N°433 — mars 2024

CHRONIQUES DE TÉHÉRAN
un film d'Ali Asgari et Alireza Khatami
Iran - 2023 - 1h17

25e Festival International

du Cinéma Asiatique de Tours
du 20 mars au 1er avril
> pages 06

cinémas Studio — 2 rue des Ursulines — 37000 Tours — www.studiocine.com

S OM M A IRE ÉDI TO

02 ÉDITO du 20 mars
au 1er avril 2024
Le FICAT fête ses 25 ans
04 CNP
Soirées-débats du CNP

Le FICAT fête
C

06 ÉVÉNEMENTS
J

CM

FICAT

ses 25 ans :
MJ

Soirée Les Mères veilleuses CJ

Espace game
CMJ

BCAT
10 SÉANCES JEUNES
1 1 LES FILMS
Les films de A à Z
17 AUTOUR DES FILMS
Si seulement je pouvais hiberner
Les Colons
Priscilla
Pauvres Créatures
Les Feuilles mortes/ Amour à la Finlandaise
Jeunesse
30 RENCONTRE
Dominique Abel et Fiona Gordon
Gilles Perret et Marion Richoux
Jean-Claude Monod et Marie Toscan
Jim Capobianco et Doris Gruel
36 JEUNE PUBLIC
38 EN BREF
Nouvelles d'ici et d'ailleurs
39 INFOS PRATIQUES
40 FILM DU MOIS
Chroniques de Téhéran
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS
2 RUE DES URSULINES, 37000 TOURS
MENSUEL / PRIX DU NUMÉRO 2 €
ISSN 0299 - 0342 / CPPAP N° 0224 K 84305
ÉQUIPE DE RÉDACTION : SYLVIE BORDET,
JEAN-LUC DESJARDINS, ISABELLE GODEAU,
JEAN-FRANÇOIS PELLE, DOMINIQUE PLUMECOCQ,
ÉRIC RAMBEAU, ROSELYNE SAVARD, MARCELLE SCHOTTE,
ANDRÉ WEILL, AVEC LA PARTICIPATION
DE LUCIE JURVILLIER ET AVEC LA PARTICIPATION
DE LA COMMISSION JEUNE PUBLIC.
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : ÉRIC RAMBEAU
CONCEPTION GRAPHIQUE : EFIL / WWW.EFIL.FR
(TOURS). ÉQUIPE DE RÉALISATION : ÉRIC BESNIER,
ROSELYNE GUÉRINEAU - DIRECTEUR : ROMAIN PRYBILSKI.
IMPRIMÉ PAR PRÉSENCE GRAPHIQUE, MONTS (37).
02 Les Carnets du Studio
25 films pour
25 ans !
Les fils du temps
En descendant Nathan Road (Hong Kong)
25 ans déjà, un anniversaire empli de nostalgie si
nous nous retournons sur les débuts du festival.
C'était la grande époque du cinéma d'Extrême
Orient, n'importe quel film (j'exagère un tout petit
peu) de Hong Kong nous ravissait. N'importe quel
petit polar regorgeait de plans extraordinaires.
Hong Kong, la matrice de l'engouement pour le
cinéma asiatique. Pour un plan de Tsui Hark, peut
être le plus grand styliste de ce qu'on appelait La
Colonie, pour un plan de Wong Kar-wai nappé de
lumière par Christopher Doyle où se frôlent les
corps des personnages dans un écrin musical.
Et John Woo, Ann Hui, Johnie To, Stanley Kwan
et tant d'autres.
Naviguer dans les méandres du temps
Retour sur le passé : le Hong Kong des années 60
(The Hand de Wong K.-W.), le Japon d'après-
guerre avec le beau film de Naruse (La Mère) et
nous remonterons même jusqu'à la préhistoire
d'où est ressorti Godzilla (Shin Godzilla de Hideaki
Anno et Shinji Higuchi).
Hommage à I. Takahata
Souvenir d'une belle soirée d'été dans le jardin
des Studio, en 2008, avec Isao Takahata, simple
et charmant, venu présenter son film inédit
Souvenirs goutte à goutte.
Dans le festival seront au rendez-vous : Le
Conte de la princesse Kaguya, une petite merveille,
Nos voisins les Yamada, la fraîcheur d'une chro-
nique familiale, et l'indépassable et bouleversant
Le Tombeau des lucioles.
Un passé cambodgien
Un retour sur un passé plus douloureux, celui lié
aux exactions des Khmers rouges et aux exils qui
s'en suivent.
Le Cambodge quitté précipitamment où l'on
tente de revenir (Sans famille) ou dont on tente
de s'éloigner pour une nouvelle vie (Portraits du
Mékong à La Marne).
N'oublions pas la projection dans le futur grâce
à l'animation japonaise et le grand récit futuriste
de Snowpiercer de Bong Joon-Ho.
Toujours et encore
La compétition internationale nous fera voya-
ger cinématographiquement de la Mongolie à
Singapour en passant par la Chine, le Cambodge,
la Corée et le Japon.
Inédits, avant-premières et rencontres seront au
rendez-vous comme les années précédentes ainsi
que les lectures, les expositions et les ateliers.
Des expositions
Aux cinémas Studio : Yochimu Calendar / Calendrier
d'une prémonition, images de Fred Froument et
Souvenirs, souvenirs : Le Hong Kong de Wong Kar Wai.
À la galerie Veyssière-Sigma : Ukiyo-E, images du
monde flottant : estampes japonaises.
Au Somnanbulle : Le Bestiaire chez Miyazaki.
Pour les infos de dernière minute, consulter les sites :
http://cineasia37.wordpress.com
ou www.studiocine.com
Bon festival ! — LJ
Remerciements
À Park Jee-Yon, Jeon Soo-Il, Nara Keo Kosal,
Luisa Prudentino, Yilsoon films… à tous les
réalisateurs, producteurs, distributeurs, aux
festivals, à nos amis viticulteurs Pascal Delaleu et
Baudry-Dutour et à celles et à ceux qui ont permis
au festival d'exister.
N°433 — mars 2024 03
SOIRÉ ES- D É BATS D U CNP L A PAGE DU CNP

UNE DÉMARCHE D’ÉDUCATION LA PAGE DU CNP PROPOSE DES PISTES DE

POPULAIRE, UN PARTENARIAT RÉFLEXION PORTÉES PAR LE CNP ET DES
ASSOCIATIF LOCAL ASSOCIATIONS PARTENAIRES. CES PISTES SERVIRONT
DES DOCUMENTAIRES ENGAGÉS, DE POINT DE DÉPART POUR DES DÉBATS FUTURS.
DES DÉBATS CITOYENS

La liberté associative
Jeudi 14 mars • 19h45 Jeudi 28 mars 2024 • 19h30
AU MOYEN ORIENT : JOURNALISME,
DES FEMMES EN LIBERTÉ SPORT ET POLITIQUE

Le CNP, France Kurdistan, le Café des femmes,
la Cimade, Katimel et LDH présentent :
En Iran, il est interdit pour une femme de chan-
ter en public car, selon la République islamique, la
voix des femmes aurait un potentiel érotique dange-
reux et subversif. Ce documentaire relate le combat
acharné d’une compositrice iranienne pour organi-
ser un concert pour chanteuses. Défier le pouvoir de
la censure, faire revivre la voix des femmes tue par
un régime obscurantiste qui a fait du corps féminin
un lieu où s’écrit la loi et les mœurs de la société,
sont les deux principaux objectifs du réalisateur.
Aujourd’hui, comme un écho à ce documentaire,
des femmes osent braver cet interdit, faisant du
chant un véritable outil politique et révolutionnaire
au service de l’émancipation féminine.
— FILM : No land’s song, de Ayat Najafi
© JOUR2FÊTE
Les Assises du journalisme et le CNP,
avec le soutien de Politis présentent :
De longue date, les mondes politique et financier
ont exploité le sport en le transformant en « Sport-
Spectacle ». Qui sont les victimes des outrances qui
en résultent ? Quels choix ont les médias, les jour-
nalistes ? Complices ? « taiseux » ? investigateurs ?
— FILM : Sport : le revers de la médaille de
Xavier Deleu et Yonathan Kellerman,
(France - 2014 - 52’).
— TABLE RONDE : avec les représentants des
rédactions participantes (1h) : Modératrice :
Alizée Vincent (Arrêt Sur Images), David Garcia (Le
Monde diplomatique), Mathias Thépot (Mediapart)
et Patrick Piro (Politis).
Suivie d’un débat avec le public.
mise à mal
Des menaces contre la liberté
Le nombre des dissolutions d’associations explose
depuis 4 ans. En 2015, suite aux attentats, l’état
d’urgence a permis des pratiques hors du cadre
légal ordinaire : extension du fichage, interdictions
préventives des manifestations, gestion violente
du maintien de l’ordre, amendes contre les mili-
tants et criminalisation des actions écologistes ou
soutenant les exilés. Depuis, la loi séparatisme de
2021 multiplie les entraves aux libertés associa-
Un autre danger
Nouvelle menace insidieuse contre la liberté des
associations : le Groupe SOS. « Proche du pouvoir,…
avec des méthodes inspirées du privé, il dévore de
nombreuses structures ». Ses activités s’étendent
à la protection judiciaire de la jeunesse, la petite
enfance, la transition écologique, l’insertion par
l’activité économique, la solidarité internatio-
nale, la santé, la vieillesse, et la culture comme le
montre la tentative ratée de reprendre le cinéma

(Iran - 2016 - 1h35). Débat avec Marie- tives et les motifs de dissolution d’associations parisien « La Clef ». Lorsqu’une structure associa-
Pierre Cuvier, professeur d’histoire, LES ASSISES (Les Soulèvements de la Terre), et instaure le tive rejoint le Groupe SOS, elle perd ses bénévoles,
présidente de France Kurdistan. INTERNATIONALES Contrat d’Engagement Républicain (CER). ses administrateurs. Elle se voit imposer les statuts
DU JOURNALISME « Ces entraves peuvent être légales, administra- du Groupe et une gestion d’entreprise. En 12 ans,
Jeudi 21 mars • 19h45 DE TOURS tives, mais aussi infra-juridiques comme la coupe les effectifs de SOS sont passés de 4 000 salariés et
QUEL AVENIR POUR TAIWAN ? DU 25 AU 30 MARS de subvention, la difficulté à accéder aux locaux 220 établissements à 22 000 salariés et 650 struc-
Le FICAT et le CNP présentent : Thème 2024 : « Le Journalisme, ou la disqualification des militants… Tous les sec- tures avec l’objectif de doubler le chiffre d’affaires
Depuis son arrivée au pouvoir en 1949, un des pro- c'est du sport » : débattre teurs sont ciblés, y compris les petites associations en 2025. Un rapport de l’Inspection Générale des
jets fondamentaux du parti communiste chinois ensemble de l’information que nous voulons. sportives ou culturelles ». Sont particulièrement Affaires Sociales soulignait pourtant l’opacité de
est de restaurer la pleine souveraineté et l'intégrité Notre association « journalisme & Citoyenneté » visées les associations environnementales, de l’organisation et le difficile suivi de certaines opé-
territoriale de la Chine. Taïwan en fait partie. a créé il y a 17 ans les Assises internationales du luttes contre les discriminations ou de soutien rations financières.
Taïwan : indépendance ou pas ? Source d’un pro- Journalisme, installées en Touraine depuis 9 ans, aux exilés. Les pratiques de désobéissance civile Comment résister à cette volonté de l’état de
chain conflit mondial ? pour inviter les professionnels des médias et les sont aussi prétexte a une tentative de dissolution. contrôler les associations ? Comment s’opposer à
— FILM : Taïwan, Nation interdite, de citoyens à débattre ensemble des conditions d’une Le CER reste une menace mais demeure ino- la privatisation de la richesse associative ?
Wandrille Lanos (France - 2023 - 1h11). information de qualité. Cet événement est le vôtre ! pérant juridiquement. Pour cette raison, il reste
Débat avec un Du 25 mars au 30 mars prochain venez nombreux, à d’une application fragile et n’a pas abouti, par — Le CNP
intervenant l’espace Mame et chez les acteurs culturels touran- exemple contre la Maison des Jeunes et de la Nous en reparlerons prochainement lors d’une
spécialisé. geaux partenaires : le Théâtre Olympia, l’Université, Culture (MJC) de Tourcoing. La tentative contre séance de cinéma suivie d’un débat
Témoignage de la Bibliothèque Centrale, la Mairie de Tours, la cette MJC rappelle celle qui, par contre, a provoqué Pour nous joindre : lecnpstudio@laposte.net
© BROTHER FILMS

Shihhan Shaw, Librairie, La Boîte à Livres pour le Salon du livre du en 1967/68/69 le démantèlement de la Fédération
Réalisatrice Journalisme, et le CNP des cinémas Studio. Française des Maisons des Jeunes et de la Culture Sources : Julien Talpin, CNRS et Observatoire des libertés associatives
taïwanaise — Jérôme Bouvier, Le Président (FFMJC), une des plus grandes institutions d’édu- (Alternatives économiques - Décembre 2023), Margot Hemmerrich & Clémentine
Metenier (Le Monde diplomatique - Janvier 2023), Laurent Besse
vivant à Tours. Voir le programme sur le site www.journalisme.com cation populaire. (Les MJC - Presses Universitaires de France).

04 Les Carnets du Studio N°433 — mars 2024 05

ÉV É NE M E N TS Mars 2024
Ven. 22 mars • 19h30 • OUVERTURE les sentiments qu’elle pensait avoir enfouis refont

25 édition
e In Water AVANT-PREMIÈRE - COMPÉTITION surface, elle décide de reprendre sa vie en main.
Corée du Sud - 2023 - 1h01, de Hong Sang-Soo,
FICAT2024_AfficheA3.pdf 1 18/01/2024 18:24:04

Le titre japonais « se défaire » renvoie aux grecs

avec S. Seok-ho, H. Seong- Guk, K. Seung-Yun
Festival International
anciens pour qui la mélancolie était un passage qui
Sur l’île rocheuse de Jeju, un jeune acteur veut réaliser permettait de faire le deuil, de se dépasser.
un film. Alors que l’inspiration lui manque, il aperçoit
Sam. 23 mars • 17h30
de cinéma asiatique
une silhouette au pied d’une falaise. Grâce à cette
C

CM

MJ

CJ

CMJ
rencontre il aura peut-être une histoire à raconter. Le Mal n’existe pas AVANT-PREMIÈRE - COMPÉTITION
Japon - 2023 - 1h46, de Ryûsuke Hamaguchi,
N

Le flou des images convient parfaitement à l’indéci-

de Tours sion typiquement « hongienne ». Un Hong Sang-Soo

de plus en plus mélancolique et émouvant.
avec Hitoshi Omika, Ryo Nishikawa...
Takumi et sa fille Hana mènent une vie en parfaite
harmonie avec la nature où les cerfs vivent serei-
Du 20 mars au 1er avril 2024 Ven. 22 mars • 21h15 nement dans un paysage de lacs.
Snowpiercer Le projet d’un camping avec tout le confort, va
Corée/France/E.U. - 2013 - 2h06, de Bong Joon-Ho, mettre en danger l’équilibre écologique du site et
Mer. 20 mars • 14h15 et dim. 24 mars • 17h00 Ven. 22 mars • 10h30 avec C. Evans, S. Kang-Ho, T. Swinton de la vie des habitants
Le Tombeau des lucioles HOMMAGE À TAKAHATA Sans famille INÉDIT - COMPÉTITION 2031. Une nouvelle ère glaciaire. Les derniers sur- Après Drive my Car, Contes du hasard et autres
Japon - 1988 - 1h30, film d'animation de Isao Takahata VO Suisse - 2023 - 1h27, documentaire d'Angela Spörri vivants ont pris place à bord du Snowpiercer, un fantaisies Hamaguchi plonge de nouveau dans les
Voir page 36. Le Cambodgien Thun Chay a été laissé seul par sa train gigantesque condamné à tourner autour de méandres de la complexité humaine.
16h Atelier de Gyotaku, art japonais mère dans un camp de réfugiés lors de leur fuite la Terre sans jamais s’arrêter. Dans ce monstre de
d'empreinte de poisson par Darkoï. face aux Khmers rouges. Arrivé en Suisse en tant métal, la lutte des classes oppose les dominés, Sam. 23 mars • 21h30
qu’orphelin, il a grandi dans un village d’enfants qui vivent à l'arrière dans une effroyable misère, The Hand
Mer. 20 sam. 23 et dim. 24 mars • 16h00 puis a fondé sa propre famille. Aujourd’hui, 30 ans aux dominants de l'avant. Six ans avant Parasite Hong Kong - 2004 - 57 min, de Wong Kar-Wai,
La Boîte à malice À PARTIR DE 3 ANS - SANS PAROLES plus tard il veut comprendre son histoire, retrouve l’adaptation de la BD de Rochette et Lob, tient en avec Gong Li, Chen Chang
Japon - 1993 à 1999 - 38 min, sa mère et part en voyage avec elle à travers le haleine sans un temps mort. Hong Kong, années 60. Zhang, un timide tailleur,
courts métrages de Koji Yamamura VF Cambodge. est fasciné par Mlle Hua, voluptueuse et froide
Voir page 36. Sam. 23 mars • 14h00 courtisane qui le séduit pour s’assurer qu’il se sou-
La projection du mercredi sera Ven. 22 mars • 14h15 Le Conte de la princesse Kaguya viendra d’elle lorsqu’il dessinera ses vêtements
suivie d'un atelier créatif. Tomorrow is a Long Time INÉDIT - COMPÉTITION HOMMAGE À TAKAHATA La sensualité et le toucher des tissus rythmeront
Singapour/Taïwan/France… - 2023 - 1h43, de Jow Zhi Wei, Japon - 2013 - 2h17, film d'animation de Isao Takahata VF leurs rencontres entre fascination et frustration.
Mer. 20 mars • 16h30 et le dim. 24 mars • 14h00 avec L. Dai, E. Tan, J. Victor Voir page 36. Cet amour impossible ne peut revivre que par le
Mes voisins les Yamada HOMMAGE À TAKAHATA Chua doit faire face à des conditions de travail Accueil par les BIP : Brigades d'Intervention filtre de la mélancolie.
Japon - 1999 - 1h44, film d'animation de Isao Takahata VF pénibles et mal payées tandis que son fils Meng Poétique à l'occasion du Printemps des poètes.
Voir page 36. subit les intimidations et la violence d'un groupe Après la séance Goûter aux saveurs asiatiques et Dim. 24 mars • 10h00
de jeunes. Le service militaire envoie Meng au atelier Fleurs de cerisiers. 16h : Atelier d'origami Les Enfants de la mer
Jeu. 21 mars • 9h15 coeur de la jungle, un monde inconnu avec sa végé- par l'APEJT. Japon-2019-1h51, film d'animation de Ayumu Watanabe VF
Suzume SÉANCE SCOLAIRE tation luxuriante, ses cris de bêtes mais aussi un Voir page 36.
Japon - 2022 - 2h02, film d’animation de Makoto Shinkai VO espace où il est face à lui-même. Sam. 23 mars • 17h00
Dans une petite ville paisible de Kyushu, une jeune First love, le dernier Yakuza SÉANCE JEUNES Dim. 24 mars • 10h30
fille de 17 ans, Suzume, rencontre un homme à la Ven. 22 mars • 17h15 Japon - 2019 - 1h48, de Takashi Mike, Portraits du Mékong à la Marne INÉDIT
recherche d’une porte mystérieuse. Cédant à une Dan Dan INÉDIT - COMPÉTITION avec M. Kubota, N. Ohmori, S. Konishi Collectif - 2021/2023 - 1h10, documentaire de Nara Keo-Kosal
inexplicable impulsion, elle tourne la poignée, et Chine - 2022 - 1h43, de Song Chuan, Voir page 10. Avant la séance jeune danse K Pop Samorane, Hy, Annie-Flore, Anh Tu, originaires
d'autres portes s'ouvrent alors aux quatre coins du avec Chu Bu Hua Jie, S. Ding, X. Wei par Young Nation Studio. du Cambodge, du Laos ou du Vietnam et instal-
Japon. L'homme est formel : toute porte ouverte Dan dan est un poète désillusionné qui travaille lées en région parisienne racontent leur parcours.
doit être fermée. comme enseignant dans un village reculé du Sam. 23 mars • 17h30 Touchants et denses, ces témoignages permettent
Yunnan. Il cherche l'amour et un sens à sa vie. La Mélancolie AVANT-PREMIÈRE - COMPÉTITION de garder la mémoire de leur histoire.
Jeu. 21 mars • 19h45 Les montagnes noyées dans la brume reflètent Japon - 2023 - 1h24, de Katuya Kato, Ces histoires infiniment personnelles touchent à l'uni-
Taïwan, Nation interdite CNP l'incertitude et le flottement du personnage. avec M. Kadovaki, K. Tamura, S. Sometani versel par les questions qu'elles posent : le rapport
France - 2023 - 71 min, documentaire de Wandrille Lanos Images somptueuses dignes de la peinture clas- Après la perte brutale de son amant, Watako à la langue, la recherche du père, trouver sa place
Voir page 04. sique chinoise. retourne discrètement à sa vie conjugale. Lorsque dans le monde… Rencontre avec Nara Keo-Kosal.
06 Les Carnets du Studio N°433 — mars 2024 07
ÉV É NE M E N TS
Dim. 24 mars • 14h00
Mes voisins les Yamada HOMMAGE À TAKAHATA
Japon - 1999 - 1h44, film d'animation de Isao Takahata VF
Voir page 36.
Dim. 24 mars • 14h15
Un Jeune chaman AVANT-PREMIÈRE - COMPÉTITION
Mongolie/France - 2023 - 1h43, de Lkhagvadulam Purev-Ochir,
avec T. Bold-Erdene, N.-E. Ariunbyamba, B. Chuluunbat
Ze étudie dur pour réussir, tout en communiant
avec l’esprit de ses ancêtres pour aider les membres
de sa communauté à Oulan-Bator : il est chaman.
Lorsqu'il rencontre Marla, son pouvoir vacille pour
la première fois et un autre monde s'ouvre à lui.
Entre tradition et modernité, un étonnant visage
de la jeunesse d'Oulan Bator.
Présentation, par vidéo, de la réalisatrice.
16h00 : Danses chinoises par Lizi Gao de
France- Chine Touraine.
16h15 : Atelier de calligraphie : venez choisir   Le Japon est frappé de stupeur lorsqu’une créature
votre nom en coréen par l'École Coréenne.
Dim. 24 mars • 17h00
Le Tombeau des lucioles
Japon - 1988 - 1h30, film d'animation de Isao Takahata VO
Voir page 36.
vaillante, toujours debout et souriante dans la
tourmente.
Encore un chef d'oeuvre de Naruse empli d'huma-
nité avec l'émouvante Kinuyo Tanaka.
Dim. 24 mars • 19h30 • CLÔ TURE REMISE DES PRIX
Sidonie au Japon AVANT-PREMIÈRE
Japon/France - 2023 - 1h35 de Elise Girard, avec I. Huppert…
Sidonie se rend au Japon pour la resortie d'un de
ses livres. Chaperonnée par son éditeur japonais
elle perd peu à peu ses repères face aux coutumes
locales mais surtout face à l'apparition de son mari
disparu depuis longtemps…
Isabelle Huppert est parfaite entre déphasage et
burlesque !
Dim. 24 mars • 2h00
Shin Godzilla INÉDIT
Japon - 2016 - de Hideaki Anno et Shinji Higuchi,
avec H. Hasegawa, S. Ishihara
gigantesque surgit de la baie de Tokyo. Les hauts
fonctionnaires n'arrivent pas à gérer la situation et
Godzilla, la créature, plonge le Japon dans le chaos.
À la fois film de monstre mais aussi film politique en
résonance avec l'horreur nucléaire de Fukushima.
Ne pas rater ce kaiju ega sur grand écran !
Jeudi 14 mars à 18h00 à la Bibliothèque des cinémas Studio
Quand le conte rencontre le film de silhouettes
M. Ocelot et L. Reiniger sont connus comme des
maîtres du film de silhouettes… mais pourquoi leurs
films d’animation mettent-ils souvent en scène des
contes ? L’historien de l’art François Fièvre a consacré
un essai aux affinités électives entre un genre litté-
raire, le conte, et une forme visuelle, la silhouette.
Des films de silhouettes contemporains aux ombres
des veillées au coin du feu d’antan, en passant par le
théâtre d’ombres ou la culture graphique du 19e siècle,
il invite à une archéologie de notre imaginaire des
Samedi 16 mars à 15h30 et 17h00
Escape Game à la Bibliothèque des
cinémas Studio : La Séance Secrète !
La Bibliothèque vous invite à "La Séance Secrète" :
venez parcourir différents univers, résoudre de
multiples épreuves et affronter certains dangers
du 7e ART, mais n'ayez crainte, nous serons là pour
vous guider !
Mars 2024
contes – et du cinéma. Présentation du livre par
l’auteur, suivie d’une rencontre avec l’historien
de l’art François Fièvre.
Livre : François Fièvre,
Le Conte et la Silhouette, archéologie
d’une rencontre, Rennes, Presses
universitaires de Rennes, 2024,
9782753595361, 22€.
Inscription gratuite et obligatoire
(âge conseillé : à partir de 15 ans,
envoyer un mail avec vos coordonnées à :
biblistudio@gmail.com)

Dim. 24 mars • 17h30 Lundi 1er avril • 19h30

La Mère En Birmanie / Les Petits Métiers de Chine / Dimanche 17 mars à 11h00 aux Cinémas Studio
Japon - 1952 - 1h37, de Mikio Naruse, Hang Chou Fu
avec K. Tanaka, K. Kagawa, E. Okada
Masako tient une modeste blanchisserie en péri-
Trois courts documentaires des années 1920.
BCAT n°36
phérie de Tokyo. La vie est dure dans les années Fleur de Lotus (The Toll of the Sea) Cher-e-s ami-e-s cinéphiles,
d'après-guerre mais les moments de joie ne États-Unis - 1922 - 52 min, de Chester M. Franklin, PSV-Films vous propose un BCAT au mois de mars enceinte. La visite ne se déroule pas de manière
manquent pas. Même si a vie s’effondre peu à peu avec A. May Wong, K. Harlan aux Cinémas Studio. Nous avons sélectionné cordiale, car les anciens rituels et les supersti-
autour d’elle Masako reste une mère de famille Voir page 16. le long métrage Augure de Balodji.Sélectionné au tions persistantes des tribus locales continuent
festival de Cannes 2023 dans la section « un cer- de hanter Koffi.
tain regard » il obtient le prix de la Nouvelle Voix.
Précédé du court métrage
Mardi 2 avril à 20h00 Augure Tsutsué
Soirée Les Mères veilleuses Belgique/Pays-Bas/Congo - 2023 - 1h35, de Balodji
Le Congolais Koffi a été renié
France/Ghana - 2022 - 15 min, d'Amartei Armar
Sowa et Okai, deux fils de pêcheur, vivent dans une
par sa mère dans sa jeunesse petite ville ghanéenne bordée par une décharge à
Les Mères veilleuses Documentaire de Vanessa Gauthier – 2021 - 1h01 parce qu'il était un soi-disant ciel ouvert qui se déverse dans l'océan. Hanté par
La maternité bouleverse nos certitudes et nous révèle. C’est d’autant plus vrai « zabolo », un sorcier malé- la disparition en mer de son grand frère, Okai croit
lorsque la maladie vient frapper à notre porte. Dans un voyage poétique, nous fique en swahili. Aujourd'hui, apercevoir son corps flottant parmi les ordures.
suivons le cheminement pendant 6 années d'Avela et Rebecca, deux jeunes il revient au Congo pour rendre
femmes confrontées à la maladie de leurs enfants. Séance organisée et animée visite à sa famille, accompagné Un brunch africain sera servi à la fin
par Orkyn' et l'Association des Jeunes Diabétiques 37. Tarif Unique : 5 € de son épouse européenne des échanges avec le public.
08 Les Carnets du Studio N°433 — mars 2024 09
LES FILMS
Séances
jeunes
Tous les samedis en fin d’après-midi
Samedi 2 mars • 16h45
Waterworld
États-Unis - 1995 - 2h16, de Kevin Reynolds, avec Kevin Costner…
La Terre est recouverte d’eau et l’humanité survit
sur des îles artificielles menacées par des pirates
sanguinaires. La légende d’une terre encore émer-
gée pousse un mutant, une jeune femme et sa fille
à fuir à travers l’océan…
Samedi 2 mars • 19h15
Saw INTERDIT AU MOINS DE 16 ANS
États-Unis - 2005 - 1h44, de James Wan
Deux hommes se réveillent enchaînés. Ils ignorent
où ils sont et ne se connaissent pas. Ils savent juste
que l'un d’eux doit tuer l'autre dans moins de huit
heures, sinon ils seront exécutés tous les deux…
Présentation du film en salle par Grégoire,
notre jeune fan de cinéma d’horreur !
Samedi 9 mars • 17h00
Ouaga girls
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE POUR LES DROITS DES FEMMES, J+1 !
Burkina Faso - 2018 - 1h22,
documentaire de Theresa Traore Dahlberg
Bintou, Chantale et Dina apprennent le métier de
mécaniciennes à Ouagadougou. Elles bouleversent
joyeusement les préjugés : aucun métier ne devrait
être interdit aux femmes !
Venez découvrir des techniques de self defense,
tout public dès 14 ans, avec l'association OIS
Krav Maga, juste après la séance ! (gratuit sur
inscription : adocinemasstudio@gmail.com).
Vendredi 15 mars • 19h15
L’Événement
CINÉ-DÉBAT DU MASTER DE DROIT DE L’UFR
France - 2021 - 1h40, de Audrey Diwan
France, 1963. Anne, étudiante prometteuse, tombe
enceinte. Elle décide d’avorter, prête à tout pour dis-
poser de son corps et de son avenir. Elle s’engage
seule dans une course contre la montre, bravant la loi.
Les étudiant.e.s du Master 2 "Juriste de Droit
public" de l'Université de Tours vous proposent
10 Les Carnets du Studio
cette séance unique. Le film sera suivi d'un
débat animé par des juristes. En s'appuyant
sur l'actualité, il s'agira particulièrement
d'interroger la pertinence de l''inscription
de l'IVG dans la Constitution française.
Samedi 16 mars • 17h15
La Jeune fille sans mains
France - 2016 - 1h13, film d’animation de Sébastien Laudenbach
Un meunier vend sa fille au Diable. Elle s’échappe
mais est privée de ses mains. Commence un long
périple…
1h30 avant la séance à la Bib’ : découverte
des techniques de cinéma d’animation !
Samedi 16 mars • 19h00
Archipels
France - 2023 - 1h13, documentaire de Célestine Durif, Victor Pinault
Après un séjour dans les Terres australes qui a
marqué leur imaginaire, dix hommes et femmes
creusent dans leurs souvenirs. Il leur reste la cer-
titude qu’ils ne seront plus jamais les mêmes.
Rencontre avec les réalisateur·ice·s après
la séance et apéro offert.
Samedi 23 mars • 17h00
First Love, le dernier yakuza
FICAT INTERDIT AU MOINS DE 12 ANS
Japon - 2020 - 1h46, de Takashi Miike
Un jeune boxeur et une callgirl toxicomane, impli-
quée dans un trafic de drogue, vont devoir survivre
toute une nuit, poursuivis par un ripou, un yakuza,
et une tueuse des triades chinoises.
Dans le hall avant la séance : de la danse K Pop
par Young Nation Studio !
Samedi 30 mars • 16h30
Les Algues vertes
SÉANCE CARTE BLANCHE À LA BOBINE
France - 2023 - 1h47, de Pierre Jolivet
À la suite de morts suspectes, une journaliste
enquête en Bretagne sur le phénomène des algues
vertes. Au fil de ses rencontres, elle découvre la
fabrique du silence qui entoure ce désastre éco-
logique et social.
Séance organisée par “La Bobine”, le Ciné-club
de la faculté de médecine de Tours, dans le
cadre de la journée internationale Zéro Déchet.
Quiz Kahoot après la séance à la Bibliothèque
des Studio !
Avant les films du mois de mars :
The Breeze d'Éric Clapton & Friends dans toutes les salles.
Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.
Les films de A à Z
Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
20 000 espèces d’abeilles VU PAR LA RÉDACTION
Espagne - 2023 - 2h08, de Estibaliz Urresola Solaguren,
avec S. Otero, P. Arnaiz…
Ane, sculptrice, est en pleine crise familiale. Aitor, le
plus jeune de ses trois enfants, a huit ans et s’est tou-
jours senti fille bien que né garçon. Et, cette année,
Aitor ne veut plus qu’on l’appelle par son nom de
naissance. Il choisit de se nommer Lucia…
D’une grande intelligence, le film fait de Lucia un
personnage très fort, d’une détermination hors du
commun qui refuse que l’on décide pour elle qui elle
doit être. Très poignante, cette histoire d’une nouvelle
naissance a reçu l’Ours d’argent de la meilleure inter-
prétation au festival de Berlin en 2023 pour la jeune
Sofia Otero. — JF
L’Affaire Abel Trem
Hongrie - 2023 - 2h07, de Gábor Reisz, avec G. Adonyi-Walsh…
Àbel, essayant de répondre aux attentes de son père
György, se présente à l’examen du baccalauréat, où il
échoue lamentablement. Est-ce à cause du pin’s natio-
naliste qu’il arbore à la boutonnière ? C’est ce qu’Àbel
voudrait bien croire même si ce n’est pas si simple.
Gábor Reisz signe un récit polyphonique intelligent
qui, sans verser dans un manichéisme facile, nous en
dit beaucoup sur la société hongroise d’aujourd’hui et
sur les multiples tensions et fractures qui la traversent.
Un puzzle éclairant !
Apolonia Apolonia
Danemark - 2022 - 1h56, de Léa Glob, avec Apolonia Sokol
À la fin des années 2000, Lea Glob, entreprend de
filmer la peintre Apolonia Sokol dans le cadre d'un
projet pour ses études de cinéma… sans savoir que
ledit projet s'étendrait finalement sur 13 ans.
13 années qui couvrent ses années d'études à
Copenhague puis Paris, son entrée dans le monde
de l'art contemporain, ses doutes incessants sur son
travail comme sur elle-même et nous font croiser des
artistes, des galeristes et des FEMEN.
Mars 2024
Au fil des saisons
France/États-Unis - 2023 - 1h33,
de Hanna Ladoul et Marco La Via,
avec C. Deneuve, A. Riseborough, M. Saylor…
Étudiante en finance, Charlie revient en Virginie
dans la ferme familiale de sa mère pour l'aider. Après
une longue absence, un jour, débarque Solange, la
grand-mère de Charlie. Française, excentrique et
féministe, elle a quitté les USA alors que sa fille
était encore enfant. Comme elle n'est jamais reve-
nue, Charlie rencontre donc sa grand-mère pour la
première fois… Trois générations de femmes, des
retrouvailles complexes…
Averroès et Rosa Parks
France - 2023 - 2h23, documentaire de Nicolas Philibert
Après Sur l’Adamant, qui lui a valu l’Ours d’Or à la
dernière Berlinale, N. Philibert propose le second
volet de son triptyque au sujet d’une approche psy-
chiatrique plus humaine, qui donne et prend en
compte la parole des premiers concernés, les patients.
D’entretiens individuels en réunions « soignants-soi-
gnés », le réalisateur nous permet d’approcher de
ces différentes trajectoires tout en nous poussant à
nous interroger sur le manque cruel de moyens qui
ne fait que s’accentuer.
Black Tea
France - 2024 - 1h49, d’Abderrahmane Sissoko,
avec N. Melo, H. Chang…
Ce nouveau film du réalisateur de Timbuktu met en
scène Aya, une jeune femme ivoirienne qui décide
de dire « non » le jour de son mariage, au grand
étonnement de tous. Elle quitte alors son pays pour
commencer une nouvelle vie à Guangzhou, en Chine.
Là elle fera la rencontre de Cai, propriétaire d’une
boutique de thé. Et c’est dans l’arrière-boutique,
au milieu des suaves arômes et senteurs diverses,
que croîtra lentement une relation faite de respect
et de tendresse.
N°433 — mars 2024 11
LES FILMS
Les Carnets de Siegfried
Royaume-Uni - 2021 - 2h17, de Terence Davies,
avec J. Lowden, C. Lynch, K. Philips…
1914. Siegfried Sassoon, poète en devenir, est enrôlé
dans l’armée britannique. Révolté, il devient objec-
teur de conscience à son retour. Alors qu’il est mis au
ban par certains du fait de ses pamphlets pacifistes,
d’autres lui ouvrent les portes d’une vie mondaine.
Tiraillé entre les diktats de la conformité et ses désirs
de liberté, Siegfried se perd…
Ce biopic du poète S. Sassoon est le dernier film du
cinéaste, mort en 2023, peu connu du grand public
malgré une remarquable œuvre poétique.
Chroniques de Téhéran
Film du mois, voir au dos du carnet.
Comme un fils
France - 2024 - 1h42, de Nicolas Boukhrief, avec V. Lindon, K. Rocher…
Dépassé par l’agressivité d’un lycéen, Jacques, profes-
seur d’histoire désabusé, quitte la salle de classe et se
met en dispo pour une durée indéterminée… Un soir,
il est témoin d’une agression. Il arrête l’un des trois
voleurs, un Rom de 14 ans. Jacques le recroisera et
décidera de le prendre en charge…
Le réalisateur du Convoyeur (2003), L’Italien (2009)
et Délicieux (2020) pensait à ce personnage depuis
longtemps : « C'est un nouvel Enfant sauvage, non
pas celui de Rousseau qui sort d'une forêt, mais celui
qu'on peut trouver dans le monde d'aujourd'hui. »
L’Avant-Première et la présence de
Vincent Lindon annoncées dans le carnet
de février sont annulées.
Daaaaaali ! VU PAR LA RÉDACTION
France - 2023 - 1h18, de Quentin Dupieux,
avec A. Demoustier, J. Cohen…
Comme toujours chez Dupieux, le scénario tient en
quelques lignes : une journaliste débutante veut ren-
contrer Salvador Dali pour l’interviewer. Mais rien n’est
simple avec l’artiste à l’ego surdimensionné, surtout
quand il s’agira de tourner un documentaire…
Le réalisateur iconoclaste avait surpris tout le monde
avec son excellent Yannick. Il revient quelques mois
plus tard avec une comédie absurde qui ne s’intéresse
pas au peintre mais au « Dali de son enfance », celui
des pubs et de la télé. Hommage à Buñuel, il signe un
film onirique et hilarant où son héros caricatural est
joué par pas moins de 6 acteurs. Un film délirant à ne
manquer ! — DP
12 Les Carnets du Studio
Débâ cle
Belgique, Pays-Bas - 2023 - 1h51, de Veerle Baetens,
avec R. Marchant, Ch. De Bruyne…
De nombreuses années après un été caniculaire où
tout a basculé, Eva, meurtrie, revient pour la première
fois dans son village natal, déterminée à se confronter
aux douloureux fantômes du passé. Dans son coffre,
un énorme bloc de glace…
Pour son premier film, la réalisatrice adapte l’œuvre
éponyme choc de Lize Spit. Les flash-back avec cer-
taines images lumineuses contrastent avec la dureté
du drame et du traumatisme. Au Festival du film de
Sundance 2023, Rosa Marchant a reçu le Prix de la
meilleure actrice.
Dune : deuxième partie
États-Unis/Canada - 2023 - 2h46, de Denis Villeneuve,
avec T. Chalamet, Zendaya, R. Ferguson…
Au cours d’un périple mythique Paul Atreides se rallie
à Chani et aux Fremen, tout en préparant sa revanche
contre ceux qui ont détruit sa famille. Devant choisir
entre l’amour de sa vie et le destin de l’univers connu,
il s’efforce d’empêcher un terrible futur que lui seul
peut prédire…
Les journalistes, suite à la projection, parlent d'une
photographie et de décors aussi sublimes et specta-
culaires que dans le premier volet de Dune : une suite
tout aussi pharaonique et absolument épique !
L’Empire
France - 2024 - 1h50, de Bruno Dumont,
avec A. Vartolomei, L. Khoudri, C. Cottin…
Un nouveau film bien déjanté de l’inénarrable Bruno
Dumont ! Dans une campagne picarde comme il l’aime,
voilà-t-il pas qu’une armée d’extraterrestres (dirigée par
Fabrice Luchini) s’apprête à envahir la Terre et à sup-
planter les humains ? Épique aussi bien que bassement
quotidien, interplanétaire en même temps que pavil-
lonnaire, cet Ofni (Objet filmique non identifié) a de
quoi surprendre et réjouir petits et grands, d’autant qu’y
figurent Philippe Jore et Bernard Pruvost, l’impayable
duo de la série P’tit Quinquin : à vos zygomatiques !
Eureka VU PAR LA RÉDACTION
Argentine - 2023 - 2h27, de Lisandro Alonso,
avec V. Mortensen, C. Mastroianni…
Le nouveau film de Lisandro Alonso) se présente comme
un voyage dans le temps. Entre 1870 et aujourd’hui, il est
divisé en trois parties que l’on pourrait résumer comme
la fiction, le réel et le mythe. On passe d’un western en
noir et blanc à aujourd’hui dans la réserve Sioux du
Dakota du Sud, pour finir en 1973, auprès d’une tribu
amazonienne qui lit son avenir dans les rêves…
Conte, récit hybride qui fait la part belle au contempla-
tif, opaque parfois mais fascinant toujours, Eureka est
d’une originalité extravagante, une bouffée d’air frais
hors de tout sentier balisé et constamment imprévi-
sible. — JF
Holly VU PAR LA RÉDACTION
Belgique/France - 2023 - 1h42, de Fien Troch,
avec G. Verstraete, Els. Deceukelier…
Holly est rejetée au sein de son lycée : « c’est une sor-
cière ! ». Un matin, elle refuse d’aller au lycée alors
qu’un incendie s’y déclare et fait plusieurs victimes.
Aurait-elle un don de prémonition ? Sa présence dans
un groupe de bénévoles pour soutenir les familles
endeuillées apporte réconfort et espoir. Détiendrait-
elle un don surnaturel ? Holly est un drame puissant,
flirtant avec le fantastique. Où se situe la limite entre
croyance et illusion ? L’actrice incarnant l’héroïne a
reçu le Prix de la meilleure interprétation à la Mostra
de Venise. — MS
Hors saison
France - 2024 - 1h55, de Stéphane Brizé,
avec G. Canet, A. Rohrwacher…
Acteur connu d’une cinquantaine d’années, Mathieu
vient se reposer en thalasso dans une petite cité bal-
néaire. Par hasard il y rencontre Alice, une professeure
de piano avec laquelle il a eu une histoire d’amour il y
a une quinzaine d’années. Le temps a passé, les bles-
sures se sont refermées…
Le réalisateur de La Loi du marché (2015), En guerre
(2018) et Un autre monde (2021) abandonne pour un
temps sa dénonciation des travers du monde du tra-
vail ; il livre une mélancolique variation sur le thème de
l'amour et ses insatisfactions. L’émotion affleure en per-
manence sur un très beau thème musical signé Vincent
Delerm. Un beau film sur la nécessité des adieux.
Il reste encore demain
Italie - 2024 - 1h58, de Paola Cortellesi,
avec P. Cortellesi, V. Mastandrea, R. Maggiora Vergano
Dans l’après-guerre des années 40 à Rome, Delia
mère de 3 enfants et épouse d’un mari autoritaire
et violent, trouve du réconfort auprès de son amie
Marisa. L’arrivée d’une lettre mystérieuse à la veille des
fiançailles de sa fille ainée va pousser Delia à prendre
son destin en main et imaginer un avenir meilleur. Ce
premier film comme réalisatrice de l’actrice populaire
Mars 2024
Paola Cortellesi a connu un succès phénoménal en
Italie et suscité d’intenses débats dans un pays encore
marqué par le patriarcat.
Inchallah un fils VU PAR LA RÉDACTION
Jordanie - 2023 - 1h53, de Amjad Al Rasheed,
avec M. Hawa, S. Rababah…
Jordanie de nos jours. Nawal, 30 ans, vit avec son mari
et leur petite fille. Mais quand son mari décède bruta-
lement, elle doit se battre car, dans la loi jordanienne,
quand on n’a pas de fils, c’est la famille du défunt qui
hérite de tout, des biens matériels… mais aussi des
enfants…
Voilà un premier film en tous points remarquable. Par
son édifiant récit mené sans temps mort et par son
engagement auprès de son héroïne. Constamment
prenant, Inchallah un fils passionne par son sujet,
bien sûr, mais c’est aussi une belle œuvre de cinéma
qui sur un sujet lourd évite justement de l’être. — JF
Iron Claw
États-Unis - 2023 - 2h13, de Sean Durkin, avec Z. Efron, H. Dickinson
Du nom d’une prise de catch qu’ils rendirent célèbres,
ce film retrace l’histoire à peine romancée des quatre
frères Von Erich, qui menèrent de rudes combats dans
la vie et sur le ring et furent célèbres aux États-Unis
dans les années 80. Entre combats spectaculaires et
scènes pleines d’émotion, les critiques parlent ici d’une
véritable « pépite » superbement interprétée, à la fois
grand spectacle et réflexion aux multiples résonances.
Laissez-moi
Suisse - 2024 - 1h32, de Maxime Rappaz,
avec J. Balibar, T. Sarbacher…
Claudine mène une double vie : en bas, dans la plaine,
elle est une mère dévouée et aimante, tout entière
consacrée au bien-être de son fils handicapé ; en haut,
dans la montagne, elle est une amoureuse passionnée
à la rencontre d’hommes solitaires de passage dans
un hôtel. Mais une rencontre va l’obliger à remettre
en question ses schémas de vie bien ancrés, elle qui
est arrivée au moment où il reste moins de temps à
vivre que de temps vécu. Un premier film porté par
la présence élégante et mystérieuse de Jeanne Balibar.
La Machine à écrire et autres
sources de tracas
France - 2024 - 1h11, documentaire de Nicolas Philibert
Dernier volet du triptyque initié avec Sur l'Adamant
puis Averroès & Rosa Parks, le film poursuit sa plon-
gée au sein du pôle psychiatrique Paris centre. Ici,
N°433 — mars 2024 13
LES FILMS
le cinéaste accompagne des soignants bricoleurs au
domicile de quelques patients.
Le réalisateur de La ville Louvre, Être et avoir et La
Maison de la radio est un des plus célèbres documen-
taristes français. En 2023, il a reçu l’Ours d’or de la
Berlinale pour Sur l’Adamant, un film magnifique
sur le quotidien d’un Centre de Jour unique en son
genre, un bâtiment flottant !
Vendredi 29 mars à 19h45, Avant-Première
du film et rencontre avec Nicolas Philibert
réalisateur et Linda De Zitter, psychologue
clinicienne et psychanalyste (sous réserve).
Madame de Sévigné
France - 2023 - 1h32, d’Isabelle Brocard, avec K. Viard, A. Girardot…
Si tout un chacun a entendu parler de l’abondante
correspondance adressée par la fameuse marquise
à sa fille mariée loin d’elle, on connaît moins les rap-
ports complexes qu’elles entretenaient, la première
ne cessant d’admonester la seconde pour qu’elle s’af-
firme intellectuellement et socialement, n’obtenant
en retour qu’incompréhension et éloignement…La
réalisatrice dresse le portrait de la fameuse épistolière
et de ses relations avec sa Madame de Grignan de fille,
et révèle son tempérament féministe.
La Mère de tous les mensonges
Maroc - 2023 - 1h36, documentaire d’Asmae El Moudir
Grâce à une maquette du quartier de son enfance à
Casablanca et à des figurines de ses proches, la jeune
cinéaste rejoue son histoire, les blessures de tout un
peuple et l’Histoire oubliée du Maroc…
Les réalisatrices magrébines inventent de nouvelles
formes pour interroger le réel. Après Ben Hania et
ses Filles d’Olfa, voici El Moudir : « Au début de mon
projet, ma grand-mère a refusé d’être filmée. Cela
m’a amenée à m’interroger sur le rapport à l’image…
surtout celui de mon pays qui, semble-t-il, préférait
effacer les images de son propre passé, comme celles
des émeutes du pain. »
La Nouvelle femme
France/Italie - 2024 - 1h39, de Léa Todorov, avec J. Trinca, L. Bekhti…
1900. Lili d’Alengy, célèbre courtisane parisienne,
cache un secret honteux - sa fille Tina, née avec un
handicap. Décidant de gagner Rome, elle y rencontre
Maria Montessori, également mère et femme médecin,
qui imagine une nouvelle méthode d’apprentissage
pour les enfants alors appelés « déficients ». Les deux
femmes se soutiennent pour prendre leur place dans
ce monde d’hommes et écrire l’Histoire.
14 Les Carnets du Studio
Dans ce premier film la réalisatrice mélange histoire
vraie et fiction pour dresser un portrait riche de l’il-
lustre pédagogue.
Los Delicuentes VU PAR LA RÉDACTION
Argentine - 2023 - 3h00, de Rodrigo Moreno, avec D. Elias, E. Bigliardi…
Roman et Moran sont deux modestes employés de
banque qui s’ennuient dans leur travail jusqu’au jour
où Moran décide de voler au coffre l’équivalent de sa
vie de salaire. Mais comme il a besoin d’un complice,
il demande à Roman de l’aider…
Et ce n’est que le point de départ de ce film dont la
longueur se justifie pleinement tant il surprend en
permanence. Mêlant les genres (polar, road movie,
comédie, entre autres), il se déploie peu à peu pour
atteindre un souffle rare et paradoxalement toujours
intime, qui nous emporte dans un voyage au long
cours rare et réjouissant. — JF
Pas de vagues
France - 2023 - 1h32, de Teddy Lussi-Modeste,
avec F. Civil, S. Boumedine, M. Wanecque
Julien, un jeune professeur de collège, est accusé sans
fondement de harcèlement par une de ses élèves. Il
tente évidemment de prouver son innocence, mais cela
n’empêche pas la situation de s’envenimer gravement.
Le film met en lumière les failles du système éducatif
face aux dynamiques sociales, à la rapidité avec laquelle
on peut juger et condamner. L’auteur des remarqués
Jimmy Rivière (2011) et Le Prix du succès (2017) n’a visi-
blement rien perdu de sa lucidité et de sa combativité.
La Salle des profs
Allemagne - 2024 - 1h39, de Ilker Çatak,
avec L. Benesch, L. Stettnisch, E. Löbau, …
Pour son quatrième long-métrage, le réalisateur nous
plonge dans un huis clos étouffant au sein d’un éta-
blissement scolaire. Une série de vols y ont été commis
et Carla, une jeune professeure un peu idéaliste, va
faire de son mieux pour mener l’enquête. Mais soup-
çons, préjugés et rumeurs ont la part belle dans ce
microcosme, reflet de notre société tout entière. Et
le cheminement de Carla vers la vérité sera parsemé
d’embûches et d’obstacles en tous genres, tenant le
spectateur en haleine jusqu’à la toute fin.
Sans jamais nous connaître
Grande-Bretagne - 2024 - 1h45, de Andrew Haigh, avec P. Mescal…
Adam vit à Londres dans une tour où seul un autre
appartement est habité. Une nuit, la monotonie de
son quotidien est interrompue par sa rencontre avec
son mystérieux voisin. Alors que les deux hommes se
rapprochent, Adam est assailli par des souvenirs de
son passé et retourne dans la ville de banlieue où il a
grandi ; il y retrouve ses parents morts, il y a plus de
30 ans et pourtant inchangés. Peut-on revenir dans le
temps ? Qu'est-ce qui est vrai et qu’est-ce qui ne l’est
pas ? Ce très beau film sur la solitude écrasante d'un
homme qui a peur de l'avenir et n'arrive plus à s'ouvrir
sentimentalement, brouille les codes et les genres dans
un subtil mélange d’une grande sensibilité.
Scandaleusement vôtre
Royaume-Uni - 2023 - 1h42, de Thea Sharrock,
avec O. Colman, J. Buckley, A. Vasan…
Il n’a jamais fait bon être une femme affranchie, d’au-
tant plus dans le petit et corseté Littlehampton en 1920.
Alors quand Edith Swan reçoit des lettres anonymes
ordurières, c’est automatiquement vers sa voisine, une
Irlandaise qui ne s’en laisse pas compter, que les regards
des bien-pensants se tournent. Mais les apparences
sont souvent trompeuses et la cheffe Gladys Moss
espère bien le démontrer, en cela suivie par d’autres
femmes de la communauté se piquant de flair policier…
Le Successeur VU PAR LA RÉDACTION
France-Canada - 2024 - 1h50, de Xavier Legrand, avec M.A. Grondin…
Alors qu’il devient le nouveau directeur artistique d’une
célèbre maison de Haute Couture, Ellias apprend le
décès de son père dont il ne sait rien depuis des années.
Il se rend au Québec pour la succession et découvre qu’il
a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père…
Après le triomphe de Jusqu’à la garde (5 Césars), le réa-
lisateur revient avec un film fort et troublant : « À la fois
polar, thriller, horreur et conte noir. J’emprunte aussi
aux codes de la tragédie grecque » explique-t-il. Un film
dérangeant qui ne laissera personne indifférent. — DP
Une famille
France - 2023 - 1h21, documentaire de Christine Angot
Strasbourg, la ville où Christine Angot a connu le pire
alors qu’elle croyait y vivre le meilleur : là où à 13 ans
elle fera véritablement la rencontre de son père. Un
père qui jusqu’alors ne l’a ni déclarée ni ne s’est occu-
pée d’elle. C’est à Strasbourg qu’il la violera la première
fois et qu’il résidera jusqu’à sa mort en 1999. Invitée
pour des raisons professionnelles dans cette ville,
l’écrivaine filme le présent en rencontrant sa veuve
et le reste de la famille, et se confronte au passé, à
l’indicible.
Dimanche 10 mars à 14h, Avant-Première du film
en présence de la réalisatrice Christine Angot.
Mars 2024
Vampire humaniste cherche
suicidaire consentant
Canada - 2023 - 1h30, de Ariane Louis-Seize, avec S. Montpetit…
Sasha, jeune vampire, est bien trop humaniste pour
mordre ! Désespérés, ses parents prennent une
décision radicale : lui couper les vivres ! Comment
survivre ? Sasha fait alors la rencontre opportune de
Paul, un ado solitaire aux comportements suicidaires
décidé à lui offrir sa vie. Mais ce qui devait être un
échange de bons procédés se transforme en épopée
nocturne pour les deux nouveaux amis…
Pour son premier film, la cinéaste mêle vampires,
comédie et récit d’apprentissage.
Vendredi 22 mars, après la séance de 21h15,
Manon vous propose un quiz spécial Vampire
dans notre Bibliothèque avec des cadeaux
du film à gagner ! (gratuit, jauge de
20 personnes max.).
Vivants VU PAR LA RÉDACTION
France - 2024 - 1h26, d’Alix Delaporte, avec A. Isaac, R. Zem
Gabrielle réussit à devenir stagiaire dans l’équipe de
l’émission Reporters. À sa suite, nous découvrons les
coulisses d’une rédaction dans un portrait de groupe
réussi avec ses personnalités excentriques, ses codes,
son humour, le stress quotidien, la pression de la
direction, l’usure et les blessures d’un métier pas-
sionnant et usant…
Film choral efficace, qui sait poser, sans donner de
leçon, les grandes questions du journalisme à l’heure
de la concentration des pouvoirs médiatiques. Un
hommage aux hommes et aux femmes qui luttent
pour que l’information reste vivante ! — DP
Walk up (à chaque étage)
Corée - 2022 - 1h37, de Hong Sang-soo,
avec K. Hae-hyo, P. Mi-so
Byung-soo, cinéaste à succès (comme un double de
Hong Sang-soo lui-même) emmène sa fille Jeong-su
chez une de ses amies, qui leur fait visiter les étages
d’un immeuble dont elle est propriétaire. À chaque
étage lui apparaissent des images, des souvenirs, des
rêves… L’occasion aussi pour sa fille de se demander
quel est le vrai visage de son père…
Dans un beau noir et blanc, ce bâtiment ordinaire
semble comme une porte vers une quatrième dimen-
sion. Le film est drôle mais le rire se voile et nous
emmène ailleurs. Tout est concret, net, et en même
temps tout est flou. Hong Sang-soo met en scène cette
drôle de mélancolie avec la grâce qu’on lui connaît.
N°433 — mars 2024 15
 AUTOU R DES FI LMS — À PROPOS Si seulement je pouvais hiberner

COUP DE
Cinémas d’Asie,
Lundi 4 mars • 19h30
Sueurs froides (Vertigo)
L’engrenage
Si seulement je pouvais hiberner \ un film de Zoljargal Purevdash
d’hier et États-Unis - 1958 - 2h10, d’Alfred Hitchcock
d’aujourd’hui Un des plus grands films d’Hitchcock, soutenu par un scé-
de Frédéric Monvoisin nario déroutant et une mise en scène remarquable.
À emprunter à la bibliothèque Soirée présentée par Thomas Anquetin. Voilà un film comme on les aime : une belle

© EUROZOOM
Infos pratiques à retrouver page 39 histoire, des personnages attachants, des thèmes
À l'occasion de la nouvelle édition Lundi 11 mars • 19h30 PARTENARIAT SANS CANAL FIXE intéressants, un scénario et une mise en scène
du FICAT, qui a lieu du 17 mars au F for Fake / Vérités et mensonges impeccables, un intérêt qui ne se dément jamais.
France/Iran - 1973 - 1h25, d’Orson Welles Mais ce qui donne à cette fiction toute son épais-
25 mars 2024, nous vous proposons
Un prestidigitateur annonce qu’il va dire toute la vérité sur un seur, c’est la discrète efficacité avec laquelle
de découvrir un ouvrage qui couvre
faussaire de génie. Une Interrogation sur l’illusion de l’art, l’art son autrice, Zoljargal Purevdash, dénonce des
près de 120 ans d’histoire du cinéma
de l’illusion, la manipulation du cinéma. Soirée présentée par conditions de vie intenables, en particulier une
asiatique, puisque le festival a pour
Romain Lefebvre, docteur en études cinématographiques. pollution de l’air qui fait d’Oulan-Bator la capi-
thème “Le fil du temps”.
tale la plus polluée du monde, loin devant Beijing,
Delhi ou Bagdad !
Lundi 18 mars • 19h30 À un climat impitoyable, avec des amplitudes
UNE SOIRÉE , DEUX FILMS
Nothing but a Man
PROCHAINEMENT… États-Unis - 1964 - 1h30, de Michael Roemer
En pleine ségrégation raciale, Duff Anderson, un jeune
de température pouvant aller de -40 à +40 degrés,
un territoire immense mais le plus souvent inculte,
s’ajoute la sècheresse persistante qui décime les
© DIAPHANA

© AD VITAM

ouvrier noir, tente de s’opposer au système raciste instauré… troupeaux : la population, jusqu’ici essentielle-
Un des meilleurs films sur la condition des Afro-Américains. ment nomade, ne réussit plus à vivre de l’élevage
Lundi 18 mars • 21h15 et se trouve contrainte à un exode rural massif,
aux conséquences dramatiques. Des trois millions
Dans la chaleur de la nuit (In the Heat of the Night) d’habitants de la Mongolie, la moitié désormais se
États-Unis - 1967 - 1h50, de Norman Jewison, avec Sydney Poitier concentre dans la capitale.
Policier à Philadelphie, Tibbs doit aider la police d’une Le simple nom d’Oulan-Bator semble la pro-
petite ville du sud des États-Unis à résoudre une affaire messe d’un orient rêvé, exotique, mystérieux.
compliquée. Ce film policier est aussi et surtout un véri- Hélas la réalité est cruelle, un bidonville de yourtes
Le Mal Madame table plaidoyer contre le racisme. ne fait pas une ville. Le centre, à l’urbanisme digne de planches pour se chauffer, de petits boulots
n'existe pas Hoffmann d’une cité de banlieue des années 60, est de plus en clandestins pour gagner trois sous, juste de quoi
de Ryusuke Hamaguchi de Sébastien Lifshitz Lundi 25 mars • 19h30 CHANGEMENT DE PROGR AMME plus cerné par des zones d’habitation d’une grande subsister jusqu’au lendemain. Dans cette perspec-
L’Armée des douze singes pauvreté, aux infrastructures et services publics tive la difficile réussite d’Ulzii reste une exception,
(Twelve Monkeys)
© PYRAMIDE FILMS

rares et mal entretenus : voirie, eau, électricité, presque une anomalie.

États-Unis - 1995 - 2h05, de Terry Gilliam, avec Bruce Willis et Brad Pitt égouts, restent rudimentaires, très insuffisants. La jolie brume, si poétique, qui ouate les col-
2035, L’Humanité a presque disparue de la surface de la L’hiver, les habitants se saignent aux quatre veines lines d’Oulan-Bator est un nuage permanent de
terre à cause mystérieux virus. Les rescapés mettent leurs pour se payer, quand par chance ils y arrivent, dioxyde de carbone et l’intérieur coloré, pitto-
espoirs dans un voyage à travers le temps… un petit sac de charbon de très mauvaise qualité, resque, des yourtes abrite le combat quotidien
sous-produit inexportable car d’un faible rende- contre le froid et la faim. Lorsque son petit frère
Lundi 1er avril • 19h30 ment calorique et excessivement polluant. tombe malade, Ulzii réussit à acheter un suppo-
Trois courts documentaires tournés en Chine FESTIVAL CINÉM A ASIATIQUE Si seulement je pouvais hiberner est une phrase sitoire. Un suppositoire, parfaite illustration de
et en Birmanie dans les années 1920 prononcée par le petit frère d’Ulzii, le protagoniste l’engrenage dénoncé par Zoljargal Purevdash,
Sans cœur L'Homme aux Fleur de Lotus (The Toll of the Sea) principal du film. Elle traduit très exactement la véritable cercle vicieux sans issue : « Ce que nous
de Nara Normande mille visages misère et la détresse des habitants, la vie quoti- respirons n’est pas de la fumée, c’est de la pau-
et Tiào de Sonia Kronlund États-Unis - 1922 - 52 min, de Chester M. Franklin
dienne faite de privations, de débrouille, de vols vreté ». — AW
En Chine au début du XXe siècle, les amours entre Fleur
16 Les Carnets du Studio de Lotus et un américain. Premier film en technicolor ! N°433 — mars 2024 17
A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS Les Colons CALENDRIER Mars 2024

28 février  >  5 mars
Le colonialisme Cinémathèque SUEURS FROIDES D'ALFRED HITCHCOCK / 2H10' / SOIRÉE PRÉSENTÉE PAR THOMAS ANQUETIN lun. 19h30

déshumanise l’Homme Jeune Public

LÉO, LA FABULEUSE HISTOIRE DE LÉONARD DE VINCI
DE JIM CAPOBIANCO ET PIERRE-LUC GRANJON / 1H37' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS

ROSE, PETITE FÉE DES FLEURS À PARTIR DE 5 ANS

DE KARLA NOR HOLMBACK / 1H15'

LE ROYAUME DE KENSUKE TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS

DE NEIL BOYLE ET KIRK HENDRY / 1H24'
VF
VF 14h00

VF 16h00

17h15 sauf sam.

Les Colons \ un film de Felipe Gálvez Haberle
LES TOUTES PETITES CRÉATURES DE LUCY IZZARD / 38' / À PARTIR DE 3 ANS
SANS PAROLES 16h15
WATERWORLD DE KEVIN REYNOLDS / 2H16' VO sam. 16h45
Séances Jeunes
Il faudrait toujours revenir à l’origine : le par- SAW 1 DE JAMES WAN / 1H44' VO sam. 19h15
tage du monde qui a suivi les grandes découvertes.
Le colonialisme comme accaparement des terres et
des richesses. En Amérique, en Afrique, en Asie. La 20 000 ESPÈCES D’ABEILLES D'ESTIBALIZ URRESOLA SOLAGUREN / 2H08' 14h15 sauf lun. mar.
civilisation ? La religion ? Des prétextes ! Et l’inven- AU FIL DES SAISONS DE HANNA LADOUL ET MARCO LA VIA / 1H33' 14h15 • 19h00
tion du racisme et du salut des âmes pour pouvoir BLACK TEA DE ABDERRAHMANE SISSAKO / 1H52' 14h00 • 19h00

justifier l’emprisonnement des corps : l’esclavage
et ses différentes formes de soumission.
Animaux humains
Le film de Felipe Gálvez commence en 1901 quand
la Terre de Feu subit une expansion capitaliste de
l’élevage des moutons qui passe obligatoirement
par la mise en place de frontières (pour séparer les
pays), de barrières (pour délimiter les gigantesques
possessions des grands propriétaires). Et par la
disparition des autochtones qui ne comprennent
pas la notion de propriété privée et pour qui tout
animal peut être chassé. Comment gérer ces
inconvénients sur pattes ? En leur retirant toute
trace d’humanité. En les désignant comme des
« animaux ». Nuisibles. Qu’il suffit d’éliminer. En
© QUIJOTE FILMS
DAAAAAALI ! DE QUENTIN DUPIEUX / 1H18' 21h30
DÉBÂCLE DE VEERLE BAETENS / 1H51' 14h00 • 21h15
soutenir, malgré les condamnations incessantes
DUNE : DEUXIÈME PARTIE DE DENIS VILLENEUVE / 2H46' 13h45 • 17h15 • 20h30
de l’ONU, un pays qui colonise avec persévérance L’EMPIRE DE BRUNO DUMONT / 1H50' 13h45 + 19h15 sauf lun.
des terres qui ne lui appartiennent pas ? EUREKA DE LISANDRO ALONSO / 2H27' 21h00 + 16h15 sauf mar.
Guerre des images LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES D'ASMAE EL MOUDIR / 1H36' 19h15
À la fin du film Les colons, un représentant du SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE D'ANDREW HAIGH / 1H45' 21h15 + 17h30 sauf lun.
gouvernement chilien vient dans cet extrême LE SUCCESSEUR DE XAVIER LEGRAND / 1H50' 17h00 + 21h30 sauf lun.
sud pour essayer d’harmoniser un récit national
pacifié. Chassé par les richissimes propriétaires VIVANTS D'ALIX DELAPORTE / 1H26' 19h30
terriens qui ont massacré les Indiens, il retrouve WALK UP DE HONG SANG-SOO / 1H37' 17h00
le métis qui a fait partie de l’expédition meur-
trière du début du film. Dans la scène finale, il le

6  >  12 mars
demandant aux employés mercenaires la preuve met en scène avec sa femme, dans des vêtements
de leur labeur : des chapelets d’oreilles… de Blancs, sagement assis devant leur maison en
Les conflits modernes qui ensanglantent l’ac- train de boire du thé. Mais sa femme refuse de
tualité ont également des fondements coloniaux. lever sa tasse. Refuse de participer à cette mémoire PARTENARIAT SANS CANAL FIXE
Des volontés guerrières d’expansion territoriale, mensongère… Cinémathèque FSOIRÉE
FOR PRÉSENTÉE
FAKE (VÉRITÉS ET MENSONGES) D’ORSON WELLES / 1H25'
PAR ROMAIN LEFEBVRE DOCTEUR EN ÉTUDES CINÉMATOGRAPHIQUES lun. 19h30
que ce soit en Ukraine ou en Palestine. Et l’on Dans notre actualité belliqueuse, on a beaucoup LA COLLINE AUX CAILLOUX CINÉ-CONCERT PAR L'ACC
DE DIVERS RÉALISATEURS/ 52’ / À PARTIR DE 4 ANS
VF jeu. 10h30
essaie également de retirer l’humanité de l’ennemi parlé de « guerre des images » : censure à Moscou
en le traitant… de nazi ou en déclarant combattre et interdiction pour la presse d’entrer à Gaza, mort LA COURSE AU MIEL D'ANNA BLASZCZYK / 1H13' / À PARTIR DE 4 ANS VF 15h45 sauf lun. mar.
« des animaux humains »1. Comment comprendre de plus de soixante journalistes palestiniens… LÉO, LA FABULEUSE HISTOIRE DE LÉONARD DE VINCI
DE JIM CAPOBIANCO ET PIERRE-LUC GRANJON / 1H37' / TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS
VF mer. jeu. ven. 14h00
le soutien inconditionnel des USA à Israël alors L’émotion générée par les images a une vraie valeur… Jeune Public
que son armée est en train de commettre un véri- mémorielle mais également stratégique. — DP ROSE, PETITE FÉE DES FLEURS DE KARLA NOR HOLMBACK / 1H15'
À PARTIR DE 5 ANS VF 15h45 sauf lun. mar.
table « carnage » en écrasant la population civile de 1
" Pas d'électricité, pas d'eau, pas de gaz, tout est fermé. Nous LE ROYAUME DE KENSUKE TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS
DE NEIL BOYLE ET KIRK HENDRY / 1H24'
VF sam. dim. 14h00
Gaza prisonnière d’une prison à ciel ouvert sous combattons des animaux humains et agissons en conséquence" -
un déluge de bombes2 ? Par mauvaise conscience Yoav Galant, ministre de la défense d’Israël (9/10/23) WONKA TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS
DE PAUL KING / 1H57'
VF mer. jeu. ven. dim. 16h45
Selon Guillaume Ancel, 30 000 morts et 100 000 blessés dans
OUAGA GIRLS DE THERESA TRAORE DAHLBERG / 1H22' VO sam. 17h00
2
due à la Shoah comme les pays européens ? Parce la population civile pour 3 000/4 000 miliciens du Hamas tués
Séance Jeunes
qu’un pays fondé par des colons ne peut que (Ouest France du 19/12/23).
Sauf indication contraire, tous les films
18 Les Carnets du Studio sont projetés en VERSION ORIGINALE N°433 — mars 2024 19
CA L E ND RIE R Mars 2024

AU FIL DES SAISONS DE HANNA LADOUL ET MARCO LA VIA / 1H33' 19h15 LES CARNETS DE SIEGFRIED DE TERENCE DAVIES / 2H17' 14h15
BLACK TEA D'ABDERRAHMANE SISSAKO / 1H52' 14h15 Film du mois CHRONIQUES DE TÉHÉRAN D'ALI ASGARI ET ALIREZA KHATAMI / 1H17' 14h00 • 19h00
LES CARNETS DE SIEGFRIED DE TERENCE DAVIES / 2H17' 19h00 + 14h00 sauf mer. dim. COMME UN FILS DE NICOLAS BOUKHRIEF / 1H42' 16h45 • 21h00
COMME UN FILS DE NICOLAS BOUKHRIEF / 1H42' 13h45 • 17h15 • 19h15 DÉBÂCLE DE VEERLE BAETENS / 1H51' 19h15
DÉBÂCLE DE VEERLE BAETENS / 1H51' 21h30 DUNE : DEUXIÈME PARTIE DE DENIS VILLENEUVE / 2H46' 13h45 • 17h15 • 20h30
DUNE : DEUXIÈME PARTIE DE DENIS VILLENEUVE / 2H46' 13h45 • 17h15 • 20h30 L’EMPIRE DE BRUNO DUMONT / 1H50' 21h15
L’EMPIRE DE BRUNO DUMONT / 1H50' 17h15 HOLLY DE FIEN TROCH / 1H42' 19h15
EUREKA DE LISANDRO ALONSO / 2H27' 14h00 IL RESTE ENCORE DEMAIN DE PAOLA CORTELLESI / 1H58' 14h15 • 16h45 • 20h45
HOLLY DE FIEN TROCH / 1H42' 19h00 INCHALLAH UN FILS D'AMJAD AL RASHEED / 1H53' 17h15 • 21h30
INCHALLAH UN FILS D'AMJAD AL RASHEED / 1H53' 16h45 • 21h30 LA NOUVELLE FEMME DE LÉA TODOROV / 1H40' 13h45 • 19h30
IRON CLAW DE SEAN DURKIN / 2H12' 21h00 LA SALLE DES PROFS D'ILKER CATAK / 1H39' 17h15 • 21h30
LA MÈRE DE TOUS LES MENSONGES D'ASMAE EL MOUDIR / 1H36' 17h00 SCANDALEUSEMENT VÔTRE DE THEA SHARROCK / 1H42' 14h00 • 19h00
LA SALLE DES PROFS D'ILKER CATAK / 1H39' 13h45 • 19h30
SANS JAMAIS NOUS CONNAÎTRE D'ANDREW HAIGH / 1H45'
LE SUCCESSEUR DE XAVIER LEGRAND / 1H50'
21h15
21h15 20  >  26 mars
Avant-première UNE FAMILLE DE CHRISTINE ANGOT / 1H21' dim. 14h00 Quel avenir pour Taïwan ? DE WANDRILLE LANOS / 1H15'
Rencontre EN PRÉSENCE DE CHRISTINE ANGOT LA RÉALISATRICE
+ RENCONTRE AVEC LE PUBLIC APRÈS LA SÉANCE CNP TAÏWAN, NATION INTERDITE DÉBAT AVEC IN INTERVENANT SPÉCIALISÉ / FICAT jeu. 19h45
Cinémathèque L’ARMÉE DES DOUZE SINGES DE TERRY GILLIAM / 2H05' lun. 19h30
LA BOÎTE À MALICE DE KOJI YAMAMURA / 38'
À PARTIR DE 4 ANS / FICAT VF mer. sam. dim. 16h00

13  >  19 mars Jeune Public

LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA D'ISAO TAKAHATA / 2H17'
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS / FICAT / PRINTEMPS DES POÈTES

LES ENFANTS DE LA MER D'AYUMU WATANABE / 1H51'

TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS / FICAT
VF sam. 14h00

VF dim. 10h00
Au Moyen Orient : des femmes en liberté D'ISAO TAKAHATA / 1H44'
MES VOISINS LES YAMADA TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS / FICAT VF mer. 16h30 + dim. 14h00
CNP NO LAND’S SONG D'AYAT NAJAFI / 1H35' / DÉBAT AVEC MARIE-PIERRE CUVIER, jeu. 19h45
PROFESSEUR D’HISTOIRE, PRÉSIDENTE DE FRANCE KURDISTAN LE TOMBEAU DES LUCIOLES D'ISAO TAKAHATA / 1H30'
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 11 ANS / FICAT VO mer. 14h15 + dim. 17h00

Cinémathèque
NOTHING BUT A MAN DE MICHAEL ROEMER / 1H30' UNE SOIRÉE , DEUX FILMS lun. 19h30 Ciné Relax LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA D'ISAO TAKAHATA / 2H17'
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS / FICAT / PRINTEMPS DES POÈTES
VF sam. 14h00
DANS LA CHALEUR DE LA NUIT DE NORMAN JEWISON / 1H50' lun. 21h15 Séance Jeunes FIRST LOVE, LE DERNIER YAKUZA DE TAKASHI MIIKE / 1H46' / FICAT VO sam. 17h00
LA COURSE AU MIEL D'ANNA BLASZCZYK / 1H13' / À PARTIR DE 4 ANS VF mer. sam. dim. 15h45
FICAT #35 >> Voir détail du programme page 06 du 20 mars au 1er avril
Jeune Public ROSE, PETITE FÉE DES FLEURS DE KARLA NOR HOLMBACK / 1H15'
À PARTIR DE 5 ANS VF mer. sam. dim. 15h45
WONKA TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS
DE PAUL KING / 1H57'
VF mer. sam. dim. 14h00 + VO mer. dim. 17h00 AVERROES ET ROSA PARKS DE NICOLAS PHILIBERT / 2H23' 14h00 + mer. jeu. lun. mar. 18h45
L’ÉVÉNEMENT D'AUDREY DIWAN / 1H40' / CINÉ DÉBAT MASTER DE DROIT ven. 19h15 Film du mois CHRONIQUES DE TÉHÉRAN D'ALI ASGARI ET ALIREZA KHATAMI / 1H17' 15h45 + 21h15
Séances Jeunes LA JEUNE FILLE SANS MAINS DE SÉBASTIEN LAUDENBACH / 1H13' sam. 17h15 COMME UN FILS DE NICOLAS BOUKHRIEF / 1H42' 19h15
ARCHIPELS DE CÉLESTINE DURIF ET VICTOR PINAULT / 1H13' sam. 19h00 DUNE : DEUXIÈME PARTIE DE DENIS VILLENEUVE / 2H46' 13h45 • 20h45
BCAT #36 AUGURE DE BALOJI / 1H35' + COURT MÉTRAGE : TSUTSUÉ D'AMARTEI ARMAR / 15'
SUIVIE D’UN BRUNCH AFRICAIN, OFFERT APRÈS LA SÉANCE dim. 11h00 HORS SAISON DE STÉPHANE BRIZÉ / 1H55' 13h45 • 17h00 • 19h15
L'Image d'Après GARDIEN DES MONDES mer. 19h45 IL RESTE ENCORE DEMAIN DE PAOLA CORTELLESI / 1H58' 16h45 • 21h30 + 14h00 sauf mer. dim.
et les Studio DE LEILA CHAIBI / 1H30' / EN PRÉSENCE DE LEILA CHAIBI, LA RÉALISATRICE
INCHALLAH UN FILS D'AMJAD AL RASHEED / 1H53' mer. jeu. lun. mar. 21h30
LAISSEZ-MOI DE MAXIME RAPPAZ / 1H32' 13h45 • 19h30
LA NOUVELLE FEMME DE LÉA TODOROV / 1H40' 17h30 • 21h30
Le film imprévu : www.studiocine.com JEUNE PUBLIC
Voir pages 36 et 37 Sauf indication contraire, tous les films
20 Les Carnets du Studio sont projetés en VERSION ORIGINALE N°433 — mars 2024 21
CA L E ND RIE R AUTOU R DES FI LMS — À PROPOS Priscilla

LA SALLE DES PROFS D'ILKER CATAK / 1H39' mer. jeu. lun. mar. 14h00
SCANDALEUSEMENT VÔTRE DE THEA SHARROCK / 1H42' 18h45 + 17h00 sauf sam. mar.
UNE FAMILLE DE CHRISTINE ANGOT / 1H21' 14h15 • 19h30
VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT
D'ARIANE LOUIS-SEIZE / 1H30' / QUIZ SPÉCIAL VAMPIRE APRÈS LA SÉANCE DE 21H15
16h45 • 21h15

27 mars  >  2 avril
Journalisme, sport et politique
CNP SPORT : LE REVERS DE LA MÉDAILLE DE XAVIER DELEU ET YONATHAN KELLERMAN / 52'
TABLE RONDE AVEC LES REPRÉSENTANTS DES RÉDACTIONS PARTICIPANTES (1H) : MODÉRATRICE : ALI- jeu. 19h45
ZÉE VINCENT (ARRÊT SUR IMAGES), DAVID GARCIA (LE MONDE DIPLOMATIQUE),
MATHIAS THÉPOT (MEDIAPART) PATRICK PIRO (POLITIS). SUIVIE D’UN DÉBAT AVEC LE PUBLIC.

3ENCOURTS DOCUMENTAIRES DES ANNÉES 1920

Cinémathèque BIRMANIE / 11' • LES PETITS MÉTIERS DE CHINE / 3' • HANG CHOU FU / 3' lun. 19h30
FLEUR DE LOTUS DE CHESTER M. FRANKLIN / 52' / FICAT
KRISHA ET LE MAÎTRE DE LA FORÊT DE PARK JAE-BEOM / 1H08'
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS VF mer. sam. dim. 14h00

© ARP SÉLECTION
Jeune Public LA PETITE FABRIQUE DE NUAGES À PARTIR DE 4 ANS / SANS PAROLES
DE DIVERS RÉALISATEURS / 42'
mer. sam. dim. 16h15
VIVRE AVEC LES LOUPS DE JEAN-MICHEL BERTRAND / 1H29'
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 11 ANS (À SUIVRE) mer. dim. 17h15
Séance Jeunes LES ALGUES VERTES DE PIERRE JOLIVET / 1H47' sam. 16h30
Soirée Les Mères LES MÈRES VEILLEUSES DE VANESSA GAUTHIER / 1H01'
mar. 20h00

Le crime ne peut
veilleuses SÉANCE ORGANISÉE ET ANIMÉE PAR ORKYN’ ET L’ASSOCIATION DES JEUNES DIABÉTIQUES 37

FICAT #35 >> Voir détail du programme page 06 du 20 mars au 1er avril
L’AFFAIRE ABEL TREM DE GÁBOR REISZ / 2H07' (À SUIVRE) 14h00 • 19h00

Film du mois
APOLONIA APOLONIA DE LÉA GLOB / 1H56' (À SUIVRE)
AVERROÈS ET ROSA PARKS DE NICOLAS PHILIBERT / 2H23'
CHRONIQUES DE TÉHÉRAN D'ALI ASGARI ET ALIREZA KHATAMI / 1H17'
DUNE : DEUXIÈME PARTIE DE DENIS VILLENEUVE / 2H46'
HORS SAISON DE STÉPHANE BRIZÉ / 1H55' (À SUIVRE)
IL RESTE ENCORE DEMAIN DE PAOLA CORTELLESI / 1H58' (À SUIVRE)
LAISSEZ-MOI DE MAXIME RAPPAZ / 1H32'
LOS DELINCUENTES DE RODRIGO MORENO / 3H10' (À SUIVRE)
Avant-première LA MACHINE À ÉCRIRE ET AUTRES SOURCES DE TRACAS
DE NICOLAS PHILIBERT / 1H11' / EN PRÉSENCE DE NICOLAS PHILIBERT, LE RÉALISATEUR
Rencontre ET LINDA DE ZITTER, PSYCHOLOGU CLINICIENNE ET PSYCHANALYSTE (SOUS RÉSERVE)
MADAME DE SÉVIGNÉ D’ISABELLE BROCARD / 1H33' (À SUIVRE)
LA NOUVELLE FEMME DE LÉA TODOROV / 1H39'
PAS DE VAGUES DE TEDDY LUSSI-MODESTE / 1H32' (À SUIVRE)
SCANDALEUSEMENT VÔTRE DE THEA SHARROCK / 1H42'
UNE FAMILLE DE CHRISTINE ANGOT / 1H21'
VAMPIRE HUMANISTE CHERCHE SUICIDAIRE CONSENTANT D'ARIANE LOUIS-SEIZE / 1H30'
Le film imprévu : www.studiocine.com
22 Les Carnets du Studio
19h00
16h00
14h15
plus être parfait !
Priscilla \ un film de Sofia Coppola
17h45
14h00 • 17h00 • 19h15
13h45 • 21h00
19h00 Étrange film que Priscilla de Sofia Coppola : de son pouvoir de séduction et quelque peu mani-
pas vraiment palpitant si on se concentre unique- pulatrice, et un vieux mâle devenant un sorte de
15h45 ment sur l’aspect biopic de la femme d’un géant du marionnette entre les mains de la nymphette1.
ven. 19h45 rock, Elvis Presley, mais particulièrement intéres-
sant dans sa résonance avec l’actualité. En effet La proie
16h00 cette histoire d’une gamine de 14 ans qui devient la Au début du film la réalisatrice nous donne à voir
21h00 compagne d’un homme beaucoup plus âgé qu’elle, une très jeune fille sirotant un soda quelconque
jusqu’à il n’y a pas si longtemps n’aurait pas sou- au comptoir d’un café… Jeune, elle l’est indénia-
13h45 • 19h15 • 21h15 levé de questionnements : la référence dans ce blement, très jolie également, mais elle apparaît
17h15 • 21h30 genre de relation était le Lolita de Kubrick, qui comme une petite fille au sens propre comme au
14h15 • 21h15 nous donnait à voir une sorte de Circé consciente sens figuré. Un militaire, petite trentaine ou un
21h30 peu moins, s’approche d’elle et lui parle d’Elvis,
1
Il est intéressant de noter qu’invité, en 1975, sur le plateau de séjournant dans la même caserne en Allemagne
l’émission Apostrophes, l’auteur du roman, Vladimir Nabokov,
et organisant moult fêtes pour garder le moral
JEUNE PUBLIC
Voir pages 36 et 37
martelait : « Lolita n’est pas une jeune fille perverse, mais une pauvre
enfant que l’on débauche ». puisque souffrant du mal du pays.
N°433 — mars 2024 23
A U T OU R D ES F ILMS — À P ROP OS
D’emblée on s’interroge : pourquoi elle ? Elle
est si petite, si enfant. L’homme serait-il un rabat-
teur dévoué à son idole de collègue ? Serait-ce qu’il
connaît parfaitement ses goûts en matière de gent
féminine ? Forcément tentée, l’adolescente, après
que les deux hommes ont rassuré ses parents sur
les intentions d’Elvis, va devenir une habituée de
ses soirées et ne plus penser qu’à cet homme trop
tout pour être vrai. Après quelques réticences de
la part de ses géniteurs, elle ira même s’installer
chez lui à Graceland pour poursuivre ses études.
« Monsieur Seguin ne se
découragea pas... seulement,
cette fois, il eut soin de
la prendre toute jeune, pour
qu'elle s'habituât à demeurer
chez lui. » 2
Chronique d’une mort annoncée
Petit à petit le piège va se refermer sur elle : inter-
diction de ramener qui que ce soit dans la maison,
obligation d’accepter les relations de l’idole avec
d’autres femmes (adultes, elles), de maîtriser son
désir (au nom de la pureté de leur relation mais
aussi et surtout parce qu’elle se doit d’attendre
24 Les Carnets du Studio
l’envie du maître, de son maître), de revêtir des
parures choisies par lui (robes, couleur de che-
veux, bijoux…). La prison est dorée mais demeure
une prison3. Priscilla dépend entièrement de son
compagnon : elle n’est pas sujet mais Son sujet, son
objet. Si elle donne son avis ce doit être celui de son
maître, sinon gare à la violence des conséquences.
On comprend alors le sens des images du géné-
rique : très gros plans sur les préparatifs d’une
femme (c’est ce qu’on croit alors) par la pose de
faux cils, le maquillage, le choix des vêtements…
Son sort est celui des geishas, des femmes de
© ARP SÉLECTION
harem, de celles auxquelles on torturait les pieds
en Chine afin d’être consignée à l’intérieur, qui ne
font qu’attendre le retour et le désir de celui qui eut
la bonté de jeter son dévolu sur elle : « tant d’autres
rêveraient d’être à ta place », lui assène Elvis quand
elle ose exprimer son désarroi et l’esquisse d’une
incompréhension. La toxicité de cette relation ne
peut aboutir qu’à la mort : celle de l’intégrité psy-
chique de Priscilla par l’annihilation de son moi,
ou celle du couple, par sa fuite après une énième
humiliation. Elle choisira la vie. Sa vie.
« Si je fais ce que vous
me dites, vous m’aimerez ? » 4
© ARP SÉLECTION
Poupées brisées
Quand Priscilla apparaît fardée et choucroutée
de noir corbeau (pour la grandir, la vieillir ?), elle
ressemble à une poupée Barbie : tout est fabriqué
par celui qui en est censément épris. Il la met en
scène. Cette histoire d’emprise entre une jeune
fille et un homme (beaucoup) plus âgé est projetée
sur les écrans au moment où est diffusée sur Arte
la série Icon of French Cinema de Judith Godrèche :
elle y revient sur ses débuts au cinéma sous la hou-
lette d’un réalisateur de 40 ans, qui deviendra son
compagnon alors qu’elle n’avait que 14 ans. Très
rapidement, il s’avère que celui dont elle tait le
nom est Benoît Jacquot et un entretien de ce der-
nier, daté de 2011, ressurgit. Il y affirme au sujet
de cette relation : « Une fille comme elle, comme
cette Judith, qui avait en effet 15 ans et moi qui en
avait 40, en principe je n'avais pas le droit, je ne
crois pas. Mais ça, elle n'en avait rien à foutre et
même elle, ça l'excitait beaucoup je dirais (…). Faire
2
 lphonse Daudet, Les Lettres de Mon Moulin.
A « incontestablement attentatoires à la dignité d'Eva
3
Difficile en voyant certaines scènes du film de ne pas penser
aux autres (très) jeunes filles filmées par Sofia Coppola et
particulièrement à Marie-Antoinette, subissant elle-aussi
ennui et contraintes.
4
Alfred Hitchcock, Vertigo.
5
Ce même Hitchcock qui donne à voir dans Vertigo un
homme si envoûté par une femme qu’il en remodèle une
autre à l’image de celle-ci : « il supprime tout ce qui fait sa
personnalité de manière qu’elle corresponde à un archétype,
à une figure sans vie, dans un processus d’objectification
sexuelle ». (Cinéma, les grands films tout simplement, p. 143).
Priscilla
du cinéma est une sorte de couverture pour tel ou
tel trafic illicite, pour des mœurs de ce type-là. »
C’était hier, mais aujourd’hui que la parole
des victimes en général et des femmes en parti-
culier est entendue, un tel comportement, un tel
discours ne pourraient plus être tolérés, que ce
soit au nom de l’art ou pour tout autre prétexte.
Désormais un Hitchcock5 ne malmènerait plus
impunément une comédienne comme il le fit avec
Tippi Hedren (adulte certes mais débutante dans
le métier) pour Les Oiseaux, pendant le tournage
et hors de celui-ci, pour en faire sa chose ; pas
plus que Bertolucci ne pourrait briser sa jeune
actrice, Maria Schneider, en ne la prévenant pas
de ce qu’elle allait subir pour obtenir une scène de
sodomie réaliste, dans Le Dernier Tango à Paris.
De même qu’Irina Ionesco ne pourrait plus exploi-
ter sa fille Eva entre 4 et 12 ans pour des photos et
des films considérés comme érotiques, voire por-
nographiques. La Cour d’appel de Paris en 2015
a d’ailleurs statué que les photographies étaient
Ionesco ». Elle a précisé que « dénudée ou non, la
fixation photographique de l’image sexualisée de
façon malsaine d’une très jeune enfant ou d’une
toute jeune fille ne peut qu’être dégradante pour
celle-ci, quelle que soit l’intention de l’auteur ou
la subjectivité du public auquel elle est destinée. »
Que leurs souffrances et traumatismes n’aient
pas été vains !. — IG
N°433 — mars 2024 25
A U T OU R D ES F ILMS — COU RT S LET T RAGES
Pauvres Créatures
Irlande/Grande-Bretagne/États-Unis
2024 • 2h21
Un film de Yórgos Lánthimos
Avec Emma Stone, Mark Ruffalo,
Willem Dafoe
Et Dieu créa la femme
Y. Lanthimos et Emma Stone (absolument
extraordinaire dans tous les « âges » de Bella)
créent un prototype de femme : libre dans
tous les sens du terme, affirmant ses désirs,
revendiquant son plaisir sans culpabilité,
contraintes ou filtres… Souhaitons que
toutes celles qui le souhaitent suivent son
exemple sans qu’il soit nécessaire, pour y
parvenir, d’avoir recours à la greffe d’un
cerveau de bébé ! — IG
Transformations
en tout genre.
« Faire devenir chèvre : exaspérer, faire
enrager ». Pauvres créatures est l’exacte
illustration de cette expression. Le film peut
exaspérer, faire enrager, et il transforme
littéralement en chèvre le général
importun de la fin. Un film monstrueux,
peut-être boursouflé, mais sacrément
impressionnant. — JF
26 Les Carnets du Studio
Film monstre
Après avoir jubilé devant la beauté de
ces villes rêvées et la puissance des mots
et du corps d’Emma Stone, stupéfiante
femme-enfant partant à la découverte du
monde, que penser de ce film monstre ?
Œuvre géniale d’un cinéaste visionnaire ou
pensum boursouflé bourré de tics visuels ?
Déconstruction post-moderne et post
#Me Too du mythe de Frankenstein ou
brûlot pour bobos avides de provocations
qui font pschitt ? Gardons la dernière image :
greffer un cerveau caprin à tous les va-t-en-
guerre de l’actualité pour les laisser bêler
inoffensivement à nos pieds… — DP
Des ailes d’ange au scalpel
Il a suffi chez God d’une pomme pour
que Bella s’émancipe de sa pureté d’Eve.
L’héroïne fantasque échappée d’un
univers baroque étonne et choque autant
qu’elle séduit. Le tout dans un enrobage
fantasmagorique de décors époustouflants.
Le voyage transporte dans des pensées et
des émotions diverses voire contradictoires.
Certains évoquent un féminisme libre
quand d’autres dénoncent ici une mainmise
machiste qui enferme et abuse d’un objet.
Après Barbie, Bella détonne et on ne va pas
bouder son plaisir… — RS
Cheese to Meet You
Yorgos Lanthimos confirme ici une vraie
personnalité d’auteur, bien plus que
Wes Anderson auquel il est tentant de
l’apparenter pour le souci permanent du
spectaculaire visuel : couleurs saturées,
perspectives déformées, décors au baroque
tapageur, sans oublier cette espèce de rétro-
futurisme très mode qui finit par ennuyer.
Dégraissé, débarrassé de toutes ces scories,
moins soucieux du tape-à-l’œil et plus
du contenu scénaristique et thématique,
Pauvres créatures serait digne de ses films
précédents. Impression mitigée donc, à la
fois douce et amère à l’image de la blague de
Bella : « Cheese to Meet You ». — AW
Troppo !
Bien sûr il y a la performance
époustouflante d’Emma Stone, à qui un
Oscar est déjà promis. Bien sûr il y a ces
décors fantasmagoriques, époustouflants
eux aussi. Bien sûr il y a ce parcours
exemplaire de Bella, la candeur personnifiée
se frayant un chemin parmi tous ces mâles
Pauvres Créatures
veules, pleutres et très peu reluisants. Mais
justement ce parcours n’est-il pas un peu
trop exemplaire ? Les dialogues ne sont-ils
pas un peu trop écrits ? La musique n’est-
elle pas un peu trop surjouée ? Les péripéties
ne sont-elles pas surabondantes ? Certaines
personnes s’écoutent parler, d’autres se
regardent filmer… — J-LD
© 2023 SEARCHLIGHT PICTURES ALL RIGHTS RESERVED.
Sexe et pruderie
Comme ça fait du bien de passer 2h21
dans un bain où l’imaginaire s’éclate,
le sexe s’invite librement dans un univers
extravagant qui égratigne la pruderie ! Il n’y
a pas assez de superlatifs pour qualifier
la singularité des costumes, la créativité
des décors. Sans oublier la performance
étonnante d’Emma Stone/Bella qui n’a pas
froid aux yeux, n’en déplaise aux cinéphiles
encore bardés de préjugés ! — MS
Orphelin.e.s de tous les pays,
unissez-vous.
Y. Lanthimos a toujours eu un goût prononcé
pour un certain niveau de cruauté raffinée,
toujours exercée par des individus ou des
institutions en possession du pouvoir.
Pour ce film – dont il n'a pas écrit le
scénario – la cruauté se trouve être le fait de
la dernière des opprimées : une femme à qui
l'on a retiré toute ascendance, caché tout
ce qui pouvait concerner sa vraie origine
(on serait tenté de dire sa « nature »). Je dois
avouer que j'ai jubilé du début à la fin… — ER
N°433 — mars 2024 27
 A U T OU R D ES F ILMS — IN T ERFÉREN CES
À la finlandaise
Au cinéma, une fois les lumières éteintes,
devant un film en VO, on a vraiment l’impression
de voyager ; dans l’espace et le temps, sans autre
réel danger que d’être submergé par des émotions
bouleversantes ; outre un bon bilan carbone, il
permet de visiter non seulement des paysages
inconnus mais de pénétrer des mentalités, des
conceptions du monde que l’on ne fait que soup-
çonner quand on voyage réellement…
En sortant d’Amours à la finlandaise de Selma
Vilhunen, je m’interrogeais sur ce pays que je ne
connais qu’au travers des films de Kaurismäki : un
pays mélancolique, avec des habitants tristounets
et avares de mots, distants, souvent alcooliques,
vivant dans un monde vieillot issu des années
50 comme dans son magnifique film Les Feuilles
mortes… Et je découvre un pays d’une surprenante
modernité, aux habitants drôles, affables, aimant
les confrontations d’idées même polémiques, un
pays d’une joyeuse ouverture et une langue à la
musicalité rare (non indo-européenne). Télérama
rappelle que ce pays a été désigné « depuis 6 ans,
comme le pays le plus heureux du monde ». Ces
deux visions irréconciliables se retrouvent sur
le visage de l’actrice vedette Alma Pösti. Femme
esseulée et prisonnière de ses habitudes, au
visage d’une fade douceur chez Kaurismäki. Chez
Vilhunen on découvre une femme politique pétu-
lante, au visage lumineux, qui assume ses choix
avec une effronterie confondante.
Les Feuilles mortes d'Aki Kaurismäki
© DIAPHANA
28 Les Carnets du Studio
Les Feuilles mortes
Amour à la Finlandaise
Amour à la Finlandaise de Selma Vilhunen
© HAUT ET COURT
Pour ceux qui n’ont pas vu le film, Julia y est une
députée qui vit avec Matias, son pasteur de mari,
et leurs fils d’une dizaine d’années. Elle découvre
qu’il la trompe avec la fragile Enni, une mère céli-
bataire. Jalouse, elle s’effondre. Puis demande à les
rencontrer tous les deux. Leur propose de conti-
nuer à pouvoir se voir en leur offrant un livre sur
le polyamour1. Plus tard, elle prendra elle-même
un amant d’une vingtaine d’années, drag-queen
sur scène et amoureux d’un garçon par ailleurs.
Rien ne se fait en cachette, on se parle, on se ren-
contre, on se dispute, on s’aime mais le scénario
ne cache pas lui non plus les jalousies, les doutes,
les crises… Quel est ce pays où la dirigeante d’un
parti politique et un pasteur peuvent afficher ainsi
la complexité de leurs amours ? Comme chez
Kaurismäki, visite-t-on un pays imaginaire, celui
de la réalisatrice ?
Le final est stupéfiant ! Pour le repas de Noël,
tout ce petit monde se retrouve autour de la table
de la bourgeoise famille de Julia (son père était
pasteur) : Julia, Matias, leur fils, Enni et le fils que
Matias a eu avec elle, sa fille, l’amant de Julia et
son compagnon. Et, à la messe de minuit, Matias,
en chaire, cite la Bible : « Aimez-vous les uns les
autres ». En cette période guerrière où les haines
s’exacerbent, cette parole de tolérance et d’appel à
l’amour (même si elle peut sembler d’une confon-
dante naïveté) fait un bien fou. — DP
1
 ne idée à la mode sur nos écrans, à la fois dans Le Temps d’aimer
U
de K. Quillévéré et Iris et les hommes de C. Vignal…
AUTOU R DES FI LMS — À PROPOS
Made in China
Jeunesse \ un film de Wang Bing
Aller voir un documentaire de 3h35 sur de jeunes
Chinois travaillant nuit et jour sous les néons des ate-
liers de confection de Zhili, c’est peut-être ce qu’on
appelle une expérience de cinéma ?
Jeunesse, sous-titré Le Printemps, est un film
documentaire réalisé par Wang Bing et présenté
au festival de Cannes 2023. Comme à son habi-
tude, Wang Bing a passé plusieurs années à faire
connaissance avec ce milieu et ses acteurs. Cette
proximité, nous la retrouvons dans sa manière de
filmer caméra à l’épaule par-dessus les épaules de
tous ces jeunes gens. Et nous voilà embarqués dans
des ateliers surpeuplés, bruyants, où une chatte ne
retrouverait pas ses petits, mais où chacun(e) suit
imperturbablement sa routine. Et ça coud sans cesse,
ça pique, ça faufile, ça surfile même en faisant le plus
vite possible, puisqu’on est payé(e) à la pièce dans
ce métier-là. Des jeans, des doudounes, des tutus,
toutes sortes de nippes aux couleurs criardes que
nous retrouverons bientôt dans nos boutiques, à la
portée de tous.
Nous voilà embarqués dans les couloirs de ces
immenses dortoirs, dans ces longues coursives sur
lesquelles ouvrent les ateliers, toujours à la suite
de quelqu’un(e), jusque dans ces chambrées où les
jeunes gens batifolent, se poursuivent, se taquinent
et s’agacent. Des couples se forment, se chuchotent
Jeunesse
© LES ACACIAS
des rêves de vie maritale, bien que l’on comprenne
assez vite que se marier, en Chine, ce n’est pas une
mince affaire. Les filles provoquent les garçons, qui
ne demandent que ça et cela finit en général dans
un grand éclat de rire. Rien de plus sain, donc, direz-
vous. Il n’empêche que subsiste une impression
d’étrangeté, du moins à nos yeux d’Occidentaux.
Voilà, par exemple, qu’éclate soudain une dispute
plus sérieuse dont on ne comprend absolument pas
le motif, le déroulement ni la conclusion. Peut-être
tout simplement une histoire de nerfs à vif dans cette
atmosphère confinée et trépidante, dans cette pro-
miscuité à laquelle on peut difficilement échapper.
Et les nerfs, il faut les avoir bien solides, surtout
les jours de paie, qui donnent lieu à chaque fois à
d’âpres et interminables négociations. On apprécie
d’autant plus la dernière séquence, où l’on suit l’un
des jeunes gens de retour dans sa province, et qui
donne enfin l’occasion de voir le ciel et de respirer
l’odeur d’une rivière.
Capter des faits et des informations pour
comprendre ce qui se passe, en l’occurrence la bru-
talité du capitalisme tel qu’il est pratiqué en Chine,
sans commentaires, sans discours contestataire,
juste pour inscrire des anonymes dans l’Histoire,
voilà ce que Wang Bing réussit magistralement à
réaliser… — J-LD
N°433 — mars 2024 29
RENCONTRE
En ce mercredi 24 janvier la grande salle 7 était pleine
pour assister à la projection de L’Étoile filante, le dernier
long-métrage du duo Abel et Gordon et pour discuter
ensuite avec ses réalisateurs.
La beauté dans
la mocheté
Un film noir ou politique ?
Dès l’abord, ceux qui sont familiers de l’univers
si particulier d’Abel et Gordon sont un peu sur-
pris par l’atmosphère de ce nouveau film : pluie
continuelle, quais poisseux, pavés luisants, les
ingrédients du polar sont là, et ne seront pas
démentis par la suite. S’y ajouteront les flingues,
la machine à écrire de la détective, et le whisky à
gogo… Pourtant la poésie inhérente à cet univers
fera que l’on se passera de mafiosi et autres sbires,
antipoétiques au possible. Autre nouveauté : l’ar-
rière-plan politique du film, dont l’écriture a
coïncidé avec le début du mouvement des Gilets
Jaunes. Le héros de l’histoire est un ancien ter-
roriste, obligé de se cacher après un attentat qui
a mal tourné, et c’est la rencontre avec son sosie
qui va déclencher le processus narratif du film. On
© DOMINIQUE PLUMECOCQ
30 Les Carnets du Studio
trouve donc une certaine résonance avec l’actua-
lité, mais davantage par évocation ou même par
un détournement burlesque : témoin cette scène
hallucinante où toute une manifestation (pour la
survie de l’hôpital) emboîte le pas à Boris-Dom-
Abel qui essayait de s’esquiver, ce qui provoquera
une trépidation générale dans le bistrot de l’Étoile
filante au passage desdits manifestants !
Courage, mon amour !
Ce scénario a été le premier écrit par le duo mais
il est resté longtemps dans un tiroir, d’où il est
ressorti quelquefois pour un ajout, une idée nou-
velle. Il s’est construit ainsi au fil du temps, à force
de tâtonnements et de recherches. Cela semble
être d’ailleurs la méthode de travail privilégiée
par Abel et Gordon qui ont fait du théâtre pendant
25 ans avant d’oser aborder le cinéma. Comme
les producteurs restaient sceptiques devant leurs
propositions, ils ont créé leur propre compagnie,
Courage mon amour, pour produire leurs propres
réalisations. À la question de savoir pourquoi ce
nom, Abel a répondu par l’image de quelqu’un qui
s’accroche d’un doigt au bord de la falaise cepen-
dant qu’un autre essaie de le tirer d’affaire : de quoi
garder le moral, donc !
Un travail d’équipe
Une autre différence de ce film avec les précé-
dents réside dans la (relative) multiplicité des
acteurs : cinq personnages principaux, parmi les-
quels Abel et Gordon ont pris plaisir à opérer une
sorte de retrait. Il y a donc eu un véritable travail
d’équipe, un peu comme au théâtre, une équipe
sans hiérarchie au sein de laquelle la rencontre
avec Kaori Ito, chorégraphe et danseuse contem-
poraine, a revêtu beaucoup d’importance. Car on
danse beaucoup dans L’Étoile filante, on se remue
et l’on s’agite et dans ce sens on peut aussi par-
ler d’un film du corps, si important dans le genre
burlesque. Une autre rencontre importante a été
celle du duo musical Birds on a Wire, formé par la
chanteuse et violoncelliste brésilienne Dom La
Nena et la chanteuse franco-américaine Rosemary
Standley. Alors que jusque-là Abel et Gordon
s’étaient refusés à travailler avec des musiciens,
par peur de devoir leur dire que leur travail ne
convenait pas, cette rencontre a eu quelque chose
de miraculeux : non seulement Birds on a Wire
Dominique Abel et Fiona Gordon
a signé une bande-son stupéfiante de grâce et
de pureté mais, à l’instar des autres membres de
l’équipe, le duo a constitué une force de proposi-
tion qui a permis de faire avancer le film !
La beauté dans la mocheté
Car c’est ainsi qu’un film d’Abel et Gordon trouve
son chemin par l’apport de chacun, quelquefois
de manière bancale, mais cherchant toujours
« la beauté, même dans la mocheté » ! Et c’est
bien ainsi que s’est déroulée cette rencontre aux
Studio, sous les regards amicaux et bienveillants
de deux personnes qui, c’est manifeste, aiment
les gens ! — J-LD
Retrouvez une vidéo de la rencontre
sur studiocine.com dans la rubrique
“Événements/Ça s’est passé aux Studio”.
N°433 — mars 2024 31
RENCONTRE
La salle était pleine en ce vendredi 12 janvier pour accueillir
Gilles Perret et sa coscénariste Marion Richoux à l’occasion
d’une avant-première de leur dernier film, La Ferme des Bertrand.
Toutes les questions et commentaires des spectateurs
commencèrent par des éloges : « intelligence », « émotion »,
film « passionnant », « magnifique », « chef d’œuvre », scènes belles
comme des « Chardin »… Les échanges qui s’en sont suivis ont permis
de donner du contenu à ces dithyrambes.
Les travaux et les jours1
La séduction du film est d’abord esthétique :
« Que la montagne est belle filmée de cette
manière ! », s’exclame une spectatrice, citant Jean
Ferrat. Il est vrai que le paysage a un charme fou,
mais on est également, et peut-être surtout, frappé
par la beauté humaine des personnages. Sensibles,
s’exprimant avec intelligence et finesse, très loin
des clichés stigmatisant la prétendue grossiè-
reté des gens de la terre, les trois frères Bertrand,
Jean, Joseph et surtout André, analysent avec une
© DOMINIQUE PLUMECOCQ
grande lucidité leur situation, expriment à la fois
leur fierté du travail accompli, revendiquent leur
liberté, leur prospérité économique, mais aussi
ce qui constitue la face sombre de leur réussite :
la solitude, la frustration de n’avoir pu fonder de
famille, de n’avoir pu décider de leur vie : il était
impensable à l’époque que la ferme disparaisse, ils
n’ont eu d’autre choix que de la reprendre.
Les conditions de travail étaient particulière-
ment dures au début. Au lendemain de la guerre il
a fallu pratiquement repartir de zéro. Avec beau-
coup de courage, sans nostalgie ni passéisme, sans
enthousiasme béat non plus pour les machines, les
trois frères ont introduit au fur et à mesure dans le
fonctionnement quotidien de la ferme tous les pro-
grès technologiques possibles et, au moment où
Hélène, la nièce des trois frères, passe elle-même
la main, la robotisation va encore améliorer les
conditions de travail mais aussi la productivité et
1
Titre d’un poème d’Hésiode, daté du VIIIème siècle avant notre ère.
32 Les Carnets du Studio
BIO
EXPRESS
Cinéaste engagé, Gilles Perret
s’intéresse particulièrement
aux conditions de travail et
aux problématiques sociales
en général. Il réalise, entre
autres, avec François Ruffin
J’veux du soleil (2019) et
Debout les femmes (2021).
Reprise en main est son premier
film de fiction, co-écrit déjà
avec Marion Richoux.
Gilles Perret et Marion Richoux
la qualité du lait, matière première destinée à la fabrication du Reblochon.
Le classement de l’appellation en AOP, réglementé par des directives
européennes, contribue à protéger l’environnement, à le préserver de la
pression foncière qui pèse sur ce beau coin de Haute-Savoie. Il a égale-
ment permis d’assurer de meilleures conditions d’élevage et un véritable
bien-être à la centaine de vaches laitières de l’exploitation.
Circuit court
S’il est facile d’imaginer la complexité du travail de scénariste dans une
fiction, en va-t-il de même dans un documentaire ? En fait Gilles Perret
connaît parfaitement les Bertrand, dont il est depuis toujours le très proche
voisin dans le hameau de Quincy. Lui et sa complice Marion Richoux
savaient donc à quoi s’attendre, quelles questions poser, quelles idées et
sentiments allaient pouvoir s’exprimer, ce qui permettait d’aller beaucoup
plus vite à l’essentiel, de serrer au plus près la vérité humaine, dans un
climat de confiance permettant d’éviter langue de bois et faux-fuyants,
tout en laissant la porte ouverte à l’imprévu. Ce qui en ressort, c’est à la
fois un hommage à la famille Bertrand, la description sans complaisance ni
misérabilisme d’un mode de vie difficile, mais aussi la dignité de personnes
libres et très attachées à ce qu’elles considèrent comme leur mission dans
la vie, un film qui se veut aussi honnête que les gens qu’il décrit.
Le montage s’est construit à partir des trois minutes filmées en 1972
par Marcel Trillat et des images tournées par Gilles Perret en 1997, puis en
2023. Comment les organiser afin que le récit reste parfaitement clair et
fluide, tout en évitant la rigidité d’une succession chronologique stricte ?
En jouant sur les caractéristiques de l’image : noir et blanc pour 1972,
format 4/3 en 1997 et 16/9 pour aujourd’hui. En centrant également le
scénario sur deux personnages clés qui vont servir de fil rouge : André
et Hélène, qu’on retrouve à plusieurs âges de leur vie, dégageant par là
même en filigrane un thème essentiel, débordant largement les bornes
du présent : la transmission.
Gilles Perret revendique le caractère très « local » de son entreprise ciné-
matographique, mais admet volontiers, à la suite d’une remarque venue
du public, que cette sorte de « circuit court » a, outre sa valeur historique,
un intérêt thématique et humain beaucoup plus large, pour ne pas dire
quasi universel. Il en ira probablement de même avec ses deux projets à
venir : une fiction, au stade de l’écriture depuis un an, et un autre film avec
François Ruffin. À bientôt ! — AW
N°433 — mars 2024 33
RENCONTRE
Pour la soirée d’ouverture du festival Désir, Désirs, était projeté,
le mercredi 17 janvier, Un jour fille, le premier long métrage de
Jean-Claude Monod, venu rencontrer le public en compagnie
de l’actrice principale de son film, Marie Toscan.
Vivre selon son désir
Situé au XVIIIe siècle, le film raconte l’histoire,
vraie, d’Anne Grandjean née intersexe, élevée
comme une fille et qui, devenue adulte, doit « chan-
ger d’habit » en raison de son attirance pour les
femmes. Devenu Jean-Baptiste, il se marie et vit une
grande histoire d’amour avant que son passé ne le
rattrape et qu’il doive passer en procès.
Grâce à son image très soignée qui joue beaucoup
sur les clairs-obscurs, le film séduit visuellement.
Les références esthétiques y abondent, la plus
flagrante étant sans doute, au moment où Jean-
Baptiste s’allonge nu sur le sol près de son bain,
celle faite à la sculpture antique exposée au Louvre,
Hermaphrodite endormi. Cette scène répond aussi
aux questions que se posait Jean-Claude Monod sur
comment montrer ce personnage alors qu’il attise la
curiosité et que tout le monde veut le voir, des aris-
tocrates qui le considèrent comme un monstre aux
médecins qui le mettent à nu.
© ROMAIN MÉNAGE
34 Les Carnets du Studio
Jean-Claude Monod et Marie Toscan
Cette histoire, c’est Michel Foucault, lors de l’un
de ses cours, qui l’a fait découvrir au réalisateur,
qui ensuite a fait des recherches pour trouver le
mémoire rédigé par l’avocat de Jean-Baptiste/Anne
après le procès. Certaines de ces paroles, rapportées
dans le texte, ont été reprises intégralement pour la
scène du tribunal, d’autres semblent plus anachro-
niques, mais Jean-Claude Monod a tant entremêlé
réalité et fiction qu’il n’arrive plus à distinguer ce
qu’il a inventé de ce qui a été écrit par l’avocat de
l’époque. Car ce qui l’intéressait était de créer des
échos avec le présent, non seulement à travers les
dialogues mais aussi en utilisant par moments des
musiques actuelles, comme celles du groupe Parcels
par exemple.
Le film retranscrit aussi très bien l’angoisse qu’a
le personnage d’être découvert. Et là aussi, cette peur
fait écho avec aujourd’hui, et, même si elle a évo-
lué, elle plane, comme une angoisse diffuse, tout
autant sur le film que sur notre époque. Pourtant,
la question du genre, si elle est, bien sûr, au cœur
de l’œuvre, ne semble pas si importante pour Anne/
Jean-Baptiste qui ne se demande pas vraiment si
elle se sent plus femme ou homme, mais plutôt
comment s’adapter selon les moments. Il semble
ainsi surprenant de voir Anne accepter le change-
ment d’habit, peut-être douloureusement, mais en
pensant pouvoir vivre heureuse comme cela. La
question de l’identité se posait-elle de la même façon
à l’époque ? Ou, quelle que soit la période, s’agit-il
plutôt de pouvoir vivre sa vie selon ses désirs ? Il est
peut-être abusif de faire d’Anne/Jean-Baptiste une
figure de rebelle, ou une sorte d’étendard de la cause
intersexe, ce que n’a pas souhaité d’ailleurs Jean-
Claude Monod, mais Un jour fille a l’immense mérite
d’aborder de façon très intéressante le sujet. — JF
Samedi 27 janvier, la grande salle 7 était remplie d’enfants
accompagnés de leurs parents ou grands-parents, tous là
pour l’avant-remière de Léo, la fabuleuse histoire de Léonard de
Vinci. Le film était suivi d’un débat avec le réalisateur américain
Jim Capobianco, accompagné de Doris Gruel (distributrice du film)
chargée de la traduction en français.
En voyage
avec un génie !
Le long métrage retrace
la vie, au temps de la
Renaissance, du génial
Léonard de Vinci,
artiste, scientifique qui
dessine des machines
© MANON LORY
bizarres et explore les
idées les plus folles…
Avant la projection,
deux courts métrages
expliquaient, l’un la construction des marionnettes
puisque l’animation à la main se fait en stop motion,
l’autre le doublage avec la voix d’André Dussollier
ou le chant par Juliette Armanet. À la fin de la pro-
jection, le public a été unanime en applaudissant
longuement.
Les questions des enfants étaient nombreuses
En quoi les personnages étaient-ils faits ?
Ni en argile, ni en pâte à modeler mais en résine
qui recouvre l’armature du corps. C’est une pou-
pée articulée que l’on peut manipuler à la main,
comme on veut. C’est la technique stop motion :
une photo est prise à chaque mouvement. Ensuite,
la partie numérique permet d’ajouter des décors
ou autres effets.
Comment est née l’idée du film ?
J. Capobianco a réalisé un court métrage, Leonardo,
en 2009. Après la promotion, il est venu à Amboise
Jim Capobianco et Doris Gruel
et au Clos Lucé. Il a compris qu’au-delà du génie
de l’inventeur, il ressentait un grand intérêt pour
le côté humain. C’est pourquoi est né ce deuxième
film.
Quelle est la différence entre marionnettes
et acteurs ?
J. Capobianco n’a jamais fait de films avec des
acteurs, sauf dans le travail de doublage. Il a écrit
le scénario de Ratatouille, a contribué à la créa-
tion du Roi Lion et celle du Bossu de Notre-Dame.
Faire un film avec des poupées demande beau-
coup de temps : il faut les fabriquer ainsi que les
décors ; alors que sur un tournage avec acteurs, les
décors existent déjà.
Combien de temps faut-il pour faire un tel film ?
La création des poupées, celle des décors plus le
tournage : le tout a duré 2 ans et demi. Mais avant,
il a fallu 12 ans pour écrire le scénario et trouver les
fonds nécessaires pour tourner le film.
Le réalisateur a avoué que créer ce film avait
été un vrai plaisir, que le temps passé avait per-
mis de nombreuses rencontres. Il nous a invités à
nous rendre au château royal d’Amboise et au Clos
Lucé, partenaires du film, pour y découvrir l’ex-
position Voyage dans l’univers de Léo, les décors
du film étant mis en perspective dans les salles du
château. — MS
N°433 — mars 2024 35
 25e édition
JEUNE PUBLIC
Festival
ciné-concert
Jeudi 7 mars à 10h30,
accompagnement au clavier par
le pianiste de jazz Cyrille Aufaure.
FICAT international de
Cinéma Asiatique
de Tours
La Colline En partenariat avec l’ACC (Association
des Cinémas du Centre)
Le Tombeau des lucioles
aux cailloux TOUT PUBLIC À PARTIR DE 11 ANS - 1H30 VO
Japon - 1996 - film d’animation d'Isao Takahata
À PARTIR DE 4 ANS - 52 MIN VF
Japon, 1945. La guerre rend une fratrie orpheline :
Divers pays - 2023 - 3 courts métrages d’animation
de Marjolaine Perreten, Rémi Durin, Célia Tisserant
Seita, 14 ans, et Setsuko, 4 ans. Installés chez leur
tante, elle leur fait vite comprendre qu’ils sont
et Arnaud Demuynck
une gêne. Seita et Setsuko se réfugient dans
Ces histoires se passent dans une forêt aux cou- un bunker désaffecté, où les lucioles illuminent
leurs douces et poétiques, et nous parlent de
leur quotidien. Mais bientôt, la nourriture manque…
sujets forts : l’identité, l’exil et l’accueil. Avec sen- Un véritable bijou de Takahata, qui émeut toujours autant
sibilité et à travers des petits animaux, les auteurs presque 30 ans plus tard.
évoquent le vivre-ensemble, et la nécessaire
Le Conte de
générosité pour faire face à certaines épreuves. ciné-goûter aux
la princesse Kaguya saveurs asiatiques
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 2H17 VF
Japon - 2014 - film d’animation d'Isao Takahata
Wonka Un vieux coupeur de bambou découvre à l’intérieur d’une
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H57 VF VO tige une princesse de la taille d’un pouce et décide de la
recueillir. Kaguya devient une princesse d’une grande
États Unis - 2023 - film de Paul King avec
Thimothée Chalamet, Hugh Grant, Olivia Colman…
beauté, convoitée par les plus grands princes…
Où l’on découvre la jeunesse de Willy Wonka,
Ce film d’animation de Isao Takahata est une magnifique
adaptation d’un conte traditionnel japonais du Xe siècle
l’extraordinaire inventeur, magicien et cho-
colatier de l’univers féérique de Charlie et la Printemps des poètes
chocolaterie de Roald Dahl. Plein d’espoir, Séance unique samedi 23 mars à 14h15.
d’ambition et de charme, Willy Wonka va être Suivi d’un atelier créatif de fabrication de
confronté à de multiples obstacles… branches de cerisier.
adaptée aux personnes en
Ce conte musical plein d’humour et de trou-
samedi 23 mars à 14h00
vailles est la recette gagnante d’une aventure
Mes voisins les Yamada
gourmande et généreuse à déguster en famille.
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H44 VF
Japon - 2001 - film d’animation d'Isao Takahata
Dans ce film d’animation, au style épuré, Nonoko
© KMBO
Yamada, une petite fille espiègle au franc parler, nous
présente chaque membre de sa famille peu ordinaire.
Découpé en nombreux sketchs, le film nous fait rentrer
avec humour dans l’intimité de cette famille japonaise.
La Boîte à malice atelier pâte à modeler
Mercredi 20 mars, après la séance,
Léo, La fabuleuse histoire À PARTIR DE 4 ANS - 38 MIN VF pour réaliser Karo et Piyobuputo !
de Léonard de Vinci Japon - 1993 - programmes de
5 courts métrages d’animation de Koji Yamamura
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS - 1H37 VF Quand on ouvre cette boîte à malice, on y trouve des
États-Unis/Irlande - 2023 - film d’animation oiseaux espiègles, un petit chien et ses amis musiciens ou
de Jim Capobianco et Pierre-Luc Granjon, encore un crocodile hirsute qui a mal aux dents. Autant
avec les voix d’André Dussollier, Marion Cotillard… de héros drôles, fantasques et poétiques qui séduiront
À la Renaissance, un monde nouveau s’invente, petits et grands.
et Léonard de Vinci, artiste mais aussi scienti-
fique, passe son temps à dessiner des machines Les Enfants de la mer
bizarres, et à tenter de mettre en œuvre ses TOUT PUBLIC À PARTIR DE 10 ANS - 1H51 VF
idées les plus folles… Japon - 2019 - film d’animation d’Ayumu Watanabe
Ruka, lycéenne, se fait exclure de son club de handball.
Pour les spectateurs munis d’un billet d’entrée du Château Royal Elle rend visite à son père à l'aquarium de la ville. Là-bas,
d’Amboise (exposition Voyage dans l’univers de Léo du 8 janvier elle rencontre Umi, qui semble pouvoir communiquer
au 20 avril 2024) ou du Clos Lucé, tarif unique à 5€.
avec les animaux marins.
Poétique en envoutant, ce film à l’animation sublime pré-
sente différents degrés de lecture, s’adressant aussi bien
36 Les Carnets du Studio aux enfants qu’aux parents.
Mars 2024
© AAEDMAN
Les Toutes petites créatures
© KMBO
À PARTIR DE 3 ANS - 38 MIN - SANS PAROLES
Royaume-Uni - 2024 - 12 courts métrage d’animation
de Lucy Izzard La Petite fabrique de nuages
Rose, Bleu, Orange, Jaune et Vert sont des
À PARTIR DE 4 ANS - 42 MIN - SANS PAROLES
petites créatures drôles et attachantes, faites Mexique/Russie/Canada - 2018 - 5 courts métrages
en pâte à modeler. À travers toutes sortes de d'animation de divers réalisateurs
jeux, elles découvrent le monde qui les entoure.
Un joli programme de cinq courts métrages
d'animation pour les tout-petits où le ciel, siège
de magnifiques spectacles, nous donne à rêver
dans un univers plein de tendresse et de poésie.
Le royaume de Kensuke
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H24 VF
Royaume-Uni - 2023 - film d’animation
© SURVIVANCE
de Neil Boyle et Kirk Hendry
Michael, 11 ans, fait un tour du monde à la voile
avec ses parents, quand une terrible tempête le
propulse par-dessus bord. Échoué sur une île
déserte, Michael va devoir apprendre à survivre.
Kensuké, un ancien soldat japonais qui vit seul Krisha et le maître de la forêt
sur l’île depuis la guerre, va venir à son secours…
TOUT PUBLIC À PARTIR DE 8 ANS - 1H08 VF
Corée du Sud - 2023 - film d’animation
de Park Jae-Beom
© GEBEKA FILMS
Krisha et sa famille vivent sur les steppes de
Séance tous publics la toundra sibérienne. Quand sa mère tombe
malade, Krisha écoute les conseils d'une cha-
situation de handicap
atelier créatif mane et part à la recherche d'un mystérieux ours
Rose, petite fée Atelier « accroche-porte », rouge qui se fait appeler le « Maître de la Forêt ».
des fleurs mercredi 28 février
après la séance. Premier film Sud-Coréen en stop-motion, c’est
À PARTIR DE 5 ANS - 1H15 VF une petite pépite d’animation qui saura séduire
Danemark - 2023 - un large public par sa beauté et sa poésie.
film d'animation de Karla Nor Holmbäck
Un papillon intrépide et une fée solitaire se
lient d'amitié. L'amie papillon aimerait mon-
trer le monde à Rose mais celle-ci préfère son Vivre avec les loups
rosier. Lorsque son amie sera kidnappée par une TOUT PUBLIC À PARTIR DE 11 ANS - 1H29
affreuse Troll, Rose osera-t-elle alors affronter
France - 2023 - film documentaire de
les dangers pour la sauver ? Jean-Michel Bertrand
Ce film d'animation parle aux jeunes enfants À travers explorations et rencontres, ce film
d'amitié et de courage, à travers des personnages se veut une tentative de réconciliation entre
et des sujets qui leur sont proches, et où la poésie l’homme et le loup. Avec ses images superbes
et le rêve priment sur l'action et la violence. et parfois spectaculaires, il contribue à remettre
l’homme à sa juste place dans la nature.
conte et films
La Course au miel Quart d'heure du conteur
dimanche 17 avant
À PARTIR DE 4 ANS - 1H13 VF la séance de 15h45. “ FABULEUX GOÛTERS ”
Chine - 2023 - film d’animation
de Anna Blaszcyk À LA CAFÉTÉRIA
Les aventures d’un petit ourson intrépide et de son
« Fabuleux goûters » à la cafétéria AIR pour
papa épicurien à la recherche du miel disparu ! tous les gourmands les mercredis 28 février
Un joli road movie qui aborde avec finesse et de et 6 mars ! Miam Miam !
façon assez pédagogique le respect de l’environ-
nement et les méfaits de l’humanité sur la nature. N°433 — mars 2024 37
EN B RE F — NOUVEL L E S D’ ICI ET D’AILLEU RS
CINÉ TOURISME
L'augmentation du ciné-tourisme qui
consiste à aller découvrir la ville ou le lieu
de tournage d'une fiction est en plein
essor. Le phénomène n’est pas nouveau
– on se souvient des foules de touristes
cherchant le café des Deux Moulins
d’Amélie Poulain, la librairie de Notting
Hill, ou le quai 9,3/4 à la gare de King's
Cross dans l’espoir d’y croiser Amélie,
Hugh ou Harry… Mais il s'est largement
amplifié du fait de l'explosion des
séries sur les plateformes de streaming.
Et, d’après le CNC, il n’y a plus seulement
Paris qui profite d’un regain de notoriété
grâce à ce phénomène : en France
les grandes villes rivalisent d’ingéniosité
et de surenchères pour accueillir les
tournages. La compétition est rude mais
ça peut rapporter gros.
CINÉ CONSOLE
Un an après Le Cadran de la Destinée,
Indiana Jones ne fait pas le tour du cercle
au cinéma, mais sur consoles. C’est en
effet sous forme de jeu vidéo que l’on
pourra suivre la dernière aventure de notre
explorateur favori. Indiana Jones and the
Great Circle se déroulera entre 1936 et 1938,
soit entre les événements des Aventuriers de
l'arche perdue (1981) et ceux de La dernière
croisade (1989). Le clone 3D d’Indy y cassera
du nazi avec son fouet et ses poings. Il paraît
que les producteurs ont choisi un doubleur
vocal capable de sonner comme la légende :
nous voilà rassurés…
38 Les Carnets du Studio
I NFOS PRATI QUES
Bienvenue dans l’un des Bibliothèque
plus grands complexes Horaires d’ouverture :
CINÉ BD Art & Essai de France, avec Lundi, mercredi, jeudi, vendredi et samedi :
Comment George Lucas , jeune cinéaste 7 salles et chaque semaine 15h30 à 19h30. Fermeture pendant
américain, a-t-il accouché du premier volet plus de 20 films de tous les les vacances scolaires et jours fériés.
de Star Wars ? Dans la douleur, nous raconte horizons en V.O. sous-titrée !
Les Guerres de Lucas, une Cafétéria
BD-enquête menée au pas Les cinémas Studio
de charge par L. Hopman sont membres
et R. Roche et récompensée de ces associations
professionnelles :
par le 30e prix France Inter /
France Info. « Ce livre est
une pépite » nous confie EUROPA CINÉMA
Regroupement
l’un des membres du jury : des salles pour
les affres de la création, les la promotion du
fulgurances du jeune génie, cinéma européen.
les coups du sort y sont
aussi spectaculaires que les AFCAE
effets spéciaux du film. Et sur le plan graphique, Association française
c’est moderne, dépouillé, rapide et emballant. des cinémas d’art et
essai.
ACOR Gérée par l’association d’insertion AIR,
UN P’TIT TOUR ET PUIS S’EN VA Association des la cafétéria des Studio accueille les abonnés.
La durée moyenne d’à peine deux ans de cinémas de l’Ouest Service en terrasse et en salle
la présence des ministres rue de Valois en dit pour la recherche du lundi au dimanche de 15h30 à 21h30.
long sur le poids de la culture en macronie. (membre co-fondateur). Tél. : 02 47 20 27 07.
Quand on considère le nombre et la complexité
des dossiers qu’il y a à gérer, on a du mal à GNCR
Groupement national
Abonnements
comprendre cette valse permanente. « Rien des cinémas de
Valable 1 an, l’abonnement permet de
de pire que le zapping ministériel » a déclaré recherche. bénéficier d’un plein tarif à 6 ¤ au lieu de
le directeur de la SACD, Pascal Rogard, 10 ¤, tous les jours et à toutes les séances.
saluant le travail de Rima Abdul Malak et son ACC Abonnement amorti en moins de 6 séances !
« engagement pour la création sous toutes ses Association des Informations à l’accueil des Studio ou auprès
formes et son amour sincère de la culture ». cinémas du Centre de votre correspondant.
Dans le dernier vaudeville qui s’est joué rue (membre co-fondateur).
de Valois, l’énorme surprise vient du casting Réabonnez-vous !
avec la nomination d’une Rachida Dati bardée Votre abonnement est valable 1 an,
de casseroles politiques et judiciaires et dont à partir du jour où vous le prenez.
l’ambition proclamée est de s’emparer de La date d’expiration de la carte est inscrite
la mairie de Paris – beau programme culturel ! sur votre ticket d’entrée.
Les élections municipales se déroulant en Pour vous réabonner :
2026, on sait déjà qu’elle ne s’éternisera • À l’accueil des Studio. Ne pas oublier
pas à la tête de son ministère. Quant à son Cinémas Studio d’apporter sa carte (elle est rechargeable).
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souhaité « bon courage aux acteurs du monde 37000 Tours CE (avec mon ancienne carte).
de la culture compte tenu des épreuves qu’ils www.studiocine.com • Par internet, (excepté en cas de changement
vont traverser ». de statut, ou tarif réduit à 10 euros).
Règlement : carte bancaire, chèques, espèces,
— SB suivez-nous ! PRIX DE L’APF 1998 chèques vacances.
N°433 — mars 2024 39
© ARP SÉLECTION
Chroniques de Téhéran
Un homme déclare la naissance de son fils.
Une mère habille sa fille pour la rentrée.
Une élève est convoquée par la directrice.
Une jeune femme conteste une contravention.
Une jeune fille se présente à un entretien d’embauche.
Un jeune homme vient retirer son permis de conduire.
Un homme au chômage répond à une annonce.
Un réalisateur demande une autorisation de tournage.
Une femme cherche à retrouver son chien.
Dans la continuité des célèbres cinéastes Abbas
Kiarostami et de Jafar Panahi, le duo de réalisateurs
invente une forme pour contourner la censure et les
multiples interdictions qui cadenassent le quotidien
des Iraniens. À travers neuf sketchs, ils proposent
neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran. Ils
utilisent un dispositif à la fois très simple et terri-
blement efficace : face caméra, un∙e protagoniste
est la proie d’un∙e interlocuteur∙rice, qui reste tou-
jours hors champ et qui dirige la discussion… et
le futur plus ou moins proche de la personne en
face d’elle. Les situations de départ sont réalistes et
concrètes, leur déroulement frise l’absurde, ce qui
provoque un humour grinçant et souvent déses-
péré… L’injustice est quotidienne, omniprésente
mais les personnages, venus de toute la société, ne
se posent pas en victime. Au contraire, ils résistent
du mieux qu’ils peuvent à l’absurdité d’un système,
aux hypocrisies d’une société en crise, tentant d’ar-
racher le plus de liberté possible aux petits chefs
auxquels ils ont affaire.
www.studiocine.com
Les Carnets du Studio N° 433 — 2 rue des Ursulines 37000 Tours
film du mois
Iran • 2023 • 1h17, un film d'Ali Asgari
et Alireza Khatami, avec M. Salehi, B. Ark…
Sélectionné dans la section Un
Certain Regard du dernier Festival de
Cannes, ces Chroniques de Téhéran est
l’une des rares œuvres venues d’Iran
ces derniers temps. Les formidables
cinéastes de ce grand pays de cinéma
(Asghar Farhadi, Saeed Roustaee,
Mohamad Rasoulof, Bahman Gobhadi,
Moshen Makhmalbaf…) se sont tou-
jours fait connaître grâce aux festivals
internationaux (Cannes, Berlin, Venise…) : cette
solitude s’explique-t-elle par l’écroulement éco-
nomique… ou par la répression qui a suivi la révolte
porté par le mouvement Femme Vie Liberté après
l’assassinat de Jina Mahsâ Amini ?
« Chaque acteur pensait tourner un court-mé-
trage, aucun ne savait qu’il y aurait 9 histoires.
C’était la seule façon que nous avions de les pro-
téger... et de protéger le film. Après l’annonce de la
sélection cannoise, les autorités iraniennes les ont
interrogés. Chacun, en toute bonne foi, n’a pu par-
ler que de ce que lui-même avait tourné, ne sachant
rien des autres.» expliquent les réalisateurs.
Le cinéma iranien nous avait habitués aux
drames. La grande réussite de ces chroniques, c’est
à la fois leur modestie et le tact avec lequel sont mis
en scène des héros ordinaires face à un système
kafkaïen où tout est contrôlé, leurs vies, leurs corps,
leurs sexualités, leurs identités… Un film touchant
et fort… qui reste longtemps en mémoire. — DP
Le titre original Les Versets terrestres fait référence à un poème de
la célèbre poétesse iranienne Forought Farrokhzad (1935-1967).