les nouvelles technologies de
l’information et de la communication, dans tous les secteurs de la vie
quotidienne. La diffusion et l’appropriation de ces technologies par le grand
public sont une condition même de la croissance de la demande et donc des
tensions, des crises et des conflits 179.
De par leur caractère stratégique, les minerais entraînent donc une lutte et
des rivalités à l’échelle nationale pour le contrôle des mines et de leurs
retombées économiques d’une part 180 , ainsi qu’une course internationale,

178 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955, p40.
179Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p78.
180 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,

1955, p90.

67
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

souvent prédatrice, aux minerais indispensables pour les innovations


économiques et technologiques d’autre part.
Exemple : L’IRAN entend fonder sa politique de montée en puissance
économique et industrielle sur le Cuivre…
Dès à présent, l’Iran vise la septième place mondiale pour ses réserves de
cuivre. Jusqu’en 2011, l’Iran se classait au neuvième rang mondial en termes de
détention de réserve de cuivre, avec des réserves prouvées s’élevant à 18
millions de tonnes de cuivre pur.
Depuis le 21 mars 2012, nouvelle année iranienne, le gouvernement a
lancé un plan de développement de la filière. Celui-ci n’a pas tardé à porter ses
fruits. Le 25 juin 2012, l’Iran annonçait, par la bouche du directeur de la
National Iranian Copper Industries Company – propos rapportés dans le Tehran
Times – la découverte de nouveaux gisements portant à 21,3 millions de tonnes
le volume des réserves prouvées.
En mars 2013, l’Iran a accéléré le mouvement de prospection en lançant
un ambitieux plan de développement de sa filière cuivre sur cinq ans. Le
ministre de l’Industrie et des mines a ainsi annoncé une production de cuivre
doublée à l’issue de ces cinq années. Les nouvelles activités d’exploration et la
réouverture de certaines mines laissent présager un potentiel important en cuivre
dans les années à venir. Selon le Tehran Times, Ali Akbar Mehrabian, ancien
ministre de l’industrie et des mines, estime qu’en 2013 les réserves de cuivre pur
découvertes pourraient s’élever à 21 millions de tonnes. La production se
développe également avec des plans de constructions de nouvelles raffineries.
Elle devrait, selon le ministère iranien des mines, atteindre 440 000 tonnes
annuelles en 2014, soit le double de la production actuelle. Ce niveau de
production devrait à terme permettre à l’Iran de rattraper le Kazakhstan – dont le
niveau de production annuel se situait pour 2010 à 434 000 tonnes de cuivre – et
classer ainsi l’Iran au dixième rang des pays producteurs de cuivre. A plus
longue échéance, horizon 2016, le pays compte se hisser au cinquième rang des
pays producteur. En 2012, l’Iran se classait au septième rang des pays
producteurs.
Section 2 : Le Marché du Cuivre
Le marché du cuivre se définit comme monopolistique ou encore
oligopolistique ce qui rend la concurrence relativement peu présente. Le cuivre
est, en effet, un marché touchant de multiples domaines. Il servait surtout à
fabriquer des bijoux, des outils et des armes, c’est un métal très tendre, bien
malléable et résistant. Grâce à ses excellentes qualités comme conducteur de
chaleur et de courant, il est utilisé aujourd’hui de multiple manière et est devenu
indispensable à la production des biens de consommation modernes : par

68
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

exemple pour la transmission de données, comme échangeur de chaleur, dans la


réfrigération, dans la construction des machines, etc. On trouve ainsi du cuivre
dans les câbles électriques, l’électronique grand public, les ordinateurs et les
téléphones portables, les bijoux, les couverts, les instruments de commande, les
bouilloires, les pièces de précision, les objets d’art, les instruments de musique,
les canalisations ou dans la construction des machines pour la confection de
parties en fonte, des anneaux d’étanchéité, tirants. Certains alliages de cuivre
sont utilisés pour la fabrication de pièces de monnaie181.
La production du cuivre n’a jusque dans les années 2000 pas été très
élevée ce qui le rendait relativement cher sur le marché. Mais, à notre époque, la
production de cuivre est de plus en plus importante. Cela est notamment dû à la
création de la plateforme de négoce de métal à Londres nommée le London
« Métal Exchange » en 2004. C’est, en effet, à ce moment-là, que le prix du
cuivre a pris son envol pour devenir un des métaux les plus abondants en
production ainsi qu’un des plus demandés 182.
Le cuivre est utilisé dans une variété d’applications qui sont essentielles
pour le développement industriel, offrant un confort de vie relativement
raisonnable. En effet, sa production en continue est donc importante pour un
développement économique et industriel d’un pays, il touche beaucoup de
domaines qui nous concernent tous et ce dans la vie de tous les jours.
Nous pouvons donc en déduire qu’il représente un très bon indicateur de
la conjoncture économique, car si un pays se développe, il sera forcé de
consommer du cuivre.
Le cuivre est négocié à travers des contrats à terme « date échéance » dans
les trois principales plateformes de négoces de métaux qui sont :
- LME London Metal Exchange;
- SMX Shanghai Metal exchange;
- CME Group.
En effet, le prix du cuivre a connu une envolée depuis le début du 21ème
siècle. C’est effectivement à cette période que la Chine a adhérée à l’OMC ce
qui a eu pour conséquence l’ouverture au commerce international engendrant
une augmentation de la demande relative.
En fait la Chine comporte à l’heure actuelle plus de 10 000 sociétés
minières employant plus de 5 millions de personnes permettant l’extraction et le

181Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p56.
182Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p42.

69
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

raffinement du cuivre pour le monde entier. Ces dernières années, la Chine n’a
pas pu faire face à la demande interne de cuivre liée à son propre développement
industriel. C’est pourquoi, malgré le potentiel minier qu’elle possède, le pays a
été contraint de se fournir dans le reste du monde afin de combler cette demande
pour assurer sa croissance. En effet, entre 2001 et 2011 la consommation de
cuivre de la Chine a considérablement augmenté allant jusqu’à 5,1 millions de
tonnes métriques de plus, soit 215%.
Depuis 2002, la Chine est devenue le plus gros consommateur de cuivre
devant les Etats-Unis. Tout cela démontre belle et bien l’impact et l’ampleur de
la croissance chinoise sur le reste du monde. C’est également une des raisons
pour laquelle cette émergence chinoise a eu un effet spectaculaire sur le prix des
métaux, encore plus que le marché du pétrole de par sa demande importante 183.
A la suite de cela, il a été démontré que la demande d’importation de
cuivre chinoise s’élève à environ 40% sur la production mondiale. Ce qui
introduit le faite que la Chine possède une influence certaine sur le prix du
cuivre et ce, de par sa consommation en général. En effet, la chine possède en
quelque sorte une position de presque monopoleur ce qui fait que si le pays
décidait de se retirer du marché, le prix du cuivre se retrouverait en chute libre.
La demande importante de la Chine régule à elle seul le marché au niveau
des prix. C’est pourquoi, la Chine opte pour des stratégies subtiles dans le but de
maintenir les prix à son avantage.
Et si, aujourd’hui, les Etats Unis sont en train d’exploiter L’Amérique du
Sud « Chili, Pérou », La chine se concentre par contre sur la RDC. En effet, elle
cherche à devancer les EU en important en plus de l’Or, le cuivre 184. Et ce, en
vue de constituer les plus grandes réserves, chose qui va lui permettre d’agir sur
le prix, et ainsi, détenir des richesses de production 185.
Et ce n’est pas le cas de la chine uniquement mais de tous les pays de
l’Asie, qui stockent davantage ce métal en vue de lutter contre la pauvreté, ce
dernier rentrant dans de nombreuses industries. Egalement, le cuivre, étant très
dense et permettant une meilleure transmission des énergies, sa détention permet
une domination du marché des énergies.
Revenant à la carte du cuivre, L'Afrique par exemple, en ayant un sous-
sol riches en ressources naturelles dont le cuivre, fait l'objet d'une convoitise très
forte des pays émergents dont la Chine et l’Inde.

183 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955, p114.
184Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,

2001, p90.
185Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p123.

70
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Alors cette richesse de matières premières est, pour le continent africain,


plutôt une malédiction qu’un bienfait dans les conditions actuelles. Là où ces
ressources sont exploitées, les conditions de vie de la population se dégradent
généralement de manière nette et s’associent presque toujours à la violence, à
des déplacements forcés et très rarement à la richesse186.
Il est effrayant de constater que pour ainsi dire toute la province de
Katanga par exemple 98% est couverte de licences d’extraction minière et qu’il
ne reste plus guère de place pour l’agriculture et la production vivrière que joue
un rôle central, et comme l’agriculture est exsangue au terme de 15 ans de
guerre et qu’aucune devise n’entre grâce au commerce des minerais, les gens de
l’Est du Congo ne peuvent plus importer les biens nécessaires à leurs besoins
quotidiens « denrées alimentaires et essence ».
Les provinces concernées perdent ainsi des impôts et des redevances de
près de 24 millions de dollars par an.
Résultat, nombreux chômeurs sont contraints d’essayer de survivre en
extrayant illégalement le cuivre. Dans des galeries provisoires, ils extraient du
cuivre en exposant leur vie ; ils le transportent ensuite à pied ou à vélo vers des
comptoirs illégaux où des Chinois leur achètent le minerai à des prix ridicules, le
fondent et le vendent dans le monde entier.
Par conséquent, il n’est pas rare que les responsables de la province
découvrent des mines illégales. Exploités par des grandes entreprises ,des
investisseurs, des fonctionnaires et des petits commerçants -qui cherchent des
droits d’exploitation pour obtenir rapidement des gains, des chômeurs ou encore
des mafias et milices militaires…
Et comme la République démocratique du Congo, n’a pas encore réalisé
sa transition démocratique, des mafias et des groupes militaires contrôlent
directement les richesses de ces pays, des « milices congolaises ou milices Hutu
rwandaises » occupent les mines qui ont fait l’objet de combats violents, ces
groupes armés finançaient leurs activités guerrières grâce aux profits qu’ils en
tiraient 187.
Ce qui fait que ces ressources ne profitent pas aux populations locales et à
l’Etat qui estime ses pertes en raison de marchandises insuffisamment déclarées
à 20 millions de dollars.

186 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955,p19.
187Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,

2001, p81.

71
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Donc une partie est produite de manière informelle et profite à ces


régimes africains et ces milices militaires qui s'enrichissent avec la complicité
aussi bien de la Chine que de l'Occident.
En fait le cuivre du Congo est, pour la Chine, le commerce le plus
important sur le continent africain. En 2007, des représentants du gouvernement
congolais et d’un groupe industriel chinois ont signé un «Memorandum of
Understanding». Grâce aux profits de cette joint venture, la Chine entend
d’abord couvrir les frais d’investissements pour les mines. Dans un second
temps, les gains iront pour deux tiers à la Chine, pour un tiers au Congo. En
contrepartie, la Chine est disposée à investir jusqu’à trois milliards de dollars
dans les infrastructures du pays « construction de routes, chemins de fer,
hôpitaux, écoles, etc. ».L’accord a été signé pour une durée de 30 ans et assure
aux Chinois une exemption totale des taxes fiscales et douanières. Les
investissements au niveau des infrastructures sont estimés au total à 6,565
milliards de dollars. La Chine ne prend en charge que 3 milliards, si bien que le
Congo est forcé de réunir le montant restant sous forme de crédits. Cette
stratégie est critiquée par le Fonds monétaire international, le Congo ne peut pas
s’endetter à nouveau en demandant simultanément une remise de dettes.
Si la Chine s’engage de manière aussi importante en Afrique, au Congo
tout particulièrement, ce n’est pas par hasard. Les immenses réserves de
matières premières qui devraient suffire pour 40 ou 50 ans sont une raison
suffisante pour concevoir des stratégies appropriées 188 . Dans le cadre de son
essor économique et politique, la Chine pense à relativement long terme et
essaie d’étendre sa suprématie en Afrique. Rien que dans la province du
Katanga, 300 entreprises chinoises travaillent dans l’extraction minière. 80 pour
cent des investissements privés de ces dernières années sont issus de l’Empire
du Milieu.
La Chine renonce toutefois délibérément à toute influence ou condition
d’ordre politique. Il est néanmoins légitime de se demander ce que cela signifie
vraiment et si la Chine n’est pas en train de devenir en réalité une nouvelle
puissance coloniale sur le continent africain. Pour un journaliste congolais, il est
prématuré de répondre à cette question : «Les Chinois n’ont pas la même
attitude que les Occidentaux. Ce qu’ils cherchent, c’est une situation «gagnant-
gagnant». Ils ne nous amènent pas la guerre. Et pour la première fois dans
l’histoire de l’Afrique, nous avons le choix entre deux civilisations, entre deux
puissances.
Nous pouvons choisir avec qui nous souhaitons collaborer. Avec les
Américains, avec les Européens, avec les Chinois. Avant, nous n’avions pas le

188 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955, p34.

72
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

choix. Tout nous était imposé.» Extrait du journal en ligne congolais «Le
Potentiel»
Une chose est claire, la Chine suit au Congo une stratégie bien précise;
étant le plus grand partenaire commercial derrière les Etats-Unis et la France, la
Chine exporte des textiles bon marché, des biens d’armement, des voitures et du
riz en se créant ainsi de nouveaux débouchés ; du même coup, elle a accès à des
matières premières de valeur à des prix imbattables.
Dans un pays marqué par la guerre et la corruption comme le Congo, un
pays sans infrastructures intactes, dont la production vivrière est réduite, la
Chine est la bienvenue et passe en Afrique pour le partenaire commercial favori.
Section 3 : La relation entre cuivre et investissement
Après le fer et l'aluminium, le cuivre est le métal le plus demandé au
monde. Les entreprises dans les télécommunications, le bâtiment, le biomédical
et bien d'autres domaines utilisent tous le cuivre. A la maison, vous remarquerez
aussi que certains ustensiles de cuisine, les tuyaux de la plomberie ou les
gouttières sont en cuivre. L'utilité de ce métal de couleur rouge brillant est
tellement vaste qu'il est si recherché.
Quant au cours du cuivre, il a connu des hauts et des bas au cours de
l'histoire 189 . Pour maîtriser les risques dans ses actions de trading, il faut
considérer plusieurs indicateurs. Ils permettront d'anticiper la baisse ou la hausse
du prix du cuivre. A part les facteurs cités sur cette page, cours du cuivre, les
autres indicateurs à suivre sont l'économie américaine, la valeur du dollar
américain, la santé de l'industrie mondiale et la politique économique de la
Chine, l'un des pays les plus demandeurs de cuivre d’où la nécessité, mettre en
exergue les grands investissements Chinois dans les sous-sols miniers et
singulièrement le cuivre190.
Donnant l’exemple de l’énormité des investissements chinois dans les
sous-sols miniers du Congo.
En juillet 2006, les Chinois se lamentent les représentants des mines de la
République démocratique du Congo. Sur place, les effets du ralentissement de la
deuxième économie mondiale se font cruellement sentir : la production de
cuivre a chuté de 11,6 % sur un an au premier trimestre, celle de cobalt de
16,3 %, et plusieurs entreprises ont arrêté leur production au Katanga. Certaines
temporairement, d’autres définitivement.

189 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,
1955, p56.
190Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,

2001, p45.

73
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

La Chambre des mines estime que les entreprises minières ont supprimé
3 000 emplois et leurs sous-traitants plus de 10 000. C’est pourtant dans
ce contexte déprimé que le groupe chinois « China-Molybdenum » a signé l’un
des plus gros contrats de l’histoire du pays et le plus gros rachat privé à ce jour :
la cession par le groupe américain « Freeport-McMoRan » de la mine congolaise
de Tenke-Fungurume pour plus de 2,6 milliards de dollars (2,3 milliards
d’euros).
Ce montant pourra être augmenté de 120 millions de dollars en fonction
de l’évolution des cours du cuivre en 2018 et 2019.Signé en mai, l’accord révèle
l’intérêt toujours très fort de la Chine pour les richesses du sous-sol africain.
Mais pas toutes les richesses, juste celles qui motive les investisseurs chinois, et
utilisées dans la fabrication de batteries, des téléphones portables et surtout du
marché de la voiture électrique en Chine. Les ventes de véhicules zéro émission
en Chine ont quadruplé en 2015 pour atteindre 247 000 véhicules électriques et
84 000 hybrides rechargeables, selon la fédération chinoise du secteur. Soit 1 %
des 24,6 millions de ventes dans le plus grand marché automobile de la planète.
Et, pour les faire tourner, les constructeurs ont besoin du cuivre et du cobalt 191.
A part la revente de cuivre chez le ferrailleur, c’est possible aussi de
gagner des euros avec le cuivre en faisant du trading. En effet, tout comme l'or
et les devises, le cuivre peut se trader. Métal rare, utilisé dans plusieurs
domaines, le cuivre est valeureux et présente des perspectives de rendement
intéressantes. Il convient pour cela de suivre le cours du cuivre et d'en connaitre
les facteurs pouvant influencer son évolution 192.
De manière générale, les contrats à terme et les options concernant le
cuivre sont négociés sur 3 bourses situées notamment en Angleterre, aux Etats-
Unis et en Chine193.
En Angleterre, la négociation du cuivre se passe à Londres, plus
précisément au London Métal Exchange. S'effectuant en lots de 25 tonnes, le
cuivre est coté en dollar par tonne.
Aux Etats-Unis, les négociations se font dans la célèbre ville de New
York, chez New York Mercantile Exchange. Sur cette partie du monde, les
négociations sont en lots de 25.000 livres. Chaque livre est ensuite coté en cents
américains.

191Garcin(T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur de Berlin ». Economica, Paris,
2001, p50.
192 Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information géographique, volume 19, n°4,

1955, p52.
193Foucher (M) : « Front et frontiére.Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p159.

74
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

En Chine, plus exactement à Shanghai, les négociations s'effectuent en


lots de 5 tonnes. Toutes les opérations se passent au Shanghai Metal Exchange
et chaque tonne est cotée en yuan. .
Les échanges de cuivre s'effectuent sur le marché londonien. Les cotations
sur LME ou London Métal Exchange se font tous les jours. Le cuivre est un actif
qui peut s'échanger en :
- options ;
- contrats à terme du style futures ;
- produit dérivé de type CFD.
A part le marché de Londres, le cuivre s'échange aussi sur le marché new
yorkais. Cependant, les volumes échangés sur NYMEX ou New York
Mercantile Exchange sont moins importants que ceux échangés sur LME. Outre
ces deux marchés, le SFE ou Shanghai Futures Exchange échange également le
métal non-ferreux qu'est le cuivre. Les volumes sont néanmoins moins
importants que ceux de NYMEX et moindres face à ceux de LME.
CONCLUSION
Certaines ressources minérales ont la particularité d’être inégalement
réparties sur la planète…. La disponibilité des ces richesses ne permet pourtant
pas le développement. L’exploitation de ces ressources, effectuées notamment
par certains acteurs internationaux « entreprises, états, banques
d’investissements etc. », dans certains pays, du Sud en particulier, traduit
l’iniquité des rapports internationaux « sous le sceau de l’exploitation et de la
domination », tout autant que le manque de régulation de ces marchés de
matières premières, désormais soumis aux règles de la finance internationale et
des lois de la spéculation. Les critiques s’intensifient face à cette « malédiction
des matières premières », qui associe en un solide cercle vicieux à la richesse en
matières première, pauvreté des populations, traitements sociaux inacceptables,
pollution des territoires, dégradations multiformes de l’environnement
dépendance et vulnérabilité économique et politique... A cela s’ajoute les cas de
détournement de la richesse des pays détenteurs de ressources mais en manque
de capacité publique de maîtrise des activités extractives.
Ces ressources posent aussi des contraintes d’accès et de coût, à côté des
problèmes de rareté, de la répartition géographique et des conditions de leur
exploitation qui soulèvent souvent des enjeux géopolitiques et de
développement.
Comme l'accessibilité des minéraux continuent d'être déterminée, en
dernière instance, par les processus politiques et, la question de l'accès aux

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Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

minéraux demeure, tel que dans les années 30, un sujet d'intérêt « géopolitique
».L'ordre international politico-économique qui a émergé au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale a prouvé son incapacité « dépolitiser » la question des
minéraux même si quelques affirmations optimistes au début des années 60,
prévoyaient que l'augmentation de l'interdépendance entre les nations tendait
justement à cela.
L’exploitation de ces ressources minérales est ainsi liée à certaines formes
de mal développement particulièrement marquées. La relation aux pays
détenteurs de ressources du tiers monde doit donc évoluer. Les activités
extractives peuvent constituer un facteur de développement pour ces pays, à
condition que ces ressources soient payées à leur juste prix « incorporant le
développement social et environnemental », que les marchés soient régulés et
que les normes de conditions de travail soient mieux encadrées.
Généralement, si les ressources minérales ne sont pas exposées à la rareté,
il existe une réelle vulnérabilité stratégique du fait de l’inégale répartition des
ressources sur Terre. Les coûts d’extraction d’un grand nombre de ressources
minérales iront en augmentant, il est donc essentiel d’économiser et de recycler
ces ressources indépendamment de la question de leur raréfaction. Une
transition vers une économie écologique nécessite une réflexion approfondie sur
les politiques industrielles et minières, afin de prendre en compte les questions
d’approvisionnement en matières premières indispensables aux « filières vertes
».
Globalement la question de détention du cuivre peut être
expliquée comme suit :
- Du point de vue économique :
La détention du cuivre conduit à une domination du marché « celui des
énergies par exemple », ce qui permet un développement économique du pays,
un poids et un respect sur la scène internationale, et ainsi, une vision forte et
bien défendue.
- Du point de vue politique :
Le cuivre rentre dans la fabrication des armes, ce qui permet de renforcer
l’appareil défensif de l’Etat, sa sécurité, sa continuité et par la suite sa stabilité.
Finalement, la géographie du cuivre joue un rôle important. En effet, les
pays détenteurs de ce métal, vont l’utiliser en fonction des relations qui les lient
avec les pays qui les entourent, s’il s’agit de :
- Pays amis : le cuivre sera destiné directement aux investissements ;
- Pays ennemis : le cuivre sera destiné directement à l’armement.
76
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

77
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Question 5 :

Les Diamants : Déjouer les enjeux géopolitiques de l’or ?

Les éléments de réponse :


Chapitre1 : Les enjeux géopolitiques du Diamant
Section1 : Que fait du Diamant une ressource particulière
Section 2 : La géographie du diamant
Section3 : L’utilité du Diamant
Chapitre 2 : Diamant déjouer les enjeux géopolitiques de l’or
Section 1 : Commercialisation du diamant
Section 2 : Les diamants de conflits, ou diamant du sang
Section 3 : La découverte du Diamant de synthèse

Référence
- Debray (R) : « Les Empires contre l'Europe». Gallimard, Paris, 1985.
- Defarges (P) : «Introduction à la géopolitique». Le Seuil, Paris, 1994.
- Delmas (Ph) : « Le bel avenir de la guerre ». Gallimard, 1995.
- Dumont(M) : « Géographie politique et géopolitique ». L'information
géographique, volume 19, n°4, 1955.
- Dumont (M) : « Géographie politique et géopolitique ». In L'information
géographique, volume 19, n°4, 1955.
- Brunet(R) :«Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ».
Mappemonde. Février 2005, n°78,
- Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.

78
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Introduction :
Les Diamants sont souvent présentés comme des miracles de la nature, ils
ont en effet une histoire formidable194. Avant d’apparaître dans les vitrines des
plus grands joailliers, ils ont vécu une aventure de plusieurs millions d’années à
partir du cœur de la terre.
Le Diamant est un minéral composé de carbone (C) sous une forme
cristalline particulière qui en fait le plus dur de tous les matériaux et une pierre
transparente à l’éclat si apprécié. Le Diamant possède en effet des
caractéristiques optiques et physiques extraordinaires et c’est grâce à cela qu’il
est la plus prisée de toutes les gemmes depuis l’antiquité195.
Le Diamant est le plus connu sous sa forme transparente mais il existe aussi
dans des variétés de jaune, de brun, de vert, de bleu, de rose, de rouge ou encore
de noir ; ces couleurs sont dues à des imperfections dans la structure de carbone
comme par exemple la présence d’azote ou de bore.
Créé au centre de la terre, le Diamant se forme à haute température et sous
haute pression à 80 Km de profondeur au moins. Les diamants apparaissent
lorsque de rares conditions géologiques sont réunies. Il faut une concordance de
pression et de température dans la couche inférieure de l'écorce terrestre, dans le
magma liquide qui se fraie un chemin à grande vitesse vers la surface de la terre,
refoulé par l'activité volcanique196. C'est dans les masses de pierres refroidies –
kimberlite – à la surface, ou dans la profondeur des cratères de volcans, que l'on
trouve les diamants. Ils sont parfois dispersés par l'érosion ou emportés par l'eau
courante, ce qui peut engendrer des découvertes spectaculaires.
Chapitre1 : Les enjeux géopolitiques du Diamant
L’expression « diamants du sang » renvoie au rôle majeur qui est attribué
au diamant dans les guerres qui ont meurtri l’Angola, le Liberia, la Sierra Leone
et la République Démocratique du Congo (RDC), principalement dans les
années 1990-2000. Les diamants sont essentiels pour bien des économies
africaines et représentent toujours un enjeu majeur dans les luttes de pouvoir, y
compris dans des pays qui n’ont pas défrayé la chronique à ce sujet : pays
d’Afrique australe, République du Congo, Guinée, République Centrafricaine,
Tanzanie, etc.
Cela pourrait suffire à faire douter les voix qui relient directement les
ressources en diamant au développement des conflits, en suggérant entre les

194Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p49.


195Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p56.
196
Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,
p12.

79
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

deux un lien de causalité. Mais le financement des conflits par des ressources
minérales est de fait une singularité africaine. L’Afghanistan est un des premiers
États, hors Afrique, où les « chefs de guerre » se sont financés par le commerce
des pierres précieuses.
Y a-t-il donc en Afrique une « malédiction » .Ceci renvoie au concept de
Resource Curse ou « malédiction »... des diamants ? Y a-t-il un déterminisme
naturel qui laisserait croire que les diamants conduisent « fatalement » à des
conflits ? On ne peut s’affranchir d’une analyse contextuelle pour compléter le
panorama factuel. Si l’expression de « diamants du sang » a fait florès, grâce
au lobbying efficace de certaines ONG, c’est dans un moment particulier de la
politique internationale et à l’heure d’une véritable révolution du marché.
L’analyse économique et géographique doit être complétée par une analyse
géopolitique.
Section1 : Que fait du Diamant une ressource particulière

La nature est capricieuse : elle a enfoui en Afrique les plus importants


gisements diamantifères. C’est en Afrique que se trouve le 1er producteur
mondial de diamant : le Botswana.
C’est en Afrique du Sud qu’est née la De Beers qui, pendant presque un
siècle a régné sans partage sur l’extraction du diamant au point de contrôler
jusque récemment 90% de la production. (On en parlait hier)La De Beers qui a
tout de même de beaux restes puisqu’elle assure encore à elle seule 40% des
livraisons. Et puis, c’est en République démocratique du Congo, ce pays
continent, que se trouverait 1/3 des réserves de diamant. Sans compter les mines
de Sierra Leone , d’où sortent quelques-unes des plus belles gemmes du monde,
celles de Côte d’Ivoire ou encore d’Angola .
Des pays dont le nom seul évoque des guerres civiles, des massacres. Des
conflits où le diamant à jouer un rôle très important, puisqu’il a souvent servi de
monnaie d’échange pour financer directement des groupes armés. C’est ce qu’on
appelle les « Diamants du sang ». Et pour une fois, la communauté
internationale mais aussi toute la filière du diamant s’est mobilisée au début des
années 2000 pour arrêter le massacre.
Le « processus de Kimberley » est donc un effort collectif qui devait mettre
hors-la-loi ces fameux diamants du sang. 10 ans plus tard, ce « processus de
Kimberley » semble en crise ou du moins en panne.

80
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 1 : Un objet assez rare.

Il faut d’abord dire un mot des qualités du diamant. C’est un cristal de


carbone pur, produit dans la nature sous des conditions de pression et de
température énormes. On n’en trouve que dans des endroits très particuliers, que
les géologues nomment cratons, de très vieilles portions du socle .Les diamants
produits dans le magma sont venus à la surface par d’étroites cheminées
volcaniques anciennes, remplies d’une pâte de débris que l’on appelle
kimberlite. Plus de 1 500 de ces cheminées ont été découvertes dans le monde
mais la plupart sont stériles, ou non exploitables, d’autres ont été détruites par
l’érosion, certaines ont été épuisées, beaucoup sont cachées, et l’on en découvre
encore. L’exploitation est coûteuse et le brut est donc déjà assez cher.
Sous-section 2 : Un produit cher

Objet naturel rare et doté de qualités intéressantes, le diamant est très


cher. Son prix est en partie justifié par la rareté et les difficultés de l’extraction
et de la taille, mais ce prix est largement artificiel, en raison du monopole
mondial et de l’organisation même du monde du diamant 197.
Section 2 : La géographie du diamant
Parmi les processus de mondialisation, il existe un petit monde original :
le monde du diamant. On peut dire qu’il a inventé la mondialisation, et même
l’intégration mondiale, avant tous les autres objets d’échange et de profit. Or ce
monde du diamant vient de muter soudainement, après un siècle de stabilité et
d’intégration. Il reste mondial, mais il invente des processus de diversification,
jouant de la différence des lieux. D’une certaine façon, il réintroduit ainsi de la
géographie dans la mondialisation. Que s’est-il passé, et quels enseignements
pouvons-nous en tirer ?
Sous-section 1 : Où se trouve le Diamants :

La production mondiale de diamants se concentre sur 4 régions


principales : Australie, Canada, Russie et le continent africain, qui constitue de
loin la première d’entre elles.
L’Australie est le plus grand producteur diamantaire au monde avec 28%
des diamants, Viennent ensuite le Botswana, la Russie et le Congo. La
production des diamants compte sur de nouveaux sites à exploiter pour garder
une offre qui réponde à la demande grandissante198.

197Brunet(R): « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p34.


198
Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,
p154.

81
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 2 : L’extraction du Diamant

L’extraction du diamant diffère en fonction du type de gisement, qui peut


être primaire ou secondaire. Elle s’effectue par l’excavation des gisements
diamantifères. L’extraction peut être minière, à ciel ouvert ou souterraine, soit
alluviale.
- L’extraction minière

Les diamants proviennent des cheminées volcaniques appelées kimberlite.


Les gisements de kimberlite sont les gisements naturels des diamants. Il existe
deux types d’exploitation minière pour ce type de gisement : à ciel ouvert ou
souterrain.
- Les mines à ciel ouvert

C’est le mode d’extraction du diamant le plus courant, notamment en


Afrique du Sud, comme la mine plus emblématique, « BigHole », à Kimberley.
On procède par terrassement, en extrayant en fur et à mesure le minerai de la
cheminée.
- Les mines souterraines

L’extraction s’effectue par éboulement ou en gradins. Ces mines peuvent


atteindre des profondeurs d’un kilomètre sous la surface de la terre, ce qui n’est
rien comparé à la profondeur à laquelle se forment les diamants 199.
Le minerai est d’abord concassé grossièrement depuis la mine afin de ne
pas briser les diamants, puis tamisé. L’opération est ensuite répétée en usine,
puis le minerai est lavé pour éliminer les boues.
Une détection du diamant au laser permet actuellement d’éjecter le diamant
du minerai grâce à un jet d’air propulsé200.
- L’extraction alluviale

Pendant des siècles, les diamants n’étaient découverts que dans des
gisements secondaires : alluvions de certaines rivières, embouchure de fleuves,
sables côtiers… notamment en Inde et au Brésil. L’extraction alluviale est le
mode d’extraction du diamant traditionnel le plus ancien. Il s’effectue la plupart
du temps de façon artisanale, par tamisage du lit des rivières, mais des mines

199Brunet(R): « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003, p61.


200
Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78, p50.

82
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

alluviales utilisant des équipements lourds se sont organisées pour récupérer les
sédiments et les tamiser de façon industrielle.
Section 3 : L’utilité du Diamant
Les diamants de qualité gemme sont utilisés en joaillerie (bijouterie).En
raison de leur grande valeur, ils sont la raison d’être du monde de l’exploration
et de l’exploitation du diamant.
Les diamants industriels servent principalement comme abrasifs dans les
matériaux de forage, de coupe « sciage », de meulage et de polissage de
nombreux matériaux : roches « granite, marbre », acier, métaux non ferreux,
fibres de carbone, matériaux composites, verre, matériaux réfractaires,
céramiques, béton, plastiques, briques de maçonnerie.
Le diamant entre dans la fabrication de certains outils et équipements dits
« au diamant » : les trépans, les segments pour lames circulaires, les meules, etc.
Il est également utilisé dans l’industrie de l’automobile.
Le Diamant s’utilise aussi dans les industries de haute technologie. Il
entre dans la fabrication :
- de fenêtres optiques de nouvelle génération pour les lasers de puissance et
pour la transmission des rayonnements synchrotrons ;
- de détecteurs pour les rayonnements ultraviolets ou ionisants ;
- de puits de chaleur pour refroidir les composantes électroniques.
Dans le domaine de la recherche scientifique, le diamant a permis une
percée importante en physique de la matière condensée par la mise au point de la
cellule à enclume de diamant qui permet de focaliser les faisceaux de rayons X
ou de laser pour sonder en direct .
Les diamants synthétiques sont utilisés comme abrasifs pour scier, forer et
usiner les pierres dures, le béton, les matériaux réfractaires, la maçonnerie et
l’asphalte. Ils font concurrence aux diamants naturels de qualité industrielle201.
Sous-section 1 : Le diamant moyen d’investissement et de placement

Après l’or, l'argent, le marché de l'Art ou encore celui des automobiles de


luxe, le diamant est une autre alternative de placement et pour diversifier les
actifs ,le diamant : un produit d’épargne « presque » comme un autre, elle est
plus attrayant et sécurisant, Si le diamant n’était pas un produit si rare et
recherché, il pourrait être un produit d’épargne « courant » 202. Même s’il ne l’est
pas tout à fait, c’est un produit de diversification au sein d’une épargne tangible,

201
Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78, p34.
202Brunet(R): « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p39.

83
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

pas concurrent mais complémentaire des métaux précieux « or et argent métal ».


En tant qu’actif tangible rare et précieux, le diamant a et aura toujours de la
valeur. Mais contrairement à l’or, c’est plutôt un placement, un investissement
de relance mais qui n’est pas conçu pour protéger des crises. En période de crise,
on préfèrera revendre son or ou son argent qui constituent les meilleures
monnaies ; mais le diamant a trop de valeur pour s’échanger contre du cash ou
des biens de consommation courante.
Le diamant peut s’échanger contre des liquidités en dehors d’un contexte
de crise. Le diamant est un placement qui accompagne plutôt la croissance, dans
l’optique de consolider le reste de son épargne, et il peut s’envisager comme un
plan d’épargne de précaution de moyen et de long terme. Le diamant est donc un
bon investissement alternatif à l’or.
Sous-section 2 : Une fiscalité avantageuse

Le diamant en tant que produit d’investissement bénéficie d’une fiscalité


avantageuse. Les diamants entrent dans la fiscalité des bijoux et assimilés
« diamants ni montés ni sertis », à l’exclusion des biens à usage industriel. La
TVA s’applique au taux normal à l’achat. A la revente, deux possibilités de
régime fiscal s’offrent au diamant :
- une taxe forfaitaire de 5,5 % à chaque revente effectuée ;
- ou une taxe de 34,5 % sur la plus-value réalisée, avec exonération totale
de taxe au bout de 12 ans de détention, et une franchise de 5 000 €.
Pour l’impôt sur la fortune, il y a une prise en compte dans le calcul de la
base imposable. Sauf que dans le cas de la plateforme Invest-Diamond, située en
zone franche en Suisse « au port franc de Genève », les diamants ne supportent
aucune TVA, ce qui permet de s’affranchir de ce frottement fiscal qui est
carrément un grincement lorsque l’on parle de plus de 20 % désormais. En clair,
un ticket d’entrée très faible « moins de 20 euros la part », un stockage en zone
sécurisée et surtout plus de problème de taxation grâce au port franc de Genève.
Sous-section 3 : Une stabilité à toute épreuve

Le diamant d’investissement n’est pas soumis aux lois du marché boursier


et des produits financiers. Il est à l’abri des bulles financières et des tentatives de
manipulation extérieure. Depuis plus de 100 ans sa valeur ne cesse d’augmenter.
Sa stabilité est due à l’indépendance totale de son système de régulation des
prix 203.

203
Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,

84
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Le diamant résiste à tout, y compris aux fluctuations monétaires, le


marché du diamant lui-même est on ne peut plus stable204. Depuis son existence,
l’univers du diamant a toujours survécu aux crises les plus graves « monétaires,
systémiques, économiques, géopolitiques… ». Même lors de la bulle du diamant
dans les années 80 « où les investisseurs se sont mis à faire n’importe quoi, à
spéculer sur un type unique de diamant », les prix du diamant ont été
relativement amortis. Bien sûr, il peut y avoir quelques dommages collatéraux
en cas de crise, pour tous les travailleurs qui gravitent autour du diamant
« mines, orfèvres, bijoutiers… ».Mais les prix du diamant restent relativement
stables, ce qui met les investisseurs à l’abri 205.
 Pourquoi les prix sont toujours maintenus ?

Plusieurs raisons à cela. Déjà, l’univers du luxe est souvent épargné en cas
de crise économique. En 2008, par exemple, des ventes aux enchères de
diamants ont atteint des records.
Ensuite, le marché du diamant se tient, ne serait-ce que par ses traditions
solidement ancrées. C’est un système autorégulé, qui fonctionne en autarcie,
indépendamment des États et des géants de la finance, qui possède ses propres
tribunaux en cas de litige interne… Le monde du diamant, un quasi-monopole,
fonctionne ainsi depuis son fondement par Cecil Rhodes.
La « stratégie du robinet » participe à ce fonctionnement inhérent au
monde du diamant. Elle consiste à fermer les mines quand la production de
diamants est trop importante et à ressortir les diamants de leur réserve quand la
demande n’est pas assez forte pour stimuler la demande et maintenir le prix
élevé des diamants. On « organise la rareté ». C’est ainsi que la stabilité des prix
est organisée au sein de l’empire du diamant et cela fonctionne depuis le
début 206.
L’or a plus de chance d’être liquidé qu’au cœur d’une crise « lorsqu’il est
propulsé violemment à des sommets », pour couvrir les pertes des autres actifs.
Alors que le diamant est un actif tangible mobilisable à tout instant, y compris
en dehors des crises. Le diamant est plus stable et peu taxé. Dans une approche
patrimoniale plus globale, il est donc parfaitement complémentaire de l’or.
Sous-section 4 : Une tendance haussière confirmée

La production de diamants s’essouffle alors que la demande mondiale


augmente. Selon les experts, la demande devrait doubler d’ici 2020, soit une
croissance de 6% par an alors que dans le même temps la production
204Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p45.
205Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p89.
206Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003, p22.

85
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

augmentera que de 2,8%. L’Inde et la Chine pourraient rattraper les USA qui
représentent 40% du marché mondial.
Les réserves mondiales de diamant s’épuisent et devraient avoir atteint
leur rendement maximal vers 2030 207.
Or comme toutes les matières qui se raréfient, la valeur du diamant ne
peut qu’augmenter au cours des 15 prochaines années.
En outre, contrairement à l’or, le diamant ne se recycle pas et c’est une
caractéristique qu’il partage avec l’argent « dont le recyclage est possible mais
anecdotique car très onéreux ». Un diamant revendu et retaillé afin d’être «
recyclé » perd de la matière, son nombre de carats diminue et donc sa valeur
aussi. Il n’est donc pas du tout avantageux de « recycler » un diamant, de le
transformer, ce qui ajoute à sa rareté.
Chapitre 2 : Diamant de synthèse Déjouer les enjeux géopolitiques
du Diamant naturel
Les joaillers préfèrent vendre un produit de luxe, donc rare. Ce n'est donc
pas dans leur intérêt d'accroître la quantité disponible, ils ont fait de gros efforts
pour éviter que les pierres de synthèse s'implantent sur le marché. En
revanche, l'industrie apprécie les matériaux durs, comme le diamant, le carbure
de silicium, le carbure de tungstène, etc. La synthèse de diamant fut l'une des
voies explorées dans cette recherche de matériaux durs.
Avec la découverte par Smithson Tennant en 1797 que le diamant est une
forme cristalline du carbone s'ouvre la voie de la synthèse de ce matériau. Il faut
attendre un peu moins d'un siècle pour que les premières expériences sérieuses
commencent avec James Ballantyne Hannay en 1880 et Henri Moissan en 1893.
L'expérience de Moissan ne semble pas avoir été concluante, ce dernier
n'ayant obtenu que de la moussante, autrement dit du carbure de silicium. Celle
de Hannay est plus controversée, car il a été impossible de reproduire ses
résultats. Plusieurs autres expériences ont eu lieu et seulement deux autres
pourraient avoir été un succès. Celle de Otto Ruff en 1917 et celle de Willard
Hersey en 19261. Ces expériences ne sont que des débuts hésitants de la
synthèse du diamant, la première véritable synthèse à lieu dans les années 1950.
L'histoire ne reprend donc que le 16 février 1953 à Stockholm en Suède,
lors du projet QUINTUS de l'entreprise d'électricité ASEA. La technique,
conçue par Baltzar von Platen et le jeune ingénieur Anders Kämpe, sera gardée
secrète. Un an plus tard, General Electric, plus précisément Tracy Hall, répète
l'opération et publie ses résultats dans le magazine Nature. C'est à cette date
qu'est officiellement reconnue la création du premier diamant synthétique.

207Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,p40.

86
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

À la fin des années 1950, De Beers ainsi que les Russes et


les Chinois lancèrent la fabrication de diamants synthétiques pour l'industrie.
Cela eut pour conséquence de faire chuter la valeur des diamants naturels
destinés à l'industrie.
Section 1 : Commercialisation du diamant
Le 7éme rapport de l’Antwerp World Diamond Centre (AWDC) et Bain &
Company fait le bilan de l’offre et de la demande annuelle en diamant. En dépit
des défis auxquels doit s’adapter l’industrie, les perspectives sont positives à
long terme, notamment grâce à un marché très régulé.
En 2016, les ventes de diamants bruts ont augmenté de 20% par rapport à
2015. Les sociétés minières ont diminué les prix bruts et pu écouler leurs stocks
de 2015, permettant ainsi aux intermédiaires (tailleurs, polisseurs) d’acheter plus
de diamants.
Les États-Unis restent le plus grand marché mondial des bijoux en
diamants. Après plusieurs années de croissance constante, les ventes ont
pratiquement stagné en 2016 aux États-Unis et affiché une baisse en Chine et en
Inde.
Les perspectives pour 2017 sont stables, quel que soit le segment de la
chaîne de valeur. Les ventes au détail envoient des signaux positifs sur les
principaux marchés des États-Unis, de la Chine et de l’Inde. Les prix des
diamants bruts ont augmenté et les prix des diamants polis ont baissé, exerçant
une pression sur les entreprises intermédiaires de taille et de polissage.

Sous-section 1 : Le monopole du diamant

Lorsque l'on parle de commerce de diamants, il convient de mentionner la


première organisation mondiale : De-Beers. Cette organisation Sud-Africaine
contrôle 70% des échanges des diamants bruts dans toutes les parties du Monde.
De la prospection à la vente en passant par l'exploitation et la transformation, De
Beers est presque omnipotent. Il a par ailleurs été maintes fois accusé de vendre
des diamants ayant servis à financer des guerres africaines 208.
Peu importe les exploitants, les revendeurs, le diamant brut a beaucoup de
chance de se retrouver dans les mains de la Diamond Producers Association
« DPA » qui a des bureaux dans tous les pays producteurs. La « DPA » transfert
ces bruts à la Central Selling Organisation « CSO » qui vérifie la qualité mais
surtout le volume pour garder un meilleur contrôle sur les prix puisque ces deux
organismes appartiennent à De Beers. Elle achètera du marché « outside », c'est

208Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,p56.

87
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

à dire le marché qui n'appartient pas à De Beers, si les prix chutent et garde une
réserve de diamants pour inonder le marché pour remonter les prix 209.
La CSO organise également la vente de diamants à 290 diamantaires
sélectionnés (toujours par de Beers) à qui l'on vend des lots de pierres brutes
d'origines diverses de valeur totale entre un demi à deux millions de dollars.
Dans plusieurs capitales du Monde, des bourses spécialisées sont organisées
dont la plus importante est à « Antwerp » en Belgique où la moitié des diamants
sont transigés. De ces bourses, les diamants passent vers des grossistes, des
courtiers ou des tailleurs.
Sous-section 2 : Le marché noir

Le marché noir représenterait 50% du marché mondial du diamant, il n'est


donc pas à négliger. Mais comme vous le savez il n'est pas légal, donc libre à
vous de tenter votre chance sur ce marché où les arnaques et les entourloupes ne
sont pas rares...
Sachez tout de même qu'un bon nombre d'occidentaux se font expulser
des pays producteurs de diamants en essayant de « traficoter ». Les pays
producteurs ont des personnes qui laissent « traîner » leurs oreilles dans les
hôtels et sur des lieux stratégiques afin d'intercepter les « traficoteurs ». Un
néophyte a de grandes chances de perdre son argent ou plus... Par contre il a peu
de chance de repartir avec des diamants...
Evidemment, vous pourriez vous dire qu'il suffit d'aller sur les sites
d'exploitation diamantifère pour acheter « à la source » et réaliser ainsi de bons
bénéfices, en théorie cela paraît être la meilleure solution, mais là aussi les pays
producteurs qui défendent leurs intérêts ont mis en place des polices des mines,
des polices privées et autres indicateurs qui surveillent ces zones stratégiques et
interpellent toute personne qui ne possède pas d'autorisation 210.
Les diamants provenant du marché noir n'auront pas été certifié par
le Processus de Kimberley ce qui compliquera grandement leur revente dans les
pays occidentaux ou les diamantaires sérieux exigeront le certificat du processus
de Kimberley. La revente ne pourra donc se faire qu'auprès de diamantaires peu
sérieux et fiables, toutes les conditions ne seront donc pas remplies pour réaliser
une transaction sereine.

Section 2 : Les diamants de conflits, ou diamant du sang

209Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris, Belin, 2003.p90.


210Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,p45.

88
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les diamants de « sang » ou les diamants de la guerre tiennent leur nom


des différentes guerres menées contre les gouvernements de plusieurs pays
d’Afrique par les rebelles entre les années 1990 et 2000.
En effet, ces diamants issus du continent Africain sont extraits des mines
localisées dans les zones de conflit telles que l’Angola, le Liberia, la Sierra
Leone et la République Démocratique du Congo, puis vendus illégalement afin
d’alimenter le trafic d’armes de ces rebelles 211.
C’est avant tout en Angola que les diamants de sang ont été évoqués dans
la fin des années 1990. Le groupe de rebelles armés appelé l’Union Nationale
pour l’Indépendance Totale de l’Angola « UNITA » a été dénoncé en 1999 suite
à son trafic de diamants bruts contre des armes. Ces activités illégales ont permis
aux rebelles de financer leurs actions militaires et politiques au détriment des
populations et du gouvernement. Ce trafic a ainsi alimenté de façon certaine une
guerre civile des plus meurtrières. Les pratiques de ce groupe de rebelles
dénoncées par l’Organisation des Nations Unies « ONU » vont notamment à
l’encontre des droits de l’homme.
Les diamants de sang ont également eu des échos en République
Démocratique du Congo, et notamment lors de la fin de la Guerre Froide. Les
aides apportées par les Pays Occidentaux ont considérablement diminué,
provoquant un affaiblissement de l’Etat et du Gouvernement congolais. Cette
situation politique et économique ouvre donc les portes au mouvement rebelle :
L’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo « AFDLC ».
Deux guerres s’en sont suivies, 1996 puis 1998 provoquant le massacre et le
déplacement de nombreuses populations. C’est au début des années 2000 que
l’ONU a dénoncé ces pratiques.
De même, les conflits étroitement liés entre le Libéria et la Sierra Léone,
ont donné naissance à des groupes rebelles armés tels que le NPFL « le Front
National Patriotique du Libéria » et le RUF « le Front Révolutionnaire Uni »
depuis le début des années 1990. Leurs pratiques politiques et militaires ont été
financées essentiellement par le trafic de diamants bruts et dénoncées par l’ONU
au début des années 2000.
La Communauté Internationale s’est depuis mobilisée afin d’éradiquer ce
commerce de diamants « sales ». Une des premières mesures prises par l’ONU a
été l’embargo des diamants en provenance de ces pays d’Afrique. Néanmoins,
même s’il a permis un essoufflement certain du marché des diamants de sang, il
a provoqué en parallèle l’essor de canaux clandestins comme pour les diamants

211Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris , Belin, 2003,p52.

89
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

de Côte d’Ivoire qui passent par le Ghana avant d’entrer sur le marché
diamantaire légal 212.
C’est pourquoi en 2003 a été instauré le Processus de Kimberley « lieu où
les pays producteurs de diamants d’Afrique Australe se sont réunis en 2000 pour
mettre un terme au commerce des diamants de sang » destiné à mettre en place
un régime international de certification des diamants bruts. Il permet de réguler
l’exportation de diamants bruts et de contrôler davantage leur provenance.
Chaque Etat membre doit ainsi émettre des certificats attestant que les diamants
exportés ne sont pas issus de ces zones de conflit 213.
Section 3 : La découverte du Diamant de synthèse
Un diamant synthétique aussi appelé diamant de synthèse ou diamant de
culture est produit en utilisant différentes techniques physiques et chimiques,
visant à reproduire la structure des diamants naturels.
L’industrie a songé assez tôt à employer les exceptionnelles qualités de
dureté du diamant pour percer, pour scier, pour protéger. On l’utilise par
exemple sur les trépans de forage pétrolier, comme abrasif, et aussi en
microchirurgie ou, en film, pour protéger des outils coupants ou des vitres. Dans
les gisements de diamants, une part est formée de cristaux trop petits pour la
joaillerie, de faible valeur, environ 1 dollar par carat : l’industrie se sert de ce
bort. Mais les besoins de l’industrie et de l’armée sont devenus énormes.
Oppenheimer a été soupçonné d’avoir fourni à la fois les Allemands et les
Russes pendant la seconde guerre mondiale. Plus tard, les mines n’ont plus suffi.
Or, pour fabriquer des diamants de synthèse, en tous points identiques aux
naturels et de même qualité, il suffisait de soumettre du carbone « en fait du
graphite » à des pressions et des températures comparables à celles de la nature.
C’est en Suède qu’on y est parvenu la première fois en 1953, mais c’est
General Electric aux États-Unis qui a créé la filière industrielle de production
peu après. Premier coup de tonnerre : De Beers était brusquement contournée.
Certes ce n’était que pour l’industrie, et le diamant restait cher à produire. Mais
De Beers a dû s’y mettre à son tour, avec quelques années de retard. Puis la
Russie a réussi à y parvenir pour ses besoins militaires et pétroliers, sans doute
dès 1959. À présent la Chine est aussi un gros producteur.
Il existe aujourd’hui des formes nouvelles, de films de diamants pour la
protection des surfaces de métal ou de verre. Et l’on commence à voir des
diamants synthétiques en joaillerie, indiscernables des naturels et que même de
petites sociétés peuvent obtenir. Ce dernier point, souvent nié ou minimisé, est

212Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,


213Brunet(R) : « Le diamant, un monde en révolution ». Paris :Belin, 2003,p34.

90
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

capital, car il peut provoquer une forte baisse des prix des diamants
ordinaires 214.
- La part du diamant synthétique dans l’industrie diamantaire :

L’industrie consomme environ 600 millions de carats du diamant par an,


la bijouterie seulement 20 ; sur les 600, 500 viennent de l’industrie, 100 des
mines. Mais les 20 millions de carats valent 8 milliards de dollars en brut, 64 en
bijouterie après négoce, taille et sertissage, les diamants industriels seulement 1
milliard en brut et 2 en usage final : trente fois plus en poids, trente fois moins
en valeur, un écart moyen de 1 à 900. Différence essentielle toutefois : les
diamants de l’industrie s’usent chaque année, les diamants de bijouterie
s’accumulent sans cesse et sans s’user, au rythme de près d’un milliard de
brillants chaque année.
Conclusion

Dans ce fascinant univers des diamants, nous avons eu l'opportunité de


bien comprendre les différentes étapes de la production de ce minerai tant
convoité en partant de la prospection, l'extraction, la transformation de cet amas
de carbone qui est devenu "le meilleur ami des filles" comme le chantait Marilyn
Monroe. Mais ces diamants qui font la fierté des stars et qui semblent gage de
fidélité et d'amour éternel est en fait une source des conflits les plus barbares de
notre décennie. L’Afrique en sait quelque chose et ce sera tout un défi pour ces
pays de remonter la pente afin de pouvoir faire profiter à toute la communauté
les bénéfices des richesses de cette terre qui leur appartient.
Cette responsabilité n'incombe pas seulement qu'au eux mais bien à tous
les joueurs de cette industrie ainsi qu’aux gouvernements qui les protègent. La
communauté internationale ne peut plus regarder les guerres sans se sentir
concernée. Notre monde est devenu sans frontières et ce n'est pas que les
richesses qui doivent circuler pour profiter à tous, mais également la paix.

214Brunet(R) :« Aspect de la mondialisation : la révolution du diamant ». Mappemonde. Février 2005, n°78,p89.

91
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Question 6 :

Le cobalt indicateur géostratégique sur les objectifs géopolitiques des


grandes puissances ?

Les éléments de réponse :


Chapitre 1 : Le cobalt indicateur géostratégique
Section 1 : Géographie du Cobalt
Section 2 : Production et réserves mondiale
Chapitre2 : Analyse géostratégique de l’usage du cobalt
Section 1 : Les usages du cobalt
Section 2 : Analyse géostratégique du Cobalt

Référence
- Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard,
Paris1988.
- Franck (J) : « Le Lobbying : stratégies et techniques d'intervention » Ellipses,
Paris, 1999.
- Gottmann (J) : « La politique des Etats et leur géographie ». Armand Colin,
Paris, 2007.
- Gallois (P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris 1990.
- Garcin (T) : « Les Grandes Questions Internationales depuis la chute du mur
de Berlin ». Economica, Paris, 2001.
- Garcin (T) : « L’état du monde 2004 ». Edition La Découverte, Paris, 2003.
- Geouffre (P) : «La frontière étude de droit international ». Ed International,
Paris 1998 .
- Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J)
2014 : « Panorama mondial 2013 du marché du cobalt ». Rapport public.
BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.
- Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des
ressources minières -Cuivre, Cobalt, Coltan dans l’Est de la République
Démocratique du Congo». décembre 2014.

92
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Introduction :
Les ressources naturelles, notamment les minerais ont toujours été au
cœur des préoccupations nationales 215.
Cela est devenu encore plus évident depuis la fin de la guerre froide et
l’affirmation des nouvelles puissances économiques comme l’Inde et la Chine.
Ce qui a provoqué une explosion de la demande mondiale en matières
premières. Et depuis plus de deux décennies maintenant, les ressources
naturelles structurent en partie la politique étrangère des États et sont
considérées à cet effet, comme des éléments essentiels des relations
internationales. Leur localisation, leur possession, et leur dépendance, font
souvent l’objet des réflexions géostratégiques de la part des grandes
puissances 216.
En effet, celles qui en sont dépourvues et dont les secteurs industriels en
dépendent, mettent en place toute une géopolitique qui tient compte des
différents paramètres liés à l’accès aux minerais, le contrôle des zones ou des
régions qui en contiennent et la sécurisation de leurs voies d’approvisionnement.
Considérés comme des denrées vitales pour les États, les minerais sont donc au
centre de la géopolitique du XXIème siècle 217. C’est la raison pour laquelle les
grandes puissances, au regard de la durée de vie limitée de certains minerais et
des difficultés liées à leur approvisionnement, arrivent à les distinguer les uns
des autres, selon qu’ils soient stratégiques ou critiques 218. Cela étant, où situer
alors la frontière entre les deux ? Et pour les pays producteurs, notamment
africains, en quoi ces minerais peuvent-ils constituer une arme économique ou
une stratégie de puissance ? Dans la première partie de cet article, nous lèverons
l’équivoque sur ce que l’on entend par minerais stratégiques et minerais
critiques. Ensuite, nous présenterons leur champ d’utilisation, enfin nous
proposerons les différentes pistes de stratégies que pourraient mettre en place les
pays africains pour faire face à la convoitise des grandes puissances par rapport
à leurs minerais.
Chapitre 1 : Le cobalt indicateur géostratégique
Le cobalt est un métal aux usages très diversifiés dans les secteurs
commerciaux, industriels et militaires. Réputé pour sa force et sa résistance à la
corrosion, le cobalt trouve sa principale utilisation dans les superalliages utilisés
dans les turbines à gaz des avions : chaque avion de combat américain utilise

215Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p56.
216
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) :«Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014, p43
217Gallois (P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990,p45.
218
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

93
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

près d’une demi-tonne de cobalt. Le cobalt entre également dans la composition


des moteurs d’avion et dans l’élaboration de certains types de bombes
nucléaires. Parallèlement à ses emplois dans l’industrie lourde « 70% de la
consommation », le cobalt est aussi le métal des technologies de l’information :
mémoires magnétiques, piles et électrodes de batteries, etc.
Métal aux usages très diversifiés. Utilisé dans la production de super
alliages pour la fabrication des moteurs d’avions à turbine. Il est aussi utilisé
dans l’élaboration de certains types de bombes nucléaires. C’est aussi un métal
des technologies de l’information : mémoires magnétiques, piles et électrodes de
batteries, il est par ailleurs utilisé dans les véhicules électriques hybrides, outils
tranchants, les turbines à gaz des centrales électriques 219.
Section 1 : Géographie du Cobalt :
La RDC est le premier réservoir de cobalt mondial 220« réserves évaluées
entre 2,5 et 3,5 millions de tonnes et représenteraient 60 à 75% du cobalt
mondial » ; les réserves mondiales sont estimées en 2000 à 4,7 Mt, à 98 %
localisées chez six pays producteurs, qui sont la RDC « 2,0 Mt », Cuba « 1,0
Mt », l'Australie « 0,88 Mt », la Zambie « 0,36 Mt », la Nelle Calédonie « 0,23
Mt », et la Russie « 0,14 Mt ».221 La production de cobalt en RDC est en baisse
depuis 2000, ayant chuté à 3 000 tonnes en 1997 et à 2 300 tonnes en 1999 avant
de se relever à 3 000 tonnes en 2017. Selon le rapport intermédiaire d’activités
de la Chambre des mines de la République démocratique du Congo, le premier
trimestre 2014 a vu le cours du cobalt monter et atteindre le pic de plus de 31
500 USD/t qu’il n’avait jamais atteint depuis deux ans.
Le rapport intermédiaire d’activités de la Chambre des mines de la
République démocratique du Congo pour les 6 premiers mois de 2014 indique
que « le premier trimestre 2014 a vu le cours du cobalt monter et atteindre le pic
de plus de 31 500 USD/t qu’il n’avait jamais atteint depuis deux ans ».
La RDC demeure le premier producteur mondial de cobalt, loin devant la
Zambie et le Canada. Tandis que la tendance extrapolée des exportations de
cobalt connaît en 2014 une très faible baisse de 0,8%, comparée à celles
réalisées en 2013, la production de cobalt extrapolée de 2014 présente une
baisse de 5,5% par rapport à celle de 2013, renseigne le document consulté par
« Lepotentielonline.com » le lundi 21 juillet 2014 à Kinshasa.

219
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) :«Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre, 2014, p50.
220Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988, p24.
221
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

94
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Il explique que « ceci résulte de choix délibérés des sociétés productrices


qui tiennent compte de la demande et des attentes du marché international qui
n’est pas encore sorti de la crise » 222.
Section 2 : Production et réserves mondiale :
Selon les experts cités par « congovision.com/science », la RDC est le
premier réservoir de cobalt mondial réserves évaluées entre 2,5 et 3,5 millions
de tonnes et représenteraient 60 à 75% du cobalt mondial ; les réserves
mondiales sont estimées en 2000 à 4,7 Mt , à 98 % localisées chez six pays
producteurs, qui sont la RDC (2,0 Mt), Cuba (1,0 Mt), l'Australie (0,88 Mt), la
Zambie (0,36 Mt), la Nouvelle Calédonie (0,23 Mt), et la Russie (0,14 Mt) ».
Citant la Banque Centrale du Congo, ils signalent que « depuis la
publication du nouveau Code minier et l'arrivée d'un nombre important de
sociétés d'exploration et d'extraction de ce métal, la production du cobalt a
dépassé la barre de 11 637 tonnes en 2001 avant de baisser légèrement à 11.361
tonnes en 2002 »223.
D’après leurs études, les principaux producteurs de cobalt sont (cobalt
raffiné) la Finlande, la Russie, le Canada et la RDC tandis que le cobalt se
trouve en quantités exploitables dans plusieurs pays dont 18 sont actuellement
producteurs : Australie, Botswana, Brésil, Belgique, Canada, Chine, Cuba,
France, Finlande, Japon, Maroc, Nouvelle Calédonie, Norvège, Russie, Afrique
du sud, Ouganda, RDC et Zambie :
A- Premier producteur et exportateur de cobalt :
Avec des exportations en hausse de plus de 350 % en cinq ans, le Congo
est devenue le premier producteur et exportateur de cobalt. Toutefois, ses
capacités de raffinage restent à améliorer. Ses nombreuses applications
industrielles font du cobalt l'une des huit matières premières stratégiques. Or le
Congo concentrerait quelque 40 % des réserves mondiales de ce minerai, soit
environ 2,14 millions de tonnes, « rapportait Jeune Afrique en mai 2013 »224.
B- Le cas du Maroc :
La Compagnie de Tifnout Tiranimine (CTT), filiale du groupe marocain
Managem (www.managemgroup.com), a repris en 1987 l'exploitation en
souterrain de la mine historique de cobalt et argent de Bou-Azzer. Elle traite le
minerai localement à son usine hydro métallurgique de Guemassa et produit des
cathodes de cobalt métal à 99,3 %. Sa production a atteint un pic de 1,7 kt en
2008 et a été de 1,3 kt Co en 2013.
222Gallois(P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990,p39.
223
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.
224Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris, 1988,p56.

95
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

C- Une ressource non renouvelable :


Chaque seconde, 2 kilos de cobalt sont produits dans le monde, soit 62
000 tonnes par an. Les réserves de cobalt devraient s'épuiser vers 2120. Il y a un
stock de 7 milliards de kilos de cobalt sur terre225. Les réserves connues sont
surtout en République démocratique du Congo 50%, en Australie 20% et à Cuba
14%. La consommation mondiale est de 62.000.000 kilos de cobalt par an,
rapportent les mêmes experts.
Environ 75% de la consommation du cobalt sont utilisés dans la
production d'acier et d'alliages. Cependant, « on ne peut pas synthétiser le
cobalt, qui est un élément chimique de symbole Co et de numéro atomique 27 et
de masse atomique 59, et il n'existe aucun substitut » 226.
Au rythme de consommation actuelle, il reste 112 années de réserves de
cobalt qui est une ressource non renouvelable. Il y a un stock de 7 milliards de
kilos de cobalt sur Terre. Les réserves connues sont surtout en République
démocratique du Congo 50%, en Australie 20% et à Cuba 14% », préviennent-
ils.
En 2003 et début 2004, le prix du cobalt a connu des hausses
spectaculaires pour atteindre les 30 USD la livre en janvier et février 2004, soit
une hausse de 500 % par rapport au plus bas de 6 USD la livre d'octobre 2002,
au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
A leur avis, cette envolée des prix serait « due à la forte demande
chinoise, à la reprise dans le secteur des superalliages « environ 25 % du cobalt
mondial est utilisé dans la fabrication de superalliages destinés en particulier, à
la fabrication de réacteurs d'avion et autres types de turbines » et des batteries
« environ 10 % du cobalt mondial sont utilisés dans la fabrication de batteries
lithium-cobalt ».
D- Intermédiaires multiples:

225
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) :«Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014,p78.
226
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

96
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Figure n°2 : Parcours du cobalt : de la production en RDC jusqu’aux


multinationales asiatiques et américaines.

Le rapport retrace le parcours du cobalt 227 , de la production en RDC,


jusqu’aux usines en Asie et aux géants de l’électroniques aux États-Unis ou en
Europe. Et la chaîne des intermédiaires est longue. Le cobalt extrait au Congo
est vendu à la Congo DongfangMining« CDM », filiale détenue à 100 % par le
géant chinois de l’exploitation minière Zhejiang Huayou Cobalt Ltd « Huayou
Cobalt ». 228 CDM traitent le cobalt, avant de le vendre à trois fabricants de
composants de batteries en Chine et en Corée du Sud 229. À leur tour, ceux-ci
vendent leurs composants à des fabricants de batteries qui affirment fournir des
entreprises du secteur de la technologie et de l’automobile, notamment Apple,
Microsoft, Samsung, Sony, Daimler et Volkswagen. Amnesty demande donc
aux multinationales d’enquêter sur les conditions d’extraction de leurs minerais
227Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris,1988,p56.
228
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.
229
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014,p90.

97
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

et exige que Huayou Cobalt « révèle qui participe à l’extraction et au commerce


de son minerai ». Une exigence « minimale » alors que la plupart de ces
entreprises sont censées pratiquer la tolérance zéro concernant le travail des
enfants. Amnesty indique qu’aucune de multinationales contactées « n’a
reconnu avoir été en relation avec Huayou Cobalt, ni assuré la traçabilité du
cobalt utilisé dans ses produits »230.
Chapitre2 : Analyse géostratégique de l’usage du cobalt

Le mot de genre masculin, le cobalt, apparaît en français en 1549 sous la


plume de Pierre Belon pour décrire le minerai cobaltifère et ses avatars
métallurgiques.
L'adjectif cobaltifère qualifie les corps ou les matières qui contiennent
l'élément cobalt. Les verbes cobaltiser ou cobalter signifient couvrir d'une
couche de métal cobalt. Le cobaltage ou encore le cobaltisage est le dépôt
protecteur de cobalt, en général une mince couche, sur la surface d'un autre
métal plus fragile ou corrodable.
Les adjectifs cobalteux et cobaltique qualifient respectivement les sels et
composés de Co(II) et Co(III).
La cobaltothérapie désigne l'emploi des rayonnements du cobalt 60 en
thérapie du cancer.
Section 1 : Les usages du cobalt :

230
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

98
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Environ 38% de la consommation du cobalt sont utilisés dans la


production des batteries. Et 66% de la consommation du cobalt par la chine dans
la production des batteries.
La consommation mondiale de cobalt a été estimée à 44 000 tonnes en
2000. Si les données sont généralement insuffisantes, on sait que la
consommation intérieure des États-Unis, qui ne produisent plus de minerai de
cobalt, s'est élevée à 10 900 tonnes « déstockage et recyclage compris » 231.
A- Le cobalt se trouve dans les secteurs économiques suivants :
- Secteur pharmaceutique.
- Aéronautique, espace et Défense : La plupart des industries des secteurs
de l'aéronautique, du spatial et de la défense utilisent des superalliages, en
particulier pour les parties chaudes des moteurs, dont de nombreux
contiennent du cobalt.
- Pneumatiques.
- Constructeurs automobiles.
- Industrie pétrolière.

B- La demande globale en Cobalt 232 :


D'une manière générale, depuis une dizaine d'années, d'autres puissances
industrielles telles que la Chine 233, le Japon, la Corée du Sud, l'Allemagne, le
Royaume-Uni ou la France développent des stratégies similaires pour sécuriser
leurs approvisionnements en métaux rares. En premier lieu, ces puissances
établissent des listes de matériaux indispensables à la fabrication de produits
high- tech. En 2010, l'Union Européenne a ainsi émis une liste de quarante
matières premières jugées indispensables aux industries de ses États-membres à
l'horizon des années 2030. 234 Parmi ces éléments, treize métaux sont considérés
comme des matières premières critiques par la Commission européenne :
l'antimoine, le beryllium, le cobalt, le gallium, le germanium, le graphite,
l'indium, le magnésium, le platine, le palladium, le néodyme, le niobium, le
tantale et le tungstène.

231
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014, p56.
232
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) :«Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014,p80.
233Foucher (M) : « Front et frontière. Un tour du monde géopolitique ». Fayard, Paris1988,p78.
234
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

99
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

C- Le marché du Cobalt :
La valeur mondiale du marché du cobalt dépasse 1 milliard USD.Signe de
l’importance nouvelle des métaux rares, le London Metal Exchange « LME » a
inauguré en Février 2010 une cotation avec des contrats à terme sur le
molybdène et le cobalt.

Figure n°3 : Évolution de la production mondiale du Cobalt.

100
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

D- Evolution de la demande du Cobalt 235:


Le marché du cobalt a été marqué en 2016 par trois facteurs essentiels :
- La très forte croissance de la production chinoise de cobalt à partir de
minerais africains, cette production représente désormais 20% de l’offre
mondiale.
- L’agressivité du producteur russe de cobalt sur le marché spot depuis la
cessation de son contrat d’agence historique, ce qui a eu un impact négatif sur
les prix.
- L’accalmie de la demande japonaise dans l’application batteries au 1er
semestre 2015 suite à la constitution de stocks importants fin 2016.
L’évolution de la demande de cobalt dépendra de la croissance
économique des pays développés et en particulier de la croissance économique
des pays émergents tels que la Chine et l’Inde 236. Le consensus des spécialistes
en matière de prévisions de croissance de la demande en cobalt à moyen terme
se situe autour de 4 % en taux moyen annuel. La demande du cobalt sera
essentiellement tirée par la croissance de ses applications dans les batteries, la
catalyse et les superalliages.

Figure n°5 : Perspective d’évolution de la demande.

235
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre, 2014,p34.
236Gallois (P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris,1990,p56.

101
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Section 2 : Analyse géostratégique du Cobalt :

Présents dans de nombreux produits aux applications tout aussi diverses,


de l’Airbus aux téléphones portables, certains minerais ont un caractère plus
stratégique pour les trois raisons suivantes :
- Ils contribuent à la stabilité économique, car ils sont essentiels à la
fabrication de très nombreux produits industriels clés ;
- Ils sont intégrés à la compétition technologique, car ils sont au cœur
des ruptures technologiques et des produits les plus innovants ;
- Ils sont un enjeu de la sécurité économique des États et des
entreprises, car ils entrent dans la fabrication des armements et des
technologies les plus sensibles du monde moderne (missiles, fusées,
avions, satellites, outils de télécommunications, etc.).
Cette notion de « stratégique » est clairement liée à leur importance dans
la chaîne de production, à leur niveau de rareté et à leur position géographique.
Un minerai est stratégique au regard de ces différents critères. Cette notion est
donc variable dans le temps selon les applications techniques qui en sont faites,
les évolutions de l’offre et les tensions géopolitiques que peuvent
ponctuellement connaître des pays producteurs.
Dans un rapport de septembre 2011 intitulé « The economic importance of
minerals to the UK », le British Geological Survey essaie d’ailleurs de clarifier
cette question en établissant un classement public des minerais à
risque , présenté de manière géographique, avec des indices de risque allant de
8,5 (antimoine) à 2,5 (titane)237.
L’utilisation croissante des minerais dits stratégiques dans de nombreux
produits intéressant les pays industrialisés renforce l’intérêt pour un tel sujet, en
particulier pour l’industrie aéronautique, les voitures « propres », les téléphones
portables, les éoliennes, etc.
Toutefois, et afin de délimiter clairement les contours d’un tel sujet, il faut
préciser que la définition des minerais stratégiques s’applique
plus spécifiquement au platine et aux platinoïdes, à l’antimoine, au cobalt, au
chrome, au titane, au manganèse, au niobium, au molybdène, au vanadium, au
tantale, au coltan et au tungstène. On peut rattacher à ces produits le nickel,
même si celui-ci ne possède pas exactement les mêmes caractéristiques que
celles des produits énumérés précédemment.

237
http://www.bgs.ac.uk/mineralsuk/statistics/riskLis...
102
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

A- Stockages stratégiques et déstockages 238 :

Les minerais sont d’autant plus stratégiques qu’ils se concentrent dans des
pays à risque. Ils peuvent même être considérés comme critiques lorsque leur
exploitation reste trop concentrée géographiquement et constitue de potentiels
facteurs de crise. Il existe ainsi quelques pays producteurs clefs pour chacun des
produits les plus répandus. On peut citer l’Afrique du Sud, le Chili, la Chine, le
Congo, la Russie ou les États-Unis. Ces différents pays et quelques autres
détiennent les produits clés suivants « ces pourcentages sont des estimations » :
le platine « Afrique du Sud : 77 % » ; les platinoïdes et le tungstène « Chine : 78
% » ; l’antimoine « Chine : 60 % » ; le chrome « Afrique du Sud : 52 %,
Kazakhstan : 21 % » ; le cobalt « Congo et Zambie : 40 %, Finlande : 21 % » ; le
titane « Australie : 34 %, Afrique du Sud : 23 % » ; le manganèse « Chine : 24
%, Ukraine : 20 %, Afrique du Sud : 14 % » ; le cuivre « Chili : 35 %, États-
Unis : 13 % » ; etc.

1- États-Unis :
Les États-Unis avaient constitué un stock stratégique de cobalt métal, qui
atteignait un peu plus de 21 kt22 fin 1995. Depuis lors, considérant que ces
stocks étaient excessifs, les États-Unis ont remis progressivement ce stock sur le
marché, au rythme de 1 à 2 kt/an de 1995 à 2005 (Tab.23), puis de quelques
centaines de tonnes de 2006 à 2009, pour un total 20,76 kt Co. Le stock résiduel
au 30/09/2010 n'était plus que de 301 t de cobalt, demeuré inchangé depuis, les
ventes ayant cessé en 2011 239(USGS, 1996 à 2014).

238
Cotton (A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
Coltandans l’Est de la République Démocratique du Congo» décembre 2014,p23.
239
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

103
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

2. Le Japan :
Oil, Gas and Metals National Corporation « JOGMEC » maintient un
stock national de certains métaux stratégiques dont le cobalt, censé correspondre
à 42 jours de consommation. Il ne publie pas les quantités stockées ou
déstockées.
3. Corée du Sud :
Le Public Procurèrentservice à la République de Corée maintient un stock
national de certains métaux stratégiques dont le cobalt, censé correspondre à 60
jours de consommation. Il ne publie pas les quantités stockées ou déstockées
« RPA, 2012 ».
4. Chine :
Selon l'analyse de RPA en 2012, la Chine stockerait, et ferait stocker pour
son compte par des sociétés productrices en Afrique, entre 300 t et trois à six
mois d'importations nettes.

104
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Selon Darton Commodities 2014, les stocks chinois détenus par les
producteurs de cobalt se montaient, fin 2011, à 25 kt Co, sous forme de
composés raffinés.
Le Fanya Métal Exchange (www.fyme.com.cn) publie un stock de cobalt
électrolytique de 87,25 t par Wuxi Stainless Steel Electronic Exchange Center
Co Ltd mars 2014.
5. LME :
Les stocks de cobalt dans les différents entrepôts du London Métal
Exchange (LME) se montaient à 527 t fin novembre 2013, vs 429 t fin 2012.
B-les dimensions économiques de la conflictualité ?
La Chine est devenue le premier fabricant de ces batteries utilisées dans
les téléphones portables et dans les véhicules électriques, en plein essor. Elle
raffine la majeure partie du cobalt sur son territoire240.
La Chine devrait aussi devenir rapidement l'un des premiers marchés de la
voiture électrique pour tenter de limiter la pollution de l'air, ce qui offre de très
belles perspectives pour le cobalt. La consommation, selon les experts de CRU,
devrait doubler en moins de dix ans 130 000 tonnes en 2025. En rachetant la
mine congolaise de Tenke, China Molybdenum acquiert dès aujourd'hui plus de
13 % de la production mondiale de cobalt, et pour l'avenir, la moitié des réserves
mondiales de ce métal stratégique 241.
Au total, la Chine, qui contrôlait déjà 75 % de la production mondiale de
cobalt, en contrôlera 84 %. Dans le raffinage, également, la Chine étend sa
domination puisque China Molybdenum a une option prioritaire sur la raffinerie
de l'Américain Freeport en Finlande. De quoi contrôler toute la chaîne, y
compris pour approvisionner l'Europe en cobalt raffiné.
Entre 2001 et 2013, Le Rwanda a connu un véritable décollage
économique contrastant avec l’évolution médiocre de la RDC sur la même
période.
Le schéma général est celui d’une économie de guerre où des groupes
armés rebelles supportés par des puissances étrangères dont le plus récent est le
M23 2012-2013 : armé et financé par le Rwanda créent des conditions
d’insécurité chronique. Cette instabilité contribue au développement de filières

240Gallois
(P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris, 1990,p45.
241
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

105
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

frauduleuses d’exploitation minière, générant des catastrophes humanitaires et


écologiques largement médiatisées « minerais du sang » 242.
Les rapports récents du Groupe d’Experts de l’ONU 2012, 2013 ont porté
à l’attention de l’opinion internationale les dernières évolutions de cette
économie de guerre. On y relève d’une part des essais d’interdiction
gouvernementale d’exportation des minerais congolais non certifiés et des
efforts croissants de certification sur les sites miniers du Kivu. Malgré tout, les
phénomènes de contrebande massifs entre la RDC et le Rwanda persistent et
contournent les chaînes de certification mises en place.
Un des facteurs importants de l’évolution de la filière est celui de la sur
médiatisation des conflits des « minerais du sang ». Celle-ci a entraîné une
mobilisation internationale extrêmement large de multiples acteurs « ONU,
ONG, acteurs politiques », elle a également contribué à l’émergence de
multiples tentatives de régulation, loi Dodd-Franck en 2010 et de certification
des minerais 243.
Conclusion :
A l’état pur, le cobalt est de couleur gris argenté, de densité et de dureté
moyenne. Le cobalt est un élément relativement abondant de l'écorce terrestre
puisqu’il se classe 33ème sur les 83 éléments significativement présents dans
l'écorce terrestre. Le cobalt existe à 67% comme un sous-produit des mines de
cuivre et à 31% comme un sous-produit des mines de nickel-cuivre sulfurés et
de nickel latéritique. Seuls deux pays, le Maroc et le Canada produisent du
cobalt comme substance primaire.
De ce fait et contrairement à d’autres métaux rares, l’intérêt stratégique du
cobalt réside plutôt dans ses caractéristiques uniques que dans sa rareté. Ainsi, le
cobalt fait partie des quatorze substances minérales considérées comme
particulièrement critiques pour l’Union Européenne dans le cadre de l’Initiative
Matières Premières publiée en 2010. Le stock stratégique américain atteignait 21
kT fin 1995 avant d’être remis progressivement sur le marché jugeant trop
excessif. D’autres pays comme le Japon, la Chine et la Corée du Sud disposent
de réserves stratégiques de cobalt mais ne publient pas le volume de leurs
stocks.
Selon United States Geological Survey « USGS », les réserves mondiales
identifiées sont évaluées à 7,2 Mt de cobalt contenu, dont près de la moitié dans
la Copper belt. Selon la même source, les réserves terrestres et sous-marines
potentielles sont estimées respectivement à 25 Mt et 120 Mt. Pour le Bureau de
Recherches Géologiques et Minières « BRGM », au rythme de production de
2013, les réserves identifiées correspondent à 84 ans de production et ceux de
242
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.
243Gallois (P) : « Géopolitique les voies de la puissance ».Plon, Paris ,1990,p78.

106
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

l’ensemble de ressources terrestres correspondraient à 178 ans de production.


Ainsi, pour le CDI, le cobalt ne présente pas de risque de pénurie à long terme.
Toutefois, en tenant compte du taux de croissance anticipé de la demande de
5,8%, le BRGM prévoit la durée de vie des resserves identifiées et terrestres à
respectivement 32 et 43 ans 244.
La RDC domine la production mondiale de cobalt avec 47,5% de
production en 2016. D’autres producteurs importants sont la Chine, le Canada,
la Russie, l’Australie, le Cuba, la Zambie et le Brésil. Cette répartition tend a
évolué depuis 2016 avec l'arrivée puis la montée en puissance progressive de
nouveaux producteurs « Madagascar, Papouasie-Nouvelle Guinée, Philippines ».
Une situation qui s’explique par la flambée de prix entre 2016 et 2018 incitant à
de nouvelles explorations et découvertes, la renégociation des contrats miniers
en RDC et les restrictions imposées par la RDC sur les exportations brutes afin
d’encourager la transformation sur place245.
En plus des pays producteurs, on trouve des pays non-producteurs qui
raffinent le cobalt à l’instar de la France, la Finlande, la Belgique, le Japon, la
Norvège et l’Uganda.
Quant au Maroc, c’est un pays à vocation minière de par la diversité de
ses ressources. Ainsi, de nombreux minéraux sont exploités, mais malgré leur
nouveau procédé pour le cobalt de Bou Azzer il reste plus coté sur la production
de phosphates. Et donc il se trouve en arrière par rapport aux autres producteurs
tels que RDC, Chine, Canada… Ce qui fait qu’il serait plus intéressent de se
focaliser davantage sur son avantage concurrentiel qui est le phosphate.
De plus en général, même si, grâce à des technologies avancées, nous
découvrions de nouveaux gisements au cours d'explorations plus poussées de la
croûte terrestre, cela ne ferait que repousser l'échéance de quelques années et ne
modifierait pas grand-chose à la donne.
Il restera le recyclage, mais l'offre sera certainement bien inférieure à la
demande, qui ne va cesser de croître avec le développement exponentiel des
pays émergeants.

Question 7 :

L’uranium et les nœuds géostratégiques : un concept en rupture avec


244Cotton(A), Yaich (M), Mbenga (P) : «Stratégies de nuances autour des ressources minières -Cuivre, Cobalt,
celui de pivot
Coltandans l’Est de la République Démocratique géostratégique
du Congo» décembre ,2014,p45.
245
Audion (A), Hocquard (C), Labbé (F), avec la collaboration de Dupuy (J) 2014 : « Panorama mondial 2013
du marché du cobalt ». Rapport public. BRGM/RP-63626-FR, 155 p., 45 fig., 33 tabl.

107
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les éléments de réponse :

Chapitre 1 : Les pays producteurs rupture du concept pivot


géostratégique
Section 1 : L’utilité l’uranium
Section 2 : La politique des pays producteurs d’uranium
Chapitre 2 : La géopolitique de l’énergie nucléaire domination des
nœuds géostratégiques
Section1 : L’énergie nucléaire
Section 2 : La géopolitique du nucléaire

Référence
- Philipponneau (M) : « La géographie appliquée ».Armand Colin, Paris
1999.
- Pinchemel (P) : « La face de la terre ». Armend Colin ,Paris 1988.

- Raffestin (C) : « Pour une géographie du pouvoir ». Litec, Paris, 1980.

- Manière (X):«Les conséquences géopolitiques de l’émergence de puissances


nucléaires militaires en marge de la communauté internationale »
November, 22, 2009

Introduction :

108
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

La géopolitique est la science humaine, réaliste, qui a pour objet de


déterminer, derrière les apparences, quels sont les caractères objectifs de la
géographie physique et humaine qui conditionnent les choix stratégiques des
acteurs internationaux de la vie idéologique, politique et économique, mondiale,
la puissance quant à elle en géopolitique est la capacité d’un pays d’influencer
les équilibres internationales ou de maintenir son positionnement international et
l’uranium est un minerai qui forme aujourd’hui un réel facteur de formation des
politiques internationales vu d’un côté que c’est la base de la sécurité
énergétique et d’un autre c’est la base de l’arme ultime qui est la bombe
atomique, dans le sujet qui va suivre nous allons démontrer l’intérêt du
traitement de la thématique de l’uranium et la puissance par 4 axes principales,
le premier qui va relever les pays producteur de la matière, le deuxième qui
touchera quelques exemples de pays qui utilise l’uranium pour la production de
l’énergie, le troisième touchera le vif du sujet en établissant le lien entre la
géopolitique et le nucléaire ainsi que 3 exemples clair de l’enjeu du nucléaire et
la géopolitique et un dernier axe sur l’énergie nucléaire au Maroc et l’uranium
Marocain.

Chapitre 1 : Les pays producteurs


L’uranium est un minerai présent en quantités importantes sur les cinq
continents. C'est un métal radioactif très lourd qui peut être utilisé comme
source abondante d'énergie concentrée. Les réserves de minerais connues à ce
jour permettent de couvrir la demande mondiale actuelle pendant un siècle.
Viennent s’ajouter les réserves estimées qui couvriraient plus de 100 années
supplémentaires. L’approvisionnement en uranium est donc garanti sur le long
terme, sur le très long terme vu que l’ensemble des réserves peut couvrir
plusieurs siècles.

Section 1 : L’utilité l’uranium


Dans un monde où chaque pays cherche à être souverain, à maitriser ses
ressources à assurer une certaine satisfaction énergétique, ou la donne change
rapidement, les stratégies mises en œuvre par les états, ainsi que « les outils »
utilisés sont de plus en plus compliqués.
Les bouleversements en cours, la redistribution des cartes au niveau
mondial viennent du fait que les Etats sont en recherche perpétuelle d’outils
géostratégiques afin d’atteindre un objectif ultime : Puissance et pérennité.
Le nucléaire, entre les réactions favorables et défavorables, fait partie de
ces « outils ». Si l’uranium est utile dans plusieurs domaines, à l’instar de la
médecine, de l’industrie, de la production d’énergie et autre, aujourd’hui, il a
dépassé le cadre classique pour devenir un véritable acteur dans les relations
entre les états bouleversant ainsi la carte du pouvoir du monde.
109
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 1 : La médecine nucléaire

Née à la fin de la seconde guerre mondiale, la médecine nucléaire est un


domaine spécialisé de la médecine dans lequel les substances radioactives sont
utilisées dans le but de diagnostiquer ou de soigner un problème de santé.
La radioactivité artificielle permet de créer à volonté des atomes
radioactifs. Cette découverte a ouvert de nouvelles possibilités d’analyses et
de traitements médicaux :
- Diagnostique des cancers : par le biais de scintigraphies et tomographies,
autorisant des examens poussés d’organes en fonctionnement « cœur,
cerveau, poumons, os, reins » ;
- Traitement des tumeurs : grâce à la radiothérapie, qui emploie les
rayonnements des radionucléides pour détruire les cellules cancéreuses.

- La radiothérapie interne vectorisée qui traite des maladies bénignes 246


(hyperthyroïdie, Polyglobulie de Vaquez...) ou des maladies malignes
(cancers thyroïdiens, métastases de cancer de la prostate...)
- Le diagnostic biologique in vitro : la radio-immunologie ;
- La médecine nucléaire est une spécialité médicale complète à la fois
diagnostique (in vivo et in vitro) et thérapeutique.

Paragraphe1 : Production d'isotopes médicaux

L'isotope médical est une substance radioactive sécuritaire surtout utilisée


pour le diagnostic de maladies. Des caméras spéciales détectent l'énergie émise
par les isotopes dans le corps du patient. Essentiellement, l'organe est illuminé
pour montrer comment il fonctionne et non son apparence. La médecine
nucléaire est la branche de la médecine et de l'imagerie médicale qui utilise les
isotopes. Les réacteurs nucléaires fissionnent de l'uranium hautement enrichi de
qualité militaire.
L'isotope servant à la grande majorité des scintigraphies est
le technétium (99mTc). La demande de technétium augmente alors que les
réacteurs permettant de le produire vieillissent. Ces réacteurs nucléaires
fissionnent de l'uranium hautement enrichi de qualité militaire. L'un des sous-
produits de fission, le molybdène est vendu pour être conditionné par des
laboratoires pharmaceutiques en générateurs de technétium. En effet le
molybdène est l'élément père du Tc, il se désintègre en Tc. Ces générateurs sont
ensuite livrés de façon hebdomadaire ou bihebdomadaire dans les services de

246Caractérise une lésion non cancéreuse, localisée et n'entraînant aucune dissémination de métastases dans les
tissus voisins (par opposition à malin).

110
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

médecine nucléaire où sont préparés les radio pharmaceutiques administrés aux


patients pour leurs scintigraphies.
Paragraphe 2 : Recherche scientifique

La radioactivité fait aussi progresser la recherche scientifique, notamment


par l’usage des « traceurs ». En suivant le parcours de
ces radionucléides injectés dans l’organisme, on comprend le métabolisme des
organes et on teste de nouveaux médicaments.
Dans son principe, la médecine nucléaire consiste à administrer par voie
intraveineuse une molécule marquée avec un isotope radioactif afin de suivre,
par détection externe, le fonctionnement normal ou pathologique d'un organe.
Les traceurs radioactifs présentent les mêmes propriétés physico-chimiques que
leurs homologues non radioactifs si ce n'est qu'ils possèdent la particularité
d'émettre un rayonnement. Ils servent donc de balise pour suivre, à l'aide d'outils
de détection appropriés, le cheminement d'une molécule préalablement marquée
dans l'organisme. Les valeurs ainsi recueillies sont ensuite analysées et
transformées à l'aide d'un modèle mathématique afin de permettre la
reconstruction à l'écran d'une image représentant la position du radio traceur
dans l'organisme. L'essor de cette technique d'imagerie tient au fait qu'il s'agit
d'une méthode unique renseignant de façon non traumatique sur la physiologie
et le fonctionnement des organismes vivants.

Sous-section 2 : L’uranium dans l’industrie

Avant d’entrer dans la fabrication du combustible, l'uranium va connaître


plusieurs transformations. Après son extraction, le minerai est broyé et soumis
à des opérations chimiques qui vont permettre de libérer l’uranium. Ce procédé
permet d’obtenir un concentré d’uranium sous forme d’une poudre jaune
appelée yellow cake. Après une phase de raffinage, le yellow cake va être
transformé en un gaz appelé hexafluorure d’uranium. C’est la phase de
conversion qui sera suivie par les opérations d’enrichissement. L’hexafluorure
d’uranium enrichi sera ensuite envoyé vers l’usine de fabrication des
assemblages de combustible. A l’issue de leur fabrication, les assemblages sont
acheminés vers la centrale nucléaire où ils seront chargés dans le cœur du
réacteur. En règle générale, 2 ans s’écoulent entre l’extraction du minerai et le
chargement de l’uranium dans le cœur du réacteur.

Paragraphe1 : Verrerie et céramique


Découvert par le chimiste Martin Heinrich Klaproth en 1789, et bien
avant la découverte de sa radioactivité, l’uranium a été destiné à la pigmentation
des verres, des faïences et des céramiques leur apportant une couleur verte voire

111
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

fluorescente. À l’époque le canary ou vaseline glass appelé aussi verre


uranifère ou ouraline était très en vogue, et ce, pendant tout le XIXe siècle.
L’uranium n’est pas resté exclusive à la fabrication de vaisselles ou
d’objet de décoration, il a aussi été utilisé dans le domaine de dentisterie dans le
but d’obtenir une couleur naturelle pendant la confection de prothèse dentaire ou
ce qui a été appelé à l’époque la porcelaine dentaire.
Paragraphe 2 : Recherche scientifique et culture

En géologie, en archéologie ou ethnologie, il est possible de dater


n’importe quel objet grâce au phénomène de décroissance naturelle de la
radioactivité en comparant le niveau de radioactivité qu’il lui reste par rapport à
celui qu’il avait au début, la datation par radiométrie découverte en 1921 par
Henry N. Russell a permis de réaliser des découvertes révolutionnaires, quoi de
plus révolutionnaire que de pouvoir calculer l’âge de la Terre.
Clair Patterson estime l'âge de la Terre, en 1956, à 4,55 milliards d'années
à 70 millions d'années près et ce en utilisant la méthode de datation par
l'uranium-plomb pour dater une météorite en présumant qu'elle vient d'une
planète formée à peu près en même temps.
Les scientifiques ont établi un ensemble de principes de radioactivité non
seulement pour déterminer l’âge des roches mais aussi pour servir le domaine de
climatologie en reconstituant les événements géologique et l’histoire du climat
sur terre.
L’irradiation d’œuvres d’art, de mobiliers précieux, de documents, de
monnaies... Évite leur détérioration par des microorganismes parasites. Les
rayonnements permettent de restaurer et de protéger des œuvres menacées.
Protéger le patrimoine La muséographie : La muséographie exploite les
propriétés des atomes radioactifs pour identifier, dater et traiter toutes sortes de
pièces et de vestiges. Elle permet :
- L’authentification des œuvres et de leur provenance ;
- La consolidation des objets fragiles par irradiation ;
- L’identification des techniques et matériaux caractérisant les œuvres.
La désinfection des sites ou pièces attaqués par des parasites siums a été
découverte par Henri Becquerel en février 1896, c’est à partir de là que cette
nouvelle propriété du minerai a commencé à être exploité dans plusieurs
domaines notamment en les domaines de recherche.

Paragraphe 3 : Contrôle et qualité industrielle

112
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Dans l’industrie c’est la radioactivité de l’uranium qui est exploitée dans


un nombre de procédé de contrôle et de qualité au niveau industrielle nous en
citons les techniques suivantes :
- La gammagraphie : est une technique de la radiographie industrielle qui
permet de réaliser le contrôle non destructif c’est-à-dire de contrôler
l’homogénéité et détecter les défauts de certains matériaux, sans les
détruire et ce en utilisant ce qu’on appelle le « gammagraphie », c’est un
appareil mobile pouvant être déplacé d’un chantier à l’autre et ne
nécessitant aucune source d’alimentation électrique. Dans le domaine du
génie civil cette technique concerne toutes les structures en béton, béton
armé, béton, pierre, mortier, métal, elle concerne aussi la construction
aéronautique, navale, et nucléaire pour la vérification des pièces le
contrôle des soudures, détection de fuites ou d’incendies.
- L’irradiation par faisceau d’électrons : est un procédé utilisé pour
stériliser et améliorer la solidité et la qualité de certains matériaux elle
permet d’améliorer grandement la résistance, les propriétés
électrochimiques et électro physiques des matériaux et des articles. Elle
est appliquée à l'acier pour augmenter sa résistance et sa ténacité aux
encres et les peintures pour qu’elles sèchent presque instantanément le
bois irradié peu se transformer en « bois densifié ».
- L’analyse par activation : elle est réalisée en mesurant des rayonnements
spécifiques émis par une réaction nucléaire. Par exemple pour l’activation
d’une pièce d’un moteur d’automobile cela permet de calculer sa vitesse
d’usure.
Paragraphe 4 :L’industrie agroalimentaire

Dans le domaine de l’alimentation, l’irradiation des aliments ou


L’ionisation des aliments permet d’augmenter la durée de conservation des
aliments en leur appliquant une dose radioactive « légère ». Cette dose ne
produit pas d’aliments « contaminés », c’est-à-dire radioactifs. Cette technique
permet de supprimer les risques d’infection bactérienne ou de contaminations
pouvant attaquer les aliments « fruits et légumes mais aussi utilisée pour
pasteuriser la viande de la volaille ou le poisson », entrainant des maladies. Ce
procédé est soutenu par l’industrie agroalimentaire et par le monde de la santé
ainsi que les autorités nationales pour la consommation humaine dans un
nombre croissant de pays puisqu’il vise à lutter contre la prolifération de
bactéries telles l’E. coli et la Listeria.
Dans le secteur agricole, on se sert des techniques nucléaires pour
améliorer la production, irriguer et fertiliser les sols, lutter contre les insectes
ravageurs et mettre au point de nouvelles souches de plantes, et pour la
conservation des aliments en empêchant la germination des plantes-racines après

113
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

la récolte, ainsi que le contrôle de la maturation des fruits et légumes stockés.


Concernant le bétail d'élevage, les radio-isotopes jouent également un rôle
important. Cette technique est utilisée pour produire des variétés à haut
rendement, résistantes aux maladies et aux intempéries de cultures.

Sous-section 3 : Uranium et Énergie


Une certaine conscience écologique est en train de naitre dans le monde :
La préservation de l’avenir en abandonnant les énergies fossiles. Les 3 grandes
tendances sont : les énergies renouvelables, le nucléaire et le gaz de schiste.
Quant au nucléaire, l’est le moins cher actuellement de tous les systèmes
énergétiques et il n'épuise pas les énergies fossiles.
Aujourd’hui, il s’agit non d’une crise de l’offre, mais de la demande.
Pendant l’année 1974, au moment du premier choc pétrolier, la production
mondiale de pétrole avait été réduite de 5 %. Or aujourd’hui, jamais la
production n’a été aussi importante, entre 2000 et 2016, elle a augmenté de 11
%, afin de suivre le rythme de la consommation mondiale Le poids du pétrole
dans la consommation globale d’énergie s’est aussi réduit. En France, la
consommation de pétrole a baissé d’un tiers depuis 1973. Ainsi, La crise
énergétique est sans doute à venir surtout avec les situations d’instabilité
politique.
La survie des nations et l'enjeu des guerres, repose en partie sur la maîtrise
des ressources énergétiques ou alimentaires rares. La maîtrise des ressources
énergétiques est une des clés de la géostratégie. Des nations indépendantes
énergiquement sont moins amenées à se combattre que des nations
interdépendantes les unes des autres.
L'énergie nucléaire fut une révolution géo-énergétique. Pour faire tourner
des centrales électriques ou faire avancer des navires, il n'est plus nécessaire de
contrôler d'immenses champs pétroliers, carbonifères ou gaziers, de protéger les
routes maritimes qui acheminent l’énergie fossile, mais de pouvoir se procurer
quelques tonnes d'uranium et de disposer d'équipes de savants. Voilà qui change
tout. Il est en effet beaucoup plus tentant pour un pays d'acquérir ces quelques
tonnes d'uranium que des millions de tonnes de pétrole, de charbon ou de
mètres-cube de gaz pour un bilan énergétique équivalent. Si demain, par
exemple, les pays producteurs de pétrole décidaient, à la suite d'une crise
mondiale, d’ordonner l'embargo sur leurs exportations, l’ensemble des pays du
monde serait quasiment privé d'électricité.
Depuis 2010, la République populaire de Chine est le premier
consommateur mondial d’énergie primaire, devant les États-Unis. L’ambitieux
plan de relance de l’économie chinoise « novembre 2008 », comme le
développement d’un vaste marché de consommateurs « en 2012, près de 20

114
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

millions de véhicules neufs ont été vendus dans le pays », ont permis à la Chine
de maintenir un fort taux de croissance « 8,2 % en 2012 ». Le charbon, dont la
consommation a plus que doublé entre 2000 et 2017, demeure l’énergie primaire
principalement brûlée dans le pays.
La Chine doit répondre à la forte demande d’électricité « dont le pays est
devenu, en 2011, le premier producteur mondial », qui s’explique par la
croissance du pays et l’urbanisation « à l’heure actuelle, seule la moitié de la
population est citadine ». Le développement du parc de centrales nucléaires est
devenu une priorité, puisque le retard du pays est flagrant. Seuls dix-sept
réacteurs nucléaires fonctionnent actuellement, contribuant à 2 % de la
production d’électricité, contre 80 % pour le charbon et 16 % pour
l’hydroélectricité. Vingt-huit nouveaux réacteurs sont en cours de construction,
et la catastrophe de Fukushima n’a guère ralenti les projets nucléaires de la
Chine, où les débats publics consacrés à l’atome restent très limités.
L’Inde, qui est désormais le quatrième consommateur mondial d’énergie
primaire, partage le même intérêt pour le nucléaire civil. Le modèle de
développement de l’Inde suivi depuis une quinzaine d’années, fondé sur des
activités à faible intensité de main-d’œuvre, mais à forte intensité de capital
intellectuel « comme l’informatique ou les biotechnologies », n’est pas
suffisamment créateur d’emplois. L’Inde développe à son tour une puissante
industrie, fortement consommatrice d’énergie, comme la sidérurgie et
l’automobile. La situation de l’Inde est déjà particulièrement préoccupante,
puisque le pays importe 75 % de sa consommation en pétrole. Le programme
nucléaire civil de l’Inde a été contrarié par son refus d’adhérer au Traité de non-
prolifération. Mais depuis septembre 2008, New Delhi a obtenu de la part des
membres du Groupe des fournisseurs nucléaires GFN, le droit d’acheter de la
technologie nucléaire civile sous la surveillance de l’Agence internationale de
l’énergie atomique AIEA, tout en conservant son arsenal nucléaire militaire.
Une mesure qui permettra de construire de nouvelles centrales atomiques
« actuellement vingt réacteurs, mais de faibles puissances, fournissent moins de
4 % de la production d’électricité du pays ».
Malgré tout, le nucléaire représente moins de 5% de la production
mondiale d'électricité ; le marché de construction de nouvelles centrales est donc
énorme. Or, deux obstacles surgissent :
- L’effet Tchernobyl qui, chez les Occidentaux, a retourné une partie de
l'opinion contre le nucléaire, notamment grâce aux campagnes des
écologistes.
- Les lobbies pétroliers et gaziers « pays producteurs et compagnies » qui se
mobilisent contre le concurrent nucléaire.

115
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

L'énergie nucléaire est la moins polluante de toutes les centrales


thermiques classiques polluent massivement l'atmosphère et aucun procédé
sérieux ne permet de réduire leurs émissions toxiques et perturbatrices du climat.
Sauf accident, une centrale nucléaire n'est pas nocive.
Il est technologiquement possible de rendre l'industrie nucléaire
quasiment sûre et non polluante, mais il est technologiquement impossible de
sécuriser l'exploitation des énergies fossiles.
Il n'existe pas d’énergie parfaite. Celles qui sont totalement renouvelables
et non polluantes sont soit trop chères soit très limitées en puissance. Les plus
efficaces et les moins chères « énergies thermiques » sont lourds à gérer et très
polluantes. Le nucléaire offre un bon compromis : un coût et un rendement
équivalents à la thermique, avec une sécurité d'approvisionnement supérieure ;
ses inconvénients -contrairement à ce dernier - sont facilement maîtrisables : le
retraitement des déchets et la sécurisation des installations sont à la portée d'une
technologie de pointe et d'une bonne organisation.
Pour apprécier le rôle que l’énergie atomique jouera dans la formation du
monde de demain, et plus particulièrement dans les relations internationales, il
faut prendre en considération deux facteurs importants :
- L’interdépendance étroite qui existe entre l’énergie en général et le revenu
national de chaque pays ;
- Le fait que la révolution nucléaire apparaît à un moment de l’histoire où
les conditions économiques et politiques n’étaient pas comparables à
celles d’autrefois et que, par conséquent, les répercussions de l’utilisation
industrielle de l’atome seront plus larges, plus profondes et peut-être plus
violentes.
Si, en toute logique, la coexistence entre pays ayant des systèmes sociaux
différents devait s’imposer à l’âge atomique, la lutte entre les divers pays, et
surtout entre les deux blocs, prendrait obligatoirement la forme d’une
compétition économique. Dans cette compétition, les deux blocs chercheront à
démontrer la supériorité de leurs systèmes en mettant principalement en œuvre
la science et la technique. Chaque progrès réalisé est destiné à jouer un rôle de
première importance, et celui qui utilisera le plus rapidement et le plus
efficacement l’énergie nucléaire tirera les plus grands avantages de cette course
à la suprématie.
Par exemple, du nucléaire est important dans l’indépendance de la France.
Une « souveraineté énergétique » qui est basée sur l’importation massive
d’uranium d’Afrique et sur un brevet américain.
Face au risque des décolonisations, le pouvoir nucléaire s’est substitué au
pouvoir colonial.
116
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Ce système a été construit pour compenser la perte de ressources liées à


cette émancipation. Gabon, Niger, Madagascar fournissent l’essentiel de
l’uranium nécessaire aux réacteurs français.

Sous-section 4 : Uranium et Armes


Des armes à la base de l’uranium appauvri. Uranium 235, qui est un sous-
produit de l’enrichissement du combustible, mais qui reste incendiaire. On les
appelle les armes pyrophoriques.
L’uranium 235 est capable de brûler tout seul beaucoup plus facilement
que l’uranium 238, car ils sont une radioactivité alpha élevée « et donc une
chaleur interne plus forte ».
Ces armes sont utilisées selon Christopher Busby au Liban et en Irak,
qu’on trouvait des traces d’uranium au mois légèrement enrichi « environ
1.2% » dans les cheveux des habitants des régions contaminées par ces armes.
La revue Jane's a mentionné que l'uranium était utilisé dans le célèbre
missile TOMAHAWK, et aussi dans le MAVERICK. Le missile BRIMSTONE
a un nom qui suggère quasi explicitement l'usage d'uranium la "pierre du
malheur", comme le soufre en son temps.

Sous-section 5 : Uranium et politique


L’uranium influence la politique sur tous ses niveaux : locale, nationale et
internationale.
Paragraphe 1 : Locale et nationale

L’extraction de l’uranium est entre les mains de géants miniers qui pèsent,
discrètement mais fortement, sur les politiques locales et nationales, jouant
souvent sur leur potentiel de créations d’emploi pour imposer leurs projets
miniers. Des mines qui ont des répercussions énormes sur l’environnement que
ce soit un niveau des pollutions ou de la transformation du paysage.
Paragraphe 2 : Internationale

L’arme nucléaire a bouleversé la géopolitique en révolutionnant la


conception de la guerre. Avec l’arme nucléaire, c’est le risque de destruction
totale d’un territoire qui est le gage de non-déclenchement du conflit, et la
maitrise de la technologie nucléaire est un signe de puissance pour une nation.
L’intérêt pour l’exploitation de l’uranium s’est développé après la
deuxième guerre mondiale, un intérêt qui au début, été lié aux questions
militaires principalement, à la construction des bombes atomiques aux états unis
URSS, grande Bretagne et puis la France.

117
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Le besoin en ressource d’uranium pour les armes nucléaires a fait naitre


des relations politiques et économiques entre producteurs et acheteurs d’uranium
comme ce qui est le cas pour la France et les pays d’Afrique
Historiquement, l’Afrique produit une grande part de l’uranium utilisé par
les pays occidentaux. La Namibie et le Niger sont les 4éme et 5éme producteurs
mondiaux.
L’industrie nucléaire française utilise par exemple entre 4000 et 5000
tonnes d’uranium nigérien par an. Cette exploitation de l’uranium a des
implications géopolitiques pour les pays producteurs, et des conséquences sur la
santé des mineurs, souvent exposé aux radiations dans des conditions de sécurité
minimales.
Le nucléaire est fondamental pour la persistance d’une certaine idée de la
grandeur, de la puissance du pays, et ça implique après les décolonisations de
garder justement la main sur cette ressource que ce soit au Gabon puis au Niger
Par exemple il est important pour la France de garder la main sur ces
ressources d’uranium, c’est pour ça qu’elle signe des accords qui sont en partie
secrets avec les gouvernements gabonais et nigérien pour assurer leur sécurité en
cas de coup d’état. Et c’est en partie pour garder la main sur les ressources
d’uranium, en partie aussi dans le cas du Gabon pour le pétrole.
L’uranium c’est aussi un atout pour les dirigeants des pays producteurs,
par exemple Omar Bongo, qui été le président du Gabon pour 42 ans de 1967
jusqu’à son décès 2009. A essayer d’utiliser ses ressources en uranium en les
vendant à l’Iran pour que le Gabon fasse partie de l’OPEP.
Paragraphe 3 : La politique de prolifération du nucléaire :

La lutte contre la prolifération des armes nucléaires est un objectif


géopolitique prioritaire des puissances nucléaires. Ces dernières font pourtant
dépendre leur propre sécurité de la possession d’un arsenal nucléaire.
Il y a chez ses pays une certaine contradiction : ils disent devoir assurer
leur sécurité par la possession d’armes nucléaires en vertu du concept de
dissuasion, mais estiment que l’accession par d’autres pays à cette arme
compromettrait la sécurité internationale. Ce sont les pays les plus puissants qui
justifient pour leurs besoins de sécurité le fait d’avoir le monopole d’une arme
qui vient accentuer les différences de statut.
« La sécurité absolue à laquelle aspire une puissance se solde par
l’insécurité absolue de toutes les autres ».
Section 2 : La politique des pays producteurs d’uranium

118
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Actuellement, un cinquième de l’uranium extrait dans le monde l’est en


Afrique et la production devrait doubler au cours des deux années à venir.
Néanmoins l’extraction de l’uranium reste une source incertaine de revenus pour
les pays africains étant donné l’instabilité de son prix et sa dépendance aux
profits des sociétés. Les principales sources de revenus liées à l’extraction de
l’uranium pour les pays africains sont les impôts sur les bénéfices des sociétés et
les redevances « un pourcentage sur les ventes de l’uranium ».
Cependant, les accords financiers entre les entreprises multinationales et
les gouvernements africains varient d’un pays à l’autre. Par exemple, le Niger a
acquis le droit de vendre une partie de l’uranium qu’il produit plutôt que de
dépendre d’AREVA pour le faire. De plus, le taux de redevance pour l’uranium
dans ce pays est plus élevé que celui de la Namibie. Autre exemple : en Afrique
du Sud les multinationales Paladin Energy et AngloGold Ashanti payent moins
de taxes par kilogramme d’uranium vendu que Rio Tinto en Namibie et Aréva
au Niger. Les sociétés multinationales ont aussi le droit d’amortir les
investissements à court terme, ce qui réduit encore le montant des revenus et
leur stabilité pour les états d’accueil. Au cours des cinq dernières années, la
totalité des revenus perçus par les états d’accueil s’est élevée à seulement 17%
de la valeur de l’uranium vendu.
Sous-section 1 : La politique relative à l’uranium en Namibie

La tendance haussière que connaissent les prix de l’uranium depuis les


années 2000 a fortement stimulé les activités d’exploration, principalement dans
le désert de Namib. La prospection vise principalement deux types de
gisements : le type intrusif, associé à des alaskites, comme à Rössing, et le type
superficiel associé à des calcrètes, comme à Langer Heinrich.
La prospection de l’uranium a connu un essor considérable dans la région
d’Erongo, dans l’ouest de la Namibie centrale. Elle se concentre surtout sur des
gisements déjà connus pour lesquels on dispose de nombreuses données
collectées par le passé. Plus de 60 permis de prospection ont été délivrés
jusqu’au début de 2007, après quoi les pouvoirs publics ont imposé un moratoire
sur l’octroi de nouveaux permis.
En Namibie, l’État contrôle l’ensemble des droits miniers qui sont
encadrés par la loi sur l’extraction et la prospection minière de 1992. Cette loi a
été promulguée peu après l’indépendance afin d’abroger l’ancienne législation
héritée du régime colonial. L’examen de cette loi et la formulation des mesures
qui en découlent sont en cours. Cette révision est déjà bien avancée et, une fois
menée à bien, sera présentée aux rédacteurs juridiques pour être finalisée puis
soumise au parlement. Ce processus devrait être achevé en 2017. Un aperçu de
la politique minière de la Namibie est disponible à l’adresse suivante :
« www.chamberofmines.org.na/fileadmin/downloads/Minerals-licy_Final.pdf. »
119
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

En 2007, l’État a suspendu l’octroi de permis de prospection de l’uranium pour


une durée indéterminée. En effet, le prix de l’uranium avait alors atteint des
sommets stimulant les activités d’exploration partout dans le monde, et en
particulier en Namibie. Les pouvoirs publics ont donc déclaré que ce moratoire
leur permettrait de réfléchir à leur politique relative à l’uranium dans un
contexte de hausse de la demande, arguant des inquiétudes en matière d’eau et
de l’énergie. L’uranium est défini comme un minéral contrôlé et la section 102
de la loi sur l’extraction et la prospection minière en réglemente l’exportation, le
traitement, la détention et l’enrichissement. En revanche, la production
d’uranium ou le cycle du combustible nucléaire ne font l’objet d’aucune
disposition particulière. La Namibie collabore actuellement avec la Finlande
pour développer un modèle de gouvernance approprié. Un projet-cadre a été
élaboré pour ce faire au titre du programme de coopération technique de l’AIEA
RAF 2016. En mars 2012, les autorités namibiennes ont lancé la première
entreprise publique du secteur minier, EpangeloMining. Le capital de départ
alloué à cette entreprise, contrôlée à 100 % par l’État, s’élèvera à 1.5 million
NAD. Cette holding fera l’acquisition de titres et prendra des participations dans
les nouveaux projets de prospection et d’exploitation de l’uranium.
Sous-section 2 : La politique relative à l’uranium au Kazakhstan

Activités de prospection de l’uranium et de développement minier


récentes ou en cours,les dépenses de prospection de l’uranium au Kazakhstan
sont passées de 1 037 millions KZT en 2006 à 4 125 millions KZT en 2007 puis
9 402 millions KZT en 2008. Le nombre de trous forés était de 1 036 en 2007 et
1 693 en 2008, soit des sondages totalisant respectivement 514 783 m et 853 862
m. En 2005-2008, des gisements de type gréseux ont été prospectés à Moinkum,
Inkai, Mynkuduk et Budenovskoye dans la province uranifère de Shu-Sarysu et
à Kharassan nord dans la province uranifère de Syr-Daria. En 2007-2008, les
gisements de type filonien de la province uranifère du Kazakhstan septentrional
ont fait l’objet d’une réestimation géologique et économique. La co-entreprise
Inkai a terminé la prospection et les projets pilotes d’exploitation par ISL sur le
site no 2, et continue de prospecter le site no 3 du gisement d’Inkai. Autre co-
entreprise, Karatau Limited LiabilityPartnership (LLP) a achevé la première
phase de prospection et d’essais pilotes de production par ISL sur le site no 2 du
gisement de Budenovskoye, et lancé la production commerciale ainsi que la
seconde phase de prospection. En 2007, une réévaluation géologique et
économique des ressources d’uranium des gisements de Vostok et Zvezdnoye
(minéralisations de type filonien) a été effectuée. Les travaux de prospection
menés en 2007-2008 ont permis d’accroître les ressources identifiées de 23 592 t
d’U, et les ressources raisonnablement assurées, de 51 714 t d’U.
JV Katco continue de rechercher de l’uranium sur le site no 3 (central) du
gisement de Moinkum. Kyzylkoum LLP et Baiken-U LLP prospectent de

120
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

l’uranium dans le gisement de Kharassan nord. En 2009, l’exploration et


l’installation pilote de production par ISL seront terminées sur les sites suivants :
site ouest du gisement de Mynkuduk, sous le contrôle de Appak LLP ; site no 4
du gisement d’Inkai sous le contrôle de Betpak-Dala LLP ; et site central du
gisement de Mynkuduk sous le contrôle de la société Ken Dala.kz. La société
Akbastau démarrera la prospection des sites no 1, 3 et 4 du gisement de
Budenovskoye en 2009-2010. Il est également prévu d’équiper ces sites
d’installations pilotes pour la production par ISL. En 2009, la société
Zarechnoye commencera l’exploration du gisement de Zarechnoye sud. En
2010, la société Volkovgeology prévoit de reprendre l’exploration géologique
des gisements liés aux grès dans les nouvelles zones favorables des provinces
uranifères de Shu-Sarysu et Syr-Daria, avec des fonds publics. Aucun nouveau
gisement n’a été découvert pendant la période étudiée.
Le décret gouvernemental du 23 janvier 2004 a approuvé le Programme
de développement de l’industrie de l’uranium dans la République du Kazakhstan
entre 2004 et 2015. Ce programme a pour objectifs le développement de
l’industrie de l’uranium pour en faire l’un des secteurs de pointe du pays, la
diversification des exportations et l’entrée sur les marchés mondiaux des
produits de haute technologie, ainsi que l’accroissement du potentiel du pays en
matière d’exportation vers les marchés mondiaux. Étant donné les ressources en
uranium existantes, l’objectif stratégique majeur du programme est d’atteindre
une capacité de production annuelle de 15 000 t d’U d’ici 2015. Les initiatives
prévues dans le cadre de ce programme visent aussi à renforcer la position du
Kazakhstan en tant que principal fabricant de pastilles combustibles à
destination des réacteurs des pays de la CEI et à favoriser son accès au marché
mondial du combustible nucléaire ; à maintenir et renforcer sa position sur le
marché mondial des composés d’uranium et des services de retraitement des
matériaux à base d’uranium ; à augmenter sa capacité de production de
combustible nucléaire et à s’implanter sur le marché mondial des composés de
haute technologie à base d’uranium, produits à partir des matières premières
nationales ; et à mettre en œuvre un plan d’action pour la sûreté
environnementale des installations du cycle du combustible nucléaire. NAC
Kazatomprom a été désigné comme exploitant national pour toutes les
opérations d’importation/exportation de l’uranium et de ses composés, du
combustible nucléaire destiné aux centrales, des technologies et équipements
spéciaux, et des matériaux associés. Dans le prolongement de la vision
conceptuelle de l’offre mondiale d’énergie définie en 2005, Kazatomprom
poursuit sa stratégie de mutation en entreprise transnationale, intégrée
verticalement et impliquée dans tous les stades du cycle du combustible
nucléaire.
juin 2008, Kazatomprom et Cameco Corporation ont fondé la co-
entreprise Ulba Conversion LLP. L’accord prévoit de confier la production
121
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

d’uranium converti à l’usine métallurgique d’Ulba à Ust-Kamenogorsk, dans le


Kazakhstan oriental. Cette future entreprise devrait pouvoir produire 12 000
tonnes d’UF6/an. En 2017, elle devrait entrer en service et produire
annuellement 750 tonnes d’UF6. Le 12 octobre 2016, le Kazakhstan et la
Fédération de Russie ont convenu de créer le « Centre d’enrichissement de
l’uranium », sous forme d’une co-entreprise contrôlée à moitié par
Kazatomprom et à moitié par Techsnabexport. Actuellement, une étude de
faisabilité est en cours afin de développer une usine d’enrichissement de
l’uranium à Angarsk « Russie, oblast d’Irkoutsk », projet coordonné avec le
début de la production, planifié pour 2017. On prévoit d’atteindre une capacité
de 5 000 000 UTS d’ici à 2016. L’uranium sera enrichi à l’aide de techniques de
centrifugation des gaz consommant peu d’énergie et économiquement
rationnelles. En mai 2017, la Fédération de Russie et le Kazakhstan ont fondé le
Centre international d’enrichissement de l’uranium (ICUE). Le principal objectif
de ce centre est d’offrir la possibilité aux États non dotés d’armes nucléaires
d’obtenir de l’uranium enrichi sans avoir à développer à l’échelle nationale des
technologies sensibles eu égard au régime de non-prolifération nucléaire.
L’uranium enrichi sera utilisé pour fabriquer du combustible nucléaire
destiné aux centrales. Le Centre international d’enrichissement de l’uranium doit
être établi dans la ville d’Angarsk « oblast d’Irkoutsk, Russie » en s’appuyant
sur le Combinat chimique d’électrolyse d’Angarsk, une entreprise unitaire
contrôlée par l’État fédéral. Dans le cadre du programme stratégique de
Kazatomprom, l’usine métallurgique d’Ulba devrait se convertir à la production
de pastilles combustibles et de combustible nucléaire pour tous les types de
réacteurs. À cette fin, Kazatomprom et l’entreprise française AREVA ont signé
un accord en juin 2008 pour le développement conjoint du cycle du combustible
nucléaire. Conformément à cet accord, AREVA apportera son assistance
technique pour développer les activités de production « avec une capacité de 1
200 t d’U/an » d’assemblages de combustibles nucléaires dans l’usine
métallurgique d’Ulba, contrôlée par Kazatomprom. La co-entreprise
« Kazatomprom – 51 %, АRЕVА – 49 % » prévoit une ligne de fabrication
séparée d’une capacité de 400t d’U produisant des assemblages pour les
centrales de conception française à partir des pastilles de combustibles fournies
par Kazatomprom. L’usine doit être construite en 2015-2016, la production
devant démarrer en 2016. Une étude de faisabilité de la construction d’une
première centrale nucléaire, comprenant deux tranches de type VVER-300 et
située à Aktau« Kazakhstan occidental », sera terminée en 2016. La construction
de la première tranche de la centrale d’Aktau est prévue pour 2016. Le
démarrage de la seconde tranche devrait avoir lieu l’année suivante en 2017. À
cette fin et dans le cadre du Programme intégré de coopération russo-kazakhe
dans le domaine du nucléaire civil, la co-entreprise russo-kazakhe Centrales
nucléaires a été créée le 30 octobre 2016 pour assurer la conception, la

122
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

construction et la promotion sur les marchés internationaux des réacteurs


nucléaires de type VVER-300. Cette société par actions (JSC) est contrôlée à
parité par Kazatomprom et Atomstroyexport.
Sous-section 3 :La politique relative à l’uraniumau Niger

Le Niger dispose d'une importante réserve d'uranium, dont l'exploitation


a commencé il y a de cela plus de quarante ans. Deux grandes sociétés ont
jusqu'alors prospéré dans ce domaine, la Somaïr et la Cominak. En fin 2009, les
réserves exploitées par la Somaïr s'établissent encore à 23.171 tonnes dont
21.876 accessibles. Et du début de sa mise en service en 1971 à fin 2009, cette
société a produit quelque 50.000 tonnes d'uranium. Elle détient à elle seule 5%
de la production mondiale. En 2010, le Niger a produit, au niveau de ce
gisement, 2.650 tonnes d'uranium. Cette production atteindra 3000 tonnes en
2012.
Le second site de production est exploité depuis 1978 par la Cominak. A
la date de 2009, il est sorti de ce gisement 60.000 tonnes d'uranium. Les réserves
disponibles sont encore estimées à 24.670 tonnes dont 10.531 tonnes
accessibles. Et au rythme actuel, ce gisement a encore 17 ans d'exploitation
devant lui. Avec seulement ces deux gisements, le Niger occupe, selon le
classement de la World Nuclear Association, le 5ème rang mondial avec une
production annuelle de 4.198 tonnes, soit 8% de la production mondiale en
2010. Le Niger se classe derrière le Kazakhstan « 14.020 t.U/an, 33% de la
production mondiale », le Canada « 10.547 t.U/an, 18% », l'Australie « 7.572
t.U/an, 11% » et la Namibie « 4.496 t.U/an, 8% ».
Il est paradoxal que l’électricité soit encore au XXIème siècle un luxe pour
l’écrasante majorité de la population nigérienne pendant que l’uranium extrait
du sous-sol du pays depuis plus de quatre décennies sert à éclairer et à égayer la
vie des familles françaises et d’autres nationalités à travers le monde.

Le groupe nucléaire civil français Areva, le leader mondial de l’énergie


nucléaire, qui détenait le monopole d’exploitation de l’uranium nigérien jusqu’à
une date récente, a toujours trouvé la parade appropriée pour signifier aux
autorités politiques du pays que le Niger n’est pas encore prêt pour être doté
d’une centrale nucléaire lui permettant d’assurer son indépendance énergétique
et même celle d’autres pays de la sous-région ouest-africains.
La toute dernière fois que cet argument a été brandi, c’était en mars 2010,
à l’occasion de la visite flash du président français Nicolas Sarkozy à Niamey,
pour parapher avec son homologue Mamadou Tandja, la convention
d’exploitation du méga-gisement d’uranium d’Imouraren accordée à Areva, et
qui devait se faire selon la formule du partenariat gagnant-gagnant.

123
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Lorsque la question d’une possible construction de centrale nucléaire à


usage civil pour le Niger qui dépend actuellement du Nigéria à plus de 70% pour
son approvisionnement en énergie électrique a été posée à Sarkozy, il a vite fait
d’écarter cette préoccupation en apposant la complexité du projet qui nécessite
l’existence d’un personnel qualifié.
On en est resté là, et le site d’Imouraren allait être mis en valeur pour
produire la matière première devant permettre d’alimenter les réacteurs RPR de
troisième génération dans plusieurs pays où Areva a décroché des marchés. Les
conditions sont apparemment en train d’être créées par les autorités de l’actuelle
transition politique pour permettre au Niger de pouvoir se doter d’une centrale
nucléaire pour assurer son indépendance énergétique.
C’est dans cette perspective que le ministre des Mines et de l’Energie a
effectué du 07 au 11 juin 2010 une mission de travail à Vienne « Autriche » sur
invitation du président du conseil des gouverneurs de l’agence internationale de
l’énergie atomique (AIEA).
Notre pays qui a assisté à cette instance en qualité d’observateur a
annoncé à cette occasion son option pour l’électronucléaire à travers une
déclaration officielle déposée auprès du Directeur général de l’AIEA. « Afin
d’appuyer et de faire aboutir cette démarche, notre pays a aussi décidé de
relancer sa candidature au poste de gouverneur de l’AIEA. Cette candidature
vise à permettre au Niger, une fois dans le conseil, de mieux s’informer sur les
politiques et stratégies nécessaires pour mieux commercialiser son uranium et
réaliser son programme nucléaire », a expliqué le ministre Souleymane
Mamadou Abba dans une communication faite devant le conseil des ministres,
après son retour de Vienne.
Cette initiative engagée par les autorités de la transition permet certes
d’assurer l’indépendance énergétique du pays mais elle n’est pas sans dangers.
Car le nucléaire est loin d’être une source d’énergie propre comme le prétendent
ses adeptes. Il faut craindre pour l’environnement mais surtout pour les
populations de la zone d’installation des infrastructures. De par le monde, il y a
eu plusieurs accidents provoqués par le nucléaire dont les séquelles n’ont pas
encore fini d’être pansées. Si les objectifs poursuivis par le projet sont louables,
il ne faut surtout pas perdre aussi de vue la menace qu’il représente.

Sous-section 4 : La politique relative à l’uranium en Australie

L’État australien soutient le développement d’un secteur de l’exploitation


durable de l’uranium, conforme aux meilleures pratiques mondiales en termes
de normes de sûreté et environnementales, pour pouvoir exporter l’uranium vers

124
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

les pays ayant ratifié le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires
« TNP » et engagés en faveur de la non-prolifération et des garanties nucléaires.
Les États non dotés d’armes nucléaires doivent aussi appliquer un protocole
additionnel. En novembre 2008, les autorités d’Australie occidentale ont levé
l’interdiction d’exploitation de l’uranium mise en place par le précédent
gouvernement de l’État. L’exploitation de l’uranium en Australie occidentale est
strictement encadrée par diverses dispositions en matière de sûreté et de sécurité,
y compris l’obligation de satisfaire toutes les garanties internationales
nécessaires et de rigoureux processus d’approbation environnementale pour
l’exploitation et le transport de l’uranium.
L’Australie s’intéresse de plus en plus à l’énergie nucléaire. En décembre,
le Premier ministre Tony Abbott déclarait ne pas avoir d’objection théologique
au nucléaire. C’est au tour du Premier ministre de l’Etat d’Australie-
Méridionale, Jay Weatherhill, d’annoncer la mise en place d’une Commission
Royale pour examiner la possibilité de développer le nucléaire civil. La
commission est chargée de considérer la faisabilité technique et financière d’un
tel projet ainsi que les questions éthiques qui lui sont liées.
Avec 7.488 tonnes d’uranium extraites de son sous-sol en 2014
« Reuters », l’Australie est le troisième producteur mondial d’uranium derrière
le Kazakhstan et le Canada. Pourtant, le pays ne compte aucune centrale
nucléaire. La législation fédérale, le Commonwealth BiodiversityAct, interdit
l’usage de cette énergie sur le territoire australien.
L’Australie-Méridionale, un des six Etats de la fédération, concentre 80%
des ressources en uranium du pays. A elle seule, la mine d’Olympic Dam est la
source de 6% de la production mondiale. Dans un contexte économique difficile,
avec une crise de l’industrie, le secteur nucléaire représente une opportunité
importante pour la région.
« Nous abritons l’un des plus grands gisements d’uranium du monde et,
après plus de 25 ans de production d’uranium, il est temps d’engager un débat
mature et sérieux sur le futur de l’Australie-Méridionale dans l’industrie
nucléaire » a déclaré dimanche son Premier ministre. « La Commission Royale
va examiner les avantages et les risques liés au secteur » a-t-il ajouté.
Jay Weatherhill était par le passé opposé au nucléaire, mais il adopte
aujourd’hui une position moins tranchée : « La vérité c’est que nous faisons déjà
partie de la filière nucléaire, je veux dire par là que nous vendons de l’uranium
au reste du monde. » Il considère qu’il serait peut-être intéressant de capitaliser
sur la valeur de cette énergie, notamment sur « la question de l’enrichissement,
ajouter de la valeur à ce minerai que l’on exporte ».

125
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Un sondage de l’institut d’enquête ReachTel, réalisé pour le compte de la


Chambre des Mines et de l’Energie d’Australie-Méridionale en avril 2014,
montrait que la majorité des habitants de la région étaient favorables à
l’utilisation de l’énergie nucléaire. « Nous avons 25% des réserves mondiales
d’uranium, le potentiel économique est donc énorme en Australie-Méridionale
ça pourrait changer la donne » a déclaré le président de la chambre de commerce
de l’état, Nigel McBride.
L’entreprise South AustralianNuclearEnergySystems a déjà entamé des
discussions non officiellement avec le gouvernement fédéral et des responsables
politiques d’Australie-Méridionale pour étudier un amendement de l’interdiction
du nucléaire. Un porte-parole de l’entreprise a affirmé qu’il connaissait des
investisseurs internationaux intéressés par le projet.
La décision du Premier Ministre d’Australie-Méridionale a reçu le soutien
de l’ancien Premier Ministre, Bob Hawke : « le réchauffement climatique est
une véritable menace, et l’énergie nucléaire est une réponse importante à ce
défi » a-t-il déclaré. L’Australie produit la majorité de son électricité à partir du
charbon. A cause de cela, le pays est mal classé en terme de performances
environnementales « le Conseil Mondial de l’Énergie lui a donné la lettre D en
matière de durabilité de sa production énergétique ».
Un remplacement des centrales thermiques à charbon par des centrales
nucléaires représenteront naturellement un gain important en matière
d’émissions de gaz à effet de serre. L’Agence Internationale de l’Énergie l’a
rappelé récemment : la transition énergétique vers une production électrique
décarbonée ne pourra pas se faire sans le nucléaire.
« Il est clair que l’énergie nucléaire va jouer au 21emé siècle un rôle
critique dans la production durable d’électricité dans le monde » a déclaré le
président du Conseil des Mines d’Australie, Dan Zavattiero. Pour lui, la décision
de monter une commission doit être « grandement applaudie ». La commission
devrait rendre la première ébauche de son rapport le 23 Mars 2015.
Sous-section 5 : La politique relative à l’uranium au Canada :

Le Canada est le deuxième plus grand producteur mondial d’uranium, et


sa production représente environ 15 % de la production mondiale totale. En
2013, le Canada a produit 9 331.5 tonnes d’uranium, évaluées à environ
1,2 milliard de dollars.
La production d’uranium au Canada est passée de 9 000 tonnes environ
par année au début des années 1990 à 12 920 tonnes par année en 1998. Depuis
lors, la production annuelle d’uranium se situe entre 8 214 et 12 552 tonnes.

126
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

La production actuelle provient des mines McArthur River, Cigar Lake et


Rabbit Lake (Eagle Point) dans le nord de la Saskatchewan.
Suite à l'exploitation et au traitement du minerai, l'uranium est destiné à
deux fins ultimes: les centrales nucléaires et les armes nucléaires. Bien que le
Canada ne soit pas doté d'armes nucléaires, son rôle d'exportateur de
combustible et de technologies nucléaires le place parmi les premiers au monde
dans la course aux armements. Aux États Unis, la fabrication d'armes nucléaires
à partir d'uranium canadien remonte à 1942. Les premières bombes larguées au
Japon avaient été fabriquées avec de l'uranium du Canada et du Congo. C'est
grâce à l'exportation d'uranium et de technologies nucléaires canadiens que
l'Angleterre, la France et l'Inde ont pu élaborer des armes nucléaires.
Aujourd'hui, le Canada exporte de l'uranium dans une douzaine de pays y
compris les États Unis, la France, la Grande Bretagne et la Corée du Sud.
Depuis 1965, les dirigeants de l'industrie affirment que l’uranium canadien ne
sert qu'à l'approvisionnement des centrales en combustible, sur la foi de
«garanties» très complexes visant à vérifier que les matières et installations
fournies par le Canada ne servent pas à la fabrication de bombes. Toutefois, ces
garanties sont non exécutoires et peuvent être annulées n'importe quand.
Le Canada demeure le plus grand vendeur de cet ingrédient clé pour la
production d'armes nucléaires. Le pays l'exporte aux pays mêmes qui fabriquent
ces armes.
Dans les faits, la plus grande partie de l'uranium exporté aux Etats-Unis
est destinée à l'armement nucléaire. Quant au processus d'enrichissement,
Canada compte cinq livres d'uranium appauvri pour chaque livre de produit
enrichi. Or cet uranium appauvri ne fait l'objet d'aucune garantie. Cependant, il
constitue un ingrédient important de l'arsenal nucléaire : bombes à hydrogène,
fabrication du plutonium et obus pour canons militaires.
Près de 85 p. 100 de la production d’uranium du Canada est exportée. En
2013, la valeur des exportations d’uranium d’origine canadienne s’élevait à
environ 1 milliard de dollars. L’uranium qui reste est utilisé pour alimenter les
réacteurs CANDU du pays, qui fournissent actuellement environ 15 % de
l’électricité consommée au Canada. Des 19 réacteurs CANDU en exploitation
qui existent au Canada, 18 se trouvent en Ontario et un réacteur se trouve au
Nouveau Brunswick.

Chapitre2 : La géopolitique de l’énergie nucléaire

Le nucléaire, en tant qu’énergie alternative aux énergies fossiles, est un


instrument de puissance puisqu’il permet une indépendance énergétique relative

127
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

aux Etats qui font le choix d’investir dedans. Cet instrument de puissance
représente pourtant un danger car il est susceptible d’être une cible de terrorisme
La notion de sécurité nucléaire renvoie à la mise en place des dispositifs
vis-à-vis de la malveillance, c’est-à-dire le vol de matières nucléaires ou le
sabotage des installations, alors que celle de sûreté nucléaire concerne les
dispositions assurant le fonctionnement normal d’une installation.
Les trois principales zones nucléarisées, c’est-à-dire avec la plus forte
implantation de réacteurs ainsi que de déchets nucléaires, dans le monde sont les
Etats-Unis, le Japon et l’Europe.
Les risques de terrorisme nucléaire, bien réels, font l’objet de mesures de
protection similaires mais non homogènes selon les Etats, et mobilisent
différents types d’acteurs.
Section1 : L’énergie nucléaire

L'énergie nucléaire est l'énergie qui se trouve dans le noyau d'un atome.
Les atomes sont les plus petites particules dans lesquelles peut se diviser un
matériau. Dans le noyau de chaque atome, il existe deux types de particules
« neutrons et protons » qui sont toujours unies. L’énergie nucléaire, c’est
l’énergie qui permet l’union permanente des neutrons et des protons.
L'énergie nucléaire peut être utilisée pour produire de l'électricité. Tout d’abord,
l’énergie doit être libérée. Cette énergie peut être obtenue de deux façons : la
fusion nucléaire et la fission nucléaire. Dans la fusion nucléaire, l’énergie se
libère lorsque les atomes se combinent ou se fusionnent entre eux pour former
un atome plus grand. C’est ainsi que le soleil produit de l’énergie. En ce qui
concerne la fission nucléaire, les atomes se séparent pour former
des atomes plus petits, libérant ainsi de l’énergie. Les centrales nucléaires
utilisent la fission nucléaire pour produire de l’électricité

Sous-section 1 : France

A la différence de ses voisins, la France ne dispose pas d’assez de


ressources énergétiques « gaz, pétrole ou charbon » pour produire son
électricité. C’est, combinée au choc pétrolier des années 70, la raison qui
explique le développement de l’énergie nucléaire dans l’Hexagone.
Les centrales nucléaires fournissent la majorité de l’électricité. Un choix
fait dans les années 1960 pour améliorer la sécurité énergétique, et qui a
notamment permis l’éclosion de grands acteurs industriels comme EDF
« électricité de France » ou AREVA « groupe industriel français du secteur de
l’énergie ».

128
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

La France compte aujourd'hui 58 réacteurs de différentes puissances


répartis sur 19 centrales nucléaires. Le pays dispose ainsi du parc nucléaire le
plus important du monde au regard de sa population.
Selon le dernier bilan électrique de RTE « réseau de transport
d’électricité », le nucléaire représente 77% de la production d'énergie totale en
France en 2014, contre 12.6% pour l'hydraulique, 5% pour les centrales
thermiques à combustibles fossiles, 3.1% pour l'éolien et 1.1% pour le
photovoltaïque.
La France est le deuxième producteur mondial d'électricité nucléaire
derrière les Etats-Unis et loin devant la Russie, la Chine « même si sa part
augmente »
C'est le montant économisé chaque année en importations de gaz et de
charbon grâce au recours à l'énergie nucléaire, selon Areva. Sachant par ailleurs
que la filière nucléaire génère un chiffre d'affaires de 46 milliards d'euros dont
14 milliards de valeur ajoutée. « La filière consacre également 1,8 Md€ à des
activités de R&D, ce qui la place en 4e position des industries les plus
innovantes », précise-t-on sur le portail du ministère de l'Economie et des
Finances .
Dans un rapport commandé par la commission d'enquête de l'Assemblée
Nationale sur les coûts de la filière nucléaire, la Cour des comptes évalue, en
2017, le coût de production de l'électricité nucléaire à 59,8€ le mégawatheure.
Un coût en hausse de 20.6% sur trois ans en raison notamment des provisions de
démantèlement, de la gestion des déchets, et surtout du doublement des
investissements de maintenance. Ce coût toutefois assez bas puisqu'il permet
aux ménages français de payer leur électricité 22% moins cher que la moyenne
européenne et deux fois moins cher qu'en Allemagne selon les chiffres publiés
par Eurostat. En comparaison, en France, pour produire un MWh, il faut
compter environ 80€ pour l'éolien, 100€ pour l'énergie photovoltaïque dans le
sud, 100 € pour les centrales à charbon ou à gaz, et seulement 15 à 20€ pour
l'hydroélectricité.
Un réacteur en fonctionnement n'émet aucun rejet de CO². C'est pourquoi
beaucoup disent qu'il est un atout dans la lutte contre le réchauffement
climatique. La construction et le démantèlement de centrales, en particulier de
réacteurs, sont néanmoins, eux, émetteurs de CO².
La France serait la troisième puissance nucléaire mondiale après
la Russie et les États-Unis mais devant la Chine.
La base de la doctrine française est la volonté de conférer à l’arme
nucléaire un rôle fondamentalement politique. Il s’agit « d’empêcher la
guerre » : l’arme nucléaire ne saurait être un moyen de coercition ou une « arme
129
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

d’emploi », c’est-à-dire une arme utilisable au même titre que les autres. Mais il
s’agit également de pouvoir affirmer, sur la scène internationale, que la France
ne dépend d’aucune autre puissance pour ce qui est de sa survie.
Sous-section 2 : Les États-Unis

Les États-Unis disposent du plus grand parc nucléaire au monde, avec 104
réacteurs produisant environ 20 % de l’électricité du pays.
Le Département de l’Énergie américain « DOE » prévoit que les besoins
en électricité des États-Unis vont augmenter de 25 % d’ici 2030. Autrement dit,
le pays nécessitera quelque 35 nouvelles centrales nucléaires afin de maintenir
les 20 % de production d’électricité assurés par l’énergie nucléaire.
Les États-Unis ont d’importants besoins énergétiques :
- 304 millions d’habitants ; 3ème pays le plus peuplé de la planète.
- Le pays est le plus grand consommateur d’énergie au monde.
- Les États-Unis consomment 25 % de l’énergie mondiale, pour une
population ne représentant que 4 % de la population mondiale.
- 12 000 kWh consommés par an et par personne, en moyenne.
Les États-Unis sont énergétiquement indépendants jusqu’à la fin des
années 1950, lorsque la consommation d’énergie du pays commence à dépasser
sa production nationale. À ce moment-là, le pays importe de l’énergie pour
assurer ses besoins. En 2016, l’importation d’énergie nette représente 28 % de
l’ensemble de l’énergie consommée.
Le risque toujours présent de guerre nucléaire a fortement influencé les
politiques des différents acteurs. Pour cette raison, les superpuissances ont
toujours cherché à limiter l’ampleur des conflits militaires et de les laisser
périphériques, de manière à éviter leur implication et un affrontement direct.
Le 16 mars 1955, Eisenhower déclare que les États-Unis sont prêts à
utiliser l’arme atomique en cas de conflit avec la République populaire de
Chine et, le 21 juillet, il participe à la première conférence des grandes
puissances « États-Unis, France, Royaume-Uni et URSS » à Genève et propose
un droit de survol des installations militaires afin de promouvoir une confiance
réciproque « ce qui sera rejeté par l'URSS ».
Des documents déclassifiés en avril 2008 ont démontré que l'US Air
Force prévoyait larguer des bombes nucléaires sur la Chine en 1958 lors d'un
conflit opposant la Chine à Taïwan, mais cette décision a été annulée. Le plan
prévoyait notamment de bombarder des pistes d'envol situées à Amoy si la
Chine imposait un blocus contre les Offshore Islands de Taïwan, Jinmen et
Wuqiu.

130
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Les deux exemples précédemment cités énoncent clairement le rôle de


l'arme nucléaire. Elle offre un pouvoir stratégique et ne peut être considérée à la
légère ou sous-estimée. Il s'agit du principe de dissuasion, une arme d'une telle
puissance ne doit être employée qu'en dernier recours. La conséquence
immédiate est la menace de son utilisation, l’État disposant de ce type d'arme
peut imposer sa volonté.
Sous-section 3 : La chine

Le Programme nucléaire de la Chine démarre dans les années 1950. Il


était, comme la majorité des pays à travers le monde, à usage initialement
militaire et a conduit au premier essai nucléaire de la république populaire de
Chine en 1964; le volet civil a démarré assez tardivement, la première centrale
nucléaire n'entrant en service qu'en 1991. La Chine dispose, en mars 2014, de 21
réacteurs nucléaires en activités répartis sur 7 centrales électronucléaires, ainsi
que 28 réacteurs nucléaires en construction.
Avec une production d’électricité d’origine nucléaire s'élevant
à 111 TWh, la Chine se situe également au 5e rang en termes d'énergie électrique
d'origine nucléaire produite en 2013 derrière les États-Unis d'Amérique, la
France, la Russie, et la Corée du Sud.
Pékin pourrait investir près de 500 milliards de yuans « 69 milliards
d'euros » afin de disposer de 110 centrales actives en 2030. Et ce pour accroître
sa production électrique tout en réduisant la pollution liée à ses centrales à
charbon.
Dans ses efforts officiels pour lutter contre la pollution, et notamment les
émissions de carbone, Pékin semble miser sur l'énergie nucléaire. Selon la
presse chinoise en effet, la Chine veut pouvoir disposer de 110 centrales
nucléaires opérationnelles à l'horizon de 2030. Si cet objectif est atteint, la Chine
compterait ainsi plus de centrales nucléaires que les Etats-Unis.
La Chine développe l’énergie nucléaire pour plusieurs raisons. D’abord, le
pétrole est cher et son approvisionnement est source d’instabilité : près de la
moitié de la consommation chinoise d’hydrocarbures est importée. Si l’on coupe
les flux de transport, la Chine restera sans énergie. Ensuite, le charbon quant à
lui est source de problèmes et est peu écologique : difficile à transporter, il
conduit à de très importants rejets « de gaz à effet de serre » dans l’atmosphère
et provoque plusieurs milliers de morts dans les mines chaque année. C’est
pourquoi la Chine s’est concentrée sur l’énergie nucléaire, mais dans une
direction très particulière.
La détention de l’arme atomique, attribut de souveraineté éminemment
symbolique, est chose faite pour la Chine depuis 1964. L’acquisition puis le

131
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

perfectionnement de l’arme absolue constituèrent une priorité qui survécut à


tous les soubresauts et les changements de direction de la période maoïste.
Les Etats unis se sont cependant inquiétés des efforts manifestés de la
Chine pour moderniser cette force de dissuasion « en développant des ICBM
mobiles et des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins » à la fin des années
1990. Et les voisins de la République populaire « Taiwan en premier lieu, mais
aussi l’Inde et le Japon » s’inquiètent surtout du développement de son parc de
missiles balistiques de portée régionale, qui renforcent non seulement une
capacité de dissuasion nucléaire à l’usage hautement improbable, mais aussi une
force de frappe conventionnelle perçue comme une menace bien plus réelle.
Sous-section 4 : La Russie

En 2015, la production nette d'énergie nucléaire en Russie a été


de 195,2 TWh, soit 18,6 % de la production totale russe d'électricité ; 35
réacteurs étaient en service et 8 en construction.
En 2013 la production brute d'électricité nucléaire en Russie
atteignait 172,5 TWh 3e producteur mondial, soit 16,3 % de la production totale
russe d'électricité et 7,0 % de la production mondiale d'énergie nucléaire. La
capacité totale installée des réacteurs nucléaires était de 24 GW « 4e rang
mondialk 4 ». Des projets sont en cours pour accroître le nombre de réacteurs
commerciaux de 31 à 59.
Le constructeur russe de centrales nucléaires Rosatom annonce en juin
2016 avoir gagné les contrats de construction pour 36 réacteurs à l'étranger.
Seize sont déjà en chantier : deux en Biélorussie, trois en Inde, deux en Chine,
un en Finlande, deux en Hongrie, quatre en Turquie et deux au Bangladesh.
Tous sont selon lui des réacteurs de troisième génération « VVER 1200 ou
1000 ».
Depuis 2001 tous les réacteurs civils russes étaient exploités
par Energoatom. Le 19 janvier 2007 le Parlement Russe a adopté une législation
qui crée Atomenergoprom, compagnie holding regroupant toute l'industrie
nucléaire civile russe, y compris Energoatom, le producteur et fournisseur de
combustible nucléaire TVEL, le négociant d'uranium Techsnabexport « Tenex »
et le constructeur d'installations nucléaires Atomstroyexport.
En 2016, la Russie compte 35 réacteurs nucléaires électrogènes en
service, répartis dans 11 centrales. 18 appartiennent à la filière desréacteurs à
eau pressurisée, 15 à celle des réacteurs refroidis à l'eau légère et modérés au
graphite « LWGR », et 2 sont des réacteurs à neutrons rapides.
Ce pays détient encore une puissance de feu suffisante pour anéantir tout
autre pays. Le maintien de cette puissance est une véritable police d'assurance

132
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

contre l'intimidation par d'autres états. Sa puissance militaire conventionnelle est


suffisante pour dissuader ses voisins de tenter des aventures hasardeuses.
Sous-section 5 : Le Monde

Pour apprécier le rôle que l’énergie atomique jouera dans la formation du


monde de demain, et plus particulièrement dans les relations internationales, il
faut prendre en considération deux facteurs importants :
- L’interdépendance étroite qui existe entre l’énergie en général et le
revenu national de chaque pays ;
- Le fait que la révolution nucléaire apparaît à un moment de l’histoire où
les conditions économiques et politiques ne sont pas comparables à celles
d’autrefois et que, par conséquent, les répercussions de l’utilisation industrielle
de l’atome seront plus larges, plus profondes et peut-être plus violentes.
Compte tenu de ces deux facteurs on pourrait envisager quelques
conséquences de l’utilisation de l’énergie atomique sur la structure économique
sociale des États et sur leurs relations.

Paragraphe 1 : L’énergie nucléaire se développe dans le monde :

Face à l’urgence climatique, l’augmentation des besoins et la nécessité


pour certains Etats de réduire leur dépendance aux énergies fossiles, le nucléaire
apparaît être une réponse crédible. Toutefois, beaucoup de pays n’ont pas accès
à l’énergie nucléaire, qui suppose une maîtrise de la technologie et un cadre
institutionnel adapté. Avec le support de l’Agence Internationale de l’Energie
Atomique « AIEA », plusieurs pays sont en voie d’y accéder comme les Emirats
Arabes Unis, la Pologne, la Turquie et l’Arabie Saoudite.
Avec 72 réacteurs nucléaires en construction et 160 à l’état de projet, le
développement du nucléaire se concentre pour les trois quarts dans les pays non
membres de l’OCDE : Chine, Inde, Brésil, etc. Selon l’Agence Internationale
de l’Energie, d’ici 2040, la capacité mondiale d’électricité d’origine nucléaire
devrait croître de près de 60 %, permettant d’éviter le rejet de l’équivalent de
quatre années d’émissions de CO2.

Paragraphe 2 : Le nucléaire, énergie indispensable en Europe

L’énergie nucléaire produit 30 % de l’électricité de l’Union européenne et


la moitié de son électricité bas-carbone. Disposant du parc nucléaire le plus
important des 28 Etats membres, la France assure la moitié de la production
d’électricité d’origine nucléaire.
133
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Pour assurer sa sécurité d’approvisionnement en électricité et continuer à


exploiter le parc nucléaire le plus grand du monde « 131 réacteurs », l’UE
investit dans la rénovation de ses installations et/ou dans la construction de
nouvelles unités. Ces investissements sont essentiels pour répondre à
l’augmentation des besoins.
Compte-tenu de la compétitivité du nucléaire, plusieurs Etats européens -
Belgique, Suisse, République tchèque, Suède, Pays-Bas - ont fait le choix de
rénover leurs réacteurs nucléaires pour les exploiter jusqu’à 60 ans, voire plus.
Pour réduire leurs émissions de CO2 et faire face à l’évolution de la
demande, d’autres Etats ont engagé des programmes de construction ou
envisagent de le faire. Actuellement 6 réacteurs sont en construction en France,
en Roumanie, en Slovaquie et en Finlande. Par ailleurs, plus d’une douzaine de
projets devraient se concrétiser au Royaume-Uni, en République tchèque, en
Pologne, en Hongrie, en Roumanie, en Bulgarie, en Finlande, en Suède et en
Slovénie. Si ces projets se réalisent, la filière nucléaire européenne, qui
représente déjà 800 000 emplois, pourrait créer jusqu’à 350 000 emplois
supplémentaires.

Paragraphe 3 : Asie : le programme nucléaire le plus ambitieux

De nombreux pays d’Asie bénéficient d’une croissance économique


importante. Si l’énergie est indispensable au développement des territoires, elle
l’est aussi pour augmenter la croissance. En se développant, ces pays accèdent à
un niveau de vie qui conduit à consommer davantage d’énergie qu’ils ne
consommaient jusqu’alors. Les besoins en électricité augmentent eux aussi. Pour
répondre à ces nouvelles attentes, d’importants programmes de développement
de l’énergie nucléaire sont engagés.
En Asie, 119 réacteurs nucléaires sont en exploitation, 49 en construction
et plus de 100 en projet. 56 réacteurs nucléaires de recherche sont également en
fonctionnement. Selon les scénarios prospectifs de l’Agence Internationale de
l’Energie, la demande en énergie nucléaire se concentre en Chine, en Corée du
Sud et en Inde.

Paragraphe 4 : L’Afrique et le Moyen-Orient préparent l’après-pétrole

L’Afrique et le Moyen-Orient disposent de ressources énergétiques


importantes. Pour les préserver à l’export, certains pays souhaitent diversifier
leur mix électrique en développant l’énergie nucléaire.

134
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Le nucléaire est encore peu présent en Afrique et au Moyen-Orient. Une


seule centrale est actuellement en exploitation en Afrique du Sud. Mais
d’importants programmes ont été engagés, aux Emirats arabes unis, en Arabie
Saoudite et en Afrique du Sud.
Par leurs ressources uranifères importantes, certains pays africains ont un
rôle central dans la filière nucléaire en détenant la matière première du
combustible nucléaire.
Section2 : La géopolitique du nucléaire
La première conséquence de cette nouvelle découverte est l’introduction
d’un facteur nouveau dans les relations internationales. L’atome rend désormais
la guerre impossible et même impensable, car il ne s’agit plus comme autrefois
de choisir entre la paix et la guerre, mais entre la paix et l’anéantissement total.
Bien que tous les savants et tous les experts soient d’accord sur cette
vérité indéniable, elle n’est cependant pas encore admise dans l’élaboration de la
politique internationale. Tout en reconnaissant que la guerre signifie la
catastrophe totale de l’humanité, les États hésitent à s’engager définitivement
dans la voie de la paix. Pourtant l’impasse dans laquelle nous ont conduits un
réarmement excessif, les risques de guerre – même involontaire – qu’il comporte
et ses répercussions défavorables sur le bien-être social oblige ceux qui
gouvernent le monde à réfléchir sérieusement aux conséquences de cette
politique d’hésitation.
Sous-section 1 : Les conséquences géopolitiques de l’émergence des
puissances nucléaires

Pendant quelques décennies, la géopolitique disparaît pratiquement de


l’Europe soit de la cause de sa compromission de nazisme, soit d’autres raisons
idéologiques. Ainsi, faisant exception de la continuité de la géopolitique dans
l’Amérique de Nord, on peut mentionner l’intérêt manifesté pour cette science
dans des régions en dehors des blocs militaires « dans l’Amérique de Sud, Brésil
et l’Argentine », dans le Moyen Orient « l’intérêt montré par l’Israël par
exemple », en Australie ou l’Afrique de Sud. Les conséquences de la deuxième
guerre mondiale sont particulières pour la carte politique du monde, par la
parution des superpouvoirs comme États-Unis et le URSS, qui domineront le
monde pour à peu près un demi-siècle 1945-1990.
La guerre froide commencée en 1946 et terminée d’après certains auteurs
à la chute de l’URSS en 1991 et la division de l’Europe en bloques à l’époque
des superpouvoirs, gêneront « l’équilibre de la terreur » qui marquera
évidemment l’évolution d’après les deux guerres mondiales de la géopolitique.

135
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Dans le nouveau contexte sociopolitique on assiste à la disparition des


invariantes de la géopolitique classique :
1- le déterminisme géographique ;
2- l’espace ;
3- condition du pouvoir ;
4- la mystique des frontières ;
5- la démocratie et la géopolitique ;
6- le pouvoir maritime et le pouvoir terrestre ;

Les États-Unis se trouvent en profit par rapport à l’URSS, par la


prospérité qu’elle développe, par les progrès scientifiques et techniques et par
son indiscutable influence. Par le Plan Marshall, les États-Unis contribuent à la
refaite économique de l’Europe Occidentale 1948-1951 et à la consolidation de
la démocratie comme bouclier à l’expansion de l’URSS jusqu’au cœur de
l’Europe et les tentations du communisme bien exporté dans des différents États
surtout la France où les idéologies de gauche étaient à la mode.
La confrontation entre les bloques est produite soit en Europe « le puci de
Prague de 1947, les blocages du Berlin en 1948, la révolution de la Hongrie en
1956, etc. », soit par des conflits des différentes régions du monde « le triomphe
du communisme au Chine de 1949, la guerre de Corée commencé par l’invasion
de la Corée de Nord en 1950, jusqu’à la guerre de Vietnam, les conflits
d’Indochine, jusqu’à la guerre d’Afghanistan ». L’influence du facteur nucléaire
est décisive pour le modelage de la géostratégie, due à la rapidité des conflits
nucléaires, au rôle des vectoriels nucléaires « le rôle de l’aviation
transcontinentale et des sous-marins atomiques », mais aussi du découragement
réciproque et à la détente comme unique alternative pour la conservation de la
paix.
À coté des symboles nucléaires « les États-Unis possèdent la bombe
atomique de 1945, et l’URSS de 1954 », paraissent plus tard des nouveaux
membres du sélecte club nucléaire « la Grande Bretagne, la France et plus tard
la Chine », qui modifient avec rapidité les concepts de la géopolitique classique.
Les grandes superpouvoirs nucléaires développent des stratégies
correspondantes : dans les États-Unis connue par la Doctrine Kenan formulée en
1947, et en URSS, les doctrines formulées par Kaplan et Sokolowski, qui
veulent répondre aux nouvelles réalités géopolitiques et à la tentation de se
considérer isolées et encerclées « quoique dans la géopolitique d’entre les deux
guerres mondiales elles représentaient le Heartland ». Les autres pouvoirs
nucléaires cherchent des nouvelles significations, dans la France, ou la bombe
atomique représente, une revanche et une nouvelle manière de montrer ses
muscles, jusqu’à la Chine, ou la bombe atomique répond à des multiples
frustrations « du grand voisin du Nord - la Russie, jusqu’au rival voisin de
136
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Pacifique - le Japon, avec des profondes racines dans le mental collectif ou le


potentiel ennemi de Sud de Himalaya - l’Inde ». Ultérieurement, d’autres États
entrerons aussi dans le club nucléaire « l’Inde, le Pakistan », ou se trouvent très
près « Israël, l’Afrique du Sud et peut-être l’Iran », fait qui complique même
plus le contexte géopolitique du monde contemporain, surtout après l’explosion
du communisme et la désintégration de l’URSS.
Sous-section 2 : La géopolitique nucléaire aux États-Unis

La géopolitique nucléaire aux États-Unis À la différence des États


européens, aux États-Unis on a constaté une continuité de la géopolitique après
la deuxième guerre mondiale, grâce à, d’un coté au fait que ceux-ci ont été un
peu désavoué et se sont orienté surtout vers la géostratégie, et de l’autre coté, le
statut de superpouvoir mondial, la confrontation avec l’URSS pendant la guerre
froide et l’ère nucléaire, réclame l’active présence de cette science. Le monde
bipolaire de l’ère nucléaire après les deux guerres mondiales a déterminé
l’adaptation de la géopolitique aux nouvelles réalités imposées par les progrès
techniques et le perfectionnement des armements nucléaires, mais aussi au
renoncement des beaucoup des invariantes de la géopolitique classique.
Le perfectionnement de l’armement nucléaire est évident, des
performantes fusées balistiques, jusqu’au sous-marins nucléaires, déterminent la
sous nommée doctrine de l’équilibre du découragement réciproque, mise en
évidence, par exemple, par la crise des fusées de Cuba 1962, quand l’humanité a
été très proche de l’éclatement de la guerre nucléaire. Cette compétition entre les
superpouvoirs a généré une folle course des armements en développement
spirale, culminant avec la guerre des étoiles initié par les États-Unis, auxquelles
l’URSS n’a pas pu faire face, capotant lamentablement, favorisant de point de
vue économique la désintégration du système communiste. La rapidité de la
confrontation militaire des deux superpouvoirs a généré des nouvelles doctrines
militaires, a fait vogue le livre du générale Gallois: « La guerre de 100
secondes » 1985, mais aussi les conséquences désastreuses d’un conflit
atomique militaire.
Le péril de la guerre nucléaire mondiale avec des conséquences
pratiquement incalculables, détermine, à partir de 1967, des négociations entre
les deux superpouvoirs « des traités de prolifération nucléaire, SALT, START,
etc. », qui continue même aujourd’hui pour le découragement nucléaire. Dans
l’esprit de la Doctrine Kennan formulée des lors de 1947, les États-Unis
réalisent un système d’alliances dans le sous nommé Rimland : NATO, CENTO
et ASEAN pour pouvoir surveiller le Heartland représenté par l’URSS. À la
complication de la situation géopolitique on ajoute aussi le passage de Chine au
régime communiste 1949 et l’arme nucléaire réalisée plus tard. Par rapport à la
doctrine américaine, les stratégistes soviétiques souffrent du « complexe de

137
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

l’encerclement », fait qui détermine la création d’une puissante flotte militaire,


la deuxième après celle des États-Unis, avec des bases au Pacifique, à la Mer
Baltique et à la Mer Noire.
Sous-section 3 : Corée du Nord et Iran : une même course au nucléaire
pour des objectifs différents :

Le nucléaire pour la Corée est une condition nécessaire et indispensable à


la survie du régime de Pyongyang le régime de la Corée du Nord est considéré
par certains comme « la première dynastie stalinienne » de l’histoire. En effet en
1994 Kim Jong-il prend la tête du pays suite au décès de son père Kim Il-sung,
fondateur du régime en 1949. La politique menée depuis 1949 suit l’idéologie
du Juche qui vise notamment à acquérir une autosuffisance économique et une
autonomie militaire. La maîtrise de la technologie nucléaire paraît donc être un
passage obligé d’une part pour pouvoir se prémunir, sans compter sur une aide
extérieur comme la Chine ou la Russie, d’une attaque des Etats-Unis et d’autre
part pour acquérir une autosuffisance énergétique avec le nucléaire civil.
Le nucléaire pour l’Iran est un moyen de devenir un acteur de premier
plan au niveau mondial, La révolution islamique a eu lieu en 1979 en Iran.
Jusqu’à l’arrivée à la tête du pays du conservateur Mahmoud Ahmadi nejad en
2005, la politique menée par Téhéran s’inscrivait dans une dynamique de
modernisation, notamment sous l’impulsion du président réformateur Mohamad
Khatami. Mahmoud Ahmadi nejad a voulu faire une nouvelle dimension à l’Iran
en le dotant de la technologie nucléaire. Ainsi tout en se préservant à terme
d’une attaque extérieure, l’Iran pourrait acquérir une place de premier choix, fort
de sa force de dissuasion nucléaire, pour pouvoir peser au niveau des décisions
internationales,« le cas du conflit israëlo-palestinien ».
Paradoxalement derrière une politique ouvertement dirigée vers le
nucléaire militaire la Corée du Nord paraît surtout vouloir se doter d’une force
de dissuasion défensive alors que l’Iran bien qu’il prône surtout l’acquisition
d’une technologie nucléaire civile paraît aussi très intéressé par des visées
impérialistes.
- Des "crises" nucléaires très observées les puissances nucléaires « non
officielles » comme Israël, l’Inde et le Pakistan ou les puissances nucléaires
suspectées comme l’Iran et la Corée du Nord et les pays qui aimeraient bien
rentrer dans ce club, observent avec intérêt chaque crise pour réajuster leur
politique de dissuasion nucléaire.
- Vers une nouvelle ère de relations internationales la possession d’armes
nucléaires par des pays « politiquement incorrects » va très probablement

138
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

modifier les relations internationales mais comment ? Plusieurs scénarios sont


envisageables :
• Le système actuel va évoluer mais l’impérialisme américain perdurera.
•L’apparition d’un certain nombre de pays n’acceptant plus l’impérialisme
américain, après une crise inévitable, pourrait faire perdre la place centrale des
Etats-Unis au niveau géopolitique et permettre à une organisation internationale
de vraiment superviser les relations entre pays.
• Le basculement vers un nouveau type de guerre froide entre les pays qui
dirigent le monde actuellement et ceux qui sont mis à la marge de la
communauté internationale

139
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Introduction……………………………………………………………….. 1
Question 1 : 6
Géopolitique et mondialisation : une approche plus sensitive ?
Chapitre 1 : Géopolitique bases et méthodologie d’analyse…….…. 8
Section 1 : la relation de la géopolitique avec les autres sciences…. 9
Sous-section 1 : la géopolitique en tant que science………..…… 9
Sous-section 2 : Géopolitique et autres disciplines : différences 10
et intersections………………………………………..…………..
Section 2 : Les bases de la géopolitique……………………….…… 12
Sous-section 1 : Les concepts fondamentaux……………..……... 12
Sous-section 2 : Les écoles de la géopolitique……………..……. 15
Sous-section 3 : Géopolitique moderne…………………..……… 17
Section 3 : La méthodologie de l’analyse géopolitique …….……… 18
Chapitre 2 : les objectifs et les enjeux de la géopolitique……….…... 19
Section 1 : L’indispensabilité de la géopolitique……………….….. 19
Section 2 : Les enjeux de la géopolitique …………………….……. 20
Question 2 : 25
La surexploitation des ressources naturelles et le retour à la
géopolitique des fondateurs ?
Chapitre 1 : Géopolitique des ressources…………………………… 27
Section1 : Le pétrole un exemple classique de géopolitique des 27
ressources……………………………………………..……………..
Section 2 : La forêt objet de convoitise…………………….………. 28
Section 3 : La géopolitique de l’eau les enjeux du partage……….... 29
Chapitre 2 : Géopolitique des écosystèmes………………………….. 29
Section1 : La conquête aveugle à la richesse……….………………. 30
Sous-section 1 : Les ressources naturelles comme source de 30
richesse……………………………………………….…………..
Sous-section2 :L’importance des ressources humaines dans le 30
développement des pays ………………………………….……...
Sous-section 3 : Le poids des ressources financières dans les 31
relations internationales………………………….……………….
Section 2 : les tensions liées à l’exploitation des ressources 32
naturelles………………………………………………………….…
Sous-section 1 : Les distensions locales liées au partage et 32
l’exploitation des ressources …………………………………….
Sous-section 2 : Les ressources, états et conflits armés ………… 35
Sous-section 3 :L’impact des conflits sur l’environnement …... 36
Section 3 : la résolution des conflits liés aux ressources …………... 37
Sous-section 1 : Les approches en partenariat dans la résolution 37
de conflits locaux ……………………………….………………..

140
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 2 : Un partage équitable pour une société apaisée .. 38


Sous-section 3 : La coopération pour résoudre les conflits entre 39
états ………………………………………………………..……..
Question 3 : 42
Les enjeux Géopolitiques de l’or et la géostratégie de
l’investissement ?
Chapitre 1 : Les enjeux Géopolitiques de l’or une stabilité 44
monétaire fragile………………………………………………………
Section 1 : La demande d’or comme produit d’investissement …… 45
Section 2 : Les principaux investisseurs dans l’or ………….……… 46
Sous-section1 : La Chine …………………………………….... 47
Sous-section 2 : La Russie…………………………………….. 48
Sous-section 3 : L’Inde………………………………………... 48
Sous-section 4 : L’Arabie Saoudite ………………..……..….. 49
Chapitre 2 :l’investissement pour détourner une stabilité 49
monétaire fragile………………………………………………………
Section 1 : Les raisons pour lesquelles certains pays investissent 49
dans l’or …………………………………………………………….
Section 2 : L’impact des événements géopolitiques sur 51
l’investissement dans l’or …………………………………………..
Question 4 : 55
Le cuivre entre les réflexions géostratégiques et les différents
paramètres géopolitique des grandes puissances ?
Chapitre1 : Le cuivre une géopolitique à différents paramètres….. 57
Section 1 : Où se trouve le cuivre ?.................................................... 57
Section 2 : Les modalités d’exploitation du Cuivre……….……….. 58
Section 3 : L’utilité du cuivre……………………………………… 60
Section 4 : Evaluation du cuivre…………………………………… 62
Chapitre 2 : Les réflexions géostratégiques de la part des grandes 66
puissances………………………………………………………………
Section1 : La relation entre le Cuivre et la puissance……………… 66
Section 2 : Le Marché du Cuivre…………………………………… 69
Section 3 : La relation entre cuivre et investissement……………… 73
Question 5 : 78
Les Diamants : Déjouer les enjeux géopolitiques de l’or ?
Chapitre1 : Les enjeux géopolitiques du Diamant………………….. 79
Section1 : Que fait du Diamant une ressource particulière………… 80
Sous-section 1 : Un objet assez rare…………………………….. 81
Sous-section 2 : Un produit cher………………………………… 81
Section 2 : La géographie du diamant……………………………… 81
Sous-section 1 : Où se trouve le Diamants ……………………... 81
Sous-section 2 : L’extraction du Diamant………………………. 82
141
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Section 3 : L’utilité du Diamant……………………………………. 83


Sous-section 1 : Le diamant moyen d’investissement et de 83
placement…………………………………………………………
Sous-section 2 : Une fiscalité avantageuse……………………… 84
Sous-section 3 : Une stabilité à toute épreuve…………………… 84
Sous-section 4 : Une tendance haussière confirmée…………….. 86
Chapitre 2 : Diamant de synthèse Déjouer les enjeux géopolitiques 86
du Diamant naturel……………………………………………………
Section 1 : Commercialisation du diamant 87
Sous-section 1 : Le monopole du diamant………………………. 87
Sous-section 2 : Le marché noir………………………………... 88
Section 2 : Les diamants de conflits, ou diamant du sang…………. 89
Section 3 : La découverte du Diamant de synthèse………………… 90
Question 6 : 92
Le cobalt indicateur géostratégique sur les objectifs géopolitiques des
grandes puissances ?
Chapitre 1 : Le cobalt indicateur géostratégique…………………… 93
Section 1 : Géographie du Cobalt …………………………….……. 94
Section 2 : Production et réserves mondiale ………………………. 95
Chapitre2 : Analyse géostratégique de l’usage du cobalt……….….. 98
Section 1 : Les usages du cobalt …………………………………… 98
Section 2 : Analyse géostratégique du Cobalt …………………….. 102
Question 7 : 108
L’uranium et les nœuds géostratégiques : un concept en rupture avec
celui de pivot géostratégique
Chapitre 1 : Les pays producteurs………………………………….. 109
Section 1 : L’utilité l’uranium……………………………………… 109
Sous-section 1 : La médecine nucléaire………………………… 110
Sous-section 2 : L’uranium dans l’industrie……………………. 111
Sous-section 3 : Uranium et Énergie…………………………… 114
Sous-section 4 : Uranium et Armes……….……………………. 117
Sous-section 5 : Uranium et politique…………….…………….. 117
Section 2 : La politique des pays producteurs d’uranium………….. 119
Sous-section 1 : La politique relative à l’uranium en Namibie…. 119
Sous-section 2 : La politique relative à l’uranium au Kazakhstan 120
Sous-section 3 : La politique relative à l’uranium au Niger……. 123
Sous-section 4 : La politique relative à l’uranium en Australie… 125
Sous-section 5 : La politique relative à l’uranium au Canada….. 126
Chapitre2 : La géopolitique de l’énergie nucléaire…………………. 128
Section1 : L’énergie nucléaire……………………………………… 128
Sous-section 1 : France………………………………………….. 128

142
Annales corrigés en Géopolitique et Géostratégie

Sous-section 2 : Les États-Unis…………………………….……. 130


Sous-section 3 : La chine ……………………………………….. 131
Sous-section 4 : La Russie………………………………………. 132
Sous-section 5 : Le Monde……………………………………… 133
Section 2 : La géopolitique du nucléaire…………………………… 135
Sous-section 1 : Les conséquences géopolitiques de l’émergence 135
des puissances nucléaires………………………………………...
Sous-section 2 : La géopolitique nucléaire aux États-Unis……… 137
Sous-section 3 : Corée du Nord et Iran : une même course au 138
nucléaire pour des objectifs différents …………….…………….

143

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