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Ciné-Bulles
Le cinéma d'auteur avant tout

Zatoichi de Takeshi Kitano


Frédérick Maheux

Volume 22, Number 4, Fall 2004

URI: https://id.erudit.org/iderudit/26502ac

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Publisher(s)
Association des cinémas parallèles du Québec

ISSN
0820-8921 (print)
1923-3221 (digital)

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Maheux, F. (2004). Review of [Zatoichi de Takeshi Kitano]. Ciné-Bulles, 22(4),
60–60.

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C H ' S S S l'M r-^J

Asano (Taboo), sa grâce et son charisme électri-


sant s'emparent de l'écran et nous transportent
au travers du film. Le déchirement de Hattori
Zatoichi entre sa femme malade et son honneur est
digne de la culture théâtrale japonaise, annon-
Takeshi Kitano çant une des grandes qualités du film : l'adroit
mélange entre la tradition et la modernité.
Malgré certaines maladresses au niveau de la
par Frederick Maheux structure, les nombreux personnages qui habi-
tent l'univers de Zatoichi existent avec une
ambivalence qui nous permet de joindre la

P.
culture féodale à celle d'aujourd'hui. Il y existe
une certaine franchise par rapport à la cruauté
ar-delà les distances, des ressemblances se nippone, notamment la pédophilie et la prosti-
tissent entre toutes les cultures. Si, pour les Améri- tution, sans que cela tombe dans l'excès réaliste
cains, les « mythes fondateurs du cinéma » qui briserait le moule farfelu de Zatoichi. Ce
consistent en le visage sombre et dur de Clint côté plus sombre, camouflé sous un sens de
Eastwood, le Japon a de son côté échangé le six
Takeshi Kitano l'humour très physique, paraît déstabilisant de
dans Zatoichi
coups rouillé pour la lame effilée d'un katana.
prime abord, mais le tout est fait avec modé-
Communément appelé chambara, le cinéma
ration et tact, contrairement à l'exagération
d'épée japonais représente une très longue
habituelle des films japonais du même type des
tradition cinématographique qui inspira même
les maîtres cinéastes du Far West (A Fistful of dernières années.
Dollars de Leone est une adaptation fidèle du
Yojimbo d'Akira Kurosawa). Avec ses propres L'envers de la médaille, c'est que Kitano déçoit
codes, son esthétique unique et les liens étroits par l'immaturité de son traitement. Ayant
avec la tradition nippone, le chambara a donc l'habitude de laisser la nature dicter les émo-
du même coup ses héros, dont l'iconoclaste tions sans moyens techniques abracadabrants, il
Zatoichi. À l'origine une faramineuse série (au- ne maîtrise pas son esthétique, ou du moins
delà de 20 titres), les histoires de cet aveugle l'abandonne. Dans la tradition japonaise des
masseur et joueur compulsif mais également films de samouraïs, les combats étaient des
justicier à ses heures ont fait partie de l'imagi- prétextes pour des chorégraphies impression-
naire japonais par ses combats époustouflants nantes mais ici, cela ne semble être qu'une
et un humour ludique à la Tati. raison de faire éclabousser le sang. Le cinéma
japonais est violent, mais ce sang généré par
Dès lors, il n'est pas étonnant que « Beat » ordinateur annihile toute forme de crédibilité et
Takeshi Kitano, réalisateur et acteur japonais d'esthétique — notons d'ailleurs que la publicité
encensé par la critique pour ses films noirs nord-américaine met l'emphase sur la violence.
ultra-violents, s'accorde non seulement le droit À force de vouloir lorgner du côté du cool,
d'adapter cette série, mais également d'y jouer Kitano oublie le momentum, le rythme et l'esthé-
le rôle principal. Arborant des cheveux platine,
tique de l'action, éléments caractéristiques de
Zatoichi Kitano annonce du même coup les couleurs de
la série originale.
son nouveau film : ce n'est pas un remake ou
35 m m / coul. / 116 min /
2003 / fict. / J a p o n un hommage, mais une volonté de moderniser
et de rendre cool les héros de son enfance pour Malgré cela, il faut bien l'admettre, Zatoichi est
Réal., scén. et mont. : une excellente façon de s'initier au cinéma de
la nouvelle génération de spectateurs.
Takeshi Kitano
Image : Katsumi genre japonais. Un cinéma qui mérite d'être
Yanagishima
L'éponyme héros n'est pas ici une figure découvert pour ses prouesses techniques et son
Son : Senji Horiuchi
et Kenji Shibazaki centrale, mais plutôt une partie inhérente de la originalité, allant jusqu'à créer le propos du
Mus. : Keiichi Suzuki situation. Le protagoniste sauve les gens, voilà film par le style. Pour un sentiment d'exotisme
Prod. : Masayuki M o r i ,
Tsunehisa Saito ce que l'on doit savoir. Par bonheur, cela laisse et l'ouverture d'horizons rarement célébrés,
Dist. : Les Films Seville plus d'espace à l'antagoniste, Gennosuke Zatoichi en épatera plus d'un, mais cette
Int. : Takeshi Kitano,
Hattori, constituant l'intérêt principal du film. production reste discutable par rapport à l'œu-
Tadanobu Asano, M i c h i y o
60 Ookusu, Gadarukanaru Taka Interprété majestueusement par Tadanobu vre de Kitano. •

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