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Interférométrie holographique
’est en 1947 que l’Anglais Dennis Gabor eut l’idée de l’holographie. Mais ce
C n’est qu’en 1962, soit deux ans après que l’Américain Maiman eut fait fonc-
tionner le premier laser (un laser à rubis, en l’occurrence), que l’holographie prit
son véritable essor avec l’enregistrement des premiers hologrammes d’objets
tridimensionnels diffusant la lumière par les Américains Leith et Upatnieks et par
le Russe Denisuyk, grâce à l’utilisation des premiers lasers à gaz (hélium-néon)
à émission continue. Ces hologrammes, surtout ceux du Russe, ont donné lieu à
ce qu’il convient d’appeler « l’holographie image », connue du grand public par
son côté spectaculaire (relief intégral saisissant des hologrammes géants). Une
application, relativement bien développée de l’holographie image aujourd’hui,
est l’hologramme d’un type particulier utilisé sur les cartes bancaires, les cartes
grises, les billets de banque dont le but est de rendre la carte ou les billets infal-
sifiables.
L’utilisation de l’hologramme comme composant optique (miroir, lentille,
séparateur...) est sans doute aussi un des exemples prometteurs de l’hologra-
phie.
Quelques années plus tard, en 1965, plusieurs laboratoires furent à l’origine de
l’interférométrie holographique et du véritable départ de l’holographie dans
l’industrie. Les chercheurs constatèrent qu’un déplacement trop important de
l’objet (ou de tout autre élément du montage), pendant l’enregistrement de
l’hologramme, entraînait l’apparition de franges d’interférence sombres et clai-
res parasites sur l’image restituée, pouvant altérer complètement celle-ci. Pour
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1.2 Différents types d’hologrammes L’inconvénient des hologrammes de Gabor est supprimé.
L’ordre 0 (faisceau de référence) ne gêne plus l’observation de
l’image restituée.
Pour préciser les idées et s’y reconnaître dans le jargon des holo-
graphistes, nous avons classé les hologrammes en différentes types 1.2.1.2 Hologrammes par réflexion
suivant la façon de les éclairer et de les observer, suivant la nature
de l’onde objet (diffuse ou non) ou le mode d’enregistrement de Ils sont appelés, dans certains cas (milieux photosensibles épais),
l’information (en surface ou en volume dans le milieu photosensi- hologrammes de Denisuyk [8] [9] : l’onde de référence et l’onde
ble, par exemple). Cette classification permettra de donner les prin- objet se propagent en sens inverse (figure 5). Ces hologrammes
cipes des principaux montages d’holographie. sont susceptibles d’être observés en lumière blanche. De ce fait, ils
sont très utilisés en holographie artistique et en holographie de
communication. Ils sont employés en holographie industrielle lors-
1.2.1 Hologrammes par transmission que l’on désire s’approcher de très près de l’objet pour augmenter la
et hologrammes par réflexion résolution spatiale.
Suivant les positions relatives du faisceau de référence et de
l’objet O par rapport à l’hologramme H, on classe les hologrammes
1.2.2 Hologrammes d’amplitude
en deux grandes classes : les hologrammes dits par transmission et
les hologrammes dits par réflexion. et hologrammes de phase
Nota : pour la clarté des figures, on n’a pas représenté complètement les montages,
mais seulement les éléments essentiels pour la compréhension de la classification. Une autre façon de classer les hologrammes est aussi de considé-
rer le mode d’enregistrement dans le milieu photosensible. Les
1.2.1.1 Hologrammes par transmission interférences lumineuses sont traduites en :
Le faisceau de référence et l’objet O sont d’un même côté de — variation du coefficient de réflexion ou de transmission du
l’hologramme (figure 4). Plus précisément, l’onde de référence ΣR et milieu photosensible. On a ce que l’on appelle un hologramme
l’onde objet ΣO se propagent dans le même sens. d’amplitude car, lors de la restitution, l’hologramme module
Il existe deux sous-classes importantes d’hologrammes par trans- l’amplitude du faisceau de référence ;
mission. — variation de l’épaisseur ou de l’indice de réfraction du milieu
photosensible. On a un hologramme de phase ; lors de la restitu-
■ Hologrammes de Gabor (ou hologrammes in-line)
tion, le faisceau de référence est modulé en phase par l’holo-
Le faisceau de référence et le faisceau objet ont pratiquement la gramme.
même direction moyenne. Ce montage est le montage d’origine
conçu dès 1947 par l’inventeur de l’holographie alors que les lasers Parfois, les modulations de phase et d’amplitude du milieu photo-
n’existaient pas encore [3]. sensible sont présentes simultanément et ce n’est que le mode de
traitement du milieu photosensible qui permet d’accentuer ou de
La figure 5 donne un exemple particulier de montage de Gabor privilégier la modulation de phase ou d’amplitude.
où l’objet est suffisamment petit pour que le faisceau de référence
ne soit pas trop altéré. Ainsi, dans le cas d’une plaque photographique utilisée comme
milieu photosensible, les interférences lumineuses donnent des
Dans le cas de ces hologrammes, on a, lors de la restitution,
variations de noircissement, d’épaisseur et d’indice de réfraction.
l’onde de référence qui se superpose à l’onde objet et gêne donc
Après blanchiment chimique, l’hologramme deviendra complète-
l’observation. Il est possible de bloquer l’onde de référence par fil-
ment transparent et ne subsisteront que les variations d’épaisseur
trage optique si nécessaire.
et d’indice de réfraction (l’hologramme devient un hologramme de
■ Hologrammes de Leith et Upatnieks [4] [5] [6] [7] (ou phase). Dans le cas d’un film thermoplastique, les interférences sont
hologrammes off-axis) traduites par des variations du relief de la surface : on a un holo-
La direction moyenne du faisceau de référence fait un angle non gramme de phase. Dans le cas d’un photopolymère, ce sont les
nul θ avec la direction moyenne du faisceau objet (figure 4). variations d’indice de réfraction qui sont importantes : on a égale-
ment un hologramme de phase.
Nota : certains milieux photosensibles sont capables d’enregistrer et de restituer l’état
de polarisation de la lumière [10] !
ΣR
Hologramme
Objet
M H
O ΣO ΣR
S Objet ΣO Hologramme
Enregistrement
H
Enregistrement
ΣR
ΣR
Image H S Image
virtuelle M
I
H
Restitution
Restitution
Σ R Onde de référence Σ O Onde objet
Figure 4 – Hologramme par transmission – Hologramme off-axis Figure 5 – Hologramme de Gabor – Hologramme in-line
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ΣR Lumière « dirigée »
provenant du laser
Objet
O Hologramme Cône de lumière diffusée
ΣΟ par l'élément de surface M
H
Enregistrement
ΣR Objet
M
Image
Restitution
ΣO
1.2.3 Hologrammes en surface O
et hologrammes en volume
Cette distinction suivant la nature diffuse ou non diffuse de la ■ Cas où l’objet peut être considéré comme diffusant correctement
lumière provenant de l’objet est rarement faite alors qu’elle est très la lumière dans toutes les directions sous lesquelles on l’observe
importante pour l’utilisation. Suivant l’état de surface de l’objet, la (objet dépoli)
lumière laser qu’il reçoit est plus ou moins diffusée suivant la direc-
tion d’observation. Il y a deux cas limites. On s’est implicitement placé dans ce cas dans le paragraphe 1.1.
■ Cas où l’objet peut être considéré comme réfléchissant la lumière La propriété des hologrammes est différente suivant que l’on est
(objet poli) en lumière diffuse ou en lumière dirigée.
Chaque élément de la surface est alors considéré comme un On n’a traité ici que le cas d’objets opaques plus ou moins réflé-
miroir. C’est la réflexion spéculaire. Un objet diffusant en incidence chissants. Mais la même distinction se fait avec les objets transpa-
normale peut présenter une réflexion spéculaire lorsqu’on l’observe rents, comme les écoulements de fluides (air, eau, par exemple)
sous incidence. Ce phénomène est parfois très gênant et, pour l’éli- selon qu’ils sont éclairés en lumière dirigée ou en lumière diffusée
miner, on dépose sur l’objet une couche d’un produit diffusant la grâce à un diffuseur (figure 8).
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B D
A
1
3
2
B
Figure 9 – Photographie du speckle (granularité laser)
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1.3.1.3 Résolution
La limite de résolution d’un hologramme d’un objet diffusant se
calcule de la même façon qu’en optique classique. Elle est détermi-
M M' née par la diffraction. Ainsi un hologramme carré de côté D a une
limite de résolution angulaire égale à λ/D, λ étant la longueur d’onde
Objet Objectif du laser. Dans la pratique, cette limite n’est pas atteinte, notamment
H Support
photosensible en raison du phénomène de speckle (granularité laser) évoqué
paragraphe 1.2.4.
Figure 12 – Exploration en profondeur d’un objet
1.3.1.4 Efficacité de diffraction
C’est le rendement lumineux de l’hologramme. Plus l’efficacité de
p diffraction est grande et plus l’image restituée est lumineuse.
Objectif
Cette efficacité est définie par le rapport entre l’intensité du fais-
F ceau restituée et l’intensité du faisceau de restitution. Elle dépend
D du type d’hologramme, du matériau photosensible et des condi-
« grain » a du recepteur tions d’enregistrement.
f photosensible
1.3.1.5 Répartition d’intensité dans l’objet
Il faut rappeler que l’hologramme est enregistré à l’aide d’un laser
donnant une lumière monochromatique. Ainsi, lorsque l’on dit que
l’hologramme restitue une image semblable à l’objet, cela signifie
semblable en tenant compte de l’éclairage. Un objet en couleur
Figure 13 – Profondeur de champ p éclairé par un laser émettant une lumière rouge aura un certain
aspect vu de l’hologramme. Cet aspect sera le même lors de la res-
titution. En particulier la répartition d’intensité lumineuse sera res-
entrent dans ce cas et ne peuvent donc pas être cassés sans préju- pectée. La dynamique de l’hologramme est, à cet égard, plus grande
dice pour la vision globale de l’image. que celle de la photographie : l’hologramme reproduira des écarts
d’intensité nettement plus importants.
1.3.1.2 Profondeur de champ
1.3.1.6 Image virtuelle et/ou image réelle
Pour enregistrer toute l’information contenue dans un volume, il
est nécessaire de l’explorer en profondeur en mettant au point suc- Suivant le type d’hologrammes, le montage d’enregistrement et
cessivement sur différents plans (figure 12). Chaque « plan » a en le montage de restitution, l’image restituée peut être pratiquement
fait une épaisseur déterminée par la profondeur de champ p du sys- ce que l’on veut : virtuelle, réelle et même mi-réelle et mi-virtuelle.
tème photographique (ensemble objectif-support photosensible). L’utilisation d’un objectif photographique, par exemple, placé
On a : entre l’objet et le support photosensible, permet de former une
image de l’objet à l’endroit désiré (devant, derrière ou à cheval sur
p = 2 a (1 − g) f /D g2 l’hologramme).
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L = 2 λ 02 ⁄ π δ λ
due à A. Hirth [13] qui donne une valeur intermédiaire entre les deux
précédentes.
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long (astigmatisme dû au changement de longueur d’onde de 10 % férences observées sont caractéristiques des déplacements micro-
entre l’enregistrement et la restitution) ! Cet astigmatisme, extrême- métriques subis par l’objet. La mesure des interférences permet de
ment pénalisant dans des expériences fines (analyse de microparti- quantifier les déplacements (sensibilité : fraction de micromètre).
cules, par exemple), peut s’accepter dans d’autres applications.
Nous décrirons les principes des différentes méthodes d’interfé-
Exemple : si l’on observe, à l’aide d’un laser hélium-néon rométrie holographique, sans entrer dans la théorie qui est explici-
(λ = 0,633 µm), l’hologramme d’une tête humaine enregistrée à l’aide tée dans l’article [AF 3 345] du traité Sciences fondamentales des
du laser YAG pulsé, doublé en fréquence (λ = 0,532 µm), on identifiera Techniques de l’Ingénieur. Le lecteur pourra avantageusement s’y
sans problème le visage, malgré la grande variation de longueur reporter tout au long de cet exposé [16].
d’onde. En effet, la résolution de l’œil étant d’environ une minute Chaque méthode sera illustrée par des applications les plus diver-
d’angle (3 · 10−4 radian), on ne résout pas des détails inférieurs à ses allant des études et recherches industrielles aux contrôles de
0,3 mm à 1 m de distance. routine. Mais nous nous limiterons cependant à l’étude des objets
Les hologrammes industriels réalisés au laser à rubis pulsé solides diffusant la lumière par réflexion quoique l’interférométrie
(λ = 0,694 3 µm) peuvent être restitués au laser hélium-néon holographique s’applique également aux objets transparents
(λ = 0,632 8 µm). Ceux enregistrés à l’aide du laser YAG pulsé doublé (notamment en mécanique des fluides). Ce sujet particulier est traité
en fréquence (λ = 0,532 µm) peuvent être observés à l’aide d’un dans la référence [15] et dans la référence [35].
laser à argon (λ = 0,514 5 µm) ou à l’aide du même laser YAG fonc-
tionnant à 25 Hz, à la même longueur d’onde. Dans la plupart des
cas, la variation de longueur d’onde entre l’enregistrement et la res-
titution ne gêne pas, la résolution spatiale demandée étant rarement 2.1 Interférométrie holographique
inférieure à celle de l’œil. par double exposition
Bien entendu, dans la plupart des études effectuées en labora-
toire, on utilise un laser à émission continue (argon, hélium-néon,
YAG continu...), aussi bien à l’enregistrement qu’à la restitution, et le 2.1.1 Principe
problème du changement de longueur d’onde ne se pose pas.
La technique employée est semblable à celle utilisée pour réaliser
un hologramme conventionnel (simple exposition). Supposons que
l’on ait réalisé le montage d’holographie représenté sur la
2. Interférométrie figure 17 a. On effectue une première exposition, la pression à
l’intérieur du propulseur étant p1 (état 1). On porte ensuite la pres-
holographique sion interne de la valeur p1 à la valeur p2, sans toucher à rien d’autre.
On effectue alors une seconde pose permettant d’enregistrer le pro-
pulseur dans l’état 2 (pression p2).
L’interférométrie holographique est capable de donner une idée Après développement photographique, on dispose d’une plaque
très précise du comportement réel, global, d’un ensemble méca- contenant la somme de deux hologrammes, incohérents entre eux
nique ou d’un phénomène physique de façon générale sans le per- puisque réalisés à des instants différents.
turber (méthode sans contact). Cet ensemble, ou ce phénomène,
peut être très petit et, éventuellement, inaccessible (on utilise alors Cependant, à la restitution (figure 17 b), on obtient deux images
la microscopie et l’endoscopie holographique) ou très gros (vibra- cohérentes entre elles, puisque restituées à l’aide d’une même
tion d’une portion d’ouvrage d’art ou d’une voiture en fonctionne- source de lumière cohérente (laser à gaz à émission continue ici).
ment, par exemple). Ces images interfèrent donc. Les franges d’interférence observées
(figure 17 c) caractérisent la modification subie par l’objet (le pro-
C’est non seulement une méthode de visualisation globale mais pulseur) entre les deux poses, c’est-à-dire la déformation due à la
également une méthode de mesure quantitative des phénomènes différence de pression p2 − p1 : ce sont les lignes d’isoamplitude de
tridimensionnels statiques ou dynamiques. C’est aussi une méthode déplacement.
performante de contrôle non destructif.
Quand on passe d’une frange à l’autre, le déplacement varie
Son introduction dans l’industrie, en forte hausse ces dernières d’environ 0,3 µm (λ/2 avec λ = 0,69 µm pour le laser à rubis).
années, est due aux progrès réalisés dans les domaines du traite-
ment informatique des images holographiques et de la collecte des D’une façon plus générale, la méthode permet de détecter et de
données (caméras CCD à haute résolution). L’informatique com- mesurer les variations de phase survenus entre les deux expo-
mence à être assez puissante et rapide pour analyser un interféro- sitions. Ces variations de phase peuvent être dues à des variations
gramme holographique en temps quasi réel et présenter les de longueur, d’indice de réfraction ou de longueur d’onde
résultats sous une forme classique directement compréhensible par causées par des contraintes diverses (thermiques, pneumatiques,
les utilisateurs (cartes des déplacements en fausses couleurs et mécaniques...).
pseudo-3D, par exemple). L’expression mathématique générale de l’intensité I dans le phé-
Pour aborder les principes de l’interférométrie holographique, il nomène d’interférence est explicitée dans les références [15] et [16].
faut rappeler que les interféromètres classiques (type Michelson ou On a :
Mach-Zehnder) sont utilisés pour mesurer de petites différences de
chemin optique concernant des surfaces planes (ou de révolution) I = I0 [1 + m cos (ϕ2 − ϕ1)]
polies ou observées en réflexion spéculaire. L’holographie a permis
avec I0 intensité moyenne,
d’étendre les mesures interférométriques à des objets tridimension-
nels diffusants. m contraste des franges d’interférence,
Le principe général consiste à superposer des ondes lumineuses, ϕ1 phase optique de l’onde objet à l’instant t1,
pas forcément contemporaines, dont l’une au moins est produite
ϕ2 phase optique de l’onde objet à l’instant t2.
par un hologramme. Ainsi, grâce à l’holographie, on est capable de
faire interférer les ondes lumineuses provenant, à différents ins- C’est l’équation de base de l’interférométrie, qui est nécessaire
tants, d’un même objet se déplaçant ou se déformant au cours du pour expliciter ce que l’on mesure, c’est-à-dire la différence de
temps. L’état de surface de l’objet peut être quasi quelconque, mais phase δϕ = ϕ2 − ϕ1 subie par l’onde objet entre les deux expositions
ne doit pas se modifier (ou très peu) pendant l’opération. Les inter- de l’hologramme.
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Hologramme S (Laser)
KE
L2
Laser pulsé Propulseur
➤
m1
L1 M1
S
m1, m2 miroirs Objet
m2 M2
L1, L2 lentilles D
a montage d'enregistrement (deux poses
successives aux pressions p1 et p2)
Observation KO
Hologramme
ÉTAT 2
(2e pose)
On a :
2.1.2 Applications
δ ϕ = 2πδ∆/λ
2.1.2.1 Contrôles non destructifs (CND) [16] [17] [18] [19]
δ∆ étant la variation du chemin optique suivi par la lumière, de la
source d’éclairage à l’hologramme, dans le milieu d’indice de réfrac- L’intérêt du contrôle non destructif n’est plus à démontrer. Il prend
tion n, entre les deux expositions. une place de plus en plus importante dans l’industrie aussi bien au
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Système lentille
+ miroir pour éclairage
de l'hologramme
(référence)
Obturateur
Propulseur Laser électromécanique
Diaphragme
Objectif
pour éclairage
de l'objet
Lame séparatrice
Miroir plan
Exemple d’application n° 1 : contrôle industriel des propul- Exemple d’application n° 2 : contrôle industriel de réservoirs
seurs étanches en composite pour l’industrie spatiale
Les non-adhérences en zones de fonds sous « les peaux décollées » L’Aérospatiale Aquitaine (J. Bouteyre) a conçu un système auto-
de structures en Kevlar sont des défauts particulièrement difficiles à matisé jusqu’à la production des interférogrammes de sphères en
détecter. Suite aux travaux d’holographie développés par le laboratoire composite haute pression. Une contrainte thermique est utilisée avec
central à Suresnes par J.L. Arnaud et par le service AQETN (Le Floch, un laser à rubis pulsé et une caméra à film thermoplastique [21].
Bouteyre) de l’Aérospatiale Aquitaine de Saint-Médard-en Jalles, le ser- On a constaté en général que, pour des défauts de collage contenant
vice contrôle du même établissement, dirigé par Barbier, a mis en place de l’air (ou un autre gaz), la contrainte pneumatique est plus efficace
un système industriel d’interférométrie holographique par double expo- que la contrainte thermique. Cependant, pour un essai de faisabilité
sition utilisant un laser à rubis pulsé [20]. rapide, si l’on ne dispose pas d’une chambre à dépression adéquate, la
Le propulseur (diamètre 2 m, longueur 2 m) est placé dans un cais- contrainte thermique conserve son intérêt. Il en est de même pour des
son spécial et soumis à une sollicitation pneumatique en équipression. contrôles sur site, d’autant plus que le traitement informatique des
Une caméra holographique mobile permet d’inspecter toute la struc- images permet maintenant de bien interpréter les résultats.
ture automatiquement. Le contrôle d’engins balistiques par hologra-
phie est moins coûteux et plus fiable que le contrôle par méthode ■ Utilisation d’une contrainte par choc [15]
ponctuelle (rayons X, par exemple). Celle-ci reste cependant utile pour L’utilisation d’une contrainte par choc nécessite d’employer des
un recoupement local d’un défaut constaté par holographie. lasers pulsés. Ce mode opératoire est, en général, très bien adapté
aux essais sur site, en ambiance industrielle :
■ Utilisation d’une contrainte thermique — la brièveté des impulsions lumineuses (quelques dizaines de
nanosecondes) données par un laser à rubis, par exemple, permet
Les objets à contrôler sont soumis à de très faibles contraintes de figer suffisamment la déformation de la structure excitée par
thermiques (notées ∆T) : chauffage par lampe infrarouge (150 W – choc aux instants t1 et t2 et d’obtenir des hologrammes corrects ;
200 V) d’un côté ou de l’autre. Les variations de température à la — si l’intervalle de temps ∆t entre les deux expositions n’est pas
surface dépassent rarement quelques degrés Celsius. trop élevé (typiquement de l’ordre de la microseconde à la millise-
Ce mode de sollicitation est apparemment simple (pas de néces- conde), l’environnement peut être considéré comme stable (les
sité d’une enceinte spéciale). vibrations mécaniques parasites à basse fréquence ou les convec-
tions d’origine thermique ne perturbent pas l’expérience).
Son inconvénient est lié à la difficulté d’engendrer une contrainte De nombreux essais en ambiance industrielle ont d’ailleurs été
uniforme et d’éviter la présence de franges d’interférence trop nom- réalisés, que ce soit sur un avion dans un hangar ou sur une
breuses dues à la dilatation du matériau, pouvant masquer de petits machine de fatigue dynamique en usine.
défauts.
Un laser à rubis commercialisé pour l’holographie par double
La figure 21 montre l’interférogramme d’une structure sandwich exposition est capable de donner deux impulsions lumineuses
soumise à une faible contrainte thermique : divers défauts sont séparées par un intervalle de temps ∆t réglable de 1 µs à 800 µs. Cet
visualisés, par exemple absence de nid d’abeilles et absence de intervalle est suffisant dans de nombreux cas.
colle entre la peau et le nid d’abeilles (coopération Aérospatiale Toutefois, certaines expériences demandent des intervalles de
Suresnes-ISL). temps ∆t supérieurs à la milliseconde et, dans ce cas, un seul laser à
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D1
YAG 1 A1
Cinéhologramme
Laser
d'injection
D2
YAG 2 A2
Objet
λ = 0,532 µm
8 ns par impulsion
25 Hz
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2.2.2 Applications
avec δϕ = ϕt − ϕ0,
ϕ0 phase de l’onde objet restituée par l’hologramme
et qui sert de référence (objet au repos),
ϕt phase de l’onde objet à l’instant t.
La méthode du temps réel pour l’étude d’objets se déformant len-
tement, dont la mise en œuvre est plus délicate que celle de la dou-
ble exposition, présente des avantages par rapport à cette dernière
a
méthode.
Ainsi, on peut voir évoluer le réseau de franges d’interférence en
faisant varier l’état de l’objet. Cela permet, par exemple, de choisir
des contraintes donnant un nombre raisonnable de franges ou de
lever des indéterminations comme le sens de la concavité ou les
emplacements des extremums pour les surfaces déformées, par
exemple.
■ Contrôle non destructif avec contrainte thermique
Il s’agit de contrôler le collage d’un élastomère et d’un métal. Des
défauts de collage artificiels ont été réalisés à l’aide de petits sacs de
plastique (PVC) thermosoudés, dans lesquels on a laissé un peu
d’air. Ces sacs ont été placés au moment du collage entre le métal
(épaisseur 5 mm) et le revêtement (épaisseur 5 mm).
Le chauffage côté élastomère ou côté métal est réalisé à l’aide
d’une lampe infrarouge (150 W – 220 V).
On compare l’objet chauffé à l’image holographique de l’objet
froid. Les défauts sont bien visualisés pour une très faible contrainte
thermique (variation de la température de surface inférieure au
degré Celsius) (figure 28 a). b contrainte thermique plus élevée que pour a
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Exemple 3 : contrôle industriel de pales d’hélicoptères sous KO et KE vecteurs unitaires définissant respectivement la
l’impulsion de J.-L. Arnaud direction d’observation et la direction d’éclairage
Après des tests de faisabilité menés au Laboratoire central de (cf. figure 18).
l’Aérospatiale à Suresnes (centre de recherches Louis-Blériot), une ins- Les franges noires et les franges brillantes correspondent respec-
tallation d’interférométrie holographique en temps réel a été construite tivement aux minimums et aux maximums de la fonction de Bessel
à l’Aérospatiale La Courneuve sous la responsabilité de J.-P. Guignard J0 d’ordre 0.
(département central Assurance-Qualité) et utilisée pour la première Si l’interférométrie holographique en temps réel peut être réalisée
fois en 1980 pour contrôler des pales d’hélicoptères en matériaux com- dans de bonnes conditions, elle constitue un excellent moyen de
posites. En dix ans, plus de 20 000 pales principales et arrière ont été recherche des fréquences propres des modes de vibration d’une
contrôlées (cf. Air et Cosmos no 1213, 26 nov. 1988). structure excitée sinusoïdalement. Le réglage de l’excitation, pour
C’est une contrainte pneumatique qui est appliquée à la pale pour obtenir l’amplitude désirée permettant d’avoir un nombre de fran-
détecter d’éventuels défauts internes (délaminages, par exemple). La ges d’interférence exploitable, se fait aisément.
procédure utilisée est simplifiée par le fait que l’ensemble de l’installa-
tion subit une faible contrainte (typiquement 10 mbar) dans une ■ Utilisation de la stroboscopie
enceinte spéciale. Il faut trente minutes (en moyenne) pour contrôler Supposons que nous puissions obtenir, au moyen d’un dispositif
complètement et automatiquement une pale sur ses deux faces. stroboscopique, un éclairage intermittent ayant la même fréquence
que l’excitation et une différence de phase réglable par rapport à
celle-ci. Dans ces conditions, si l’objet vibre à la même fréquence
que l’excitateur (ou à une fréquence sous-multiple) et si la durée
delta-P = 17 mbars delta-P = 107 mbars d’impulsion est bien choisie, nous pouvons figer la forme de l’objet
dans un état donné.
En effet, si la durée de l’impulsion est suffisamment courte pour
que nous puissions considérer l’objet comme fixe, nous nous trou-
vons dans la même situation qu’en temps réel sans vibration, com-
parable à celle de la double exposition. En agissant sur la différence
de phase entre les impulsions stroboscopiques et l’excitation, ce qui
revient à agir sur la différence de phase entre ces impulsions et la
vibration, nous pouvons visualiser la déformée de l’objet en vibra-
tion.
L’utilisation d’une caméra de télévision permet d’améliorer la
luminosité et le contraste de l’image et facilite les manipulations de
l’expérimentateur.
2.3.1 Principe
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I = I 0 J 02 ( δ ϕ )
2.3.2 Applications
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■ Détection de fissures
Sur une aube de turbine ou une structure métallique, par exem-
a en l'absence de collage ple, une fissure ou l’amorce d’une fissure modifiera la déformée
d’un mode vibratoire, modification que l’holographie visualisera si
son amplitude est suffisante (domaine micrométrique).
La figure 33 illustre bien ce principe. La fissure apparaît ici nette-
ment par une discontinuité dans le champ de franges d’interférence.
2.4.1 Principe
Après avoir repéré un mode pour lequel le défaut est bien visible,
on peut enregistrer un hologramme par intégration temporelle.
Le défaut est bien visible sur toute sa surface pour un mode à fré-
quence peu élevée obtenu à 983 Hz (figure 32 b). Le défaut est Figure 33 – Détection d’une fissure dans une plaque métallique
caractérisé par des franges étrangères au mode qu’on obtiendrait en vibration. Holographie par intégration temporelle (laser continu)
en l’absence de défaut (figure 32 a). (doc. ISL)
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Des structures de plusieurs dizaines de mètres carrés de surface deux expositions de l’hologramme lors de
peuvent ainsi être étudiées. l’enregistrement (δϕ = ϕ2 − ϕ1),
Illustrons le principe de fonctionnement dans le cas de la double Φi différence de phase introduite à la restitution par
exposition [32] [33]. Par rapport au montage classique d’interféro- le miroir piézoélectrique m3 (PZT) entre les deux
métrie holographique par double exposition, il y a simplement références R1 et R2.
adjonction d’un second faisceau de référence faisant un léger angle
On a :
avec le premier.
La première exposition est faite à l’aide de la première référence δϕ = 2 π ∆/λ = 2 π n (L2 − L1)/λ
R1, l’objet étant dans l’état O1, la seconde référence étant occultée
(obturateur Ob2 fermé) ; puis la deuxième exposition est réalisée à avec λ longueur d’onde du laser,
l’aide de la deuxième référence R2, l’objet étant dans l’état O2, la n indice de réfraction du milieu de propagation des
première référence étant à son tour occultée (obturateur Ob1 fermé) ondes lumineuses (en général l’air, donc n ≈ 1),
(figure 34). Dans le cas de l’utilisation du laser à rubis pulsé, les L2 − L 1 variation de la longueur du trajet parcouru par la
occultations sont réalisées avec des obturateurs électro-optiques lumière entre les deux expositions (distance
(cellules de Pockels), ce qui permet des temps très rapprochés (infé- source d’éclairage S, point courant M sur l’objet,
rieurs à la microseconde si nécessaire) entre les deux expositions. point courant H sur l’hologramme) ; (L2 − L1) est
On obtient donc, sur le même support photosensible (film argen- donc directement lié à la géométrie du montage
tique ou film thermoplastique), deux hologrammes de l’objet à deux et au vecteur déplacement D.
instants différents (objet O1, puis objet O2).
On a :
À la restitution, on utilise simultanément les deux faisceaux de
référence R1 et R2 (le laser de restitution est alors un laser à émis- L 2 − L 1 = D · (K O − KE )
sion continue) (figure 35).
avec KE et KO vecteurs unitaires de la direction d’éclairage
Chaque référence donne avec son hologramme correspondant (SM) et de la direction d’observation (MH) (cf.
une image holographique (Im1 et Im2) (on n’abordera pas les pro- figure 18).
blèmes posés par l’interaction de la première référence avec le
deuxième hologramme et de la deuxième référence avec le premier En donnant par exemple trois valeurs à la phase Φi, on obtient
hologramme et ceux posés par les aberrations). trois équations I1, I2 et I3 permettant de calculer δϕ et donc d’obtenir
l’amplitude et le sens du déplacement en chaque point de l’objet.
On dispose ainsi de deux ondes lumineuses restituées, chacune
correspondant à un état de l’objet, et dont on peut faire varier la On a avec Φ1 = 0, Φ2 = 2π/3 et Φ3 = 4π/3,
phase optique relative grâce à un miroir piézoélectrique (m3) placé
sur un des faisceaux de référence de restitution (R1 sur la figure). δ ϕ = arctan 3 ( I 3 Ð I 2 ) ⁄ ( 2I 1 Ð I 2 Ð I 3 )
L’intensité lumineuse du phénomène d’interférence observé
En donnant 4 valeurs à la phase Φi (Φ1 = 0, Φ2 = π/2, Φ3 = π et
s’exprime par l’équation :
Φ4 = 3π/2), on aurait :
Ii = I0 [1 + m cos (δϕ + Φi)]
δϕ = arctan (I2 − I4)/(I3 − I1)
avec I0 intensité moyenne,
Dans le cas de l’étude d’objets se déformant de façon non pério-
m contraste des franges d’interférence, dique (phénomènes transitoires), on utilise la double référence avec
δϕ variation de phase due au déplacement d’un un laser pulsé. Les obturateurs indiqués sur la figure 34 sont alors
point courant de la surface de l’objet entre les des obturateurs électro-optiques (cellules de Pockels).
Hologramme
O1 puis O2
R1 puis R2
SP1
Laser
Ob1 M1 M2
Ob2
m3
SP2
m1
m2
Le déplacement micrométrique de l'objet a été amplifié pour la clarté de la figure.
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Hologramme
Im1 et Im2
R1 et R2
m4
Laser
M'1 M'2
m3
PZT
m1 SP2
Bille
Barrière optique
Détecteur Laser He - Ne
Composite
Alimentation
laser synchro Éclairage
L1
M5 SP2 M4 Hologramme
R1
M
R2
M3 M2
λ /2 CSP P
Faisceau de référence
M6 R1 puis R2 M7
L2 Figure 36 – Montage pour l’étude quantitative
de la déformation de composites sous chocs
Exemple concret : fissuration d’un composite sous chocs. Nous l’impact (il faut tenir compte du temps de contact entre la bille et la
avons présenté figure 23 (§ 2.1.2.2) l’interférogramme réalisé par dou- plaque qui est de l’ordre de la milliseconde).
ble exposition et double référence d’une plaque stratifiée carbone- Pour produire les deux faisceaux de référence nécessaires à
époxy hexagonale de 70 mm d’apothème et de 2 mm d’épaisseur envi- l’exploitation quantitative de l’hologramme, on utilise le schéma
ron soumise à l’impact d’une bille d’acier de 25 mm de diamètre. La optique d’un interféromètre de Mach-Zehnder. Le faisceau de réfé-
plaque est encastrée entre deux plaques massives munies d’un trou rence R1 suit le trajet P, CSP, M4, SP2, M5 à l’instant t1 et le faisceau
central d’observation de 100 mm de diamètre. On visualise la surface R2 le trajet P, CSP, M3, SP2, M5 à l’instant t2. La discrimination entre
de la plaque opposée au choc à l’aide d’un miroir M (figure 36). les deux faisceaux de référence R1 et R2 (qui font un léger angle
La source d’éclairage est un laser à rubis pulsé donnant deux entre eux) est faite grâce à la cellule de Pockels P, au prisme sépara-
impulsions de 20 ns de durée environ et dont l’intervalle de temps teur polarisant CSP et à lame demi-onde λ/2.
∆t est réglable de 1 µs à 800 µs. Au-delà de ce temps, il faudrait uti- À la restitution (figure 37), l’hologramme est éclairé simultané-
liser le système à deux lasers à rubis superposés [22]. ment par R1 et R2 formés à partir d’un laser à émission continue
Le laser à rubis est déclenché à partir du signal donné par une bar- (hélium-néon) et d’un système optique type interféromètre de
rière optique (laser hélium-néon) lorsque la bille la traverse. La pre- Michelson dont l’un des miroirs (m2) est monté sur un translateur
mière impulsion laser est déclenchée un temps τ (réglable) après piézoélectrique (PZT). Ce translateur permet la production des trois
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Moniteur
2.4.2 Applications
R1
R2
2.4.2.1 Contrôle non destructif : détection de défauts
de brasage
m1
Laser He - Ne Des mauvaises brasures sur des composants de moteurs d’avion
ou sur d’autres structures vitales peuvent avoir des conséquences
SP dramatiques. Pour contrôler des brasures sur des aubes, nous
avons soumis celles-ci à une contrainte par choc très légère. L’holo-
graphie double exposition au laser pulsé permet de visualiser la
m2 déformée de chaque aube. Par comparaison avec la déformée d’une
PZT pièce saine, on détecte immédiatement les aubes présentant de
mauvaises brasures. La figure 39 montre un résultat typique : à
gauche, l’aube saine, à droite l’aube mal brasée. La différence de
Figure 37 – Montage de restitution. Traitement informatique leur comportement sous choc est grande et permet de repérer la
de l’image pièce défectueuse sans aucune ambiguïté.
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— le temps quasi réel d’acquisition et de traitement des ■ Une solution consisterait à utiliser des milieux d’enregistrement
hologrammes ; plus sensibles que les milieux argentiques ou thermoplastiques, au
— la compacité et la maniabilité des équipements à moindre détriment de la résolution. C’est l’orientation (inéluctable ?) vers la
coût ; TV-holographie et la shearographie temps réel (25 à 50 Hz, cf. article
— l’insensibilité à l’environnement ; [R 6 331] de cette rubrique, référence [36]), associées à des lasers à
— la possibilité d’enregistrer aussi bien des petits objets inacces- émission continue (lasers à cristaux). Les temps d’exposition très
sibles (endoscopie) que des objets de grande taille. brefs nécessaires seraient obtenus au moyen des caméras elles-
mêmes. On peut également penser utiliser des caméras type CCD
Nous avons vu que, dans tous ces domaines, des solutions exis-
intensifiées en relation avec des lasers pulsés. Dans ce cas, de gran-
taient, qui ne demandent qu’à être perfectionnées.
des surfaces (1 000 m2, par exemple) seraient accessibles à très
Prenons un montage d’holographie en examinant successive- haute cadence (1 kHz ou plus). Mais, il y a le problème du bruit de
ment ses différentes composantes. telles caméras intensifiées.
■ Les lasers pulsés ont une cohérence temporelle limitée par la ■ Des progrès substantiels de l’informatique sont attendus pour
durée de l’impulsion. L’augmentation de la cadence de répétition traiter en temps quasi réel les images holographiques, c’est-à-dire
très au-delà de 100 Hz, avec une énergie suffisante par impulsion et observer sur écran non pas l’évolution des franges d’interférence,
une bonne qualité spatio-temporelle du faisceau (reproductibilité mais l’évolution de la carte des déplacements numérisés. Des résul-
dans le temps, uniformité spatiale...) pour l’enregistrement de surfa- tats prometteurs existent en laboratoire.
ces de l’ordre du mètre carré, est envisageable à moyen terme
(lasers du type YAG, par exemple) avec les milieux photosensibles ■ Enfin, l’idéal serait de disposer de milieux d’enregistrement type
utilisés actuellement et perfectionnables (émulsions argentiques, CCD ou cristaux liquides, mais de haute résolution spatiale (le
films thermoplastiques, cristaux photoréfractifs...). micromètre ou moins) permettant l’enregistrement d’hologrammes
■ Si l’on souhaite enregistrer des surfaces bien plus importantes en temps réel et leur exploitation immédiate. Un tel support photo-
(1 000 m2 et au-delà) pour étudier, par exemple, les effets de con- sensible, adressable, effaçable, révolutionnerait l’industrie, sans
traintes diverses (séismes, bangs d’avion, tempêtes...) sur des bâti- parler des autres secteurs où l’holographie est (ou peut être) concer-
ments ou structures industrielles sensibles, il faut augmenter née.
l’énergie par impulsion du laser, d’autant que l’on devra s’éloigner L’holographie de synthèse, à partir d’un micro-ordinateur, serait à
de l’objet pour que les différences de chemin optique restent infé- la portée de tous.
rieures à la longueur de cohérence du laser. À l’heure actuelle, on
voit mal comment arriver à ce résultat avec une haute cadence de Nous sommes loin aujourd’hui d’un tel support photosensible,
répétition. mais la science va si vite et de façon si souvent imprévisible...
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