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Propositions pour une distinction opératoire entre la géopolitique, la

géographie politique et la géostratégie

Stéphane Rosière, Maître de Conférence au Département de géographie de


l’Université Nancy 2.

Texte publié dans la revue L’Information géographique, Paris, Armand Colin, 2001,
vol. 65, n°1, pp. 33-42.

Les notions de géographie politique, de géopolitique, mais aussi de géostratégie sont


souvent définies de manières contradictoires. Des recherches épistémologiques
longues et complexes ne sont pas forcément le chemin le plus aisé pour tenter de
déterminer, suivant les idées de leurs fondateurs et de leurs détracteurs, les champs
respectifs de ces disciplines1. Il peut être plus simple, et plus utile, de réfléchir à la
manière dont on considère l’espace pour fonder une distinction opératoire entre ces
démarches.
Raymond Aron rappelait utilement que l’espace peut être successivement considéré
comme milieu, théâtre et enjeu2. Cette triple déclinaison avait le mérite de
souligner le caractère plurivoque de l’espace, mais cette approche, alors que le but
d’Aron était bien, avant tout, de développer une théorie générale des relations
internationales a été laissée en friche. Elle semble pourtant une bonne piste de
réflexion pour déterminer la spécificité et les liens existant entre ces disciplines pour
autant que l’on reformule cette proposition initiale.
D’une part, la notion de milieu (espace entourant les êtres vivants et influant sur eux)
apparaît trop contraignante et déterministe alors que l’on envisage le monde d’un
point de vue politique. La notion de milieu renvoie plutôt à une classification
écologique (milieu naturel) ou sociologique (milieu social). C’est pourquoi, à la
notion de milieu on peut préférer celle de cadre3 et plus précisément celle de « cadre
politique ». Il paraît aussi nécessaire de modifier l’ordre dans lequel ont été
énumérés les termes suivant lesquels on peut considérer l’espace. En effet, si
l’espace est bien avant tout un cadre, il se doit d’être un enjeu avant d’être un
théâtre. En effet, s’il n’y a pas d’enjeu, il n’y a pas de rivalité, ni d’affrontement,
donc pas de « théâtre » au sens classique du terme. On peut donc reformuler la
proposition aronienne et considérer l’espace successivement comme cadre, enjeu et
théâtre.
C’est sur la base de cette triple déclinaison que l’on peut poser les bases du champ
d’investigation de la géographie politique qui considère l’espace comme cadre, de la
géopolitique qui considère l’espace comme enjeu et, par déduction, de la
géostratégie qui considère l’espace comme théâtre.
Chacune de ces approches se distingue ainsi structurellement des autres, mais elles
forment ensemble un raisonnement cohérent. En effet, la connaissance de la

1 Pour une vision synthétique de ces disciplines : LOROT Pascal, Histoire de la géopolitique, Economica,
Paris, 1995, 110 p.
2 ARON Raymond, Paix et guerre entre les nations, Paris, Calmann-Lévy, 8e éd., 1984, p. 188 :
“L’espace peut être considéré tour à tour comme milieu, théâtre et enjeu de la politique étrangère”.
3 Les dictionnaires de géographie ne reprennent pas la notion de « cadre » contrairement à celle de
« milieu ».

1
géographie politique apparaît nécessaire pour formuler un raisonnement géopolitique
et la connaissance de la géopolitique apparaît nécessaire pour formuler un
raisonnement stratégique. Ainsi, à une opposition fondamentale entre la géographie
politique et la géopolitique, on pourra préférer l’idée de complémentarité de ces
savoirs dans un ensemble cohérent.

L’espace en tant que cadre


Considéré comme un cadre, l’espace politique est divisé en territoires (le territoire
étant défini comme un espace approprié) qui sont l’objet d’une description statique.
Cette description permet d’établir des typologies et, éventuellement, des hiérarchies
entre les différents types de territoire.
Le cadre politique doit être appréhendé dans sa complexité, à des échelles
différentes, par le biais d’une analyse « diatopique ». Ce cadre ne se limite pas au
territoire des Etats. La géographie politique doit aussi inclure la description des
frontières qui délimitent ces territoires. Une typologie des « lignes politiques »
apparaît nécessaire. Enfin, la description des pôles politiques doit compléter ces deux
éléments fondamentaux (pôles politiques : capitales, mais aussi centres de
commandement, pôles spirituels ou symboliques).

La géographie politique peut donc être considérée comme la description du cadre


politique mondial. Ce cadre étant formé de territoires, de lignes et de pôles.

Les territoires politiques les plus classiques sont les Etats. Dans l’approche
ratzelienne, ils étaient même les seuls territoires pris en considération4. Cette
approche paraît aujourd’hui obsolète. La géographie politique contemporaine doit
décrire d’autres territoires politiques, elle ne peut plus être « monoscalaire » (à une
seule échelle).
Les autres territoires politiques sont de trois types : territoires infraétatiques (ou
subétatiques), que forment les régions ou d’autres types d’entités administratives ;
territoires supraétatiques, composés de réunions d’Etats en organisations (OIG) à
vocation mondiale ou régionale ; territoires transétatiques, dont les limites ne
correspondent pas à celles du pavage étatique. Dans cette catégorie, on peut inclure
les territoires linguistiques et religieux, ou les territoires homogènes en terme de
niveau de développement.
Il paraît en tout cas trop restrictif (et cela induit aussi une vision trop autoritaire) de
considérer l’Etat comme seul producteur d’espaces politiques. D’autres « acteurs »
(notion de géopolitique) produisent des territoires, que ce soit les groupes politiques
(partis), les groupes religieux (Eglises), les groupes ethniques ou nationaux, etc.
Cette liste n’est pas exhaustive.
Tous ces acteurs produisent un pavage socioculturel qui se superpose ou se
différencie du pavage étatique. Il est fondamental de décrire ces deux types de
pavage dans le cadre de la géographie politique. En effet, le seul pavage étatique
n’est pas suffisant pour comprendre et analyser les problèmes géopolitiques qui
naissent, au contraire, le plus souvent des décalages et distorsions entre ces différents
maillages.

Les lignes politiques par excellence sont les frontières (terrestres, maritimes et
aériennes) mais aussi les limites administratives. On pourra aussi intégrer à cet

4 RATZEL Friedrich, La géographie politique, Concepts fondamentaux, Fayard, Paris, 1988.


ensemble (en conséquence du choix fait à propos des territoires) les limites
linguistiques, religieuses, ou économiques (si elles existent clairement) comme des
lignes politiquement significatives. Encore une fois, les limites de l’Etat ne sont pas
les seules lignes intéressant la géographie politique.

Les pôles politiques par excellence sont les capitales (d’Etat ou de régions), les
centres décisionnels : sièges permanents d’OIG, d’ONG, d’Eglise ou d’entreprise,
qui organisent et gèrent l’espace. On peut aussi inclure à cet ensemble les centres
intellectuels ou spirituels à forte valeur identitaire (Peć au Kosovo pour les Serbes,
La Mecque pour les Musulmans, Bénarès pour les Hindouistes, etc.).

L’étude des territoires, des lignes et des pôles politiques n’est pas une fin en soi.
Elle constitue plutôt un premier pas réunissant les prolégomènes géographiques
nécessaires à l’analyse géopolitique.

L’espace en tant qu’enjeu


Lorsque l’espace est envisagé de manière dynamique, en tant qu’enjeu, il devient
l’objet de la géopolitique. L’approche dynamique des territoires politiques (Etats,
régions et entités administratives, OIG à vocation régionale ou universelle) est le
premier élément de toute analyse géopolitique. Cependant, celle-ci doit aussi inclure,
comme le sous-entend la notion d’enjeu (que l’on peut assimiler à un objectif),
l’existence d’acteurs identifiables, développant chacun des « représentations
territoriales » et une stratégie.

Dynamique des territoires


Si la géographie politique décrit le cadre politique à un moment donné, la
géopolitique s’attache d’abord à décrire l’évolution spatiale de ce cadre.
P. Lorot et F. Thual ont proposé d’étudier les « régions focales » (régions à partir
desquelles se sont développés les Etats) et d’établir la morphogenèse des Etats
(évolution spatiale des territoires)5. Les territoires des OIG ou des régions sont des
sujets importants, encore une fois, l’Etat ne peut être considéré comme le seul
élément structurant. Par ailleurs, la notion de « territoire socioculturel » peut être
proposée pour décrire le maillage non étatique pertinent en termes politiques. La
connaissance précise des territoires linguistiques (en Belgique par exemple),
religieux (en Irlande ou en Irak par exemple), ou socio-économiques (en Italie par
exemple), est fondamentale pour mener à bien une analyse géopolitique.
L’approche géopolitique, ce « savoir penser l’espace » suivant la formule d’Yves
Lacoste, fait une large part à la chronologie (géographie historique) et doit se
développer à différentes échelles. Les tenants d’une géopolitique synonyme de
Relations Internationales ont tendance à ne penser la géopolitique qu’à petite échelle,
or la grande échelle (le local) est souvent fondamentale pour expliquer certains
phénomènes, pour montrer où se situent les oppositions, les points névralgiques. Les
intersections d’ensemble sont très importantes puisque le maillage frontalier (OIG,
Etat, région, territoires socioculturels) forme des ensembles sécants qui génèrent des
rivalités de pouvoir. Tous les types de territoires doivent être comparés pour
déterminer les intersections et donc les causes d’instabilité.

Les acteurs

5 LOROT Pascal, THUAL François, La géopolitique, Montchrestien, coll. Clefs.

3
Les acteurs en géopolitique sont tous ceux qui luttent et s’affrontent pour la
domination ou le contrôle du territoire.
Parmi eux, le plus classique est assurément l’Etat (que l’on peut donc considérer à la
fois comme objet de la géographie politique et sujet de la géopolitique6) mais aussi
les « peuples » (notion générale regroupant toutes les formes de groupes humains
organisés et différenciés : de la tribu à la nation) mais aussi les « structures »
(politique, économique, médiatique et militaire).
Chaque acteur développe ses représentations territoriales. Il s’agit d’une
conception de l’espace et du cadre politique qui lui est propre. La représentation
territoriale peut s’apparenter aux revendications territoriales, à la définition par
chaque acteur d’une hiérarchie des territoires distinguant un espace central,
fondamental, et des périphéries moins importantes.
Pour arriver à ses fins (ses objectifs) un acteur déploie une stratégie. La notion de
stratégie est entendue ici comme le moyen d’arriver à ses fins et non pas comme un
développement spécifiquement militaire. Tout acteur en géopolitique développe une
stratégie, celle-ci est « civile » (on pourrait dire politique) mais aussi,
éventuellement, économique et/ou militaire. La part militaire de la stratégie ne serait
plus la « géopolitique » mais la stratégie au sens strict (voir plus bas). Les
polémologues font souvent la distinction entre stratégie totale (relevant d’une
direction politique) et une stratégie générale militaire7. Cette distinction paraît simple
et opératoire. La géopolitique ne concernerait pas la stratégie générale militaire mais
la stratégie totale.

Les enjeux
Les enjeux varient selon les acteurs et les territoires, ils sont de natures multiples. Le
territoire est parfois un enjeu pour lui-même, mais il l’est le plus souvent en raison
de l’intérêt qu’il représente, soit pour les richesses qu’il contient, soit en terme de
« sécurité ». Tous les enjeux ne sont pas territoriaux. On peut proposer que la
géopolitique s’intéresse surtout aux enjeux territoriaux afin qu’elle se distingue
clairement (ce qui n’est pas toujours le cas) des Relations Internationales ou des
Sciences Politiques.
On considérera ici la géopolitique comme la description des rivalités dont le
territoire est l’enjeu8. Certains spécialistes, notamment Anglo-saxons, envisagent une
géopolitique plus englobante. C’est par souci d’éviter l’écueil de la dilution que je
me limiterai à un « géopolitique modeste » (par référence à Lucien Febvre appelant
de ses vœux une « géographie humaine modeste »9). Sa finalité sera strictement
limitée aux problèmes territoriaux. L’analyse intrinsèque de la puissance relevant du
domaine des Relations Internationales ou des Sciences politiques. On évitera donc
ici de présenter comme « géopolitique » tout problème qui n’a pas de dimension
spatiale claire.
Ainsi, tous les problèmes du monde contemporain ne sont pas géopolitiques
(notamment ceux qui relèvent de l’économie, des flux de capitaux, ou de logiques de
réseaux déconnectées de la réalité spatiale). La géopolitique n’est pas une
« métascience » englobant tout le savoir géographique, elle est la science des

6 Il paraît impossible d’envisager une situation géopolitique qui ne concerne aucun Etat.
7 MATHEY Jean-Marie, Comprendre la stratégie, Paris, Economica, 1995, p. 11.
8 LACOSTE Yves, Dictionnaire de Géopolitique, Paris, Flammarion, 1e éd., 1993, p. 587 : « La
géopolitique traite des rivalités de pouvoir sur un territoire ».
9 FEBVRE Lucien, op. cit., chap. I , Morphologie sociale ou Géographie humaine, VI. Une géographie
humaine modeste.
rivalités territoriales, elle doit aborder des problèmes qui restent cartographiables.
Dans cette perspective, on peut donc définir la géopolitique comme la description
des dynamiques territoriales, des acteurs géopolitiques (de leurs représentations
territoriales et de leurs stratégies) et des enjeux qui les motivent.

Présenter l’ensemble des points de vue


L’analyse géopolitique doit présenter tous les points de vue contradictoires. Le
géopoliticien peut porter un jugement s’il le souhaite, mais uniquement après avoir
présenté les points de vue des différents acteurs avec objectivité (ce fut certainement
un des échecs du Zeitschrift für Geopolotik, la revue de Karl Haushofer, fondateur de
la Geopolitik, qui présentait le point de vue allemand comme réalité objective).

Quelles frontières pour la géopolitique?


Prenant en considération l’espace, le temps et les domaines culturels et les
politiques, la géopolitique s’impose comme une science (ou un art) de synthèse,
s’éloignant de la géographie pour tendre à une universalité qui est sa richesse... et
son point faible : l’analyse géopolitique risque la dilution... Par ailleurs, il faut bien
avoir en tête, comme le rappelait Michel Foucher, que « la géopolitique n’est pas
qu’une méthode, elle est aussi une représentation et une pratique »10. De ce
point de vue elle se rapproche de la stratégie ou de l’écologie qui sont des savoirs
tout autant que des guides pour l’action.

L’espace en tant que théâtre


Le « théâtre » est le lieu de la confrontation des forces armées. Les stratèges utilisent
en fait l’expression de « théâtre des opérations » pour désigner plus précisément
l’espace où se déroule la confrontation militaire, le lieu où une tactique est mise en
œuvre.
Les militaires font en effet la distinction entre la stratégie qui envisage les problèmes
militaires à petite échelle (échelle mondiale ou continentale) et la tactique qui les
envisage à grande échelle (la tactique étant l’application locale d’une stratégie).
L’espace considéré comme théâtre devrait donc être l’objet de la géotactique. C’est
ce que rappelle Hervé Couteau-Bégarie11 qui souligne qu’une distinction importante
doit être faite entre l’étude des théâtres (géotactique) et des stratégies générales. « A
l’âge de la guerre totale, la stratégie militaire doit considérer le monde entier
comme une unité et penser tous les fronts dans leurs relations mutuelles »12.
La géostratégie serait donc, une « stratégie des grands espaces », ou à petite échelle
(mondiale). Cette interprétation se confond, pour certains auteurs avec une stratégie
des Etats dont le but est « d’évaluer les capacités globales d’un Etat ou d’une
zone »13. La géostratégie est aussi parfois perçue comme stratégie « unifiée » (terre,
mer, air).
La géostratégie pourrait aussi être définie comme l’étude des paramètres
géographiques de la stratégie. Le terme mettant clairement l’accent sur la dimension
spatiale (géo). L’adjonction de ce préfixe est parfois critiquée. On peut objecter,
comme Roger Brunet que, « Au sens restreint et originel de stratégie (conduite des

10FOUCHER Michel, Fronts et frontières, Fayard, 2e édition, 1991, pp. 33-35.


11 COUTEAU-BEGARIE Hervé, Traité de stratégie, Economica, Paris, 1999, 998 p.
12 SPYKMAN Nicholas, The Geography of the Peace, New York, Harcourt Brace, 1944, p. 6, cité par
COUTEAU-BEGARIE, op. cit., p. 658.
13 COUTEAU-BEGARIE H., op. cit., p. 663.

5
armées en campagne), le préfixe (géo) serait inutile puisque par définition une
stratégie se déploie dans l’espace »14. Néanmoins, considérant que la stratégie
intègre de très nombreux paramètres (ressources, puissance, mobilisation, mise en
œuvre, etc.) dont un grand nombre ne sont pas géographiques (mais politiques ou
économiques), on pourrait définir la géostratégie comme la part strictement
géographique de la stratégie totale.
Par ailleurs, la (géo)stratégie est, comme la géopolitique, une description dynamique
dans laquelle l’on peut mettre en avant des territoires, des lignes et des pôles
stratégiques, ou de plus haute valeur stratégique. La stratégie ne peut être limitée au
seul domaine militaire, elle intègre aussi l’économie ou le politique.

La guerre économique
Une conception plus récente de la stratégie, liée à la disparition du bloc soviétique et
à l’entrée dans un monde multipolaire ou la guerre n’aurait plus cours, relève de la
géo-économie et, directement, de l’affrontement des acteurs économiques (Etats,
groupes d’Etats ou entreprises).
On sait que les entreprises ont largement repris le vocabulaire militaire. Elles ont une
« stratégie », mènent des « campagnes » et obtiennent ou non des « succès », comme
les armées d’autrefois sur les théâtres d’opération ; le vocabulaire du marketing
abonde aussi en références agressives. La similitude du vocabulaire n’a d’égale que
la férocité de la compétition, ainsi rappellera-t-on que le « théâtre » est une notion
aussi économique que militaire, qu’on peut traduire par « marché ».
En tous cas, on différenciera géopolitique et géostratégie (au sens strictement
militaire) dans la mesure où la première est d’abord civile et politique (objet de
débats et de polémiques publiques, ayant pour but ultime de « former des
citoyens »15) et la seconde militaire. Par définition, la géostratégie n’est pas objet de
débats. Elle est au contraire marquée par le sceau du secret. L’extension des
considérations stratégiques dans le domaine de la géopolitique apparaît comme un
abus contemporain (cf. Lexique de Géopolitique publié aux éditions Dalloz où
abonde la terminologie militaire).

Conclusion
En différenciant l’espace en tant que cadre, enjeu et « théâtre », on peut structurer
toute l’étude géographique des faits politiques et proposer une classification à la fois
opératoire et pédagogique entre des savoirs plus ou moins sécants. La clarification
qui en résulte apparaît comme une étape fondamentale dans la réintégration du
politique dans l’ensemble du savoir géographique.
Il est en effet regrettable que les paradigmes « febvriens » soient encore dominants
dans la formulation du savoir géographique notamment universitaire16. A avoir trop
éludé les questions politiques, les géographes (au moins ceux qui se préoccupent de
géographie humaine) ont marginalisé leur discipline dans le cadre des sciences
humaines. Les débats de société sont aujourd’hui monopolisés par les historiens ou
les sociologues.

14 BRUNET, Les mots de la géographie, Paris / Montpellier, La documentation française / RECLUS,


1992 (470 p.), p. 221.
15 LACOSTE Yves, Introduction au Dictionnaire de Géopolitique, Flammarion, 1993, p. 34.
16 « Le sol et non l’Etat, voilà ce qui doit retenir le géographe. » in FEBVRE Lucien, La terre et
l’évolution humaine, éditions La renaissance du livre, Paris, 1922, p. 78.
La réaffirmation de la dimension politique de la géographie n’est pas qu’un problème
épistémologique concernant les seuls géographes, elle est la condition sine qua none
de l’affirmation de la géographie dans l’ensemble des sciences humaines.

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